#MeilleurGuideDuMonde Les questions des lecteurs

Nous avons répondu stupidement à ce que vous auriez aimé savoir sur le #MeilleurGuideDuMonde.

 

Cela fait maintenant un mois que le #MeilleurGuideDuMonde est sorti et l’on peut donc désormais diviser le monde en deux catégories :
– les heureux possesseurs de cet ouvrage (qu’ils soient bénis par Daniel Herrero)
– les autres.

 

Si vous êtes dans la seconde, c’est mal. Allez tout de suite à la librairie la plus proche de chez vous pour vous le procurer. Vous pouvez aller à une autre, mais ça sera plus loin. Si vous préférez rester caché derrière votre écran (nous serions mal placés pour vous le reprocher), il est aussi disponible sur les sites de la FNAC et Amazon.

“Mais pourquoi donc ? C’est quoi ce bouquin ? ” me direz-vous. “Je ne vais pas acheter quelque chose si je ne sais pas ce qu’il y a dedans, je ne suis pas un rugbyman pro qui prend des compléments alimentaires trouvés sur un site chinois”, ajouterez-vous, à raison. Nous vous avons donc proposé une série de questions/réponses qui vous permettront peut-être d’en savoir un peu plus. Ou plus probablement de dire non à la drogue.

 

Maxime Tko Evangelista : TMO kesseussé ?

The Meilleur guide Of the world. Effectivement Rougerie ne pouvait pas savoir kesseusé puisqu’il n’était pas encore sorti (et qu’il habite en Auvergne mais ça n’a aucun rapport).

 

Frédéric Boisseille : Le #MeilleurGuideDuMonde est-il un livre en bois ? Si oui peut-il être utile au prochain barbecue de Chamalières ?

Le #MeilleurGuideDuMonde est fait de papier qui, le saviez-vous, est fabriqué à partir de fibres cellulosiques végétales issues du bois. Il est donc tout indiqué pour faire un barbecue. Malheureusement, en comptant tous les joueurs, les dirigeants, les partenaires, leurs femmes, leurs enfants et les vieux qui sont là mais on sait pas pourquoi, on arrive à environ 500 personnes. Il faudrait donc 1/4 de stère du #meilleurguidedumonde ce qui représente un nombre considérable d’ouvrages. Au prix unitaire de 29,90€ TTC (le club ne récupère pas la TVA), cela représente une blinde. Or Chamalières se trouve en Auvergne donc ce sont de gros radins, ils préfèreront donc mobiliser quelques joueurs à couper du bois (ce qui est d’ailleurs une préparation physique intéressante) ou à décrocher un bout de bois (même si gagner une finale est très compliqué là-bas).

 

Alexandre Baudu : Lionel Beauxis peut-il claquer un drop de 50 mètres avec le #meilleurguidedumonde comme ballon ?

Yionel est capable de tout faire. Il pourrait le passer du talon gauche. Mais Yionel est un sage, et jamais il ne maltraiterait le #MeilleurGuideDuMonde.

 

Claire Bizien : Le #MeilleurGuideDuMonde était-il intentionnel ou plutôt une pute par derrière ?

Le #MeilleurGuideDuMonde est intentionnellement une pute par derrière.

 

John Doeuf : Est-ce que le #MeilleurGuideDuMonde sait où est Caucaunibuca ? Ou au moins le MH370 ?

Maintenant que notre équipe de localisation a réussi à situer Castres (page 16 du #MeilleurGuideDuMonde), elle va désormais se pencher sur les cas du service des passeports fidjien, les chiens de Max Guazzini (au cas où) et l’équipe du CA Brive. Le reste attendra.

 

Jonathan Best : Est-ce que vous avez une version #LeMeilleurGuideDuMonde qui se lit de droite à gauche ?

Le #MeilleurGuideDuMonde est apolitique. Il fait fi des chapelles et des idéologies, il se place au dessus de la mièvre mêlée des passions antagonistes et sait rassembler au delà des querelles partisanes.
Par contre, si tu retournes ton exemplaire, tu pourras le lire à l’envers. Et pour le même prix, ce qui n’est pas négligeable lorsqu’on a le salaire d’un international algérien dans un club qui végète en ProD2. Sans doute pour l’éternité jusqu’à ce que la DNACG ne se penche sur la question.

 

Franck Andfurious : Est-ce que le MGDM résout le schmilblik de l’arbitrage ? et surtout est ce que le MGDM donne l’équation situationnelle de l’obtention du maintien du SUA ?

Le tout est de pouvoir juger l’intentionnalité du MGDM à résoudre le schmilblik de l’arbitrage.
Quant à l’équation concernant le SUA, c’est comme la découverte de l’énergie noire : tout dans la théorie porte à croire que ça existe mais impossible de trouver la moindre piste en ce sens dans la réalité.

 

Juillard Laurent : Pourquoi je l’ai pas reçu ?

Parce que tu ne l’as certainement pas commandé, gros radin.

Le Bouclier arverne

 

Mon week-end de la Pentecôte à Toulouse s’annonçait un peu morne. La ville était vidée par les ferias de Vic-Fezensac auxquelles je ne peux plus participer depuis un regrettable incident impliquant la mafia géorgienne, une prostituée naine et un cafetier gersois qui n’oubliera pas mon visage. J’aurais bien aimé voir la finale de Top 14 place du Capitole comme cela se faisait beaucoup il y a quelques années, mais malheureusement il semble que cette mode soit passée… Je m’apprêtais donc à passer trois jours avachi sur le canapé, quand mon téléphone se mit à entonner les premières notes du générique de Batman (le dessin animé des années 90), signalant un appel d’Ovale Masqué.

 

« Allo chaife ?

 

– Ouais Damien on a besoin de toi pour un reportage.

 

– Un reportage ? Mais je suis pas journaliste.

 

– C’est ça ouais, t’es écrivain, peut-être ? Là c’est épique ce que je te propose, une occasion unique dans une vie, ou presque.

 

– Tu vas te faire couper les cheveux ?

 

– Ta gueule. Prends ta caisse et direction la place de Jaude, où tu retrouveras Copareos. Là-bas je veux un grand reportage, des photos, des témoignages. Clermont est grand favori, ce qui signifie qu’ils ont une chance sur mille de gagner. Si ça arrive ça sera le reportage du siècle, sinon au pire on pourra toujours se foutre de la gueule des Jaunards qui pleurent.

 

– Du siècle ? Mais ils ont gagné en 2010 !

