Présentation Coupe du monde 2023 : L’Argentine

Par Damien Try.

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

Les Samoa 

L’Écosse

La Géorgie

Le Tonga

L’Uruguay

Les Fidji

L’Italie

 

L’Argentine

 

 

Notation :

Passion : +++
Beau jeu : +++
Bogossitude : +++
Arrières grand-parents : – – –
 

L’emblème :

 

 
Bien que surnommés les Pumas, les Argentins ont arboré pourtant pendant plus d’un siècle un jaguar sur leur maillot. L’histoire est connue : c’est un journaliste sud-africain qui commit la méprise alors qu’il leur cherchait un sobriquet. Mais depuis ce printemps, l’erreur est réparée. Non, on ne se met pas à surnommer les Argentins “les Jaguars”, ce sont les Argentins qui ont changé leur logo, désormais véritablement un puma, donc. Un peu comme ce pote pas très sûr de lui qui finit par assumer un prénom qu’on lui aurait attribué par erreur lors de son arrivée dans le groupe. On constatera en tout cas que les Argentins sont bien plus arrangeants que les Néo-Zélandais, car on attend toujours la compo All Blacks composée uniquement d’arrières. Petit espoir de victoire pour le XV de France lors du match d’ouverture ?

 

L’équipe :

 
L’Argentine est une équipe bien connue des Français, rapprochés par leur esprit latin qui est chose rare dans le paysage du rugby. C’est pourquoi de nombreux Argentins ont retraversé l’Atlantique pour revenir occuper notre championnat, avec des colonies localisées selon les époques, souvent à Paris ou Montpellier. Ils ont fait le bonheur de nos clubs, avec leurs arrières flamboyants et aux noms rigolos tels que Santiago Chocobares ou Jerónimo de la Fuente, et leur avants aux têtes de truands de films noirs et imbougeables en mêlée comme Agustín Creevy ou Mario Ledesma. Impossible non plus de ne pas citer Agustín Pichot ou Juan Martín Hernández, le premier ayant fait aux Français autant de mal sur les terrains que le second en a fait dans les cœurs.
 
Le bilan international de l’équipe n’est pourtant pas tellement plus glorieux que le repeuplement du pays en fin de première moitié du XXème siècle.
 

Pas de commentaires, allez on enchaîne.

L’Argentine a effectivement longtemps végété aux portes du haut-niveau, servant souvent de faire-valoir à la France lors de tournées d’été, accrochant parfois une victoire de prestige. Mais tout a changé en 2011, lorsqu’ils ont intégré le Rugby Championship, où ils servent désormais de faire-valoir à l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud, accrochant parfois une victoire de prestige. Le bilan en Coupe du monde n’est donc pas très flatteur, avec seulement deux “petites finales” dont une remportée en 2007 face à l’organisateur français. Le premier quart d’heure du match de 2015 contre l’Irlande mériterait un trophée tant le jeu produit fut magnifique, mais malheureusement battre les Irlandais en ¼ ça ne compte pas totalement.
On peut tout de même noter une réelle amélioration ces dernières années, tout d’abord par la constitution d’une véritable équipe professionnelle en la province des Jaguares, franchise de Buenos Aires qui intègre le Super Rugby en 2016 et servira d’incubateur pour l’équipe nationale. En seulement quatre saisons elle accède à la finale du championnat sudiste, et semble promise à un bel avenir. Et puis… le Covid tu connais ? Tout s’écroule pour le rugby professionnel argentin, l’équipe se retrouve en Súperliga Americana et les joueurs regagnent l’Europe.
Une seconde amélioration plus récente est probablement due au nouveau staff. Viré de la tête de sa sélection nationale australienne en 2019, Michael Cheika a pris les rênes de l’équipe argentine en 2022 après un Rugby Championship calamiteux, et a amené son équipe à quelques belles victoires, notamment à Twickenham et en Nouvelle-Zélande. Malgré un dernier Rugby Championship en demi-teinte, l’Argentine est sur une belle dynamique et pourrait bien profiter d’une poule D complètement pétée.

 

Le joueur à suivre :

 
Une fois n’est pas coutume, la Boucherie va mettre à l’honneur un ancien joueur du Racing : Emiliano Boffelli. Excusons-le, après l’effondrement des Jaguares, le malheureux garçon s’est retrouvé le bec dans l’eau et a dû se rabattre sur ce qui était disponible. Après son départ, il n’a pas manqué de pourrir son ancien club, ce qui attire forcément notre sympathie. Mais une fois qu’il a retrouvé le monde du rugby, à Edimbourg, l’arrière ou ailier est revenu sur le devant de la scène. Joueur “clutch”, faisant la différence aux instants cruciaux des plus grands matchs par des actions de classe, c’est un peu le Teddy Thomas argentin. Un Teddy Thomas précieux sous les ballons hauts, impeccable en défense et qui butte pour son équipe. Pas Teddy Thomas, donc.
 


Pour retirer la joie de vivre à un homme, il suffit d’ajouter un liseré bleu-blanc-rouge à son polo.


 

Calendrier :

 
– vs l’Angleterre, le samedi 9 septembre à Marseille (21h)
– vs les Samoa, le vendredi 22 septembre à St-Etienne (17h45)
– vs le Chili, le samedi 30 septembre à Nantes (15h)
– vs le Japon, le dimanche 8 octobre à Nantes (13h)

 

Le scénario idéal :

 
Dans une poule très ouverte, il est important de rentrer immédiatement dans sa compétition. Ça tombe bien, les Argentins sont des habitués des matchs d’ouverture (1999, 2003 et bien sûr 2007). Ils cueillent à froid des Anglais, particulièrement marqués par l’invective du capitaine sud-américain en début de rencontre : “Mon nom est Julián Montoya. Vous avez tué mon père (lors de la guerre des Malouines). Préparez vous à mourir.” Les Samoans s’avèrent à peine plus coriaces et les Pumas croquent le reste des poules. En ¼ de finale, un pays de Galles moribond, rescapé de ce qu’on appelait la poule de la mort mais qui s’est avérée la poule de la léthargie, ne fait que piètre opposition. C’est ainsi que les Argentins se retrouvent face aux All Blacks, sans avoir eu un seul match difficile. La marche est trop haute, et bien qu’ayant réussi à élever leur niveau de jeu en seconde mi-temps, l’Argentine échoue une nouvelle fois à atteindre la finale. Ils retrouvent la France en petite finale, une France déboussolée puisque Fabien Galthié décide de quitter le groupe avant le match, comme en 2003. Sans son sélectionneur, l’équipe utilise la polyvalence des joueurs pour une composition… disons alternative : Boudehent au centre, Ramos à l’ouverture et Mauvaka en 8. La très belle entrée en fin de match de Sekou Macalou en tant que demi de mêlée, qui trouve ici son véritable poste, sera insuffisante pour sauver l’équipe et c’est ainsi que l’Argentine remporte sa deuxième médaille de bronze. Bastien Chalureau échange son maillot avec Pablo Matera.

