Présentation Coupe du monde 2023 : L’Écosse

Le talent méconnu de Guilhem Guirado.

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

Les Samoa 

 

L’Écosse

 

Notation :

50m : ++

40m : +++

22m : +++++

En-but : –

 

L’emblème : Le chardon

 

D’après une légende qui doit être aussi véridique que les anecdotes de troisième mi-temps de Denis Charvet, des envahisseurs vikings qui préparaient une attaque sournoise n’auraient pu retenir leurs cris de douleur lorsqu’ils marchèrent sur des chardons, une plante qu’on trouve en abondance en Écosse. Le bruit aurait alerté les locaux, qui furent alors en mesure de repousser l’attaque.

Au 21e siècle, le logo de l’Écosse pourrait donc être remplacé par un Lego.

 

Le saviez-vous ? En fait le chardon c’est plutôt joli, perso j’imaginais un espèce de chou-fleur avec des épines.

 

L’équipe :

 

Si l”Écosse fut une nation majeure du rugby durant des décennies, elle a perdu beaucoup de son prestige avec l’avènement du professionnalisme : quand on n’a pas de quoi se payer un slip, difficile de rivaliser avec les plus gros richous de l’Ovalie. A partir de 1995, cette sélection n’a donc plus existé que dans un seul but : battre l’Angleterre afin de l’empêcher de faire le Grand Chelem dans le Tournoi. Mais depuis 2019, les Anglais sont devenus nuls et perdent quasiment contre tout le monde, ce qui prive le peuple écossais de sa plus grande joie. Un peu comme quand vos frères et soeurs vous piquent le doudou que vous aimiez tant martyriser.

 

Las, le XV du Chardon essaye donc désormais de gagner contre d’autres équipes. Cela marche de temps en temps, ce qui ne manque pas de déclencher des vagues d’enthousiasmes chez les amateurs de rugby de tous horizons, les Écossais bénéficiant d’un style de jeu attrayant et d’une aura sympathique qui leur permet d’être ton équipe préférée juste après ton équipe préférée. « Flower of Scotland, les frissons !! » « Et si c’était l’année de l’Écosse ? », entend-on chaque année au début du mois février. En général, quelques heures après que cette phrase soit prononcée, les Scots s’inclinent piteusement contre le pays de Galles sur un essai tout moche de Josh Adams.

 

Lors du Mondial, les Écossais risquent encore de décevoir, puisqu’ils figurent dans une poule très relevée avec l’Irlande (qu’ils n’ont plus battue depuis 6 ans) et l’Afrique du Sud (qu’ils n’ont plus battue depuis 13 ans). Mais, à l’heure où le XV de France a perdu toute notion de romantisme pour devenir une machine à gagner, le Chardon pourrait bien récupérer le flambeau de l’équipe totalement imprévisible, capable de battre n’importe qui, et de perdre contre n’importe qui.

 

Les plus français des Britanniques, assurémment.

 

Le joueur à suivre :

Quand on dit Écosse, on pense toute de suite à Finn Russell ou à des ailiers sud-africains avec 68cm de tour de bras. Mais la force du rugby écossais, ça reste la truanderie dans les rucks et pour ça, le XV du Chardon pourra compter sur l’émblématiquee Hamish Watson. Ainsi que sur son clone : Rory Darge. Agé de 23 ans, Rory avait signé des débuts internationaux très remarqués en 2022, avant de connaitre quelques blessures. Le voici de retour et visiblement le staff compte sur lui, puisqu’il a été nommé capitaine pour le premier match de préparation contre l’Italie. Avec Jamie Ritchie le roi des fouille-merde, Josh Bayliss ou Matt Fagerson, Gregor Townsend pourra compter sur une belle troisième ligne de pénibles, comme disent les consultants pénibles.

 

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Jamie Ritchie a néanmoins un défaut : il fume en cachette.

 

Derrière, on peut citer la paire de centres Sione Tuipulotu – Huw Jones, qui a convaincu lors du dernier Tournoi des 6 Nations. Au milieu des bodybuilders aryens, le petit gabarit Darcy Graham pourrait se faire une place – le Kolbe en kilt (alors que Cheslin, lui, est en kit) a en tout cas signé son retour avec un doublé contre les Italiens. Comme ça, ça parait pas fou, mais quand on est écossais, réussir à rentrer dans un en-but reste toujours un petit exploit.

 

Des bons petits joueurs qui auront sans doute du mal à faire oublier Stuart Hogg, la star du rugby écossais qui a décidé de prendre sa retraite avant de finir en chaise roulante. Blair Kinghorn devrait récupérer le maillot du n°15, mais si vous voulez la jouer hipster, vous pouvez parier sur l’éclosion d’Ollie Smith, qui sort d’une belle saison avec Glasgow, malgré l’absence de BigFlo à ses côtés.

 

Le calendrier :

 

Contre l’Afrique du Sud à Marseille, le dimanche 10 septembre à 17h45.

Contre les Tonga à Nice, le dimanche 24 septembre à 17h45.

Contre la Roumanie à Lille, le samedi 30 septembre à 21h.

Contre l’Irlande à Saint-Denis, le samedi 7 octobre à 21h.

 

Le scénario idéal :

 

Nouveau capitaine de sa sélection et galvanisé par sa nouvelle responsabilité, Finn Russell est dans un bon jour. Porté par le talent de son fantasque grandisse, les Écossais réussissent l’exploit face à des Springboks qui les ont pris de haut lors de leur du premier match de poule. Malgré cet exploit, le Chardon peine à garder le momentum et se montre bien plus fébrile pour battre le Tonga et la Roumanie. Puis lors du choc face à l’Irlande, ils se font rouler dessus par l’infernale machine verte.

 

Grâce au goal average particulier, les mangeurs de haggis accèdent malgré tout aux quarts, où ils tombent sur la route du pays organisateur. Brillants vainqueurs des All Blacks en match d’ouverture, portés par un peuple qui se passionne enfin pour l’ovalie, les Bleus sont ultra-favoris. Mais Finn Russell n’est pas dans un bon jour… il est dans un très grand jour. Pour la première fois dans un match à élimination directe disputé sur le sol français, l’ancien Racingman est bon. Partageant sans limite ses richesses avec ses coéquipiers, on peut même dire que Finn ruisselle. Le demi d’ouverture offre deux essais à Van der Merwe, puis claque un drop décisif à la 80e. Les Bleus sont éliminés, et le grand public se désintéresse immédiatement du rugby pour suivre le nouvel épisode du feuilleton Mbappé, qui vient de marquer 11 buts en un match avec l’équipe réserve du PSG.

 

En demi-finale, tous les amateurs de rugby du monde poussent derrière l’Écossse, qui retrouve son éternel rival anglais, comme en 1991. Hélas, Finn Russell n’est pas dans un grand jour. Il est dans un très mauvais jour. Intercepté à trois reprises lors du match, il envoie le XV de la Rose disputer sa deuxième finale de Coupe du monde consécutive. Preuve que ce joueur est décidément capable de tous les exploits.

 

Le scénario catastrophe :

 

Finn Russell est dans un mauvais jour. Pire, dans une mauvaise passe. Pour sa dernière Coupe du monde, le demi d’ouverture s’est investi comme rarement, notamment dans la préparation physique. Il a arrêté l’alcool et a adopté un mode de vie d’ascète. Métamorphosé, c’est désormais un Apollon doté d’un six pack qui mène le jeu du XV du Chardon. Mais le mental ne suit pas : le Grandisse ne se reconnait plus dans ce corps d’athlète qui ne semble pas lui appartenir. Malheureux, il traine son spleen sur les terrains, totalement dépourvu d’inspiration : on croirait voir jouer Damien Traille. Appliquée mais sans génie, l’Ecosse perd avec les honneurs contre les Boks et l’Irlande puis quitte la compétition dans l’anonymat. Finn Russel trouve le réconfort dans la picole et la malbouffe, ce qui lui permet de signer une excellente saison avec Bath, qui remporte la Champions Cup en battant le Racing 92 en finale.

 

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Un problème, Robert Carignan ?

 

Présentation Coupe du monde 2023 : Le Portugal

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

Fiches déjà publiées :

Le Chili

 

 

Le Portugal

 

Notation :

Plan B : ++

Point P : + + +

Équipe de France Z : ++++

 

L’emblème :

Si le chien d’eau portugais ou Julien Bardy faisaient figure de candidats idéaux, la sélection portugaise a opté pour un emblème beaucoup moins mignon : le loup. Pas super original pour une équipe sportive, me direz-vous. Mais il faut savoir que le Loup ibérique (Canis lupus signatus), anciennement appelé Loup d’Espagne, est une sous-espèce du loup gris endémique de la péninsule ibérique, autrefois très abondante. Sa population actuelle au niveau de la péninsule avoisine les 2 500 individus, dont environ 300 pour le nord du Portugal. Oui c’est totalement un copier-coller de Wikipédia, tu vas faire quoi ?

 

Il ne manque qu’une pleine lune et une Harley et c’est un t-shirt de Johnny.

 

 

 

L’équipe du Portugal :

On le sait, de liens étroits unissent la France et le Portugal, qui possède une importante communauté sur notre territoire. Les Lusitaniens se sentent d’ailleurs tellement bien chez nous qu’ils ont décidé qu’ils ne disputeraient la Coupe du monde de rugby à la seule condition qu’elle se déroule dans l’hexagone. Ainsi, après 2007, les Lobos vont participer à leur deuxième Mondial cette année.

 

Un amour de la France bien compréhensible puisqu’au sein de l’effectif des Lobos, on compte 18 joueurs évoluant en Pro D2 et dans les échelons inférieurs. Plusieurs joueurs français d’origine portugaise sont venus renforcer cette sélection, comme Mike Tadjer, Steevy Cerqueira ou Samuel Marquès, des grands baroudeurs du rugby français. Rappelons au passage que Marquès a eu l’honneur d’être le demi de mêlée du Stade Toulousain durant une saison, aux côtés de Jean-Marc Doussain et Sébastien Bézy. Supporters Rouge et Noir, j’espère que vous mesurez bien la chance que vous avez aujourd’hui.

