Présentation Coupe du monde 2023 : La Nouvelle Zélande

 

Par L’Affreux Gnaffron,

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

Les Samoa 

L’Écosse

La Géorgie

Le Tonga

L’Uruguay

Les Fidji

L’Italie

L’Argentine

L’Australie

Le Japon

L’Irlande

Le pays de Galles

L’Angleterre

L’Afrique du Sud

 

La Nouvelle Zélande

 

Notation :

Adidas o Pango +

Nike o Pango –

Kappa o Pango + + +

 

 

L’emblème :

La cyathea dealbata (Ponga en maori).

 

 

Ami lecteur cultivé et polyglotte, tu auras brillamment reconnu la fameuse fougère argentée. Végétal endémique de Nouvelle-Zélande, ce vulgaire brin d’herbe à la simplicité débonnaire prend toutefois une toute autre ampleur (presque épique alors que c’est plutôt rare concernant les fougères) dans une légende locale.

 

Pour faire simple, l’histoire de Rahitutakahina raconte qu’un groupe de patupaiarehe enlevèrent dans son jardin Ti-Ara la femme de celui que, par commodité de lecture et d’écriture, nous nommerons Rahi. Enfant des âges farouches et désireux de retrouver sa dulcinée, notre infortuné ami se construisit un cerf-volant géant (bien avant Léonard de Vinci, le deltaplane était inventé) avec sa frangine, la célèbre Rahi-soeur. Oui, parce qu’auparavant un sorcier de la tribu ravisseuse ennemie avait jeté un sort rendant impénétrable les forêts alentours afin de dissimuler la sente à Rahi. Ti-Ara qui n’était pas née de la dernière pluie, et s’agissant d’une histoire qui se déroule à Aotearoa (le pays du long nuage blanc qui ne devrait pas tarder à nous éclater à la gueule en langue maori), ça signifie quelques minutes, usa d’un stratagème fort astucieux. Pour indiquer à son bien-aimé la direction prise par ses kidnappeurs, elle traça une piste en pliant le bout des feuilles vertes de fougères rencontrées sur sa route pour laisser apparaître les reflets blancs argentés présents sur la partie inférieure.

 

Après moult péripéties impliquant des monstres marins, un aigle géant, des tremblements de terre, une éruption et des sorciers maléfiques, Tolkien écrivit son Seigneur des Anneaux et le petit prince Rahi retrouva Ti-Ara.

Cette histoire de Petit Poucet maori trouve un écho actuel. Les anciens All-Blacks suivent encore des chemins de fougères argentées. Ils mènent leur pas vers les aéroports du pays d’où ils rejoignent de lointaines contrées nippones et françaises qui leur offrent de lucratives pré-retraites.

 

Terre de fantasy, la Nouvelle-Zélande aligne des joueurs aux oreilles de Gremlins

 

 

Le non-emblème :

 

Sinon, il y avait le kiwi.

 

Sous sa forme sauvage, un oiseau incapable de voler (on le qualifie de ratite), particulièrement disgracieux, terriblement inoffensif et en quasi voie d’extinction à force de se faire boulotter par les rats, les chats, les chiens, les hermines et plus généralement tout prédateur pourvu de dents et qui aurait un petit creux. La victime expiatoire idéale, une sorte de SU Agen lors de sa dernière saison de Top14 en somme.

 

Sous sa forme domestique, un fruit originaire de l’Empire du Milieu auparavant prénommé ‘groseille chinoise’ et importé en Nouvelle-Zélande au début du XXème siècle. Son changement de nom en 1959, à visée uniquement commerciale, prit place dans le contexte de la guerre froide alors qu’il semblait préférable de gommer toute référence à la sinophilie. Premier producteur mondial du fruit de l’actinidia, les Néo-Zélandais désiraient trouver un nom punchy, local, facile à prononcer par delà les mers et choisirent celui de leur poule atrophiée.

 

Donc les quinzistes ont opté pour la majestueuse fougère et laissé l’avorton volatilo-fruitesque à leurs camarades du XIII.

 

 

L’équipe :

Après les pertinentes informations des rubriques précédentes qui te permettront de briller dans les soirées mondaines, poursuivons avec ces intéressantes anecdotes peu connues.

 

Sache, ami lecteur,  que l’équipe de Nouvelle-Zélande de rugby est souvent comparée au Brésil pour le football. Dotée d’une aura presque mystique, son maillot noir porte le deuil de ses adversaires et jouit d’une formidable popularité aux quatre coins de la planète ovale. Elle commence ses matches par une danse rituelle traditionnelle (le haka) dont les nombreux détournements (souvent hilarants) constituent autant d’hommage à la culture maorie.

 

A l’orée de cette Coupe du monde, la Nouvelle-Zélande apparaît toutefois fragilisée par sa dernière défaite, la plus large de son histoire (que dans le landerneau on se permet de qualifier de branlée mémorable) contre les bouilleurs d’enfants sud-africains. D’aucun affirment même qu’une qualification pour les quarts de finale serait un exploit tant l’ogre italien se pose en concurrent sérieux pour la conquête de la deuxième place de la poule (une sorte de kiwi mais en plus badass), la tête du groupe étant promise à nos petits Français qui ne manqueraient pas de leur en passer 80 lors de l’opposition inaugurale.

 

Dotés d’un effectif de piètre valeur, (pensez donc, aucun joueur n’évolue dans le #MeilleurChampionnatDuMonde),  tourmentée par la pige de son ex-entraîneur Steve Hansen auprès de l’effectif des Galactiques australiens, doublement étrillée par les irlandais lors de leur deux dernières confrontations, porteurs d’un nouveau maillot avec un col et des gribouillis en motifs, pas grand monde ne considère les All-Blacks comme un candidat probable au titre. A l’instar de Lyon en Top14, ville qui hébergera d’ailleurs le camp des Blacks lors de la compétition.

 

Ou alors on se souviendra qu’ils ont remporté les 4 dernières éditions du Rugby Championship, qu’ils participèrent à 8 demi-finales sur les 9 Coupes du monde, que la récente déroute contre les Springboks a mis fin à une série de 11 matches sans défaites et qu’une élimination en quart de finale vaudra à l’ensemble des joueurs et du staff une déchéance de nationalité et le dépôt d’une demande d’asile à Oyonnax, Pau ou au Plessis-Robinson.

 

Malgré ses 17 novices dans la compétition, l’effectif néo-zélandais reste le plus expérimenté jamais emmené en Coupe du monde. Les joueurs ont sauvé la tête de leur entraîneur Ian Foster après un été 2022 catastrophique (trois défaites consécutives dont un doublé contre l’Irlande) alors que l’ensemble du pays réclamait la tête de celui qui a le nom d’une bière australienne. Emmené pas ses glorieux anciens Brodie Retallick, Sam Whitelock, Aaron Smith et Beauden Barrett, le groupe néo-zélandais avance masqué dans un rôle, inhabituel, d’outsider.

 

Avec ces trois frères, c’est le mimi, c’est le rara, c’est le miracle

 
 

Le joueur à suivre :

Will Jordan. Mais il vous faudra sortir les cannes car le garçon va vite, très vite. Âgé de seulement 25 ans et déjà marqueur de 23 essais en 25 sélections, l’ailier arrière des Crusaders se présente comme une redoutable arme offensive pour sa sélection. Très mobile, intervenant partout sur le terrain, sa polyvalence entre les postes d’ailier et d’arrière lui permet de bénéficier d’une excellent vision du jeu. L’envers du décor ? Le joueur est affecté par de terribles migraines l’ayant éloigné des terrains pendant 8 mois jusqu’à son retour triomphal, en mai dernier pour un nouveau titre conquis avec les Crusaders.

 

C’est un souci d’oreille interne qui serait en cause. Pas celui prétexté par bon nombre de coffres à ballons qui n’auraient pas entendu l’appel désespéré d’un coéquipier esseulé mais un vrai problème médical. La révélation mondiale de l’année 2021 ne sera donc peut être utilisée qu’avec parcimonie en fonction de la couleur des maillots de ses adversaires ou de la sonorité du stade.

