Les Hachoirs d’Or 2016 en vidéo

 

Comme vous l’avez peut-être remarqué ce week-end, la Boucherie Ovalie est passée sur les ondes de Canal +. Un évènement qui n’a en fait rien d’une nouveauté puisqu’il y a 6 ans, Ovale Masqué nous offrait déjà une intervention de légende dans les regrettés Spécialistes Rugby.

 

Lorsque la célèbre chaîne cryptée nous a proposé de travailler sur un petit format court à diffuser lors du Boxing Day (on utilise ce terme pour leur faire plaisir et sans oser leur dire qu’il n’a aucun sens), nous avons sauté sur l’occasion. Tout simplement parce que l’idée de se faire engager pour cracher sur le Top 14 par les mecs qui payent 97 millions par an pour diffuser le Top 14 nous faisait beaucoup rire. Et aussi parce qu’on pensait que la perspecive de gagner un petit peu d’argent allait nous aider à enfin réaliser notre vieil objectif : enfin ouvrir un site web !

 

La première étape de ce partenariat a évidemment été marquée par notre rencontre avec Vincent Bolloré. Nous nous sommes donc rendus dans la demeure du PDG de Canal +, qui comme on peut l’imaginer, réside dans un immense château situé sur une montagne noire, juste au dessus d’une rivière de lave. Le milliardaire breton nous a reçu dans son vaste bureau, un cigare dans une main, une laisse en cuir au bout de laquelle s’agitait un Cyril Hanouna nu comme un vers dans l’autre. Puis il nous a demandé de signer un contrat. On ne va pas détailler mais en gros cela stipulait que nous engagions tourner dans un court métrage réalisé par Jean-Marc Morandini intitulé « la biscotte », et plus généralement que nous devions lui céder notre âme. Du coup on l’a fait signer par Copareos, en se disant que comme il est roux il ne risquait rien.

 

Pour ceux qui ont raté la diffusion ce week-end, on vous propose donc une séance de rattrapage sur notre site. On s’excuse d’avance pour la voix off de merde assurée par le Stagiaire, mais dès qu’on tente un truc un peu nouveau sur lequel on a peur de se planter, on l’envoie au casse-pipe pour que ce soit lui qui se fasse démonter à notre place.

 

Nous précisons également que les Hachoirs d’Or version longue, avec toutes les catégories que vous connaissez déjà et un système de vote parfaitement fiable, feront leur retour ici dans le courant du mois de janvier (ce qui en langage Boucherie veut dire le mois de mars). Pour ce qui est de la suite avec Canal +, comme diraient les présidents du Top 14 :« rien n’a été signé ». Ainsi, peut-être qu’on ne nous reverra jamais là-bas, ce qui serait bien compréhensible après cette vidéo où l’on a bien pris soin de se mettre tout le monde du rugby à dos en un temps record de 6 minutes.

 

On espère en tout cas que vous allez apprécier et on vous souhaite une bonne année 2017, en vous souhaitant plein de bonnes choses et en espérant surtout que le Racing ne fasse pas le doublé.

 

– Ovale Masqué et toute l’équipée de la Boucherie.

 

(si la vidéo ne marche pas ici, cliquez directement sur le site de Canal)

 

Top 14 – Boxing Day Rugby – Les Hachoirs d’Or 2016 de Boucherie Ovalie

Ovale Masqué revient sur France – Nouvelle-Zélande (19-24)

 

France – Nouvelle-Zélande, c’est le grand match de l’année. Celui que tout le monde regarde, car il combine les meilleures qualités de deux programmes phares du samedi soir : les chorégraphie millimétrée de “Danse avec les Stars” avec le haka d’avant-match, et les nains en surpoids qui piquent des sprints de Fort Boyard avec Jean-Marc Doussain.

Comme vous le savez sans doute déjà , il y a trois types de matchs entre la France et la Nouvelle-Zélande :

 

1) Ceux qu’on perd de façon très humiliante.

 

2) Ceux qu’on perd de façon honorable en étant valeureux comme des Italiens ou des Écossais.

 

3) Ceux qu’on gagne de façon aussi improbable que magnifique.

 

 

La possibilité n°3 était exclue dès le début du match puisque 1) Ce n’était pas un match de Coupe du monde. 2) L’Irlande l’avait déjà fait il y a trois semaines, et il n’était pas question de partager notre gloire avec des types qui ont encaissé le dernier essai international de Maxime Médard (attention, quand je dis dernier j’entends bien « le dernier en date », même si je ne vous cache pas que ça ne me dérangerait pas que ce soit le dernier tout court).

La possibilité n°1 était également assez peu envisageable. Pourquoi ? Parce que nous devions venger notre dernière branlée en date contre les All Blacks, et qu’il est tout de même rare qu’ils nous en collent deux de suite (sauf contexte exceptionnel genre tournée d’été avec les frères Laharrague).

Puis surtout, les Néo-Zélandais venaient à Paris en touristes. Il ne faut pas oublier qu’avant d’être des sportifs, les All Blacks © ®™ sont une marque. Ce sont les rockstars de l’Ovalie. Ça fait 6 mois qu’ils sont en tournée, et après être passés par Le Cap, Sydney, Buenos Aires, Chicago, Dublin, Rome, Montaigut-Besse… ils arrivent à Paris.

 

Paris, un mot de 5 lettres qui n’a qu’une seule signification pour eux : VACANCES. Enfin, ces mecs qui ont un emploi du temps tellement surchargé qu’ils ne trouvent même plus le temps de baiser en dehors d’un aéroport vont jouer leur dernière date après un tour du monde épuisant. Et évidemment ils vont bâcler complètement leur dernier concert, parce qu’ils en ont clairement plus rien à foutre, et que toute façon, au talent ça passera.

Mais c’est pas grave, le public pourra quand même entendre sa chanson préférée (le Haka, qui n’a pas perdu de sa superbe malgré la disparition tragique du précédent frontman Piri Weepu) et prendre son petit selfie égocentrique au Stade de France pour dire au reste du monde « j’y étais ». À la fin, les Blacks viendront en grands professionnels faire leur tour d’honneur et saluer les petits enfants, comme leur manager en survêtement Adidas leur a bien dit de faire. Tout le monde sera heureux, malgré ce petit pincement au fond de ton âme qui te fait penser que « 85 boules pour ça, je me suis quand même un peu fait enculer ». Sauf si tu es Arnaud Becquet et que tu n’as pas payé ta place, bien évidemment.

 

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Double ration de frites pour tout le monde !

 

On l’a donc compris, les All Blacks ne sont pas venus pour faire le spectacle à Paris. Heureusement, les Bleus l’ont fait pour eux. Tout le mérite revient à Guy Novès qui a parfaitement compris et embrassé l’état d’esprit du peuple français en 2016 : rien ne va plus, tous les signes sont au vert pour que l’Apocalypse se produise bientôt, de toute façon on va tous mourir, alors autant s’amuser un peu en attendant. Rien ne redonne le plus moral aux Français qu’une bonne vieille défaite avec panache (quand on peut accuser l’arbitre, c’est encore mieux) et c’est ce qu’ils nous ont offert hier. Alors merci les Bleus.

 

La compo :

 

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(lecteur du Mur Facebook du XV de France, tu peux t’arrêter ici)

 

Le film du match :

 

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On est même pas bien en face, on avance un peu pour faire genre mais on reste à 20 mètres pour pas prendre une amende : 3/10 pour cette pauvre réponse au haka.

 

1ère minute : Sous le coup d’envoi, KING PICA est bousculé dans les airs. Souvenez-vous bien de ce moment, c’est la seule fois du match où l’on va récupérer un ballon sur un engagement.

 

2ème : Guirado balance une pizza magistrale en fond d’alignement (ne vous souvenez pas de ce moment, il y en aura plein d’autres pour vous le rappeler) et Barrett intercepte le ballon. Mais Nakaitaci lui arrache le ballon avant de servir Kevin Gourdon, qui perce sur plusieurs mètres et rentre dans les 22 néo-zélandais.

 

On note donc que Gourdon est un type qui, quand il voit un joueur se présenter en face de lui, préfère d’abord tenter de le contourner plutôt que de lui péter en pleine face. Les mauvaises langues diront qu’il vaut mieux pour lui vu son physique, mais les gens qui regardent le Top 14 trouveront ça particulièrement rafraîchissant, voire carrément novateur.

 

 

3ème : Malgré cette belle action, on perd le ballon et les Blacks se dégagent (je me prépare d’ores et déjà à copier-coller cette phrase une vingtaine de fois pour aller plus vite dans ma rédaction).

 

4ème : Yoann Maestri touche un ballon. Tous ses coéquipiers s’amassent autour de lui pour le congratuler et célébrer cette étape majeure dans sa vie de rugbyman (la dernière fois qu’un tel évènement a eu lieu dans le groupe France, c’est quand Baptiste Serin a tenu la main à une fille rue de la Soif). Malheureusement Maestri perd la balle au contact.

 

5ème : Vakatawa s’échappe le long de la ligne de touche, tel un Fidjien. Puis tape un coup de pied à suivre absolument dégueulasse, tel un Fidjien. Ça tombe pile dans les bras de Dagg. Mais la superstar du rugby à 7 se rattrape en grattant le ballon au contest et en provoquant une pénalité.

 

6ème : On tape en touche et on fait entrer en jeu le meilleur joueur du Racing depuis 4 ans, le célèbre Ballonporté. Malheureusement les All Blacks défendent mieux sur ces phases de jeu que le Stade Français, et les Bleus perdent à nouveau un bon ballon d’attaque.

 

7ème : Beauden Barrett dégaine une passe au pied parfaite sur l’aile de Julian Savea, qui posterise le pauvre Noa Nakaitaci comme Vince Carter devant Frédéric Weis. L’ailier des Blacks joue parfaitement le 2 contre 1, Brice Dulin joue parfaitement son #MannequinChallenge et ça fait 7-0 pour les Tout Noirs. Un ballon, une passe, un essai, puisqu’on vous dit qu’ils ont pas besoin de forcer.

 

9ème : Les Français réagissent bien avec une passe après-contact de Lamerat pour Ollivon. Puis c’est Camille Lopez qui déborde, non pas de son maillot pour une fois, mais sur l’aile. Le Clermontois est arrêté à 5 mètres de la ligne.

 

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Astuce : la combi intégrale pour éviter de faire une Gillian Galan pendant tout le match.

 

11ème : Wesley Fofana sort pour passer un protocole commotion. Le médecin lui demande si c’est bien lui qui enchaîne les passes et les offloads depuis 3 semaines. Comme nous tous, Wesley est perplexe mais répond « oui » dans le doute, ce qui lui permet de revenir sur le terrain.

 

12ème : Après une longue phase de jeu, on perd le ballon sur un en-avant d’Ollivon. Sur la mêlée suivante, les Blacks remportent une pénalité et se dégagent.

 

15ème : Yoann Maestri sort sur blessure et aura donc cette fois une bonne raison d’être invisible sur le terrain.

 

16ème : Sébastien Vahaamahina nous démontre que si l’ASM l’a transformé en excellent rugbyman, il reste un joueur formé à l’USAP, et donc capable de faire des fautes que même Pascal Papé jugerait grossières. Beauden Barrett en profite, 0-10.

 

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Un employé de Canal + venu assister au match en tribunes.

 

19ème : Beauden Barrett nous prouve qu’il est humain avec un coup de pied de merde qui termine directement en touche. S’il jouait pour la France, tout Twitter aurait déjà réclamé qu’il soit remplacé par un autre 10.

 

20ème : Après Fofana, c’est Dulin qui fait des passes après contact. Devant l’écran plat de la maison qu’ils partagent depuis 12 ans, Laurent Labit et Laurent Travers se cachent les yeux.

 

21ème : Le Nakaitaci de 2016 profite du fait que les défenseurs Blacks un peu trop décontractés pensent avoir à faire au Nakaitaci de 2015 pour casser trois plaquages et progresser près de la ligne. Malheureusement, c’est ce dernier Nakaitaci qui commet un en-avant à 5 mètres de l’en-but quelques secondes plus tard.

 

24ème : Après une belle avancée de Lopez, les Bleus obtiennent une pénalité et prennent les points. Maxime Machenaud la passe, 3-10.

 

27ème : Lamerat arrache un ballon des mains de Savea. À 19 ans le mec jouait déjà en face de Tana Umaga en Top 14, c’est pas une contrefaçon de Jonah Lomu mêchue qui va l’impressionner.

 

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Il lui mettait un pain dans la foulée et ce type devenait notre idole.

 

28ème : On retrouve enfin le Fofana qu’on connaissait avec sa spéciale, un bel en-avant dans l’en-but. Le Clermontois a bien été servi par Vakatawa, mais à sa décharge, Lienert-Brown a très bien défendu pour l’empêcher de marquer.

 

39ème : Le rythme du match chute un peu, comme si tous les acteurs cherchaient à ce que Maxime Machenaud soit plus à l’aise. Après 10 minutes de pas grand-chose, on obtient une nouvelle pénalité grâce à un bon contest d’Ollivon. Mad Max Slow Road la passe, 6-10 à la pause.

 

La mi-temps permet à Fabien Galthié de continuer à tester des vannes pour son futur spectacle de stand-up, tandis que Matthieu Lartot essaye de parler un peu de rugby. Non pas que ça l’enchante particulièrement mais il se dit qu’il faut bien quelqu’un pour le faire.

 

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Mon fils je veux que tu sois fort, car la prochaine fois qu’on battra les Blacks je serai sûrement décédé depuis longtemps.

 

42ème : Nouvelle action de classe côté français qui permet à Vahaamahina, Lopez ou Gourdon de s’illustrer. LA SUITE VA VOUS SURPRENDRE !

 

43ème : Alors qu’on n’est plus qu’à 3 mètres de l’en-but, Maxime Machenaud est en pause clope (ou plutôt en pause cigare, Hauts-de-Seine oblige) et sort le ballon avec une lenteur que ne renierait pas un film d’arts et d’essais finlandais. Le temps que Lopez contrôle cette passe molle, les Blacks ont bien eu le temps de se replacer et Barrett intercepte l’ouvreur clermontois, qui avait fait le choix pas très judicieux de jouer au large, où il n’y avait aucun surnombre, même pour Fabien Galthié.

 

Le jeune touriste néo-zélandais va tellement vite qu’il a le temps de s’arrêter en chemin pour acheter un porte-clef Tour Eiffel à un Paki au bord de la pelouse. Puis 95 mètres plus tard, il termine dans l’en-but sans même être essoufflé.

 

3-17 après la transfo. « C’est quand même sévère », se dit-on derrière notre écran, avec le même mélange de gêne et de pitié qui a accompagné la découverte du score de Jean-François Copé aux primaires de la droite et du centre.

 

47ème : Maxime Machenaud cède sa place et Baptiste Serin rentre enfin en jeu. Le demi de mêlée que toute la France attendait (jusqu’à ce qu’il ne rate un match et qu’on réclame Antoine Dupont, comme on a réclamé Serin quand Bézy a commencé à être moins bon) va éclairer la fin de match de son génie et définitivement prouver qu’après Antoine Griezmann, l’avenir de ce pays appartient aux petits blonds gaulés comme des crevettes. D’ailleurs, ne vous étonnez pas si je passe bientôt la main au Stagiaire à la Boucherie.

 

48ème : Encore une belle action française avec Dulin qui se paye un slalom au milieu de la défense noire et qui mystifie un adversaire avec une jolie feinte de passe. À ce propos, vous arrive -t-il d’utiliser le terme « mystifier » dans un contexte non-sportif ? Par exemple « Bernard Laporte a mystifié les juges d’instruction ? »

 

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En fait il voulait pas faire une feinte : c’est juste qu’un CM2 parle pas à un CE1.

 

49ème : Nouvelle pénalité pour les Bleus. Serin prend le but et assure, 9-17. Quelque part au fin fond de l’Auvergne, Morgan Parra commence à se dire que ça va être compliqué de revenir. Quelque part au fin fond de l’Aveyron, Rory Kockott se demande si quelqu’un se souvient encore qu’il a été international français un jour, et si c’est jouable de retenter le coup chez les Boks.

 

59ème : Pour la première fois du match, les Blacks commencent un peu à flipper, car ils sentent bien que la force est puissante dans ce jeune n°9. Ils décident donc d’attaquer et de tenir le ballon pour la première fois depuis le coup d’envoi, au lieu de demander à Barrett de faire des coups de pied de merde. Et voilà, quelques temps de jeu plus tard, Charlie Faumuina, le Uini Atonio noir, marque l’essai. 9-24 et il reste 20 minutes à jouer. À ce moment-là du match, on peut exploser au Stade de France. Mais finalement, comme Salah Abdeslam, on préférera une autre fin.

 

60ème : Énième occasion française. Guilhem Guirado se retrouve sur l’en-but, mais sur le dos, comme un gros scarabée catalan qui n’arrive pas à se retourner. J’espère que cette comparaison le vexera moins que la précédente (même si perso je trouve qu’un écureuil c’est super mignon).

 

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Notre capitaine tentant de se relever.