 

– Contre une équipe de ProD2, ça compte pas. Bouge-toi le cul, moi je peux pas y aller, je suis bloqué sur le yacht de Vincent et y a pas de canal qui remonte jusqu’à Clermont. Je te laisse, au cours du briefing-coke d’hier on s’est dit que foutu pour foutu on pouvait tenter de faire respirer de l’hélium au Stagiaire, peut-être que ça lui donnera une voix plus virile. »
Face à cette figure d’autorité, impossible de se débiner.

 

J’arrivais donc chez Copareos, correspondant permanent de la Boucherie à Clermont. Après un court trajet dans le seul tram à pneus de France (lobby Michelin oblige), nous sommes arrivés place de Jaude. Le contrôle de sûreté nous a fait retirer les bouchons de nos bouteilles, rien de plus, j’aurais très bien pu rentrer avec une ceinture d’explosifs mais pas d’inquiétude, je ne me ferai pas agresser par un jeteur de bouchons en plastique, ouf.

 

L’attente a commencé, parmi des dizaines de milliers de Clermontois qui ont bien compris que pour être à moins de 80m de l’écran, il faut arriver tôt. Tout le monde avait l’air joyeux, serein, confiant, comme s’ils n’étaient pas au courant de l’inéluctable. Cependant Copareos m’a appris que les années précédentes il fallait arriver bien plus tôt pour être aussi bien placé, preuve que certains Auvergnats ont tout de même un peu de mémoire.

 

J’ai essayé de me fondre dans la masse, lançant des « cette année c’est la bonne » à tout bout de champ. N’ayant pas de maillot de l’ASM (pourquoi pas du Racing pendant qu’on y est ?), j’avais opté le camouflage d’un gilet de sécurité sur lequel j’ai inscrit « Brock » au marqueur dans le dos, invisible au sein d’une foule qui n’avait pas lésiné sur les couleurs criardes. Deux heures à attendre devant un écran c’était très long, surtout en compagnie de Copareos. Mais visiblement les gens étaient très heureux de se voir à l’image, agitant bras et drapeaux pour s’y retrouver.

 

Je ne vais pas vous raconter le match, premièrement parce que vous l’avez déjà vu et deuxièmement parce qu’il n’a pas d’intérêt. Je me contenterai de noter que les supporters clermontois ont vécu la finale avec le même engagement physique que leurs joueurs, certains devant être évacués par la Croix Rouge aussi mal en point que les commotionnés du match, et ce parfois même avant le coup d’envoi. L’échauffement avait dû être très intense. Sachez tout de même que le meilleur public de France hue le buteur adverse, ce qui est discutable dans un stade mais incontestablement con devant un écran. Enfin les sifflets ont dû être entendus à Auckland où de source sûre la finale a été perdue.

 

L’ASM a mené tout le match mais le dernier quart d’heure fut particulièrement éprouvant, jusqu’au coup de sifflet final qui a libéré la place de Jaude. Et accessoirement signifié la fin de la retransmission sur l’écran : les dernières secondes du match n’ont pas été diffusées, je suppose que Parra a dégagé en touche, mais je ne l’ai pas vu, l’écran montrant la foule en effervescence. On a bien sûr eu droit à la remise du Bouclier, mais pas au concert organisé par la Ligue. Apparemment c’était pas plus mal.

 

 

 

Vous pourrez peut-être reconnaitre un vendeur de tshirts qui se dit que cette victoire va lui offrir de belles vacances cet été.

 

La suite est plus confuse. J’ai pu voir différentes scènes de chaos dans ma vie, Sarajevo en 99 et Dax aux alentours du 15 août chaque année. Mais je n’ai pas souvenir de tels torrents d’urine qui rejoignent dans des mares odorantes les reliefs d’une bataille de pintes. Des hommes hagards et à demi-nus qui hurlent en groupe des paroles incohérentes. Des forces de l’ordre débordées qui ont manqué d’abattre Copareos essayant laborieusement de passer sous une barrière pour rejoindre une fontaine (probablement pas pour se désaltérer).

 

La soirée a terminé place de la Victoire, #CommeUnSymbole, et fut copieusement arrosée. Arrosée par la fontaine j’entends, puisque tous mettront un point d’honneur à exhiber leurs IMC défaillant dans les différents bassins qui entourent la statue d’Urbain II.

 

Un tshirt des finales perdues fut aussi brûlé, en guise de conjuration du mauvais sort (pour être sûr de bien bien le conjurer, je vous invite à l’acheter et à le brûler en masse).

 

 

La ville s’est éveillée tardivement mais heureuse le lendemain, drapeau et maillots toujours de sortie. Personnellement je n’ai pas attendu la présentation du Brennus à la ville, j’avais piscine, parce que le journalisme total, c’est complètement con.

 

Ce fut une belle expérience, mais je ne reviendrai pas voir une finale à Clermont avant quelques années, et ce pour deux raisons. La première c’est que faire 10 heures de route en 24 heures c’est la chose la plus débile que j’ai faite de ma vie (après mon inscription sur le forum de la Boucherie Ovalie). La seconde c’est que si Clermont gagne l’année prochaine, j’ai bien peur que dans la foulée ses supporters ne détruisent la ville.

 

Jamie Cudmore passe sur le grill

Entretien réalisé le 31 mars 2017 par Damien Try, avec l’aide de Greg Le Mormeck et Capitaine A’Men’Donné, ainsi que l’équipe de la Boucherie pour les questions. Vidéos montées par Arbleiz.

 

On va d’abord parler un peu de Clermont. Il parait que les commotions cérébrales ça fait perdre la mémoire, mais tu dois bien avoir des bons souvenirs de Clermont ?

 

Oui oui, mais c’est pas un symptôme exact de perdre la mémoire, parce que moi j’ai perdu rien du tout. Il me manque un peu de certains matchs, notamment la demi-finale et la finale. J’ai vu les vidéos et je me rappelle de rien du tout. Mais non j’ai toujours des bons souvenirs de mon passage à Clermont parce que c’est là que j’ai fait la plus longue partie de ma carrière : 5 ans tout seul, puis 6 ans avec ma femme.

 

On a eu aussi la maison là-bas, la famille, nos deux enfants sont nés là-bas, et on a fait une petite semaine de mariage là-bas. En dehors du rugby, les longues années passées là-bas c’est quand même une grosse partie de ma vie et que des bons souvenirs.

 

Quelque chose en particulier ? Le Brennus peut-être ?

 

Oui je pense le Brennus. C’était énorme, surtout pour un étranger qui arrive. De voir toutes les années de déception, et même nos années de déception, quand j’étais là, 2007, 2008, et les années qui suivent, jusqu’à 2010. Je sentais ce soulagement après 2010, de ces gens qui attendaient depuis 50 ans, 60 ans.

