Présentation Coupe du monde 2023 : La Roumanie
par La Boucherie

  • 20 July 2023
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Par Maubec

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili
– Le Portugal

La Roumanie

 

 

Notation :

Rugueux : +++
Valeureux : +++
Jeu de bombe latine : –
Maillot blonde platine :-
DJ : – – –

 

 

L’emblème :

L’emblème de l’équipe de Roumanie est la feuille de chêne. On les surnomme donc les Stejarii (les Chênes) et non les Glands. Attention à ne pas vous tromper : l’humour et l’autodérision ayant ses limites auprès des piliers locaux.

 

L’équipe :

La Roumanie fut longtemps l’ennemi continental le plus coriace du XV de France. Dans les années 70 et 80, les Roumains rivalisaient même avec les meilleurs, faisant trembler la Nouvelle-Zélande lors de leur seul affrontement en test-match. Depuis, il faut savoir que Craig Joubert se dit Alan Hosie en Roumain.

Enchainant une série de victoires contre la France, le Pays de Galles, l’Écosse et l’Italie, la Roumanie postulait alors logiquement à une entrée dans le Tournoi comme 6ème nation. Mais l’idée d’aller jouer dans un pays communiste au mois de février dans une ambiance aussi conviviale que contrôlée par la police secrète de Ceausescu n’a curieusement pas séduit les fédérations britanniques et irlandaises. Elles laissèrent donc la France, plus habituée aux régimes dictatoriaux, continuer seule de s’y déplacer annuellement.

Il faut dire que la Roumanie doit tout à la France en matière de rugby : de son introduction en 1911 par des étudiants roumains revenus de Paris avec ce jeu si typiquement français, à ses plus hauts faits de gloire, comme la victoire de 1990 à Auch contre le XV de France d’un Jacques Fouroux un peu colère et bientôt viré.

 

Rien de tel qu’une bonne Ciorba bien acide pour lancer une 3e mi-temps mémorable ! (crédit photo : Alexandru Diaconescu)

 

Malheureusement, sport des militaires et des policiers, le rugby roumain aura du mal à se remette de la chute de Ceausescu en décembre 1989. Une leçon à retenir pour tous ceux qui voudraient destituer Macron avant le 28 octobre 2023.

Après avoir raté une occasion unique de se qualifier en ¼ de finale de la Coupe du monde 1991, le rugby roumain ne cessera alors de péricliter et en 2000, année du passage à six nations du Tournoi avec l’Italie, même la France finira par abandonner la tradition de leur match annuel. Un rêve est passé.

La Roumanie passe alors la main à la Géorgie dans le rôle de l’équipe de l’Est qu’on ne veut pas accueillir chez nous. Mais ça ne devrait pas durer longtemps, World Rugby ayant décidé d’exclure du rugby mondial toutes ces équipes de pouilleux dès 2026.

L’avènement de la Coupe du monde correspond ainsi à la fin de l’âge d’or du rugby roumain. Si la sélection des Carpates fait partie des onze équipes à s’être qualifiées pour toutes les Coupes du monde, c’est aussi l’une des seules à avoir été exclue d’une édition. Ce qui l’empêche d’atteindre aujourd’hui le dix sur dix qui était si espéré par les compatriotes de Nadia Comaneci.
En effet, en 2018, les experts rugby du monde entier (La France, l’Australie et la Grande Bretagne, donc) découvrent qu’il se joue des matchs entre la Pologne, la Belgique, l’Allemagne ou la République Tchèque… Et que le niveau arbitral est à l’image du niveau de jeu sur le terrain : perfectible.

S’ensuit des accusations de complot arbitral portées par l’Espagne contre la Roumanie mais c’est finalement un joueur tongien inéligible (pour 10min de rugby à 7) qui scellera la disqualification des Chênes pour la Coupe du monde 2019. Et celle des Espagnols parce que le gag de l’arroseur arrosé fait toujours rigoler. Et des Belges. Parce que la règle veut que les Belges aient le seum, même en rugby.

Ironie de l’histoire, quatre ans plus tard, la Roumanie s’est qualifiée pour la Coupe du monde 2023 grâce à une nouvelle disqualification de l’Espagne pour avoir aligné un joueur inéligible. Karma ! comme disent les Roumains (il s’agit d’un plat de fête à base de bouillie de farine de maïs au saindoux trempée dans une soupe de navets).