 

61ème : Sur une mêlée introduction adverse, la chance finit enfin par nous sourire. La première ligne noire se fait concasser et Baptiste Serin le divin enfant joue vite la pénalité, dégaine une chistera hernandezesque et envoie KING PICA dans l’en-but.

 

Par pudeur les caméras de France 2 ont préféré ne pas filmer Maxime Machenaud à ce moment-là, mais son visage devait ressembler à celui d’un mec qui voit sa meuf se faire emballer par un gamin à peine pubère sous ses yeux. 16-24, l’espoir renait enfin et Alain Juppé cherche désespérément une photo de lui avec Baptiste Serin à Chaban-Delmas pour créer la surprise le lendemain.

 

67ème : Après le 5ème ballon perdu en touche par Guirado, Guytou décide de faire rentrer Camille Chat. Notez que pour une fois, il se contentera d’une seule rentrée et évitera ses aller-retours habituels. D’ici 2022 il pourra peut-être même viser un match complet.

 

72ème : Le public du Stade de France lance la Marseillaise pour la 72ème fois. C’est agaçant mais toujours moins que n’importe quel « Ici, ici… ». Puis au moins ça fait plaisir à Scott Spedding devant sa télé.

 

73ème : Encore un ballon perdu en touche. Rémi Bonfils, vite !

 

75ème : Une petite bagarre éclate mais rien de bien foufou. Celle qui a eu lieu dans les tribunes du stade un peu plus tôt reste la plus belle de la soirée. Heureusement que les supporters sont là pour maintenir les Valeurs © en vie.

 

76ème : Naholo le Clermontois se met à la faute, et permet à Baptiste Serin, l’enfant de lumière, de réduire le score. 19-24, tout redevient possible….

 

77ème : … sauf, la France qui récupère un ballon sous un renvoi, évidemment. Les Blacks gèrent la fin de match tranquillement et font tourner la montre, puis Aaron Smith met prématurément fin à notre plaisir, comme il a l’habitude de le faire si l’on en croit une jeune femme croisée dans les toilettes de l’aéroport de Christchurch.

 

Logiquement, le public le siffle, parce que manquer de respect à des double-champions du monde quasi-invincibles, il n’y a que les Français pour oser et ça, et parfois ça fait du bien d’être bien Français et bien cons.

 

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Le match résumé en une image.

 

Les Écossais avec un peu de rouge sur leur maillot :

 

 

Xavier Chiocci : Plutôt à son avantage en mêlée et pas trop effacé dans le jeu, même si loin de l’activité d’un Eddy Ben Arous ou un Jefferson Poirot. Ce nouveau maillot bleu foncé idéal pour cacher les bourrelets est en tout cas une vraie bénédiction pour lui.

 

Guilhem Guirado : Comme d’habitude, il s’engage comme un gros débile, est partout sur le terrain et c’est tout de même difficile de faire des reproches à un mec prêt à perdre le peu de neurones qu’il lui reste à chaque fois qu’il porte le maillot bleu. Après, on a quand même eu l’impression que certains de ses lancers étaient adressés à Thomas Pesquet.

 

Uini Atonio : Toujours un peu suspect en mêlée, toujours très présent dans le jeu même s’il a du déchet. Les nostalgiques du rugbyvré préféreront sans doute Slimani qui, en vrai héritier de Nicolas Mas, ne rentre en jeu que pour jouer les mêlées.

 

Sébastien Vahaamahina : Si on enlève sa faute débile, il a incontestablement signé son meilleur match en Bleu. On pourra dire que c’est facile vu qu’il n’en avait jamais réussi un seul avant, mais tout de même.

 

Julien Ledevedec : En plus des fameuses tâches obscures réservées au titulaire de ce poste, il touche beaucoup de ballons et essaye de faire plein de trucs un peu partout. Par contre, quand il part en percussion, il dégage une telle impression de non-puissance qu’à côté Alexandre Flanquart passerait pour Mamuka Gorgodze. Après c’est tellement rigolo d’avoir un Briviste dans l’équipe que je suis pour le garder.

 

Kevin Gourdon : À la Boucherie Ovalie, nous avons toujours cru en Kevin Gourdon. Probablement parce qu’il nous envoyait déjà des tweets en 2013, à l’époque où nous n’avions aucune idée de qui il était. Depuis, il a fait du chemin et, si on n’a regardé aucun de ses matchs à la Rochelle (faut pas déconner, quand même) on est quand même content de constater qu’il a atteint un tel niveau aujourd’hui. La révélation de la tournée. Il mérite bien qu’on arrête de l’appeler Loann.

 

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Charles Ollivon : Plutôt un bon match pour un joueur qui a l’air d’être un peu dans le même registre que Kevin Gourdon, mais en moins bien.

 

Louis Picamoles : Avec Ollivon et Gourdon qui aiment beaucoup porter le ballon, Picamoles se fait beaucoup plus discret qu’à l’habitude. Ce qui ne l’empêche pas de remuer de la viande dans les rucks. Vu le niveau qu’il affiche à Northampton, on est quand même un peu frustrés de ne pas le voir plus.

 

Maxime Machenaud : Par principe, on déteste Maxime Machenaud, car il joue au Racing Métro, qu’il est Bordelais et qu’il possède un visage et une coupe de cheveux irritante qui nous rappellent Louis-Marie, le petit fils de bourge qui nous mettait la misère au sport au collège. Après, si on veut être un peu objectifs, il a quand même fait une belle première période avec pas mal d’activité et d’engagement en défense.

 

On a malgré tout souvent l’impression qu’il traîne un peu à sortir les ballons, et qu’il les balance à droite ou à gauche un peu au pif, sans jamais donner l’impression de savoir ce qu’il fait . Là-dessus, il souffre de la comparaison avec Serin, cette réincarnation vivante du French Flair, ce petit ange blond, ce (oui bon on a compris tout le monde l’adore).

 

Camille Lopez : Il a rendu hommage à Frédéric Michalak en réussissant à la fois à faire un bon match et à quand même nous faire perdre. Il a des petits côtés agaçants (cette manie de ne jamais prendre de recul et de toujours attaquer la ligne comme un déglingo) mais quand on a vu Plisson et Trinh-Duc dernièrement on a quand même l’impression que c’est le moins pire des 3. Après, ma préférence personnelle va à Jean-Marc Doussain mais ne vous fiez pas à moi : j’aime pas vraiment le rugby.

 

Wesley Fofana : Un peu en dessous de ses matchs contre les Samoa et l’Australie, comme s’il n’avait pas totalement récupéré après avoir été sonné en début de match. Mais quand même largement correct.

 

Rémi Lamerat : Plutôt solide lui aussi. On a enfin trouvé notre paire de centres avec ces deux mecs qui jouent ensemble en club et qui ont beaucoup de repères communs. Imaginez si on avait pu avoir ça en équipe de France il y a quelques années. Genre avec Jauzion et Fritz. Ah ça aurait été bien !

 

Noa & Virimi, amis pour la vie : Sélectionner un Fidjien et se plaindre parce que « oui il est bon en attaque, mais en défense, olalah », hey, what did you expect ? Les Blacks avaient clairement visé les coups de pied sur nos deux « fantasques » et on a un peu souffert. Cela dit on aurait eu l’air encore plus cons avec Huget ou Guitoune, donc bon…

 

Brice Dulin : Par principe, on déteste Brice Dulin parce qu’il joue au Racing, et parce qu’il a ce petit sourire en coin auto-satisfait du mec qui est bon et qui sait un peu trop qu’il l’est. Et aussi parce qu’il défend comme Jérôme Porical. Cela dit, à part sa vitesse de course gênante sur l’essai de Dagg et quelques ballons perdus, il a réussi des relances plutôt tranchantes et même quelques passes après contact. Néanmoins, pas suffisant pour faire oublier le guide de la patrie, Scott Spedding, un mec tellement adorable qu’on ne peut pas le détester même après qu’il a raté un 6 contre 1.

 

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Le nouveau joueur préféré de ta mère devant Vincent Clerc : DEAL WITH IT.

 

Les remplaçants :

 

Rabah Slimani  & Baptiste Serin : Voir les commentaires plus haut.

 

Damien Chouly : J’ai beaucoup de respect pour Guy Novès, mais à quel moment dans ta carrière d’entraîneur tu te dis « on est menés au score, on a besoin d’un impact player, je vais faire entrer Damien Chouly ? ».

 

Camille Chat : Lui, pour le coup, apporte vraiment quelque chose quand il entre en jeu. Au point qu’on aimerait parfois le voir un peu plus tôt.

 

Cyril Baille : Je refuse d’écrire quoique ce soit sur lui tant qu’il n’aura pas compris que les facéties capillaires comme les rouflaquettes sont réservées aux arrières.

 

Gaël Fickou : On a l’impression que Gaël Fickou est l’éternel espoir du XV de France depuis déjà 10 piges, mais sa page wikipedia indique qu’il n’a que 22 ans. Il a donc encore le temps de devenir mieux que le Maxime Mermoz de sa génération.

 

Jean-Marc Doussain : Grosse déception pour nous, on n’a pas pu voir un de nos chouchou découper du Black avec des plaquages de treiziste. Si Guy Novès avait un peu d’humour il l’aurait au moins fait rentrer à deux minutes de la fin, pour lui rappeler sa première sélection.

 

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Pourtant on sentait que Doudou était possédé et prêt à bouffer tous les All Blacks dès le haka.

 

Les Blacks :

 

Probablement leur match le plus médiocre de 2016, puisque même quand ils ont perdu contre l’Irlande ils ont montré plus de rugby que samedi soir. Néanmoins on sentait bien qu’ils en gardaient sous le pied pour la 3ème mi-temps alors on ne va pas trop leur en vouloir de savoir profiter de la vie de temps en temps.

 

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Je vous ai bien niqués.

 

Le bilan :

 

Il y aura toujours des grincheux pour dire qu’on fait quand même plus ou moins n’importe quoi en attaque en espérant que ça finisse par passer, qu’on perd 20 ballons par matchs dans les rucks, et qu’on gâche tellement d’occasions d’essais que quand ils voteront enfin pour leur indépendance, les Écossais décideront de changer les couleurs de leur drapeau pour passer au bleu-blanc-rouge.

 

Pire que les grincheux, il y aura des gens avec de la mémoire (si si, ça existe encore) pour se rappeler que la première tournée d’automne de PSA n’avait pas été si mauvaise que ça, et même qu’elle avait été très bonne, puisqu’on avait battu l’Argentine et l’Australie avec la manière. Et donc qu’il ne faut peut-être pas s’enflammer trop vite non plus.

 

C’est vrai qu’en 8 mois on a gagné 4 matchs et on en a perdu 6, c’est vrai que les choses ont encore largement le temps d’empirer et que l’on est pas à l’abri d’un véritable drame, comme par exemple la sélection d’Henry Chavancy au centre. Mais en attendant, on va profiter un peu de cette grande nouveauté de l’année 2016 : s’amuser devant les matchs du XV de France, et pas seulement parce qu’on prend plaisir à se moquer des analyses de Fabien Galthié.

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Cette équipe de France, c’est de la bonne.

Le diaporama de la saison 2016/2017, épisode 2

Par le Stagiaire, Ovale Masqué, John Pils, Arbleiz, Marcel Caumixe et Tool’Onez.

 

Comme d’habitude, vous pouvez nous soumettre vos images et vos propositions de légendes sur le forum, ou sur les réseaux sociaux. Si on ne les sélectionne pas, soyez vexés, c’est probablement que vous n’êtes pas drôles.

 

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Bientôt sur National Geographic, un énième reportage sur les espèces en voie de disparition.

 

 

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Présidentielles 2017 : François Van der Merwe sceptique face aux arguments d’Emmanuel Macron.

 

 

 

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« Qui préfère se bourrer la gueule sur une île paradisiaque plutôt que de rentrer en France en septembre ? »

 

 

À tous les coups un excès de vitesse c’est trois points.

 

 

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En direct du salon de l’auto, allée « charrettes, caravanes, pièce détachées et vintage ».

 

 

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« La Pro D2 ? M’en fous, moi j’ai signé comme figurant pour la prochaine saison de Game of Thrones »

 

 

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Quand on t’apprend que dans les effets secondaires potentiels des corticoïdes, il y a « poussée d’acné ».

 

 

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Toi quand tu fais semblant d’être bilingue et d’avoir compris un jeu de mots en anglais.

 

 

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Petit chambrage avant le derby : Alexandre Flanquart et Jules Plisson se déguisent en supporters du Racing.

 

 

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« Oh Tom Cruise-San, toi le Dernier Samourai, donne-moi la force de réussir cette pénalité…»

 

 

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La Nouvelle-Zélande est fière de vous présenter ce nouveau prototype d’avion de chasse 100% furtif. Échappe à tous les radars.

 

 

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Sur cette photo, on voit clairement un joueur du Racing essayer d’attraper l’étoile jaune de Super Mario pour se doper.

 

 

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– Tu te rends compte qu’on est passé à un point d’être champions du monde, et qu’aujourd’hui on joue le maintien ?
– Ta gueule Julien.

 

 

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Quand tu réalises qu’il va falloir investir dans un selfie-stick si tu veux prendre ta photo avec Paul Goze.

 

 

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Et après on va nous dire que Dan Carter se dope pas. Vous avez vu sa gueule ?

 

 

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« RENÉ, AMÈNE MOI JULIEN TOMAS, J’AI CAMINATI POUR LUI AU TÉLÉPHONE ! »

 

 

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Brice Dulin est vraiment prêt à tout pour impressionner Guy Novès et revenir en Équipe de France.

 

 

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TECHNOLOGIE. Grâce à la réalité virtuelle, les joueurs du Stade Français peuvent enfin voir ce que ça fait de jouer dans un stade plein.

 

 

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Quand tu te fais niquer ton coup parce que Benjamin Fall est en train de chier dans les toilettes handicapé.

Franck Azéma en colère contre le jeu Pokémon Go

 

Comme beaucoup de Français, Franck Azéma a récemment succombé au phénomène Pokémon Go. En installant ce jeu sur son téléphone, l’entraîneur en chef de l’ASM Clermont Auvergne Rhône Alpes espérait sans doute se détendre un peu et se changer les idées après une saison éprouvante, conclue par une cruelle défaite en prolongations contre le Racing 92 en demi-finale du Top 14.

 

Hélas, il semblerait que le sort s’acharne sur le technicien catalan, qui a dû interrompre sa carrière de dresseur en herbe après avoir détruit son téléphone portable dans un accès de rage. La raison de son ire ? Il n’a pas réussi à capturer Brenunus, un Pokémon considéré comme légendaire, tout particulièrement en Auvergne, où il n’apparaitrait qu’une fois tous les 100 ans.

 

« Alors que je marchais tranquillement près de Marcel-Michelin pour me rendre à l’entraînement, je suis tombé sur Brenunus (…) J’ai immédiatement sorti une pokéball pour l’attraper, mais malgré la précision de mon lancer, il a réussi à s’échapper ! Alors j’en ai lancé une deuxième, une troisième… au bout de dix tentatives, rien à faire, cette saleté était impossible à capturer ! Il a fini par filer pour du bon et je ne l’ai plus jamais revu… »

 

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Brenunus, un Pokémon rarissime (même à Toulouse, on ne le voit plus).

 

Un échec que le technicien auvergnat a visiblement bien du mal à digérer…

« C’est extrêmement frustrant de voir un Pokémon s’échapper de cette façon. Je vous le dit, je suis en colère. On marche pendant des heures, et voilà comment on est récompensé (…) Tout cela me fait me poser des questions (…) On sait bien que ce sont les Chinois du Nintendo qui sont derrière ce jeu. Je ne serai pas surpris d’appendre qu’ils favorisent les dresseurs originaire de la région parisienne ou du Var, qui dépassent le salary cap pour se payer des incubateurs d’oeufs (…) Moi, depuis que j’ai le jeu, je n’attrape que des Radox avec 9 de PC. Autant vous dire qu’avec ça je n’irai pas bien loin… »

 

Franck Azéma pourra se consoler en se disant qu’il n’est pas le seul acteur du monde du rugby à avoir été déçu par son expérience avec Pokémon Go. En effet, après avoir capturé deux Rattata en l’espace de dix minutes, Guy Novès aurait immédiatement désinstallé l’application, affirmant qu’il ne « supporte pas les doublons ».

 

Des propos recueillis par notre chroniqueur jeux vidéo, José A. Gear-Solide.

Le compte rendu de la finale du Top 14 depuis Pyongyang

 

Par Ovale Masqué,

 

Avant d’entamer le compte-rendu de cette finale du Top 14 2015-2016, nous nous devons de clarifier la situation de la Boucherie Ovalie : au mois d’avril dernier, nous avions rédigé un tweet dans lequel nous nous étions engagés à rejoindre la Corée du Nord si le Racing 92 remportait un titre. Ce jour tant redouté étant arrivé, nous avions à cœur de tenir notre engagement, avec la même droiture qu’un Rupeni Caucaunibuca quand il promet qu’il reviendra à Agen avant la fin du mois d’août.