 

Le scénario catastrophe :

 
Lors de son entame de compétition face aux Anglais, privés de Farrell et Vunipola, Tomás Lavanini et Marcos Kremer (tout juste de retour de suspension) réalisent que la violence, c’est mal. Cela pénalise plus leur équipe qu’autre chose, et en plus ça ne donne pas une bonne image du rugby. Ces hommes de la pampa décident donc de ne plus être parfois rudes, se contentant d’être courtois. Sans ce “supplément d’âme”, et forcément bousculée dans les rucks, l’Argentine fait pâle figure face à une équipe plus rugueuse comme les Samoa, ou contre les Chiliens galvanisés par l’idée de taper leur immense voisin dans ce Empanadasico. Grâce à quelques bonus malingres, l’Argentine sort deuxième de son groupe, et Michael Cheika retrouve en quarts son ancienne équipe : l’Australie. Animé par une volonté de revanche qui le submerge, c’est la bave aux lèvres qu’il motivera son équipe toute la semaine. C’en est trop pour nos nouveaux sages Lavanini et Kremer, et tels des viandards qui retrouvent devant une énorme côte de bœuf après avoir essayé le végétarisme pendant un mois, ils se ruent sur les Wallabies. Bagarre générale dès la première minute et carton rouge pour nos deux compañeros, ainsi que deux Australiens embarqués dans la malheureuse affaire. L’Australie étant bien plus forte au jeu à XIII, c’est elle qui remporte le match de justesse, après un choix discutable de l’entraîneur des arrières Felipe Contepomi qui fait tenter une pénalité à 22m en face à son buteur à la 79ème, alors que l’Argentine était menée de 4 points.
 

Présentation Coupe du monde 2023 : Les Tonga

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

Les Samoa 

L’Écosse

La Géorgie

 

Le Tonga

 

Notation :

Aïe : +
Ouille : ++
Arrêtez : +++
Crac : +++++

 

L’emblème : la colombe

 

Les Tongiens, qui ne manquent de toute évidence pas d’humour, ont choisi pour emblème la colombe, symbole universel de paix. Un choix étrange étant donné que leur animal totem est censé être l’aigle des mers, soit l’emblème de la Namibie. Des Namibiens qui, eux, auraient préféré arborer un oryx sur leur maillot, mais cet animal ressemble trop au springbok des Sud-Africains. Des Sud-Africains qui ont peu à peu abandonné le springbok en question pour la protéa royale. Bref, comme vous pouvez le constater, c’est un peu le bordel.

 

Le saviez-vous :

La violence a plein de synonymes. Et là il y a quinze synonymes avec un maillot rouge sur la pelouse.

 

L’équipe :

Au large de l’atoll de Pom-Pom Galli se trouve l’archipel des Tonga. D’ailleurs on dit “les Tonga”, ou “le Tonga” ? Voilà le premier souci que l’on rencontre quand on aborde ces îles du South Pacific. Ce problème sémantique est rapidement mis derrière soi, lorsqu’on apprend qu’auparavant, cet archipel était nommé “les îles des Amis”, et que la capitale est Nuku’alofa, ce qui signifie “patrie de l’amour” en tongien. Rassuré et ne vous méfiant pas, vous ramasserez donc naïvement un ballon de rugby traînant au sol, et la dernière chose dont vous vous souviendrez avant de vous réveiller à l’hôpital sera un grondement sourd type tremblement de terre. Car le Tonga (ou les Tonga, à ce stade-là vous vous en moquez), c’est du soleil, du rugby, de la violence et du sable. Oui, comme à la Seyne-sur-mer, le pastis et le Rassemblement National en moins.

 

Ce style de jeu est dû à la surpopulation de ces îles. En effet, si elles n’accueillent que 100 000 habitants, soit la population de la ville de Caen, c’est déjà bien trop au regard de leurs ressources naturelles. Un écrémage est donc nécessaire, et se fait sur les terrains, en fonction de la résistance aux chocs.Au bout d’une centaine de génération et en vertu des principes énoncés par Darwin, les habitants restants sont l’équivalent humain du char Abrams. S’ils restent bien sûr des humains, ils sont aussi proches des Caennais que le rottweiler du chihuahua. Et bien sûr on annonce la partie de plaisir à venir avec une danse rituelle, le Sipi Tau, sorte de danse de la pluie. Des intempéries un peu particulières, puisque ce qui va tomber ce sont des marrons.

 

Les Tongiens ont dominé le Pacifique Sud durant des siècles, leur empire asservissant les archipels des alentours à partir du Vème siècle, avant d’être remplacés par ceux qui faisaient exactement la même chose mais avec du thé et des fusils, les Anglais. Cela explique pourquoi ils sont considérés un peu de la même façon, et que les rencontres Samoa-Tonga n’ont rien à envier à un petit Ecosse-Angleterre en termes de comptes à régler.

 

Mais sportivement les Tongiens ne sont pas uniquement connus pour être des brutes sur les terrains de rugby. Il peuvent s’enorgueillir de leur seule médaille olympique, l’argent en… boxe catégorie super-poids lourd en 1996 à Atlanta, par Paea Wolfgramm. Je sens comme un fil rouge dans cette culture, cherchons ailleurs, moins violent… alors le rugby à XIII on va passer, hum un autre Tongien célèbre est Tonga ‘Uli’uli Fifita, aussi connu sous le nom de “Haku” qui s’illustre en… catch. Laissons tomber cette tentative de nuance et passons au vif du sujet, la bagarre le rugby.

 

Imaginez le niveau de violence nécessaire pour faire pleurer Yoann Maestri.

 

L’équipe tongienne nommée ‘Ikale Tahi a participé à toutes les Coupes du monde à l’exception de l’édition 1991, sans jamais sortir de poule. Ca n’est pas passé loin en 2007, avec une défaite in extremis contre l’Afrique du Sud. Mais le point d’orgue tongien reste bien sûr la victoire contre la France en 2011, pour en savoir plus sur ce match, rendez-vous très bientôt avec la sortie du troisième tome de la Boucherie Ovalie, mauvais souvenir mais très bon texte à la page 190.