 

Mais avant que d’autres pépins physiques ne viennent peut être le rattraper , Will continuera d’aller vite, très vite.

 

 

Attention à ne pas confondre Will Jordan et Norman Jordaan, ici au prime de sa carrière.

 

 
 

Le calendrier :

– Contre la France, le vendredi 8 septembre à Saint-Denis (21h15)

– Contre la Namibie, le vendredi 15 septembre à Toulouse (21h00)

– Contre l’Italie, le samedi 29 septembre à Lyon (21h00)

– Contre l’Uruguay, le jeudi 5 octobre à Lyon (21h00)

 

 

Uruguay – Nouvelle-Zélande, allégorie.

 
 

Le scénario idéal :

Après une brillante victoire inaugurale 29 – 24 face à la France dans ce qui est considéré à la fin de la rencontre comme ‘le plus beau match de la plus belle sélection de tous les temps’ par la presse néo-zélandaise, les Blacks s’imposent face à la Namibie et l’Italie, sans toutefois prendre de bonus offensif ce qui ne cesse d’intriguer les commentateurs. La presse kiwi tire alors à boulets rouges sur ‘la pire sélection de tous les temps’.

 

Terrorisés à l’idée de prendre en quart des Sud-Africains pourtant défaits par une Irlande laissée à l’état de charpie, les All-Blacks lâchent le match et la victoire contre l’Uruguay pour conquérir la place de second de poule. La Fédération néo-zélandaise reçoit étrangement dans les jours suivants plusieurs millions de dollars en provenance d’un grand nombre de bookmakers, lui permettant d’assainir définitivement ses finances et résilier le contrat de sponsoring avec Altrad.

 

En quart, les Néo-Zélandais triomphent dans la douleur d’Irlandais encore exsangues et voient avec satisfaction des Français par les Boks. Cette ‘véritable boucherie ovalie’ selon les bons mots des gazettes conduira World Rugby à la diffusion en crypté du reste de la compétition, le rugby devenant un programme interdit aux moins de 18 ans.
Ian Foster est célébré comme un prodigieux stratège digne de Machiavel.

 

La demi contre les Australiens se révèle une simple formalité et Nepo Laulala le premier pilier à marquer 5 essais dans le même match. Les terribles jeux de mots des commentateurs pendant cet exploit finissent de convaincre le public de se détourner du rugby.

 

La finale contre des Sud-Africains gorgés aux hormones commence par un terrifiant nouveau haka qui se conclue par l’égorgement avec les dents d’une antilope vivante par Aaron Smith avant que ses coéquipiers n’en boivent tour à tour le sang encore chaud, à même la jugulaire encore frémissante de l’animal.

 

Horrifiés, les Boks déclarent forfaits, Eben Etzebeth devient végétarien et un fervent militant de la cause animale alors que la Nouvelle-Zélande est sacrée championne du monde pour la 4ème fois de son histoire.

 

Ian Foster est nommé Premier Ministre.

 
 

Le scénario catastrophe :

Malgré un haka de fort belle facture, les Néo-Zélandais s’inclinent lors du match inaugural face aux Français. Les victoires, faciles et probantes, contre les autres équipes de la poule ne permettent toutefois pas aux Blacks d’échapper à l’inéluctable destin qui semble les voir condamnés à la seconde place et ainsi prendre des Sud-Africains caracolant en tête de la poule B. L’ensemble du pays se jette avec angoisse dans les barbituriques et les leçons de piano.

 

Les frères Barrett, euchites (une hérésie chrétienne du début du 3ème siècle) en quête de pureté spirituelle, décident de se consacrer uniquement à l’acte pieux en priant pour atteindre leur salut éternel. Ils se retirent de la compétition, de la société et lancent un véritable mouvement dans le pays.

 

Avec l’accélération du réchauffement climatique dans l’hémisphère sud, la Nouvelle-Zélande voit l’intégralité de ses villes côtières disparaître suite à la montée des eaux dès le 12 Octobre. Enfin c’est ce qu’annoncent les télévisions néo-zélandaises, provoquant le forfait de l’équipe pour son quart et son retour au pays pour aider les sauveteurs.

 

Quelle n’est pas notre surprise lorsqu’on apprend qu’il s’agit d’un canular d’agit prop mené par un groupe d’activistes écologiques locaux visant à réveiller les consciences quant au péril écologique.

 

La réaction de la Fédération néo-zélandaise se révèle lapidaire : ‘Bon, ben tant pis. À la prochaine.’

 

L’Afrique du Sud remporte la Coupe du monde.

Présentation Coupe du monde 2023 : La Géorgie

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

Les Samoa 

L’Ecosse

 

La Géorgie

 

გამარჯობა, მე მაქვს მხოლოდ რამდენიმე სტრიქონი, რათა მოგაწოდოთ ჩვენი წიგნის შეძენა. Რისთვის? ისე, ძალიან მარტივია. ვისაც 31 აგვისტომდე არ უყიდია, ეწვევა, რა თქმა უნდა მეგობრულად, მამუკა გორგოძისგან (რომელიც ამ წუთში ცოტა მოწყენილია), რათა დაარწმუნოს მშვიდობიანი, კონსტრუქციული და იმედია ნაყოფიერი დისკუსიის ირგვლივ!
მაგრამ მოდით დავტოვოთ ამ სასიმღერო ანბანის ეგზოტიკური სანაპიროები, რათა შევუერთდეთ ჩვენი ლათინური ანბანის კლასიკურ პროზაიზმს.

 

Notation :

Instabilidze : + +
Fête des voisins : – –
Italia va fan culo : + + + +
Tbilissi, ici, c’est la Russie : – – –

 

L’emblème : La rosace

 

Oui, l’emblème de la Géorgie est une rosace. Non pas la célèbre station balnéaire catalane où l’on compte chaque été la plus forte densité de Toulousains au mètre carré au monde (devant la Ville Rose elle-même) mais cette figure géométrique consistant à inscrire une rose dans un cercle. Car, même si on ne le sait que trop peu, le Géorgien est un être d’une rare sensibilité artistique, n’en déplaise aux clichés qui ont la peau dure (et de clichés, il ne sera point question dans cette présentation).

 

L’équipe :

 

Territoire montagneux bordé à l’Ouest par la mer, entouré au nord et à l’est par de turbulents voisins jaloux, la Géorgie connaît fréquemment des petits problèmes de voisinage qui se règlent généralement par des sécessions et autres conflits armés meurtriers. Une sorte de Pays Basque sous acide en somme.

Le rugby ne pouvait dès lors que s’épanouir dans cette terre si fertile, peuplée d’hommes dont les sports favoris sont la lutte et le lelo (cf encart). Après une première incursion du rugby dans les années 1950 par un Arménien de Marseille, le rugby géorgien émerge réellement dès l’indépendance du pays en 1992. Il ne lui faut que 10 ans pour se qualifier pour sa première Coupe du monde australienne sous la houlette de Claude Saurel, légendaire entraîneur ès contrées exotiques et remporter son premier match dès l’édition suivante de 2007 face à la Namibie. Participant dès lors à chacune des éditions de la compétition, elle signe son meilleur classement en 2015, finissant 3ème de sa poule (derrière Nouvelle-Zélande et Argentine) grâce à des succès face au Tonga et à la Namibie. Son tournoi 2019 sera moins riche avec une seule victoire face à des Uruguayens encore euphoriques de leur récent succès fidjien et trois défaites sèches face aux Fidji, pays de Galles et Australie. Trois équipes que la Géorgie retrouvera dans sa poule lors de cette édition, le rugby mondial étant d’un conservatisme qui confine parfois à l’immobilisme.

Dominant outrageusement la seconde division du rugby européen (les Géorgiens ont remporté 9 des 10 dernières éditions du Tournoi B avec 6 titres consécutifs, série en cours), récente vainqueur du pays de Galles à Cardiff et de l’Italie, on annonce l’hypothèse d’une éventuelle possibilité d’examen d’entrée de la Géorgie dans le Tournoi des 6 Nations à chaque contre-performance italienne (soit chaque année). En pure perte jusqu’ici, Caucase rimant avec oukaze selon les instances des 6 Nations. Il s’avère même probable que la Géorgie intègre l’Union Européenne, l’Otan et le podium du classement de l’Eurovision avant son entrée dans le Tournoi.

