Présentation Coupe du monde 2023 : Les Fidji

Par Maubec.

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

Les Samoa 

L’Écosse

La Géorgie

Le Tonga

L’Uruguay

 

Les Fidji

Notation :

French Fijian Flair : + + + +
Vita Coco : + +
Retour de vacances : – – – –

 

L’emblème :

Ces grands enfants indolents, fantasques athlètes à la morphologie de mutants naturellement doués pour un jeu de rugby imprévisible, et qui ont ce sport (qu’ils pratiquent pieds nus sur la plage dès leur naissance) dans le sang, ont naturellement choisi le plus cliché des symboles possibles pour les représenter : un cocotier.
Nous sommes donc en présence d’une équipe qui possède plus de second degré que 90% des utilisateurs de Twitter (les 10% restants ayant déjà précommandé le 3e tome de la Boucherie Ovalie qui sortira le 23 août).

 

 

L’équipe :

En rugby, les Fidji, ce sont un peu les grands frères des îles du Pacifique : ce sont eux qui partirent en tournée à travers le Pacifique en 1924 pour faire jouer leur premier match aux Samoa et aux Tonga afin de leur montrer comment se massacrer entre soi de façon civilisée. C’est-à-dire avec un ballon.
 
Il faut dire qu’eux avaient mis en place un championnat local depuis 30 ans et pratiquaient déjà depuis plusieurs siècles la bagarre, les guerres tribales, intestines, religieuses, racistes et civiles tout comme le cannibalisme. Il faut d’ailleurs noter que si le reste est toujours d’actualité sur place, le cannibalisme, lui, a cessé à mesure que le rugby se développait. L’hypothèse la plus probable est que les Fidjiens mangeaient à chaque rencontre la moitié de l’équipe vaincue. Pas fous, ils choisissaient plutôt les avants bien dodus que les demis rachitiques ou les trois quarts tout secs. C’est ce qui expliquerait pourquoi ils ont rapidement excellé avec 7 joueurs sur le terrain et eu autant de mal avec le jeu d’avants.

 

Qui a commandé un rôti pour douze ?

 

Les Fidji ont ainsi longtemps été les meilleurs représentants des îles du Pacifique et, en 1987 ils se qualifient logiquement pour les quarts de finale de la première Coupe du monde devant les Argentins et les Italiens. Le staff, les joueurs et les journalistes français découvrent alors le style de jeu de ces joueurs aux noms imprononçables dont ils ignoraient l’existence même la veille de leur affrontement avec le XV de France. Un vrai vent de fraicheur qui ne pourrait absolument plus arriver aujourd’hui avec le professionnalisme puisque la plupart des joueurs évoluent en Europe et que les staffs passent leurs journées à regarder les vidéos des matchs de leurs adversaires. Heureusement il nous reste les journalistes pour conserver ce petit côté amateur du rugby d’antan.
 
Surpris par la vitesse et les passes acrobatiques des joueurs du Pacifique, les Bleus en sont réduits à jouer comme des Anglais pour éviter la défaite. Heureusement pour eux, les blancs et noirs sont déjà aussi imprévisibles que les décrivent quatre génération de commentateurs sportifs depuis, et sont donc autant capables de slalomer dans la défense française que de perdre le ballon en allant marquer. Christophe Dominici était le premier fidjien blanc, bien avant Teddy Thomas.
Les Fidjiens semblent alors en cette fin des années 80 être en mesure de devenir une place forte sur laquelle il va falloir compter, au même titre que les Roumains, s’ils apprennent à tenir le ballon à deux mains.
 

Severo Korodudua, le mala drua.

 
Mais comme tous les grands frères qui ont longtemps méprisé et martyrisé leurs cadets, arrive l’heure où ces derniers grandissent et leur mettent des peignées à leur tour. Et ça commence par une peignée samoane (qui laisse généralement des traces).
 
Les Fidji rentrent ainsi dans le rang en 1991 finissant derniers de poule, battus par le Canada et la Roumanie et ce sont les Samoa (occidentales) qui prennent alors toute la gloire et la lumière en se qualifiant en quarts.
Quatre ans plus tard, c’est au tour du petit dernier, les Tonga, de se rebeller et de priver les Fidjiens de la Coupe du monde 1995.
 
Conscient que l’augmentation en intensité des matchs de qualifications entre les trois nations du Pacifique pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’activité sismique terrestre, l’IRB décide alors de passer une Coupe du monde à 20 participants, en prenant bien soin à ce que ces trois équipes soient systématiquement qualifiées. Ce qui a engendré quelques chefs d’œuvre de la schématique.

 

Sa place est dans un musée !

 
En 1999 et 2003, plus que l’équipe, ce sont des individualités qui se révèlent. On peut notamment citer Caucaunibuca lors de l’édition australienne. L’ailier marquera d’ailleurs autant les esprits que la mâchoire d’Olivier Magne.
En 2007, les Fidjiens réitèrent leur performance de 1987 mais cette fois en s’imposant dans un match fou contre le pays de Galles. Ils font même trembler l’Afrique du Sud à 14 contre 15 avec des joueurs d’Orléans, de Tarbes, Toulon ou Poitiers.
Mais de nouveau en 2011, ce sont les voisins tongiens qui brillent même s’ils n’arrivent pas à se qualifier en quarts. Et le pire arrive en 2019 quand les Flying Fijians s’inclinent dans le Cannibalico face aux héritiers du Fuerza Aérea Uruguaya 571.
 
Néanmoins la révolution fidjienne est en marche après trois coups d’état et deux putschs. Et pour le rugby, elle passe d‘abord par la mise en faillite des centres de formation briviste et clermontois. La fédération fidjienne décide en effet de créer en 2017 une équipe pour conserver ses meilleurs jeunes joueurs plutôt que de les voir contraints de partir survivre dans le Massif Central : ce sera les Fijian Drua. Malheureusement pour ces jeunes joueurs, c’est une destination tout aussi inhospitalière et hostile qui les attend avec l’intégration de cette franchise dans le premier championnat national australien tout juste créé. Dès la deuxième année, les Drua remportent le titre, et une fois les frontières rouvertes et la relocalisation des Sud-Africains en Europe, ils intègrent le Super Rugby Pacific en tant que 6e franchise australienne. Et on peut se dire qu’à ce niveau de foutage de gueule niveau géographie, autant accepter de faire jouer une équipe catalane en championnat de France.
 