 

On se moque un peu, mais ce bon vieux Samuel a joué un rôle crucial dans l’épopée portugaise. Initialement éliminés, les Portugais ont profité de la traditionnelle phobie administrative espagnole pour disputer un tournoi de repêchage à Dubaï, contre les USA, Hong Kong et le Kenya (il est pas beau, notre rugby mondialisé ?). Lors du dernier match contre les Eagles, les Portugais ont bien cru avoir laissé filé leur chance après un drop de l’ouvreur Jeronimo Portela sur le poteau. Heureusement pour eux, Marquès rattrapera le coup en convertissant la pénalité de la qualification sur la sirène.

 

 

 

Si l’effectif portugais possède un fort accent français, en tribunes, on retrouve également un visage bien connu : celui de Patrice Lagisquet. Ébranlé par son expérience traumatisante avec le XV de France, Lagisquet a connu un parcours digne d’un héros de shōnen : le retour à 0 en sixième division avec Saint-Pée-sur-Nivelle, avant de renaître de ses cendres en prenant la tête de la sélection portugaise.

 

Outre la qualification pour le Mondial, l’ancien entraîneur de Biarritz a récemment mené son équipe à la deuxième place du « Tournoi B », où les Lobos ont été battus en finale par les invincibles géorgiens. L’été dernier, ils sont également passés tout près d’un exploit contre l’Italie, ne s’inclinant que 38 à 31, après un essai de pénalité à la dernière minute. A quand le Portugal dans le Tournoi des Six Nations ???

 

 

Niveau jeu, contre toute attente et toute logique, “Lasgique” semble avoir plus de facilité à mettre ses ambitions en marche avec l’effectif portugais qu’avec celui du XV de France 2012-2015. En effet, les Lusitaniens sont plutôt réputés pour le jeu de vitesse et de mouvement. Comme quoi, c’est peut-être plus facile de jouer au rugby sans une paire de centres Dumoulin-Fofana. Au niveau du pack, c’est un peu plus faible, mais on peut compter sur les Portugais pour ne pas négliger l’importance des fondations.

 

 

Le joueur à suivre : Rodrigo Marta

À 23 ans, il est déjà un des plus grands joueurs de l’histoire du rugby portugais. Avec 25 essais en l’espace de 30 sélections, Rodrigo de Bivar Weinholtz Cardoso Marta est en tout cas d’ores et déjà le meilleur marqueur de l’histoire des Lobos. Cette saison, il a également enchaîné les essais avec Dax (15 essais en 17 matchs) et a été élu joueur de l’année en Nationale. Des statistiques épatantes qui lui ont ouvert les portes de la Pro D2 et du club de Colomiers, où il rejoindra un de ses compatriotes évoluant lui aussi à l’aile, Vincent Pinto.

 

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Notons qu’il peut également évoluer au centre, comme on le voit sur ce GIF où mystérieusement, il évolue avec le maillot de l’Irlande.

 

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Au Portugal, on aime décidément bien envoyer la balle sur les extérieurs, et il faudra également se méfier d’une autre flèche, Raffaele Storti. Prêté à Béziers par le Stade Français, le natif de Lisbonne a claqué 10 essais cette saison en ProD2. Certes, il y avait un triplé contre Montauban, mais il paraît que ça compte quand même. On lui souhaite le meilleur, et notamment de ne jamais revenir au Stade Français, où tous les postes d’ailiers sont occupés en même temps par Sekou Macalou.

 

Le saviez-vous ?

Julien Bardy est désormais vice-président de la Fédération Portugaise. Après Serge Simon, il faut croire qu’il s’agit d’un poste réservé aux plus grands poètes.

 

Calendrier :

 

– contre le Pays de Galles, le samedi 16 septembre à Nice (17h45)

– contre la Géorgie, le samedi 23 septembre à Toulouse (14h)

– contre l’Australie, le dimanche 1er octobre à Saint-Etienne (17h45)

– contre les Fidji, le dimanche 8 octobre à Toulouse (21h)

 

Le scénario idéal pour le Portugal :

 

Après une préparation physique intense, centrée sur la musculation et les wattbikes (on ne se refait pas…) Pinto, Marta et Storti sont tous gravement blessés, privant les Lobos de leurs redoutables finisseurs. En désespoir de cause, Patrice Lagisquet décide alors d’appeler Yoann Huget, qu’il estime éligible au motif de « vous avez vu sa gueule ? ».

Ce qui n’aurait dû être qu’un plan de secours s’avère être un plan de maître : en bel homme qu’il est, Huget a continué à s’entretenir et n’a rien perdu de sa vélocité et de sa hargne sur le terrain. Désormais analyste sur Canal +, il a pris du recul et sent tous les bons coups. Sur le terrain, il enchaîne les interceptions. L’ancien toulousain marque à chaque match et permet aux Portugais de créer l’exploit contre l’Australie, le Pays de Galles et les Fidji. Ils ne butent que contre leurs rivaux géorgiens lors du Babylissico.

Les Lobos voient néanmoins leur qualification annulée administrativement après qu’il ait été établi que « des origines brésiliennes, c’est pas tout à fait pareil quand même », ce qui invalide la sélection d’Huget. Les Lusitaniens ne verront pas les quarts, mais Patrice Lagisquet devient tout de même une star pour la communauté portugaise en France : il est nommé entraîneur du club de rugby de Créteil – Choisy RC et possède désormais une statue devant le centre commercial Bel-Epine.

 

Le scénario catastrophe pour le Portugal :

 

Le Portugal se qualifie contre toute attente pour la finale de la Coupe du monde. A Saint-Denis, les Lobos retrouvent la France, grande favorite. Hélas, le rêve bleu se brise en prolongations, lorsque Eder claque un drop victorieux de 40 mètres.

[Compte rendu] France – Irlande, finale des Championnats du monde U20

Le triplé est possible.

 

Le contexte :

 

Après quatre ans d’absence en raison du COVID (vous vous souvenez ? Ça parait si loin, comme la présidence de Bernard Laporte à la FFR…) le championnat du monde des -20 ans fait son grand retour cet été. L’équipe de France reste sur deux titres consécutifs, en 2018 et 2019. Et visiblement, l’encadrement des Bleuets n’a pas eu de mal pour trouver des successeurs à la hauteur des Romain Ntamack, Louis Carbonel et autres Arthur Vincent.

 

C’est bien simple, depuis leur arrivée en Afrique du Sud, les jeunes français ont roulé sur la concurrence comme les motards de la Brav-M roulent sur des manifestants un peu trop bronzés. 75 points contre le Japon, 35 contre les Baby Blacks, 43 contre le Pays de Galles… et pour le plaisir, un beau 52 à 31 infligé aux Anglais en demi-finale, au terme d’un match un peu foufou qui a vu les hommes de Sébastien Calvet remonter un écart de 17 points en début de match.

 

Le triplé est-il possible ? Pour répondre à cette question, les Bleuets doivent encore se débarrasser de l’Irlande en finale. Une Irlande qui les a battus lors de la dernière édition du Tournoi des Six Nations, et qui peut compter sur celui qu’on annonce comme la future star du rugby mondial : le demi d’ouverture Sam Prendergast, une sorte de regen de Jonathan Sexton. Comme lui, il possède cette dégaine d’autruche finie à la Guinness. Comme lui, il joue principalement en marchant. Comme lui, il a la tête de quelqu’un qui peut bouder pendant deux semaines s’il perd une partie de Uno.

 

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1m94, des grands bras maigres, le Pierre Neirynck irlandais ! (en moche).

 

 

Mais les Français ne manquent pas d’arguments non plus, avec de nombreux joueurs déjà habitués aux dures luttes du Top 14 comme Posolo Tuilagi, Hugo Reus, Nicolas Depoortère ou Baptiste Jauneau et son casque rose délavé qui lui donne un belle tête de gland. Mais surtout, les Bleuets peuvent compter sur une troisième ligne exceptionnelle Oscar Jégou, Lenni Nouchi et Marko Gazzotti, aussi imaginatifs sur un terrain que ne l’étaient leur parents quand il a fallu choisir un prénom à la maternité.

 

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Les fils de, ça marche quand même vachement mieux dans le rugby que dans le cinéma français.

 

Notons enfin que cette finale se déroule un 14 juillet, ce qui peut être mauvais signe, sachant que sur le Tour de France, on annonce toujours un français vainqueur d’étape lors de la fête nationale, pour qu’au final Nans Peters signe une 33e place.

 

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Méfions-nous également de Padraig O’Loughlin et de Diarmuid Murphy ! (oui je viens d’inventer ces noms, mais si ça se trouve ils existent vraiment).

 

La compo :

Merci à Bastien Joseph de Bad Bitch Bastoufle Inc. pour cette compo.

 

Le résumé du match :

 

Si vous vous posiez la question « tiens, je me demande comment joue l’Irlande en U20? » la réponse vous est apportée au bout de deux minutes de jeu : exactement comme les vieux. Dès le coup d’envoi, les Verts se lancent dans ces séquences à 120 temps de jeu qui vous ont tant de fois aidé à faire la sieste les samedi après-midi de Six Nations. Endormis, les Français le sont aussi un peu, à l’image de Posolo Tuilagi. Dans le remake d’un combat opposant un hobbit et un troll des cavernes, le demi de mêlée irlandais Gunne joue rapidement une pénalité devant sa ligne, et profite de la passivité du Perpignanais pour aller inscrire un essai entre ses jambes. 0-7.

 

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S’introduire entre les jambes de quelqu’un sans son consentement : les Irlandais ont opté pour le plan de jeu Paddy Jackson.