 

L’annonce récente du changement d’éligibilité des joueurs a complètement changé la donne pour cette nation habituée à se faire piller ses meilleurs éléments. Retour au bercail donc pour une flopée de stars vieillissantes, n’ayant plus leur place dans les sélections prestigieuses où elles ont fait carrière. C’est ainsi que Toutai Kefu, entraîneur surnommé lui-aussi “El Loco”, a pu enrichir son effectif avec des noms tels que Adam Coleman, 38 sélections avec les Wallabies mais dont le père fut capitaine tongien dans les années 80. Autre Wallaby ayant fait ses preuves sur le terrain mais aussi sur twitter, Israel Folau. Ajoutez quelques All Blacks et vous aurez de quoi faire saliver les fans tongiens.

 

Les joueurs à suivre :

Le toulousain Pita Ahki profite lui aussi du changement de règle pour une seconde jeunesse auprès de son pays d’origine. Avec Kef-Taah’sosblanch et Koekako La’zerau il formera un triangle d’attaque particulièrement alléchant et qui vous régalera en soirée. Plus léger, Patrick Pellegrini pourra remplacer le second ailier.

 

Calendrier :

Samedi 16 septembre : Tonga – Irlande (Nantes)
Dimanche 24 septembre : Tonga – Ecosse (Nice)
Dimanche 1er octobre : Tonga – Afrique du Sud (Marseille)
Dimanche 8 octobre : Tonga – Roumanie (Lille)

 

Le scénario idéal :

Les Tongiens se cherchent encore face à l’Irlande et ne font pas le poids, mais écrasent des Ecossais trop fragiles (notamment au niveau des cervicales). Lors du choc face à l’Afrique du Sud, match surnommé plus tard le “Destroyico”, ce ne sont pas moins de 15 joueurs qui quitteront le terrain sur blessure, renflouant un IHU marseillais plus calme depuis novembre dernier. Aucun traitement aventureux ne sera testé, les médicaments hasardeux sont nettement moins tentants quand le patient peut vous arracher la tête à une main (même si l’autre est dans le plâtre). Ce sont alors les Tonga qui s’imposent par forfait et n’auront plus qu’à disposer des Roumains pour retrouver les Français en ¼ .

Menés par un Afusipa Taumoepeau ayant une revanche à prendre sur la France puisqu’il a dû vivre depuis plus de 10 ans dans les villes de Pau, Albi, Castres et Perpignan, les Tongiens réitèrent l’exploit de 2011. On retiendra notamment l’image de la dernière mêlée et l’immense éclat de rire de Tameifuna chambrant la première ligne française. Mais stupeur générale dans les jours qui suivent, quand la majorité des joueurs annoncent leur retraite internationale à effet immédiat et retrouvent leur club dès la journée suivante de championnat. Une équipe ter perdra ainsi la demi-finale, mais les Tonga seront la nouvelle coqueluche du monde du rugby, qui ira jusqu’à admettre que non, Jonah Lomu n’était pas néo-zélandais mais bel et bien tongien.

 

Le scénario catastrophe :

Sur le papier c’était bien beau de récupérer des stars internationales, mais au final cela ressemble plutôt à la tournée de trop pour les Rolling Stones. Des Stones qui n’auraient jamais joué ensemble. Et avec un Mick Jager de 140kg. La comparaison s’arrête ici. La Pacific Cup de l’été 2023 fut un désastre, et le premier match contre l’Irlande du même acabit, mais avec une vraie équipe en face. Avant même le coup d’envoi, on sent l’équipe en manque de repères lorsque lors du Sivi tau, certains joueurs entament un Kapa o pango et d’autres apportent des boomerangs à leurs adversaires. Peu inspirés, sans l’âme même de l’esprit tongien visant à décapiter ses adversaires pour ensuite leur chier dans le cou, le Tonga (les Tonga ?) perd contre l’Ecosse, avant une piteuse défaite contre les Sud-Africains.

Pour sauver l’honneur, la victoire est obligatoire face aux Roumains qui eux non plus, n’ont rien à perdre (à part leur intégrité physique). La pluie est battante à Lille, et ces derniers s’accrochent. Alors que les Tonga (le Tonga ?) confisquent le ballon et occupent le camp adverse, le soleil fait son apparition et un immense arc-en-ciel décore le ciel ! À quelques mètres de marquer l’essai de la victoire, Israel Folau préfère lâcher le ballon et faire un signe de croix, invoquant Dieu Tout Puissant face à ce signe du Malin. Les Roumains récupèrent le ballon et s’en vont dans l’en-but, pour une victoire historique contre le.s Tonga.

“Nous avons honte pour nos pays, quels qu’ils soient”, conviendront les joueurs. Le centre Solomone Kata ajoutera une strophe en déclarant “Perdre j’ai l’habitude, mais là on en a même pas tué un seul.”

 

Nouvelle-Zélande – Angleterre, finale de Coupe du monde féminine

 
 
Par Damien Try et Ovale Masqué

 
 

« Du jeu des essais des sourires on se régale. »
François Trillo
 

Notation :
Essais : +++++
Jeu : +++++
Intelligence situationnelle : – –

 

Le film du match :
La partie débute très bien pour les Anglaises, qui certes n’ont pas le ballon (30% de possession) mais marquent deux essais dans le premier quart d’heure. En face les Black Ferns relancent depuis leur en-but, tentent tout ce qui leur passe par la tête, mais sans succès. Terrible, on va encore assister à une victoire woodwardienne, avec autant de saveur que la cuisine de son pays. Mais un grain de sable vient enrayer la mitraillette anglaise, Thompson prend un rouge sur un choc tête contre tête, les Anglaises seront donc à 14 pendant une heure.

 

Le premier rouge de la journée, pas le pire.

 

La suite est plus confuse, ça marque dans tous les sens, presque chacun son tour, et on vire à la mi-temps avec un score de 19-26 avantage aux visiteuses. Peut-être que la seconde moitié du match sera plus calme ? Et non, essai sudiste à 41ème, puis un autre à la 50ème, pour prendre l’avantage. Tellement d’essais, on s’y perd, Cokayne franchit la ligne blanche pour la troisième fois, les commentateurs ont arrêté de chercher d’autres façons de dire « ce match est fou » et je n’ai plus de café. Fluhler va chercher une superbe passe au pied et se fait plaquer à quelques centimètres de ligne mais délivre un offload que même les développeurs de Jonah Lomu Rugby trouveraient irréaliste, essai black, 34-31 à la 73ème.

 

Mode facile contre le Sri Lanka

 

CE. MATCH. EST. FOU. Pas assez semble-t-il pour Cocksedge, qui à la 77ème minute d’une finale qu’elle mène de 3 points, choisit de faire semblant de taper une pénalité en touche pour la jouer à la main.

