Présentation Coupe du monde 2023 : Le Japon
par Copareos

  • 30 August 2023
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Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

Les Samoa 

L’Écosse

La Géorgie

Le Tonga

L’Uruguay

Les Fidji

L’Italie

L’Argentine

L’Australie
 

Le Japon


 

Note pour les lectrices et lecteurs :

Dans un souci de respect envers une nation détenant l’arme nucléaire (dans la composition de son sol), ce texte sera dépourvu des traditionnels clichés sur le pays du Soleil Levant. Il n’y sera donc pas question de Pokémon, pas de sushis (lol vous l’avez ?), et nous éviterons le poncif “entre tradition et modernité”, expression par trop usitée pour qualifier le Japon.
 

Notation :

1987 – 2003 : – – – –
2004 – 2011 : – –
2012 – 2015 : +
2016 – 2019 : + + +
2020 – 2023 : –
 

L’emblème :


Si l’emblème du Japon est le suicide (auparavant patriotique, professionnel et militaire avant d’être aujourd’hui rendu à la vie civile), les Nippons ont jeté leur dévolu sur les fleurs de cerisier comme un symbole. La Cherry Blossom apporte ainsi un côté kawai à ce sport tout aussi violent qu’une journée de travail de 15 heures, un hentai mêlant poulpes et jeunes filles ou une douce matinée de début décembre sur une île du Pacifique.
 
Mais chassez le naturel, il revient au galop. Ou plutôt en trottinant comme un pilier qui se replace tranquillement en attendant que le prochain ruck veuille bien revenir dans sa zone (la fameuse zone Zéro). Il a ainsi fallu attendre 2003 et l’intervention d’un journaliste anglais pour que le mot “brave” remplace “cherry”. Cela donne donc les “Brave Blossoms” un surnom qui ne veut plus rien dire mais qui à l’avantage de se situer à mi-chemin entre plantation et témérité.
 

Présentation de l’équipe

Situé sur un continent qui attache autant d’importance au rugby qu’au code de la route, le Japon a souvent participé à la Coupe du monde parce qu’il était le seul pays asiatique à connaître l’existence de ce sport. Convié à représenter sa région en 1987, le XV japonais n’a jamais raté une édition de la compétition, entre invitation et assiduité.
 
Malgré cette présence permanente, l’histoire nippone en Coupe du monde n’a pas été un long fleuve tranquille. En 1987, elle manque sa seule chance de victoire face aux États-Unis (18-21), notamment car aucun des 3 essais inscrits n’a été transformé face à des États-uniens qui ont su bien viser quand il le fallait, comme leurs papis. Pour les Japonais, cet échec leur laisse un sentiment mitigé, entre déception et animosité.

 

Lancé comme un frelon asiatique

 
C’est en 1991 que les Nippons connaissent leur première victoire en Coupe du monde, face à une équipe du Zimbabwe (52-8) qui disputait là son dernier match en date dans la compétition. On pourrait alors croire que la dynamique est lancée pour les Japonais, mais c’était sans compter sur une édition 1995 qui ne les a pas gâtés au tirage au sort : Irlande, Pays de Galles & Nouvelle-Zélande infligent 252 points à des fleurs de cerisiers fanées. Remis à leur place, les joueurs japonais repartent avec de mauvais souvenirs, entre punition et humilité.
 
La Fédération japonaise a ensuite tout tenté pour connaître à nouveau la victoire en Coupe du monde, allant jusqu’à demander à Jean-Pierre Elissalde d’entraîner l’équipe fanion en 2005. Mais la recette ne prend toujours pas et même si l’ancien All-Black John Kirwan a permis à l’équipe d’obtenir deux matches nuls contre le Canada en 2007 (12-12) et 2011 (23-23), l’équipe ne parvient pas à casser son plafond de verre, entre stagnation et immobilité.
 
Le déclic va arriver avec l’arrivée aux commandes d’Eddie Jones, australien d’origine japonaise, à une époque où il aimait la vie et où ses quelques apparitions ne se limitaient pas à des images de lui à la recherche d’un katana en cabine pour mettre fin à ses jours. C’est avec lui qu’arrive ce que l’on appelle le « miracle de Brighton ». Cette appellation ne fait pas référence à un jour où la température de la Manche a dépassé les 11 degrés sur les bords de la Riviera, mais à la victoire d’Hitoshi Ono et des siens sur l’Afrique du Sud (32-34), grâce notamment à la décision du capitaine Michael Leitch de jouer la dernière pénalité à la main au lieu de tenter d’inscrire les trois points les séparant d’un match nul. Une victoire de prestige qui place enfin le Japon sur la carte du rugby mondial, même si la lourde défaite face à l’Ecosse l’empêche de se qualifier pour les quarts de finale. Les Nippons quittent l’Angleterre sans leur entraîneur, qui a été nommé à la tête du XV de la Rose, et un successeur doit désormais lui être trouvé pour les mener vers une édition 2019 qui se déroulera sur leur péninsule et où ils voudront briller, entre ambition et hospitalité.