Pendant ce temps, l’équipe nationale commence seulement à bénéficier de cet apport de sang frais. Avant ça, les Fidjiens avaient bien battu la France en 2018 mais c’était celle de Jacques Brunel et il faut se rappeler qu’une semaine avant, elle prenait 50 pions contre l’Écosse. Se satisfaire d’une telle victoire, c’était donc un peu comme célébrer un titre acquis contre Toulon sans Halfpenny.
Mais là, les Fidjiens viennent de remporter le Pacific Nations Cup, la compétition des hipsters Twitter, en écrasant le Japon, les Tonga et les Samoa. Vu les performances affichées par les Gallois et les Australiens, se qualifier à nouveau en quart de finale semble à portée des Fidjiens. L’espoir est parfois le pire ennemi du rugbyman et les supporters montferrandais pourront vous en parler des heures. Mais bonne nouvelle pour les Fidjiens : Vern Cotter a quitté son poste d’entraineur de l’équipe nationale en début d’année.
 

Le joueur à suivre

Alors que depuis 2015, les Fidjiens étaient résignés à aligner Ben Volavola, le joueur du Racing 92, à l’ouverture, Raiwalui aurait pu créer le buzz en écartant son titulaire si Eddie Jones n’avait pas décidé de lui voler la vedette en se privant de Quade Cooper, son seul ouvreur utilisé depuis 2 ans lorsqu’il a pris la tête de l’Australie.
 
C’est donc Caleb Muntz, le jeune et relativement inexpérimenté ouvreur de Fijian Drua (23 ans et 3 sélections avant ce France-Fidji estival) qui sera le titulaire en 10, après une excellente saison en Super Rugby et trois matchs de Pacific Nations Cup très aboutis.
 
À noter que le jeune 10 est né en Nouvelle Zélande comme Nicky Little, le taulier du poste de 1996 à 2011 et recordman des points en sélection. On lui souhaitera juste de ne pas se blesser lors de la victoire héroïque contre le pays de Galles comme son modèle afin de pouvoir jouer le quart de finale sinon c’est Teti Tela qui devra prendre le relais. C’est à dire un joueur de 32 ans qui ne comptait que quelques matchs professionnels en NRC et en division del honor espagnole il y a encore deux ans. Tout espoir n’est donc pas perdu pour voir Sébastien Fauqué en équipe de France. Mais on y perdra clairement en qualité de mèche rebelle savamment décoiffée.

 

 

Le saviez-vous :

L’ancien pilier international Sitiveni Rabuka a réalisé deux putchs militaires successifs en 1987 pour « rendre les Fidji aux Fidjiens », et a été démocratiquement élu Premier ministre fin 2022, renversant ainsi Frank Bainimarama qui était en poste depuis son propre coup d’état en 2006 (qui faisait suite à un contre-coup d’état en 2000). Mais cette fois, Rabuka est allié avec ses ennemis de 1987 autour d’un programme d’unité nationale (mais avec l’ambition de revenir sur la laïcité et la citoyenneté des indo-fidjiens quand même, parce qu’il ne faut pas oublier les fondamentaux).
 
Au fond, rien que du très banal pour qui suit un peu l’historique des élections de la FFR. Mais on ne le dira jamais : méfiez-vous toujours quand un ex-rugbyman se lance en politique. Surtout les anciens Toulousains.
 

#Chalureau2027, ce ne sera pas forcément pour demander de le sélectionner en Coupe du Monde

 

Calendrier :

– vs le pays de Galles, le dimanche 10 septembre à Bordeaux (21h)
– vs l’Australie, le vendredi 17 septembre à Saint-Étienne (17h45)
– vs la Géorgie, le jeudi 30 septembre à Bordeaux (17h45)
– vs l’Angleterre, le samedi 8 octobre à Toulouse (21h)

 

Le scénario idéal :

Les Fidjiens débutent leur Coupe du monde par un succès facile contre une équipe galloise composée à 50% de joueurs amateurs, la fédération galloise n’ayant plus de quoi payer 30 joueurs pros. Ils enchainent par une victoire probante contre les Australiens : Eddie Jones blâmant plutôt la presse et les Anglais pour le résultat que son idée de reconversion de Skelton au poste de demi de mêlée. Finalement le match contre la Géorgie sera le plus compliqué mais les Fidji finissent facilement premiers de leur groupe.
 
Au moment de devoir payer les hébergements des équipes à la fin de la phase de poules, la nouvelle présidence de la FFR découvre qu’un certain Bernardo Atchero basé au Panama a détourné 50% du budget de la Coupe du monde et que la Ministre des sports en a réquisitionné 30% pour financer le déficit des JO 2024. La phase finale est alors transformée en tournoi de rugby à 7 pour tenir sur un seul week-end. World Rugby donne alors directement le trophée aux Fidji avant même de jouer les matchs afin de laisser les officiels profiter du week-end pour aller faire du shopping à Paris avec leurs maitresses.

 

Le scénario catastrophe :

Un contre-contre-coup d’état en réponse au putsch suite à l’élection de Rabuka replace Vern Cotter en tant que sélectionneur national. Après une victoire probante face au pays de Galles et une défaite encourageante avec bonus contre l’Australie, les Fidji sont favoris pour l’emporter face à la Géorgie et se qualifier en quart de finale. Tout le peuple blanc et noir y croit et pousse derrière son équipe qui mène jusqu’à la 77e minute et un essai de Raditze Samochvili.

 

Quel remplaçant à Ntamack ?

 

Par Jauzion aux Pommes

 

Le rugby tricolore tremble après l’annonce du forfait de Romain N’Tamack. Les chaumières rugbystiques sont en sanglots, se remémorant la chevauchée magnifique et pleine de cojones de la mèche chocolatine depuis son en-but. Comment le XV de France va gagner la Coupe du monde, à présent ? Antoine Dupont le peut-il à lui tout seul ? Le rugby français amputé de son joyau se remettrait-il d’une élimination en poule consécutive à une défaite face à l’Italie (et un nul contre la Namibie) ?

 

Fort heureusement, on a le droit de remplacer un joueur blessé, en cours de match, mais aussi avant le match, surtout quand la compétition débute dans 3 semaines. La Boucherie Ovalie, armée d’une boule de cristal, passe en revue tous les scénarios :

 

 

Emile N’Tamack a encore de beaux restes, d’après ceux qui l’ont aperçu jouer au beach rugby sur la côte d’Azur. Ouvreur mais aussi polyvalent de la ligne arrière, il est coutumier des scénarios cruels (1995, 1999 et 2011 en tant qu’entraîneur) et saura réconforter le vestiaire en cas de défaite en finale. Il offre surtout une stabilité financière à la fédération en déficit qui se réjouirait de pouvoir réutiliser les maillots floqués “10 N’Tamack” produits par anticipation. Emile accepte la sélection à une condition : que son ancien partenaire Alain Penaud soit également de l’aventure. Acceptée dans un premier temps, une fronde apparaît alors chez les joueurs qui s’offusquent des passe-droits dont bénéficient les “pères de”, notamment Damian qui craint d’avoir des remarques sur sa chambre d’hôtel mal rangée. Fabien Galthié fait marche arrière au prétexte que “ça reste un briviste quand même… ” et N’tamack père décline la sélection.