 

YOLO

 

La punition des Dieux du rugby est immédiate, perte de la possession et balle de match pour les Anglaises, qui ont marqué environ 50 fois (j’ai perdu le compte désolé) sur pénal’touche ballon porté. Mais c’est le bon moment pour les Black Ferns de se souvenir qu’on a le droit de disputer les lancers en touche (d’autant que la remplaçante anglaise au talon a déjà montré ses lacunes dans le secteur), en-avant de la sauteuse blanche et fin du match ! Les Néo-Zélandaises battent pour la 5ème fois les Anglaises en finale de Coupe du monde et conservent leur titre, il est 9h30 et le reste de mon samedi va en comparaison paraître sacrément morose.

 

Points forts :

– Cette rencontre c’était n’importe quoi, ça relançait dans tous les sens, que ça soit la bonne idée ou pas.
– Ruby Tui a joué ce match.
– Si quelqu’un vous demande c’est quoi le rugby, vous pouvez lui répondre « bah c’est ça ». Des ballons portés qui avancent sur 20 mètres, des relances, des passes après-contact impossibles, des cartons, des émotions, un scénario qu’on croirait écrit par un scénariste Netflix sous MDMA. On a même Ruby Tui qui chante une chanson à la fin, parce que… pourquoi pas ? On espère que Damien Penaud prend des cours pour l’année prochaine.

 

“Good bye, Ruby Tuesday”

 

Points faibles :

– Cette rencontre c’était vraiment n’importe quoi, ça relançait dans tous les sens, que ça soit la bonne idée ou pas.
– Rose Bernadou n’a pas joué ce match.
– L’Angleterre était probablement l’équipe de rugby la plus forte de tous les temps et elle a terminé sa série de 30 victoires par une défaite invraisemblable en finale de Coupe du monde. Certaines très grandes joueuses ne seront jamais championnes du monde. Même si vous détestez les Anglais par principe, si vous avez suivi cette équipe depuis quelques années, ça vous rendra un peu triste.
 

Le saviez-vous :
– La prochaine Coupe du monde aura lieu en Angleterre. Après la déception de cette année, les Red Roses devront absolument gagner. L’Angleterre avec une grosse pression à domicile en Coupe du monde, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ? L’absence de décalage horaire vous privera aussi des tweets « ALORS LES FEMINISSES, ON A PAS MIS SON REVEIL ? » de la part de journalistes du Figaro. Enfin d’ici-là le journal aura probablement été racheté par Vincent Bolloré donc il faudra faire avec Jean-Marc Morandini rédacteur en chef des sports. Une bonne nouvelle pour la mise en avant du rugby U18.

– La France a terminé 3e de la Coupe du monde. Encore. Malgré un conflit entre les joueuses et leur entraîneur, qui a fini par être officieusement mis sur la touche. Aaaaah, une Coupe du monde en Nouvelle-Zélande où le coach français subit la révolte de son équipe… ça nous rajeunit pas mais ça fait toujours quelque chose.

 

Les conditions idéales pour regarder ce match :
Dans votre lit.

 

Ce qu’il faut en retenir :
Il est possible de sortir du terrain à la 71′ en pouvant à peine marcher à cause d’un genou explosé et pourtant avoir un immense sourire. Mais uniquement si vous vous appelez Stacey Fluhler.

 

“It’s just a scratch”

 

Si vous aimez regarder ce match, vous aimerez aussi :

– La demi-finale Nouvelle-Zélande – France
– Jeanne d’Arc

Plusieurs membres de la Boucherie suspendus de leurs fonctions

 
 
Communiqué de presse
 
L’affaire des tweets xénophobes au sein de la sélection argentine a porté la Boucherie Ovalie à faire une recherche approfondie concernant le passé de ses membres. A sa grande stupeur, un certain nombre de messages inacceptables (notamment sur certains piliers du TOP 14) ont été retrouvés dans la TL de plusieurs membres de la rédaction.
 
si si c'était en 2013
 

 

 

 
La Boucherie Ovalie prend ces faits très au sérieux, rejette ce type de comportement mais estime également que les accusations diffamatoires qui en ont découlé touchent l’ensemble de la rédaction et ne représentent pas ce qu’est notre ligne éditoriale.
Les rédacteurs ont donc été convoqués et suspendus à titre provisoire. Lors de sa comparution, ils ont manifesté un profond repentir et présenté leurs excuses, assurant que les tweets ne reflétaient pas leurs pensées et qu’ils avaient fait preuve d’immaturité. Ils assument cependant pleinement leurs actes et se tiennent à la disposition d’éventuelles enquêtes sur les circonstances. Damien Try ajoute qu’il maintient néanmoins ses propos sur Enrico Januarie, “parce que faut pas déconner quand même”.
 
Bon allez ce communiqué est un peu long, vous avez dû mettre bien quelques minutes à le lire, il apparaît donc à la commission de discipline que l’attitude des rédacteurs durant l’audition rend inutile le fait de maintenir ces suspensions à titre conservatoire. La peine étant purgée, on passe à autre chose. Nous rappelons également qu’il est tout à fait déplacé de la part de certains médias malveillants d’alimenter cette polémique pendant cette période de deuil de Jacques Secretin. Nous tenons à apporter tout notre soutien aux proches et à la famille de celui qui a tant fait pour le pongisme en France, partout dans le monde mais également en Corée du Nord.

Le retour du rugby, le retour au rugby ?

 
 
Déjà quatre mois que le rugby a disparu de nos contrées. Quatre mois que notre sport préféré ne rythme plus nos semaines.
Lundi : plans sur la comète après les résultats du week-end. Et qu’en dit le classement britannique ?
Mardi : déclaration sur l’arbitrage par un entraîneur battu.
Mercredi : rumeur de transfert d’un All Blacks à 6 sélections.
Jeudi : qui va faire une impasse ce week-end ?
Vendredi : quelle est la compo de demain ?
Samedi : Aurais-je assez de bières pour tenir l’après-midi ?
Dimanche : Merde y avait pas un match à midi trente ?
 
Quatre mois, comme ça ça peut paraître peu mais c’est tout de même l’espérance de vie du nouveau talent de l’équipe de France à l’ouverture, le record de fidélité de Byron Kelleher et un cycle complet de blessure de Benjamin Fall (j’assume ces blagues datées, vous comprendrez pourquoi plus loin).
Certes pendant ces quatre mois il y a eu un peu d’actualité rugby. Le seum bordelais, les baisses de salaire des joueurs, les blagues du calendrier World Rugby harmonisé et en toile de fond la campagne pour la FFR. Mais si comme tout le monde j’apprécie de voir Christophe Dominici se ridiculiser de conférence de presse en communiqué, j’ai déjà vu le même spectacle ces derniers mois avec Jean-Michel Blanquer et ça m’a suffit.
 