 

Tu vois les vieux dans la rue qui pleuraient, tu te rends pas compte, ils sont enfin libérés. Le retour à la place de Jaude… Déjà à la gare de Riom (à une quinzaine de kilomètres de Clermont? NDLR), pour arriver au stade, pour sortir du stade ! C’était pas possible. On avait la police autour avec une corde pour pousser les gens du bus, parce qu’ils voulaient monter dessus, pour toucher le bouclier…

 

Vous avez fait Riom-Michelin en bus ?

 

En fait ils ont dit qu’à la gare du centre-ville c’était pas possible, y avait tellement de monde. Donc ils ont signalé à personne où on allait s’arrêter. Mais en fait à chaque gare plus proche de Clermont, y avait de plus en plus de monde. Avec les drapeaux, les gens qui couraient à côté du train, c’était dangereux ! Ils tapaient sur le côté du train… mais attend quelqu’un va être écrasé ! Et enfin on s’est arrêtés à Riom et on a pris le bus, et à Riom il y avait presque 500 ou 600 personnes, c’était impressionnant. Après quand on est arrivés au stade, tout le parking devant le stade, jusqu’à McDo et l’avenue de la République, c’était plein de monde. Et après de plus en plus en arrivant en ville. C’était énorme.

 

Au-delà du Brennus gagné y a eu pas mal de finales perdus, que ça soit en Top 14 ou H-Cup. Est-ce que tu as une explication pour la malédiction des finales perdues de Clermont ?

 

Non, si j’avais une explication j’aurais dû essayer de changer pendant que j’étais là. C’est compliqué parce que chaque fois c’est quelque chose de différent, tu vois ? On a eu un moment d’inattention sur un match, un autre jour c’était une connewie une décision, c’est toujours quelque chose de différent, c’est jamais un truc.

 

La fin à Clermont ça s’est pas super bien passé…

 

Non c’était compliqué, avec mon traitement pour mes deux commotions. Je trouve qu’on a beaucoup de travail à faire, notamment en France, pour le traitement des commotions. Parce que l’ASM ils sont très très bien après, dans la semaine. J’ai été bien pris en charge, en soins, j’ai eu plusieurs rendez-vous avec des neurologues, j’ai eu plein de temps pour le repos. Mais c’est sur le moment dans le match qu’ils « disregard » (passent outre) les règles de World Rugby.

 

C’est noir sur blanc : si vous avez un joueur qui est suspecté d’avoir une commotion, il sort du terrain, il n’a pas le droit de rentrer. Bien sûr, pendant 7 ans, le protocole commotion était contesté et malheureusement j’ai été le « guinea pig » (cobaye). J’ai été pas du tout pris en soin correctement. En demi-finale je suis sorti sur saignement, j’ai échoué au protocole. Le docteur m’a dit que c’était fini et 5 min après il est revenu pour me laisser rentrer dans le match. La finale je suis sorti 3 fois, je vomissais dans le vestiaire, suite à ma deuxième sortie, et le docteur m’a carrément laissé revenir encore.

 

Et c’est là qu’on n’est pas bien encore dans le rugby pro : la gagne prend le dessus de tout. On parle de santé du joueur, mais on veut tous jouer. C’est pas le rugbyman qui va dire « non non stop, je veux pas jouer je me sens… ». Non t’es dans le match t’es fou parce que tu veux jouer à fond pour gagner, surtout un match comme ça, une demi-finale ou finale de Champions Cup, notamment après notre déception de 2013, on voulait tellement gagner que j’ai mis ma santé de côté, mais c’était pas à moi de prendre la décision : c’est le docteur, le coach, c’est eux qui sont les plus lucides, pour dire « non, stop, on amène un remplaçant et on se débrouille autrement ».

 

C’est vraiment ces deux matchs qui ont donné un goût amer à mon départ de Clermont. J’ai passé 11 très belles années là-bas et c’est dommage qu’en 2 matchs ça soit parti un peu en couilles, et l’année d’après c’était très compliqué, avec la Coupe du monde.

 

D’où ton combat aujourd’hui pour la prévention et la prise de conscience sur les commotions ?

 

C’est ma femme qui est la plus « driver » de ça, parce qu’elle a assisté à tout : les matchs, et les semaines d’après où j’étais vraiment pas très bien. C’est elle qui a créé cette idée de faire une fondation, une association, pour sensibiliser. Surtout les jeunes, mini-rugby, U8 U12, jusqu’à U20. Parce que je trouve que ça, tu peux changer les idées autour de la commotions. C’est comme un genou tordu, si t’as un genou qui va pas bien, personne va te forcer à jouer.

 

Maintenant c’est quand même les vieux entraîneurs qui disent « ah c’est bon t’es costaud tu peux continuer à jouer ». Le problème avec ça, c’est que si tu reprends un deuxième impact, tu peux être mort. Et beaucoup de jeunes le savent pas, ça. Et c’est très important que tout le monde connaisse les risques après une commotion. Moi je veux pas du tout changer les règles, le jeu ou quoique ce soit. Mais y a des risques, dans un sport de combat comme le rugby, tu peux prendre un coup, c’est très bien. Tu prends soin de l’athlète, du joueur, tu le sors, et il peut récupérer comme tout le monde. Et c’est ça notre vrai driver derrière la fondation.

 

Nous on a presque tout fini, prêts à partir. On va être dans les écoles de rugby, au lycée, dans les écoles pour enfants, pour enlever ce stigmate autour de « c’est un rugbyman il est costaud il peut toujours aller à la guerre ». Mais non, si tu as pris un coup à la tête, tu peux pas parce que c’est trop risqué.

 

Les commotions peuvent vous inspirer de très mauvais choix.

 

Vous avez eu un coup de main de Provale ? Au foot US, y a eu une association qui s’est créée…

 

On a fait un partenariat avec la fondation de Sidney Crosby, qui dans la NHL (ligue de hockey pro nord-américaine), parce que j’ai beaucoup d’amis qui y jouent et ma femme Jennifer aussi. Et chez eux avec la Player Association (syndicat, comme Provale) ils ont un vrai suivi, une aide après pour trouver le bon docteur, la bonne récupération, la bonne façon de faire. Je parle avec Provale aussi, main dans la main. On va pas faire ça tout seul, ça sera avec Provale, avec la Ligue pour faire les choses proprement, et surtout clairement.

 

Clermont t’as eu des problèmes sur la fin avec l’encadrement, mais avec les joueurs j’imagine que ça va bien, t’as gardé des contacts ?