 

Même pas trois minutes de jeu, et déjà un essai. Même pas trois minutes de jeu, et le Jean-Michel Ckelchaine, cette espèce nuisible dont la population va probablement tripler en septembre, lance déjà : « Il a rampé ! Avec les Irlandais on a l’habitude, arbitrage à sens unique……. ». Bref, ça part mal. Mais les Français réagissent rapidement avec belle offensive. Depoortère pénètre dans l’en-but adverse, sans parvenir à aplatir au milieu d’une forêt de jambes, de bras et d’oreilles décollées. Pas de panique, car c’est un autre centre français qui va briller. Paul Costes, fils d’Arnaud mais sosie de Percy Montgomery, nous fait une grosse course en travers à la Maxime Médard. Heureusement, il ne s’agit pas de son unique inspiration rugbystique, puisqu’il nous offre ensuite un aufelode à la Sonnybi Williams.

 

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Décalé sur l’aile, Drouet fait un tout drouet, résiste à un plaquage et trouve Jauneau au soutien. Celui qui incarne la seule raison d’avoir encore de l’espoir quand on est supporter clermontois conclut parfaitement le mouvement en servant Ferté pour l’essai.

 

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Je ne sais pas comment vous qualifieriez cet essai, mais personnellement je pense que les termes de « dinguerie », voire un « banger absolu » ne seraient pas usurpés. 7-7. Ça va mieux pour les Baby Blue (ouais j’essaye de trouver un surnom cool mais là on dirait le titre d’une chanson d’Alain Bashung) qui réalisent quelques actions intéressantes. Hélas, des maladresses viennent ternir le tableau. Reus profite tout de même d’une pénalité pour donner pour la première fois l’avantage à son équipe, 10-7.

 

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Ça tente des combinaisons de Rugby 08 sans aucun complexe.

 

Les deux équipes se rendent coup pour coup lors de cette entame de match disputée sur un gros tempo. Probablement vexé par leur première rencontre, Tuilagi tente d’emporter le demi de mêlée irlandais comme un sac Deliveroo pour l’emmener dans sa tanière et le dévorer. Sans succès, puisqu’il est pénalisé. On note d’ailleurs que l’ogre catalan ne réalise pas son meilleur match du tournoi avec pas mal de fautes et d’en-avant. Mais après tout, faire des grands tout droit et exploser le ballon à l’impact, c’est la plus belle façon de rendre hommage à son père Henry.

 

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Les Irlandais répondent présents dans le combat eux aussi, notamment dans le secteur de la mêlée où ils glanent quelques pénalités. Une pénaltouche plus tard, et les Verts plantent de nouveau la Quechua dans les 22 français. Après une interminable séance de pilonnage, Devine parvient à dunker le ballon dans l’en-but. D’après Jean-Michel, il n’y a pas essai, mais ça fait tout de même 10-14.

 

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– Qui a marqué ?
– Devine.
– Bah je sais pas, j’ai pas vu le match.
– Non, mais je t’ai dit : Devine.
– MAIS J’EN SAIS RIEN PUTAIN ! TU PEUX PAS ME LE DIRE SIMPLEMENT ?

 

 

La réplique française est immédiate. Les jeunes rouquins se trouent sur le renvoi, ce qui permet aux Bleuets de récupérer le ballon pour une action copier-coller de celle à laquelle on vient d’assister de l’autre côté du terrain. Et après quelques assauts, c’est le pilier Lino Julien qui va aplatir en force. Je vous partage cette photo du compte Twitter de France Rugby et vous laisse constater que ce pilier semble être le fruit d’un gang bang entre André le Géant, Arnold Schwarzenegger et Camille Chat. Avec des bestioles comme ça, même les Sud-Africains auront peur de nous dans quelques années. 14-17.

 

 

Les Français semblent désormais avoir nettement pris le dessus sur l’aspect bagarre. Le XV du petit trèfle subit les impacts et multiplie les fautes. Paddy McCarthy (« Pierre Dupont » en irlandais) écope logiquement d’un carton jaune, et Jegou va enfoncer le clou avec un nouvel essai en force. Hélas, celui-ci est invalidé après arbitrage vidéo, en raison d’une obstruction de Tuilagi (et d’un complot mondial contre la France selon Jean-Mi). Ça ne fait donc que trois petits points d’avance à la pause. On assiste à un très beau match entre deux belles équipes, ça va probablement être très serré jusqu’à la fin !

 

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Pour notre public amateur de coquetterie, voici un GIF de l’arbitre du match.

 

Après un Facetime dégueulasse avec Samuel Cherouk (c’est la chaîne l’Equipe, on va quand même pas payer un billet d’avion à Benoit Cosset, il serait capable de rater une correspondance), la seconde période débute. De la même manière qu’elle a terminé. Les Bleuets punissent leurs adversaires physiquement, obtiennent une pénaltouche et partent sur un ballon porté. Alors oui, le premier essai était magnifique, mais maintenant on est passés en mode La Wochelle, soit le pire cauchemar des Irlandais. Ça paye : Jouvin marque le quatrième essai, et le break est fait. 24-14 après la transformation de Reus, qui ne rate jamais un coup de pied en finale, ce qui en l’occurrence, tranche un peu avec l’identité maritime.

 

Le carton jaune irlandais fait décidément très mal. Après un coup de pied de pression de Reus dans le fond du terrain, Marko Gazotti se transforme en Usain Bolt et réussit à chiper le ballon dans les 22 mètres. On écarte, puis Depoortère va inscrire l’essai, pas vraiment gêné par la piètre tentative de plaquage du Ed Sheeran de Wish qui sert d’arrière aux Irlandais. 31-14.

 

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Déjà très bon avec l’UBB, Depoortère démontre que son talent s’exprime sans frontières.

 

On pensait qu’on allait à assister à une deuxième période dantesque, mais au final, on se retrouve devant un entraînement en opposition contre des U16. Les habitants du paradis fiscal favori des GAFA tentent de se rebeller, et ils parviennent parfois à tenir le ballon sur de longues séquences. Mais ça n’avance pas vraiment et en face, on finit toujours par récupérer le ballon sans trembler. En confiance, les Bleuets se permettent même quelques fantaisies, à l’image de Paul Costes qui après avoir imité Sonny Bill, nous offre la spéciale Jalibert : le petit par-dessus la défense.

 

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Sauf que lui, il réussit à récupérer le ballon.

 

Ça devient trop facile pour les Français, qui passent en mode beach rugby et enchaînent les aufelodes. Parfois, ça tombe par terre, mais c’est pas très grave, on continue de jouer. Après une action au large, Ferté hérite du ballon et va marquer son doublé après avoir renversé un irlandais. Ferté qui fait 1m71 pour 77 kilos et qui plante un essai comme un gros bourrin, décidément, on joue en mode facile.

 

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La marche des Ferté.

 

36-14, ça devient un peu humiliant. Alors que la décence imposerait à quiconque de lever le pied, les Français tiennent à tenir leur moyenne de 50 pions par match. Jegou chipe un ballon dans un ruck et s’échappe, avant de transmettre à Nouchi lancé grand champ. Le capitaine accélère, puis freine un peu, lève la tête, cherche du soutien…. puis il finit par se dire « allez fuck, j’y vais tout seul, on marque pas tous les jours un essai de 60 mètres en finale de Coupe du monde ». Le joueur du MHR efface Pendergast avec aisance : sur le coup, on lui a trouvé plus de similitudes avec Ronan O’Gara.  43-16.

 

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J’adore les Nouchi.

 

Pour le plaisir, les Français terminent ce feu d’artifice (RAPPORT À LA DATE) avec un ultime essai de Drouet, juste pour le plaisir de faire exploser notre serveur avec un énième GIF.

 

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On met pas la fin de l’action par pitié pour notre serveur

 

Score final, 50-14, et troisième titre consécutif pour les Zuvins. À quelques semaines d’une Coupe du monde à domicile, le rugby français ne s’est jamais aussi bien porté, et on se dit qu’admirer tous ces talents n’est qu’une juste récompense pour nous, amoureux du ballon ovale qui n’avons pas quitté le navire pour devenir fan de handball ou de biathlon après les années sombres 2012-2019. Le meilleur reste peut-être encore à venir, et du côté de la Boucherie, on se demande si on ne ferait pas mieux de fermer la boutique, car ça risque d’être sacrément difficile de se foutre la gueule de ces joueurs-là dans quelques années.

 

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Traduction : achetez notre livre, c’est sûrement le dernier !

 

Présentation Coupe du monde 2023 : Le Chili

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Le Chili

 

Notation :

Romantisme : +++
Valeurs : ++++++
Héritage :  ?
Con carne : – – – – (ça vient du Texas on vous dit)

 

L’emblème :

L’emblème de l’équipe du Chili est le condor., parce que l’aigle, c’était un peu connoté.

Dotée d’un budget limité, on peut supposer que la Fédération de rugby chilienne n’a pas investi massivement sur le graphisme, comme le prouvent ces deux anciens logos.

 

crédits : https://chile.rugby

 

L’équipe :

Pendant des années, le fan de rugby hipster se trimballait avec un maillot de l’Argentine, lançait des grands Vamos ! et vous saoulait en vous expliquant ce que c’est que La Bajadita alors que lui-même n’était pas sûr d’avoir bien compris. Grande nouveauté, en 2023, il sera supporter du Chili !

 

En effet, Los Condores ont le profil idéal pour récupérer le statut de l’équipe frisson, pleine de panache et de grinta, d’autant plus que la réputation des Pumas a été écornée ces dernières années. Précisons toutefois qu’au Chili comme en Argentine, le rugby est un sport réservé à une certaine élite, ce qui peut en mettre un coup à l’image romantique des petits poucets.