 

Lelos et Stitch (merci au #MemeLord).

 

Le joueur à suivre : Beka Saghinadze

Si une partie des joueurs évolue dans le championnat domestique (l’hilarant Didi 10) ou avec la franchise des Blacks Lions qui disputera l’an prochain la Challenge Cup en tant qu’équipe invitée (ce sont Clermont et Castres qui iront comparer leur douceur de vivre avec celle de Tbilissi fin janvier), un large contingent géorgien évolue toujours sur les pelouses françaises.

Les riantes contrées d’Aurillac, Brive ou Nevers accueillent encore une forte colonie caucasienne, toute heureuse de retrouver, dans ces paysages dévastés par les tourments d’une guerre récente, un petit air du pays.
Parfois l’un de ces infortunés se voit offrir l’occasion de quitter le Cantal ou la Corrèze pour goûter enfin aux plaisirs de la vie. Beka Saghinadze a su saisir cette chance et s’épanouit désormais du côté de Lyon.

Au sein de l’effectif lyonnais depuis 2021, le jeune troisième ligne aile a su s’imposer dans la rotation malgré une forte concurrence à ce poste (périphrase complètement bateau et pourtant gage d’expertimse). Du haut de ses 35 sélections, il va disputer à 25 ans sa seconde Coupe du monde. Puissant et habile ballon en main, son ardeur, son tempérament, son courage en font un fer de lance des Lelos.
Véritable booster du pack géorgien, tout le monde aime Beka.

 

Le calendrier (ou quand Géorgie rime avec samedi)

 

Contre l’Australie à Saint-Denis, le samedi 9 septembre à 18h.

Contre le Portugal à Toulouse, le samedi 23 septembre à 14h.

Contre les Fidji à Bordeaux, le samedi 30 septembre à 17h45.

Contre le pays de Galles à Nantes, le samedi 7 octobre à 15h

 

Le saviez-vous ?

 

Remballez vos certitudes sur William Webb Ellis ou sa variante antérieure de la soule de nos campagnes, le véritable berceau du rugby se trouve en Géorgie. Sous sa variante du lélo plus précisément, dont on trouve les plus anciennes traces dans un poème du début du XIIIème siècle. Dans ce sport, encore pratiqué de nos jours, deux équipes s’affrontent pour porter un ბურთი derrière la ligne de l’adversaire. Les règles fluctuent selon les envies et le match est lancé par une danse rituelle, le célèbre haka Lelo.

 

“Les performances géorgiennes? Oui, on les regarde et on les garde à l’esprit” nous déclare ce responsable du Tournoi.

 

Le scénario idéal :

 

Après une honorable défaite inaugurale face à l’Australie 29-18, les Géorgiens ne font qu’une bouchée des Portugais 47-16 avant d’obtenir un probant bonus défensif contre les Fidjiens 5-3. Le forfait général du pays de Galles, combiné aux défaites surprises australiennes contre Portugais et îliens, permet aux Caucasiens d’atteindre pour la première fois de leur histoire les quarts de finale de la compétition. Les hashtag #FierDÊtreCaucasien fleurissent sur les réseaux sociaux. Face à de surprenants Japonais, la Géorgie s’impose grâce à un triplé de leur capitaine Merab Sharikadze et se révèle l’invitée surprise des demis. Mais la belle histoire prend fin sur une interception de Julien Marchand, la Géorgie est éliminée et ne verra pas la finale.

Ni le Tournoi des 6 Nations des 86 éditions suivantes d’ailleurs.

 

Le scénario catastrophe :

 

Après une honorable défaite inaugurale face à l’Australie 29-18, les Géorgiens ne font qu’une bouchée des Portugais 47-16 avant d’obtenir un probant bonus défensif contre les Fidjiens 5-3. Le forfait général du pays de Galles, combiné aux défaites surprises australiennes contre Portugais et îliens, permet aux Caucasiens d’atteindre pour la première fois de leur histoire les quarts de finale de la compétition. Prenant prétexte des troubles ayant éclatés dans une nouvelle région sécessionniste (la Transalpie Orientale), World Rugby décide d’exclure la Géorgie de la compétition car «le rugby est l’affaire de nations épargnées par les affres de la guerre».  Et puis de toutes façons les joueurs étaient déjà tous rentrés au pays pour défendre la patrie.

La candidature de la Russie «de venir suppléer un pays frère » ayant été poliment mais fermement écartée, c’est donc l’Italie qui récupère en quart la place laissée vacante.

 

Que signifie l’interjection en haut de l’affiche?
A) Et voilà!
B) Plaisirs géorgiaques!
C) Allez tous vous faire enculer!

 

 

 

Le journal intime du responsable chasubles : épisode 2

 
Par l’Affreux Gnafron
 
Découvrez ici l’épisode 1 si vous ne l’avez pas déjà lu. Ou relisez-le, il est toujours aussi bien. Ou alors ne le lisez pas, vous faites bien ce que vous voulez.
 

Episode 2 : Il était où le gentil ti Yôkai ?

 
Quelque part en Bigorre, un cavalier déboule au galop dans la cour soigneusement entretenue d’une bigourdane typique. Il tient à la main un rouleau scellé dont on devine qu’il contient un message de la plus cruciale importance. Les traits tirés, son cheval exténué, la poussière qui les enveloppe, tout laisse à penser que l’attelage a parcouru bien des lieues et affronté bien des dangers pour se trouver enfin ici.
‘Monseigneur, une missive pour vous !’
‘Ah merde, ce n’est pas mon colis Amazon..’
‘Euh, non, ça vient d’Extrême-Orient. Une jonque l’a amenée jusqu’à Vladivostok d’où j’en ai pris possession. A brides abattues, nous avons traversé la Mandchourie, les steppes mongoles, les plaines d’Asie Centrale, tout cet Orient compliqué avant de prendre un BlaBlaCar Oulianovsk-le Plessis Robinson (sacré coup de bol au passage que le conducteur accepta les chevaux). On a terminé la route en prenant par
-Allez, arrête ton char Michel Strogoff et file moi le paquet !
-Voilà, une petite signature et il est à vous. Je vous laisse, je dois rapporter l’accusé de réception pour la jonque du 24 Octobre à 14h34. Enfin, si elle n’est pas annulée par un typhon.. Allez, hue !’
Et le cavalier repartit comme il était venu, dans un tourbillon purpurin de cette latérite désormais commune des contrées du Sud-Ouest de la France, réchauffement climatique oblige.
 

 

 

 
 

Le journal intime du responsable chasubles du XV de France

 
Par l’Affreux Gnafron
 
Il n’y a pas que le plus grand hebdomadaire français sur le rugby qui a sa taupe au sein de l’équipe de France : la Boucherie Ovalie a elle aussi infiltré le groupe français. Et bien mieux que de piquer une bête compo qui aura changé trois fois d’ici au match contre les Tonga, notre agent au nom de code “la Ma-Ma du 92” a pris en photo le carnet de bord d’un membre du staff. Découvrez ce document exclusif, véritable plongée au sein du groupe.
NB : Malheureusement il est un peu daté. Notre source a dû prendre des précautions supplémentaires pour tromper la chasse aux sorcières menée par Jacques Brunel. Enfin, selon ses dires, parce que à côté de ça il prend à peu près autant de temps à sortir les ballons des rucks…
 


 

 

  

France-Galles : besoin d’amour

 

La performance sportive individuelle s’articule autour de plusieurs ingrédients : une composante athlétique, une dimension technique, une autre stratégique et le facteur mental. Parvenir à maîtriser les 4 paramètres permet de prendre le meilleur sur son ou ses adversaires.

Dans un sport collectif, il faut en plus que les paramètres de chacun s’alignent et se combinent avec ceux de ses partenaires pour triompher de l’adversaire. C’est là l’avantage du sport co où une mauvaise performance de l’équipe pourra toujours être reprochée à un coéquipier, jamais à soi-même (le “c’est la faute aux gros” des 3/4, le “c’est la faute des 3/4” des avants, le “c’est la faute à l’arbitre” des entraîneurs, joueurs, spectateurs des deux camps). 