 

 

Avec quelques sélections internationales U20 et un temps de jeu assez réduit en Top 14, Edgar Retière possède toutefois un atout non-négligeable : il joue au Stade Toulousain. Pour la mafia du capitole, il n’est certainement pas question de se faire piquer la vedette par un bordelais ou un rochelais. Quoi de plus logique que de remplacer Romain par son remplaçant de club ? Le choix est expliqué par les “automatismes avec Antoine Dupont”. Edgar prend l’argument trop au sérieux et ne fait la passe qu’à Thomas Ramos, les autres arrières n’étant pas des partenaires de club. La stratégie est rapidement identifiée par les adversaires et la France est éliminée de la compétition suite à des défaites décourageantes face à la Namibie et l’Uruguay et leurs essais sur interception.

 

L’heure de la revanche sonne pour le “finisseur” qui devient grandisse à la place du grandisse. Enchaînant les franchissements et récupérant tous ses coups de pieds par-dessus, Matthieu Jalibert est une arme offensive qui mène le XV de France en finale malgré quelques légèretés en défense. Lors de celle-ci, il manque LA pénalité de la gagne à 40 mètres en face des poteaux à la dernière minute avant que Fabien Galthié et Florian Grill n’annoncent que c’était sa dernière sélection internationale. Maxime Mermoz tweete “fin de carrière bien méritée connard 🖕🏼🖕🏼🖕🏼” et sera retweeté des milliers de fois.

 

 

Propulsé titulaire à l’ouverture du XV de France, Antoine Hastoy enchaîne des bons matchs et les tricolores arrivent en quart de finale face à l’Irlande. Mais les joueurs du Leinster revanchards en font l’homme à abattre : après 3 plaquages assassins et autant de cartons rouges, le Rochelais sort sur KO. En nette supériorité numérique, les Bleus n’auront pas de mal à faire le score. En demi-finale face à l’Angleterre, Sekou Macalou, repositionné 10 en urgence, attaque la ligne efficacement mais échoue face aux perches ou dans ses coups de pied d’occupation dévissés. Les Anglais gagnent sur un drop de Wilkinson (sélectionné suite aux forfaits de Farrell et Smith) dans les prolongations et les Bleus échouent aux portes de la finale.

 

 

Même s’il a perdu de sa superbe, Cheslin Kolbe reste un joueur capable d’étincelles qui avait assuré avec brio ce poste lorsqu’il jouait au Stade Toulousain, ossature du XV de France, ce qui pourrait le remettre en confiance. Problème : il est sélectionné avec l’Afrique du Sud. La FFR bénéficie d’un assouplissement exceptionnel du règlement, au prétexte que Boks et Blacks ont volé leurs titres en 1995 et 2011 à nos dépens et qu’il est désormais temps d’une injustice en notre faveur. World Rugby accepte à condition que la France promette d’envoyer Bernard Laporte en prison. Cheslin Kolbe rejoint ainsi le XV de France au titre de “joker médical” et le hisse en finale de la compétition face à l’Afrique du Sud. Les Bleus sont menés de 4 points dans les arrêts de jeu mais ont la dernière possession : “le plus Sudaf des Français” tape à suivre pour lui-même, élimine son vis-à-vis au sprint et aplatit. Mais l’arbitre, intègre, déclare que Cheslin Kolbe est toujours un joueur sud-africain et que les Boks bénéficient donc d’un renvoi d’en-but. La scène filmée est diffusée par Rassie Erasmus sur internet qui lance une polémique incluant Scott Spedding, Tony Marsh et Pieter De Villiers.

 

 

Il y a un intérêt mutuel à ce que Frédéric Michalak rechausse les crampons. Pour le rugby français, foutu pour foutu, ce n’est pas plus mal pour l’engouement populaire d’avoir une star sur le terrain et d’en tirer profit avec quelques contrats publicitaires. Pour le joueur, c’est l’occasion de sécuriser son trône sur le podium des meilleurs réalisateurs du XV de France. Ne voulant prendre aucun risque de se blesser, il refuse d’en faire plus, n’effectuant aucun plaquage, se contentant de faire circuler les ballons et de montrer les poteaux à chaque pénalité. Il en découle des insuffisances évidentes, les Français ne passent pas les poules suite aux défaites face à la Nouvelle-Zélande et à l’Italie mais la vieille gloire tricolore a rehaussé à 475 points la barre de son record pendant que les Michalak Burgers s’arrachent autant que le maillot du Coq Sportif floqué de son patronyme.

 

 

Chevalier malheureux du XV de France, 66 capes au compteur mais n’ayant disputé qu’une Coupe du monde en 2011, François Trinh-Duc est bien connu de Fabien Galthié qui l’a eu sous son aile (mais plutôt à l’ouverture) à Montpellier puis à Toulon. C’est naturellement qu’il fait confiance à ce jeune retraité des terrains pour lui offrir l’aventure ultime. Chef d’orchestre épatant, il hisse l’équipe en finale face à la Nouvelle-Zélande. Tétanisés par l’enjeu, les Bleus sont fébriles sur les impacts tandis que les Blacks multiplient avec fougue des assauts qui ne sont avortés que grâce à des positions illicites dans les rucks mais autorisées par un arbitrage maison. Le match est en conséquence très haché tandis que François Trinh-Duc manque presque toutes ses tentatives face aux perches. Les Néo-Zélandais l’emportent “au forceps” et “à l’orgueil”, sur le modeste score de 8 à 7.

 

 

Pierre Bourgarit a démontré face à l’Ecosse ses capacités de jeu au pied. Si le staff s’amuse à faire jouer des avants à l’arrière, pourquoi pas lui ? Meilleur en défense que Jalibert, plus percutant que Ramos et Hastoy, il n’a certes pas une passe parfaite, mais ce ne sera ni le premier ni le dernier ouvreur avec cette caractéristique. Tel Zidane en 2006, le nouveau 10 du XV de France le mène jusqu’en finale contre… l’Italie. Le score est égalitaire, une prolongation s’enclenche. Une fois n’est pas coutume pour un habituel première ligne, Bourgarit se sert de sa tête et déblaie Capuozzo dans un ruck avec un coup de casque au thorax et reçoit un carton rouge. Privé de son nouveau buteur, la France s’incline aux tirs au but.

 

 

Yionel Beauxis avait prévu de consacrer son mois de septembre à la saison des vendanges tandis que les internationaux allaient vendanger des deux contre un devant la ligne d’essai. Fort d’une préparation musculaire pour ce travail physique, il retrouve les terrains dans une forme olympique. Véritable sécateur en défense, il ne lâchera la grappe d’aucun adversaire faisant le bonheur de Shaun Edwards. Ses courses molles et son jeu au pied d’une précision d’orfèvre mènent La Cuvée 2023 du XV de France jusqu’au match ultime. En finale face à l’Angleterre, Yionel marque un full house et effectue 37 plaquages. Les Bleus mènent de 13-0 au terme du match, mais les Anglais pilonnent la ligne pour sauver l’honneur. Gabin Villière arrache un ballon et le transmet à son ouvreur qui décide de dégager le ballon sans trouver la touche pour laisser une dernière possession à l’adversaire et rejoint les tribunes pour regarder la fin du match. Le coup de sifflet final retentit après un en-avant de Maroe Itoje à un mètre de la ligne et la France est sacrée championne du monde.