 

Ah oui, j’ai gardé contact avec tout le monde. On va monter demain pour aller voir le match dimanche (¼ de finale de Champions Cup contre Toulon, NDLR) et j’ai tous mes amis dans l’équipe. Avec Franck et Jono on a toujours parlé franchement à ce sujet. Au dessus j’ai un peu de mal à voir les gens qui sont toujours en poste et ils sont un peu trop confortables…

 

Normalement si t’es un joueur et que t’es pas très performant, au bout de 2 ou 3 matchs t’es vite mis au placard. Mais voilà c’est un peu le modèle nord-américain, il te faut les « results », si t’as pas les résultats t’es vite écarté. Je pense que l’ASM, si ils avaient fait un peu plus ça, ça leur aurait peut-être plus aidé pour la suite. Mais j’espère qu’ils vont quand même accrocher quelque chose cette année.

 

Cette année c’est la bonne ?

 

(rires) Comme le tshirt ! Peut-être.

 

Tu peux nous le dire, cette année c’est la bonne ?

 

 

Cette année, oui ! (rires) Parce que je souhaite vraiment pour mes copains que « cette année, c’est la bonne. »

 

En parlant des joueurs et de tes amis, il paraît que tu aimes beaucoup Damien Chouly ?

 

Ouais Damien et moi on est en partenariat avec notre vin, le Blood Brothers, c’est quelqu’un qu’on apprécie beaucoup, on a voyagé au Canada ensemble on est toujours en contact, et même à Clermont on habitait à 200m l’un de l’autre.

 

C’est un joueur qui a eu une grande carrière, qui est encore en équipe de France. Est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi c’est un bon joueur, parce que c’est un peu une énigme pour nous.

 

Ouais je pense que c’est un peu une énigme parce que il est quand même discret.

 

Discret à l’impact ?

 

(rires) Non pas à l’impact. Il parle pas énormément. Je pense que c’est quelqu’un de très intelligent. Il gère toutes les touches en equipe de France, à l’ASM. C’est quand même le capitaine aussi. Il a énormément de choses sur les épaules et il est toujours présent pour moi et c’est un très très bon joueur.

 

Greg Le Mormeck : Oui c’est l’école catalane.

 

(rires) ouais c’est peut-être ça, même si il vient de l’Ouest de la France.

 

GLM : Il est passé par l’USAP tout de même.

 

Oui, on a tous des défauts.

 

Maintenant on va parler plus du présent. T’es en ProD2, t’as l’air de t’amuser. A Mont-de-Marsan, t’avais un peu chambré le public sur ta sortie.

 

Je pense que c’est eux qui m’ont chambré d’abord ! (rires) Si je sors sur les sifflets, je vais pas faire des grands « Fuck you » à tout le monde. Je trouve que c’est marrant quand ils te sifflent. Au moins j’ai été casse-couilles pour eux, j’ai fait un bon boulot. Faut juste leur faire un petit bisou, des remerciements, c’est tout.
Contre Soyaux-Angoulème, le petit coup de pied en touche pour « finir le match »

 

 

Tu sais ce qu’il s’est passé sur celui-là ? En fait y a 3 chrono dans le stade, le chrono de match dans chaque coin, et au bout du terrain y avait un autre chrono en rouge, qui s’écoulait en début de match. Première mi-temps, j’étais sur le banc. Je regarde le chrono, je regarde le match, on fait les changements, et à la mi-temps je rentre. Et j’ai pas fait gaffe que ce chrono était arrêté.

 

On joue la deuxième mi-temps, et comme on jouait dans l’autre sens, on joue on joue on joue. Et sur la dernière touche, on est en train de gérer pour bien finir le match, j’ai vu 4 fois zéro, et nous on porte porte porte, on sort d’un ballon porté, y a un ruck, et moi j’étais un peu la tête dans les vapes, j’ai dit « Ah c’est bon c’est fini » et là y a la pluie comme ça, c’est horrible, « allez on va rentrer les gars ».

 

J’ai pris le ballon, et j’ai tapé en touche. Et là tout le monde dit « mais non, qu’est-ce tu fais ? » et faisant ça, j’ai vu l’autre chrono en bas et il restait 15 secondes, et je me dis « mais non, quel con c’est pas possible ! » Et voilà c’est de ma faute, je prends pour moi, j’ai fait un connewie, comme souvent. (rires)

 

T’as l’air de bien te plaire, pour toi la ProD2 c’est te faire encore plaisir quelques années, avant la retraite ?

 

Ouais c’est bien c’est la vitesse de jeu c’est mieux pour mon âge avancé tu vois ? C’est quand même très très dur, chaque match c’est une guerre, notamment devant, le jeu à 10. Le jeu devant, aller chercher les ballons, après les longues séquences en défense, ça joue un peu moins qu’en Top 14, mais c’est quand même très très dur.

 

Remonter en Top14 à presque 40 ans ça te fait pas peur du coup ?

Ouais un petit peu (rires). C’est toujours faisable. Je pense qu’il y a pas grand-monde qui l’a fait, mais on verra après un bon été de repos, j’espère qu’on va réparer la piscine (nous sommes devant sa piscine vide). Ça va être pas mal je sens, mais on en est pas encore là.

 

L’été à Oyonnax…

 

Ah oui c’est parfait parce que c’est pas trop chaud et c’est parfait pour moi. Au-dessus de 25° je suis pas bien.

 

T’as parlé du « petit Canada » pour Oyonnax, c’est parce qu’il y a des caribous, du sirop d’érable, du hockey ?

 

Non, j’ai pas vu les caribous ni le sirop d’érable, sauf celui qu’un de nos copains nous a amenés, mais c’est quand même les forêts, tu peux vite monter dans le paysage, c’est un peu comme là où on était à Clermont, pas loin des montagnes…

 

Un autre mystère pour nous faudra que tu nous expliques : c’est où Oyonnax ?
C’est où ? Ben c’est juste après Lyon !

 

Ca dépend d’où tu pars…

 

Oui c’est vrai… Juste après Bourg, pas loin de Genève. Juste en bas de St-Claude. Pas loin de Montréal-La Cluze. Nous on pensait Montréal, Canada, mais non.

 

Ah pour retourner près de ta famille ?
(rires)

 

Puisqu’on parle du Canada… Il y a pas très longtemps, contre l’équipe de France on se rappelle tous de la combinaison en touche. C’était prémédité, tu voulais aller chercher la combinaison ?

