Présentation Coupe du monde 2023 : La Nouvelle Zélande
par l'Affreux Gnafron

  • 07 September 2023
  • %

 

Par L’Affreux Gnaffron,

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

Les Samoa 

L’Écosse

La Géorgie

Le Tonga

L’Uruguay

Les Fidji

L’Italie

L’Argentine

L’Australie

Le Japon

L’Irlande

Le pays de Galles

L’Angleterre

L’Afrique du Sud

 

La Nouvelle Zélande

 

Notation :

Adidas o Pango +

Nike o Pango –

Kappa o Pango + + +

 

 

L’emblème :

La cyathea dealbata (Ponga en maori).

 

 

Ami lecteur cultivé et polyglotte, tu auras brillamment reconnu la fameuse fougère argentée. Végétal endémique de Nouvelle-Zélande, ce vulgaire brin d’herbe à la simplicité débonnaire prend toutefois une toute autre ampleur (presque épique alors que c’est plutôt rare concernant les fougères) dans une légende locale.

 

Pour faire simple, l’histoire de Rahitutakahina raconte qu’un groupe de patupaiarehe enlevèrent dans son jardin Ti-Ara la femme de celui que, par commodité de lecture et d’écriture, nous nommerons Rahi. Enfant des âges farouches et désireux de retrouver sa dulcinée, notre infortuné ami se construisit un cerf-volant géant (bien avant Léonard de Vinci, le deltaplane était inventé) avec sa frangine, la célèbre Rahi-soeur. Oui, parce qu’auparavant un sorcier de la tribu ravisseuse ennemie avait jeté un sort rendant impénétrable les forêts alentours afin de dissimuler la sente à Rahi. Ti-Ara qui n’était pas née de la dernière pluie, et s’agissant d’une histoire qui se déroule à Aotearoa (le pays du long nuage blanc qui ne devrait pas tarder à nous éclater à la gueule en langue maori), ça signifie quelques minutes, usa d’un stratagème fort astucieux. Pour indiquer à son bien-aimé la direction prise par ses kidnappeurs, elle traça une piste en pliant le bout des feuilles vertes de fougères rencontrées sur sa route pour laisser apparaître les reflets blancs argentés présents sur la partie inférieure.

 

Après moult péripéties impliquant des monstres marins, un aigle géant, des tremblements de terre, une éruption et des sorciers maléfiques, Tolkien écrivit son Seigneur des Anneaux et le petit prince Rahi retrouva Ti-Ara.

Cette histoire de Petit Poucet maori trouve un écho actuel. Les anciens All-Blacks suivent encore des chemins de fougères argentées. Ils mènent leur pas vers les aéroports du pays d’où ils rejoignent de lointaines contrées nippones et françaises qui leur offrent de lucratives pré-retraites.

 

Terre de fantasy, la Nouvelle-Zélande aligne des joueurs aux oreilles de Gremlins

 

 

Le non-emblème :

 

Sinon, il y avait le kiwi.

 

Sous sa forme sauvage, un oiseau incapable de voler (on le qualifie de ratite), particulièrement disgracieux, terriblement inoffensif et en quasi voie d’extinction à force de se faire boulotter par les rats, les chats, les chiens, les hermines et plus généralement tout prédateur pourvu de dents et qui aurait un petit creux. La victime expiatoire idéale, une sorte de SU Agen lors de sa dernière saison de Top14 en somme.

 

Sous sa forme domestique, un fruit originaire de l’Empire du Milieu auparavant prénommé ‘groseille chinoise’ et importé en Nouvelle-Zélande au début du XXème siècle. Son changement de nom en 1959, à visée uniquement commerciale, prit place dans le contexte de la guerre froide alors qu’il semblait préférable de gommer toute référence à la sinophilie. Premier producteur mondial du fruit de l’actinidia, les Néo-Zélandais désiraient trouver un nom punchy, local, facile à prononcer par delà les mers et choisirent celui de leur poule atrophiée.

 

Donc les quinzistes ont opté pour la majestueuse fougère et laissé l’avorton volatilo-fruitesque à leurs camarades du XIII.

 

 

L’équipe :

Après les pertinentes informations des rubriques précédentes qui te permettront de briller dans les soirées mondaines, poursuivons avec ces intéressantes anecdotes peu connues.

