Présentation Coupe du monde 2023 : Les Tonga
par Damien Try

  • 11 August 2023
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Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

Les Samoa 

L’Écosse

La Géorgie

 

Le Tonga

 

Notation :

Aïe : +
Ouille : ++
Arrêtez : +++
Crac : +++++

 

L’emblème : la colombe

 

Les Tongiens, qui ne manquent de toute évidence pas d’humour, ont choisi pour emblème la colombe, symbole universel de paix. Un choix étrange étant donné que leur animal totem est censé être l’aigle des mers, soit l’emblème de la Namibie. Des Namibiens qui, eux, auraient préféré arborer un oryx sur leur maillot, mais cet animal ressemble trop au springbok des Sud-Africains. Des Sud-Africains qui ont peu à peu abandonné le springbok en question pour la protéa royale. Bref, comme vous pouvez le constater, c’est un peu le bordel.

 

Le saviez-vous :

La violence a plein de synonymes. Et là il y a quinze synonymes avec un maillot rouge sur la pelouse.

 

L’équipe :

Au large de l’atoll de Pom-Pom Galli se trouve l’archipel des Tonga. D’ailleurs on dit “les Tonga”, ou “le Tonga” ? Voilà le premier souci que l’on rencontre quand on aborde ces îles du South Pacific. Ce problème sémantique est rapidement mis derrière soi, lorsqu’on apprend qu’auparavant, cet archipel était nommé “les îles des Amis”, et que la capitale est Nuku’alofa, ce qui signifie “patrie de l’amour” en tongien. Rassuré et ne vous méfiant pas, vous ramasserez donc naïvement un ballon de rugby traînant au sol, et la dernière chose dont vous vous souviendrez avant de vous réveiller à l’hôpital sera un grondement sourd type tremblement de terre. Car le Tonga (ou les Tonga, à ce stade-là vous vous en moquez), c’est du soleil, du rugby, de la violence et du sable. Oui, comme à la Seyne-sur-mer, le pastis et le Rassemblement National en moins.

 

Ce style de jeu est dû à la surpopulation de ces îles. En effet, si elles n’accueillent que 100 000 habitants, soit la population de la ville de Caen, c’est déjà bien trop au regard de leurs ressources naturelles. Un écrémage est donc nécessaire, et se fait sur les terrains, en fonction de la résistance aux chocs.Au bout d’une centaine de génération et en vertu des principes énoncés par Darwin, les habitants restants sont l’équivalent humain du char Abrams. S’ils restent bien sûr des humains, ils sont aussi proches des Caennais que le rottweiler du chihuahua. Et bien sûr on annonce la partie de plaisir à venir avec une danse rituelle, le Sipi Tau, sorte de danse de la pluie. Des intempéries un peu particulières, puisque ce qui va tomber ce sont des marrons.

 

Les Tongiens ont dominé le Pacifique Sud durant des siècles, leur empire asservissant les archipels des alentours à partir du Vème siècle, avant d’être remplacés par ceux qui faisaient exactement la même chose mais avec du thé et des fusils, les Anglais. Cela explique pourquoi ils sont considérés un peu de la même façon, et que les rencontres Samoa-Tonga n’ont rien à envier à un petit Ecosse-Angleterre en termes de comptes à régler.

 

Mais sportivement les Tongiens ne sont pas uniquement connus pour être des brutes sur les terrains de rugby. Il peuvent s’enorgueillir de leur seule médaille olympique, l’argent en… boxe catégorie super-poids lourd en 1996 à Atlanta, par Paea Wolfgramm. Je sens comme un fil rouge dans cette culture, cherchons ailleurs, moins violent… alors le rugby à XIII on va passer, hum un autre Tongien célèbre est Tonga ‘Uli’uli Fifita, aussi connu sous le nom de “Haku” qui s’illustre en… catch. Laissons tomber cette tentative de nuance et passons au vif du sujet, la bagarre le rugby.

 

Imaginez le niveau de violence nécessaire pour faire pleurer Yoann Maestri.

 

L’équipe tongienne nommée ‘Ikale Tahi a participé à toutes les Coupes du monde à l’exception de l’édition 1991, sans jamais sortir de poule. Ca n’est pas passé loin en 2007, avec une défaite in extremis contre l’Afrique du Sud. Mais le point d’orgue tongien reste bien sûr la victoire contre la France en 2011, pour en savoir plus sur ce match, rendez-vous très bientôt avec la sortie du troisième tome de la Boucherie Ovalie, mauvais souvenir mais très bon texte à la page 190.