Après cette qualification inattendue et une belle victoire contre l’Uruguay lors de la tournée de juillet, l’entraineur Andy Robinson démissionne en 2022, ce niveau de réussite étant contraire à la lose dont il avait été le fier ambassadeur en tant que sélectionneur de l’Angleterre et de l’Écosse. Et c’est Eugen Apjok, l’entraineur le plus titré de Roumanie, qui a pris le relais. Sa grande différence avec Guy Novès est qu’un match nul dans la poule de la mort de cette Coupe du monde serait un bon résultat pour son équipe. De toute façon, la FRR n’aurait pas les moyens de lui payer 1 million d’Euros.

 

 

Le joueur à suivre :

Ancien international français U20, Atila Septar a bénéficié du changement des règles d’éligibilité pour pouvoir représenter son pays de naissance. Au sein d’une équipe où les meilleurs joueurs évoluent en ProD2, sinon en Nationale, à Perpignan ou dans le championnat roumain, Atila fait un peu tache avec son parcours de joueur de Top14. Passé par Brive et Montferrand, c’est finalement dans le Béarn, une autre région lui rappelant la campagne roumaine, qu’il s’est épanoui entre 2018 et 2021. Depuis, il s’est un peu ramolli au soleil de la côte d’Azur.
Centre athlétique et solide défenseur, la Roumanie comptera sur sa puissance pour espérer gagner quelques mètres face aux Sud-Africains, Irlandais et Tongiens. Personne ne l’ayant vu faire une passe ou une percée en 10 ans de carrière pro, les enfants de Marius Tincu ne pourront pas espérer autre chose de toutes façons.

À ses côtés, notons la présence du Romain Ntamack local : Taylor Gontineac, 23 ans, jeune joueur de Rouen très prometteur et fils de la légende roumaine Roméo Gontineac (ancien capitaine, sélectionneur et recordman des sélections avec les Chênes). Mais visiblement, à l’image de son alter-ego toulousain, l’ombre paternelle ne semble pas trop l’encombrer vu qu’il est actuellement sur une lancée de 6 essais en seulement 7 sélections. Bien que né en France, il peut jouer pour la Roumanie car il a passé son enfance à Aurillac.

 

 

 

Le saviez-vous :

Ce n’est ni la Nouvelle-Zélande, ni Chypre (on vous voit les hipsters) qui détient le record d’invincibilité en rugby.
En effet, entre 1959 et 1964, les Roumains ont enchainé 25 matchs sans défaites, certes contre des petites nations comme la Pologne, l’Allemagne de l’Est, la France, la Tchécoslovaquie, l’Italie ou la Bulgarie mais on compte bien nos victoires avec Yoann Huget, qui sommes-nous donc pour juger ?
À noter que ce record n’a été validé que 56 ans plus tard, en 2020, après s’être aperçu que les résultats de deux matchs contre la Pologne avaient été inversés dans les archives de World Rugby. Depuis, chaque pays vérifie si World Rugby tient aussi bien ses statistiques que Bernard Laporte le budget de la FFR, et l’espoir existe donc pour qu’en 2067, la France soit sacrée championne du monde 2011.

 

Le calendrier :

– contre l’Irlande, le samedi 09 septembre à Bordeaux (16h)

– contre l’Afrique du Sud, le dimanche 17 septembre à Bordeaux (15h)

– contre l’Ecosse, le samedi 30 septembre à Lille (21h)

– contre les Tonga, le dimanche 8 octobre à Lille (17h45)

 

 

Le scénario idéal :

Consultant auprès de l’équipe roumaine, Vern Cotter n’a toujours pas digéré son échec à tête de sélection fidjienne et décide d’entraîner les Roumains pieds nus, avec des melons d’eau, faute de noix de coco. Les adversaires sont surpris par ces nouveaux fantasques artistes du ballon ovale et après avoir battu l’équipe C sud-africaine et des Écossais orphelins de Stuart Hogg, les Roumains sont favoris pour se qualifier en quart de finale face aux Tongiens. Mais pour une équipe en jaune et bleue coachée par Vern Cotter, avoir pu y croire, c’est déjà une victoire.

 

 

Le scénario catastrophe :

Vladimir Poutine décide de poursuivre son invasion plus au sud et envahit la Roumanie. Les Espagnols en profitent immédiatement pour demander l’inéligibilité des joueurs qui sont donc par conséquent nés en Russie. La Roumanie est disqualifiée et remplacée par la République Tchèque, l’Espagne ayant fourni un faux passeport pour essayer de qualifier Mathieu Acebes.