 

Kosei Ono & Eddie « Oh no, why have I left Japan ? »

 
Pour réussir collectivement, il faut parfois savoir mettre son égo de côté, et ce n’est pas un pays qui a glorifié les kamikazes qui va dire le contraire. C’est pourquoi la Fédération nipponne n’hésite pas à aller chercher Jamie Joseph, qui a joué pour la Nouvelle-Zélande lors de l’humiliation infligée aux Japonais en 1995 (145-17). Mais cet ancien troisième-ligne s’était déjà fait à moitié pardonné en représentant les Blossoms lors de la Coupe du monde suivante. Avec Joseph, l’équipe est en progression constante, obtenant notamment un match nul face au XV de France à la U Arena (23-23). Le mondial à domicile est lui une grande réussite puisque les Japonais terminent premier de leur poule après avoir battu tous leurs adversaires, dont l’Ecosse et l’Irlande. Au fil des matches, un véritable engouement populaire s’empare de l’empire, et la péninsule se prend à croire à un nouvel exploit face aux Sud-Africains en quarts de finale. Malheureusement, les Nippons n’inscrivent que trois points face aux futurs champions du monde et le conte de fées s’arrête là, entre amélioration et historicité.
 
A l’image de leur emblématique Fuji, cette éruption de 2019 semble avoir été suivie d’une extinction. En effet depuis quatre ans, les Brave Blossoms sont méconnaissables. Sur les 16 dernières rencontres disputées, les Brave Blossoms n’ont connu la victoire qu’à 4 reprises, et c’était contre le Portugal, l’Uruguay et les Tonga. Heureusement, le XV du Japon se trouve dans la poule d’une Angleterre malade. Sauront-ils en profiter pour se qualifier à nouveau en quarts de finale ? Pour cela, il va falloir mélanger bonnes prestations et efficacité.

 

Les joueurs à suivre :

Alors, qui sera le prochain Ayumu Goromaru ou le prochain Kotaro Matsushima qui viendra flinguer sa carrière en Top 14 ? Hé bien certainement personne, car les Brave Blossoms ont pris l’habitude de ne plus s’exporter et de rester dans le championnat local, dont le niveau augmente année après année.
 

Si Michael Leitch sera encore de la partie, il faudra surtout garder un œil sur le troisième ligne et capitaine Kazuki Himeno, un Iosefa Tekori version japonaise. Sélectionné avec l’équipe du Japon en 2017 avec seulement 9 matchs pros à son compteur, il a été un des principaux protagonistes du beau parcours japonais en 2019. Lors de sa saison en Super Rugby en 2021, il a été élu meilleur joueur des Highlanders et révélation de la compétition, permettant à la franchise d’atteindre la finale de la version Trans-Tasman sans avoir participé à la préparation d’avant-saison. Comme quoi, les stages commandos, les datas et les tours de stade ne servent vraiment à rien. Rep à ça, Thibault Giroud !
 

Ajoutez Lappies Labuschagné (nom le plus classe du monde) et vous aurez une troisième ligne qui est un savant mélange de continuation et maturité.
 

Robert de Nippon

 

Le calendrier :

– contre le Chili à Toulouse, le dimanche 10 septembre 2023 (13h)
– contre l’Angleterre à Nice, le dimanche 17 septembre 2023 (21h)
– contre les Samoa à Toulouse, le jeudi 28 septembre (21h)
– contre l’Argentine à Nantes, le dimanche 8 octobre (13h)

 

Scénario idéal :

Depuis leur camp de base toulousain, les joueurs japonais traînent sur Twitter pour passer le temps. C’est alors qu’un drame arrive : ils découvrent #SaccageParis. Fous de rage devant tant de saleté et d’incivilité, ils s’exclament en cœur : « Nous avons depuis toujours nettoyé notre vestiaire après les rencontres, il est temps pour nous de s’occuper de toute une métropole ! ». Ils prennent le premier TGV pour une capitale qu’ils décapent en un temps record. Les rats quittent le navire qui jamais ne sombre, la mascotte « Parimon » est créée, et Anne Hidalgo offre aux Japonais les clés de la ville durant une cérémonie mélangeant émotion et solennité.

 

Scénario catastrophe :

Depuis leur camp de base toulousain, les joueurs japonais traînent sur Twitter pour passer le temps. C’est alors qu’un drame arrive : ils découvrent #SaccageParis. Fous de rage devant tant de saleté et d’incivilité, ils s’exclament en cœur : « Nous avons depuis toujours nettoyé notre vestiaire après les rencontres, il est temps pour nous de nettoyer toute une métropole ! ». Ils prennent alors le premier train pour la capitale. Manque de bol ce n’est pas le Shinkansen ni le TGV, mais celui qui passe par Limoges et Châteauroux. Après un retard de neuf heures dû à une fouine sur les rails combiné à une grève surprise des cheminots, le train est dérouté à Clermont-Ferrand, d’où on ne repart jamais, surtout pas en transport en commun. Les Brave Blossoms déclarent forfait pour la suite de la compétition. Matushima en profite pour faire visiter la région à ses coéquipiers afin de les aider à oublier ce triste parcours, entre élimination et Intercités.