 

Dans l’ombre de son voisin depuis des décennies, jamais qualifié pour une Coupe du monde au contraire de l’Uruguay, le Chili semble sortir un peu de nulle part au plus haut niveau. Mais le rugby est en nette progression depuis l’intégration en 2019 d’un club basé à Santiago, Selknam, au Súper Rugby Américas, championnat professionnel où l’on retrouve des noms d’équipes rigolos comme le Dogos XV ou les American Raptors. L’année dernière, les Condors ont d’ailleurs choqué le monde en décrochant leur qualification au Mondial contre les USA, au terme d’une double confrontation épique: battus 22 à 21 à Santiago sous des trombes d’eau, puis menés 19 à 0 lors du match retour dans le Colorado, les Condors l’ont finalement emporté 31 à 29 pour décrocher leur billet pour la France. Dire que des gens n’ont pas vu ces matchs et préfèrent regarder Clermont tous les week-ends…

 

 

 

Le sélectionneur chilien est un visage bien connu en France : l’Uruguayen Pablo Lemoine, ancien pilier du Stade Français, qui avait également emmené les Teros à la Coupe du monde 2015. Selon Lemoine, l’équipe chilienne possède un niveau « équivalent au top niveau de la Nationale ou au ventre-mou de la ProD2 » ce qui lui assure donc déjà d’être l’équipe favorite de Cécile Grès. Notons que beaucoup de joueurs viennent également du rugby à 7, ce qui se sent sur le terrain avec un style de jeu tourné vers l’offensive.

 

Placés au sein d’une poule assez ouverte, les Chiliens auront peut-être l’opportunité de briller autrement que dans un rôle de punching bag. Et le choc contre les Pumas à la Beaujoire s’annonce aussi bouillant qu’un derby basque.  Littéralement, puisque si 10% de la population argentine actuelle est issue de la diaspora basque, le chiffre monte à 21% au Chili. La célèbre « bataille de Nantes » aura donc possiblement le droit à son remake à la Netflix : avec des latinos pour la diversité, et une violence édulcorée pour ne pas effrayer le grand public.

 

Et non, ce n’est pas le délégué CGT de votre boîte, c’est bien Pablo Lemoine en 2022 !

 

 

Le joueur à suivre : Rodrigo Fernandez

Vous ne connaissez peut-être pas son nom, mais vous avez déjà certainement vu cet essai, élu le plus beau de l’année 2022 par World Rugby. Un essai qui ne reflète pas vraiment la qualité du jeu de mouvement collectif chilien, mais on ne va pas bouder son plaisir devant une action où un gars décide subitement qu’il va éliminer les 15 joueurs de l’équipe adverses un à un.

 

 

Après avoir touché ses premiers ballons au sein d’une prestigieuse école privée britannique de Santiago (vous préférez peut-être ne pas savoir ce que ses parents faisaient entre 1973 et 1990) ce demi d’ouverture ou arrière évolue avec le club de Selknam et avec l’équipe du rugby à 7 chilienne depuis 2017. Attaquant racé, doté d’appuis déroutants et d’une belle pointe de vitesse, il a tout pour devenir le Juan-Martin Hernandez des années 2020. On ne serait d’ailleurs pas surpris de le voir débarquer en France, où les frères Ramon et Iñaki Ayarza (Soyaux-Angoulême) sont pour les moments les seuls représentants de leur pays. On en profite pour avoir une petite pensée pour Sergio Valdes et Pablo Huete, qui ont écumé les pires clubs de Pro D2 tout au long de leur carrière, prouvant ainsi la grande solidité mentale des rugbymens chiliens.

 

 

Le saviez-vous ?

Au Chili, quand on parle d’hélicoptère, la première chose qui vient à l’esprit n’est pas forcément un sympathique spectacle de 3e mi-temps.

 

Le calendrier :

 
– contre le Japon, le dimanche 10 septembre à Toulouse (13h)
– contre les Samoa, le samedi 16 septembre à Bordeaux (15h)
– contre l’Angleterre, le samedi 23 septembre à Lille (17h45)
– contre l’Argentine, le samedi 30 septembre à Nantes (15h)

 

Le scénario idéal :

Le Chili débute son mondial par une courte défaite contre le Japon, au terme d’un match ouvert et spectaculaire qui régale le public connaisseur du Stadium. Un baptême de feu prometteur qui donne confiance aux Condors pour la suite de la compétition : ils sont une nouvelle fois battus avec les honneurs contre les Samoas.

 

Après avoir assuré sa qualification en venant à bout de l’Argentine et du Japon lors de leurs deux premiers matchs, le XV de la Rose s’apprête à défier le Chili avec un équipe remaniée, qui a visiblement profité de son séjour dans le Nord pour organiser une dégustation de bières. Ivres et rougeauds, les Anglais errent sans but sur le terrain et ratent à peu près tout ce qu’ils tentent. En fin de match, après une passe hasardeuse de Winston Chestonwoggle (le 184e demi de mêlée inconnu qu’on tente d’imposer à la place de Ben Youngs) Rodrigo Fernandez réalise une interception de 80 mètres et va marquer l’essai de la victoire pour le Chili, qui signe le plus grand exploit de l’histoire du Mondial.

 

En plein momentoume, Los Condores terminent leur Coupe du monde sur un feu d’artifice, en venant à bout de leurs rivaux argentins au terme d’un derby très violent, où de nombreux joueurs seront expulsés, dont Tomas Lavanini et Marcos Kremer avant même le coup d’envoi du match, par mesure préventive. Mais quand on parle du Chili et de l’Argentine dans un stade, l’important, c’est surtout qu’aucun spectateur ne soit blessé.

 

Le scénario catastrophe :

Scandalisés par la récente accession au pouvoir de la gauche au Chili, les joueurs des Condors profitent de leur passage en France pour squatter les plateaux de CNews et dénoncer le wokisme et les bières sans alcool dans les stades. Leur implication dans la préparation du Mondial en pâtit, et c’est sans surprise qu’ils s’inclinent lourdement lors de leurs quatre matchs de poule. Après que plusieurs de ses anciens tweets douteux ont été déterrés, créant un petit scandale, Rodrigo Fernandez est licencié par la fédération chilienne. Dans la foulée, il s’engage avec le Biarritz Olympique.

Manifeste pour la fin du rugby professionnel

Ovale Masqué est de retour et vous offre sa vision d’un rugby idéal.

 

Cela fait presque deux mois que vous n’avez pas mis un seul orteil dans un stade de rugby. Deux mois que vous n’avez pas allumé votre écran pour regarder une rencontre de TOP 14 ou de PRO D2. Au début, vous craigniez le pire. Les fans de foot, eux, au moins, peuvent jouer à Fifa ou PES. Pour ceux qui préfèrent le ballon ovale, le sevrage est brutal, violent, sans choix de drogues de substitution : on a beau être désespéré, rien ne peut motiver quelqu’un à allumer sa console pour jouer à Rugby 20.

 

Pour vous, cette longue période sans rugby s’annonçait très dure. Mais au fil des jours, vous vous êtes surpris vous-même. Finalement, tout cela ne vous manque pas tant que ça. Oh, évidemment, partager une bonne bière avec des amis devant un match que vous regardez d’un œil, ça serait sympa. Mais les matchs en eux-mêmes ? En fait, on s’en passe assez bien.

 

Le triste spectacle des déclarations de présidents de clubs auquel on a eu le droit ces dernières semaines n’a probablement pas aidé. Mais vous vous êtes rapidement rendu compte que cette saison 2019-2010 vous n’en aviez rien à foutre de savoir si elle se terminerait ou pas. À quoi bon ?

 

Avez-vous vraiment envie de retrouver les journalistes de Canal et leur baratin de vendeurs de voitures d’occasion, qui cherchent à vous faire croire qu’un Castres – UBB est digne d’une affiche entre les Blacks et les Boks ? Les concours de bites virtuels sur les réseaux sociaux entre les pro-machins et les anti-bidules, toujours persuadés d’être victimes d’un infâme complot arbitral ? Les interviews d’après-matchs de joueurs lobotomisés qui répètent que « le groupe vit bien », qu’ils ont « mis les ingrédients », avant d’aller passer 1h à serrer les mains de connards endimanchés à la réception d’après-match ? Les posts Twitter et Instagram avec 77 hashtags pour remercier les sponsors, les partenaires et la fédé ? Non, on vit très bien sans.

 

Cette période d’abstinence nous a tous permis de prendre du recul par rapport à notre passion. Et peut-être que, comme moi, vous vous êtes dit que cette histoire de rugby professionnel, c’était un peu n’importe quoi. On s’est tous enflammés. La mode aura duré à peine plus longtemps que la Chabalmania ou le succès de la Boucherie Ovalie. Même s’il décroche de belles audiences de temps en temps – quand le Commissaire Magellan est en RTT – le rugby reste encore et toujours un sport qui intéresse 10 pays dans le monde. Et encore, uniquement certaines régions de ces 10 pays. World Rugby a beau mettre en avant le 7, changer les règles tous les lundis pour essayer de le rendre plus télégénique, le rugby ne sera jamais le football. Le fait est que la plupart des gens qui n’aiment pas le rugby sont trop cons pour le comprendre, et que la plupart des gens qui aiment le rugby sont trop cons pour comprendre qu’ils n’y comprennent rien.

 

« Le commissaire Magellan ne perd jamais. Mais parfois on le bat. » (Jean-Pierre Rives)

 

Certains dirigeants continuent d’y croire et fantasment désormais sur des Coupes du monde des clubs qui nous permettraient de voir le Stade Toulousain défier les Crusaders. Mais qui a vraiment envie de voir ça ? Sûrement pas le Gaulois de base, qui n’a jamais vibré que pour une chose : voir l’équipe de son village démonter les ploucs du bled voisin. Et le XV de France alors ? Oui, de temps en temps on a aussi envie de le supporter. Par exemple quand il s’agit de battre l’Angleterre. La haine de son voisin et de l’Étranger sera toujours un élément essentiel du sport.