[Compte-rendu] Pays de Galles – Angleterre : match de préparation

 
Par Jauzion aux Pommes

 

Le contexte :

 
La tenante du Grand Chelem, contre sa Dauphine qui en a glané deux autres sur les dernières années : cette affiche a des airs de finale européenne. Un mois avant la Coupe du monde, c’est l’occasion de voir où en sont ces deux équipes et de juger leur potentiel d’aller le plus loin possible et qui sait, ramener un deuxième trophée sur le vieux continent ? Car honnêtement, il ne faut pas trop compter sur la France pour ça…
 
Voilà ce qui aurait pu être une bonne mise en contexte si ce match avait eu lieu avant l’édition 2019.

 
Sauf qu’on est déjà en 2023 et si ces nations avaient fière allure il y a quelques années, elles n’abordent pas cette compétition avec énormément de certitudes puisque l’Angleterre ne cumule que 5 victoires sur ses 14 matchs de 2022 & 2023, dont 1 fois contre le Japon, 2 fois contre l’Italie, et 2 fois contre… le pays de Galles, équipe qui enchaîne deux 5ème places au Tournoi, avec même l’exploit de perdre contre l’Italie.
 

Ajoutez à ça une crise dans les clubs / la fédération, le XV du Poireau ayant presque débuté une grève tel un hommage à sa tunique rouge, et deux sélectionneurs limogés fin 2022 pour mauvais résultats, ça vous dresse le tableau : poussiéreux, aux couleurs ternes, on se dit que ça a pu être un chef d’œuvre par le passé mais que ça ne fait plus rêver grand monde. D’autant qu’elles sont dans les poules dites “ouvertes”, où les habituels bons sont susceptibles d’être un peu nuls et vice-versa.
 

Mais puisque tout change très vite dans le rugby, ce combat d’infirmes des “nations majeures” va permettre de voir ce que ces équipes ont dans le ventre.

 

Les compos :

 
Le pays de Galles n’aligne pas son XV type, pour tester des jeunes joueurs et aussi peut-être parce que les joueurs de d’habitude ont pris celle de perdre ces derniers temps. Pas de cinquième Coupe du monde pour Alun Wyn-Jones, enfin à la retraite internationale sous la pression du mouvement social français. Il reste quelques vétérans comme Leigh Halfpenny, Georges North, Gareth Davies ou des joueurs qu’on connaît moins puisqu’ils jouent devant.
 
L’Angleterre est aussi dans l’expérimentation par rapport aux Tournois, mêlant des habituels titulaires, des novices et des revenants avec mention spéciale pour Danny Care : 36 ans, 87 sélections dont… une seule en Coupe du monde (2015) : la persévérance incarnée. Concernant le débat à l’ouverture, sur ce match, ce sera Marcus Smith sur le gazon et Owen Farrell en tribune. Je n’ai rien à dire sur ce choix rugbystiquement parlant, mais au moins on verra moins sa gueule d’Anglais et c’est déjà ça de pris.

 

Le match :

Le début du match est plutôt engagé, les joueurs sont individuellement impliqués dans ce qu’ils font, au risque de ne pas trop regarder s’il y a quelqu’un sur leur chemin, ce qui donne un peu l’occasion de rigoler à défaut d’assister à du rugby de qualité.

 


Dombrandt est encombrant au sol

 

“Poussez-vous, excusez-moi, poussez-vous excusez-moi, poussez-moi excusez-vous…”

 

Rapidement, les rosbeefs arrivent à faire une offensive dans les 22 mètres gallois avant de perdre le ballon. S’ensuivra une mêlée qui sera rejouée deux fois avant que le jeu ne reprenne.

Ce début brouillon annonce à peu près la couleur de cette première mi-temps où se succèdent des attaques anglaises sans succès, des chandelles démultipliées, des en-avants déprimants menant à de fastidieuses mêlées écroulées et un rythme global qui nous fera vérifier si le match n’est pas réglé en vitesse x0.75.
 
Le XV de la Rose arrive quand même à concrétiser ses offensives par une puis deux pénalités, qui reflètent la légère domination au milieu d’un début de match cafouillé. Pour compenser, les joueurs nous offrent quand même quelques situations souriantes, comme cette passe au pied millimétrée (pour l’arbitre de touche). L’on revient à l’avantage pour le pays de Galles et Halfpenny fait honneur à son nom en réduisant l’écart de moitié dans un match qui ne vaut pour l’instant pas un sou (pour les premières lignes qui savent lire et compter, mais pas mélanger les deux : ça veut dire 6-3), puis égalise quelques minutes plus tard suite à un presque-essai-mais-non de Rees-Zammit.

 


“Jouer dans le désordre” mais en moche

 

Les bonhommes blancs sont un peu jaloux de subir les attaques et s’offrent un assaut avorté par cette passe pour sauver la touche qui finira à l’adversaire.

 

Ce sauvetage inespéré permet également d’éclipser l’attention de son plaquage à peine tenté.

 

Après quelques énièmes échanges de jeu au pied, la mi-temps s’achève sur une mêlée écroulée plusieurs fois avant d’être pénalisée en faveur des Anglais qui porteront l’addition à 9-6, un score fidèle à ce premier acte maladroit où alternent des attaques anglaises prometteuses mais auto-sabordées face à une défense galloise plutôt solide qui n’arrive pas à se mettre en position d’échanger les rôles.
 
Le retour des vestiaires annonce une suite du même acabit, avec au menu des chandelles qui ponctuent les enchaînements de petits tas : chaque nouvelle action donne un peu le sentiment d’un nouveau caddie vidé sur le tapis roulant de votre file à la caisse du supermarché. Si vous aimez ce genre de match mais pas les grandes envolées, n’oubliez pas que la Fédérale 3 reprend mi-septembre.

 

C’est comme une chandelle contrée, mais à la réception.

 

Il faudra attendre la 47ème minute pour une attaque fluide qui aille à dame, signée du XV du Poireau. Je vous rassure, elle fait suite à un gain de territoire suite un avantage obtenu sur maul écroulé qui lui même est la continuité d’une pénaltouche obtenue sur mêlée écroulée : une belle action OK, mais il ne faut pas être trop poétique non plus.
 
Les deux principales différences avec la première mi-temps sont que l’équipe dominante arrive à fructifier ses attaques et que la domination a changé de camp. Les rouges marquent donc leur deuxième essai et ça commence à se compliquer pour les buveurs de thé.
 