Alors maintenant ça repart. Les joueurs s’entraînent (avec des mesures hyper contraignantes soigneusement exhibées devant les caméras), le Canal Rugby Club a repris et il paraît qu’il y a même un calendrier qui est sorti. Bel enthousiasme alors que le fameux R est à la hausse semble-t-il. J’avoue ne pas avoir regardé. Il s’est passé trop peu de temps entre l’orgie de la Coupe du monde et la coupure du Six Nations pour que je me replonge dans le Top 14. Avec les jokers Coupe du monde ça faisait trop de nouveaux personnages j’avais l’impression d’avoir raté un épisode de la saison 1 de Game of Thrones. Là je vais me retrouver catapulté en pleine saison 8 c’est pas une bonne idée. Y a un dragon de glace et un dragon homophobe maintenant ??? Des phases finales de Coupe d’Europe en octobre, avec les nouveaux effectifs et les équipes pas encore rodées ? Ah oui bonne idée pour booster l’intérêt déjà mirobolant du public envers la Bein Cup, la compétition qui n’a d’intérêt que si le barman (tu vas tout de même pas prendre un abonnement pour ça) diffuse les commentaires de Rodolphe « PATATRA » Pires. Je ne parle même pas de la dernière journée du Six Nations qui va avoir autant de sens qu’une composition de Marc Liévremont (erf mes blagues sont de plus en plus datées).
 
Il faudrait donc reprendre la situation là où on l’a laissée, revenir à l’état d’esprit de quelques mois en arrière. Tu penses que le Stade Toulousain arrivera à remonter au classement ? Alors, t’en penses quoi de ce qu’a fait Joe Marler ? Tu te souviens de Jules Plisson ? Heureusement certains clubs maintiennent une certaine continuité qui nous évitera d’avoir à se mouiller la nuque avant de replonger dans le bain : merci au MHR et sa constance dans ses affaires impunies de salary cap dépassé.
Ca vous donne envie, vous ? Personnellement, vous l’aurez compris la question elle est vite répondue (et voilà je retombe de justesse sur mes pieds niveau obsolescence des blagues faciles) : je ne suis pas hypé. Si j’ai envie de rugby j’irai voir de la Fédérale 8, ça sera peut-être moins technique et les joueurs seront probablement dans une forme physique comparable à celle du spectateur moyen, mais au moins je m’amuserai un peu en tribunes et j’aurai moins de chances de faire partie d’un nouveau « cluster ». Je vous laisse, je voudrais pas rater la réouverture de la buvette.
 
 

Billet de bonne humeur

 
Il s’est passé quelque chose d’incroyable ce week-end.
 
Nous avons eu droit à un samedi très classique. Les Gallois n’ont eu aucun mal à défoncer des Italiens inexistants sur un score digne de ce premier samedi du mois. Ensuite les vaillants™ valeureux™ et courageux™ Écossais ont eu toutes les peines du monde à perdre un match qu’ils auraient dû gagner dix fois, face à des Irlandais au jeu toujours aussi peu palpitant. Nouvelle année certes, mais toujours la même histoire nous n’étions pas dépaysés, la cruelle petite défaite de rigueur contre les Anglais U20 et au lit, nous étions sur les rails, demain c’était le poulet du dimanche midi, la défaite contre les Anglais puis Drucker, des dimanches comme les vivent les Français depuis les années 30, la mèche de Vincent Clerc à la mi-temps en plus.
 
Mais il s’est passé quelque chose d’inattendu.
 
Comme tous les 4 ans (ou plutôt tous les 2 ans en fait), on s’est un peu emballés sur notre équipe toute neuve. De mon côté, même si j’avais envie d’y croire, je me méfiais un peu. Quand tu quittes ton boulot parce que t’en as trop marre, t’es toujours content. Tu dis au revoir à tes collègues en souriant, et au fond de toi il y a une petite voix qui hurle « Ciao bande de losers ! » Tu te fais une joie de ne plus revoir le petit chef que tu ne pouvais plus encadrer et de quitter les locaux dans lesquels tu allais à reculons tous les matins. Et puis au bout d’une ou deux semaines à ton nouveau poste, tu te rends compte que tes nouveaux collègues sont plus ou moins les mêmes que les précédents, tu apprends que ton nouveau petit chef était l’adjoint du précédent et que le bureau à Nice coûte trop cher, c’était provisoire tu vas retourner en banlieue sud. Rappelez-vous de la prise de fonction de Guytou (qu’il repose en paix, même si je doute que ça n’arrive jamais). Après le crime contre l’humanité qu’avait été le mandat de PSA, on était tout heureux de voir arriver l’homme associé à un jeu un peu plus ambitieux, dégager les bodybuilders pour faire rentrer des joueurs de ballon, bienvenue Vakatawa, Camara, des mecs qui vont mettre un peu de folie sur le terrain. Et puis dès le premier match on passe à un drop loupé de Parisse du fiasco et on finit 4èmes du Tournoi.
 
Et puis là ça a été différent.
 
Certes la touche c’était pas ça. Certes il y a eu une mêlée humiliante. Certes les Anglais ont cru (comme tout le monde) à un en-avant d’Ollivon et ont arrêté de jouer. Certes on a eu très peur à partir de la 65ème minute. Certes ça n’est qu’une victoire, 2023 est encore loin. Mais au-delà de cette victoire, personnellement j’ai retrouvé l’envie d’encourager cette équipe. Il y a à peu près cinq ans, j’ai renoncé à m’investir émotionnellement dans cette équipe qui m’a trop déçu. Je ne souhaitais pas sa défaite mais je ne peux pas nier avoir beaucoup rigolé en voyant le coude de Vahaamahina. Au moins quand une équipe fait n’importe quoi c’est plus facile de persifler sur twitter. Mais là j’ai envie d’y croire. Guirado se donnait sur le terrain avec l’énergie du désespoir. Ollivon semble lui se battre parce qu’il a envie de faire un gros truc avec cette équipe, et c’est tout de même assez différent. L’équipe a fait bloc, et j’ai bien aimé que le staff fasse rentrer Jalibert et Vincent, 0 ballon 0 placage mais plus en vue que Willemse. Beaucoup de générosité aussi de la part de Dupont qui a voulu inclure dans la victoire sa cousine en tribunes, lui adressant une magnifique passe au pied à la 79ème. Je sais pas si c’est l’euphorie ou l’alcool, mais à la fin du match j’avais même envie de faire un bisou à Bernard Le Roux ! Le Roux, putain ! Je ne sais pas combien de temps va durer cette lune de miel et après la défaite piteuse contre l’Italie dimanche je vais peut-être regretter ce texte et mon nouveau tatouage représentant les lunettes de Fabien Galthié. Mais bon, si on regarde le rugby c’est à la base pour les émotions, les bonnes venant au prix des mauvaises. Je vais prendre ce risque cette année.
 