 

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L’intégralité de l’équipe de la Boucherie (sauf Pastigo, qui considérait que vivre en Auvergne était déjà une punition suffisante) a donc rejoint Pyongyang lundi matin. Première conséquence de ce déménagement, notre compte Twitter a immédiatement été désactivé, la liberté d’expression étant une notion aussi vague pour le gouvernement coréen que celle de la gestion de fin de match pour un Clermontois. Kim Jong-Un, le grand soleil du XXIe siècle, nous a tout de même permis de continuer à faire vivre notre site web : tout simplement car comme beaucoup de monde, il ignore totalement son existence.

 

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Pyongyang, un endroit aussi chaleureux et festif que la place de Jaude un soir de finale.

 

Avant de délaisser le rugby pour nous consacrer au sport qui fait vibrer ce beau pays, les exécutions publiques le ping pong, nous avons estimé que l’on vous devait au moins un dernier article consacré au ballon ovale. Et que nous devions également des excuses au Racing 92, ce club que l’on a tant vilipendé au cours de la saison.

En effet, après avoir été étiquetés comme « anti-Toulousains », « anti-Toulonnais », « anti-Clermontois » et même parfois « anti-Aveyronnais » (ce qui nous conforte dans l’idée que l’on parvient à atteindre une certaine équité en matière de distributions de mandales virtuelles), nous avons beaucoup entendu dire que la Boucherie était devenue anti-Racing. Nous, de vulgaires haters ! C’est quand même pas notre genre, pourtant.

Bon, puisque notre futur est plus qu’incertain (le Stagiaire a déjà été enfermé dans une geôle en raison de son troublant physique androgyne), autant être honnêtes : c’est vrai, on a beaucoup de mal avec le Racing. Et nous vous devons quelques explications.

 

Mais pourquoi tant de haine ?

 

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PARCE QUE TOULON ?

 

D’abord, il y a un homme, un homme qui cristallise notre ressentiment pour ce club qui était pourtant encore doté d’un beau capital sympathie au début des années 1990 : son président, Jacky Lorenzetti. Pour des branleurs au RSA comme nous, tout inspire le délit de sale gueule chez ce personnage : son ancienne activité dans l’immobilier, un monde où l’on trouve encore plus de gens malhonnêtes que dans celui du rugby, sa dégaine de type qui lance des paquito aux congrès d’été du MEDEF, sa connaissance limitée de l’Ovalie (franchement, qui n’a jamais pris son pied devant un bon vieux match disputé dans la boue ?), ses sorties de beauf bien fier de lui sur ses voisins parisiens qui « montrent leur zizi dans des calendriers obscènes »… non vraiment, on avait rarement vu un homme aussi bien porter son prénom.

Oui, Jacky nous agace. Encore plus quand il essaye de se la jouer Mourad Boudjellal sur le terrain de la communication – le tout sans posséder le sens de la punchline et l’auto-dérision du vendeur de bédés toulonnais. Ou encore quand il projette de construire un stade de 32 000 places à la Défense (parce qu’à Colombes y’a trop de pauvres, ça fait fuir les partenaires, et en plus y’a pas de loges pour accueillir tous les VIP à Yves-du-Manoir). Le tout au mépris du bon sens, quand on sait que le Stade Français peine à poser 20000 culs sur les sièges du stade Jean-Bouin malgré 20 ans de présence dans l’élite et 6 Boucliers de Brennus décrochés depuis 1998.

 

Bon après, dans le genre caricature vivante, on peut reconnaître que le bonhomme tient plutôt bien son rôle. Puisque le rugby est devenu un sport-spectacle, et le Top 14 un « feuilleton » (pour citer nos amis de Canal +), avoir un bon méchant est désormais indispensable. Comme pour Game of Thrones, on allume aussi et surtout notre télé (ou notre streaming) pour voir des personnages qu’on adore détester. Mourad a fait le job avec brio pendant des années dans le rôle du bâtard revanchard de l’Ovalie. Mais on sent une pointe de lassitude ces derniers mois, il n’est clairement plus aussi mordant. Lorenzetti a donc repris le flambeau dans le rôle du Lannister arrogant et pété de thunes (mais qui ne paye pas toujours ses dettes, en tout cas pas au fisc).

 

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Soyez honnêtes : qui n’a pas envie de photoshoper une gigantesque bite sur ce genre de photos ?

 

Mais Jacky n’est pas le seul à nous filer des boutons (ce qui n’arrange en rien nos physiques disgracieux de trolls cachés derrière leurs écrans). Derrière ce président dont la personnalité déteint un peu trop sur un club autrefois attachant, on retrouve l’inséparable duo responsable du secteur sportif, les Minus et Cortex de l’Ovalie, Laurent Labit et Laurent Travers. Deux grands amoureux du beau jeu, capables de se toucher pendant des heures sur une compil de ballons portés sur YouTube.

Deux fiers représentants des Valeurs de l’Ovalie, où comme chacun le sait, le respect de l’homme au sifflet est placé au-dessus de tout. Deux gars qui ont laissé de grands souvenirs de leur passage à Montauban et à Castres, même s’ils ont fini par partir en emportant les meubles du club house et la moitié de l’effectif. Avec l’ajout de Ronan O’Gara, la plus belle tête à claques du rugby irlandais, et dont la principale activité semble être d’insulter les arbitres depuis le bord de touche, le staff du Racing réunit une sorte de Dream Team de la Filsdeputerie. Après le départ de Pierre Berbizier, il était compliqué de remplacer quelqu’un d’aussi antipathique que l’ancien sélectionneur des Bleus : encore une fois il faut être fairplay et féliciter Jacky, qui a réussi ce qu’on pensait tous impossible.

 

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Il va falloir nous y faire, cet homme est champion de France. Deux fois.

 

Puis il y a aussi les supporters. Un groupe de 27 personnes d’environ 52 ans de moyenne d’âge, qui aiment porter des polos Eden Park noués autour de leurs épaules et qui vouent un culte à Henry Chavancy. Sans doute la secte la plus étrange de France juste derrière celle des Raëliens – après on va éviter de juger, tous ici on idolâtre Lionel Beauxis. On peut encore citer leur speaker, le seul homme en France à être plus insupportable que Jacques Delmas quand il ouvre la bouche. Ou cette manie de passer du Magic System après chaque point marqué – notez que s’ils se contentaient de le faire uniquement après un essai, nos oreilles auraient beaucoup plus de répit. Quoi d’autre encore ? Les tournées « Val€ur$ du rugby » à Hong Kong, la transformation de Dan Carter en VRP / homme sandwich géant, l’ignoble chant « Racing a du coeur » (par politesse, on n’évoquera même pas « Légende Racing »), la coupe de cheveux de Dimitri Szarzewski, les moignons de Bernard le Roux, le régime herbivore de Luc Ducalcon, Marc Andreu en général… on en passe et des meilleures.

 

Bref, vous l’aurez compris, beaucoup de choses rendent ce Racing détestable à nos yeux. Mais malgré cela, nous sommes capables de mettre notre fiel et notre mauvaise foi aux vestiaires et de reconnaître que oui, le Racing 92 est un beau champion. Cette saison, les Alto-Séquanais avaient quelque chose qu’ils n’avaient pas depuis le début de l’ère Lorenzetti. Non chers amis clermontois, il ne s’agit pas d’Alexandre Ruiz. Mais d’un petit truc en plus – appelez ça une âme ou ce que vous voulez – qui leur a permis de se sublimer pour gagner des matchs couperets, en Coupe d’Europe comme en Top 14. C’était parfois moche, c’était parfois chatteux, mais les mecs n’ont jamais rien lâché, on fait preuve d’un « espwi d’équip » exemplaire et sont allés chercher ce Bouclier à l’aide de belles paires de couilles, ce qui reste finalement le seul élément réellement nécessaire à la victoire en Top 14.

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Brr… brr… bravo le Racing. Voilà c’est dit. Maintenant on peut définitivement fermer le site.

 

PS : Si nous avons désactivé notre compte Twitter, ce n’était pas pour en recréer un dans l’heure qui suit : @Pingpongovalie n’est pas tenu par l’un d’entre nous. Méfiez-vous des imitations : ce compte est à la Boucherie ce que Rémy Martin est à Jean-Pierre Rives.

 

L’avant-match :

 

Premier constat, quoi qu’en disent les grincheux, le Camp Nou est un stade magnifique et constitue un très beau cadre pour cette finale du Top 14 2015/2016. On ne peut que frissonner en admirant cette antre qui a vu les exploits du Barça et du deuxième meilleur Lionel du monde.

 

Le protocole d’avant-match voit Paul Goze et les deux présidents de chaque club présenter les joueurs de la finale à Thierry Braillard (si vous ne savez pas qui est Thierry Braillard, c’est normal, il est secrétaire d’État au sport, un poste tellement peu prestigieux qu’il a été occupé par Bernard Laporte il y a quelques années). On regrettera quand même l’absence de Manuel Valls LE CATALAN qui aurait pu revenir sur ses terres pour assister à la rencontre. Mais après les dangereux manifestants de la CGT et les supporters de l’Euro, le premier ministre avait sûrement peur de se confronter aux dangereux hooligans du Racing 92.

 

Notez aussi que les Alto-Séquanais avaient décidé de se présenter sur la pelouse en arborant des blazers, en clin d’œil à l’équipe du Racing CLUB DE FRANCE sacrée championne de France en 1990. Bon par contre ils n’ont pas osé allé jusqu’au nœud papillon rose, sans doute parce que « ça fait pédé » selon Jacky Lorenzetti.

 

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Ben Tameifuna, aussi surpris que nous d’apprendre qu’on peut avoir un poste au gouvernement en étant encarté au Parti Radical de Gauche.

 

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Et c’est donc Wenceslas Lauret qui remporte le prix du meilleur look de la soirée.

 

Le film du match :

 

1ère minute. Matt Giteau donne le coup d’envoi de la finale et le Racing se met instantanément à la faute. Eddy Ben Arous tente de gratter un ballon et se fait pénaliser par Monsieur Raynal. Halfpenny tente et passe la pénalité, 3-0.

 

7ème. Fernandez-Lobbe tient à rappeler qu’il est humain et commet une faute à son tour. Carter égalise, 3-3.

 

10ème. Nous assistons à un magnifique enchaînement. Pélissié tape une sorte de passe au pied pour personne au fond du terrain. Imhoff attrape le ballon, effectue un arrêt de volée et trouve une touche de 10 centimètres. Quelques secondes plus tard, Giteau envoie une passe sautée au juge de touche. Toute une saison de Top 14 résumée en quelques minutes

 

17ème. Preuve que trop de MUSCUUUU nuit au rugby, Maxime Machenaud tente de plaquer Matt Giteau et le soulève comme un enfant. L’Australien termine la tête direct dans la pelouse, dans une sorte d’hommage à Luc Ducalcon. Après avoir consulté la vidéo, Matthiey Raynal sanctionne : carton rouge pour Machenaud. Une expulsion qui a le mérite de nous offrir un moment rare : les supporters de Toulon et de Clermont exultent de joie au même moment. Quand une haine partagée rapproche les peuples, définitivement, rien n’est plus beau que les valeurs du rugby.

 

On sent qu’il y en a un qui a passé une bonne troisième mi-temps avec son capitaine.

 

18ème. Dans la foulée de cette expulsion, Leigh Halfpenny ajoute trois points de plus. 6-3.

 


22ème. Ben Arous se fait manger par Chilachava en mêlée fermée. Nouvelle pénalité convertie par le buteur Gallois, 9-3.

 

24ème. Le pilier du Racing se rachète instantanément avec un contest qui pousse Fernandez-Lobbe à la faute. Carter réduit l’écart, 9-6.

 

29ème. EL MAMUKATOR commence à s’ennuyer et décide qu’il est temps de mettre un terme à cette rencontre. Servi sur l’aile, la terreur du Caucase décale Tuisova, qui avance sur plusieurs mètres avant de redonner à Gorgodze, qui conclut en force. Halfpenny ne transforme pas, 14-6.

 

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Le Nou Camp restera donc le stade qui a vu plus de 700 buts de Lionel Messi, et un essai de Mamuka Gorgodze.

 

À ce moment-là du match on pense évidemment tous que c’est plié. On zappe même sur TF1 au cas où il y aurait un match de l’Euro à mater, voire pire, une émission avec Arthur. Mais il aurait été dommage de rater la fin de match et le suicide total du RCT. Une performance qu’une seule autre équipe française serait capable d’accomplir en finale, qu’on ne va pas citer parce qu’à force ça devient un peu lourd.

 

32ème. Faute de Chilachava. Goosen tente la pénalité de 50 mètres et la passe, tel François Steyn à l’époque où il avait encore ses cheveux, et son talent. 14-9.

 

40ème. C’est au tour de Mamuka de faire sa petite faute à la con. Le Géorgien ne comprend pas la décision de l’arbitre, qui lui, ne comprend pas qu’il est en danger de mort. En tout cas, Carter passe le ballon entre les perches. 14-12 à la mi-temps, le Racing s’en sort bien.

 

47ème. Nouvelle pénalité sifflée contre le RCT. Chilachava a poussé en travers en mêlée. Les supporters du RCT les plus aigris se souviendront que cette pratique n’était apparemment pas sanctionnée en 2012, pour le plus grand bonheur de Gurthrö Steenkamp. Encore une fois, c’est Goosen qui bombarde de loin. Le Racing passe devant, 14-15.

 

50ème. Les Toulonnais font n’importe quoi depuis 30 minutes et le carton jaune finit par tomber pour Xavier Chiocci, coupable d’avoir écroulé un maul. Goosen continue de faire le job pour lequel Carter est payé 1 million par an, 14-18.

 

55ème. Guilhem Guirado sort sur blessure. Gros coup dur pour le RCT qui perd son capitaine et son véritable cerveau. Enfin surtout son capitaine quand même.

 

57ème. 122ème faute de Toulon. Carter enquille, 14-21.

 

59ème. Servi en bout de ligne par Goosen, Joe Rokoçoko déborde le long de la ligne de touche avec ses jambes de 2005 (ou alors, c’est le Top 14 qui tourne au ralenti et qui donne cette impression qu’il va si vite). Après un petit coup de pied par dessus et un rebond favorable, l’ancien All Black résiste au retour d’Halfpenny et plonge dans l’en-but. C’est l’émeute dans les rues de Colombes. 14-26 après la transformation ratée par Carter.

 

64ème. Les terribles guerriers d’Orangina continuent avec les fautes. Mais cette fois, Goosen rate sa pénalité lointaine.

 

69ème. Dan Carter tente un drop. C’est raté. Gavin Hume avait mis le sien en finale en 2009, lui, mais bon…

 

71ème. Les Toulonnais reprennent enfin du poil de la bête et après une petite période domination, Maxime Mermoz échappe à la défense du Racing, qui n’aurait jamais pu imaginer qu’il serait capable de réaliser un franchissement contre une équipe d’un meilleur calibre qu’Oyonnax. L’ancien CATALAN s’en va inscrire un essai au ras comme une petite fouine de demi de mêlée. 21-26 après la transformation, la Cagolie reprend espoir !

 

77ème. Les Rouge et Noir poussent et squattent dangereusement les 22 mètres adverses… Pélissié commet un en-avant, mais les Racingmen sont pénalisés sur la mêlée qui suit. Jean-Charles Orioli, qui s’est auto-proclamé capitaine, exige alors de prendre une nouvelle mêlée. Mais les Franciliens trouvent le moyen de faire revenir Tameifuna sur le terrain au poste de gaucher.

 

Comme de par hasard, la mêlée du RCT fait nettement moins la fière, et c’est alors Virgile Bruni passe en mode Rado en réalisant l’impensable : un talonnage à la main ! Sur une mêlée. À 5 mètres de l’en-but. En finale du Top 14 ! À ce niveau-là, on peut clairement parler de génie. Tout le monde avait oublié l’existence de ce type depuis deux ans et il a finalement trouvé le moyen de rentrer dans la légende en finale du Top 14. Franchement, chapeau.

 

Toute l’intelligence toulonnaise en une action.

 

Quelques secondes plus tard, les Alto-Séquanais obtiennent et passent une dernière pénalité anecdotique. Score final, 21-29. Le Racing Pas Métro 92 est champion de France. Et le pire c’est que cette fois, on ne peut même pas dire que c’était du vol ou une insulte au rugby. On va juste devoir la fermer. Parait que c’est une habitude à prendre, le Grand Soleil du XXIème siècle n’aime pas trop les grandes gueules, derrière ou devant un écran.

 

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La filière biterroise lève les mains !

 

Les joueurs

Ceux qui ont du cœur, un cœur de vainqueur :

 

Eddy Ben Arous : Se fait plier en mêlée mais a l’activité d’un flanker et gratte 10 ballons par matchs. Après Mathieu Bastareaud, encore un joueur qui s’est trompé de poste.

 

Dimitri Szarzewski : Dimitri Szarzewski est une sorte de Frédéric Michalak du talonnage, un homme qui a pratiquement raté tous les grands matchs qu’il a disputés au cours de sa carrière. Cette fois-ci, il a plutôt été correct, hormis deux pizzas et deux plaquages ratés. C’était donc vraiment le jour du Racing.

