Présentation Coupe du monde 2023 : Le Chili
par Ovale Masque

  • 09 July 2023
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Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Le Chili

 

Notation :

Romantisme : +++
Valeurs : ++++++
Héritage :  ?
Con carne : – – – – (ça vient du Texas on vous dit)

 

L’emblème :

L’emblème de l’équipe du Chili est le condor., parce que l’aigle, c’était un peu connoté.

Dotée d’un budget limité, on peut supposer que la Fédération de rugby chilienne n’a pas investi massivement sur le graphisme, comme le prouvent ces deux anciens logos.

 

crédits : https://chile.rugby

 

L’équipe :

Pendant des années, le fan de rugby hipster se trimballait avec un maillot de l’Argentine, lançait des grands Vamos ! et vous saoulait en vous expliquant ce que c’est que La Bajadita alors que lui-même n’était pas sûr d’avoir bien compris. Grande nouveauté, en 2023, il sera supporter du Chili !

 

En effet, Los Condores ont le profil idéal pour récupérer le statut de l’équipe frisson, pleine de panache et de grinta, d’autant plus que la réputation des Pumas a été écornée ces dernières années. Précisons toutefois qu’au Chili comme en Argentine, le rugby est un sport réservé à une certaine élite, ce qui peut en mettre un coup à l’image romantique des petits poucets.

 

Dans l’ombre de son voisin depuis des décennies, jamais qualifié pour une Coupe du monde au contraire de l’Uruguay, le Chili semble sortir un peu de nulle part au plus haut niveau. Mais le rugby est en nette progression depuis l’intégration en 2019 d’un club basé à Santiago, Selknam, au Súper Rugby Américas, championnat professionnel où l’on retrouve des noms d’équipes rigolos comme le Dogos XV ou les American Raptors. L’année dernière, les Condors ont d’ailleurs choqué le monde en décrochant leur qualification au Mondial contre les USA, au terme d’une double confrontation épique: battus 22 à 21 à Santiago sous des trombes d’eau, puis menés 19 à 0 lors du match retour dans le Colorado, les Condors l’ont finalement emporté 31 à 29 pour décrocher leur billet pour la France. Dire que des gens n’ont pas vu ces matchs et préfèrent regarder Clermont tous les week-ends…

 

 

 

Le sélectionneur chilien est un visage bien connu en France : l’Uruguayen Pablo Lemoine, ancien pilier du Stade Français, qui avait également emmené les Teros à la Coupe du monde 2015. Selon Lemoine, l’équipe chilienne possède un niveau « équivalent au top niveau de la Nationale ou au ventre-mou de la ProD2 » ce qui lui assure donc déjà d’être l’équipe favorite de Cécile Grès. Notons que beaucoup de joueurs viennent également du rugby à 7, ce qui se sent sur le terrain avec un style de jeu tourné vers l’offensive.

 

Placés au sein d’une poule assez ouverte, les Chiliens auront peut-être l’opportunité de briller autrement que dans un rôle de punching bag. Et le choc contre les Pumas à la Beaujoire s’annonce aussi bouillant qu’un derby basque.  Littéralement, puisque si 10% de la population argentine actuelle est issue de la diaspora basque, le chiffre monte à 21% au Chili. La célèbre « bataille de Nantes » aura donc possiblement le droit à son remake à la Netflix : avec des latinos pour la diversité, et une violence édulcorée pour ne pas effrayer le grand public.

 

Et non, ce n’est pas le délégué CGT de votre boîte, c’est bien Pablo Lemoine en 2022 !

 

 

Le joueur à suivre : Rodrigo Fernandez

Vous ne connaissez peut-être pas son nom, mais vous avez déjà certainement vu cet essai, élu le plus beau de l’année 2022 par World Rugby. Un essai qui ne reflète pas vraiment la qualité du jeu de mouvement collectif chilien, mais on ne va pas bouder son plaisir devant une action où un gars décide subitement qu’il va éliminer les 15 joueurs de l’équipe adverses un à un.

 

 

Après avoir touché ses premiers ballons au sein d’une prestigieuse école privée britannique de Santiago (vous préférez peut-être ne pas savoir ce que ses parents faisaient entre 1973 et 1990) ce demi d’ouverture ou arrière évolue avec le club de Selknam et avec l’équipe du rugby à 7 chilienne depuis 2017. Attaquant racé, doté d’appuis déroutants et d’une belle pointe de vitesse, il a tout pour devenir le Juan-Martin Hernandez des années 2020. On ne serait d’ailleurs pas surpris de le voir débarquer en France, où les frères Ramon et Iñaki Ayarza (Soyaux-Angoulême) sont pour les moments les seuls représentants de leur pays. On en profite pour avoir une petite pensée pour Sergio Valdes et Pablo Huete, qui ont écumé les pires clubs de Pro D2 tout au long de leur carrière, prouvant ainsi la grande solidité mentale des rugbymens chiliens.

 

 

Le saviez-vous ?

Au Chili, quand on parle d’hélicoptère, la première chose qui vient à l’esprit n’est pas forcément un sympathique spectacle de 3e mi-temps.

 

Le calendrier :

 
– contre le Japon, le dimanche 10 septembre à Toulouse (13h)
– contre les Samoa, le samedi 16 septembre à Bordeaux (15h)
– contre l’Angleterre, le samedi 23 septembre à Lille (17h45)
– contre l’Argentine, le samedi 30 septembre à Nantes (15h)

 

Le scénario idéal :

Le Chili débute son mondial par une courte défaite contre le Japon, au terme d’un match ouvert et spectaculaire qui régale le public connaisseur du Stadium. Un baptême de feu prometteur qui donne confiance aux Condors pour la suite de la compétition : ils sont une nouvelle fois battus avec les honneurs contre les Samoas.

 

Après avoir assuré sa qualification en venant à bout de l’Argentine et du Japon lors de leurs deux premiers matchs, le XV de la Rose s’apprête à défier le Chili avec un équipe remaniée, qui a visiblement profité de son séjour dans le Nord pour organiser une dégustation de bières. Ivres et rougeauds, les Anglais errent sans but sur le terrain et ratent à peu près tout ce qu’ils tentent. En fin de match, après une passe hasardeuse de Winston Chestonwoggle (le 184e demi de mêlée inconnu qu’on tente d’imposer à la place de Ben Youngs) Rodrigo Fernandez réalise une interception de 80 mètres et va marquer l’essai de la victoire pour le Chili, qui signe le plus grand exploit de l’histoire du Mondial.

 

En plein momentoume, Los Condores terminent leur Coupe du monde sur un feu d’artifice, en venant à bout de leurs rivaux argentins au terme d’un derby très violent, où de nombreux joueurs seront expulsés, dont Tomas Lavanini et Marcos Kremer avant même le coup d’envoi du match, par mesure préventive. Mais quand on parle du Chili et de l’Argentine dans un stade, l’important, c’est surtout qu’aucun spectateur ne soit blessé.

 

Le scénario catastrophe :

Scandalisés par la récente accession au pouvoir de la gauche au Chili, les joueurs des Condors profitent de leur passage en France pour squatter les plateaux de CNews et dénoncer le wokisme et les bières sans alcool dans les stades. Leur implication dans la préparation du Mondial en pâtit, et c’est sans surprise qu’ils s’inclinent lourdement lors de leurs quatre matchs de poule. Après que plusieurs de ses anciens tweets douteux ont été déterrés, créant un petit scandale, Rodrigo Fernandez est licencié par la fédération chilienne. Dans la foulée, il s’engage avec le Biarritz Olympique.