[Le contre-exemple parfait étant le basket-ball américain qui est le seul sport collectif se jouant en deux équipes de 1+1+1+1+1 joueurs mais nous nous éloignons du sujet.]

 

Et puis survient également un facteur aléatoire, communément appelé “chance”, “météo”, “ballon glissant qui roule vers ton en-but”, “rebond à la con” ou “tiens, cet ailier adverse qui court très vite monte en pointe pour couper l’extérieur, et si je tentais une quadruple sautée ?”.

L’opposition entre le XV de France et l’équipe du Pays de Galles (qui avait obligeamment laissé sa place vendredi dernier en première mi-temps à une autre principauté, celle d’Andorre) a été abondamment analysée, commentée, disséquée par une multitude d’observateurs, experts, acteurs des réseaux sociaux et aussi par Richard Dourthe qui est probablement une catégorie à lui tout seul. Un résumé objectif de toutes ces interventions pourrait tenir dans le lapidaire : “Ils sont nuls”, ce à quoi les plus perspicaces ajouteraient le non moins définitif “et en plus ils sont bêtes”.

Dans une France que d’aucuns jugent morcelée, divisée, irréconciliable, remercions donc le XV de France de parvenir à maintenir un semblant de cohésion nationale, quand bien même serait-ce à son encontre. Pourtant ce jugement péremptoire et définitif, ne cacherait-il pas en son sein des motifs d’espérance ? En grattant un peu, ne percevrait-on pas au milieu des ténèbres un timide rayon de soleil, annonciateur de lendemains qui chantent ? Pourquoi pas Yionel Beauxis ?

 

La chanson du vestiaire

 

Examinons donc les raisons de positiver, faisant fi de la sinistrose ambiante :

  • Cette édition du Tournoi des 6 Nations ne verra pas le XV de France être battu à domicile par l’Angleterre (comme les premiers Irlandais venus) ! Ça pourrait suffire à notre bonheur mais quand on rajoute qu’on ne perdra pas non plus contre l’Italie au Stade de France, voilà le spectre d’une double humiliation infamante qui s’efface définitivement. L’honneur est sauf et il faut savoir se contenter de peu.
  • Les Britanniques qui vivent dans l’angoisse du Brexit se voient donner l’occasion de sourire un peu. Offrir un peu de bonheur à un peuple qui souffre, voilà une superbe preuve d’empathie. Et quand on a le physique d’Andy Goode, croyez bien que les occasions de rire sont rares.

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  • En économisant sur les primes de victoires de son équipe masculine, la FFR se constitue une cagnotte qui se révélera bien utile lorsqu’il faudra faire face à quelques dépenses intempestives (indemnités prud’homales d’un ancien sélectionneur ou autres événements exceptionnels…)

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    Malgré les prestations décevantes de son équipe masculine, la FFR a tout de même trouvé un équipementier pour équiper ses buteurs. Un soulier parfait pour se dédouaner d’un 0/5 à Twickenham !

     

    Toujours au rayon chaussures, admirez ce bel exemplaire qui sera porté par Guilhem Guirado lors du prochain match, histoire d’éviter qu’il ne se pende avec ses lacets dimanche.

     

  • Quel plus formidable outil de promotion du rugby féminin que notre XV de France masculin ? Se dessine en creux pour l’amateur de rugby tout ce à quoi il aspire : un jeu varié et attrayant (parfois face à des tréteaux certes), des titres (3 victoires dans le 6 Nations sur les 5 dernières éditions dont 2 Grand Chelem), une régularité exemplaire au niveau international (6 troisième places sur les 8 Coupes du Monde) et l’assurance de passer pour un expert à la machine à café le lundi matin en sortant les noms de 3 joueuses du XV de France féminin (dont les sœurs Ménager) auprès d’un public ébahi de tant de connaissances.
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  • On a beaucoup glosé sur la « mésaventure » survenue à Sébastien Vahamaahina qui apprend de la bouche de l’arbitre sa promotion au titre de capitaine. Et les sycophantes de s’indigner d’un amateurisme du staff intolérable, du dévoiement de ce qui devrait rester un honneur et autres billevesées. Pourtant, à bien y réfléchir, voilà une pratique managériale audacieuse qui ne manquera pas d’être reconnue à sa juste valeur par une récompense émérite dans un concours managérial quelconque.

    En instaurant ainsi que n’importe quel joueur peut, à n’importe quel moment du match se voir confier les galons de capitaine, sans préavis, on instille l’idée que tous sont des capitaines en puissance. Chacun se doit donc d’élever son niveau de jeu, chacun devient un meneur, dont les actions et décisions individuelles engagent le collectif. On responsabilise chacun en fertilisant le terreau d’une éventuelle autogestion ultérieure. Nul n’est indispensable et une saine émulation collective ne saurait manquer de surgir.
    Ajoutons que de surcroît, le petit côté roulette russe de la démarche du capitanat tournant ne manque pas de sel alors qu’Armand Vaquerin revient au cœur de l’actualité rugbystique.

  • Le XV de France est désormais devenu un formidable pourvoyeur d’émotions. Alors certes, elles ne sont pas toujours positives mais force est de reconnaître qu’il peut toujours se passer quelque chose avec cette équipe, on ne s’ennuie plus devant les matches. Une première mi-temps maîtrisée annoncerait-elle un deuxième épisode terne et consacrée à une ennuyeuse gestion ? Que nenni ! Vous aurez droit à des rebondissements improbables, tour à tour drôles et tragiques, avec l’étrange sensation que le Destin ballotte ces joueurs comme Ulysse tentant de rejoindre Ithaque.
    Aujourd’hui, de nombreux thérapeutes prescrivent à leurs patients des séances à base de visionnage de matchs du XV de France. Ainsi, la perte d’une victoire considérée comme acquise vous permettra d’expérimenter les 5 phases du deuil : le déni (“ce n’est pas possible !“), la colère (“putain, mais c’est pas possible, bordel de merde !!“), l’expression (“mais tu te rends compte que ce n’est pas possible, hein? Tu te rends compte ! Ce n’est pas possible !“), la dépression (“c’est pas possible, pas possible, pas possible…“) puis l’acceptation (“et ben si, c’était possible en fait…“).

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  • Mais l’argument le plus enthousiasmant en faveur de ce XV de France est encore à venir. Et si, dans un élan de machiavélisme insoupçonné, la longue litanie de défaites en cours, rageantes, cachait en fait la plus formidable entreprise de guerre psychologique jamais entreprise dans le sport moderne ? Dans une étonnante perspective de billard à 3 bandes, l’encadrement et les joueurs français seraient les concepteurs et acteurs d’une manœuvre d’enfumage ayant pour but d’endormir leurs adversaires futurs par force prestations indignes pour mieux les surprendre lors de la prochaine Coupe du Monde.

    Imaginons la dissonance cognitive qui s’emparera des Argentins, Anglais et autres Néo-Zélandais qui, croyant affronter une sélection en perdition, au sortir d’un Tournoi désastreux se verront opposer une équipe conquérante, ayant œuvré dans l’ombre, sûre de ses forces et emmenée par un Yionel Beauxis de gala. Rien ni personne ne saura s’opposer à la marche triomphante d’un XV de France, rasséréné par un plan de jeu abouti et des combinaisons jusqu’alors inédites et jalousement préparées en secret. Et Jacques Brunel, la moustache friponne, de venir remercier en conférence de presse l’ensemble des médias pour leur participation, involontaire mais cruciale, au bon déroulement de ce plan mûrement réfléchi et exécuté à la perfection. Comme ce sera bien.

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  • Aucun joueur n’est décédé sur la pelouse. Et ça reste quand même l’essentiel.

     

  • Guy Novès passe un petit message personnel à la toute fin de la vidéo.

     

    Si vous pensez qu’un compte-rendu de match doit parler du match en question, vous pouvez aussi lire (si ça n’est pas déjà fait) l’excellent article d’Ovale Masqué sur actu.fr.