 

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La modestie.

 

Ben Tameifuna : Le voir porter un blazer taille XXXXXXXL trop petit pour lui restera le moment le plus divertissant du match. Sinon, efficace en mêlée (ce qui veut probablement dire qu’il triche mieux que les autres) et un ballon gratté au sol. Après avoir essayé en vain d’être international néo-zélandais, tonguien puis lituanien, on s’attend à le voir postuler pour l’équipe de France dans deux ans. Avec Atonio déjà dans la place, le gérant de la cantine de Marcoussis doit déjà avoir de sueurs froides.

 

Manuel Carizza : Un ancien joueur du Biarritz Olympique qui devient champion de France. La même année que le titre européen de Marcelo Bosch. Et ce n’est même pas une blague de la Boucherie.

 

Bernard le Roux : En seconde ligne, il peut faire tout ce qu’il adore faire : ne jamais toucher le ballon, plaquer et mettre la tête dans les rucks. On n’a plus qu’à prier pour qu’il soit également utilisé à ce poste avec le XV de France.

 

Wenceslas Lauret(te) : En troisième ligne, il peut faire tout ce qu’il adore faire : ne jamais toucher le ballon, plaquer et mettre la tête dans les rucks. Après, on a joué avec Thierry Dusautoir pendant 10 ans, alors bon on peut bien en tolérer un comme ça.

 

Yannick Nyanga : A pris sa revanche sur la vie en gagnant une finale de Top 14 comme titulaire. S’il n’était pas si poli et bien élevé, on aurait aimé qu’il fasse un gros fuck à Guy Novès face caméra.

 

Chris Masoe : On a cherché très fort une blague de mauvais goût à faire sur la fille de Jerry Collins, sachant que personne ne lit le site et que personne ne viendra taper un scandale de toute façon. Mais même nous on a un peu été touché par ce moment à la fin du match.

 

Maxime Machenaud : Les Racingmen avaient bien retenu les leçons du titre du Stade Français en 2015. Maxime Machenaud a donc courageusement fait une « Parisse » et a décidé de se sacrifier pour son équipe en se faisant expulser, bien conscient que celle-ci saurait se transcender à 14 contre 15. Homme du match.

 

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Putain mais c’est qui, ce Baptiste Serin ?

 

Juan Imhoff : Il était parti pour devenir le nouveau Mauro Bergamasco. Puis Jonathan Pélissié a décidé de lui montrer qui était le patron, et comment on pouvait totalement rater un match au poste de demi de mêlée. Au final, Juanito s’en est pas mal sorti. Il devra juste vivre avec le suicide de Xavier Chauveau sur la conscience.

 

Dan Carter : L’homme du match pour France 2, Canal +, Natixis, Dove Men Care, Louis Vuitton, Disney Girl, Le Chasseur Français et Picsou Magazine. Il joue sur une jambe, il tire la gueule d’un mec de 45 ans et ne sert qu’à tirer les pénalités. Mais il a gagné deux Boucliers de Brennus en jouant 15 matchs en France, alors on ferme tous notre gueule et on applaudit le plus beau porte bonheur du Top 14 depuis Pierre-Gilles Lakafia.

 

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C’est pas Vincent Clerc qui accepterait de faire des apparitions publiques dans un tel état…

 

Joe Rokoçoko : Pendant 4 ans, Bayonne avait le meilleur ailier du Top 14 dans son effectif. Mais comme c’était Bayonne, ils ne lui donnaient jamais le ballon. Qu’ils sont cons ces Basques.

 

Henry Chavancy : Le plus grand Golden Boy que les Hauts-de-Seine aient connu depuis Jean Sarkozy. Une carrière entière au Racing, une tête de gendre idéal, un rendement défensif digne de Florian Fritz : si on avait pas tant envie de lui foutre des claques on serait presque ému pour lui.

 

Johan Goosen : Le type qui a un Dan Carter dans chaque jambe. Mais il a une tête de con et joue avec un casque, alors la presse ne parlera jamais de lui. Frustré, le pauvre finira sans doute par rejoindre le côté obscur de l’Afrique du Sud en signant à Montpellier.

 

Brice Dulin : Moins en vue qu’en demi-finale, il a tout de même été solide. Guy Novès va donc devoir se creuser la tête pour trouver un nouveau prétexte à sa non-sélection.

 

Au passage, la Boucherie Ovalie aimerait avoir une pensée pour tous les no-names qui étaient là au tout début : Jonny Leo’o, Greg Goosen (alias le mauvais Goosen), Nic Berry, Matthieu Lorée, Dan Scarbrough, Julien Saubade, Benjamin Sa, Mani Vakaola, Fabien Fortassin, et bien sûr le plus grand poissard du rugby français, Jonathan Wisniewski. Tout le monde vous a oubliés sauf nous. À l’époque, le Racing était quand même un peu plus funky.

 

Les pas si terribles guerriers du Pilou-Pilou :

 

MAMUKA GORGODZE : MAMUKA GORGODZE. Pas besoin d’en dire plus.

 

Juan-Martin Fernandez Lobbe : Le troisième ligne le plus élégant et le plus intelligent du monde. Clairement, son équipe ne le méritait pas vendredi soir.

 

Guilhem Guirado : Nerveux comme Xavier Chiocci au moment de la pesée à la reprise du championnat. Le CATALAN nous avait habitués à mieux. Il n’est pas facile de jouer une finale sans un leader charismatique comme David Marty à ses côtés.

 

Steffon Armitage : Après la demi-finale, on a tous pensé « mais pourquoi ce mec a signé à Pau ? ». Après la finale, ça nous parait déjà plus vraisemblable.

 

Jonathan Pélissié : Ce moment gênant où tu te rends compte que le meilleur club du monde a Sébastien Tillous-Borde, Éric Escande et Jonathan Pélissié en N°9. Pourtant, il n’y a qu’à ce poste qu’on a de bons joueurs en France. Fallait le faire pour réussir à tous les éviter.

 

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Bon ben moi faut que j’aille acheter le Midol, que je sache dans quel club je joue la saison prochaine.

 

Matt Giteau : Comme Dan Carter, il joue sur une jambe depuis 6 mois. Mais lui, ça se voit beaucoup plus. On peut tout de même le féliciter pour son salto arrière sur le plaquage de Machenaud, qui devrait lui permettre de faire une belle carrière à la WWE.

 

Mathieu Bastareaud : Il a été plutôt bon. Du coup, on a longtemps cru que c’était Nonu qui jouait. Sauf que Nonu il les gagne les finales.

 

Jean-Charles Orioli : Le voir réclamer fièrement une mêlée 10 secondes avant qu’il ne se fasse plier en deux était l’autre grand moment comique de la soirée après le blazer de Tameifuna. On espère que ses parents étaient bien placés dans le stade pour voir ça.

 

Bryan Habana : C’est toujours surprenant de se dire qu’il a pu inscrire autant d’essais alors qu’il ne sait pas attraper un ballon.

 

Conclusion :

 

La pire saison de Top 14 de l’histoire aura finalement été sauvée par deux matchs. Le plus fou dans l’histoire, c’est qu’on parle bien de deux matchs du Racing. Bon, il faut évidemment remercier les Clermontois, qui ont joué à la perfection leur rôle de losers magnifiques en demie, et Maxime Machenaud, qui a sublimé une finale qui aurait pu être bien plus soporifique sans son coup d’éclat. Sans eux, rien n’aurait été possible.

Malgré ce beau final, on n’est quand même pas malheureux de dire au revoir au Top 14 pendant deux mois. Parce que bordel, qu’est-ce que ça a été pénible. Et le pire est encore peut-être à venir, puisqu’après Toulon et le Racing, la logique du « plus tu mets de pognon, plus t’as de chances de gagner » devrait bien finir par permettre à Montpellier d’être champion de France. Heureusement, à ce moment-là, nous on sera en train de commenter du ping-pong.

 

Allez, An-nyeong-hi ga-se-yo !

Hachoirs d’Or 2015 : le vote

Après deux ans d’absence pour cause de flemme monumentale, les Hachoirs d’Or sont de retour !

Pour les lecteurs qui ne nous ont découverts que récemment, ou pour ceux qui pensent que nous ne sommes qu’un compte Twitter et qui sont tombés sur ce lien par hasard, les Hachoirs d’Or sont nés en 2009 et ont pour but de récompenser les acteurs du monde du rugby qui se sont distingués (le plus souvent de façon négative, sinon c’est pas drôle) tout au long de l’année. En l’occurrence, on parle donc bien de l’année 2015 – ainsi nous continuons de rendre hommage à Jean-Marc Doussain en étant perpétuellement en retard. 

Et en 2015, année de Coupe du monde, on peut dire qu’on a été gâtés. Les tartuffes, les jocrisses et les cuistres du monde de l’ovalie étaient tous au rendez-vous pour nous rappeler à quel point notre sport est merveilleux et tellement supérieur à tous les autres.

 

Hachoir d’Or « Marcus di Rollo » des trucs qu’on essaie de nous faire croire qu’ils existent, mais dont on a bien fini par se rendre compte qu’on s’était foutu de notre gueule :

  • Le French Flair

 

  • Les Valeurs du rugby

 

  • Le plan de jeu des Bleus pendant la Coupe du monde

 

  • Les rires sur le plateau du Canal Rugby Club

 

  • Le talent de Quade Cooper

 

  • Oyonnax

 

Hachoir d’Or « Holy Guazzini » des grands portés disparus :

  • Serge Blanco après le quart de finale du XV de France en CDM

 

  • De Pénalité avec le Stade Toulousain

 

  • Jonathan Sexton au Racing Métro

 

  • Julien Bardy, 10 minutes à chaque match

 

  • Les testicules des arbitres depuis l’arrivée de la vidéo

 

Prix « Mike Brown » du joueur le plus courageux :

  • Mike Brown

 

  • Mike Brown !

 

  • MIKE BROWN !!

 

  • MIKE BROWN !!!

 

Hachoir d’or « Ovalix » de la mascotte de la lose 2015

  • Pottoka (AB)

 

  • Filou (LOU)

 

  • Ovalion (Toulouse)

 

  • Géronimo, l’indien alcoolique (BO)

 

  • Koxka, le pirate plagiaire (BO)

 

  • Sébastien Chabal (Canal +)

 

  • Renaud Lavillenie (ASM)

 

Hachoir d’Or d’honneur du meilleur joueurjoueur

  • Sireli Bobo

 

  • Albert Vulivuli

 

  • Malakai Radikedike

 

  • Nicolas Jeanjean

 

  • Alisona Thomas Lolo

 

Hachoir d’Or de la potiche la mieux habillée et maquillée en plateau télé :

  • Sébastien Chabal pour Canal Rugby Club

 

  • Vincent Clerc pour Jour de Coupe du monde

 

Hachoir d’Or du consultant/comique impertinent et décalé qui est resté bloqué dans la cave à vin du Pousse-au-Crime depuis 25 ans :

  • Philippe Guillard dans Canal Rugby Club

 

  • Jean-Baptiste Lafond sur Eurosport et Rugbyrama

 

Hachoir d’Or du journaliste de droite qui porte son pull en cachemire noué autour des épaules :

  • Arnaud Coudry (Le Figaro)

 

  • David Reyrat (Le Figaro)

 

  • Nicolas Dupin de Beyssat (Canal +)

 

Hachoir d’Or « Pétère et Steven » du journalimse d’investigation :

 

 

 

 

 

 

Hachoir d’ Or « Jacques Delors » de la prononciation fantaisiste

  • Kouadé Coupeur

 

  • Dave/Rob Kirné

 

  • Kyan Healy

 

  • Sam Beurgueusse

 

  • Xavier Tchoky

 

  • Leï Alfpéni

 

  • Jonathan Ouineski

 

  • Scott Speeding

 

  • Noa Nakatachi

 

  • SONIBI !

 

  • TILOUSSE !

 

  • NAÏGUEUL OWENS !

 

Hachoir d’Or du bouquin qui fait regretter aux piliers de ne jamais avoir appris à lire :

  • Boucherie Ovalie, pour «#LeMeilleurLivreDuMonde »

 

  • Pierre Ballester pour « Y sont tous dopés ! »

 

  • Laurent Bénézech pour « Je l’avais dit en premier ! »

 

  • Mathieu Bastareaud pour « Moi, renoi fragile »

 

  • Pierre Salviac pour « Je suis encore vivant ! Regardez-moi ! »

 

  • Matthieu Lartot pour « Romain Poite m’explique les règles pour que je fasse enfin mon boulot correctement »

 

Hachoir d’Or Guy Novès des 3 points en moins :

  • Lionel Beauxis pour UBB – Stade Toulousain

 

  • Chris Robshaw pour Angleterre – Galles

 

  • Le chauffeur du bus de l’autoroute A9

 

Hachoir d’Or du club qui gère ses finances comme l’UMP gère ses comptes de campagne

  • Bourgoin-Jallieu

 

  • Tarbes

 

  • Biarritz

 

  • USAP

 

  • Chalon-sur-Saône

 

Grand Prix Mourad Boudjellal de la déclaration de l’année

  • Jake White : « Jouer à Montauban devant 5 personnes et un chien, ça ne m’intéresse pas. »

 

  • Éric De Crosmière : « Nos spectateurs ont beaucoup de chance d’avoir un club comme le nôtre, ils pourraient être à Brive, Perpignan ou encore à La Rochelle. »

 

  • Mourad Boudjellal : « Avec les événements de ces dernières 24h, tout le monde a compris l’escroquerie médiatique de RTL, de la part d’une journaliste qui a eu une information qu’elle a jugée clitoridienne… »

 

  • Serge Blanco : « On va gagner parce qu’on est français. »

 

  • Martin Castrogiovanni à propos de son ancien entraîneur Richard Cockerill : « Je ne veux plus jamais parler à Cockers. (…) Je ne déteste personne. Peace and love. Mais je n’aime pas les enculés. »

 

  • Mike Phillips à Lloyd Williams, son concurrent en équipe nationale : « Tu as mis fin à la carrière d’une légende. »

 

  • Jean-René Bouscatel : « Je le répète, j’aime la saucisse, j’aime la merguez. »

 

  • Pascal Papé au sujet d’un ancien camarade en équipe de France : « J’ai pas l’habitude de balancer, mais Estebanez c’est une salope. Par derrière.  »

 

  • Pascal Papé au sujet de son coup de genou sur Jamie Heaslip : « #ToujoursPasIntentionnel.  »

 

Hachoir d’Or Jo Maso du plus bel emploi fictif : 

  • Patrice Lagisquet, entraîneur des arrières du XV de France

 

  • Damien Chouly, troisième ligne aile du XV de France

 

  • Richard Escot, journaliste à l’Équipe

 

  • Christian Califano, homme de terrain sur TF1

 

  • Matthieu Lartot, commentateur des restes de la Coupe d’Europe sur France 2

 

  • Denis Troch, coach mental à Clermont

 

  • Pierre Camou, maçon dans l’Essonne

 

Hachoir d’Or Nicolas Sarkozy du type qui se représente alors que plus personne veut voir sa gueule :

  • Pierre Camou

 

Hachoir d’Or Sylvio Berlusconi du « plus c’est gros, plus ça passe » :

  • Bernard Laporte

 

Hachoir d’Or Jacques Cheminade de la candidature fantaisiste 

  • Pierre Salviac

 

Hachoir d’Or « Dan Carter » du joueur qui a coûté un bras de Scott Spedding à la sécurité sociale :

  • Pierrick Gunther au LOU

 

  • Benjamin Fall au MHR

 

  • Alexis Palisson au Stade Toulousain

 

  • Hugo Bonneval au Stade Français

 

  • Leigh Halfpenny au RACING Club Toulonnais

 

Hachoir d’or « Christian Jeanpierre » du plus beau commentaire de Christian Jeanpierre :

  • « Mike Brown… Mike Brown ! MIKE BROWN !! MIKE BROWN !!! »

 

  • « MAIS IL EST STUPIDE ! MAIS QU’EST-CE QU’IL A DANS LA CABEZA ? »

 

  • « Je suis fan absolu de ce joueur ! »

 

  • « Coup de pied tactique »

 

  • « La chaaaarge de… ! »

 

  • « Je n’ai jamais vu un joueur aussi courageux ! »

 

  • « Elle est bonne ! »

 

  • <« BLACK-BOULÉS, BLACK-BOULÉS, BLACK-BOULÉS »

 

Hachoir d’Or de la plus belle tentative d’assassinat :

  • Philippe Saint-André contre la carrière de Brice Dulin

 

  • Le XV de France contre le rugby

 

  • Courtney Lawes contre Jules Plisson

 

 

    • Sam Burgess et Owen Farrell contre Matt Giteau et Michael Hooper

 

    • Michael Hooper contre le courage de Mike Brown

 

  • Isaac Te Tamaki contre Franco Sabato (Sevens)

 

 

  • Levani Botia contre Pierre Bernard

 

 

 

Hachoir d’Or du Boucher de l’année :

      • Julien Bardy
      • Delon Armitage
      • Courtney Lawes
      • David Marty
      • Levani Botia

 

La catégorie reine. Après Jamie Cudmore en 2009, Mafileo Kefu en 2010 – avouez, vous aviez oublié cet artiste du découpage qui opérait au RCT à l’époque où Mourad n’avait pas transformé son équipe en album Panini Deluxe – et Julien Caminati en 2012, un nouveau joueur va entrer au Panthéon des Bouchers. Et cette année, le casting est assez relevé. Présentation des principaux candidats :

 

Julien Bardy (Clermont)

Lors des Hachoirs d’Or 2010, il avait 25 ans et était alors un grand espoir de la catégorie. Éclipsé par des joueurs au casier judiciaire plus étoffé et à la renommée médiatique supérieure, le chien fou portugais n’avait récolté que 3% des sondages exprimés. Une gifle. Mais le propre de Julien Bardy étant de répondre à un affront en faisant quelque chose de particulièrement stupide, il ne nous a pas déçus depuis 5 ans, et peut se targuer de se présenter avec l’étiquette de grand favori.