Mais au final, est-ce qu’on ne s’en branle pas un peu de gagner la Coupe du monde, ce fameux trophée après lequel on court depuis plus de 30 ans ? Gagner le trophée Webb-Ellis, ça veut dire que tu as battu 2, maximum 3 équipes de classe mondiale au cours d’un tournoi qui a duré 6 mois. Le reste du temps, tu l’as passé à faire de la muscu et des courses d’orientation dans les bois avec le GIGN. En phase de poule, tu as violenté des semi-amateurs roumains et des Tongiens en obésité morbide qui jouent en Fédérale 3. Franchement, t’as plus de mérite si tu arrives à gagner un Scrabble contre ta belle-famille le dimanche. Au moins, tu joues que contre des gens qui savent lire et écrire, alors qu’à la Coupe du monde de rugby, il y a des équipes qui découvrent la forme du ballon en tapant le coup d’envoi.

 

Le Scrabble Club de Graulhet > Le XV de France

 

Pour toutes ces raisons et bien d’autres que je ne prendrais pas le temps de développer par flemme, je pense que le rugby professionnel et son ambition de développement mondial est une absurdité, une anomalie qui n’a que trop duré. Je milite donc pour sa fin. Déjà, le premier effet positif, c’est que ça va favoriser l’embauche. Bien sûr, tous les meilleurs joueurs auront désormais des emplois fictifs, comme à la belle époque – mais ça les statistiques elles s’en foutent. Il faut bien faire croire à la relance économique.

 

La deuxième conséquence bénéfique, c’est qu’on pourra tous devenir internationaux. Oui, tous ! Fini les piliers bodybuildés et qui courent le 100 mètres en 10 secondes, ceux-là on va les envoyer faire les Crossfit Games et ils arrêteront de nous faire complexer sur nos bides. On va enfin pouvoir réaffirmer que le rugby est le sport qui permet à tous les gabarits de jouer. Mais aussi à tous les alcooliques, à tous les débiles, à tous ceux qui ont la violence dans le sang, tous les fils spirituels de Richard Dourthe qui finiraient en prison si le ballon ovale ne se trouvait pas sur leur chemin de destruction. Tous ceux qu’on a laissés sur le bord de la route en tentant de civiliser ce sport seront de nouveau bienvenues dans la grande famille de l’ovalie. Car qui dit amateurisme, dit arbitrage de merde, et retour des règles du Far West sur tous les terrains de France. De toute façon, même quand les arbitres sont très bons, vous êtes incapables de le voir à cause de votre mauvaise foi. Là au moins, vous aurez une bonne raison de les insulter.

 

On pourra tous devenir internationaux et on pourra également tous devenir sélectionneurs. Tout le monde le sait, Fabien Galthié, si tu ne lui donnes pas minimum 35 000 euros par mois, il ne se lève pas le matin. Du coup, ce sera moi le prochain sélectionneur du XV de France. Un poste que j’occuperai bénévolement, car vous faire rire gratuitement et vivre dans la précarité la plus totale, c’est quelque chose que je fais déjà depuis 10 ans. Ma première mesure sera évidemment de sélectionner Lionel Beauxis, à vie. Parce que Lionel Beauxis, c’est le rugby : rien à foutre du score, rien à foutre du bon sens, rien à foutre de rien. Si je veux faire une chistera dans mon en-but, je la fais. Si je veux pas trouver la touche à la 81e parce que j’ai encore envie de jouer, je la trouve pas. Si j’ai envie qu’Oyonnax joue les phases finales du Top 14 ? Je le fais aussi, même si c’est absurde. Lionel est l’incarnation même de l’âme de ce sport et c’est pour cela que son destin est de mourir sur un terrain à 97 ans, lors de sa 327e sélection.

 

Crédits @OutOfBeauxis sur Twitter

 

Bien sûr, je suis bien conscient que ce retour à l’âge de pierre aura son revers de la médaille. J’entends souvent dire « le rugby, c’était mieux avant » et c’est bien évidemment faux. Ça fait trois semaines que Canal + rediffuse des vieilles finales et, comme moi, vous avez constaté que jusqu’en 2005, aucun joueur de rugby ne savait faire une passe vissée en France. Et alors ? Si vous voulez voir du rugby de très haut niveau, joué et récité à la perfection par des enfants-soldats programmés depuis leur naissance pour tout gagner, regardez les All Blacks. C’est beau, n’est-ce pas ? Oui, mais c’est très chiant aussi. Un essai de 80 mètres avec des redoublées, des croisées et des chisteras, au rugby amateur, c’est comme une rose qui pousse dans un tas de merde : ça n’arrive quasiment jamais, et quand c’est le cas c’est sublime. Alors que chez les Blacks, c’est juste un samedi comme les autres. Laissons ces gens jouer du Mozart entre eux sur leur île, tandis que nous, chaque dimanche, nous composerons fièrement du Jul.

 

Je le sais, je suis un doux rêveur. D’ailleurs, je rêve probablement déjà en imaginant que vous avez réussi à lire ce texte jusqu’à ce point. Mon rêve d’un rugby redevenu complètement amateur ne se réalisera certainement pas, quelle que soit l’ampleur de la crise que nous traversons. Une fois qu’on aura passé les cadavres à l’incinérateur et que tout le monde se sera bien lavé les mains, tout redeviendra comme avant. Quelques clubs tomberont en faillite et disparaitront, mais les plus riches seront toujours là, et les plus riches décident. Jacky, Laurent, Mohed, Hans et les autres réfléchiront de nouveau à un moyen de recruter Beauden Barrett en niquant le salary cap. Clermont reperdra des finales. Wesley Fofana se re-blessera. Le XV de France sera prometteur, puis décevant, puis surprenant, puis désespérant. Bernard Laporte sera réélu. Serge Simon sera médecin.

 

Mais tant pis. Moi je continuerai à rêver dans mon coin, à rêver de ce rugby pur, sans argent, sans fausses valeurs, sans eau chaude sous la douche. Ce rugby où chaque terrain de France serait transformé en tournage de Mad Max Fury Road.

 

Bon en fait, ce rugby existe probablement déjà quelque part. Mais j’ai pas envie d’aller vivre dans le Var.

Boucherie Ovalie présente… Ciné Club Sandwich

Un sandwich avec un bon steak qui vient de la Boucherie.

 

 

Vous avez vraiment cru qu’on avait écrit un nouvel article pour le site, hein ? Raté.

 

Pour les commentateurs de canapé comme pour les joueurs, l’enchaînement des saisons devient de plus en plus compliqué, et plutôt que de sombrer dans une caricature de nous-même, tel un Yoann Huget tentant systématiquement le même crochet à chaque match depuis 5 ans, nous avons préféré prendre du recul et du repos pour revenir avec plus d’appétit et pourquoi pas, essayer de retrouver notre meilleur niveau en 2019, année où parait-il, un évènement sportif planétaire sera suivi par environ 11 pays dans le monde.

 

Mais pendant que le comptoir de la Boucherie prend la poussière à la même vitesse que l’armoire à trophées du Stade Toulousain, nous ne tournons pas les pouces pour autant. Comme certains le savent peut-être, en dehors du ballon ovale, je (c’est Ovale Masqué qui parle, au fait) suis passionné par le 7ème art. Si vous ne savez pas lequel c’est, c’est simple, c’est celui qui n’a rien à voir avec Invictus et Le Fils à Jo.

 

Après avoir gratté sur le sujet dans mon coin pendant quelques années, puis de façon un peu moins confidentielle sur l’Arrière Cuisine depuis quelques mois, j’ai eu le privilège et le plaisir de réaliser un très vieux rêve : écrire un bouquin sur le cinéma. C’est un projet qui m’a occupé pendant un an et que j’ai pu réaliser grâce à l’aide de certains camarades bouchers qui partageaient cette envie, comme Bastien alias le Stagiaire, Capitaine A’men’donné, Pilou, Marinette, Greub, Arbleiz ou Peir Lavit. Mais aussi d’autres gens n’ayant aucun rapport avec la Boucherie, et dont vous allez j’espère découvrir le grand talent.

 

Nous avons également eu l’honneur et la chance d’avoir le meilleur parrain dont nous pouvions rêver pour nous accompagner dans ce projet : Jean Dujardin, himself ! Pour rappel, Jean a décroché la récompense la plus prestigieuse possible pour un comédien : le 7 d’Or pour la série Un gars / Une fille.

 

L’immortel interprète d’Hubert Bonisseur de la Bath avait un peu de temps libre lorsque nous l’avons contacté (probablement car il n’a pas été convié à participer au tournage des Petits Mouchoirs 2, désolé pour le spoil) et il accepté de lire quelques pages de notre ouvrage. Il a trouvé le tout suffisamment drôle et pertinent pour accepter d’écrire la préface et de poser son nom sur la couverture. On ne le remerciera jamais assez.

 

Vous l’aurez compris, Ciné Club Sandwich (oui, c’est le titre du livre, on n’a pas trouvé mieux) n’est donc pas un produit 100% boucher. Il essaye néanmoins d’en garder l’esprit : celui qui consiste à parler d’un truc qu’on aime avec humour, sans jamais se prendre pour des experts, sans jamais se prendre au sérieux. En espérant, derrière les vannes, réussir à communiquer une passion et vous donner envie de poser votre cul devant des films, de tous les genres : des bons, des mauvais, des vieux, des récents, des américains, des français, des italiens, des espagnols, des japonais, des coréens, des indiens… et même des néo-zélandais, Peter Jackson et certains de ses collègues représentant une des bonnes raisons de moins détester ce peuple.

