Présentation Coupe du monde 2023 : La Namibie
par Le Stagiaire

  • 24 July 2023
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Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

 

La Namibie

 

Notation :

Pays proche de l’Afrique du sud : + + + +

Nom de joueurs proches de ceux de l’Afrique du Sud : + + + +

Physiques de joueurs proches de ceux de l’Afrique du Sud : + + + +

Niveau de jeu proche de celui de l’Afrique du Sud : – – – – – – – – – – – –

 

L’emblème :

Les Namibiens arborent sur leur maillot un aigle pêcheur d’Afrique, aussi appelé « pygargue vocifer », notamment par des scientifiques qui veulent se la péter et par André Dussolier quand il fait la voix off d’un documentaire animalier.

Majestueux, dangereusement létal, on imagine mal un tel animal se laisser emmerder par un trèfle ou un poireau. Malheureusement pour les Namibiens, il est ici question de rugby, pas de combat de Pokémon.

 

L’équipe :

Si vous faites partie des gens qui imaginent la Namibie comme un petit pays d’Afrique perdu quelque part entre un lac et un rocher, vous ne valez pas mieux que les Américains qui placent Londres au milieu de la Chine et Castres dans le Tarn quand on leur tend une carte.

 

En effet, la Nambie fait deux fois la superficie de la France et, si elle ne pèse pas plus dans les relations internationales, c’est sans doute parce qu’elle n’est peuplée que de 2 millions d’habitants (ce qui lui confère une densité de population similaire à la Corrèze).

 

L’équipe de rugby locale, surnommée les Welwitschias en référence à une plante (même si c’est vrai que ça ressemble plus à un nom de MST), est la deuxième meilleure équipe d’Afrique, et la 21ème nation mondiale au classement World Rugby.

 

À l’automne, elle disputera sa 7ème Coupe du monde consécutive, pour un total de zéro victoire. À leur décharge, leur dernier match accessible (face au Canada en 2019) a été annulé à cause d’un typhon. Et leur match face à la Géorgie en 2015 s’est soldé par une défaite d’un point après une rencontre folle, marquée par une première mi-temps de 67 minutes (la faute a des interruptions incessantes du jeu par l’arbitre, qui tentait d’enrayer les nombreuses tentatives d’assassinats à coups de cartons jaunes).

 

À défaut d’être flamboyante dans ses succès, la Nambie sait l’être dans ses défaites, comme le prouvent ses belles branlées reçues au fil des éditions. Mention au mémorable 142-0 face à l’Australie en 2003 ou à la défaite 87-10 contre la France en 2007.

 

Elle retrouvera justement la France dans sa poule cette année, tout comme la Nouvelle-Zélande, qu’elle avait déjà affrontée en 2015 et 2019 (parfois, le sort s’acharne). L’Italie, puis l’Uruguay pour la dernière rencontre viendront compléter le programme. Cet ultime match aura des allures de petite finale pour les deux équipes, qui se disputeront sans doute la 4ème place (s’il leur reste assez de joueurs vivants à ce stade de la compétition).

 

L’équipe sera menée par Allister Coetzee, adjoint de Jake White lors du titre sud-af en 2007 et éphémère entraîneur de cette même équipe entre 2016 et 2018. On ne sait pas s’il aura plus de réussite à la tête des Welwitschias, mais gageons qu’il aura moins de pression.

 

Forte d’une victoire dans la Rugby Africa Cup 2022 face au Kenya, les Namibiens s’appuieront sur un effectif homogène, mêlant des jeunes espoirs de 26 ans et des tauliers de 40 ans. Si Jacques Burger a stoppé sa carrière alors qu’il n’en a que 39, on devrait cependant retrouver sur les terrains Pieter-Jan Van Lill, le troisième ligne de 38 ans passé par Dax et Bayonne qui évolue aujourd’hui à Capbreton Hossegor Rugby en Régionale 2, mais aussi le talonneur bayonnais Torsten van Jaarsveld ou encore le centre de Colomiers Johan Deysel, star locale depuis qu’il a inscrit un essai contre les All-Blacks en 2015.