Ses principaux atouts ? 3 cartons jaunes en 2015, dont un reçu lors de la finale du Top 14. Un comportement de joueur de Fédérale qu’on ne tolérerait nulle part ailleurs qu’à Clermont (« parce qu’il y a trop de gentils dans cette équipe alors bon il en faut bien un débile ») et un niveau de jeu qui ne justifie pas vraiment qu’il pousse constamment Alexandre Lapandry sur le banc ou en tribunes. Enfin, Bardy pourra également compter sur le soutien massif de la Yellow Army, le meilleur public de France qui n’hésite jamais à chier sur ses joueurs après une défaite à domicile de trop.

 

Delon Armitage (RCT)

Une nomination qui vient récompenser une carrière exemplaire en tous points. Delon Armitage, c’est LA tête de con de l’ovalie. Un joueur qu’on détesterait volontiers même s’il n’était pas anglais – même s’il faut bien avouer que cela lui ajoute un charme indéniable. Delon en 2015, c’est tout de même 4 cartons jaunes, plusieurs suspensions, dont une assez longue pour avoir insulté des fans de Leicester lors d’un match de Coupe d’Europe.

Inutile de vous rappeler qu’avant cette année 2015 particulièrement réussie, Delon s’était illustré en insultant un contrôleur anti-dopage, frappé un type dans une boîte de nuit ou encore pour s’être rendu coupable de blasphème à l’encontre du prophète Brock James. Son seul défaut ? Son talent incontestable avec un ballon entre les mains. Encore que, au vu de ses prestations depuis quelques mois, on pourrait croire qu’il fait vraiment tout pour remporter ce trophée. 

 

Courtney Lawes (Northampton)

On l’avait découvert en 2009, quand il avait fracassé le jeune Morgan Parra en deux lors d’une finale de Challenge Cup entre Northampton et Bourgoin. Puis il avait confirmé tout son talent deux ans plus tard en tentant de mettre fin à la vie de Mario Ledesma lors de la Coupe du monde 2011. Courtney Lawes, c’est un esthète du plaquage à retardement, un joueur qui sait toujours trouver la limite entre le « ouais bon ok ça passe c’est dans le mouvement » et l’attentat délibéré. Un talent qui lui permet de ne quasiment jamais être expulsé (son dernier carton jaune remonte à mai 2014) et de continuer à châtier les N°10 en toute impunité. Déjà auteur de quelques exploits notables, Courtney a cette année atteint l’immortalité avec un destronchage de Jules Plisson qui restera dans les annales de YouTube. Mais il a également déçu lors du Mondial, où il s’est montré bien trop discret. 

 

David Marty (USAP)

Il paraît que c’est dans les vieux pots que l’ont fait les meilleures soupes. En tout cas, celle que nous sert l’USAP depuis 2013 est toujours aussi indigeste, et cela doit beaucoup au talent de son cuisinier en chef : David Marty LE CATALAN. À 33 ans, l’ancien international (39 sélections, tut tut les rageux) a réalisé sa plus belle année sur le plan disciplinaire en collectant 2 cartons rouges et 2 jaunes. Et encore, la moitié de ses déblayages de mongoles n’ont même pas été sifflés. 

Marty, un troisième ligne perdu au beau milieu de la ligne de trois quarts, une relique d’un rugby qui n’existe plus, et finalement, l’éternel garant des valeurs de la Catalanité (nous on n’a jamais bien compris ce qu’elles englobaient, mais on sait juste que LA BAGARRE en fait partie). Lui attribuer ce titre serait une récompense à la hauteur de sa magnifique carrière. 

 

Levani Botia (La Rochelle)

Le gros outsider. En 2014, personne ne connaissait ce joueur lorsqu’il a débarqué à la Rochelle, caché à l’intérieur d’un cargo de marchandises qui comportait 22 autres joueurs des îles fraîchement recrutés par l’ASR. Il n’a eu besoin que de quelques semaines pour se faire un nom. Botia, c’est un Fidjien ballon en mains, un Tongien sous MDMA en défense. Manchette, cathédrale, raffut-fulguro-poing dans la gueule, voilà un joueur qui possède un registre étonnamment complet. 4 cartons jaunes en 2014, un rouge en 2015 : c’est fort, très fort. Seule petite déception : il n’a tué personne lors de la Coupe du monde 2015. 

 

Maintenant, à vous de jouer ! Vous pouvez voter jusqu’au moment où l’on décidera de se sortir les doigts pour annoncer les vainqueurs, donc probablement un peu avant le début du Tournoi des VI Nations. N’hésitez pas non plus à expliquer vos choix dans les commentaires ou à nous insulter si vous avons oublié vos favoris. 

Adrien Buononato (Stade Français) passe sur le grill – partie 2

Après une première partie où l’on a évoqué le Stade Français, le Racing 92, la formation française, le XV de France ou encore la répartie tonitruante de Laurent Travers, passons aujourd’hui à la deuxième partie de l’interview d’Adrien Buononato.

Au programme, des questions un peu plus légères, ce qui ne nous empêchera pas d’apprendre quelques trucs intéressants, notamment sur le passage de Michael Cheika au Stade Français, sur les entraîneurs français en général, ou encore sur l’homme, la légende : Scott Lavalla.

On remercie Adrien de nous avoir accordé du temps et d’avoir répondu à nos questions avec autant de franchise. Et d’avoir payé nos verres, aussi.

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4 jours après la publication de la première partie, Adrien constate avec dépit qu’il n’a toujours pas de page Wikipedia.

 

Après le Racing, le Stade Français. Ça te dirait pas d’entraîner une équipe qui a des supporters un jour ?

(Il rigole) Putain, tu plaisantes mais à Trévise on avait vachement de supporters qui s’étaient déplacés ! Bon par contre même les Italiens étaient venus pour encourager Parisse… nos supporters ils sont pas nombreux, mais ceux qu’on a sont fidèles. Ils se mettent à chanter, pour la finale ils étaient habillés en fluo, on les voyait de partout… alors après oui c’est pas la Rochelle en nombre de supporters, après c’est peut-être à nous de les fidéliser en étant plus proches d’eux.

 

Le nouveau stade, ça a changé beaucoup de choses à ce niveau-là ?

Ben c’est mieux, non ? Il y a plus de monde, quand on compare à Charléty il y a 4 ans…

 

Il n’y avait pas les mêmes résultats non plus…

Non mais il y avait une belle équipe, un bon entraîneur avec Michael Cheika… là on a nos fidèles, ils prennent leur casse-croûte avant le match sur le parvis, c’est sympa, ça prend petit à petit.

 

Tu parles de Cheika, du coup rien à voir mais pourquoi ça n’a pas marché au Stade Français ? Il a gagné une Coupe d’Europe, le Super Rugby, fait une finale de Coupe du monde, a priori c’est qu’il est bon ?

C’est horrible parce que j’aime bien ce mec. L’année que j’ai passée où il était là, ça n’a pas marché. On était encore à l’époque où au Stade Français certains joueurs, certains membres du staff avaient beaucoup d’influence.

Cheika avait un fonctionnement à l’anglo-saxonne, il a bousculé les habitudes, il voulait tout contrôler, il fliquait un peu les joueurs, et c’est mal passé. C’était la même chose avec Ewen McKenzie avant, à qui on avait imposé son staff… quand il est retourné en Australie a gagné le Super Rugby avec les Reds. Les mecs ont les compétences, c’était pas le problème.

 

Du coup les coachs étrangers avec des méthodes à l’anglo-saxonne, ça peut pas marcher en Top 14 ?

On va voir ce que ça donne à Montpellier, où Jake White a pu choisir son staff, ses joueurs. Je pense que ça va marcher. À Paris ça ne l’a pas fait car c’était encore les années Guazzini, avec un fonctionnement un peu à l’ancienne, familial, où les joueurs avaient beaucoup de poids.

Je pense d’ailleurs qu’il y a beaucoup d’entraîneurs français qui vont se faire dégager pour être remplacés par des coachs étrangers. On va avoir des présidents qui vont mettre de l’oseille, qui voudront absolument gagner et leur donneront tous les moyens à ces mecs-là pour qu’ils atteignent leur objectif. Et ça fonctionnera car leur système est pro, axé sur la performance.

Rugby : Stade Francais / Castres - Top 14

Michael Cheika et son désormais célèbre pubis frontal.

 

Ça veut dire que les entraîneurs français sont mauvais ? Sans taper sur tes camarades…

Non. Le problème pour certains entraîneurs français, c’est qu’on leur laisse peu de temps. Quand un joueur est dans sa dernière saison, on lui laisse trois options : entraîneur, consultant ou retourner dans l’anonymat. Du coup, quand lui propose un rôle dans le staff, le choix est souvent vite fait…

On ne leur laisse pas le temps pour réfléchir à leur démarche d’entraîneur. Franchement, c’est un drôle de job. Quand t’es joueur t’as plein de choses à reprocher à ton entraîneur, sur ses méthodes, sa communication, tout ça… mais le jour où toi tu te retrouves aux manettes, tu te rends compte que ce n’est pas si simple que ça à gérer.

T’as besoin de connaître des défaites, d’avoir des conflits avec des joueurs, de faire des choix dans tes compositions en mettant de côté la notion affective, et donc d’aller annoncer à ton pote qu’il va pas jouer car il est moins bon… ça, je l’ai vécu aussi au PUC, faire la transition joueur-entraîneur en quelques mois. En ayant la chance d’être loin des caméras et de la pression du Top 14. T’as besoin de te faire la main pour ce job, et parfois en France, on te laisse pas suffisamment de temps pour le faire.

 

Ton meilleur moment de l’été 2015, ça a été le titre du Stade Français ou le moment où on a retrouvé Holy ?

Le moment où on a retrouvé Holy évidemment ! Après c’est un peu un sketch… tu vas sur Twitter, une alerte enlèvement elle a 10 RT.. une disparition de clébard, t’as une émission de télé, la radio, les journaux qui en parlent ! Mais c’est un bon mec Max, vraiment, ça vaut le coup que vous le contactiez, il serait sûrement d’accord pour une interview !

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 Le couple de l’été 2015.

 

Ça existe pour de vrai, Domont ?

Ouais. Mais je crois que ça existe plus d’ailleurs. On est arrivés, on a pris le pognon, et après le club a coulé. Mon premier souvenir à Domont, c’est un derby contre Massy. On le perd. À la réception, on arrive dans une salle énorme, avec des drapeaux à l’entrée : « en route vers la Pro D2 ». On venait de prendre une grosse branlée…

Ils avaient vu les choses en grand, à l’époque. Le club avait reçu une subvention pour se payer une tribune, en cas d’accession à la Pro D2… sauf que cette subvention, elle a servi à payer nos salaires. On avait même des apparts et des voitures. Du coup y a jamais eu de tribune. Le Conseil Général l’a eue mauvaise et il a fallu qu’ils remboursent le pognon.

Le président de l’époque, c’était un mec qui avait grandi avec ce club, il est monté petit à petit avec… mais après, il a pas pris conscience de la réalité du bordel. Pourtant il faisait des affaires à côté. Je sais pas comment tu peux te planter autant sur un investissement.

 

Tu pourrais nous citer un entraîneur chauve qui mériterait d’avoir des cheveux ?

Je peux citer un entraîneur avec des cheveux que j’aimerais bien voir chauve : Vincent Etcheto !
Sinon, Marc Delpoux. Avec des cheveux ça aurait de la gueule. 

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 Souhait exaucé. Heureux ?

 

En parlant de chauve, pourquoi avoir laissé partir Scott Lavalla ?

Pour info, Scott c’est moi qui l’ai fait venir en France. Pour la faire courte, j’étais en stage d’entraîneur à Dublin, et je rencontre l’entraîneur du Leinster Trinity College. Il m’invite à aller boire des bières dans un pub avec ses joueurs après un entraînement, et là je vois Scott.

Costaud et tout. Et je décide de lui mettre des coups de tronche – j’étais rond, farci, hein. Je lui ai mordu les oreilles, je lui ai dit qu’il avait les oreilles trop propres pour être un joueur de rugby… bref, on termine à boire des coups, ça se passe bien, on reste en contact et je reviens l’année suivante voir jouer cette équipe. Et là, énorme. Il jouait 8, il traversait le terrain. Je lui ai dit « ça te dirait de venir jouer en France ? ». Il me dit « Non, je fais mes études. Mais quand j’aurais terminé, si t’es toujours intéressé, contacte-moi ».

Quand j’arrive au Stade Français, Cheika cherchait un mec pas cher et polyvalent, capable de jouer deuxième et troisième lignes. Je lui dit « j’ai un mec qui joue en Irlande, Scott Lavalla ». Il me dit « je connais, je me renseigne sur lui ». Il avait joué un tournoi là-bas, l’anglo-saxonne cup ou je sais plus quoi… on voulait qu’il intègre le centre de formation pour que ça coûte rien, il restait que deux jours pour le signer donc on a fait ça à l’arrache. Je l’appelle, il me dit ok, il prend le billet d’avion (qu’il se paye lui-même) et il arrive dans un appart tout pourri que le club lui avait trouvé. Du coup, il est venu dormir chez moi pendant une semaine… et une semaine avec Scott Lavalla je peux te dire que ça coûte de l’oseille quand même.

Après, on l’a plus laissé partir. Pour rentrer au centre de formation, il devait suivre un enseignement en France… d’habitude les joueurs étrangers prennent un truc un peu bidon pour faire illusion, des équivalents en langue française. Lui, il s’est inscrit à Sciences Po, dans un master en stratégie antiterroriste internationale. Sans déconner ! Déjà, il y a que les Ricains pour faire ça !

Mais le mec est à fond dans son truc, c’est un vrai patriote, un jobard. Et comme là il arrivait à la limite d’âge pour pouvoir s’engager chez les Marines, il est parti cet été, alors qu’il était encore sous contrat. Pour fêter ça on s’est pris une belle chistole… c’est un drôle de mec quand même.

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Ah bon ? On aurait pas cru.

 

On a entendu dire qu’il avait escaladé la Pyramide du Louvre le soir du titre. C’est vrai ou c’est une légende ?

Non, il l’a vraiment fait ! Il est monté en haut de la Pyramide pour accrocher sa médaille de champion. En bas, t’avais Gerhard Mostert qui bloquait les mecs de la sécurité, qui menaçaient d’appeler la police. Il y a des vidéos ! Si vous êtes bons vous les récupérerez… mais ouais, c’est un vrai bon mec Scott.

Tout ce qu’il fait, il le fait à fond. Ses études ? À fond. Patriote ? À fond. Il boit ? À fond. Il baise ? À fond. C’est pas une, c’est pas deux, c’est dix. Quand t’as un mec comme ça, beaucoup de choses sont faciles pour un entraîneur. C’est même fatigant pour les autres joueurs en fait.

 

Un mec aussi investi et taré, ça le dérangeait pas d’être souvent remplaçant ou en tribunes ?

Pas du tout. C’est un type pragmatique, si tu lui expliques les raisons pour lesquelles il joue pas, il y a pas de problèmes. Il accepte. Et son rôle de remplaçant il le joue à fond. Il motive les mecs, à l’échauffement il vient les déglinguer pour qu’ils se mettent dans le match… c’est un mec impliqué, pas du tout centré sur lui.

Il est vraiment bonnard. Quand il est parti je lui ai dit « je pense qu’on se reverra pas, j’imagine que tu vas changer de nom ! ». Parce qu’avec le niveau d’études et la folie qu’il a, il peut pas s’engager comme un soldat lambda. Tu sais qu’il va faire un truc de jobard.

 

On a vu une photo de lui récente, apparemment il a dû perdre du poids pour rentrer dans l’armée ?

Oui, il était trop lourd pour sauter en parachute. En fait, son job, c’est qu’il va être largué sur le terrain derrière les lignes ennemies, pour ramener des informations. C’est marrant que des mecs comme ça existent n’empêche. Qu’est-ce qui l’anime ? C’est fou.

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 Le futur Jack Bauer.