 

Les Anglais ont tellement tout raté près de la ligne qu’il ne s’attendait clairement pas à ce que sa tentative de contre réussisse.

 
Le score est désormais de 20 à 9 et restera inchangé malgré une franche occasion galloise qui finit en touche dans les minutes qui suivent, alors qu’on rentre dans l’heure du pognon, ou money-time : le moment charnière où tout peut se jouer et notamment des nouvelles mêlées écroulées dont les Anglais sont friands puisqu’ils font tous les en-avants nécessaires pour les réitérer.
 

Ces actions sont un mélange de miracle et de chaos.

 

Après un peu de volley-ball pour varier du ping-pong, on voit Rees-Zammit manquer de peu d’aplatir un superbe essai, puis en voyant le ralenti on comprend qu’en fait il l’a marqué, puis en écoutant l’arbitre qui a toujours raison on comprend qu’en fait non.
 

Allégorie du match

 


N’oubliez pas de débattre en commentaire du complot arbitral anglo-anglois.

 

 

Le match se terminera sur une dernière offensive anglaise qui terminera par un en-avant à quelques mètres de la ligne et si j’étais journaliste, j’aurais ajouté pour terminer : “comme un symbole”. Mais vu que je ne suis pas journaliste, je vais plutôt dire que ça donne l’impression du mec qui drague toute la soirée en boîte de nuit mais se prend inéluctablement des râteaux à chaque tentative, parce qu’il est bourré et fait n’importe quoi.

 

Conclusion :

Le doute était installé chez ces deux nations majeures, entre chaos structurel, tambouille interne et résultats pourris (ça vous rappelle une époque par chez nous ?).
 
L’Angleterre donne l’impression qu’elle n’a pas vraiment envie de s’appliquer à jouer correctement ni de chercher à faire autre chose que des trucs chiants et on se dit qu’une séance de psy est nécessaire avant le reste. Le problème est qu’on devrait s’en réjouir, mais tel un concert du bad boy Renaud en 2023, le niveau de nos meilleurs ennemis nous inspire surtout de la pitié, au point qu’on en viendrait presque à leur souhaiter d’aller mieux. Le Japon semblant désormais trop naze pour le costume d’outsider, c’est bien les Samoans qui pourraient tirer leur épingle du jeu dans la poule D face à cette équipe faiblarde.
 
Nous avions ce même sentiment charitable pour le pays de Galles, qu’on aimait pourtant voir perdre contre l’Italie car ça économisait notre compassion envers les transalpins. Pour cette habituelle équipe avant-dernière de la classe de l’élite européenne, cette victoire peut offrir le sentiment rassurant d’être en slip plutôt qu’à poil avant de défendre son accès en quart-de-finale (convoité à la fois par des Géorgiens coriaces, des Fidjiens grimpants et des Australiens en galère). Enfin, le XV habituel contenant beaucoup de trentenaires pour qui la compétition a un air de pot de départ vers l’EHPAD, elle pourrait avoir trouvé quelques jeunes sur lesquels appuyer la suite.
 
Au delà d’un plan de jeu chiant, ce match brouillon peut s’expliquer par l’aspect “match de reprise”, il faudra clairement faire mieux au match retour ce samedi, pour exister à la Coupe du Monde, où ça devrait jouer avec vrai rythme et à la vraie vitesse d’un vrai match international.

Podcast, épisode 13 – Jeu de rôle XV de France (partie 4) : En route vers l’exploit ?

 
La saga de l’été de la Boucherie Ovalie touche à sa fin avec cette 4ème partie.
 
La bande à Philou, Robbie & Lavierge arrive dans le dernier carré de la compétition. Le XV de France va-t-il remporté le premier sacre de son histoire ?
 
Pour celles et ceux qui veulent participer au jeu des auditeurs, l’adresse mail est la suivante : boucherie-ovalie-podcast@outlook.fr.
 
Et pour écouter cet épisode, vous n’avez qu’à cliquer ci-dessous :
 


 

Présentation Coupe du monde 2023 : Les Samoa

 

Par Maubec

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

 

Les Samoa

 

Notation :

Danse folklorique : ++

Tatouages folkloriques : ++++

Plaquages folkloriques : ++++++

Résultats folkloriques : ++++++++

 

L’emblème :

Après avoir longtemps arboré les armoiries du pays sans aucune imagination, les Samoa ont finalement cédé à la pression marketing et se sont offert un emblème propre à leur équipe de rugby en 2021. La fédération a choisi la délicate et jolie fleur de teuila, connu aussi en France sous le nom de gingembre rouge.

Alors que le rhinocéros, le buffle ou, pour faire plus local, le requin-baleine étaient libres, avouons qu’il s’agit d’un choix assez curieux.

 

 

L’équipe :

Le rugby (“lakapi” en gagana Samoa) arrive aux Samoa occidentales en 1920, avec les colons néo-zélandais venus remplacer les colons allemands. En 1997, cette partie occidentale, indépendante depuis 1962, change de nom pour devenir les Samoa tout court, comprenant au bout de 100 ans que les États-Unis ne lâcheraient pas la partie orientale de l’archipel. En effet celle-ci leur sert de réserve naturelle de soldats, de joueurs à commotionner en NFL et de catcheurs. Il arrive d’ailleurs souvent qu’un même Samoan puisse cumuler plusieurs de ces fonctions. Mais seul The Rock a également été baby-sitter.

 

On imagine souvent que le rugby à XV est le sport national aux Samoa. En effet, il faut à minima un tsunami, une épidémie de rougeole ou l’inexistence du 30 décembre 2011 pour que le nom des Samoa soit éventuellement cité en dehors des pages rugby. Mais c’est faux ! Leur sport national est bien plus dangereux. Il s’agit du kilikiti, une forme de cricket sans protections et où une arme de guerre sert à frapper une boule de caoutchouc durcie.

 

À noter que si le rugby a de nombreuses règles absconses, le kilikiti est, lui, très simple. Il n’y a qu’une seule règle universelle : l’équipe hôte est déclarée perdante si elle n’est pas en mesure de fournir suffisamment de nourriture pour tous les joueurs adverses. Et on parle d’équipes comprenant potentiellement une partie des familles Tuilagi, Atonio, Tekori ou Skelton…

 

« Ca, c’est une batte, fils. »

 

Néanmoins, c’est bien le rugby à XV qui va faire sortir les Samoa de leur relatif anonymat par-delà les eaux territoriales du Vanuatu. Longtemps boudé par les grandes nations et limité à des matchs contre les voisins Fidjiens et Tongiens, les Manu Samoa (leur petit nom marketing qui signifie « le guerrier samoan ») vont se révéler à la face du petit monde de l’Ovalie en 1991 en effectuant le premier siva tau de leur histoire lors de la 2e Coupe du monde, et accessoirement en battant le pays de Galles chez lui pour se frayer un chemin jusqu’au quarts de finale.