En attendant le mot de la fin au dernier sélectionneur qui m’avait fait vibrer, « battre les Anglais, quel pied quand même ! ».

 

Gagnez gros avec la Boucherie : épisode 1

Août 2019, rédaction de la Boucherie Ovalie.
 
La longue table ronde en cocobolo nacrée est présidée par un luxueux fauteuil désespérément vide. Autour d’icelle, un aréopage hétéroclite de profils et de physiques divers, réuni par une tristesse et un désarroi qu’on ne voyait plus naguère que dans l’oeil de Guilhem Guirado au soir d’une énième défaite. Les bouchers semblent désorientés, perdus face à un rugby qu’ils ne comprennent plus et qui ne veut plus d’eux. Un participant écrase une larme sur son duvet naissant « il va bien revenir, il va bien revenir ». Un autre rajuste son brassard et s’exclame « Comment ça, à domicile contre Colomiers ? Pourquoi on jouerait Colomiers ? ». Un dernier grommelle sur ces nouvelles règles qui vont détruire la technique qu’une vie entière passée à développer pour faire croire qu’on tentait alors de plaquer mais-pas-aux-jambes-parce-que-sinon-figure-toi-que-l’action-continue-alors-que-si-je-le-bloque-en-haut, hein! Mais ça ne va pas se passer comme ça, on va l’entendre ! Les autres, quant à eux, sont surtout là pour les tuiles au paprika…
 
Soudain, une voix claire coupe court au barouf.
 
« Bon les gars, cette fois-ci c’est clair, la Boucherie se meurt. On ne sortira pas le 3ème livre et on ne publie plus d’articles. Avant que Mémé soit complètement froide et enterrée, il faut qu’on fasse ce que tous bons fils indignes se doivent de faire : aller raider l’argenterie et la boite à bijoux pendant qu’en bas, on se lamente à son chevet. Maintenant c’est “Tintin: objectif thunes”, on va capitaliser sur la marque Boucherie Ovalie. Nos lecteurs sont tellement cons qu’avant qu’ils ne s’en rendent compte, on en aura bien tiré quelques plaques chacun. Faites pas ces têtes, tout le monde le fait dans le twitter game, le tout avec bienveillance. Bon maintenant Greublaiz, tu nous fais le Guildford. »
 
[Article sponsorisé]
 
La Boucherie est heureuse de vous annoncer son partenariat avec le site de paris en ligne « Clique Bête » ! Toutes les semaines, notre équipe vous donnera ses petits conseils pour vous faire un max de pognon grâce à votre expertise en un sport utilisant un ballon qui rebondit de façon aléatoire. Car si Clique Bête investit autant d’argent, c’est évidemment pour en donner encore plus ! Sans plus attendre, voici nos conseils pour faire parler votre French Chatte lors du premier week-end…
 

Vendredi 20 :

Japon – Russie
Vous avez passé tout l’été à attendre cette Coupe du monde, vous êtes ultra-chaud pour l’événement planétaire qui n’intéresse qu’une poignée de pays et même si vous n’êtes pas au Japon vous avez bien l’intention d’en profiter un max? Le Board a pensé à vous , heureux fripons, avec ce match d’ouverture programmé un vendredi à 12h45!  Ça tombe pas si mal, vous pourrez voir le match entre midi et deux, avec en prime un petit resto entre collègues devant un écran. Petit pub plutôt, puisqu’ils seront les seuls à retransmettre le match. (Si TF1 ne décide pas de le déprogrammer en s’aperçevant qu’il s’agit d’un Japon-Russie alors qu’ils ont payé pour des Nouvelle-Zélande-Afrique du Sud ou Brésil-Argentine). Par habitude, vous allez commander une pinte, puis une autre. La politesse voudra que vous payiez la dernière, le patron mettra la sienne, et comme il ne faut pas partir sur un compte impair, la 6ème viendra inexorablement clôturer le repas. La Boucherie met une piécette sur votre retour en poste vers 15h, dans un état d’ébriété avancée. Les plus enthousiastes pourront se laisser tenter par un retour au poste, en cellule de dégrisement. Ce qui ne vous coûtera qu’une après-midi de RTT et un rappel à la loi.
 

Samedi 21 :

Australie – Fidji
Une vingtaine d’individus mats de peau, couverts de tatouages et effectuant des mouvements belliqueux en avant-match: certains seraient tenté de parier sur une intervention de la police lors du Cibi. Cependant, selon nos informations, celle-ci aurait été bien préparée, nous vous déconseillons de miser dessus. En revanche, 500 contre 1 sur Folau titulaire par décision de justice ça se tente.
 
France – Argentine
Une belle cote pour Slimani meilleur marqueur d’essai pour la France car il n’est pas favori sur l’exercice. Mais les chanceux qui avaient misé là-dessus en 2015 pourront retenter leur chance. Les plus audacieux pourront se faire plaisir sur un replacement d’Arthur Iturria à l’ouverture à la 60ème lors de la sortie d’Antoine Dupont.
 
Nouvelle-Zélande – Afrique du Sud
Une petite demi-heure après le match de la France, cette affiche aux allures de finale avant l’heure pourrait picoter. Fortes chances qu’une bonne partie des Laurent Bénézech français se fendent d’un commentaire « OuI mAiS iLs SoNt DoPéS lA PrEuVe SuR uNe PhOtO iLs SoNt CoSTaUds rEmeMBeR 95. »
 

Dimanche 22 :

Troisième jour consécutif avec du rugby sur TF1. Dimanche matin, sur l’horaire sacré de Téléfoot. Notre safe bet sera donc sur les plaintes des twittos football sur cette Coupe-du-monde-de-merde-de-ce-sport-qui-n’intéresse-personne et au moins en foot on est champions du monde. C’est à quelle heure le volley, déjà ?

Et si Jacques Brunel était en fait un génie ?

 
En ce début de semaine, anciens joueurs, presse et spectateurs se réunissent pour le passe-temps favori de la France : taper sur le sélectionneur. Alors que les hasards du calendrier amènent ce jeudi le rendez-vous de Guy Novès aux prud’hommes, l’ensemble de la rugbysphère se demande si le bilan (provisoire) de Jacques Brunel peut être considéré comme une « faute grave ». Chacun rivalise pour trouver le bon mot ou la grande solution. À la Boucherie Ovalie, on n’aime pas trop l’acharnement (surtout depuis ces histoires de Ligue du LOL en fait), et nous avons donc décidé d’analyser plus en profondeur… Et si Brunel avait en fait tout compris au rugby français et mettait l’équipe de France dans les conditions idéales pour gagner la Coupe du monde à l’automne ?
 