 

Mais puisque nous ne sommes jamais très doués pour décrire ce qu’on fait (on laisse les autres utiliser des adjectifs originaux comme « décalé », « corrosif »« trublions » ou « jubilatoire »), on va s’arrêter là et tout simplement vous inviter à aller feuilleter Ciné Club Sandwich en librairie (et à la FNAC / Amazon sur vous êtes de droite) à partir du 10 octobre prochain, jour de sa sortie. Si vous aimez le ciné, que ce que vous lisez vous fait marrer, que vous trouvez que les photos sont jolies et que vous avez 29,90 euros sur vous, vous avez le droit de l’acheter. Ou de l’offrir à un pote intéressé par le sujet (c’est bientôt Noël, ça tombe bien hein ?) Si vous n’en avez rien à foutre ou que vous préférez garder votre argent pour acheter FIFA 19, c’est pas grave, c’est quand même déjà très gentil d’avoir bien voulu jeter un oeil.
En attendant, si vous êtes vraiment très intrigués, on vous invite à consulter cet article de l’Arrière Cuisine pour trouver plus de détails sur son contenu.

 

Pour les autres, on se retrouve ici à l’automne puis en 2019 pour parler des matchs du XV de France de Papy Jacques. C’est un peu comme Titanic, on sait tous que tout ça va mal finir, mais au moins il devrait y avoir du spectacle.

 

 

 

 

 

 

 

 

Compte-rendu de France – Angleterre U20. CHAMPIONS DU MONDE !

 

Juin 2018. Castres est champion de France de rugby. L’USAP revient en Top 14. Bernard Laporte n’est toujours pas en prison. Serge Simon est toujours médecin. Le XV de France est en si bonne santé qu’il était à deux doigts de défiler sur les Champs Élysées après sa défaite héroïque de seulement 13 points contre les All Blacks.

 

Heureusement, au milieu de ce tableau digne des meilleurs films post-apo, il y a les Championnats du monde des moins de 20 ans ! Mais si vous savez, cette compétition qui a lieu tous les ans et, en général, le temps que vous soyez au courant qu’elle a débuté et qu’elle est diffusée sur France 4, les Français sont déjà éliminés.

 

Mais cette année la donne est différente, puisque nous pouvons compter sur une génération particulièrement douée. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils jouent bien. Ils ne sont pas encore abimés par le TOP 14, ses 32 ruptures des ligaments croisés par saison, et ses 18 protocoles commotions par mi-temps. Il parait même qu’on les aurait vu réussir à jouer des surnombres ! Et puis ils ont un gros atout : celui d’évoluer à domicile, puisque la FFR a décidé d’organiser ces Championnats du monde en France (enfin plus précisément dans toutes les villes de France où le Front National a fait plus de 25% au premier tour des présidentielles, donc à Béziers, Narbonne et Perpignan). Les Bleuets se sont assurés d’avoir le soutien de leur public en renvoyant plein d’étrangers à domicile lors de leurs parcours : d’abord les Sud-Africains en phases de poule, puis les Néo-Zélandais en demi-finale.

 

Mais un dernier obstacle se dresse sur leur route : l’Angleterre. Affronter nos pires ennemis en finale, au lendemain d’un exploit contre les Blacks en demi-finale, devant notre public et alors qu’on part favoris, n’importe qui possédant un peu de culture rugbystique sait que ça pue un peu du cul. D’autant plus que les rosbeefs ont un palmarès impressionnant dans les Championnats du monde U20, avec 6 finales et 3 titres, et qu’ils nous ont battus il y a quelques mois dans le Tournoi des VI Nations, déjà à Béziers. Cependant, il y a une statistique qui joue clairement en notre faveur : aucun joueur formé à Clermont n’est présent sur la feuille de match.

 

 

La compo

 

Le film du match :

Ici vous allez trouver un compte rendu approximatif des faits marquants de ce match. Ça ne va pas être très intéressant mais il y a un gros point fort par rapport au replay de France 4 : vous n’aurez pas les commentaires de Sylvain Marconnet.

 

3ème minute : Les Anglais se mettent à la faute dans leur camp quand Jordan Joseph gratte un ballon au sol. Louis Carbonel se charge de la pénalité et réussit facilement ce que Trinh-Duc avait raté en 2011 : un coup de pied de 50 mètres en face des perches en finale.

 

6e : Première mêlée du match. Les Anglais se font emporter jusqu’en Corrèze. Ils en profitent pour y acheter une maison, comme tous bons Britanniques qui se respectent.

 

12e : Première belle action anglaise avec Marcus Smith qui passe les bras pour son centre, repris à seulement 10 mètres de l’en-but. Mais après Woki, c’est Jordan qui vient gratter le ballon et récupérer une pénalité.

 

13e : Première Marseillaise du match, au cas où on aurait oublié qu’on est en France.

 

17e : Nouvelle pénalité pour la France après un ballon porté. Carbonel la passe, 6-0.

 

20e : Encore une bonne séquence des Anglais, qui récupèrent une pénalité en face des poteaux. Le public hue, au cas où on aurait oublié qu’on est à Béziers. Smith réussit son coup de pied, 6-3.

 

22e : Après une action confuse, Ntamack tape un coup de pied à suivre et se fait faucher par un plaquage aux jambes WWE-style d’un pilier anglais. Après avoir revu l’action à la vidéo, l’arbitre décide de donner une simple pénalité. Ouf ! Au moins si on perd, on pourra dire que c’était un complot arbitral, comme la veille à Wellington.

 

23e : La réalisation repasse en boucle ce plaquage ce qui permet à Sylvain Marconnet et à Hélène Archilla-Marcudy de caser environ 12 fois le mot « attentat ». Du coup on a l’impression d’avoir zappé sur BFM.

 

25e : Mêlée en faveur des Français à 5 mètres de l’en-but. Les Anglais se font à nouveau enfoncer, mais Joseph prouve qu’il n’est pas du tout prêt à jouer au Racing en décidant de jouer la balle à la main plutôt que d’attendre l’essai de pénalité. Heureusement, après plusieurs temps de jeu, Maxime Marty le-pas-catalan réussit à passer les bras pour Cameron Woki qui aplatit en coin. Ce n’est pas transformé, 11-3.

 

30e : Les Anglais continuent de tenir le ballon et d’imposer des longues phases de jeu. Ils récupèrent une pénalité mais Marcus Smith se foire à 40 mètres en face des perches.

 

36e : Plaquage à retardement de Ben Curry qui est sifflé par l’arbitre. Évidemment, le public connaisseur et courtois de Béziers applaudit chaleureusement l’homme au sifflet pour cette décision pleine de bon sens. En tout cas, Carbonel la passe, 14-3.

 

40e : Encore une séquence à 122 temps de jeu de la part des Anglais, qui, à défaut d’être géniaux, récitent leur jeu proprement. Malgré la bonne défense française, ça finit par craquer avec un essai d’Olowofela, servi en bout de ligne par une passe qui a l’air un peu en avant mais bon c’est l’inertie tu vois mais bon ta gueule tu vois. Bonne nouvelle et spoiler : on a gagné le match donc on n’a pas eu de débats de 3 jours sur cette action sur Twitter.

 

Smith loupe la transfo, ça fait 14-8 à la pause. On touche presque pas un ballon, mais on marque sur notre unique occasion et notre buteur enquille, tandis que celui des Anglais se chie dessus sous la pression : c’est le monde à l’envers, c’est parfait !

 

42e : La 2e période débute parfaitement avec le n°9 anglais qui dévisse complètement un dégagement dans ses 22. Derrière, les Bleuets obtiennent rapidement une nouvelle pénalité et ça fait trois points de plus presque sans rien faire. Merci, c’est gentil. 17-8.

 

52e : 152ème faute du XV de la Rose après une mêlée. 20-8.

 

56e : Devinez quoi ? Les Anglais se font démonter en mêlée et Carbonel rajoute trois points. 23-8. LE FRENCH FLAIR EST DE RETOUR.

 

62e : L’arbitre finit par avoir pitié et accorde une pénalité en mêlée aux British. 23-11.

 

67e : Encore une pénalité pour la France, après un maul cette fois. 26-11.

 

72e : Rory Brand est entré à la mêlée et on sent très vite qu’il va devenir notre nouvelle tête à claques favorite dans le futur, ne serait-ce qu’à cause de sa coupe de cheveux et sa gueule de méchant gosse de riche tout droit sorti de Kingsman. Après une percée de ce dernier, les Anglais partent sur une série de pick and go et réussissent enfin à marquer l’essai. 26-18, jusque-là c’était trop facile, on va enfin pouvoir flipper un petit peu !

 

La bonne tête de major de promo à l’académie des FDP.

 

74e : Même pas ! Juste après le renvoi, les Anglais se font pénaliser dans leur 22. Après quelques temps de jeu, Carbonel tape astucieusement à suivre et Seguret va aplatir dans l’en-but. 33-18, nique le suspense et les fins de match à la Clermontoise, ces jeunes Français sont des ennemis du lol.

 

78e : Les Anglais marquent encore un essai juste pour pouvoir dire qu’ils en ont mis un de plus que nous. Mais c’est trop tard, score final 33-25.

 

LA FRANCE EST CHAMPIONNE DU MONDE ! Et croyez-moi, je pensais pas avoir l’occasion d’écrire cette phrase un jour dans un compte-rendu de la Boucherie Ovalie.

 

Owen Farrell fait la même chose, il se fait traiter d’enfant de nazi pendant 5 ans. Mais là c’est un Français donc ça va !


 

Les puceaux :

C’est une finale gagnée, donc tout le monde a réussi son match. C’est la RRRrrrrrègle. Dans une partie qui s’est surtout jouée sur la conquête et la défense, les gros ont été à l’honneur. Toute la première ligne bien sûr, Demba Bamba en particulier, son explosivité et sa puissance faisant de lui une sorte de Batmobile humaine. En seconde ligne, on a beaucoup vu Killian Geraci, probablement parce qu’il est très roux, ce qui aide à briller quand on joue à ce poste aussi ingrat. Jordan Joseph était surveillé et un peu moins en vue offensivement que pendant la demi, mais il a tout de même eu une grosse activité, tout comme Cameron Woki qui était partout sur le terrain. Mention spéciale également à Antonin Berruyer : c’est pas que je l’ai trouvé particulièrement bon mais tout le monde parle toujours des deux autres, du coup je le cite pour pas qu’il soit trop triste.