 

Le premier qui dit « haka » au lieu de « siva tau » se fait désosser par Brian Lima.

 

En 1991 et non pas en 1987 car la première Coupe du monde était organisée sur invitation et les membres de l’IRB avait considéré que cela aurait consisté à inviter une équipe B néo-zélandaise. Ce qui était alors un prétexte d’anciens colonialistes est malheureusement désormais une réalité : dans le squad samoan de la Coupe du Monde 2019, on ne comptait pas moins de 15 joueurs nés en Nouvelle-Zélande. En matière de joueurs nés à l’étranger, seuls les Tonga et l’Italie ont fait mieux dans l’histoire. Mais pour l’Italie, c’est lié aux restes de l’Empire romain qui s’étendait à son apogée de l’Argentine jusqu’à l’Australie.

 

Si les All Blacks sont régulièrement accusés de piller ses voisins du Pacifique, la situation est donc un peu plus complexe. En effet, il y a aujourd’hui presqu’autant de Samoans en Nouvelle Zélande (150.000) qu’aux Samoa (190.000) et depuis 1982, les Samoans nés avant 1948 et leurs enfants peuvent devenir citoyens néo-zélandais s’ils résident en Nouvelle Zélande. Ce qui explique le nombre croissant de Samoans néo-zélandais au sein des All Blacks à compter des années 90. Bon, ça c’est pour les meilleurs joueurs. Les autres se rabattent sur le maillot bleu. C’est un peu comme rêver de porter le maillot toulousain et se retrouver finalement à Castres.

 

Deux fois quart-de-finaliste en 1991 et en 1995, les Manu Samoa finissent aussi deuxièmes de leur poule en 1999 devant l’Argentine. Cependant cette année, le mondial se joue avec 5 poules de 4 équipes. Pourquoi ? « Parce que c’est du rugby » semble la seule réponse possible. Ils échouent alors en play-off face aux Écossais pour ce qui est leur dernier bon résultat en Coupe du monde.

 
Il y aura bien une éclaircie entre 2010 et 2013 avec des victoires hors Coupe du monde sur l’Australie, le Pays de Galles, l’Écosse, l’Italie. Et les Samoa auraient pu espérer bien mieux lors du mondial 2011, si le management n’avait pas passé son temps à picoler et détourner l’argent destiné à l’équipe et au matériel d’entrainement. Les joueurs ayant poussé une gueulante une fois rentrés au pays, la fédération fit son auto-critique et prit les décisions nécessaires : virer les leaders de la révolte dont le capitaine Mahonri Schwalger (officiellement mis à la retraite car trop vieux par sa fédération, il gagnera 2 titres de Super Rugby les années suivantes en tant que titulaire indiscutables chez les Chiefs) et menacer les autres

 

Mais dès 2014, les joueurs samoans se mirent en grève pour les mêmes raisons avant un match contre l’Angleterre. Devant le risque de ne pas remplir les caisses de la fédération anglaise, World Rugby s’empara aussitôt du sujet et prit les décisions nécessaires : faire des belles promesses aux coéquipiers de Dan Leo puis laisser la fédération samoane virer les leaders de la grève à la fin de la tournée.

 

Curieusement, après avoir viré tous ses meilleurs joueurs, les Samoa peinèrent à avoir des résultats entre 2014 et 2020. On notera que la France a connu la même disette sur la même période pour avoir arrêté de sélectionner Yionel. Mêmes causes, mêmes conséquences.

 

À partir de 2016, la fédération laisse même le XV quasiment à l’abandon pour développer l’équipe de rugby à 7 en débauchant le coach des All Blacks 7s, sans plus de résultats. Il faut dire que mettre tous tes moyens sur un projet quand tu es la 199e puissance économique mondiale sur 2010, ça n’impressionne pas grand monde, à part les Tonga (201e).

 

On pourrait alors penser que le rugby samoan allait doucement disparaître, condamné à jouer des matchs de barrages contre l’Allemagne pour le dernier billet qualificatif en Coupe du Monde mais visiblement le vent du changement souffle enfin sur les Samoa depuis 3 ans.

 

D’abord, la fédération a nommé en 2020 deux nouveaux entraineurs sans aucune expérience pour le 7s et le XV : pour les septistes, la légende Brian Lima dit le chiropracteur, dont les plaquages seraient aujourd’hui passibles de prison ferme ; pour les quinzistes, l’élégant Seilala Mapusua, ancien joueur des Highlanders et des London Irish, réputé pour son intelligence de jeu. Et ce “Freaky Friday” façon fa’a Samoa marche ! Le 7s samoan a gagné son premier tournoi depuis 2016. Et à XV, les Manu Samoa sont sur une série de 5 victoires en 6 matchs dont des succès contre la Géorgie et le Japon.

 

Ensuite, le premier ministre-président de la fédération de rugby en poste depuis 1998 a perdu les élections fin 2021 et s’il reste président de la fédé, le bureau a été remanié en profondeur.
Enfin, World Rugby a autorisé le changement de nationalité sportive pour les joueurs n’ayant plus joué en sélection depuis 2019. Même si cela a moins d’impact que pour les Tonga, les Samoa enregistrent tout de même ainsi les renforts de semi-retraités comme Friz Lee (oui, il joue encore au rugby, c’est juste que plus personne ne regarde l’ASM), Charlie Faumuina, Titi Lamositele, Steven Luatua ou Christian Leali’ifano. Mais pour compenser, ils devront donc aussi sélectionner Lima Sopoaga.

 

Les astres semblent donc alignés pour une bonne Coupe du monde pour les Manu Samoa dans une poule plus abordable qu’attendue. Mais cette équipe ne porte pas un maillot bleu pour rien : avec eux, tout est imprévisible et une défaite face au Chili reste aussi probable qu’une place en finale.

 

Le joueur à suivre :

Theo McFarland. Le joueur des Saracens a le parcours le plus atypique du squad : après avoir disputé les deux saisons inaugurales du SuperIX, le championnat de rugby à XV semi-professionnel samoan (sur place, “semi-pro” signifie avoir 50% de chance de toucher 50€ par match), il devient international en basket-ball. Une médaille d’argent aux Jeux du Pacifique plus tard, notre Jérôme Thion d’Upolu décide finalement de revenir au rugby en 2020.

 

Oui, les Samoa ont changé de fuseau horaire en 2011 mais sont restés bloqués dans les années 90.

 

Sélectionné par Mapusua pour son premier match à la tête des Manu Samoa, l’ancien joueur des Savai’i Vikings se fait repérer par les Saracens dont le recruteur est donc un hipster qui regarde des matchs sur des sites de streaming roumains à 3h du matin. Extrêmement rapide pour un deuxième ligne, capable de jouer également flanker, rugueux au plaquage et perforant en attaque, il possède une dextérité impressionnante héritée de ses années de basket, même si cette caractéristique était moins évidente chez Jérôme Thion. Et avec sa moustache, il a des allures de star de Tollywood. Ce joueur sera donc très agaçant pendant la Coupe du monde, encore plus associé à Chris Vui, le capitaine de Bristol. Mais la bonne nouvelle, c’est que ça va surtout agacer les Anglais et les Argentins.