 

Sans transition. Tu es entraîneur donc tu devrais le savoir : est-ce qu’elle est bonne ? Si oui, pourquoi ?

Mais bien sûr qu’elle est bonne à droite !

 

Maintenant, petite série de questions où il va falloir répondre très vite.

Prononce d’une traite le nom complet de Waisea, sans reprendre ta respiration au milieu.

Waisea Nayacalevu Vuidravuwalu.

 

Impressionant.

J’ai fait fidjien LV3.

 

Le joueur avec qui tu aurais aimé jouer sur le terrain ?

Marc Cécillon.

 

Il y a une blague ?

Non, non, vraiment. Je suis dans sa région, je connais ses filles…

 

Tu connais son fils, qui joue au Racing ?

Aussi ouais ! Avec qui je m’entends très bien d’ailleurs. Nous avons le même agent. Mais vraiment, Marc Cécillon, je bade ce mec. L’autre soir, je suis tombé sur un truc, « Les années rugby ». On voyait des images de la Coupe du monde 1995. Je le vois sur le terrain, il avait une gueule, un prestance… j’aurais aimé jouer avec lui.

 

Celui avec qui tu ouvrirais bien un bar à putes à Bogota ?

Marc Cécillon. Avec lui rien peut t’arriver.

Capture d’écran 2016-01-10 à 19.53.19

Adrien après sa victoire contre Jo-Wilfried Tsonga au premier tour de Roland Garros. 

 

Tu peux faire un triple du coup : celui avec qui tu aurais aimé faire une 3ème mi-temps ?

Là pas Marc Cécillon, car tu sais pas comment ça peut finir… déjà, ça exclut ceux avec qui j’en ai déjà faites. Il est plus là, mais pourquoi pas Jacques Fouroux par exemple. Je pense que ça devait être une folie totale avec lui.

 

Celui avec qui partir à la chasse à mains nues dans la forêt amazonienne ?

Je pense que ça va parler à personne : Gilbert Brunat. L’ancien troisième ligne ou talonneur de Grenoble, passé par Bourgoin où il a joué avec Cécillon d’ailleurs. Gilbert, c’est le cow-boy Marlboro. Une gueule à couper à la hache, des grands bras, des grandes mains… quand il skie, il fait 4 traces ! Il m’a entraîné, l’année dernière il était à Vinay en Fédérale 3. Avec lui tu crains rien.

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C’est vrai qu’il fait peur.

 

Thé ou café ?

Café.

 

Levrette ou 69 ?

Les deux vues me plaisent mais 69.

 

Brian O’Driscoll ou David Marty ?

David Marty quand même ! Avec lui aussi j’aimerais bien passer une soirée ou ouvrir un bar à putes !

 

Mike Phillips ou Byron Kelleher ?

Byron Kelleher.

 

Tu l’as connu au Stade Français ?

Je l’ai pas connu joueur, il jouait pas ! Il a dû faire un seul match contre les Bucharest Wolves…

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C’est vrai qu’on a dû chercher longtemps dans Google pour trouver cette image.

 

Te faire plaquer par ta femme ou par Paul Williams ?

Se faire plaquer par Paul Williams.

 

Se faire enfoncer en mêlée ou se prendre un cad’deb d’école ?

Les deux ça me fait vraiment chier.

 

T’es le premier avant qui nous répond pas la mêlée…

Disons que pour le cadrage-débordement, t’es tout seul donc c’est encore plus humiliant. Pendant le dernier Nouvelle-Zélande – France, il y en a eu des beaux, avec des joueurs qui restaient par terre… t’es par terre et tu vois le mec passer, c’est la honte. Au moins au poste où je jouais (talonneur, pour ceux qui ont pas suivi, NDLR) si tu te fais enfoncer t’as la chance de rattraper le coup à la mêlée suivante.

 

Tu préfères parler comme Zonathan Danty pour le restant de tes jours ou avoir le cerveau de Richard Dourthe ?

Je préfère vraiment parler comme Fatou jusqu’à la fin de mes jours, c’est sûr.

 

Il en rigole de ça, Danty ?

Bien fûr qu’il en rigole !

 

Pour une pénalité de la gagne à la dernière minute tu as le choix entre Jules Plisson, Morne Steyn et Lionel Beauxis, tu choisis quoi ?

J’ai pas le droit de rajouter un mec ?

 

Si tu veux.

Gonzalo Quesada !

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Gonzalo, déjà bel homme en 1999.

 

À qui tu voudrais qu’on pose ces questions ?

Fatou ou Jules Plisson. Ou Thomas Savare. Peu de gens le savent, mais il est marrant !

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Adrien Buononato c’est aussi une bouclette souple et soyeuse, digne de Yoann Huget.

Adrien Buononato (Stade Français) passe sur le grill – partie 1

Pour bien débuter l’année 2016, nous avons décidé de cesser de nous cacher derrière nos écrans, au moins le temps d’une rencontre avec Adrien Buononato, l’entraîneur adjoint au Stade Français. Adrien Buononato, c’est un peu comme le bassiste d’un groupe de rock : il est là dans un coin de la scène, mais on ne sait pas à quoi il sert et on ne se souvient jamais de son nom.

Une injustice que l’on décidé de réparer en vous dévoilant ce (long) mais (on l’espère) bon entretien. Le Stade Français, le Racing, Gonzalo Quesada, Jeff Dubois, la formation française ou le futur de l’équipe de France, on a abordé plein de sujets passionnants, et ce cher Adrien nous a fait bien plaisir en laissant sa langue de bois au vestiaire.

(Précision : L’interview a été réalisée par Ovale Masqué et le Stagiaire dans un bar à Paris le 17 décembre 2015, quelques jours après la défaite du Stade Français contre l’UBB à Jean-Bouin)

 
Bonjour Adrien. Tu fais partie du staff du Stade Français, tu es champion de France, et pourtant personne ne te connaît. Tu n’as pas de page Wikipedia, alors que même Jacques Delmas en a une. C’est donc l’occasion pour toi de réparer cette injustice et de te présenter un peu. Note que si ça te fait chier tu peux raconter n’importe quoi, personne n’ira vérifier de toute façon.

Je m’appelle Adrien Buononato, j’ai 38 ans, bientôt 39, deux enfants (un garçon, une fille), une femme. Je viens d’une région viticole, d’un village dans le Côte-Rôtie qui s’appelle Chavanay.

Moi je suis arrivé au rugby par des potes de collège. Je n’ai pas de filiation rugby par ma famille : ma mère faisait de l’athlétisme et mon père du foot. C’est pour le côté festif, pour les potes et partir en bus avec les mecs que je suis arrivé dans ce sport.

Jeune, j’ai eu la chance de jouer dans un tout petit club qui marchait très bien. En cadets, on se fait une demi-finale du championnat de France à Gerland, en lever de rideau d’un Clermont-Toulon. Puis le groupe s’est un peu éclaté. Certains sont partis à Bourgoin ou à Grenoble et d’autres à Romans, ce fut mon cas.

J’ai fait ma petite vie de joueur et puis je suis arrivé à Paris, non pas par choix mais parce que ma femme est journaliste et qu’elle devait donc venir y travailler. J’ai signé à Domont, un club de Fédérale 1 qui payait très bien les joueurs, avec de l’argent qu’il n’avait pas. Je me suis retrouvé à jouer avec Jean-Raphaël Alvarez et des mecs de partout, des Géorgiens, etc. On fait une demi de Fédérale 1 et puis ce qui devait arriver arriva, on a commencé à ne plus être payés. On s’est peu à peu tous barrés et j’ai des potes qui m’ont appelé pour les rejoindre au PUC, qui venait alors de monter en Fédérale 1.

C’était une seconde jeunesse. J’avais 30 ans et ça reste parmi mes plus beaux souvenirs de rugby « adulte ». Je n’avais pas l’intention de devenir coach mais je me suis assez vite retrouvé capitaine de cette équipe (il était talonneur, NDLR). Un jour l’entraîneur – qui était aussi responsable du pôle France – est parti à Biarritz et c’est moi qui l’ai remplacé. Mais je l’ai fait par plaisir, ce n’était pas du tout une vocation.

Ça c’est bien passé, j’ai fait ma première rencontre avec Gonzalo notamment. J’en ai profité pour passer tous mes diplômes d’entraîneur, de celui de l’école de rugby au DE. Et on m’a appelé pour entraîner les espoirs du Stade Français, tous les joueurs que j’ai maintenant. Là aussi, ça s’est très bien passé. Gonzalo est arrivé au Racing, il m’a proposé de le rejoindre là-bas et de prendre la responsabilité du centre de formation. Je l’ai fait pendant deux ans et quand il est retourné au Stade Français, il m’a repris dans ses bagages. Il y a une part de compétences j’imagine, mais c’est aussi et surtout de l’aventure humaine.

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Inutile d’aller vérifier Adrien, tu n’as vraiment pas de page Wikipedia. 

 
Les staffs sont de plus en plus larges avec des entraîneurs pour chaque domaine (vidéo, jeu au pied, défense…). Quel est ton rôle à toi au juste ?

Nous on ne s’est pas vraiment réparti les rôles comme ça même si on a bien la distinction entre avants et trois quarts. En l’occurrence Simon (Raiwalui) est en charge des gros et je suis son adjoint. Et après, sur toute l’équipe on s’est réparti le travail par rapport au plan large et au plan serré.

Gonzalo est responsable de l’attaque et plus spécifiquement du plan large et Simon est responsable de la défense et donc du plan large également. Moi je m’occupe du plan serré en attaque et en défense. Donc par exemple si on remarque qu’une équipe va défendre dans les rucks de manière à ralentir les ballons, je vais faire un focus sur cette zone-là pendant la semaine. Donc ce qui est chouette c’est que tu interviens toujours, sur chaque séance d’entraînement. Ce qui n’est pas le cas pour celui qui entraînerait juste la défense, parce que qu’il resterait de côté quand tu bosses l’attaque par exemple.

J’ai ce plaisir-là d’avoir du terrain au quotidien et après je fais tout le suivi individuel du joueur. Grâce aux analyses vidéo, je récupère les statistiques de chaque joueur, fais les montages vidéo et les mets dans leur dossier. On choisit ensemble trois items qui sont essentiels sur notre jeu, trois éléments indispensables pour pouvoir jouer au Stade Français et je travaille avec eux par rapport à ça. Par exemple, ce matin j’ai eu les lanceurs, puis j’ai travaillé avec Plisson, Lakafia et Sinzelle uniquement sur de la défense. Après je vais avoir d’autres joueurs et ainsi de suite.

 

Et ça c’est vraiment nouveau par rapport à d’autre clubs ?

Non je pense qu’il y a d’autres clubs qui fonctionnent comme ça. A Grenoble par exemple, ils ont un staff très large avec beaucoup de compétences spécifiques. Mais c’est pas très français ce fonctionnement car je pense qu’en France les entraîneurs aiment bien avoir la mainmise sur tout et tenir les joueurs un peu sous leur coupe.

Et surtout, ils ont un peu peur de la compétence externe. Alors, c’est possible chez nous parce qu’on s’entend bien. Il y a une forme de loyauté qui fait qu’aucun de nous n’aura un discours discordant par rapport à ce que peut dire Simon ou Gonza. On fonctionne à la confiance, on laisse aux autres leur espace de liberté pour pouvoir bosser, ce qui, par exemple, n‘était pas du tout quelque chose d’envisageable au Racing. Là-bas il y a un côté plus sclérosé, avec une seule voix qui s’adresse aux joueurs. Je pense que c’est assez difficile pour eux, notamment pour les Anglo-Saxons qui arrivent avec des fonctionnements plus proches du nôtre. Et quand ils viennent au Racing, ils sont paumés. Je crois vraiment que ça découle de la façon dont est conçu l’entraînement, de la relation joueur-entraîneur. De l’intérieur, c’était ce que je ressentais en tout cas.

Je pense d’ailleurs que O’Gara se fait chier, et qu’ils ont re-bloqué le truc avec Ali Williams parce qu’ils se disent « attends, ils nous remettent un mec dans les pattes ». Il y a vraiment une crainte de la compétence externe, de perdre le pouvoir ou le contrôle.

(NDLR : en août dernier, Canal + avait annoncé qu’Ali Williams devait rejoindre le Racing 92 pour « effectuer un audit au sein du club francilien, en particulier sur le plan sportif et managérial ». Finalement, l’ancien All Black est arrivé au club en décembre, pour se voir confier une « mission de relations publiques » et jouer les conseillers de Dan Carter. )

 

Avec Nicolas Godignon ou Bernard Laporte, tu es l’un des rares entraîneurs de haut niveau a n’avoir jamais été vraiment un joueur de haut niveau. Est-ce que c’est un handicap ? Est-ce que ça peut aussi apporter un plus ?

Je suis quand même passé par toutes les sélections de jeunes. Mais il n’y avait pas de pages Wikipédia à l’époque. J’étais… pas très sérieux en fait. Je crois que je suis encore le seul entraîneur à fumer des clopes ou à boire des canons avec les joueurs. Mais être passé par le haut niveau ou pas, ça ne change rien. À partir du moment où les joueurs ont des réponses sur le terrain, ils s’en foutent.

Sur les huit équipes qui sont quart de finalistes de la CDM, à part Saint André, est-ce que tu te rappelles de la carrière de Daniel Hourcade ou d’Heyneke Meyer ?
C’est un problème français encore une fois. T’es président donc pour te couvrir tu vas prendre un nom connu pour entraîner. Et pour te couvrir en tant qu’entraîneur, tu vas prendre des noms connus pour t’aider, etc. Tu remets systématiquement la faute sur les autres comme ça.

Donc pour moi ce n’est pas plus mal. Comme ça je peux sortir, fumer des clopes et boire des coups sans qu’on me demande des selfies ou des autographes. C’est parfait.

Le PUC, c’est Valeurs ©.

 

Tu as été responsable de la formation au Racing : c’était vraiment « une caravane et des boudins » (pour citer Jean-Pierre Elissalde), ou une pépinière à champions, qui a sorti des perles telles que Dan Carter, Mike Phillips, Jonathan Sexton, Henry Chavancy, Henry Chavancy et Henry Chavancy ?

C’était un outil formidable, mais uniquement pour la photo malheureusement… Alors si, cette année il y a Cedate (Gomes Sa, un pilier NDLR) qui sort. Je me rappelle, qu’il y a deux ans, quand on en discutait avec Labit et Travers, ils ne voulaient pas en entendre parler. Ils te disaient que ça ne ferait jamais du haut niveau.

Ils se mettent en règle avec la loi. Ils signent tous ces jeunes, avec des contrats au SMIC du Top 14 comme ça ils ont le nombre de JIFF qu’il faut et derrière ils peuvent prendre les stars dont ils ont besoin. C’est du gâchis sans déconner.

Tu verrais les moyens qu’il y a, les outils à disposition… Quand on a démarré, on a été finalistes puis champions de France en espoirs mais à part Cedate t’as zéro joueur qui joue aujourd’hui.
Et c’est dur pour eux. Par exemple, il y a un pilier qui s’appelle Vartanov, passé par le PUC et que j’ai connu en espoirs au Racing.
Il a signé là-bas, a joué avec les espoirs. Dans les oppositions avec les pros, il était ultra performant. Puisqu’il ne joue pas au Racing, ça nous intéresse éventuellement de le récupérer au Stade Français mais à l’époque les mecs lui ont proposé un contrat de trois ans, au SMIC.

À partir du moment où ils proposent ce contrat, les indemnités de formation à rembourser pour nous sont de 100.000 euros. Quel club va payer 100 000 balles pour un joueur qui n’a jamais joué en Top 14 ? Personne. Donc c’est pas une pépinière, c’est un mouroir, un piège. Et en même temps je comprends le joueur, on lui propose trois ans dans un club huppé, pour lui c’est dur de dire non.

 

Et à ce moment là, pourquoi ils ne les prêtent pas en Pro D2 ?

C’est ce qu’il s’est passé un peu avec Mamadou Diaby, qui est passé par Oyonnax et qui joue maintenant à Grenoble. Ça s’est fait quand Gonza était encore là et on avait dû insister pour qu’ils lui fassent son contrat. C’était un joueur qui n’était même pas au centre de formation avant. Mais bon, c’est pas leur politique.

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Adrien et des jeunes qu’on connait pas.

 

Mais ça vient du Racing particulièrement ou c’est quelque chose de commun à tous les clubs ?

Non je ne pense pas que ce soit commun à tous les clubs. Nous on vient de prêter Vincent Mallet à Albi pour qu’il ait du temps de jeu en ProD2.

J’ai vraiment l’impression que c’est une politique du Racing, d’empiler, « parce qu’après tout on sait jamais, peut-être qu’on en aura besoin. Et puis s’il est vraiment bon, on va le garder, ça sert à rien qu’il aille faire les beaux jours d’un autre club. »

Ils ne sont pas sur une logique de bien-être, de formation du joueur. Ils sont sur leur logique à eux. C’est assez clanique, très court-termiste. Tout ce qu’on prend, les autres ne l’auront pas.

