Présentation Coupe du monde 2023 : L’Irlande
par Le Stagiaire

  • 01 September 2023
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Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

Les Samoa 

L’Écosse

La Géorgie

Le Tonga

L’Uruguay

Les Fidji

L’Italie

L’Argentine

L’Australie

Le Japon

 

L’Irlande

 

Notation :

Se tenir à carreau : + +

Qui s’y frotte s’y pique : + + +

Équipe qui a du coeur : + + + +

XV du trèfle : – – – – –

 

 

L’emblème :

 

L’emblème de l’équipe d’Irlande est le trèfle. Enfin du moins, c’est ce qu’on essaie de vous faire croire. Car oui, on vous ment. Heureusement, grâce à son minutieux travail d’investigation (10 minutes sur Wikipédia), la Boucherie est en mesure de rétablir la vérité et la justice. En effet, le symbole de l’Irlande n’est pas vraiment un trèfle, mais un shamrock, soit une « feuille d’oxalis petite oseille » (c’est comme une feuille d’oxalis, mais en moins cher).

 

On la distingue du trèfle car le trèfle a des feuilles arrondies, contrairement à la feuille d’oxalis qui a des feuilles en forme de cœur. Toujours est-il que c’est cette plante qu’a choisi l’équipe de rugby pour la représenter. On pourrait s’interroger sur ce choix mais les autres symboles du pays étant la harpe et le Leprechaun, il est finalement un moindre mal.

 

 

L’équipe : 

« Cette année, c’est la bonne » ! ». C’est sans doute ce que pensent des milliers de supporters irlandais alors que la Coupe du monde s’apprête à démarrer. Car si plus d’une dizaine de désillusions n’avaient pas réussi à résigner les Clermontois, ce ne sont pas les Irlandais et leur fighting spirit qui vont se laisser abattre par sept éliminations en quarts de finale de Coupe du monde (en neuf participations). Quand bien même un destin décidément aussi farceur qu’un gnome rouquin leur laisserait-il entrevoir une inévitable opposition contre la France ou la Nouvelle-Zélande début octobre. À croire qu’il manque décidément une feuille à leur  trèfle pour les aider à battre la malédiction.

 

Car oui, la statistique peut sembler folle mais l’Irlande n’a jamais gagné de match à élimination directe de son histoire (n’allez pas me chercher une compétition foireuse des années 30 pour me faire mentir svp). Pourtant, le « XV de la feuille d’oxalis petite oseille » a parfaitement négocié le virage du professionnalisme et domine régulièrement le classement World rugby depuis plusieurs années.

 

Lors de cette nouvelle édition, elle fera partie des équipes favorites. Et au delà de la force collective déjà largement démontrée (notamment lors du dernier tournoi), on comprend pourquoi quand on regarde le XV de départ et son ossature « made in Leinster » qui devrait raviver des souvenirs traumatiques chez tous les supporters toulousains.

 

On trouve du lourd à tous les postes et les joueurs, pour leur majorité, arrivent à « l’âge de la maturité ». En langage rugby , cela signifie qu’ils sont suffisamment vieux pour avoir la force de l’expérience sans pour autant avoir cumulé suffisamment de commotions dans leur carrière pour développer une démence précoce (exception faite de Sexton bien sûr, et de Caelan Doris qui en est déjà à 5 et a déjà dû faire une pause dans sa carrière pour cette raison).

 

À leur tête c’est un anglais qui tire les ficelles, et pas n’importe lequel puisque – figurez-vous Cali – qu’il s’agit du père d’Owen Farrell, Andy. Autant dire qu’il ne reculera devant aucune vilénie pour atteindre ses objectifs.

 

L’Irlande devrait en tout cas démarrer la compétition en douceur, avec un premier match contre la Roumanie, puis un deuxième contre les Tonga qui feront office d’apéritif avant le grand choc de la poule face à l’Afrique du Sud. L’enjeu de cette rencontre, au delà de savoir qui en sortira victorieux, sera sans doute de savoir qui en sortira vivant, puisqu’il restera au moins un match à disputer ensuite pour chacune des équipes. Heureusement pour les tout-roux, ils bénéficieront de 15 jours de repos avant d’affronter l’Écosse, un match « piège » en perspective avec des Écossais capables de tout : en prendre 40 comme gagner en faisant le match de leur vie sous la houlette d’un Finn Russell en mode Yionel Beauxis.

 

Hugo Keenan rend ici hommage à Leo Cullen

 

 

Le joueur à suivre :

Puisque la star de l’équipe Johnny Sexton sera déjà suivie par un staff médical d’une vingtaine de personne, on vous recommande de vous tourner vers un autre joueur pendant la compétition. Mack Hansen a un look de débile et Lowe va sans doute inscrire un quadruplé contre la Roumanie, ce qui en font des coqueluches faciles. Pour vous distinguer, on vous recommande plutôt de jeter votre dévolu sur l’arrière Hugo Keenan (qui a une bonne tête de potentiel MVP de la compétition en cas de bon parcours de son équipe) ou sur Josh Van Der Flier, l’homme qui a réussi à être élu meilleur joueur du monde 2022, devant Antoine Dupont (la légende dit qu’Antoine Dupont préférait finir deuxième pour être au soutien intérieur du premier sur le podium).

 

Mais on vous conseille surtout de garder un oeil sur Dan Sheehan. Le talonneur est déjà bien connu des Français qui ont croisé sa route en Champions Cup (essai contre Toulouse, doublé contre La Rochelle). Gaulé comme un centre, puissant comme un troisième ligne, débile comme un seconde ligne, avec la technique individuel d’un arrière, Sheehan est le croisement quasi-miraculeux entre Keith Wood et Brian O’Driscoll. Ah, et son nom ressemble un peu à celui d’Ed Sheeran, donc c’est rigolo.

