[Compte rendu] France – Irlande, finale des Championnats du monde U20
par Ovale Masque

  • 16 July 2023
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Le contexte :

 

Après quatre ans d’absence en raison du COVID (vous vous souvenez ? Ça parait si loin, comme la présidence de Bernard Laporte à la FFR…) le championnat du monde des -20 ans fait son grand retour cet été. L’équipe de France reste sur deux titres consécutifs, en 2018 et 2019. Et visiblement, l’encadrement des Bleuets n’a pas eu de mal pour trouver des successeurs à la hauteur des Romain Ntamack, Louis Carbonel et autres Arthur Vincent.

 

C’est bien simple, depuis leur arrivée en Afrique du Sud, les jeunes français ont roulé sur la concurrence comme les motards de la Brav-M roulent sur des manifestants un peu trop bronzés. 75 points contre le Japon, 35 contre les Baby Blacks, 43 contre le Pays de Galles… et pour le plaisir, un beau 52 à 31 infligé aux Anglais en demi-finale, au terme d’un match un peu foufou qui a vu les hommes de Sébastien Calvet remonter un écart de 17 points en début de match.

 

Le triplé est-il possible ? Pour répondre à cette question, les Bleuets doivent encore se débarrasser de l’Irlande en finale. Une Irlande qui les a battus lors de la dernière édition du Tournoi des Six Nations, et qui peut compter sur celui qu’on annonce comme la future star du rugby mondial : le demi d’ouverture Sam Prendergast, une sorte de regen de Jonathan Sexton. Comme lui, il possède cette dégaine d’autruche finie à la Guinness. Comme lui, il joue principalement en marchant. Comme lui, il a la tête de quelqu’un qui peut bouder pendant deux semaines s’il perd une partie de Uno.

 

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1m94, des grands bras maigres, le Pierre Neirynck irlandais ! (en moche).

 

 

Mais les Français ne manquent pas d’arguments non plus, avec de nombreux joueurs déjà habitués aux dures luttes du Top 14 comme Posolo Tuilagi, Hugo Reus, Nicolas Depoortère ou Baptiste Jauneau et son casque rose délavé qui lui donne un belle tête de gland. Mais surtout, les Bleuets peuvent compter sur une troisième ligne exceptionnelle Oscar Jégou, Lenni Nouchi et Marko Gazzotti, aussi imaginatifs sur un terrain que ne l’étaient leur parents quand il a fallu choisir un prénom à la maternité.

 

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Les fils de, ça marche quand même vachement mieux dans le rugby que dans le cinéma français.

 

Notons enfin que cette finale se déroule un 14 juillet, ce qui peut être mauvais signe, sachant que sur le Tour de France, on annonce toujours un français vainqueur d’étape lors de la fête nationale, pour qu’au final Nans Peters signe une 33e place.

 

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Méfions-nous également de Padraig O’Loughlin et de Diarmuid Murphy ! (oui je viens d’inventer ces noms, mais si ça se trouve ils existent vraiment).

 

La compo :

Merci à Bastien Joseph de Bad Bitch Bastoufle Inc. pour cette compo.

 

Le résumé du match :

 

Si vous vous posiez la question « tiens, je me demande comment joue l’Irlande en U20? » la réponse vous est apportée au bout de deux minutes de jeu : exactement comme les vieux. Dès le coup d’envoi, les Verts se lancent dans ces séquences à 120 temps de jeu qui vous ont tant de fois aidé à faire la sieste les samedi après-midi de Six Nations. Endormis, les Français le sont aussi un peu, à l’image de Posolo Tuilagi. Dans le remake d’un combat opposant un hobbit et un troll des cavernes, le demi de mêlée irlandais Gunne joue rapidement une pénalité devant sa ligne, et profite de la passivité du Perpignanais pour aller inscrire un essai entre ses jambes. 0-7.

 

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S’introduire entre les jambes de quelqu’un sans son consentement : les Irlandais ont opté pour le plan de jeu Paddy Jackson.