 

Justement, notre gentil nouveau sélectionneur, Guy Novès avait été très critique vis-à-vis du championnat espoir, en n’hésitant pas à dire que c’est de la merde. Tu en penses quoi, toi ?

Je suis un peu d’accord avec ça, oui. C’est un peu de la merde.

Déjà d’avoir baissé l’âge, c’est une connerie. Idem avec le fait d’avoir limité le nombre de joueurs pros qui peuvent passer par cette compétition. Tu baisses le niveau et sur l’année, tu te retrouves donc avec 10 matches intenses sur les 26. Quand arrivent les phases finales, d’un coup les clubs mettent leurs meilleurs joueurs donc tu n’as que ces matches qui sont intéressants. C’est dommage.

 

Et pour changer les choses, tu verrais quoi ?

Il faudrait ouvrir un peu plus le championnat aux joueurs pros, par exemple à ceux qui reviennent de blessures et qu’on aimerait faire passer par la case espoir. Mais il faudrait qu’ils y trouvent un vrai enjeu. Or ce n’est pas le cas. Et encore, je pense qu’on fait partie des équipes qui jouent le jeu, on envoie vachement de mecs, on a une équipe espoir qui est costaud. Et l’inverse est vrai, on prend aussi beaucoup d’espoirs pour venir jouer avec nous, ne serait-ce qu’aux entraînements.

Ils te disent que c’est dangereux un pilier de 20 ans qui va jouer Castrogiovanni ? Mais deux ans après, s’il est bon il va le jouer et il ne sera pas plus formé ! Donc qu’on aille au bout de la logique, c’est fait pour ça. C’est dommage parce qu’on est le seul pays où cette catégorie existe mais elle ne te prépare pas vraiment au haut niveau. En Angleterre, à 20 ans, soit tu signes pro, soit tu fais rien. Nous on a cette possibilité là, de sortir de juniors et d’avoir deux années de transition. Donc qu’on la fasse vraiment, cette transition. Qu’on mixe des pros, des jeunes qui montent et feu !

 

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Adrien faisant semblant d’écrire des choses pour faire croire qu’il bosse pendant les matchs.  

 
À la Boucherie on déteste Laurent Labit et Laurent Travers, sans trop savoir pourquoi. Donne-nous de bonnes raisons de continuer.

C’est dur… Enfin, pas d’aller dans votre sens, mais de taper sur les mecs.

Mais je vais vous raconter une anecdote et après chacun jugera. Le lundi, au Racing, on avait toujours une réunion staff : entraîneur espoirs, centre de formation et pros dans le bureau de Travers et Labit qui chapeautaient un peu le truc.

Labit, il suit les joueurs, je pense que c’est un mec plutôt sincère et honnête. Bon quand il critique l’arbitrage, il n’a peut-être pas de filtres, c’est son problème et sa limite, mais au moins il est sincère…

Bref, Laurent Travers est à son bureau – il était au Racing depuis deux mois à peine – et on lui pose une question. Il ne répond pas. Il est au téléphone et ne nous écoute pas. On l’entend: « Oui, non ce soir je peux pas, j’ai une avant-première au cinéma, je me rappelle plus l’actrice… ». Déjà, le mec vient de Castres, pourquoi il s’invente des soirées-je-sais-pas-quoi ?

Au bout d’un moment, Labit lui dit « Putain Laurent tu fais chier, on t’attend, tu donnes ta réponse ?». Et là le mec lâche une grosse caisse. Il se retourne en se marrant « tu veux ma réponse ? Bah tu l’as ! ».

Le mec convoque une réunion, tu te déplaces et pour seule réponse il te lâche une caisse au nez. Quand t’as bossé avec Berbizier et Quesada ça fait bizarre.

 

Justement parlons de Pierre Berbizier, ça s’était bien passé avec lui ?

Oui. Il a vraiment des idées très précises sur ce qu’il veut faire, avec une vision pour les jeunes joueurs. Il a plein de défauts et pas grand-monde ne l’aime mais moi je l’aime bien. Il est entier, va au bout de ses idées. Il n’est peut être pas assez diplomate ou bon orateur mais c’est un bon mec. J’ai aimé ce côté à la limite entre le rugby d’avant et le nouveau, avec des idées précises. Je suis déçu que ce mec n’entraîne plus.

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Nous aussi. Car Pierre Berbizier qui entraîne, ça veut aussi dire Pierre Berbizier qui ne commente plus les matchs. 

 

Le titre de 2015 avec le Stade Français, c’était un miracle ou vous l’avez vu arriver ? Avant que Clermont ne gagne la seconde demi-finale, je veux dire.

Franchement, on savait qu’on serait champions bien avant. Au mois de juin, mais de l’année 2014. On s’est dit « on est suffisamment cons pour être champions ». Je me souviens très bien, on était aux 40 ans de Gonzalo, plutôt en fin de soirée et t’as Marc Lièvremont et Didier Retière qui nous branchent. On les a regardés, très sérieusement et on leur a dit « Cette année on sera champions de France, tu verras ».

Deux mois après, Marc vient à Paris pour le lancement du Tournoi des six stations ou un truc dans le genre, et il nous invite à boire un verre. À un moment il discute avec deux autres membres de l’équipe. Et là pareil, il leur dit « Alors, cette année, vous visez quoi ? Une place dans les six ? Parce qu’avec Clermont, Toulon, etc ». Et je me vexe (bon j’étais rond hein) et je lui dis « Tu me fais chier, je te dis que nous cette année on sera champions, et on va se donner les moyens ».

Au final si on l’a dit deux fois, aussi tôt dans la saison et même en étant un peu bourré, on devait vraiment y croire. On ne s’est pas mis de limites. On s’est pas dit « On va jouer comme ça pour être champions » ou quoi. De toute façon il faut de la chatte, on va pas se mentir. Quand tu marques un drop à la dernière minute contre Bordeaux, t’as maîtrisé tout ce qui se passe avant mais il faut un peu de chatte quand même. Quand tu gagnes à la dernière seconde le premier match de la saison à Castres, pareil. T’as les couilles de le faire. T’as tellement rien à perdre qu’au lieu de prendre trois mêlées de suite, tu écartes le ballon, tu marques et tu gagnes. Et là tu te dis que t’es capable de tout.

 

D’ailleurs, tu es persuadé que le SF sera encore dans les 6 cette année. Tu es un peu le seul à y croire, donc dis-nous pourquoi ?

J’y crois à fond. On fait pas peur comme peuvent faire peur le Racing, Toulon, Clermont. Les mecs ont trois ou quatre équipes. Donc on est pas tellement plus attendus ou favoris cette saison.

Cette saison, on reprend tard et quand on se retrouve cet été à Val d’Isère, on sent que les têtes sont peut-être encore un peu au titre (c’était seulement trois semaines après). Et je ne sais pas si tu te mets dans un mode commando dans ces conditions-là. Donc on a commencé notre saison un peu insouciants et surtout pas avec les mêmes armes que l’an dernier : beaucoup de joueurs absents, beaucoup de jeunes.

Mais je reste persuadé qu’on a pris vachement d’avance par rapport aux autres. On n’a pas pris des jokers CDM, on s’est pas fait chier à intégrer des mecs pour les lâcher trois semaines après, on a joué avec des gamins, sur lesquels on s’est fait une idée. Est-ce qu’on va compter sur untel dans trois mois, dans six mois, dans un an. Ça nous a coûté des matches ? Ok très bien. Mais aujourd’hui on a une vue de notre effectif qui est complète.

Alors oui, la défaite contre Bordeaux, elle est relou. On était peut-être trop facile. On s’est pas sentis dans un état d’urgence qui va te donner faim. On s’est pas battus, on leur a donné le match. C’est la première fois de l’année qu’on alignait une très grosse équipe, du 1 au 23. Peut-être qu’on s’est pas sentis assez en danger. Peut-être du coup qu’on a senti une sorte de soulagement, on s’est dit « Ça y est, on a passé les galères, c’est fait ». Et en fait non. Donc c’était une bonne alerte et on a réalisé qu’on ne dispose pas d’un jeu qui nous permet de ne pas être à 100%.

 

C’est qui le chauve le plus important au Stade Français ? Dupuy, Burban ou Parisse ?

C’est dur d’en enlever un, franchement.

Sergio, il est très important pour ce qu’il transmet aux autres. Sur le terrain c’est un compétiteur, et dès l’entraînement il est à 200%. Du coup quand il est absent, même la qualité des entraînements baisse.

Après, La Grolle, il est important pour l’emprise qu’il a sur les mecs. Il questionne le staff tout le temps et puis c’est un gagnant, lui aussi. C’est des mecs qui n’acceptent pas de perdre, qui n’acceptent pas facilement la concurrence, qui n’acceptent rien en fait. Avec l’arrivée de Genia, il va faire la saison de sa vie Dupuy, il va montrer qu’il est là, j’en suis convaincu. Dès qu’il y a de l’adversité, il est bon.

Et puis Burban, il est important pour tout. C’est notre vice-capitaine et aussi un mec de bringue.
Pour la petite anecdote, tous les matches qu’on a gagnés à l’extérieur l’an dernier, on s’est retrouvés à la gare ensemble et je nous achetais un paquet de clope à tous les deux. Et le soir on se fumait une petite clope et on se racontait des saucisses de l’époque du PUC, des conneries comme ça.
Antoine, c’est l’insouciance. Il est toujours détendu, décontracté, même juste avant le coup d’envoi. Par contre dès que ça siffle… Il manque en ce début de saison. Sur 22 semaines depuis le début de la saison, il n’en a passé que six avec le groupe.

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De toute façon, les cheveux ça lui allait pas. 

 

Est-cé qué Gonzalo Quesada parle vraiment commé ça tous les jours ou est-ce que c’est juste pour choper ?

C’est pour choper. En fait partout où on va, cet enfoiré essaie de parler la langue. Quand on a été en Italie, il se forçait à parler en italien. Mais parce qu’il sait que son accent italien pourri auprès des Italiennes, ça va marcher. Alors il apprend aussi trois mots de fidjien, au cas où, pour pouvoir dire « Salut, ça va, t’habites encore chez tes parents ? ». Tu vois le truc. Pareil, il dit trois mots en afrikaaners, en géorgien, en russe.

Il a une facilité avec les langues, c’est impressionnant. Si ça se trouve, il est en France depuis plus longtemps que moi et il a toujours l’accent. Donc j’imagine que c’est pour choper. Et puis il entretient ses fautes de français… Après, oui, il parle tous les jours comme ça. Ça a un côté romantique non ?

 

On entend souvent que Gonzalo c’est un coach qui marche à l’affectif, qui implique les joueurs dans les décisions… certains disent même qu’il est peut-être trop gentil. Tu en dis quoi toi ?

Ouais il est gentil. Mais je n’arrive pas à savoir ce que ça veut dire gentil. Quand c’est dit comme ça, j’ai l’impression que c’est péjoratif alors que c’est pas du tout le mot adapté. Il est participatif, compréhensif, à l’écoute des joueurs, du staff, de l’administratif, du mec qui fait la sécurité du stade, bref de tout le monde. Il prend tout et après il fait sa synthèse. Mais c’est pas « gentil ». Parce que je peux te dire que quand le chauffeur de bus se plante sur un trajet et qu’on perd deux minutes, il le déglingue. Donc il est d’une exigence redoutable mais comme il élève rarement la voix, comme il n’a pas le ton qui monte, quand il te fait une réflexion tu la prends froidement et tu la prends bien dans la gueule. Donc c’est pas de la gentillesse. Il ne va pas dans le conflit parce que dans le conflit il n’y a plus d’échanges. Et après il sort ses arguments. Mais tu t’engueules pas avec Gonzalo. Tu débats de façon véhémente et engagée. Mais tu t’engueules pas.

Parfois même tu veux montrer une vidéo à laquelle tu crois, sur laquelle tu bosses depuis une semaine, il va te dire « oui, non mais tou m’éxpliqué ça mais ça, il lé font vrément tout lé temps ? Parce que là cé lé troisième match qué tou mé montres, mais cé toujours lé mêmes images ». Donc vraiment il va te pousser pour aller loin. Il sonde, il va au bout des choses, mais il crie pas, il gueule pas. Gentil pour moi, c’est « trop bon trop con ». Et il n’est pas là dedans. Tu lui fais pas à l’envers, loin de là.

 

Les joueurs français ont une réputation de branleurs. Certains disent qu’il faut leur crier dessus pour qu’ils se bougent le cul. Il le fait ça du coup ?

Non. Il ne le fait pas comme ça. Mais il va demander aux mecs s’ils sont contents de leur match. C’est mieux, je trouve. Parce que quand tu gueules sur un mec à la sortie du match, ça marche pas. J’ai plein d’exemples et je trouve que ça ne marche pas. Lui, il va rien dire avant la sortie, il va marquer sa déception et lui demander ce qu’il pense de sa partie. Et il va être très précis : « À tel moment, tu penses que tu t’es battu pour récupérer ce ballon ? Franchement dis-moi. Si là tu penses que tu t’es battu, peut-être qu’on a pas la même définition du combat ». Donc il te met face à ta réalité, et c’est plus efficace. Il te fait avouer que t’es une merde. Si on te le dit comme ça, tu vas répondre « Ta gueule, t’es qui pour dire ça ? ». Si c’est toi qui te le dis, tu le vis pas pareil.

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Gonzalo assistant à une tentative de plaquage de Jules Plisson. 

 

Cette saison, Jeff Dubois vous a quitté pour rejoindre le XV de France. Si on t’avait proposé la même chose, tu aurais dit oui pour le prestige du poste, où tu serais parti en courant en réalisant que ça implique de passer 4 ans à travailler avec Guy Novès ?

Alors déjà comme je n’ai pas de page Wikipédia, il y a peu de chances qu’on me le propose. Après, c’est dur comme choix. Il bosse avec son ancien entraîneur et un gars avec qui il est pote. Donc je comprends qu’il y soit allé.

Mais Jeff c’est pas un mec qui y va pour le prestige du poste. Il y va parce que c’est à côté de chez lui, qu’il n’a pas besoin de déménager et va pouvoir laisser ses gamins à l’école. (il rigole) Ça lui permet d’avoir un emploi du temps un peu cool et de continuer d’aller voir les matchs au stade sans avoir la pression et les emmerdes. Sans avoir non plus à se fader les supporters à la bodega qui lui disent « ouais Jeff, on a été nuls derrière ». Ça se refuse pas.

Et pour revenir à ta question… Je sais pas. Tu dois être super flatté… Je ne saurais pas comment le prendre. Parce que ça ne m’attire pas du tout. Le côté fédéral déjà. J’aimerais pas avoir l’impression d’être fonctionnaire de mon métier. J’aime l’idée d’être remis en cause. Peut-être que je suis trop jeune. Même si Jeff est pas beaucoup plus vieux que moi. Enfin dans tous les cas, je pense qu’on me proposerait plus un truc comme la Géorgie. Mais à la limite, des expériences plus exotiques comme ça, ça me dirait, oui.

Mais le truc fédéral je peux pas. Pendant la Coupe du monde ça m’a choqué. Quand tu vois les équipes adverses en tribunes t’as des analystes vidéos de partout, des ordinateurs, etc. Tu vois l’EDF, t’as Lagisquet coincé contre un poteau, Blanco au milieu, Saint-André et trois vieux, mais tu sais pas qui c’est. T’as pas un mec dont le métier est de rendre l’équipe performante. T’as le mec qui réserve la bouffe, l’autre qui s’occupe des hôtels mais aucun rapport avec le jeu. J’ai vu la photo de Jeff sur le site de la FFR. T’as trois mecs autour d’un ordinateur, t’en as pas un qui bite quelque chose à l’informatique.

 

À propos de Dubois, à ton avis, que peut-il apporter aux Bleus ? À part son expertise en matière de coiffure.

C’est le meilleur en coiffure. Quand il va entraîner Sofiane Guitoune, ça va être un choc. Déjà quand Jeff va s’apercevoir que la veille de match, le coiffeur – parce que c’est la vérité – vient couper les cheveux des mecs, il va tomber sur le cul. Jeff, c’est un casque de Playmobil. Il va chez le coiffeur hein, mais même lui le dit « Mon coiffeur est nul. Mais il est sympa ».

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C’est pas faux.

 

Après, ce qu’il va apporter ? Plein de choses, parce qu’il est bonnard. Il est bon avec les mecs. Dans sa façon de s’adresser aux joueurs, dans sa façon de faire passer ses idées, c’est quelqu’un qui vit son rugby, qui parle avec des gestes. Et puis il va leur apporter un peu de décontraction, de folie, de ne pas trop se prendre au sérieux. C’est important franchement. Ça manque, les mecs qui abordent les matchs avec plus de sérénité. Pas la peur du résultat, de ce qu’on va dire d’eux, etc. Là dessus il va apporter plein de choses je pense. Ce côté humain. Et puis une vision. Il aime jouer au rugby, voir les joueurs prendre du plaisir. Il va pas pouvoir vivre avec des mecs qui pensent à leur carrière. Il va leur rappeler d’où ils viennent, les raisons pour laquelle ils aiment le rugby.