 

(rire) Nan je voulais juste parler un petit peu avec Damien « Eh ça fait quelques semaines qu’on s’est pas vu, qu’est-ce qui se passe les gars ? » et je savais exactement où ils voulaient sauter, mais nous on défendait pas en touche. Moi j’étais pas d’accord avec ça, mais voilà c’est juste un petit clin d’oeil, notamment à Nathan Hines, parce que nous on l’a fait souvent à Clermont, on passe dans les « hurdles » pour casser les pieds des autres.

 

Le rugby canadien, au niveau international c’est pas encore très très développé, qu’est-ce qu’il faudrait faire pour que ça monte ?

 

Ah le Canada, ils ont fait des connewies il y a 15 ans, il y avait une sorte de Pôle Espoir, le CCSD Pacific Pride. Moi je suis passé par là, beaucoup de joueurs sont passés par là. Phil Murphy (qui était catalan), plusieurs internationaux qui sont venus jouer pro en Europe, Gareth Cook (qui a été à Aurillac).

 

On avait un très bon « pathway » pour arriver de niveau jeunes, jusqu’à équipe nationale. Ils ont un peu perdu la voie, c’est un peu chaque province fait son propre truc, c’est pas très structuré et on a été vite été dépassés ces 10 dernières années par les États-Unis. Les États-Unis ils ont fait un vrai pathway pour monter, ils ont les zones, où il y a les managers pour la région, qui gèrent tous les age grades, U16, U19, U20 et y a une vraie structure.

 

Nous on a ça dans certains secteurs mais pas tous. Et c’est compliqué de garder tout le monde sur la bonne voie et pas perdre les athlètes vers d’autres sports comme le hockey sur glace, football, basketball et tout ça. Ils sont en train de restructurer, mais on a quand même perdu quelques années.

 

Tu comparais avec les États-Unis, c’est quoi le plus dur pour toi : perdre contre les États-Unis au hockey ou au rugby ?

 

Ah les deux c’est pareil, faut jamais perdre contre les États-Unis. Cet été je pense que ça va être très compliqué contre eux, parce qu’ils ont un très bon niveau U20, ils ont pas mal de jeunes qui montent et de professionnels en Europe, si ils regroupent tout le monde ça va être un gros combats pour se qualifier en Coupe du monde.

 

Est-ce que tu connais Roch Voisine ?

 

Je le connaissais pas au Canada mais en France oui, c’est un hockeyeur.

 

Après sa carrière de hockeyeur, il s’est mis à chanter, ça te tenterait ?

 

(rires) Nan mais attends. Déjà avec mon accent pouwi… Je pense pas, ma fille peut-être. Chanter c’est pas mon point fort.

 

Dernière question sur le Canada, les chemises à carreaux ça va avec tout ?

 

Mais bien sûr ! Regarde (désignant la chemise de Greg), même le Catalan il peut porter ! (rires)

 

Swag overload

 

On va passer aux questions vraiment sur le cœur de ton métier : la BAGARRE.

Maintenant, les choses bêtes vont arriver.

 

Souvent on t’a vu aller chercher Morgan Parra à l’ASM en train de chercher la merde au sein de l’équipe adverse, est-ce que tu penses que seconde ligne au rugby c’est un peu comme « goon » au hockey ?

 

Goon… peut-être avant, mais maintenant c’est tellement surveillé, tu peux rien faire ! Maintenant tu pousses quelqu’un, il fait du cinéma. La dernière fois j’ai poussé quelqu’un à Colomiers, le mec est tombé et s’est roulé par terre, on aurait cru un joueur de foot !

 

Y avait un bon coup de poing aussi, non ?

 

Non pas celui-là, lui il a fait dodo. Non c’était pas du tout ça, je le pousse par derrière, le mec il se roule par terre comme un joueur de foot, c’est pas du tout ça l’esprit du rugby. Ouais, un peu goon avant, un peu protecteur de l’équipe, quelqu’un qui imposait la loi un petit peu, oui c’est vrai un petit peu avant, deuxième ligne troisième ligne, même tous les mecs du pack, c’était les mecs qui imposaient leur loi dès le début du match.

 

Justement, y avait une belle génération de bouchers dans les 10 dernières années, les Papé, Le Corvec, Botha, Mela, des mecs qui sont en train de finir leur carrière ou qui l’ont déjà finie. Est-ce que pour toi y a des joueurs, des Lavanini, Etzebeth, des joueurs comme ça, est-ce que tu penses qu’il y a la relève ?

 

Bien sûr la relève est là. Le problème maintenant c’est qu’il faut être encore plus discret. Pour s’imposer maintenant c’est vraiment avec le placage, le déblayage, avec un bon portée de ballon. Tu peux plus faire la manchette, le coup de poing, tu sais, le petit coup de genou dans le dos dans un ruck, y a tellement de replays que tu peux pas te permettre d’être pris, et maintenant le rugby va tellement vite que tu vas tellement pénaliser ton équipe pendant le carton, surtout au niveau international. En ProD2 y a moins de vidéo, mais il faut être quand même discret aussi ! J’ai quand même du mal à le faire de temps en temps ! (rires)

 

Du coup plus dans le passé, un joueur avec qui tu pourrais te battre, et après tu peux rigoler autour d’un bière ?

 

Un bon exemple c’est Thibaut Privat. On s’est bien fritté quand j’étais à Grenoble, et après on est devenus les meilleurs amis. On s’est sauté sur la gueule deux trois fois, et après quand je suis venu à l’ASM, on était otus les deux presque pareils. Entier, à tout donner pour l’équipe, et on est devenus les meilleurs copains.

 

Vous vous rappelez de Grenoble ?

 

A l’inverse, un mec avec qui tu vas te battre en match, et si tu le recroises dans la rue, tu vas te rebattre avec lui ?

 

Tout le monde le sait. C’est Rémi Martin. J’ai aucun respect pour ce mec. Je comprends pas ce mec, il a quand même du talent, il a joué en équipe de France et tout, mais qu’est-ce qu’il est bête, putain. Moi c’est un truc que je comprends pas, le grand match Bayonne-Perpignan, lui il cherchait la merde, il se cachait derrière tout le monde, parce que c’est pas un mec courageux, il fait toujours les fourchettes dans les rucks quand tu peux pas bouger, il fait pas les choses en face, et ça ça se fait pas.

 

Y a quand même une éthique si tu veux te battre ou faire des gros placages avec un peu plus après, au moins tu le fais en face, voilà c’est pas par derrière ou un « fish hook », ou les doigts dans les yeux.

 

Si aujourd’hui quelqu’un venait te voir en disant “j’aime bien le rugby parce qu’on peut se battre”, qu’est-ce que tu lui répondrais ?