 

Même pas trois minutes de jeu, et déjà un essai. Même pas trois minutes de jeu, et le Jean-Michel Ckelchaine, cette espèce nuisible dont la population va probablement tripler en septembre, lance déjà : « Il a rampé ! Avec les Irlandais on a l’habitude, arbitrage à sens unique……. ». Bref, ça part mal. Mais les Français réagissent rapidement avec belle offensive. Depoortère pénètre dans l’en-but adverse, sans parvenir à aplatir au milieu d’une forêt de jambes, de bras et d’oreilles décollées. Pas de panique, car c’est un autre centre français qui va briller. Paul Costes, fils d’Arnaud mais sosie de Percy Montgomery, nous fait une grosse course en travers à la Maxime Médard. Heureusement, il ne s’agit pas de son unique inspiration rugbystique, puisqu’il nous offre ensuite un aufelode à la Sonnybi Williams.

 

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Décalé sur l’aile, Drouet fait un tout drouet, résiste à un plaquage et trouve Jauneau au soutien. Celui qui incarne la seule raison d’avoir encore de l’espoir quand on est supporter clermontois conclut parfaitement le mouvement en servant Ferté pour l’essai.

 

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Je ne sais pas comment vous qualifieriez cet essai, mais personnellement je pense que les termes de « dinguerie », voire un « banger absolu » ne seraient pas usurpés. 7-7. Ça va mieux pour les Baby Blue (ouais j’essaye de trouver un surnom cool mais là on dirait le titre d’une chanson d’Alain Bashung) qui réalisent quelques actions intéressantes. Hélas, des maladresses viennent ternir le tableau. Reus profite tout de même d’une pénalité pour donner pour la première fois l’avantage à son équipe, 10-7.

 

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Ça tente des combinaisons de Rugby 08 sans aucun complexe.

 

Les deux équipes se rendent coup pour coup lors de cette entame de match disputée sur un gros tempo. Probablement vexé par leur première rencontre, Tuilagi tente d’emporter le demi de mêlée irlandais comme un sac Deliveroo pour l’emmener dans sa tanière et le dévorer. Sans succès, puisqu’il est pénalisé. On note d’ailleurs que l’ogre catalan ne réalise pas son meilleur match du tournoi avec pas mal de fautes et d’en-avant. Mais après tout, faire des grands tout droit et exploser le ballon à l’impact, c’est la plus belle façon de rendre hommage à son père Henry.

 

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Les Irlandais répondent présents dans le combat eux aussi, notamment dans le secteur de la mêlée où ils glanent quelques pénalités. Une pénaltouche plus tard, et les Verts plantent de nouveau la Quechua dans les 22 français. Après une interminable séance de pilonnage, Devine parvient à dunker le ballon dans l’en-but. D’après Jean-Michel, il n’y a pas essai, mais ça fait tout de même 10-14.

 

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– Qui a marqué ?
– Devine.
– Bah je sais pas, j’ai pas vu le match.
– Non, mais je t’ai dit : Devine.
– MAIS J’EN SAIS RIEN PUTAIN ! TU PEUX PAS ME LE DIRE SIMPLEMENT ?

 

 

La réplique française est immédiate. Les jeunes rouquins se trouent sur le renvoi, ce qui permet aux Bleuets de récupérer le ballon pour une action copier-coller de celle à laquelle on vient d’assister de l’autre côté du terrain. Et après quelques assauts, c’est le pilier Lino Julien qui va aplatir en force. Je vous partage cette photo du compte Twitter de France Rugby et vous laisse constater que ce pilier semble être le fruit d’un gang bang entre André le Géant, Arnold Schwarzenegger et Camille Chat. Avec des bestioles comme ça, même les Sud-Africains auront peur de nous dans quelques années. 14-17.

 

 

Les Français semblent désormais avoir nettement pris le dessus sur l’aspect bagarre. Le XV du petit trèfle subit les impacts et multiplie les fautes. Paddy McCarthy (« Pierre Dupont » en irlandais) écope logiquement d’un carton jaune, et Jegou va enfoncer le clou avec un nouvel essai en force. Hélas, celui-ci est invalidé après arbitrage vidéo, en raison d’une obstruction de Tuilagi (et d’un complot mondial contre la France selon Jean-Mi). Ça ne fait donc que trois petits points d’avance à la pause. On assiste à un très beau match entre deux belles équipes, ça va probablement être très serré jusqu’à la fin !