    Fêtes de Bayonne payantes : l’Aviron concerné

    Par L’Affreux Gnafron,

     

    C’est désormais officiel : l’édition 2018 des Fêtes de Bayonne sera payante pour les non-résidents de la cité gasconne. Si le coût du forfait n’a pas encore été arrêté (on parle d’une somme comprise entre 7 et 8€), l’annonce de ce mardi 15 Mai  a provoqué une vague de réactions dans la foule des festayres. Pourtant, une autre mesure annoncée en catimini marquera également de son empreinte cette 82ème édition : la mise en place d’une redevance audio-visuelle sur la pratique de la Peña Baiona.

    Le principe en est simplisssime : chaque incantation de la célèbre chanson des supporters de  l’Aviron Bayonnais donnera lieu au paiement de modestes droits d’auteur dont les bénéfices iront dans les caisses du club de rugby local.

    Un moyen comme un autre pour Jean-René Etchegaray, l’édile de la ville, de contribuer à la survie financière d’un club aux abois. Et pour une fois sans ponctionner les contribuables locaux. « Des groupes de patrouilleurs se baladeront dans les rues de la ville et procèderont au recouvrement immédiat de la taxe dès lors qu’ils entendront les premières mesures de notre chant emblématique. La somme n’est pas encore définie mais on sera dans une fourchette de l’ordre de quelques centimes, quelques dizaines tout au plus. On est davantage dans le symbole, le financement participatif que dans la sanction. »

     

    Du côté d’Alain AfflelouEmmanuel MérinFrancis SalagoïtyRichard Dourthe, Philippe Tayeb, président de l’Aviron Bayonnais Rugby on se déclare intéressé par cette initiative et disposé à porter son concours pour la perception de la taxe. « S’il faut donner un coup de main pour collecter la monnaie et établir des contrôles, nous sommes prêts à mettre à contribution notre public fantastique. Mais que cela n’exonère pas la mairie de son rôle de mécène, nous serons attentifs au maintien des subventions municipales. Et la DNACG aussi d’ailleurs.. »

    Chez les membres des peñas historiques, les avis sont partagés. « S’il peut sortir quelque chose de positif pour le club de ce massacre auditif impuni depuis de trop nombreuses années, pourquoi pas.. affirme Beñat Irouleguy. Mais prenons gare aux modalités d’application. Quid des véritables supporters bayonnais à qui il viendrait l’idée d’entonner notre chant fétiche dans un élan d’enthousiasme irrépressible ? Ils paieraient aussi ? » Pour Amaya Etchebarne, peu de risque que cela se produise « après la saison de merde qu’on vient de se peler et le bordel en coulisses, ça m’étonnerait que des locaux aient à cœur de crier leur amour pour le club. Même si je ne sous-estime pas le rôle de l’alcool dans l’irrationalité de comportements masochistes.»

     

    L’idée d’un tarif dégressif permettrait de ménager les susceptibilités locales. Le beuglement du seul refrain donnerait lieu à l’obole perçue la plus importante (avec majoration en cas de récidive), l’incantation du chant en complet serait quant à elle exonérée de perception. Une mesure qui suscite l’approbation des riverains de Jean Dauger, regroupés en association : « Si ça peut permettre d’éviter à des Clermontois, Rochelais, Parisiens et autres Gersois avinés de massacrer des millions de fois le Vino Griego, ce sera déjà ça de pris pour notre tranquillité. Bien qu’on ait eu une saison assez calme niveau nuisances sonores, on doit bien l’avouer »
    Pays Basque oblige, l’initiative bayonnaise a forcément suscité une réaction chez le voisin biarrot. Il se murmure que l’on y étudierait le projet d’ « une taxe vestimentaire basée sur les attributs chromatiques historiques du Biarritz Olympique dans toute célébration festive se déroulant dans le périmètre de l’agglomération Côte Basque-Adour (anciennement B-A-B) »
    « Ben pourquoi pas, nous aussi on n’a plus une thune, s’ils taxent leur chant, on peut bien taxer nos couleurs » nous a confié une source biarrotte. Cette proposition sera débattue lors du prochain conseil.

    Enfin signalons, que pour ceux qui entameraient la chorégraphie du Paquito Chocolatero sur l’air de la Peña, la sanction serait par contre irrévocable : contravention de 2ème catégorie et expulsion manu militari à l’extérieur du périmètre des Fetes. Parce qu’il ne faut pas déconner avec les traditions non plus.

    Entretien avec un arbitre

     

    C’est un homme au regard hagard, au visage fréquemment parsemé de tics que nous retrouvons dans l’arrière salle banale du café ordinaire d’une ville quelconque. On le sent marqué par les épreuves et pourtant incroyablement digne. Il a vu des choses terribles et tente de se reconstruire, alors même qu’il sait que son calvaire n’en est qu’à ses débuts.
    Par respect pour sa vie privée et ne pas affecter son futur professionnel, nous avons tenu à conserver son anonymat.

     

    Monsieur l’arbitre, pourquoi avoir choisi aujourd’hui de lever le silence et de vous exprimer dans un média internationalement reconnu pour son sérieux et sa qualité ?

    – Pour que le monde sache. On ne peut plus fermer les yeux sur ce qui se passe si près de nous, devant les caméras du diffuseur à des heures de grande écoute et alors que des vies sont en jeu.

     

    A ce point ?
    – Oui, vous ne pouvez pas imaginer..(silence) C’est facile pour vous, derrière vos écrans, ou depuis le confort de votre place dans le stade. Mais avez-vous pensé à nous autres, qui vivons toute cette violence au plus près du terrain ? A toutes ces scènes d’horreur que l’on s’impose, au mépris de toute vraisemblance ? Et qu’on se doit de regarder, par intégrité professionnelle ?

     

    Mais de quoi voulez-vous parler ?
    – Mais du jeu du Top14 voyons ! Toute cette débauche de violence, cet étalement de chocs et de fracas, nous autres arbitres, en sommes les victimes collatérales. Nous en sommes à la fois les témoins directs et les régulateurs, tiraillé entre le grand-guinolesque d’un spectacle gore et la nécessité de l’encadrer. Donc de le regarder avec attention.

     

    Ah bon ?
    – Oui . Quand je me réveille parfois la nuit, je vois une charge de Nonu le coude en-avant, j’entends le fracas de vertèbres, le bruit sourd de genoux sur une tempe. Le stress post-traumatique paraît-il. J’ai des collègues qui font des cauchemars à l’idée de rentrer dans l’Histoire comme le premier arbitre professionnel français à avoir sorti le carton noir.

     

    Le carton noir ?
    – Oui, celui qui sert à appeler le corbillard pour évacuer un joueur décédé sur le terrain. C’est une innovation dont on nous dotera la saison prochaine. La Fédération a décidé de prendre des mesures. Celle-ci est la plus marquante mais il y en a d’autres.

     


     
    Quand la biscotte sent le cramé

     

    Lesquelles ?
    – Tout d’abord, on va faire du renforcement musculaire. Des membres inférieures en premier lieu car vous imaginez l’onde de choc qui se dégage lors d’une percussion de Vakatawa? Il faut avoir de solides quadriceps pour ne pas être projeté à terre par le souffle quand on est à proximité.
    On va renforcer le reste du corps aussi pour tenter de survivre au cas où un joueur nous percuterait involontairement. La Fédé a sorti une étude secrète qui estime qu’une charge d’un centre équivaut à se crasher en voiture à 70km/h.

     

    C’est énorme !!
    – Oui et encore, on a basé l’étude sur des joueurs lambda, pas des Botia ou Bastareaud..
    On pensait nous équiper de ceinture de sécurité mais l’option a vite été abandonnée au profit d’airbag du même type que ceux des sacs anti-avalanche. En cas de choc, une capsule de gaz permet le gonflement d’une bulle de protection qui devrait nous permettre de survivre en attendant l’arrivée des secours. C’est très utile pour ne pas finir enfoui sous un ruck et victime d’un déblayage d’Atonio à 5m du ballon.
    Par contre pour l’impact initial, le temps de déclenchement risque d’être un peu limite. Il faudra compter sur la solidité de la protection dorsale.. et invoquer la chance (pensif).