 

Ça serait mieux qu’il aille au MMA, s’il veut se battre. Comme tu l’as dit, cette époque c’est fini. Ça frotte un petit peu en Fédérale ou en série, mais ça a tellement évolué dans ces 10-15 dernières années, qu’il y a plus de place dans le rugby pour ça.

 

Y a plus de place, enfin la ProD2 c’est connu pour être assez rugueux, tu l’as dit. A Colomiers, t’as essayé de lancer une générale, et personne t’as suivi. Déception ?

 

(rires) J’ai oublié de dire le mot, tu vois, le mot déclencheur. Nan, j’étais plus frustré par le début de match qu’on avait fait, après l’autre qui m’a cherché un petit peu et après ça a dégénéré, mais ça reste le rugby quand même.

 

Y a un joueur passé ou présent avec qui tu n’as pas eu l’occasion de te battre et avec qui tu aimerais bien y aller ?

 

(rires) Non je pense pas, j’ai jamais cherché à me battre avec quelqu’un, c’est arrivé spontanément.

 

O’Connell, spontanément ?

 

Oui, spontanément. J’ai vu que l’arbitre a levé le drapeau, je me suis dit « putain ça c’est carton jaune », et chez nous si tu sors, notamment en hockey sur glace, si tu sors « five for fighting », cinq minutes pour la bagarre, il faut que vous sortiez tous les deux. Alors j’ai pensé « ah drapeau, ok on y va ! »

 

Après on a arrêté au sol, je me suis dit « ok c’est bon, je pense qu’on a à peu près fait la même chose, ça va être bien, match nul », et il sort le carton rouge. « Mais c’est pas possible, il a pas regardé le même truc que moi ! ». J’ai laissé donner un peu, moi j’ai donné quelques unes (il mime des coups de poing), et ok c’est terminé.

 

T’as bien relancé quand même ! On voit O’Connell, regarder l’arbitre, et toi t’es là, pam pam.

 

Ouais ben faut regarder le mec en face, faut pas regarder l’arbitre !

 

C’est ton conseil dans un bagarre ?

 

Oui c’est ça, regarde le mec en face. Serre tes dents et cache bien ton menton.

 

En parlant de regarder le mec en face, Le Corvec il est sympa ?

 

Greg euh oui, on a jamais beaucoup de chances de parler, mais justement la semaine dernière c’était sa quarantaine, je lui ai envoyé un petit message via notre ami commun Laurent Emmanuelli, pour lui souhaiter un joyeux quarantième anniversaire.

 

C’était un grand joueur pour l’USAP, on s’est frittés un peu sur le terrain c’est vrai mais ça reste quand même sur le terrain. Avec le respect commun entre nous, et c’est pas quelque chose pour après, après le rugby c’est fini. C’était jamais cherché, j’ai jamais cherché une personne, ça arrivait comme ça. Et c’est le hasard.

 

Le hasard ? Et le hasard ça tombait toujours sur toi…

 

Nan mais je dis pas que ça tombe sur moi, mais le fait que ça tombait sur Greg ou souvent avec les autres, c’est peut-être parce qu’on avait à peu près le même rôle dans les équipes. Mais c’était jamais genre début de match, « allez prends le 5 » ou « prends le 6 » c’était jamais prévu tu vois.

 

Sinon tu aimes le vin, tu produis, est-ce que comme pour les cartons tu préfères le rouge ?

 

Ah pour le vin, oui ! Mais sur le terrain, j’essaye d’éviter les cartons le plus possible, même si c’est compliqué.

 

Tu sais que c’est toi qui as eu le plus de cartons dans l’histoire du Top 14 ?

 

Oui mais il faut en enlever 2 ! Les 2 que j’ai eu au début, à Grenoble, j’ai été blanchi par la Ligue. Donc corrige les statistiques s’il te plait !

 

D’ailleurs maintenant y a prescription, sur la pub JPC créations, t’as dit que c’était pas toi, mais tu peux nous le dire…

 

Oui bon j’avoue (il baisse la tête), c’était moi.

 

Avec Clermont, c’est quoi ta finale perdue préférée ?

 

Ma finale perdue préférée… C’est compliqué… Le problème c’est que sur les deux premières j’étais blessé et j’ai joué la première sur une jambe, et après contre Perpi j’ai eu une côte cassée, j’étais pas bien. Peut-être la meilleure c’était la Coupe contre Toulon.

 

C’était un très beau match, ça jouait de partout. Je me suis jamais senti un grand joueur de rugby, mais de voir toute l’équipe de Toulon, toute l’équipe de Clermont, vraiment le nombre de noms du rugby, d’internationaux et moi un pauvre Canadien qui avait jamais pensé à jouer pro, là pour moi c’était quand même quelque chose.

 

T’as 2 frères, un qui a joué avec toi en équipe du Canada et un autre qui a joué dans Twilight. C’est lequel ton préféré ?

 

Ah j’ai pas de préféré… Daniel c’est le « big shot ». J’adore les deux j’ai pas de préféré… Peut-être Luke, on a construit une partie de la maison à Clermont ensemble, on avait fait tout le bardage en bois ensemble un hiver, on avait joué ensemble et ça c’était très spécial. L’autre il est trop « big time », c’est pas possible ! En plus j’ai jamais vu ses films Twilight

 

T’as pas vu ses films ?

 

Attends Twilight ? Tu penses que ça va me plaire à regarder Twilight ? J’ai pas 15 ans… j’ai bien regardé les X-Men et on a bien wigolé en le voyant sur le grand écran mais à part ça c’est pas vraiment mon truc..

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Nous à la Boucherie on a une conception très personnelle de ce que c’est un bon deuxième ligne, et pour toi, c’est quoi ?

 

Un bon deuxième ligne c’est quelqu’un qui fait bien les tâches obscures. Le déblayage, sauter en touche, être solide en mêlée, jamais faire un pas en arrière en mêlée, et après courir de partout et faire le plus possible pour son équipe. Mais c’est ça, tu portes pas beaucoup le ballon, sauf en touche pour vite le donner aux autres, en mêlée tu vois le ballon passer sous tes jambes, c’est pas pour toi.

 

Quelques fois ça t’arrive de porter après le 9, mais c’est vraiment l’abattage. Il faut que tu fasses beaucoup de boulot qui n’est pas très brillant, et c’est très important quand même. Si t’as pas de ballon en mêlée ou en touche c’est quand même compliqué de jouer…

 

Un jour y aura un dernier match pour toi. Si tu devais choisir, tu préfèrerais gagner 50 à 0 ou alors un 6-0 mais avec beaucoup de générales.

