Quel remplaçant à Ntamack ?
par La Boucherie

  • 18 August 2023
  • 3

 

Par Jauzion aux Pommes

 

Le rugby tricolore tremble après l’annonce du forfait de Romain N’Tamack. Les chaumières rugbystiques sont en sanglots, se remémorant la chevauchée magnifique et pleine de cojones de la mèche chocolatine depuis son en-but. Comment le XV de France va gagner la Coupe du monde, à présent ? Antoine Dupont le peut-il à lui tout seul ? Le rugby français amputé de son joyau se remettrait-il d’une élimination en poule consécutive à une défaite face à l’Italie (et un nul contre la Namibie) ?

 

Fort heureusement, on a le droit de remplacer un joueur blessé, en cours de match, mais aussi avant le match, surtout quand la compétition débute dans 3 semaines. La Boucherie Ovalie, armée d’une boule de cristal, passe en revue tous les scénarios :

 

 

Emile N’Tamack a encore de beaux restes, d’après ceux qui l’ont aperçu jouer au beach rugby sur la côte d’Azur. Ouvreur mais aussi polyvalent de la ligne arrière, il est coutumier des scénarios cruels (1995, 1999 et 2011 en tant qu’entraîneur) et saura réconforter le vestiaire en cas de défaite en finale. Il offre surtout une stabilité financière à la fédération en déficit qui se réjouirait de pouvoir réutiliser les maillots floqués “10 N’Tamack” produits par anticipation. Emile accepte la sélection à une condition : que son ancien partenaire Alain Penaud soit également de l’aventure. Acceptée dans un premier temps, une fronde apparaît alors chez les joueurs qui s’offusquent des passe-droits dont bénéficient les “pères de”, notamment Damian qui craint d’avoir des remarques sur sa chambre d’hôtel mal rangée. Fabien Galthié fait marche arrière au prétexte que “ça reste un briviste quand même… ” et N’tamack père décline la sélection.

 

 

Avec quelques sélections internationales U20 et un temps de jeu assez réduit en Top 14, Edgar Retière possède toutefois un atout non-négligeable : il joue au Stade Toulousain. Pour la mafia du capitole, il n’est certainement pas question de se faire piquer la vedette par un bordelais ou un rochelais. Quoi de plus logique que de remplacer Romain par son remplaçant de club ? Le choix est expliqué par les “automatismes avec Antoine Dupont”. Edgar prend l’argument trop au sérieux et ne fait la passe qu’à Thomas Ramos, les autres arrières n’étant pas des partenaires de club. La stratégie est rapidement identifiée par les adversaires et la France est éliminée de la compétition suite à des défaites décourageantes face à la Namibie et l’Uruguay et leurs essais sur interception.

 

L’heure de la revanche sonne pour le “finisseur” qui devient grandisse à la place du grandisse. Enchaînant les franchissements et récupérant tous ses coups de pieds par-dessus, Matthieu Jalibert est une arme offensive qui mène le XV de France en finale malgré quelques légèretés en défense. Lors de celle-ci, il manque LA pénalité de la gagne à 40 mètres en face des poteaux à la dernière minute avant que Fabien Galthié et Florian Grill n’annoncent que c’était sa dernière sélection internationale. Maxime Mermoz tweete “fin de carrière bien méritée connard 🖕🏼🖕🏼🖕🏼” et sera retweeté des milliers de fois.

 

 

Propulsé titulaire à l’ouverture du XV de France, Antoine Hastoy enchaîne des bons matchs et les tricolores arrivent en quart de finale face à l’Irlande. Mais les joueurs du Leinster revanchards en font l’homme à abattre : après 3 plaquages assassins et autant de cartons rouges, le Rochelais sort sur KO. En nette supériorité numérique, les Bleus n’auront pas de mal à faire le score. En demi-finale face à l’Angleterre, Sekou Macalou, repositionné 10 en urgence, attaque la ligne efficacement mais échoue face aux perches ou dans ses coups de pied d’occupation dévissés. Les Anglais gagnent sur un drop de Wilkinson (sélectionné suite aux forfaits de Farrell et Smith) dans les prolongations et les Bleus échouent aux portes de la finale.