 

 

Le saviez-vous ?

Avant les Allemands, les Américains et les Néo-Zélandais, les îles Samoa ont aussi été colonisées par l’empire Tu’i Tonga au XIIIe siècle. Cela peut expliquer un petit surplus de motivation et d’agressivité lors des matchs Samoa-Tonga à l’image des matchs France – Angleterre, Écosse – Angleterre, Pays-de-Galles – Angleterre, Irlande – Angleterre, Afrique du Sud – Angleterre, Australie – Angleterre, Nouvelle-Zélande – Angleterre ou Argentine – Angleterre par exemple.

 

Calendrier

– contre le Chili, le samedi 16 septembre à Bordeaux (15h)

– contre l’Argentine, le vendredi 22 septembre à Saint-Étienne (17h45)

– contre le Japon, le jeudi 28 septembre à Toulouse (21h)

– contre l’Angleterre, le samedi 7 octobre à Lille (17h45)

 

Le scénario idéal :

Avec des victoires faciles contre le Chili et le Japon, c’est en déjouant les lancements de jeu en allemand des Pumas que les Manu Samoa se qualifient d’extrême justesse pour les quarts de finale. Ils y affrontent une équipe d’Australie réduite à 12 suite au changement d’allégeance des joueurs tongiens et fidjiens partis rejoindre l’équipe de leurs pays natals après la qualification de ces derniers en quarts de finale. Les Samoa enregistrent même le renfort de Posolo Tuilagi dont la gestion du passeport par Emmanuel Macron a été aussi efficace que pour Emmanuel Meafou.

 

En demi-finale, ils affrontent une Irlande épuisée par son parcours marathon et encore confite dans l’alcool après avoir réussi pour la première fois à passer les quarts de finale. Les Samoa se qualifient après des prolongations interminables. Contre tout attente, ils se retrouvent en finale de la Coupe du monde à XV, un an après l’avoir été à XIII. Mais les Bleus du Pacifique s’inclinent lourdement face au XV de France qui bénéficie de largesses arbitrales indéniables que même les Français reconnaitront en direct. Toute ressemblance avec les épisodes 6 à 8 d’un célèbre podcast serait totalement fortuite et étrangement prémonitoire.

 

Le scénario catastrophe :

Le gouvernement rétablit le crime de lèse-majesté en France. Le terme “Manu Samoa” tombe sous le coup de cette loi pour outrage au président de la république par usage de sobriquet déshonorant. L’intégralité de la délégation îlienne se voit refuser l’accès au territoire national sauf les joueurs qui acceptent d’être naturalisés pour intégrer le XV de France.

Podcast, épisode 12 – Jeu de rôle XV de France (partie 3) : JUL, grossophobie & sexe oral

 
Le troisième épisode de la saga de l’été de la Boucherie Ovalie est là !
 
Christophe, Philippe & Robert continue leur aventure à la tête du XV de France. Il leur reste deux matches de poule à disputer, et plus si affinités ? Réponse ci-dessous.
 

Podcast, épisode 11 – Jeu de rôle XV de France (partie 2) : On répond au haka, ça tourne mal !

 
 
La saga de l’été de la Boucherie continue !
 
Après avoir pris les rênes du XV de France, la Boucherie Ovalie termine la préparation de la Coupe du monde à domicile et attaque la phase de poules avec un gros choc face à la Nouvelle-Zélande pour débuter les hostilités.
 

Présentation Coupe du monde 2023 : La Roumanie

Par Maubec

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili
– Le Portugal

La Roumanie

 

 

Notation :

Rugueux : +++
Valeureux : +++
Jeu de bombe latine : –
Maillot blonde platine :-
DJ : – – –

 

 

L’emblème :

L’emblème de l’équipe de Roumanie est la feuille de chêne. On les surnomme donc les Stejarii (les Chênes) et non les Glands. Attention à ne pas vous tromper : l’humour et l’autodérision ayant ses limites auprès des piliers locaux.

 

L’équipe :

La Roumanie fut longtemps l’ennemi continental le plus coriace du XV de France. Dans les années 70 et 80, les Roumains rivalisaient même avec les meilleurs, faisant trembler la Nouvelle-Zélande lors de leur seul affrontement en test-match. Depuis, il faut savoir que Craig Joubert se dit Alan Hosie en Roumain.

Enchainant une série de victoires contre la France, le Pays de Galles, l’Écosse et l’Italie, la Roumanie postulait alors logiquement à une entrée dans le Tournoi comme 6ème nation. Mais l’idée d’aller jouer dans un pays communiste au mois de février dans une ambiance aussi conviviale que contrôlée par la police secrète de Ceausescu n’a curieusement pas séduit les fédérations britanniques et irlandaises. Elles laissèrent donc la France, plus habituée aux régimes dictatoriaux, continuer seule de s’y déplacer annuellement.

Il faut dire que la Roumanie doit tout à la France en matière de rugby : de son introduction en 1911 par des étudiants roumains revenus de Paris avec ce jeu si typiquement français, à ses plus hauts faits de gloire, comme la victoire de 1990 à Auch contre le XV de France d’un Jacques Fouroux un peu colère et bientôt viré.

 

Rien de tel qu’une bonne Ciorba bien acide pour lancer une 3e mi-temps mémorable ! (crédit photo : Alexandru Diaconescu)

 

Malheureusement, sport des militaires et des policiers, le rugby roumain aura du mal à se remette de la chute de Ceausescu en décembre 1989. Une leçon à retenir pour tous ceux qui voudraient destituer Macron avant le 28 octobre 2023.

Après avoir raté une occasion unique de se qualifier en ¼ de finale de la Coupe du monde 1991, le rugby roumain ne cessera alors de péricliter et en 2000, année du passage à six nations du Tournoi avec l’Italie, même la France finira par abandonner la tradition de leur match annuel. Un rêve est passé.

La Roumanie passe alors la main à la Géorgie dans le rôle de l’équipe de l’Est qu’on ne veut pas accueillir chez nous. Mais ça ne devrait pas durer longtemps, World Rugby ayant décidé d’exclure du rugby mondial toutes ces équipes de pouilleux dès 2026.

L’avènement de la Coupe du monde correspond ainsi à la fin de l’âge d’or du rugby roumain. Si la sélection des Carpates fait partie des onze équipes à s’être qualifiées pour toutes les Coupes du monde, c’est aussi l’une des seules à avoir été exclue d’une édition. Ce qui l’empêche d’atteindre aujourd’hui le dix sur dix qui était si espéré par les compatriotes de Nadia Comaneci.
En effet, en 2018, les experts rugby du monde entier (La France, l’Australie et la Grande Bretagne, donc) découvrent qu’il se joue des matchs entre la Pologne, la Belgique, l’Allemagne ou la République Tchèque… Et que le niveau arbitral est à l’image du niveau de jeu sur le terrain : perfectible.