 

(rires) Maintenant je suis un peu fragile, avec les mains et tout, donc un bon match gagné c’est parfait.

 

Euh ça on va couper, le « je suis fragile »

 

Ouais je suis trop fragile, dans les mains j’ai de l’acier partout, c’est pas bon.

Babtou fragile

 

On a arrêté de penser qu’on pouvait comprendre quelque chose aux mêlées, parce que c’est trop compliqué, les arbitres ne comprennent pas beaucoup plus, alors soyons francs, est-ce que les joueurs ils comprennent beaucoup plus ?

Bah oui parce que les mecs en face ils ont toujours tort ! Si ça tombe c’est la faute à lui, si ça monte c’est la faute à eux, c’est typiquement français je trouve, toujours la faute à lui, jamais la faute à nous. Je pense que c’est quand même mieux maintenant que c’est plus près (plus d’impact), s’il y a 2 équipes sérieuses ils peuvent faire les mêlées proprement.

 

C’est vrai qu’avec les différentes nuances de règles et avec le vice qu’ils arrivent à mettre dedans, c’est quand même compliqué des fois de voir les mêlées refaites refaites refaites, c’est quand même un peu casse-couilles. Mais il faut quand même garder la mêlée dans le jeu parce que c’est très important.

Donc un bon pilier c’est un bon tricheur ?

 

Non pas forcément. Un peu de puissance, un peu de vice, c’est un mélange des choses, pas juste tricheur.

 

Une autre partie très importante du rugby : un joueur avec qui tu aurais aimé faire une troisième mi-temps ?

 

J’ai fait toutes les troisièmes mi-temps avec presque tous les bons copains que je voulais…

 

C’est qui le meilleur que tu connaisses déjà ? Le mec qu’il faut suivre ?

 

Je suis pas vraiment suiveur…

 

Ah ben c’est toi alors, le meilleur ! Tu sais qu’on sera là après le match de ce soir ?

 

Suis-moi alors ! (rires) J’ai quelques amis au Canada dans mon club. Y a un Nick Belmar il s’appelle, c’est vraiment un bon vivant, il est toujours en train de chanter danser blaguer, c’est vraiment « life of the party » les gens comme ça, ils mettent toujours tout le monde de bonne humeur autour de lui et je pense que c’est avec lui que j’ai passé les meilleures troisièmes mi-temps.

 

Si tu devais partir dans la forêt amazonienne chasser à mains nues, avec qui tu partirais ?

 

Ca dépend y en a plusieurs. Andrew Tiedemann, c’est un pilier qui jouait à Bourgoin en début d’année, c’est un gars avec qui j’ai joué en équipe du Canada, et c’est un bon chasseur. Avec lui déjà on va bien wigoler, et pour chasser aucun souci.

 

Est-ce que tu préfèrerais te faire plaquer par ta femme ou par Jean-Pierre Perez ?

 

(rires) Par ma femme bien sûr. Elle plaque plus fort aussi. Je pense qu’ils ont à peu près la même taille en plus (nous avons vu la femme ensuite, effectivement, NDLR). Mais elle est plus belle.

 

Tu préfèrerais te faire enfoncer en mêlée ou prendre un cadrage débordement ?

 

Ah un débordement. Bien sûr, quelques fois ça arrive, t’as un petit ailier, t’essayes de mettre la main, mais voilà, t’arrives pas…

 

Les valeurs du rugby pour toi c’est quoi ?

 

Les valeurs du rugby, pour moi la première c’est tout ce qui est sur le terrain, ça reste sur le terrain, et tu sers la main et tu bois un coup après le match. On est avec toi et on est tes coéquipiers sur le terrain. Jamais oublier l’éthique du rugby : c’est le plaisir de jouer avec tes copains, à XV ou même à 7 ou à 10. Le plaisir de jouer ensemble.

 

T’es Français maintenant, félicitations. Tu peux nous chanter la Marseillaise s’il te plait ?

 

Tout de suite ? (rires) Pas possible ! Nan ! Je suis quand même franco-canadien, et la plus grande partie c’est canadien, alors chanter la Marseillaise c’est compliqué.

 

Tu peux nous chanter l’hymne canadien alors ?

 

On a déjà parler de chanter tout à l’heure, et je suis pas bon. Je chante pendant les hymnes mais faut pas mettre le micro trop près de moi, sinon les gens “Naaaaan” (il se met les mains sur les oreilles et grimace).

 

Un grand merci à Jamie pour son accueil. Merci à son chien qui a occupé le Stagiaire pendant l’interview, d’autant qu’ils font à peu près le même poids.

Pour une dose supplémentaire de Cudmore, rendez-vous sur la boîte à Jamie. C’est bien bro !

France-Ecosse : la victoire quand même

Notre bon ami Guilhem Guirado l’avait annoncé, on en a assez des « défaites encourageantes ». Après avoir fait trembler les Blacks à l’automne et longtemps mené à Twickenham, tout le monde attendait que la France renoue avec la victoire. Ce qui fut fait, mais comment ?
Je vais vous épargner un compte-rendu exhaustif de ce match, vous avez probablement déjà assez souffert en vous infligeant le direct dimanche après-midi. Nous avons assisté à un match brouillon, sans relief ni cavalcades. Moins de 24h après Galles-Angleterre, ce fut un peu rude de passer de l’un à l’autre. C’était peut-être une bonne idée de regarder Pau-Lyon à midi finalement, pour faciliter la transition, de la même façon qu’on se met un peu d’eau sur la nuque avant de se baigner après 2h au soleil. Ceci dit, le concept de regarder Pau-Lyon un dimanche me fait changer de comparaison, ça ressemble plus à manger une petite crotte avant de déguster un bon gros caca.

 

La compo :

 

 

Le film du match :

 
Après l’ouverture du score de Lopez et quelques mêlées enfoncées par les Bleus, l’Ecosse enchaine les temps de jeu et l’inévitable Hogg profite d’une montée en pointe hasardeuse de Vakatawa pour marquer en coin. Bon, s’il intercepte il marque un essai de 95m et tout le monde est debout. Là tout le monde reste assis. Le jeu de massacre en mêlée continue, et celui dans le jeu courant commence. Premiers protocoles commotion, et surtout sortie de Laidlaw, le véritable TOURNANT DU MATCH. Bon ok un tournant à la 25ème ça fait un peu tôt. Mais ça a forcément joué quand on connait le niveau du Jean-Baptiste Ellisalde en kilt et qu’on voit que le seul fait de jeu marquant de Price son remplaçant fut la poussette sur le Lopez du 63 et de voir sa pénalité retournée (mais qui a heurté le poteau, LA CALOTTE DE SES MORTS). Le Momènetome change donc de camp, et c’est Fickou qui aplatit en bout de ligne après 18 temps de jeu dans les 22 écossais. Quelques commotions et points plus tard, c’est la mi-temps, la France mène 13 à 11 et on commence à s’ennuyer. Si vous avez testé le nouveau partenariat FranceTV/twitter en regardant le match sur 6nations.twitter.com (ckelchain ?), vous avez pu voir 10 fois Thomas Pesquet dire « Allez les Bleus », Guirado se faire interrompre au milieu de l’interview post Angleterre-France et surtout un clip abominable à la gloire du selfie. Toujours mieux que Morgan Parra qui boit de la St-Yorre, vous me direz.