 

Derrière, Arthur Coville a fait son match de patron malgré quelques déchets au pied. Louis Carbonel a sorti un 7/8 face aux poteaux et a eu une bonne inspiration en fin de match, il n’en fallait pas plus pour que le Midol parle déjà de futur Jonny Wilkinson. Bonne chance avec ça, hein. Maxime Marty le-pas-catalan n’a pas touché des tas de ballons mais a su faire la différence sur le premier essai français. À l’arrière, Clément Laporte a été très bon, comme tout au long du tournoi. Mais l’homme du match et de la compétition, c’est peut-être ce bon vieux Abdoul le playmobil pirate. Il aura été présent tout du long, immobile, silencieux et inutile, mais marrant. Un peu comme Jo Maso à la grande époque du XV de France.

 

Le vrai héros de ce Mondial

 

Les points à retenir de ce match :

— Les Bleuets ont pratiquement fait le match parfait en marquant sur tous leurs temps forts et défendant très bien dès que le bateau commençait à tanguer. On ne sait pas si c’est de la maîtrise ou si ce sont les Anglais qui se sont suicidés en faisant 12000 fautes, mais pour une fois qu’une équipe internationale française gagne un match important sans un grand coup de FRENCH CHATTE ©, c’est à souligner.

 

— Ces jeunes ne sont absolument pas prêts pour le Top 14. Ils n’arriveront jamais à s’habituer à un rythme aussi lent.

 

— Comme chaque année, cette compétition nous permet de découvrir le nouveau troisième ligne formé à Massy qui va signer au Stade Français ou au Racing.

 

— C’est quand même plus facile de bien jouer au rugby quand on humilie tout le monde en mêlée.

 

— Du coup, World Rugby a un ou deux ans pour changer les règles et faire en sorte que Demba Bamba soit pénalisé 8 fois par match comme Rabah Slimani.

 

— On ne le répétera jamais assez, mais évoluer au sein d’une équipe de Pro D2 pour avoir du temps de jeu fait beaucoup de bien aux jeunes. La preuve avec Arthur Coville et Demba Bamba.

 

— Cette victoire permettra à tous les Jean-MichelLeRugbyCéMieuxQueLeFoute de s’insurger sur Twitter parce que le journal de 20h ne s’ouvre pas sur le titre des Bleuets et que l’Équipe préfère parler de la dernière coupe de cheveux de Neymar. Gardez-en sous la semelle quand même, la Coupe du monde ça dure un mois.

 

— Cette victoire permettra à tous les Jean-MichelJaiLaSolutionPourSauverLeRugbyFrançais de dire que c’est la faute du Top 14 / des étrangers et pas de la formation qui se porte très bien (alors qu’ils affirmaient probablement l’inverse il y a 6 mois).

 

— On a hâte de voir qui parmi ces 30 joueurs suivront les pas des champions du monde U21 2006 comme Guirado, Beauxis, Chouly, Ouedraogo, Medard, Mermoz ou Jean-Baptiste Peyras-Loustalet.

 

— On a aussi hâte de voir qui va finir comme Florian Cazalot, Aurélien Béco, Yann Fior, Gregory Puyo, Camille Fourt Arteaga, Christophe ClaracMermoz ou Jean-Baptiste Peyras-Loustalet. Oui je suis allé chercher leurs noms sur Wikipedia, moi non plus j’avais aucun souvenir d’eux.

 

Voici peut-être le principal obstacle sur la route de la progression de cette équipe des U20.

 

 

Merci à Peir Lavit, Greub, John Pils et Pêche pour leur aide.

 

La Boucherie ouvre les portes de son Arrière Cuisine

 

 

Mauvaise nouvelle : la famille Boucherie Ovalie s’agrandit !

 

Nous sommes en effet fiers de vous annoncer la venue au monde de l’Arrière Cuisine, que l’on peut considérer comme le petit frère de la Boucherie. Mais un petit frère bâtard et un peu attardé, d’ores et déjà renié par une partie de la famille.

 

L’Arrière Cuisine est un site (oui, on a un site) qui parlera à peu près de tout, sauf de rugby. Cinéma, musique, littérature, sport, politique, cuisine, astrologie ou collection de Pogs, nous aborderons là-bas tous les sujets susceptibles d’intéresser des rédacteurs qui s’ennuient beaucoup trop dans leur vie. Vous y retrouverez notamment les plumes de quelques Bouchers bien connus comme Ovale Masqué et Le Stagiaire, et de gens que vous ne connaissez pas encore mais qui sont tout aussi cons que nous.

 

On vous entend déjà dire « Mais vous n’y connaissez rien à tout ça, bande de cons ! ». Et vous avez raison. Mais on n’y connait rien au rugby non plus, et ça ne nous a pas vraiment empêché d’en parler depuis 9 ans. Et puis vous perdez beaucoup de temps à lire des conneries sur internet, alors pourquoi pas les nôtres ?

Pas mal, non ? C’est Français.

 

Le site de l’Arrière Cuisine

 

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Bien sûr, la Boucherie Ovalie continuera d’exister, sur Twitter pour les fainéants, sur le site pour les courageux, et dans les librairies pour les riches. On en profite d’ailleurs pour vous remercier d’être aussi nombreux à nous suivre sur Twitter (100 000, c’est presque autant que les affaires que Bernard Laporte a au cul) et à avoir acheté nos bouquins à Noël.

 

On se donne rendez-vous ici même dans quelques jours pour le Tournoi des VI Nations, nous vous proposerons probablement un compte rendu de France – Irlande avant de ne plus rien publier pendant 3 mois, comme vous en avez l’habitude. Mais de toute façon on sait bien que vous attendez surtout le Petit Guildford 2018.

#MeilleurGuideDuMonde : Précommandez votre pack Livre + Ticheurte

 

Grâce à une campagne de promotion aussi subtile qu’un déblayage de Mamuka Gorgodze, vous êtes probablement déjà au courant de la sortie prochaine du nouveau livre de la Boucherie Ovalie, intitulé Guide de survie au pays du rugby. Ce magnifique ouvrage, dont vous retrouverez la description complète sur ce lien, sera disponible en librairies le 11 octobre. Vous n’êtes probablement pas non plus sans savoir que le choix de cette date n’est pas innocent, puisque c’est le 11 octobre 1898 que Jean Jaurès publia Les Preuves, un livre qui a beaucoup de point commun avec le nôtre (notamment celui d’être constitué de pages numérotées).

 

Pour célébrer cet évènement, nous mettons en vente en nombre limité des packs. Et des packs solides comme celui de la Géorgie. Voyez par vous-même leur contenu :

 

Le livre, dédicacé par les auteurs qui ne sont pas décédés lors de son long et épuisant processus d’écriture (donc a priori Ovale Masqué, Le Stagiaire et quelques autres gars s’ils n’ont pas la flemme).

 

Un ticheurte collector qui ne sera pas disponible à la vente séparément (et oui on a lu le Marketing pour les Nuls #Macron2022 #StartUpNation #TutTutLesFainéants). Vous pourrez apprécier son design épuré et élégant comme une course molle de Lionel Beauxis.

 

Un authentique colissimo, que vous pourrez déchirer à loisir pour vous défouler, avant de le jeter dans la poubelle réservée aux emballages en carton, car les valeurs du rugby © c’est également penser à l’environnement.

 

 

Le prix du pack est fixé à 40 euros, frais de port compris. Pour rappel, le livre sera vendu à 29,90 € dans le commerce et sur internet, donc vous faîtes une sacrée affaire, au moins autant qu’en quittant le Racing pour un poste de directeur commercial en Afrique du sud.

 

Autre avantage : si tout se passe bien vous recevrez votre pack en avant-première, quelques jours avant la sortie du livre. Nous précisons qu’il s’agit d’une offre très limitée et qu’il ne faudra pas venir vous plaindre si, à l’instar de Geoffrey Doumayrou avec les All Blacks, vous avez raté de peu votre chance.

 

Les packs seront mis en vente exclusivement demain, le jeudi 21 septembre à partir de 12h, sur ce lienhttp://boutiqueboucherie.tictail.com/product/pack-meilleurguidedumonde-ticheurte-collector

 

Soyez un monsieur, soyez présent !

Pink is not dead (yet)

La nouvelle est tombée lundi matin. Une nouvelle encore plus surréaliste et inimaginable qu’un plaquage réussi de Jules Plisson ou qu’un drop à 4 points de Felipe Contepomi : le Stade Français et le Racing 92 vont s’allier pour devenir une seule et même entité.

 

Si les rumeurs de fusion entre Bayonne et Biarritz reviennent avec la même régularité que d’autres phénomènes désagréables comme les épidémies de gastro, le Paris-Dakar ou les nouveaux singles de Kendji Girac, celle-là, personne ne l’avait vue venir. Aucune information n’avait filtré. Au vu du projet préparé par les deux présidents, Thomas Savare et Jacky Lorenzetti, on peut facilement deviner pourquoi : ils l’ont probablement imaginé entre dimanche soir et lundi matin, en se collant une énorme mine. Vous savez, comme quand après une soirée avinée en compagnie d’un pote, on se met à lancer des idées comme « viens on ouvre un bar », « faisons un site internet ! » ou encore « cette fois j’arrête de boire ! ».

 

La plupart des gens sensés se réveillent le lendemain et passent rapidement à autre chose en réalisant à quel point ils étaient attaqués la veille. Pas nos deux nouveaux meilleurs amis du monde, qui ont officialisé la nouvelle quelques heures plus tard au cours d’une conférence de presse qui aurait bien pu devenir la première production télévisuelle à être diffusée en live et en intégralité sur Malaise TV. Il fallait voir le brave Jacky passer 10 minutes à nous parler de sa passion pour la voile, juste après avoir annoncé tranquillement qu’il allait virer 45 joueurs et sans doute tout autant de salariés. Le genre de truc qui pourrait donner envie à Pierre Gattaz de voter pour Philippe Poutou aux prochaines élections.