 

 

Même s’il a perdu de sa superbe, Cheslin Kolbe reste un joueur capable d’étincelles qui avait assuré avec brio ce poste lorsqu’il jouait au Stade Toulousain, ossature du XV de France, ce qui pourrait le remettre en confiance. Problème : il est sélectionné avec l’Afrique du Sud. La FFR bénéficie d’un assouplissement exceptionnel du règlement, au prétexte que Boks et Blacks ont volé leurs titres en 1995 et 2011 à nos dépens et qu’il est désormais temps d’une injustice en notre faveur. World Rugby accepte à condition que la France promette d’envoyer Bernard Laporte en prison. Cheslin Kolbe rejoint ainsi le XV de France au titre de “joker médical” et le hisse en finale de la compétition face à l’Afrique du Sud. Les Bleus sont menés de 4 points dans les arrêts de jeu mais ont la dernière possession : “le plus Sudaf des Français” tape à suivre pour lui-même, élimine son vis-à-vis au sprint et aplatit. Mais l’arbitre, intègre, déclare que Cheslin Kolbe est toujours un joueur sud-africain et que les Boks bénéficient donc d’un renvoi d’en-but. La scène filmée est diffusée par Rassie Erasmus sur internet qui lance une polémique incluant Scott Spedding, Tony Marsh et Pieter De Villiers.

 

 

Il y a un intérêt mutuel à ce que Frédéric Michalak rechausse les crampons. Pour le rugby français, foutu pour foutu, ce n’est pas plus mal pour l’engouement populaire d’avoir une star sur le terrain et d’en tirer profit avec quelques contrats publicitaires. Pour le joueur, c’est l’occasion de sécuriser son trône sur le podium des meilleurs réalisateurs du XV de France. Ne voulant prendre aucun risque de se blesser, il refuse d’en faire plus, n’effectuant aucun plaquage, se contentant de faire circuler les ballons et de montrer les poteaux à chaque pénalité. Il en découle des insuffisances évidentes, les Français ne passent pas les poules suite aux défaites face à la Nouvelle-Zélande et à l’Italie mais la vieille gloire tricolore a rehaussé à 475 points la barre de son record pendant que les Michalak Burgers s’arrachent autant que le maillot du Coq Sportif floqué de son patronyme.

 

 

Chevalier malheureux du XV de France, 66 capes au compteur mais n’ayant disputé qu’une Coupe du monde en 2011, François Trinh-Duc est bien connu de Fabien Galthié qui l’a eu sous son aile (mais plutôt à l’ouverture) à Montpellier puis à Toulon. C’est naturellement qu’il fait confiance à ce jeune retraité des terrains pour lui offrir l’aventure ultime. Chef d’orchestre épatant, il hisse l’équipe en finale face à la Nouvelle-Zélande. Tétanisés par l’enjeu, les Bleus sont fébriles sur les impacts tandis que les Blacks multiplient avec fougue des assauts qui ne sont avortés que grâce à des positions illicites dans les rucks mais autorisées par un arbitrage maison. Le match est en conséquence très haché tandis que François Trinh-Duc manque presque toutes ses tentatives face aux perches. Les Néo-Zélandais l’emportent “au forceps” et “à l’orgueil”, sur le modeste score de 8 à 7.

 

 

Pierre Bourgarit a démontré face à l’Ecosse ses capacités de jeu au pied. Si le staff s’amuse à faire jouer des avants à l’arrière, pourquoi pas lui ? Meilleur en défense que Jalibert, plus percutant que Ramos et Hastoy, il n’a certes pas une passe parfaite, mais ce ne sera ni le premier ni le dernier ouvreur avec cette caractéristique. Tel Zidane en 2006, le nouveau 10 du XV de France le mène jusqu’en finale contre… l’Italie. Le score est égalitaire, une prolongation s’enclenche. Une fois n’est pas coutume pour un habituel première ligne, Bourgarit se sert de sa tête et déblaie Capuozzo dans un ruck avec un coup de casque au thorax et reçoit un carton rouge. Privé de son nouveau buteur, la France s’incline aux tirs au but.

 

 

Yionel Beauxis avait prévu de consacrer son mois de septembre à la saison des vendanges tandis que les internationaux allaient vendanger des deux contre un devant la ligne d’essai. Fort d’une préparation musculaire pour ce travail physique, il retrouve les terrains dans une forme olympique. Véritable sécateur en défense, il ne lâchera la grappe d’aucun adversaire faisant le bonheur de Shaun Edwards. Ses courses molles et son jeu au pied d’une précision d’orfèvre mènent La Cuvée 2023 du XV de France jusqu’au match ultime. En finale face à l’Angleterre, Yionel marque un full house et effectue 37 plaquages. Les Bleus mènent de 13-0 au terme du match, mais les Anglais pilonnent la ligne pour sauver l’honneur. Gabin Villière arrache un ballon et le transmet à son ouvreur qui décide de dégager le ballon sans trouver la touche pour laisser une dernière possession à l’adversaire et rejoint les tribunes pour regarder la fin du match. Le coup de sifflet final retentit après un en-avant de Maroe Itoje à un mètre de la ligne et la France est sacrée championne du monde.