     

    Comment en est-on arrivé là ?
    – C’est la Sécurité Sociale qui a fait pression sur les autorités. C’est confidentiel mais de nombreux arbitres sont en arrêt maladie pour des syndromes de stress post-traumatiques. Et pas pour les habituelles insultes ou critiques par supporters, entraîneurs et dirigeants, ça on est habitués à l’encaisser. C’est la répétition des scènes d’horreur qui fait craquer même les plus aguerris. On a des arbitres de ProD2 qui tremblent à l’idée d’être promu en Top14 quand même !
    Des collègues sont prêts à tout pour ne pas arbitrer un Montpellier-Toulon ! Même à aller à Oyonnax à la fin Janvier.. C’est dire l’ampleur de la détresse de ces gens-là.

     

    En effet..
    – Oui, et gardez-le pour vous mais une action va s’organiser du côté de Canal+ également. Les cadreurs sont au bord de la crise de nerfs, ils réclament une prise en charge psychologique à l’instar de celle des cameramen de retour de zones de guerre. Un des mecs qui avait filmé la finale de l’an dernier était tombé en dépression et s’était vu prescrire 50 jours d’ITT. Pas de bol, il bossait lors du fameux Racing-Clermont et son K-O célèbre. Il paraît qu’il s’est suicidé depuis, il n’a pas supporté. Des groupes de paroles sont en train de se mettre en place. Ces gens ont vu des scènes horribles tout au long de la saison. Vécue de près, une charge de Koyamaibole ça vous marque à jamais. Presque autant qu’une passe de Doussain.

     

    Mais pourquoi continuez-vous à arbitrer en Top14 ?
    – Pour protéger les autres.

     

    Les joueurs ?
    – Non, pour eux, c’est foutu, on ne pourra rien faire le jour où l’indicible se produira. Moi, je pense à mes collègues arbitres. Tant que j’arbitre ces boucheries, un autre en est préservé. Pour moi, c’est trop tard, j’en ai trop vu pour pouvoir un jour oublier alors autant éviter qu’un petit jeune plein d’enthousiasme ne soit souillé à vie par toute cette désolation.
    En plus, Tuisova va bien finir par retrouver son niveau..
    Bon, je dois vous laisser, je vais être en retard à ma séance de psychothérapie.
    Ca m’a fait du bien de vous parler les gars..

     

    Et il nous laissa, désemparés et émus par le désespoir qui débordait chez cet homme.

    Yionel, tout simplement

     

    Par l’Affreux Gnafron,

     

    En ce 24 Octobre 1985, une frénésie inhabituelle parcourt les travées de la Conférence des Évêques de France réunie à Lourdes. Ce n’est certes pas le discours introductif de Monseigneur Vilnet, évêque de Saint-Dié, qui suscite une agitation fort peu ordinaire en ces lieux. Du reste, l’esprit du vénérable dignitaire religieux partage-t-il cette excitation collective dont il se pensait pourtant à l’abri. Sa langue fourche à plusieurs reprises lors de son oraison, mais personne n’y fait vraiment attention. Toutes les pensées des présents vagabondent vers un ailleurs si proche, annonciateur d’un bouleversement théologique qui pourrait changer la face de l’Humanité.
    On attend, on espère, certains se surprennent même à prier, l’annonce imminente d’une nouvelle extraordinaire.

     

    Soudain, les lourdes portes de la basilique s’ouvrent et laissent passer un prélat épuisé mais pourtant radieux. Un frisson d’impatience secoue les religieux.
    De cent voix à l’unisson retentit cette implorante question : « Alors ? Alors ? ».
    « 1h48 mais je ne suis pas certain que courir un semi-marathon en robe favorise la performance. Et puis j’ai dû faire un détour pour éviter des ours » leur répond celui qui vient de rallier à belles foulées la cité mariale depuis Tarbes.

     

    Un silence de mort accueille cette réponse sibylline. De sa voix de stentor, Monseigneur Vilnet interpelle le messager : « Alors ? ».
    « C’est Lui. Une vague d’Amour a empli la salle d’accouchement quand Il est venu au monde. Mes frères, le Fils de Dieu est parmi nous »
    Une immense clameur collective salue cette nouvelle espérée depuis presque 2000 ans.
    On se congratule, on se tombe dans les bras. L’ambiance est à l’euphorie générale.
    « Par contre, il chausse déjà du 42, le môme. » rajoute l’ecclésiaste.
    Dès sa naissance, le destin de Lionel Beauxis serait marqué par cette particularité anatomique.

     

     

     

    L’enfance du jeune Yionel ressemble à celle de tous les autres petits Bigourdans de l’époque.

     

    Elle s’articule autour d’un large panel d’activités dont la variété n’a d’égale que l’intensité. Les préoccupations de cette prime jeunesse sont les suivantes : chasser les ours, faire l’école buissonnière à l’automne pour aller cueillir des champignons dans les Baronnies, chahuter lors des fêtes de village avec les autres enfants du canton/village/foyer d’en face, faire l’école buissonnière en hiver pour aller au ski à La Mongie, tuer le canard/le cochon/le veau pour en faire des conserves ou des poches à congeler, faire l’école buissonnière au printemps pour aller chasser les ours en montagne, couper du bois dans la forêt du voisin, faire l’école buissonnière en été pour chasser les ours et les touristes qui s’aventureraient en plaine, braconner tout ce qui peut se braconner le reste du temps.

     

    Une enfance heureuse et banale dans ce coin perdu de France.
    Il est à noter que toutes ces activités sont mixtes car la Bigourdane ne diffère que fort peu du Bigourdan, hormis par sa coiffe. Les nombreuses parties de chasse entretiennent chez le petit Yionel une condition physique à toute épreuve et lui permettent de développer un atout maître : son pied. Quand les autres enfants partent à la chasse à l’ours à l’aide de frondes (oui, c’était une activité dangereuse pour ses pratiquants car l’animal n’était pas toujours le vaincu), Yionel se contente de petits cailloux qu’il projette à longue distance entre les yeux de l’ursidé à l’aide de ses panards. Il acquiert très rapidement une renommée de redoutable tireur de précision faisant de lui un compagnon à la présence très appréciée et sécurisante pour le reste des participants.
    L’efficacité de cette nouvelle technique de chasse conduira d’ailleurs à la quasi-disparition de la population ursine des Pyrénées Centrales ; et à la nécessité d’introduire d’une part de nouveaux ours et d’autre part de favoriser l’éclosion d’une nouvelle activité susceptible de rassasier l’appétence à la violence des autochtones. La Bigorre était prête pour le rugby.

     

    Quand d’aucun marchait sur l’eau, Yionel bute sur l’eau.

     

    Mieux qu’ailleurs peut être, ce sport trouvera dans ce territoire sauvage, violent, morcelé en autant d’entités furieusement antagonistes, sa mission civilisatrice. En créant un club de rugby, on parvenait (momentanément) à unir une vingtaine d’individus autour d’un projet commun : la détestation du club d’à côté. Les plus audacieux étaient parfois autorisés à quitter le département, sous bonne escorte, pour s’en aller guerroyer face à leurs homologues Basques et Gersois. Qui le leur rendait bien.

     

     

    Très vite, Yionel se distingue de ses petits camarades de Louey-Marquisat. Là où les autres ne voient dans ce jeu qu’un prétexte pour se foutre sur la gueule avec Trie-sur-Baïse, Bagnères-de-Bigorre ou Coarraze-Nay, Yionel y voit une forme d’art. Courses chaloupées, arabesques inventives, trajectoires de coup de pied hyperboliques, Lionel tente d’initier ses camarades à la notion du Beau. En pure perte car si l’on reconnaît l’utilité d’un coup de pied miraculeux qui fait gagner 60 mètres à son équipe, les esprits restent rétif au discours d’amour de son prochain que prône Lionel. Le rugby, c’est la guerre. Et comme il n’y a plus d’ours à tuer, il faut pourfendre de l’adversaire.
    Pourtant Yionel tente inlassablement de convertir ses coéquipiers à cet éloge de la bienveillance. « L’adversaire n’est pas notre ennemi, c’est notre partenaire de jeu » ne cesse-t-il de répéter lors des entrainements. Des silences polis répondent à ces propos étranges, nul n’est prophète en son pays…

     

    Sur cette image se cache un sex-symbol, idole des femmes. Et l’autre c’est Vincent Clerc.