 

Après la lecture de cette intro, vous avez probablement déjà compris que cette nouvelle m’a attristé et choqué. Et pourtant il m’en faut beaucoup, puisque fidèle à la devise de la Boucherie, j’ai plutôt tendance à n’en avoir rien à branler de tout. La raison derrière cela est simple et un peu honteuse : j’aime bien le Stade Français. Une passion honteuse de plus pour moi, puisque j’aime aussi le catch et les films avec Tom Cruise. Je suis né et j’ai grandi en Seine-Saint-Denis, dans un coin où la plupart des habitants n’ont jamais entendu parler de rugby, et où des sports comme le football, la boxe ou le crâmage de bagnole sont infiniment plus populaires. Quand j’ai commencé à me passionner pour l’Ovalie après être tombé sur mes premiers matchs du Tournoi des V Nations, je me suis intéressé au championnat de France. Deux équipes ont vite capté mon attention : le Stade Toulousain, parce que j’y retrouvais presque tous les joueurs que j’avais déjà vus en bleu, et que quand on est un petit con on préfère toujours supporter celui qui gagne à tous les coups. Puis le Stade Français, parce que c’était le seul club de haut niveau que je pouvais aller voir au stade, au prix d’un trajet en transports en commun aussi long que la lecture de ce texte.

 

Le vieux Jean-Bouin : un petit morceau d’Oyonnax en plein Paris.

 

Au début, je n’aimais pas trop cette équipe, son maillot rouge et bleu avec des éclairs tout ringards, ses joueurs bourrins et son style bien éloignés du raffinement du jeu à la toulousaine (je vous jure qu’à l’époque ça existait). Sans parler de son président qui aimait beaucoup trop se mettre en avant à mon goût, avec son bronzage toujours impeccable, même au plus fort du mois de janvier (ce qui me faisait penser qu’il était peut-être un androïde ou un extraterrestre ayant pour but de coloniser la Terre en diffusant de la daube en masse sur les ondes de NRJ). Je ne devais pas être le seul vu le rejet que suscitait cette équipe chez les auto-proclamés amateurs du « vrai rugby », celui du sudouesse.

 

Puis j’ai fini par comprendre que cette équipe avait un truc en plus, en dehors de son président un peu dingo. Cette équipe de pièces rapportées, où l’on retrouvait des vieux cons revanchards passés par 12 clubs comme le fameux trio Moscato-Simon-Gimbert, elle gagnait parce que comme Viggo des Carpates dans Ghostbusters 2, elle se nourrissait des ondes négatives pour devenir plus forte. Tout était contre eux : il y avait Paris, cette énorme ville où personne n’en a rien à foutre du rugby, un stade vétuste et à moitié vide, des installations moyenâgeuses éparpillées aux coins de l’Ile-de-France, et bien sûr tout le reste de l’Ovalie qui les traitait de mercenaires, de pédés et tous les noms possibles tous les week-ends. C’est dans ce sentiment de « seul contre tous » que s’est formé un club familial et atypique, un club qui avait vraiment une âme, quoiqu’on en dise.

 

Souvenons-nous avec émotion de l’homme le plus détesté du rugby français au début des années 2000.

 

Je ne me suis jamais revendiqué supporter, je n’ai jamais été abonné, je n’ai jamais acheté de maillot (David Marty soit loué). Mais je me suis toujours régulièrement rendu à Jean-Bouin, où j’ai eu la chance d’admirer certains de mes joueurs favoris de tous les temps comme Agustin Pichot, Juan-Martin Hernandez, Rodrigo Roncero, Ignacio Corleto et bien sûr LIONEL BEAUXIS. Faut dire que ces années-là, les Franciliens étaient quand même sacrément gâtés. Jean-Bouin était un petit vieux un peu moche, mais il était quasiment plein à chaque match. Le club réussissait aussi à remplir régulièrement le Parc des Princes (si vous n’avez jamais vu un match de rugby là-bas, vous avez raté votre vie) puis le Stade de France. Des souvenirs qui me font dire que ceux qui prétendent qu’il est impossible de créer de l’engouement autour du rugby en région parisienne devraient peut-être se remettre en question, et se demander comment ils pourraient faire revenir tout ce public qui doit encore bien se cacher quelque part.

 

Mais si Max Guazzini a réussi des choses formidables ces années-là, il ne faut pas en dresser un portrait trop idéalisé. Son principal pêché (lui qui aime les bondieuseries) a probablement été de vouloir faire rénover Jean-Bouin, alors que personne n’était vraiment chaud. Heureusement qu’il avait de bons copains à la mairie. Une décision qui a été à l’origine de la pire phase de l’histoire professionnelle du club, celle du stade Charléty. Charléty, c’est un peu comme le vagin de Maman Tuilagi en 2017 : une terre de désolation. C’est grand, c’est vide, c’est triste, il fait froid, il y a du vent et on ne voit même pas bien le terrain. Le genre de tue l’amour qui arriverait à rendre une épreuve de biathlon sexy en comparaison. Surtout quand les emblématiques Dominici, Hernandez et autres Szarzewski ont été remplacés par des stars du calibre de Paul Warwick, Paul Sackey ou Francis Fainifo (heureusement qu’il y avait Scott Lavalla pour tenir bon). Cette période-là, le Stade Français ne s’en est jamais vraiment remis, malgré le Bouclier de 2015, ce Brennus qui ressemblait à cette meuf bien trop bonne pour toi que tu as réussi à ramener chez toi un soir, et tu te demandes toujours comment aujourd’hui.

 

MERCI CLERMONT !

 

Aujourd’hui ce Stade Français là, celui que j’ai aimé suivre dans les moments sublimes comme ridicules, celui qui m’a inspiré le blog parodique d’Ewen McKenzie (sans qui la Boucherie n’aurait jamais vu le jour), il va peut-être disparaître. Pour être honnête je n’ai pas trop d’avis sur la fusion en elle-même : si elle ne ressemblait pas autant à une absorption, si elle n’avait pas été faite dans le dos de tout le monde (les joueurs, le staff, mais aussi tous les salariés et les bénévoles dont on ne parle jamais), si le président n’avait pas été une « salope par derrière » (pour citer Pascal le grand frère), il y aurait peut-être eu matière à discussion. Mais là, clairement, Junior s’est précipité pour jeter à la poubelle le jouet que lui avait refilé son papa, un jouet qui ne l’amusait plus depuis trop longtemps. Tout ça au mépris et en crachant à la gueule de tous ceux qui, eux, aiment vraiment ce club. Et ce club, même s’il ne gagne plus, même s’il a 8000 supporters (dont 6244 vieillards édentés), il ne méritait pas ça.

 

On ne va pas reparler de Jacky Lorenzetti, déjà parce que je me suis promis de ne pas être trop vulgaire dans ce texte et que je serais obligé d’écrire « gros enculé » pas loin de son nom. Mais aussi parce que l’avoir vu jubiler en conférence mardi, tout bouffi d’orgueil d’avoir réussi à humilier tout un club et un Thomas Savare à qui il ne manquait qu’une laisse en cuir autour du cou, m’a suffisamment donné envie de vomir. En gros, Lorenzetti est SATAN, donc on ne peut pas dire qu’on soit vraiment étonné de le voir dans un sale coup comme ça. Mais pour Savare, un président plutôt sympathique malgré son charisme de table basse, un type qui traînait souvent à la Bodega pour boire des coups avec les supporters et qui avait investi des millions pour sauver le club il y a quelques années, la surprise a été tout autre. Et le sentiment de trahison d’autant plus grand.

 

Samedi les joueurs feront donc grève à Castres. Les rares supporters présents sur les réseaux sociaux font tourner des pétitions, se mobilisent et cherchent des solutions pour sauver le club. Bernard Laporte est énervé et va peut-être aller nous chercher un mystérieux investisseur irano-canadien trouvé sur Google pour reprendre le club. Je ne sais pas si tout ça a une chance de marcher, s’il y a une autre issue que la fusion ou le retour violent au monde amateur, mais je sais que ça me ferait vraiment chier que l’identité particulière de ce club disparaisse. Comme l’identité du Racing a probablement disparu il y a bien longtemps, parce que même si je n’étais pas là dans les années « showbiz » de Guillard, Mesnel & cie, quelque chose me dit qu’on se marrait beaucoup plus à Colombes il y a 30 ans.

 

Seule solution pour la fusion : nommer Jean-Baptiste Lafond manager pour fédérer les joueurs autour des valeurs de l’alcoolisme.

 

Le Stade Français a lui aussi perdu de sa splendeur ces dernières années, mais marrant et attachant, il le reste. À l’image de Pascal « Brutal » Papé et de son ignorance totale du concept de langue de bois, de Jonathan Danty le sosie zozoteur et musculeux de Frankie Vincent, de Julien Dupuy et sa maladie rare qui l’oblige à lever les bras au ciel même pendant son sommeil, de Djibril Camara le lascar qui fait la gueule 24/24 mais qui donne toujours tout sur le terrain, de Zurabi Zvania et ses sourcils de François Fillon géorgien, ou de la machine à plaquer Paul Gabrillagues qui mérite déjà de remplacer Yoann Maestri en équipe de France (les vrais savent). Des mecs dont on aime parfois se foutre (moi le premier), mais qui incarnent vraiment un club pas comme les autres, qui ne mérite pas de disparaître du jour au lendemain comme le talent de Juan-Martin Rodriguez Gurruchaga.

 

Pour toutes ces raisons et pour tous ces mecs-là, j’espère que le Stade Français ne va pas disparaître.
Et aussi et surtout parce que je peux vraiment pas piffrer Magic System.