 

L’annonce récente du changement d’éligibilité des joueurs a complètement changé la donne pour cette nation habituée à se faire piller ses meilleurs éléments. Retour au bercail donc pour une flopée de stars vieillissantes, n’ayant plus leur place dans les sélections prestigieuses où elles ont fait carrière. C’est ainsi que Toutai Kefu, entraîneur surnommé lui-aussi “El Loco”, a pu enrichir son effectif avec des noms tels que Adam Coleman, 38 sélections avec les Wallabies mais dont le père fut capitaine tongien dans les années 80. Autre Wallaby ayant fait ses preuves sur le terrain mais aussi sur twitter, Israel Folau. Ajoutez quelques All Blacks et vous aurez de quoi faire saliver les fans tongiens.

 

Les joueurs à suivre :

Le toulousain Pita Ahki profite lui aussi du changement de règle pour une seconde jeunesse auprès de son pays d’origine. Avec Kef-Taah’sosblanch et Koekako La’zerau il formera un triangle d’attaque particulièrement alléchant et qui vous régalera en soirée. Plus léger, Patrick Pellegrini pourra remplacer le second ailier.

 

Calendrier :

Samedi 16 septembre : Tonga – Irlande (Nantes)
Dimanche 24 septembre : Tonga – Ecosse (Nice)
Dimanche 1er octobre : Tonga – Afrique du Sud (Marseille)
Dimanche 8 octobre : Tonga – Roumanie (Lille)

 

Le scénario idéal :

Les Tongiens se cherchent encore face à l’Irlande et ne font pas le poids, mais écrasent des Ecossais trop fragiles (notamment au niveau des cervicales). Lors du choc face à l’Afrique du Sud, match surnommé plus tard le “Destroyico”, ce ne sont pas moins de 15 joueurs qui quitteront le terrain sur blessure, renflouant un IHU marseillais plus calme depuis novembre dernier. Aucun traitement aventureux ne sera testé, les médicaments hasardeux sont nettement moins tentants quand le patient peut vous arracher la tête à une main (même si l’autre est dans le plâtre). Ce sont alors les Tonga qui s’imposent par forfait et n’auront plus qu’à disposer des Roumains pour retrouver les Français en ¼ .

Menés par un Afusipa Taumoepeau ayant une revanche à prendre sur la France puisqu’il a dû vivre depuis plus de 10 ans dans les villes de Pau, Albi, Castres et Perpignan, les Tongiens réitèrent l’exploit de 2011. On retiendra notamment l’image de la dernière mêlée et l’immense éclat de rire de Tameifuna chambrant la première ligne française. Mais stupeur générale dans les jours qui suivent, quand la majorité des joueurs annoncent leur retraite internationale à effet immédiat et retrouvent leur club dès la journée suivante de championnat. Une équipe ter perdra ainsi la demi-finale, mais les Tonga seront la nouvelle coqueluche du monde du rugby, qui ira jusqu’à admettre que non, Jonah Lomu n’était pas néo-zélandais mais bel et bien tongien.

 

Le scénario catastrophe :

Sur le papier c’était bien beau de récupérer des stars internationales, mais au final cela ressemble plutôt à la tournée de trop pour les Rolling Stones. Des Stones qui n’auraient jamais joué ensemble. Et avec un Mick Jager de 140kg. La comparaison s’arrête ici. La Pacific Cup de l’été 2023 fut un désastre, et le premier match contre l’Irlande du même acabit, mais avec une vraie équipe en face. Avant même le coup d’envoi, on sent l’équipe en manque de repères lorsque lors du Sivi tau, certains joueurs entament un Kapa o pango et d’autres apportent des boomerangs à leurs adversaires. Peu inspirés, sans l’âme même de l’esprit tongien visant à décapiter ses adversaires pour ensuite leur chier dans le cou, le Tonga (les Tonga ?) perd contre l’Ecosse, avant une piteuse défaite contre les Sud-Africains.

Pour sauver l’honneur, la victoire est obligatoire face aux Roumains qui eux non plus, n’ont rien à perdre (à part leur intégrité physique). La pluie est battante à Lille, et ces derniers s’accrochent. Alors que les Tonga (le Tonga ?) confisquent le ballon et occupent le camp adverse, le soleil fait son apparition et un immense arc-en-ciel décore le ciel ! À quelques mètres de marquer l’essai de la victoire, Israel Folau préfère lâcher le ballon et faire un signe de croix, invoquant Dieu Tout Puissant face à ce signe du Malin. Les Roumains récupèrent le ballon et s’en vont dans l’en-but, pour une victoire historique contre le.s Tonga.

“Nous avons honte pour nos pays, quels qu’ils soient”, conviendront les joueurs. Le centre Solomone Kata ajoutera une strophe en déclarant “Perdre j’ai l’habitude, mais là on en a même pas tué un seul.”