S’ensuit des accusations de complot arbitral portées par l’Espagne contre la Roumanie mais c’est finalement un joueur tongien inéligible (pour 10min de rugby à 7) qui scellera la disqualification des Chênes pour la Coupe du monde 2019. Et celle des Espagnols parce que le gag de l’arroseur arrosé fait toujours rigoler. Et des Belges. Parce que la règle veut que les Belges aient le seum, même en rugby.

Ironie de l’histoire, quatre ans plus tard, la Roumanie s’est qualifiée pour la Coupe du monde 2023 grâce à une nouvelle disqualification de l’Espagne pour avoir aligné un joueur inéligible. Karma ! comme disent les Roumains (il s’agit d’un plat de fête à base de bouillie de farine de maïs au saindoux trempée dans une soupe de navets).

Après cette qualification inattendue et une belle victoire contre l’Uruguay lors de la tournée de juillet, l’entraineur Andy Robinson démissionne en 2022, ce niveau de réussite étant contraire à la lose dont il avait été le fier ambassadeur en tant que sélectionneur de l’Angleterre et de l’Écosse. Et c’est Eugen Apjok, l’entraineur le plus titré de Roumanie, qui a pris le relais. Sa grande différence avec Guy Novès est qu’un match nul dans la poule de la mort de cette Coupe du monde serait un bon résultat pour son équipe. De toute façon, la FRR n’aurait pas les moyens de lui payer 1 million d’Euros.

 

 

Le joueur à suivre :

Ancien international français U20, Atila Septar a bénéficié du changement des règles d’éligibilité pour pouvoir représenter son pays de naissance. Au sein d’une équipe où les meilleurs joueurs évoluent en ProD2, sinon en Nationale, à Perpignan ou dans le championnat roumain, Atila fait un peu tache avec son parcours de joueur de Top14. Passé par Brive et Montferrand, c’est finalement dans le Béarn, une autre région lui rappelant la campagne roumaine, qu’il s’est épanoui entre 2018 et 2021. Depuis, il s’est un peu ramolli au soleil de la côte d’Azur.
Centre athlétique et solide défenseur, la Roumanie comptera sur sa puissance pour espérer gagner quelques mètres face aux Sud-Africains, Irlandais et Tongiens. Personne ne l’ayant vu faire une passe ou une percée en 10 ans de carrière pro, les enfants de Marius Tincu ne pourront pas espérer autre chose de toutes façons.

À ses côtés, notons la présence du Romain Ntamack local : Taylor Gontineac, 23 ans, jeune joueur de Rouen très prometteur et fils de la légende roumaine Roméo Gontineac (ancien capitaine, sélectionneur et recordman des sélections avec les Chênes). Mais visiblement, à l’image de son alter-ego toulousain, l’ombre paternelle ne semble pas trop l’encombrer vu qu’il est actuellement sur une lancée de 6 essais en seulement 7 sélections. Bien que né en France, il peut jouer pour la Roumanie car il a passé son enfance à Aurillac.

 

 

 

Le saviez-vous :

Ce n’est ni la Nouvelle-Zélande, ni Chypre (on vous voit les hipsters) qui détient le record d’invincibilité en rugby.
En effet, entre 1959 et 1964, les Roumains ont enchainé 25 matchs sans défaites, certes contre des petites nations comme la Pologne, l’Allemagne de l’Est, la France, la Tchécoslovaquie, l’Italie ou la Bulgarie mais on compte bien nos victoires avec Yoann Huget, qui sommes-nous donc pour juger ?
À noter que ce record n’a été validé que 56 ans plus tard, en 2020, après s’être aperçu que les résultats de deux matchs contre la Pologne avaient été inversés dans les archives de World Rugby. Depuis, chaque pays vérifie si World Rugby tient aussi bien ses statistiques que Bernard Laporte le budget de la FFR, et l’espoir existe donc pour qu’en 2067, la France soit sacrée championne du monde 2011.

 

Le calendrier :

– contre l’Irlande, le samedi 09 septembre à Bordeaux (16h)

– contre l’Afrique du Sud, le dimanche 17 septembre à Bordeaux (15h)

– contre l’Ecosse, le samedi 30 septembre à Lille (21h)

– contre les Tonga, le dimanche 8 octobre à Lille (17h45)

 

 

Le scénario idéal :

Consultant auprès de l’équipe roumaine, Vern Cotter n’a toujours pas digéré son échec à tête de sélection fidjienne et décide d’entraîner les Roumains pieds nus, avec des melons d’eau, faute de noix de coco. Les adversaires sont surpris par ces nouveaux fantasques artistes du ballon ovale et après avoir battu l’équipe C sud-africaine et des Écossais orphelins de Stuart Hogg, les Roumains sont favoris pour se qualifier en quart de finale face aux Tongiens. Mais pour une équipe en jaune et bleue coachée par Vern Cotter, avoir pu y croire, c’est déjà une victoire.

 

 

Le scénario catastrophe :

Vladimir Poutine décide de poursuivre son invasion plus au sud et envahit la Roumanie. Les Espagnols en profitent immédiatement pour demander l’inéligibilité des joueurs qui sont donc par conséquent nés en Russie. La Roumanie est disqualifiée et remplacée par la République Tchèque, l’Espagne ayant fourni un faux passeport pour essayer de qualifier Mathieu Acebes.

 

Podcast, épisode 10 – Jeu de rôle : La Boucherie prend les rênes du XV de France

 
 
Voilà l’été, et pour cette occasion la Boucherie Ovalie vous a préparé une véritable saga estivale digne de Dolmen !
 
Durant 4 épisodes, publiés chaque vendredi, les membres de la Boucherie prennent les rênes du XV de France à quelques mois de la Coupe du monde à domicile. Quel groupe vont-ils sélectionner ? Quelle préparation sera effectuée ? Qui aura les clés du camion ? Tant de questions qui trouvent leur réponse dans cette première partie, consacrée au début de la préparation physique.
 
L’histoire commence ci-dessous :

Boucherie Ovalie, le podcast : Episode 9 – Bilan de la saison de Top 14 & la liste des 42

 
 
La saison est terminée et c’est donc l’occasion pour nous d’en faire le bilan d’un point de vue sportif mais aussi selon d’autres critères moins conventionnels. On parle ensuite de la liste des 42 joueurs du XV de France avant de vous parler de ce qui vous attend cet été avec la Boucherie !
 
Pour celles et ceux qui veulent participer au jeu des auditeurs, l’adresse mail est la suivante : boucherie-ovalie-podcast@outlook.fr.
 
Pour écouter cet épisode, vous n’avez qu’à cliquer ci-dessous :