Et tu penses qu’il réussira à faire ça, malgré la figure de Novès au-dessus qui ne lui laissera peut-être pas autant de libertés que Gonzalo et la pression des résultats qui pèsera sur le groupe et qui a tendance à empêcher les joueurs de se lâcher ?

Je suis pas sûr que Novès soit comme ça. J’ai pas d’opinion. Je crois qu’il est aussi un peu à l’ancienne, qu’il aime bien que les joueurs prennent du plaisir dans ce qu’ils font. Et il a un tel palmarès qu’il en a rien à branler de la pression de la presse. Je pense que du coup il ne la répercutera pas sur les joueurs. Quand il était à Toulouse et que le Stade Toulousain était en difficulté, il ne s’en prenait pas aux joueurs. Il s’en prenait au calendrier, aux doublons, mais quasiment jamais à ses joueurs.

La suite de l’interview (avec des questions bien connes) la semaine prochaine.

Guilhem Garrigues, l’atout charme du rugby sur Canal +

Il est devenu le nouveau visage du rugby sur Canal +. En l’espace de deux ans, Guilhem Garrigues, s’est imposé dans le paysage de l’ovalie, un milieu pourtant réputé pour être quasi-exclusivement féminin. À l’image, ce charmant jeune homme de 32 ans impose son style, son sourire, sa fraîcheur, et apporte un peu de douceur dans un monde de brutes. Et fait déjà l’unanimité : « Il est mignon, sympathique, pas inaccessible. C’est un peu le boy next door, celui avec qui on aimerait toutes boire une bière en troisième mi-temps », commente Isabelle Ithurburu, directrice de la rédaction rugby au sein de la chaîne cryptée.

Pourtant, a priori, rien ne destinait Guilhem à intégrer le journalisme sportif. Natif de Montauban, il est initié aux plaisirs du ballon ovale par sa mère, qui baigne dedans depuis son enfance. Il fréquente de temps à autre les tribunes de Sapiac, accompagné par ses 4 amis et son chien. Mais son univers à lui est ailleurs, loin des plaquages, des protège-dents et des étreintes viriles. À l’âge de 19 ans, il se présente et remporte le concours de Mister Montauban. Mais sa vraie passion, c’est la musique. Un domaine dans lequel il tente de se faire un nom en participant à la Star Academy, en 2006.

 

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Mister Montauban 2002.

 

Malheureusement pour lui, l’expérience est un échec. Lors du premier prime, son interprétation de « Imanol, mon idole » récolte 5 rouges, alors que le jury de l’émission ne comporte que 4 membres. Le public ne sera pas plus tendre avec lui, et décide de lui faire quitter le château au bout de seulement 7 jours. « J’étais jeune, jusque-là je chantais sous ma douche, pour le plaisir. J’étais très intimidé par le fait d’être filmé. Y compris sous ma douche, d’ailleurs », raconte-t-il quand on l’interroge sur cet épisode.

Heureusement pour lui, il aura bien vite l’occasion de se réconcilier avec les caméras. Deux ans après son passage éphémère à la Starac, il est repéré par le directeur de la chaîne Info Sport, du groupe Canal +. C’est là qu’il va faire ses armes pendant un an. « J’ai beaucoup appris » confie-t-il avec un sourire nostalgique. Son joli minois et son naturel ne tardent pas à lui ouvrir les portes de la maison mère, où il devient homme de terrain, avant d’assurer la présentation de samedi sport. « C’est très dur de rester toute une après-midi debout sur un plateau, avec une cravate qui t’empêche de respirer ! Puis les souliers, ça fait mal au pied ! Ça aussi, cela a été une expérience formatrice ! » lance-t-il dans un nouveau grand sourire irrésistible.

 

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Guilhem, beau des champs en communion avec la nature.

 

Son ascension est fulgurante. Au point de déranger et d’attiser les jalousies ? Pas vraiment. « C’est vrai que quand on est un homme, dans ce milieu, on a l’impression de devoir en faire deux fois plus pour être légitime. J’ai beaucoup bossé. J’avoue que le premier jour, j’avais beaucoup d’appréhension, je m’attendais à prendre des mains aux fesses et à me faire siffler à la machine à café. Mais toutes les femmes du service des sports, Isabelle Ithuburu, Nathalie Ianetta, Laurie Delhostal… elles ont été adorables avec moi, très bienveillantes. Vous savez, Canal est une grande famille ».

 

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Lancé vers les sommets ?

 

Et les joueurs, avec lesquels il est en contact direct lorsqu’il officie au bord du terrain ? « Je pense que ce n’est pas toujours facile quand on est un homme, dans ce milieu. Mais personnellement, je n’ai pas eu à me plaindre. Presque tous les joueurs sont très gentils et très respectueux ». Il faut dire que Guilhem a longtemps été marié à Christophe Urios, ancien joueur devenu entraîneur. « C’est vrai que cela m’a peut-être aidé à être considéré comme faisant partie de la famille et à être respecté. Après, c’était un peu fatiguant de toujours être ramené à ce statut de “mec de”. » Séparé de l’entraîneur du Castres Olympiques depuis quelques mois, Guilhem continue à entretenir des relations amicales avec son ancien époux, et reste toujours professionnel, même quand il est amené à travailler avec lui, comme ce fut le cas sur le plateau de l’émission « Jour de Coupe du monde ».

S’il fait l’unanimité au sein de sa profession, Guilhem n’a pas tardé à devenir la coqueluche des supporters. Comme il y a deux ans, lors d’une demi-finale de Top 14 entre Toulouse et Toulon, quand le public du stade Ernest-Wallon s’est mis à chanter son nom. « Ils sont fous ! Franchement, j’ai beaucoup de chance ». Quand on lui demande s’il est conscient que son physique joue un rôle non-négligeable dans sa popularité grandissante, il reste lucide : « Nous vivons dans une société d’image. C’est évident que je ne serais pas autant mis en avant si je n’étais pas franchement beau gosse. Après, je pense que je suis également arrivé là grâce à mon travail. Je ne suis peut-être pas un grand expert du jeu, capable de vous expliquer le plan de jeu de Philippe Saint-André – en même temps, lui non plus n’y arrive pas. Mais je connais les équipes, les joueurs, je pense que je sais poser les bonnes questions et que je ne suis pas qu’une potiche ».

 

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L’élégance ? Une seconde peau pour Guilhem.

 

Le message est envoyé : pour ceux qui en douteraient encore, on peut être un homme et parler de rugby. Un exemple qui, il l’espère, montrera la voie à d’autres : « Aujourd’hui je suis mis en avant, mais je n’oublie pas mes collègues de la presse écrite qui sont là depuis plus longtemps, ou encore Éric Bayle et François Trillo, qui ne servent plus à grand-chose depuis mon arrivée, car j’ai indubitablement de plus beaux cheveux qu’eux. Mais honnêtement, j’espère qu’un jour, on arrêtera d’écrire ce genre d’articles à la con sur moi, ça prouvera que la société a vraiment évolué ! ».

 

Un article d’Ovule Masquée.

[Portrait] La légende de Yoann Huget

 

Par Ovale Masqué,

 

Le stade est entièrement vide. Pas une âme qui vive dans les gradins. Pourtant, ce soir, c’est le grand match. Les acteurs présents sur la pelouse en sont tous conscients, la tension est palpable dans l’air. Aujourd’hui, ils n’auront même pas à s’embarrasser d’un ballon – en soit, le rêve de tous les joueurs du XV de France actuel. Pour remporter la victoire, ils devront juste parvenir jusqu’à l’en-but. Et là-bas, il ne pourra en rester qu’un.

 

L’arbitre donne le coup d’envoi et les nombreux concurrents s’élancent pour le sprint d’une vie. Un peloton se forme rapidement entre les favoris. N°22 prend la tête de la course. La foulée souple et élégante, le port de tête bien droit, il se dirige vers la terre promise, sûr de lui. À la dernière place de ce petit groupe, N°14 s’accroche. Il sait qu’il n’est pas le plus rapide, pas le plus fort, mais il a au moins une qualité : il ne lâche jamais rien.

 

Devant, le combat fait rage. N°8 tente le tout pour le tout et essaye de déborder N°22 sur sa droite. Ce dernier réagit instantanément en l’écartant d’un raffut puissant… tellement puissant qu’il perd l’équilibre et trébuche. Derrière, c’est le carambolage, la chute collective. Un peu à la traîne, essoufflé, N°14 ne voit pas le carnage qui vient de se dérouler devant lui et bute sur ses concurrents avant d’entamer majestueux un vol plané. Un vol qui termine sa course pile dans l’en-but.

D’un superbe plongeon, N°14 célèbre sa victoire et féconde l’ovule. Une légende est née. La légende de Yoann Huget.

 
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Bravo N°14 !

 

Né d’une mère brésilienne et d’un père qu’il n’a jamais connu, le petit Yoann Huget grandit dans les favelas et les quartiers mal-famés de l’Ariège, région bien connue pour son insécurité et son taux d’alphabétisation extrêmement bas. Comme Ronaldo, le plus célèbre des footballeurs brésiliens, Yoann aurait pu suivre la voie du ballon rond. Mais il préfère marcher dans les pas de celui qui est devenu le sosie du buteur de la Seleçao, Serge Blanco, et opte pour le rugby, sous l’influence de son beau-père, éducateur à Pamiers.

 

Un sport pour lequel il montre tout de suite des aptitudes remarquables. Grand, athlétique, véloce, Yoann se dirige tout naturellement vers le poste d’ailier. Le poste des beaux gosses par excellence. Car Yoyo n’est pas qu’un bel athlète en devenir, il est également un ravissant jeune garçon : son teint mat de latin lover, ses boucles brunes, ses épais sourcils et sa barbe de jais (oui, déjà à 7 ans) font tourner toutes les têtes. Et cela ne manque pas d’attiser les jalousies, surtout en Ariège, un coin où le mâle moyen ressemble plus souvent à Leo Cullen qu’à Alain Delon. Très vite, Huget devient donc la cible de la perfidie de certains de ses camarades de classe, notamment les petits Riwan, Vincent et Bastien, tous membres du club d’échecs, qui médisent sur lui pendant la récréation, bien cachés derrière les écrans de leur Tamagochi.

 
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« Oui les haters ? Je ne vous entends pas ! »

 

Gâté par la nature, Yoann l’est également par le destin. Car ce qui énerve aussi chez lui, c’est cette formidable chance qui semble l’accompagner partout, en permanence. Interro surprise ce matin en cours de maths ? Yoann est malade. Il ne reste plus qu’une seule part de gâteau à la cantine ? Elle est pour Yoann. Pour qui la fève dans la galette des rois à la kermesse ? Yoann. C’est comme ça, le garçon semble avoir été béni des Dieux. Les mauvaises langues disent tout de même de lui qu’il y a une peut-être une seule chose qui lui manque : un peu plus de jugeotte. De nature distraite, Yoann s’oublie un peu parfois, c’est vrai. Sur le terrain, notamment en défense, mais aussi en dehors, comme lorsqu’il oublie de faire signer son carnet de correspondance par ses parents à trois reprises. Une étourderie qui lui vaudra une exclusion temporaire du collège.

 

Devenu adolescent, Yoann intègre la section sport-études du lycée Jolimont à Toulouse. Et ne tarde pas à faire son entrée au centre de formation du prestigieux Stade Toulousain. Si les premières sélections en équipe de France de jeunes tombent vite, les apparitions en équipe première se font attendre. Yoann n’a pas la confiance de Guy Novès, qui de toute façon se méfie de tout ce qui a moins de 27 ans, y compris son propre petit-fils. Et lorsque Vincent Clerc et Clément Poitrenaud se blessent gravement en 2008, c’est son grand ami Maxime Médard qui saute sur l’occasion pour se révéler au plus haut niveau. Pour la première fois de sa vie, la chance semble lui avoir tourné le dos.

Mais Yoyo ne lâche rien, jamais. Joueur de caractère, souvent provocateur sur le terrain, souvent le premier à chercher la bagarre (souvent le dernier à y participer également), il possède une âme de compétiteur et décide de le prouver en signant au SU Agen, en Pro D2. Cette fois, il est bien décidé à marcher sur la gueule de ses adversaires pour atteindre les sommets – attention, on parle bien au figuré, n’en déplaise à Juandre Marais.

 

Et c’est un succès : pour sa première saison, Yoann Huget inscrit 14 essais et dévoile tous ses talents de finisseur. Si la deuxième sera moins convaincante en termes statistiques (seulement 2 essais en 20 matchs), « la Huge » retrouve vite le Top 14 et signe à Bayonne. Un choix réfléchi, pas fait sur un coup de tête. Et là encore, la fortune est de retour à ses côtés : initialement relégué, l’Aviron sauve sa place dans l’élite grâce à la relégation administrative de l’US Montauban, ruiné par la refonte d’un stade qui n’en avait pourtant pas vraiment besoin, puisqu’on sait tous qu’on y trouve seulement 5 supporters et un chien.

 

Sur la côté basque, là où les étoiles de l’hémisphère sud viennent s’échouer, notre JIFF-errant retrouve la grinta et le chemin de l’en-but. À tel point qu’il tape dans l’œil de Marc Lièvremont, qui lui offre ses premières sélections en équipe de France, et compte bien l’emmener avec lui à la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande. Et ce malgré les gros doutes des observateurs, pas convaincus par ses prestations hésitantes en bleu. Hélas, une nouvelle étourderie viendra plomber l’ascension de notre héros barbu, qui écopera de 6 mois de suspension pour 3 « no-shows ». Un comble pour celui qu’on décrit parfois comme un « show off ».

 
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Et non Yoann, c’est bien 3 no-shows. 

 

Mais comme le ballon qui semble étrangement aimanté par ses mains, Yoann rebondit, encore. En 2012, il reçoit un coup de fil de son ex, le Stade Toulousain. Elle regrette de l’avoir quitté 4 ans plus tôt et lui propose de revenir à la maison (en lui promettant une nette augmentation en matière de faveurs sexuelles). Huget accepte et fait son retour dans la Ville Rose sur la pointe des pieds. Encore moqué pour l’épisode malheureux qui lui a fait rater le Mondial 2011, il est toujours pour beaucoup un joueur moyen dont Marc Lièvremont s’est entiché pour d’obscures raisons, à l’instar de Raphaël Lakafia (qui connaîtra lui aussi une renaissance un peu plus tard) ou de Jean-Marc Doussain (oui, bon, tout le monde peut se tromper).

 

Yoann sait qu’il a tout à prouver, et malgré les critiques et les quolibets, il relève le défi et parvient enfin s’imposer sous le maillot Rouge et Noir, avant de rapidement retrouver celui des Bleus. Dans un pays où même Félix Le Bourhis pouvait prétendre à être international à l’aile, il s’impose aisément comme un incontournable à son poste, et pige même à l’arrière avec succès. Huget n’a pas perdu sa principale qualité : celle d’être toujours là au bon endroit, au bon moment. Comme sous les ballons hauts, où il excelle, et à la réception des passes au pied plus ou moins précises de ses partenaires, comme en ce jour de février 2014 où il devient le héros de tout un peuple en signant un doublé inespéré contre l’Angleterre.

 

Et si son inconstance défensive fait toujours gausser les sceptiques, il faut reconnaître que là aussi, il sait briller quand il le faut, et qu’il a souvent le chic pour coller des cartouches spectaculaires qui nous font pardonner ses errances. Ainsi, en cette année 2015, celui qui porte un tatouage « Only god can judge me » (seul Daniel Herrero peut me juger, en français) a définitivement fait taire les persifleurs. Il n’y a bien que les Anglais pour continuer à résister à son charme ravageur. Ils ont semble t-il encore à travers de la gorge ses simulations ou ses prétendus mauvais gestes. Mais nous, on préfère surtout penser qu’ils ont peur de lui et de ce qu’il pourrait leur faire pendant la Coupe du monde….

 

Grâce à ses essais précieux (bien qu’ils soient encore un peu trop rares en Bleu : 7 en 39 sélections) à son look reconnaissable entre tous et à sa belle gueule, Yoann Huget est donc devenu l’un des visages du XV de France, lui qui en compte si peu depuis la fin de carrière d’un autre poilu, dont il n’a pas encore la renommée. Et il incarne finalement assez bien l’équipe qui va nous représenter en Angleterre à partir de ce soir : il n’est certes pas le plus talentueux, mais sûrement pas le moins volontaire, ni le moins sympathique. Malgré tous ses gros défauts. Et qui sait, sur un gros coup de French Chatte, peut-être même qu’il nous ramènera la Coupe du monde. Après tout si dans Kaamelott, c’est Perceval qui finit par trouver le Graal, « Bubulle » serait bien capable d’aller décrocher le trophée William Webb-Ellis…

 
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Enfin devenu une star mondiale, Yoann Huget reçoit le même honneur que Jonah Lomu et possède désormais un jeu vidéo à son nom. 

 

Merci à Peir Lavit pour le montage. Et merci à Yoann Huget d’exister, sinon on rigolerait beaucoup moins.