Une défaite honteuse face à une île pacifique de la taille de la ville de Castres et une branlée chez un très gros en quelques matchs, ça vous rappelle quelque chose ? Il y a 8 ans, les « sales gosses » de Lapinou étaient dans le même pétrin. La suite on s’en souvient : mise à l’écart du staff et responsabilisation des joueurs avant des phases finales qui restent à ce jour le meilleur parcours de la France en Coupe du monde, échouant à un point (et une désignation du trio arbitral diront les esprits chagrins) du triomphe ultime.
 
Cette épopée n’a pas échappé à l’esprit brillant de celui qui a été élu manager de l’année 2018 et apporté un titre à l’USAP. Il a retenu les leçons du passé : exit l’emphase sur la préparation physique à coups de Wattbike comme en 2015, oubliée la discipline de fer de son mentor en 2003 et 2007 et non au French Flair des éditions antérieures. Il a compris que la seule façon pour le rugby français de décrocher la coupe Webb Ellis passait par la révolte des troupes contre son général.
 
Camille Lopez, dès sa sortie de terrain, s’est permis de juger que « les premiers fautifs ce sont les joueurs, puisque c’est nous qui sommes sur le terrain. Mais il n’y a pas que nous et on n’est pas tout seuls dans ce naufrage ». Morgan Parra a lui constaté plus tard qu’« on ne travaille pas assez à l’entraînement des choses de haut niveau ». Des critiques à peine voilées qui mettent directement en cause le staff. Gaël Fickou en rajoute : « L’Angleterre ? C’était le bordel. Personne ne savait à quelle place il devait jouer. Nous étions perdus sur le terrain et on essayait de demander au banc ». Jacques Brunel est donc rapidement en train de se couper de ses joueurs, comme Marc Lièvremont l’a fait à l’automne 2011. Mais comme pour la moustache que le désormais commentateur sur Canal + ne portait que légère, le Gersois lui y va à fond. La génération de 2011 n’avait eu que quelques semaines d’autonomie. Le cru 2019 aura huit mois pour s’approprier le nouveau fonctionnement et en profiter complètement. Ils pourraient même ne l’inviter au stage de préparation à la Coupe du monde qu’en tant que cible ou ennemi pour le traditionnel exercice commando avec le GIGN. Coupés de l’influence néfaste d’un encadrement castrateur, les joueurs auront libre cours pour organiser le jeu qui leur convient, qui leur plaît et qui leur permettra de rouler sur le rugby mondial au Japon.
 
Haut les cœurs donc, le rugby français est sur le point d’enfin accéder au titre suprême. Les temps peuvent paraitre sombres, mais si vous tombez sur Jacques Brunel errant seul avec un pack de bières, cela sera bon signe. Ou alors simplement qu’il s’offre une cuite à la 8-6, il en a bien besoin.

Qu’attendre du Tournoi des Six Nations 2019 ?

 

Après s’être infligés quelques mois de Top 14 et avoir tenté (sans grand succès) de s’intéresser à la Bein Cup, les Français peuvent se réjouir : le rugby est enfin de retour. Un peu comme la veille de Noël, on va se coucher des étoiles dans les yeux. On a fait sa liste au Père Noël, mais saura-t-il se révéler à la hauteur ? On a toujours en tête ce Tournoi de 2013, où après une tournée d’automne bling-bling on rêvait de trouver sous le sapin une grande coupe en argent avec un petit chapeau et des rubans sur les anses. Et surtout la cruelle déception de devoir se contenter d’une cuillère de bois.
Qu’attendre donc de ce Tournoi des Six Nations 2019 ? La France étant plus que jamais divisée, voici une liste non-exhaustive des expectations de différents profils qui peuvent cohabiter si vous êtes aussi schizophrène que moi.
 

L’optimiste
La tournée d’automne a pas été folichonne, c’est sûr, mais là on voit que Brunel a voulu injecter du sang neuf. Ce Tournoi va permettre de former l’équipe de la Coupe du Monde au Japon, avec des jeunes prometteurs et morts de faim. Déjà bien lancer la compétition avec une victoire à la maison contre le Pays de Galles. Ensuite c’est sûr que jouer à Twickenham et Dublin c’est pas un cadeau, mais pourquoi pas un exploit qui souderait ce groupe ? Le bilan comptable n’est pas si important, l’essentiel c’est de créer le collectif qui va faire des merveilles à l’automne. Et puis regarder les Six Nations, c’est pas déjà merveilleux en soi ?

 

Scénario idéal :

  • Une ossature solide se dégage pour la Coupe du Monde.
  • Trois victoires, un nul et une défaite en Angleterre. Mais bel essai de Ntamack, je l’aime bien lui.
  • Owen Farrell meurt dans un accident de voiture en chutant d’une falaise de 50 mètres.
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    Le hater
    Une fédération détestable, un sélectionneur incapable, des joueurs en dessous de tout. On est ridicule, moi j’aurais pas fait comme ça. On va commencer par se faire humilier à la maison par les Gallois, avant de voir le lendemain l’écart avec le vrai niveau mondial devant Irlande-Angleterre. 40 points à Twickenham la semaine suivante pour faire bonne mesure, et on enchaîne avec une défaite dégueu contre l’Ecosse. Contre l’Irlande on n’est même pas invités, les mecs ils fument les Blacks alors c’est pas Sanconnie et Demba Bamba qui vont les faire trembler. Nan le seul match sur lequel on a une chance c’est contre l’Italie, mais pas de bol c’est à Rome donc ça sent pas bon.