 

Joueur clé pour cette sélection Irlandaise, on a frôlé le drame national quand il s’est blessé face à l’Angleterre il y a quelques jours. Les supporters se lamentaient sur les réseaux sociaux, jurant à qui voulait l’entendre qu’il était irremplaçable et que tout était perdu. Un peu comme si les Bleus perdaient Romain Ntamack, en quelque sorte. Heureusement, plus de peur que de mal et les Irlandais devraient pouvoir compter sur le talent du talon pendant la compétition. On va tâcher d’en profiter aussi, du moins jusqu’à ce que sa route ne croise la nôtre.

 

 

Dan Sheehan et un fan

 

Calendrier :

contre la Roumanie, le samedi 9 septembre à Bordeaux (15h30).

contre les (le ?) Tonga, le samedi 16 septembre à Nantes (21h).

contre l’Afrique du Sud, le samedi 23 septembre au Stade de France (21h).

contre l’Écosse, le samedi 07 octobre au Stade de France (21h).

 

Le saviez-vous ? L’oxalis est une saloperie de plante invasive, dont il est particulièrement
difficile de se débarrasser. Contrairement à l’Irlande en quart de finale.

 

 

Le scénario idéal :

Après une phase de poules où l’équipe monte en puissance (victoire face à l’Afrique du Sud puis déculottée infligée à l’Écosse), l’Irlande aborde son quart de finale face à la France avec un mélange de confiance liée aux derniers résultats et une trouille irrationnelle liée à « la malédiction » dont tout le monde parle. Malgré le soutien de son public, le XV de France n’arrive cependant pas à endiguer la puissance irlandaise. L’arrivée dans le staff d’une certain Emmet a de plus permis aux visiteurs d’élargir leur palette tactique et de les rendre beaucoup moins prévisibles. Après un match maitrisé de bout en bout, l’Irlande se qualifie finalement pour la première fois dans le dernier carré d’une Coupe du monde.

 

La qualification est célébrée partout dans le pays et le blocage psychologique qui semblait paralyser les Irlandais lors des éditions précédentes est maintenant de l’histoire ancienne. Les Irlandais roulent sur l’Australie en demi-finale et abordent la finale face aux All-Blacks sans aucun complexe. Après un match fou et débridé (12-10 score final), l’Irlande remporte son premier trophée Webb-Ellis. L’impact de cette victoire dépasse rapidement le cadre du sport et précipite des mouvements géopolitiques majeurs. Arrivés avant dernier de leur poule, les Anglais sont moqués et raillés. Ne voulant plus être associés de près ou de loin à « ces gros nullos », dixit l’ambassadeur écossais à l’ONU, le Royaume-Uni éclate définitivement. Gallois et Scottish prennent leur indépendance et l’Irlande est enfin réunifiée. Jonathan Sexton, lui, a déjà tout oublié et met un terme à sa carrière, déçu de n’avoir jamais remporté le trophée suprême.

 

Ça c’est son look normal, alors imaginez ce qu’il est capable de faire
si l’Irlande gagne la Coupe du monde…

 

Le scénario catastrophe :

Après deux victoires faciles face à la Roumanie et aux Tonga, les Irlandais affrontent l’Afrique du Sud dans un match que World Rugby a interdit aux moins de 18 ans après avoir pris connaissance des compositions d’équipe. Dans un match héroïque, le XV du truc qui ressemble à un trèfle s’impose finalement face aux sud-africains. Mais le tribut pour cette victoire est lourd à payer : trois joueurs sont abattus directement sur le bord du terrain pour abréger leurs souffrances, six autres perdent toute mobilité des membres inférieurs et quatre prennent leur retraite internationale à la fin de la rencontre, préférant se reconvertir dans une profession moins dangereuse comme caricaturiste de presse en Irak ou commando parachutiste. Seul Jonathan Sexton s’en sort indemne.

 

Le temps de reconstituer un groupe décimé, les Irlandais déclarent forfait face à l’Écosse et, grâce aux bonus accumulés, se qualifient néanmoins en quart de finale. Ils y affrontent la France et malgré les nombreux absents, réussissent à faire jeu égal. Néanmoins, plusieurs fois durant le match, des actions litigieuses tournent en leur défaveur, à la suite de la consultation de l’arbitrage vidéo.

 

Un essai est ainsi accordé à Penaud alors qu’il semblait avoir le pied en touche (mais impossible de le vérifier, le réalisateur français préférant filmer des supporters en tribunes). Plus tard, le flux de la caméra est carrément coupé pendant trois minutes alors que les Irlandais pilonnent la ligne française. Enfin, en début de seconde période, le talonneur irlandais est expulsé pour un coup de genou sur… Lilian Camberabero. Le camp irlandais crie au scandale, explique que ces images datent d’il y a plusieurs décennies et qu’elles ont été intégrées au flux du match, mais face aux évidences présentées sur les écrans géants, l’arbitre n’a d’autres choix que de sévir. Aux termes de 80 minutes mouvementées (le match durera au total 3h30), les Bleus s’imposent et l’Irlande s’arrête une nouvelle fois à l’entrée du dernier carré de la compétition.

 

Rappel : notre nouveau livre “La petite, la grande et la (parfois) très moyenne histoire du XV de France” est disponible en librairie. Commande-le ici (un livre acheté = un point encaissé par l’Angleterre pendant la compétition).