     

    Très vite, la rumeur de l’existence d’un joueur hors du commun traverse les frontières du département. On vient de loin pour vérifier de ses yeux la réalité du phénomène. Les maquignons venus de la ville salivent d’envie en voyant le gamin enquiller des pénalités toujours plus lointaines, réussir les gestes les plus fous. Les amateurs de rugby n’en reviennent pas de l’aisance technique déployée par un si jeune prodige. Les femmes, les hommes, les vieux, les jeunes, tous tombent en adoration devant cet adolescent si simple qui vous rend heureux rien qu’en le regardant.

     

    Chaque jour plus nombreux, ils se pressent pour le voir, espérant secrètement qu’Il les guérira, leur rendra la vue, les fera de nouveau marcher. La fréquentation des sanctuaires de Lourdes chute drastiquement pendant que ces nouveaux pèlerins affluent vers Louey. L’Astarac-Bigorre et ses infrastructures archaïques ne peuvent supporter ce flux migratoire, il faut faire quelque chose. Yionel est envoyé dans la ville la plus proche. Et comme on ne peut pas décemment qualifier Tarbes de ville, c’est vers Pau que Yionel dirige ses pas. Nous sommes en Septembre 2001 et la face du monde contemporain en restera à jamais changé.

     

     

    Auréolé de son récent titre de champion de France cadet Taddéi obtenu avec l’Armagnac-Bigorre, c’est sur la pointe de ses pieds de mammouth que Lionel pénètre dans la capitale béarnaise.

     

    Pourtant habitué à accueillir les plus grands (Henri IV, François Bayrou, Imanol Harinordoquy) le boulevard des Pyrénées chavire de bonheur. Lionel le Messie y rapporte un nouveau titre de champion de France cadets avec la sélection du Béarn cette fois. Le doublé est possible !

     

    Started from the Béarn avec Sébastien Tillous-Borde (qui arrêta le rugby pour devenir prof de MUSCUUUU)

     

    Ne s’arrêtant pas en si bon chemin de Saint Jacques, il mène les Crabos Palois au titre national. 3 titres de champion de France de rugby d’affilée, à Clermont on refuse de croire ce miracle possible.. Le quadruplé n’est évité que grâce à une défaite en finale face au Stade Toulousain des Mermoz, Médard et autres Denos alors même que l’équipe de la charnière Cibray-Beauxis était invaincue lors de la saison régulière.
    A seulement 18 ans et pour sa première apparition en Top 16, Yionel marque la transformation de l’égalisation de la dernière seconde à Brive. Nous sommes le 19 Décembre 2003, les cadeaux de Lionel sont déjà en avance.

     

     

    A Pau, la mue de Beauxis s’achève tranquillement. L’icône régionale au prestige national se découvre un destin planétaire : Yionel devient Champion du Monde des Moins de 21 ans en 2006. Tout aussi tranquillement, il marque l’intégralité des 24 points français de la finale contre l’Afrique du Sud (6 pénalités, 2 drops). Parce qu’il fallait bien que quelqu’un s’en charge. Côté Springbok, un certain Scott Spedding n’en revient pas de voir un humain buter de 60m. Sa décision est prise, plus tard il fera pareil: porter la tunique bleue et taper comme un sourd dans le ballon (mais avec infiniment moins de grâce).
    Cette compétition est l’occasion pour Yionel d’être nommé meilleur joueur du monde et de l’Univers de moins de 21 ans, ce qui est la moindre des choses.

     

    Très tôt, Yionel démontre sa maturité en adoptant des choix capillaires plus sûrs que ceux de ses coéquipiers.

     

    … ce qui n’empêchera pas quelques passages à vide un peu plus tard.

     

    Des quatre coins de France et de Navarre toute proche, on sent que le Béarn se révèle trop petit pour abriter un si grand talent, il lui faut un écrin digne de son lustre. Il est alors temps pour Yionel de monter à la Capitale, afin d’y redonner joie de vivre et espoir à une population abandonnée des Dieux.

     

    On dit que c’est un magicien puissant qui termina de façonner le joyau bigourdan. Juan Martin Hernandez fit le forcing pour recruter, côtoyer et apprendre de ce génie du jeu. Ensemble, les deux ouvreurs progressent, remportent le Brennus dès leur première année de collaboration et redonnent du bonheur aux supporters du Stade Français.

     

    Yionel reste le seul argument pour te convaincre de voir un Stade Français – Brive.

     

    Même si Yionel joue peu en club (barré par Skrela et Hernandez), cela n’empêche pas Bernard Laporte (qui n’a donc pas fait que des conneries dans sa carrière) de l’appeler sous le maillot tricolore. Suite à la blessure de Skrela, le néo-Parisien est titularisé pour la première fois contre l’Ecosse dans le Tournoi, lors un match que la France doit remporter avec le plus grand écart possible pour espérer remporter la victoire finale.
    Tranquille comme Jean-Baptiste Poux, Yionel s’acquitte avec brio de la mission et la France termine première du Tournoi.

     

    Un Brennus et un Tournoi dans l’escarcelle, Yionel compte bien profiter de ses vacances de l’été 2007 pour rentrer se ressourcer dans une Bigorre natale qui se languit de Lui. Mais l’Histoire va en décider autrement et Yionel se retrouve embarqué dans l’aventure de la Coupe du Monde. Il a beau répéter qu’il s’en fout, qu’il en a déjà gagné une et que « maintenant il va falloir me laisser monsieur Laporte », Yionel est enrôlé comme artefact anti All-Blacks.
    Ce qui devait arriver arriva et Yionel, titularisé à l’ouverture lors du quart contre la Nouvelle-Zélande, fait merveille dans le jeu au pied et contribue grandement à la déroute maorie.

     

    Alors tu vois, ce sont des mains, il paraît que ça sert pour jouer au rugby mais à mon avis, c’est une légende urbaine.

     

     

    Sa prestation de ce jour impressionna tellement son adversaire direct que Dan Carter demandera plus tard à jouer avec ce ‘fantastique ouvreur bigourdan né à Tarbes’. Fin stratège passant par là, Paul Goze parviendra à persuader l’ouvreur néo-zélandais de signer à Perpignan en lui montrant une photo de Collioure et un extrait de naissance de Nicolas Laharrague, autre ouvreur bigourdan légendaire. Quand il s’apercevra de la tromperie, Dan Carter se blessera de colère.

     

     

    La suite de la carrière de Yionel, son titre toulousain, son escapade girondine, sa renaissance lyonnaise, son record de 30 points marqué en un seul match (bon, c’était contre Bayonne, mais ça compte quand même) seront bien mieux analysés, disséqués, racontés par les historiens de ce jeu quand ils se pencheront sur la montée en puissance de celui qui mènera le XV de France à la victoire lors du Mondial japonais. On écrira des poèmes, des chansons, on montera des comédies musicales sur la vie et les exploits de l’enfant de Louey. Les femmes enceintes se frotteront des photos de Yionel sur le ventre pour que leur progéniture s’attire les faveurs de la destinée.

     

    Car la sélection de Yionel Beauxis pour le Mondial 2019 est inéluctable. Qui d’autre que Lui, l’ouvreur ayant déjà mené les siens au firmament mondial pourrait récidiver, libérant tout un pays d’une attente qui n’a que trop duré.

     

    Pourtant cette évidente présence prochaine de Yionel au pays du Soleil Levant suscite aussi crainte et angoisse dans la région. Sa venue imminente bouleverse les équilibres militaires locaux. Les Nord-Coréens se préparent fébrilement à la proximité d’un homme capable de détruire leur arsenal militaire d’une simple chandelle dévissée. L’accélération de leur programme nucléaire est à mettre en regard avec la montée en puissance des performances de Yionel à Lyon. La peur s’installe dans les esprits. Le monde est au bord de l’apocalypse nucléaire et seule cette perspective pourrait justifier la non-sélection de Yionel pour la Coupe du Monde, ultime sacrifice d’un Homme qui mettrait le destin du monde au-dessus du sien.