     

    Scénario idéal :

  • Les Italiens choppent une gastro qui nous éviteraient d’être derniers.
  • Owen Farrell meurt dans un accident de voiture en chutant d’une falaise de 50 mètres.
  • Jacques Brunel s’étouffe dans sa moustache et un nouveau sélectionneur est nommé. Il fait un grand ménage dans l’équipe, ne sélectionnant plus les joueurs que je n’aime pas au profit de ceux que j’aime (impossible d’être plus précis ici, il faudrait faire environ 67 millions de profils différents pour être exhaustif).
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    Variante : le supporter toulousain
    Le supporter toulousain est un peu tiraillé. D’un côté il soutient à 100% les nombreux Haut-Garonnais sélectionnés, d’un autre il déteste Bernard Laporte (et Jacques Brunel par association). Au péril d’achever une santé mentale déjà bien mise en péril par le retour en forme de son équipe de coeur, il réussira à concilier ces deux pendants avec le scénario idéal suivant :

     

  • Les Toulousains sont individuellement brillants, remportent tous leurs duels et traversent le terrain. Cependant, avant d’aplatir, ils tapent en touche en s’écriant : « le plan de jeu de Jacques Brunel me l’impose ! ».
  • Owen Farrell meurt dans un accident de voiture en chutant d’une falaise de 50 mètres.
  • Bernard Laporte était dans le coffre.
  • Guy Novès est alors nommé président-entraineur-empereur à vie de la Fédé 2 heures avant le match à Dublin. La France gagne logiquement 70-0 (Yoann Huget marque un essai sur ballon porté).
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    Le Français normal (c’est-à-dire tout le monde sauf tes potes et toi)
    Ah oui le Tournoi des 5 Nations ? Gagner le Bouclier sera difficile à cause des All Blacks, mais Bastareaud il est gros et il a des dreads marrantes lol. J’aime bien les commentaires du mec de Stade 2 et le gars avec le nez tordu.

     

    Scénario idéal :

  • Cyril Hanouna a résolu la crise des Gilets Jaunes.
  • Après un début de saison pas top, finalement y a de la neige en stations.
  • Pray for Owen Farrell *émoticone prière*
  •  

     

    Le supporter gronoblois
    Bon, ça a pas vraiment marché à Toulouse (7 sélectionnés), mais c’est quoi la suite de ce calendrier des doublons ? La Rochelle (5 sélectionnés), UBB (2 sélectionnés), Clermont (6 sélectionnés) et le Racing (2 sélectionnés) ? Allez faut se faire quelques points contre des gros ça fera pas de mal pour le maintien.
     

    Le lecteur de la Boucherie Ovalie
    Bon il arrive quand le Petit Guildford ?
     

    World Rugby
    Pourvu qu’il n’y ait pas un mort.
     

    Matthieu Lartot
    Alldritt… Grégory Alldritt… Halle de riz… Halle de guéri… Adrien Aguerri ? IL EST TOMBE SUR UN RAMOS ! Je note.

     

    Aliverti Raka
    Si Yoann Huget ne plante pas 2 essais par match, c’est bon pour moi. Allons enfants de la patriiiiii-e.
     

    Paul Willemse
    LE JOUR DE GLOIRE EEEEEEEEEST ARRIVEEE !!! (putain mais dans quelle merde je me suis foutu ???)
     

    Jacques Brunel
    Aucune attente comptable apparemment. Et pourtant je crains bien qu’on se dise fin mars, comme le disait Dewey le petit frère de Malcolm : « Je m’attendais à rien mais je suis quand même déçu ».
     

    Le Canon sur la tempe

     

    Armand Vaquerin est entré dans la légende du rugby français, pour deux raisons. Tout d’abord sa vie. Vingt-six sélections en équipe de France mais surtout dix boucliers de Brennus soulevés, un record qui semble tout à fait inatteignable aujourd’hui. Et puis aussi sa mort, le 10 juillet 1993, par le biais d’une partie malheureuse de roulette russe dans un bar.
    Une notoriété internationale, puisqu’il fait partie des « 10 brutes les plus effrayantes du rugby français ».

     

    Ça c’est la surface, la légende, ce que tout le monde sait plus ou moins. Mais les choses sont-elles si simples ? Alexandre Mognol, journaliste et documentariste audio, enfant de la ville et issu d’une famille très rugby, entend parler de ce fait divers depuis 20 ans. Depuis Armand Vaquerin, Béziers doit se contenter de Jonathan Best, on comprend donc pourquoi les Biterrois ressassent cette histoire sordide, quitte à affabuler. Car en écoutant les discussions de comptoirs, on a l’impression que la moitié de la ville était présente le soir du drame. Le journaliste décide donc de partir sur une contre-enquête au long cours qui l’occupera plus d’un an, et nous la raconte dans sa série documentaire « Le Canon sur la tempe ». Au passage, on félicitera le choix de l’audio pour un thème proche du rugby, cela semble adapté au public partiellement illettré.

     

    Au long des sept épisodes d’une quarantaine de minutes, on va donc suivre l’enquête. Car il ne s’agit pas réellement de démêler le vrai du faux et de connaitre le fin mot de l’histoire, vingt-cinq ans plus tard cela serait illusoire. Le fil rouge du reportage est plutôt de comprendre la société biterroise et le microcosme qui oscille entre invention et omerta, entre petits bobards de vanité et gros mensonges par omission. Pourquoi ceux qui n’étaient pas présents décrivent la scène avec force détails pendant que ceux qui étaient présents préfèrent dire qu’ils n’étaient pas là ? Un milieu qui raconte avec amusement un passage à tabac effroyable mais préfère cacher une dépression. Dans lequel mourir d’un accident de voiture à 2g/l est une tragédie habituelle.

     

    Alexandre Mognol s’appuie sur la base familiale, son père et son oncle ayant joué en une de Béziers à l’époque. Jouant sur son réseau, utilisant sa filiation pour s’entretenir avec des personnes qui fermeraient leur porte sinon, camouflant parfois un peu ses intentions pour amener aux confidences des personnes qui n’ont en aucun cas envie de remuer la merde.

     

    On découvre Armand Vaquerin, l’image d’Epinal d’un colosse à côté duquel rien ne peut vous arriver. Un héros prêt à tout et qui n’a peur de rien, attiré par l’aventure et le danger. Un personnage rempli d’excès, dont on découvre petit à petit les parts d’ombre, au fur et à mesure que la parole se libère. L’alcool, évidemment, puis la violence, puis la drogue, puis le reste… Impossible de ne pas penser à une autre idole du rugby, berjallienne elle, tristement célèbre pour son après-carrière, qui après avoir été tout n’est plus, et n’arrive pas à se retrouver.
    L’enquête est complexe et si vous avez trouvé qu’il y a trop de personnages dans Game of Thrones vous allez être servis. La femme de l’oncle, la copine de la serveuse, Riri et le restaurateur de Carcassonne. Même Patrick Sébastien fait une apparition. Mais peu importe, n’essayez pas de suivre qui est qui. Laissez-vous portez par les témoignages, écoutez la vie d’Armand, clairement encore adulé par tous les gens qui en parlent. Et au final, faites-vous votre propre opinion de ce qui est arrivé, car des mots de l’auteur lui-même, « c’est à chacun de s’approprier l’enquête, vous pouvez utiliser des chemins différents ».

     

    Le Canon sur la tempe, disponible sur la plupart des plateformes de podcast, un reportage avé l’accent, qui pue le rugby et la Suze-cassis.

     

    Remerciements à Alexandre Mognol