 

Sache, ami lecteur,  que l’équipe de Nouvelle-Zélande de rugby est souvent comparée au Brésil pour le football. Dotée d’une aura presque mystique, son maillot noir porte le deuil de ses adversaires et jouit d’une formidable popularité aux quatre coins de la planète ovale. Elle commence ses matches par une danse rituelle traditionnelle (le haka) dont les nombreux détournements (souvent hilarants) constituent autant d’hommage à la culture maorie.

 

A l’orée de cette Coupe du monde, la Nouvelle-Zélande apparaît toutefois fragilisée par sa dernière défaite, la plus large de son histoire (que dans le landerneau on se permet de qualifier de branlée mémorable) contre les bouilleurs d’enfants sud-africains. D’aucun affirment même qu’une qualification pour les quarts de finale serait un exploit tant l’ogre italien se pose en concurrent sérieux pour la conquête de la deuxième place de la poule (une sorte de kiwi mais en plus badass), la tête du groupe étant promise à nos petits Français qui ne manqueraient pas de leur en passer 80 lors de l’opposition inaugurale.

 

Dotés d’un effectif de piètre valeur, (pensez donc, aucun joueur n’évolue dans le #MeilleurChampionnatDuMonde),  tourmentée par la pige de son ex-entraîneur Steve Hansen auprès de l’effectif des Galactiques australiens, doublement étrillée par les irlandais lors de leur deux dernières confrontations, porteurs d’un nouveau maillot avec un col et des gribouillis en motifs, pas grand monde ne considère les All-Blacks comme un candidat probable au titre. A l’instar de Lyon en Top14, ville qui hébergera d’ailleurs le camp des Blacks lors de la compétition.

 

Ou alors on se souviendra qu’ils ont remporté les 4 dernières éditions du Rugby Championship, qu’ils participèrent à 8 demi-finales sur les 9 Coupes du monde, que la récente déroute contre les Springboks a mis fin à une série de 11 matches sans défaites et qu’une élimination en quart de finale vaudra à l’ensemble des joueurs et du staff une déchéance de nationalité et le dépôt d’une demande d’asile à Oyonnax, Pau ou au Plessis-Robinson.

 

Malgré ses 17 novices dans la compétition, l’effectif néo-zélandais reste le plus expérimenté jamais emmené en Coupe du monde. Les joueurs ont sauvé la tête de leur entraîneur Ian Foster après un été 2022 catastrophique (trois défaites consécutives dont un doublé contre l’Irlande) alors que l’ensemble du pays réclamait la tête de celui qui a le nom d’une bière australienne. Emmené pas ses glorieux anciens Brodie Retallick, Sam Whitelock, Aaron Smith et Beauden Barrett, le groupe néo-zélandais avance masqué dans un rôle, inhabituel, d’outsider.

 

Avec ces trois frères, c’est le mimi, c’est le rara, c’est le miracle

 
 

Le joueur à suivre :

Will Jordan. Mais il vous faudra sortir les cannes car le garçon va vite, très vite. Âgé de seulement 25 ans et déjà marqueur de 23 essais en 25 sélections, l’ailier arrière des Crusaders se présente comme une redoutable arme offensive pour sa sélection. Très mobile, intervenant partout sur le terrain, sa polyvalence entre les postes d’ailier et d’arrière lui permet de bénéficier d’une excellent vision du jeu. L’envers du décor ? Le joueur est affecté par de terribles migraines l’ayant éloigné des terrains pendant 8 mois jusqu’à son retour triomphal, en mai dernier pour un nouveau titre conquis avec les Crusaders.

 

C’est un souci d’oreille interne qui serait en cause. Pas celui prétexté par bon nombre de coffres à ballons qui n’auraient pas entendu l’appel désespéré d’un coéquipier esseulé mais un vrai problème médical. La révélation mondiale de l’année 2021 ne sera donc peut être utilisée qu’avec parcimonie en fonction de la couleur des maillots de ses adversaires ou de la sonorité du stade.

 

Mais avant que d’autres pépins physiques ne viennent peut être le rattraper , Will continuera d’aller vite, très vite.

 

 

Attention à ne pas confondre Will Jordan et Norman Jordaan, ici au prime de sa carrière.