 

Si elle a une petite teinte française, cette équipe compte aussi beaucoup de joueurs évoluant aux États-Unis. On peut citer le troisième ligne Wian Conradie, auteur d’un triplé face au Kenya, ou Cliven Loubster, l’ouvreur de 25 ans qui évolue à Utah. Et si la France a droit à son éternel débat entre les fans de Romain Ntamack et les Jalizouzes, la Namibie tient son équivalent avec Cliven Loubster et Pieter Willem Steenkamp, qui postule également au numéro 10. À noter que depuis quelques saisons, ce dernier évolue en Pologne, ce qui a dû lui permettre de progresser dans la gestion d’au moins une des trois mi-temps.

 

Dans cette équipe décidément très Erasmus (aucun lien avec le sud-africain cette fois), on trouve enfin certains joueurs évoluant au plus haut niveau comme Richard Hardwick, qui porte le maillot des Melbourne Rebels dans le Super Rugby. Cet ancien international australien (2 sélections en 2017) a choisi de rejoindre les Welwitschias en fin d’année dernière. Ce changement de camp pour une nation adverse à quelques mois de la Coupe du monde n’en fait pas un ami fiable, mais ça suffit à en faire un Namibien.

 

Johan Deysel, un joueur qui démarre au quart de tour.

 

Les joueurs à suivre :

Parmi les autres joueurs évoluant au plus haut niveau, il faudra garder un oeil sur l’arrière Divan Rossouw. Après plusieurs saisons chez les Bulls, il évolue maintenant dans la province sud-africaine des Lions, particulièrement respectée en France depuis sa victoire 51-28 contre le Racing en Challenge Cup cette saison.

Rarement sur la feuille de match en club, Rossouw n’en reste pas moins une valeur sûre des Welwitschias, comme le prouve son titre d’homme du match acquis contre le Kenya lors de la rencontre leur assurant la qualification à la Coupe du monde. Un match qui avait d’ailleurs lieu à Aix-en-Provence. Nous voilà prévenus : quand il dispute une rencontre en France, Divan joue toujours comme dans une fauteuil.

 

Le saviez-vous ?

Percy Montgomery est né en Namibie (Sud-Ouest africain à l’époque), et non pas en pays CATALAN comme on pourrait le penser (ou le faire croire du côté de Perpignan).

 

Calendrier

contre l’Italie, le samedi 9 septembre à Saint-Etienne (13h)

contre la Nouvelle-Zélande, le vendredi 15 septembre à Toulouse (21h)

contre la France, le jeudi 21 septembre à Marseille (21h)

contre l’Uruguay, le mercredi 27 septembre à Lyon (17h45)

 

La Namibie : un style de jeu basé sur l’évitement.

 

Le scénario idéal :

Après une victoire surprise contre l’Italie dès le premier match, la Namibie est invitée à prendre la place des transalpins dans le Tournoi des Six Nations. Portée par l’euphorie de cette nouvelle, les Welwitschias n’encaissent que 50 points contre la Nouvelle-Zélande puis 45 contre l’équipe B de la France (quadruplé de Jalibert). Lors de leur dernier match de la compétition, les Namibiens s’imposent face à l’Uruguay et bouclent leur meilleure campagne dans une Coupe du monde avec deux victoires. Ces résultats enthousiasmants de l’équipe nationale sont particulièrement suivis et commentés au pays, qui voit une explosion du nombre d’inscriptions en école de rugby (+28 licenciés).

 

Le scénario catastrophe :

Après avoir encaissé 250 points en trois matchs, les Namibiens retrouvent leur rugby et s’imposent facilement lors de leur dernière rencontre face à l’Uruguay. Ils séduisent le public et impressionnent les observateurs, notamment les recruteurs d’Aurillac, Brive, Rouen et Nevers.

Naïfs, plusieurs joueurs signent avec ces clubs des contrats longue durée, y voyant l’occasion d’évoluer à un niveau supérieur et dans un cadre de vie qu’on leur vend comme « sympathique et dépaysant ». Ce qu’ils sont devenus ensuite ? Personne ne le saura jamais. Pas même leur famille, qui ne trouvèrent jamais le chemin de ces contrées reculées pour leur rendre visite.