 

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Pour notre public amateur de coquetterie, voici un GIF de l’arbitre du match.

 

Après un Facetime dégueulasse avec Samuel Cherouk (c’est la chaîne l’Equipe, on va quand même pas payer un billet d’avion à Benoit Cosset, il serait capable de rater une correspondance), la seconde période débute. De la même manière qu’elle a terminé. Les Bleuets punissent leurs adversaires physiquement, obtiennent une pénaltouche et partent sur un ballon porté. Alors oui, le premier essai était magnifique, mais maintenant on est passés en mode La Wochelle, soit le pire cauchemar des Irlandais. Ça paye : Jouvin marque le quatrième essai, et le break est fait. 24-14 après la transformation de Reus, qui ne rate jamais un coup de pied en finale, ce qui en l’occurrence, tranche un peu avec l’identité maritime.

 

Le carton jaune irlandais fait décidément très mal. Après un coup de pied de pression de Reus dans le fond du terrain, Marko Gazotti se transforme en Usain Bolt et réussit à chiper le ballon dans les 22 mètres. On écarte, puis Depoortère va inscrire l’essai, pas vraiment gêné par la piètre tentative de plaquage du Ed Sheeran de Wish qui sert d’arrière aux Irlandais. 31-14.

 

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Déjà très bon avec l’UBB, Depoortère démontre que son talent s’exprime sans frontières.

 

On pensait qu’on allait à assister à une deuxième période dantesque, mais au final, on se retrouve devant un entraînement en opposition contre des U16. Les habitants du paradis fiscal favori des GAFA tentent de se rebeller, et ils parviennent parfois à tenir le ballon sur de longues séquences. Mais ça n’avance pas vraiment et en face, on finit toujours par récupérer le ballon sans trembler. En confiance, les Bleuets se permettent même quelques fantaisies, à l’image de Paul Costes qui après avoir imité Sonny Bill, nous offre la spéciale Jalibert : le petit par-dessus la défense.

 

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Sauf que lui, il réussit à récupérer le ballon.

 

Ça devient trop facile pour les Français, qui passent en mode beach rugby et enchaînent les aufelodes. Parfois, ça tombe par terre, mais c’est pas très grave, on continue de jouer. Après une action au large, Ferté hérite du ballon et va marquer son doublé après avoir renversé un irlandais. Ferté qui fait 1m71 pour 77 kilos et qui plante un essai comme un gros bourrin, décidément, on joue en mode facile.

 

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La marche des Ferté.

 

36-14, ça devient un peu humiliant. Alors que la décence imposerait à quiconque de lever le pied, les Français tiennent à tenir leur moyenne de 50 pions par match. Jegou chipe un ballon dans un ruck et s’échappe, avant de transmettre à Nouchi lancé grand champ. Le capitaine accélère, puis freine un peu, lève la tête, cherche du soutien…. puis il finit par se dire « allez fuck, j’y vais tout seul, on marque pas tous les jours un essai de 60 mètres en finale de Coupe du monde ». Le joueur du MHR efface Pendergast avec aisance : sur le coup, on lui a trouvé plus de similitudes avec Ronan O’Gara.  43-16.

 

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J’adore les Nouchi.

 

Pour le plaisir, les Français terminent ce feu d’artifice (RAPPORT À LA DATE) avec un ultime essai de Drouet, juste pour le plaisir de faire exploser notre serveur avec un énième GIF.

 

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On met pas la fin de l’action par pitié pour notre serveur

 

Score final, 50-14, et troisième titre consécutif pour les Zuvins. À quelques semaines d’une Coupe du monde à domicile, le rugby français ne s’est jamais aussi bien porté, et on se dit qu’admirer tous ces talents n’est qu’une juste récompense pour nous, amoureux du ballon ovale qui n’avons pas quitté le navire pour devenir fan de handball ou de biathlon après les années sombres 2012-2019. Le meilleur reste peut-être encore à venir, et du côté de la Boucherie, on se demande si on ne ferait pas mieux de fermer la boutique, car ça risque d’être sacrément difficile de se foutre la gueule de ces joueurs-là dans quelques années.

 

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Traduction : achetez notre livre, c’est sûrement le dernier !