 

 
 

Le calendrier :

– Contre la France, le vendredi 8 septembre à Saint-Denis (21h15)

– Contre la Namibie, le vendredi 15 septembre à Toulouse (21h00)

– Contre l’Italie, le samedi 29 septembre à Lyon (21h00)

– Contre l’Uruguay, le jeudi 5 octobre à Lyon (21h00)

 

 

Uruguay – Nouvelle-Zélande, allégorie.

 
 

Le scénario idéal :

Après une brillante victoire inaugurale 29 – 24 face à la France dans ce qui est considéré à la fin de la rencontre comme ‘le plus beau match de la plus belle sélection de tous les temps’ par la presse néo-zélandaise, les Blacks s’imposent face à la Namibie et l’Italie, sans toutefois prendre de bonus offensif ce qui ne cesse d’intriguer les commentateurs. La presse kiwi tire alors à boulets rouges sur ‘la pire sélection de tous les temps’.

 

Terrorisés à l’idée de prendre en quart des Sud-Africains pourtant défaits par une Irlande laissée à l’état de charpie, les All-Blacks lâchent le match et la victoire contre l’Uruguay pour conquérir la place de second de poule. La Fédération néo-zélandaise reçoit étrangement dans les jours suivants plusieurs millions de dollars en provenance d’un grand nombre de bookmakers, lui permettant d’assainir définitivement ses finances et résilier le contrat de sponsoring avec Altrad.

 

En quart, les Néo-Zélandais triomphent dans la douleur d’Irlandais encore exsangues et voient avec satisfaction des Français par les Boks. Cette ‘véritable boucherie ovalie’ selon les bons mots des gazettes conduira World Rugby à la diffusion en crypté du reste de la compétition, le rugby devenant un programme interdit aux moins de 18 ans.
Ian Foster est célébré comme un prodigieux stratège digne de Machiavel.

 

La demi contre les Australiens se révèle une simple formalité et Nepo Laulala le premier pilier à marquer 5 essais dans le même match. Les terribles jeux de mots des commentateurs pendant cet exploit finissent de convaincre le public de se détourner du rugby.

 

La finale contre des Sud-Africains gorgés aux hormones commence par un terrifiant nouveau haka qui se conclue par l’égorgement avec les dents d’une antilope vivante par Aaron Smith avant que ses coéquipiers n’en boivent tour à tour le sang encore chaud, à même la jugulaire encore frémissante de l’animal.

 

Horrifiés, les Boks déclarent forfaits, Eben Etzebeth devient végétarien et un fervent militant de la cause animale alors que la Nouvelle-Zélande est sacrée championne du monde pour la 4ème fois de son histoire.

 

Ian Foster est nommé Premier Ministre.

 
 

Le scénario catastrophe :

Malgré un haka de fort belle facture, les Néo-Zélandais s’inclinent lors du match inaugural face aux Français. Les victoires, faciles et probantes, contre les autres équipes de la poule ne permettent toutefois pas aux Blacks d’échapper à l’inéluctable destin qui semble les voir condamnés à la seconde place et ainsi prendre des Sud-Africains caracolant en tête de la poule B. L’ensemble du pays se jette avec angoisse dans les barbituriques et les leçons de piano.

 

Les frères Barrett, euchites (une hérésie chrétienne du début du 3ème siècle) en quête de pureté spirituelle, décident de se consacrer uniquement à l’acte pieux en priant pour atteindre leur salut éternel. Ils se retirent de la compétition, de la société et lancent un véritable mouvement dans le pays.

 

Avec l’accélération du réchauffement climatique dans l’hémisphère sud, la Nouvelle-Zélande voit l’intégralité de ses villes côtières disparaître suite à la montée des eaux dès le 12 Octobre. Enfin c’est ce qu’annoncent les télévisions néo-zélandaises, provoquant le forfait de l’équipe pour son quart et son retour au pays pour aider les sauveteurs.

 

Quelle n’est pas notre surprise lorsqu’on apprend qu’il s’agit d’un canular d’agit prop mené par un groupe d’activistes écologiques locaux visant à réveiller les consciences quant au péril écologique.

 

La réaction de la Fédération néo-zélandaise se révèle lapidaire : ‘Bon, ben tant pis. À la prochaine.’

 

L’Afrique du Sud remporte la Coupe du monde.