     

    Yionel Beauxis 2019, ou le dilemme entre un monde en paix et une équipe de France de rugby enfin championne du Monde.

     

    Le Rugby en Chansons

     

    Par L’Affreux Gnaffron, 

     

    Le rugby et la chanson entretiennent des rapports chaleureux. Des cœurs de Lansdowne Road aux chants du Millénium en passant par les débuts d’Isabelle Ithurburu dans un télé-crochet, la grande famille de l’Ovalie sait se retrouver autour de valeurs chantées communes. Et même si l’on reproche souvent au rugby français de manquer de ritournelles fédératrices pour son équipe nationale (sorti du sempiternel Allez Les Bleus ou du refrain de la Marseillaise), il existe pourtant quelques antiques tentatives que la Boucherie a retrouvées pour ses lecteurs.

     

    Nous avons donc fouillé dans les tréfonds des internets afin de livrer à vos oreilles délicates les morceaux de choix qui épateront vos amis, séduiront vos conquêtes et embelliront vos vies.
    Mais assez de bla-bla, place à la musique !

     

    Louis Baudel, Allez le XV de France 1986

     

     

    Genre : Cocardier

     

    On commence gentiment avec un titre un brin cocardier.  Cependant l’air terriblement entraînant et les paroles puissamment évocatrices (à base d’humour subtil dénigrant les adversaires des 5 Nations) en font un indémodable du genre. Il se murmure que Pierre Salviac serait l’auteur de paroles dont on vous laisse apprécier le passage le plus saisissant.

     

     ‘Le poireau, c’est bon dans le potage
    Ça se mange à la cuiller de bois
    Le chardon, ça pique, c’est sauvage
    Mais la victoire, la piquera pas
    Pour découvrir les poteaux roses
    Le coq gaulois se pose un peu là
    Le trèfle est la meilleure des choses
    Pour les lapins pas pour nos gars’

     

    Georgette Plana, Rugby marche 1968

     

     

    Genre : Déclaration d’amour

     

    Un sosie d’Arlette Laguiller qui vante auprès de ses camarades féminines les avantages du mariage avec un joueur de rugby, vous pensiez que ça n’existait que dans vos rêves les plus fous (ou votre pire cauchemar) ? Et bien, méprenez-vous.

     

    Dans cette sympathique chanson de 1968, Georgette nous déclare sa flamme (Ah! Qu’ils sont beaux dans leurs petites culottes) et nous confirme ce que l’on sait déjà : Prenez pour mari un joueur de rugby et vous aurez pour charmer vos jours un champion du sport et de l’amour.
    Comme nous sommes en 1968, la révolution des mœurs n’est pas encore passée par là et vous aurez la chance, Mesdames, d’attendre votre homme à l’entraînement, sous la pluie, sans parapluie, en lui gardant sa valise.

     

    Paroles de Pierre Camou qui était déjà un monsieur fort vénérable à l’époque. Quelques images de rugby pendant le clip, où l’on aperçoit Grégory Lamboley avant qu’il ne vienne à signer à Toulon.

     

    Amarande, l’amour et le rugby, 1971

     

    Cliquez sur l’image pour accéder à la chanson

     

    Genre : Libertinage

     

    Une chanson en avance sur son temps. En 1971 déjà, Amarande institue des ateliers de skills et partage sa technique individuelle irréprochable auprès du public, avide de découvrir ces méthodes modernes d’entraînement. Maniement de balle, passe sur un pas, en cloche, travail de fréquence des pas, c’est un festival de gestes techniques, une farandoles d’arabesques qui se déroule sous le regard ébahi de l’assistance. Les paroles pourraient n’être ici que le prétexte à la démonstration mais elles conservent une puissante charge émotionnelle. On y découvre la chanteuse succombant sous le charme d’un talonneur suite à un bouche-à-bouche administré lors d’une mi-temps. De cet amour naissant, une passion commune des voyages se développe et la demoiselle se retrouve au milieu de 3 Gallois à Cardif avant que son talonneur ne la cabosse à Edimbourg pour finir par la mettre enceinte à Edimbourg. Avec 40 ans d’avance, on assiste à une scène banale de porno amateur.

     

    En réaction à la gestuelle déplorable de la donzelle, le rugby féminin fut créé. Quant aux paroles, elles entraînèrent un sursaut du féminisme.

     

    “Il m’a laissée à Cardiff
    Au milieu de trois Gallois
    Il m’a fait deux ou trois bosses
    À Edimbourg
    Quand l’amour monte aux poteaux
    Il faut faire très attention
    De ne pas avoir sur le dos
    Les 5 Nations !”

     

    Pierre Péret, Vive le XV, 1971

     

     

    Genre : Eloge des Valeurs / Boucherie Ovalie

     

    On ne présente plus Pierre Péret (en tous cas, je ne vous le présenterai pas). Le Claude Nougaro du Tarn-et-Garonne a promené sa bonhomie singulière au milieu de millions de sujets avec une gouaille et un esprit d’à-propos d’où la poésie n’est jamais absente. Il fallait donc qu’il s’attaque au rugby au détour d’une carrière jalonnée de succès.

     

    Et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître ! Entre allusions à la perfidie de l’Estranger, éloge de la fourchette, louange de l’étranglage à main nue, ce charmant petit texte est un ôde à la barbarie ordinaire. Entre sang qui gicle, oreilles arrachées, écossais qui hurlent et crânes fendus, on retrouve Benoît Dauga et Jean Gachassin en figure de proue d’une victoire française bonifiée. Un rugby malicieux que l’on découvre non sans une pointe de nostalgie. Ah, c’est autre chose qu’Au café du canal !

     

    Les Frères Jacques, C’est ça l’rugby, 1970

     

     

    Genre : Pro D2

     

    Attention monument ! C’est ça l’rugby proclame fièrement la fratrie la plus célèbre de la chanson française (juste après les Ogres de Barback). Et on ne saurait leur donner tort à voir la définition qu’ils donnent de ce sport : difficulté à s’imposer à l’extérieur, développement exponentiel des transferts, crise d’identité des clubs. En outre, on voit déjà poindre la pratique ancestrale de l’engrossage de supportrice adverse lors des 3ème mi-temps à l’extérieur. Une analyse sociologique portée par une scénographie audacieuse et novatrice.
    Et puis comment ne pas ne pas approuver le choix des équipes présentées ? Comme un symbole de cette saison de Pro D2 qui verra s’opposer l’équipe de Montauban à l’équipe de Perpignan. Honneur aux forts, c’est la loi du sport !

     

    Michel Etcheverry, Ô Rugby 1991

     

     

    Genre : publicité institutionnelle

     

    Quand on parle de rugby et de chansons, difficile de se passer de la figure tutélaire de Michel Etcheverry. Interprète immortel du Aupa BO, le chanteur basque incarne à lui tout seul la musicalité de notre sport. Intronisé ‘Chantre du Rugby’ par le Président Ferrasse (cette partie a été écrite en collaboration avec Jacques Verdier), il a également commis un hymne pour la Coupe du Monde 1991 (celle d’avant les événements narrés dans Jonah Lomu Rugby). Composé sur un air typiquement basque, avec un solo de trompette à vous filer la chair de poule, le morceau semble avoir été écrit par les commerciaux de la FFR de l’époque. Qui sont les mêmes que ceux d’aujourd’hui, ne vous inquiétez pas. Dès 1991, on y apprend ainsi que le Rrrrrrugby est non seulement l’école de la vie mais que le monde entier lui dit merci. Le tout avec un effet spécial d’une poésie inouïe: une Terre ovale! Et encore passera-t-on pudiquement sur ‘les chevaliers du ballon ovale qui ont le cœur dans les étoiles quand ils marquent entre les poteaux’, allusion évident à Delon Armitage saluant Brock James.

     

    Bonus tracks

     

     

     

    Pour information, le jour où la vidéo “Imanol Notre Idole” atteint les 100 000 vues, on révèle une page de notre prochain bouquin en exclu (97 000 au compteur actuellement).