A la reprise, le prix Charl McLeod de l’essai-casquette sur rebond est attribué à son ex-compatriote, le patriote un peu con. Mais le karma est facétieux et il trahit Russell dans la minute. Pressé de transformer sous les poteaux pour éviter le vidéo-arbitrage, il se hâte à taper dans le ballon qui glisse du tee et passe sous la transversale, juste au-dessus de la tête de Fickou qui montait en pression sans trop y croire et se retrouve le premier étonné. Quelques commotions plus loin, Vakatawa rentre aux vestiaires la tête basse et remplacé par Huget le poil luisant. Les Français pressent et Lamerat, inspiré par l’hommage à Joost van der Westhuizen, fait un très beau clin d’œil à Wesley Fofana, en tendant le bras et échappant le ballon dans l’en-but. Un arbitrage vidéo, 4 plans de caméra, 600 avis twitter, quatre billets de blog et la confirmation de World Rugby plus tard, en exclusivité je vous donne mon avis : je m’en fous. Ce sont des décisions sujettes à l’interprétation de l’arbitre, et donc ça dépend essentiellement de ce qu’il a mangé à midi et s’il s’est engueulé avec sa femme la veille. Le même Lamerat nous gratifiera d’une superbe passe après-contact qui est montée à 5m de haut, advienne que pourra. La mêlée continue le boulot et Lopez passe les points, les Français passent la dernière minute à faire des pick-and-go qui reculent mais enfin le match s’achève. Ouf. Lopez célèbre la victoire comme s’il était champion du monde mais tout le monde chie sur cette victoire peu enthousiasmante.

 

Les joueurs :

 
Très beau travail de la première ligne qui a désossé une mêlée écossaise déjà à la peine face aux Irlandais. On a retrouvé Guirado dans le jeu.
La deuxième ligne a fait le boulot mais dur d’en dire beaucoup de bien quand on voit la paire de Gray en face.
L’équipe commence à s’habituer à jouer avec trois n°8 et KING LOUIS is in the kitchen of les gens d’en face. C’est pratique quand les 3/4 n’arrivent pas à avancer d’avoir une troisième ligne comme celle-ci. Mais au-delà de ça (et ça vaut aussi pour la seconde ligne), pourquoi on se fait tellement bouger dans les rucks ? Peut-être que pour briller il faut éviter les tâches obscures ? Loann Goujon s’est offert deux protocoles commotion, il mérite bien un peu de repos. Le point positif c’est qu’il ne doit pas se souvenir de ce match, et je pense que tout le monde l’envie aujourd’hui. Damien Chouly est rentré en cours de partie et a attrapé un ballon en touche, c’est tout ce que je peux dire.
Serin le Messie qui devait apporter la folie le French Flair et la pinte à 1€ a fait un match correct, ce qui déçoit tout le monde donc. Il n’a pas dû être aidé par une blessure au genou en début de match. Machenaud a été dans son élément puisque le match allait à 2km/h.
Difficile de reprocher individuellement quelque chose à Lopez et à la paire de centres, mais globalement l’animation offensive a été aux pâquerettes.
Nakaitaci rend le ballon au pied à la 79ème ça aurait pu coûter cher, mais fait un bon match, même défensivement.
Virimi Vakatawa :

Yoann Huget, aka Roberto la bouclette, offre la balle de match en arrachant le ballon à Hogg qui courrait dans la défense. Comme quoi tu peux être élu meilleur joueur du Tournoi 2016 et te faire dépouiller par un ailier à 8 essais en 44 sélections.
Spedding : Comme d’habitude il a débranché le cerveau et tout envoyé pendant 80’. S’il pouvait le brancher de temps en temps tout de même on ne serait pas contre. Bonne nouvelle, ça a pris plus de 2 ans mais Lartot a enfin expliqué à Galthié comment on prononçait son nom.

 

Conclusion :

 
« Après la défaite encourageante la victoire décourageante ! », s’exclame d’une seule voix tout le pays au coup de sifflet final, et moi le premier, réprimant un bâillement devant la joie des Français soulagés par ce résultat. Mais en réfléchissant un peu plus, il serait un peu présomptueux de cracher sur cette rencontre contre une nation mieux classée que nous et qui vient de s’offrir le scalp irlandais. On pourra reprocher le manque d’efficacité des Français, mais pas leurs intentions : ça a joué à tout va, relancé des 22 et essayé des choses difficiles. Un peu trop difficiles parfois, notamment en début de match ou lors de cette touche jouée rapidement et n’importe comment par le triangle d’attaque. La pénal-touche en fin de match c’était peut-être un peu ambitieux aussi (où sont passés les 3 doigts de Guytou ?), mais l’équipe s’est calmée et a géré sa fin de match.
Gagner contre plus gros en tentant des trucs, c’est pas si mal, non ? Vous préfériez PSA quand on perdait à base de combat et wattbike ? Et puis de toute façon des matchs comme ça, ça permet sans rien rater de faire autre chose à côté, comme par exemple lire un livre, faire la vaisselle ou une promenade en forêt.
 
 
Merci au Stagiaire pour la compo.

David Mélé passe sur le grill

David Mélé a accepté de nous rencontrer : il nous aime bien et se permet de dire “PICA MUSCU” à Louis Picamoles tous les jours à l’entraînement. Ovale Masqué et Damien Try ont donc posé quelques questions au plus CATALAN des Toulousains, un joueur qui a connu DAN à Perpignan avant d’être un des seuls Français d’Angleterre, un oiseau rare donc comme on dit à l’USAP.

 

Nous avons beaucoup de CATALANS parmi nos lecteurs – enfin, ce sont eux qui parlent le plus fort en tout cas – et ils gardent un très bon souvenir de ton passage à Perpignan. Pour commencer, on va donc pas mal parler de l’USAP. Est-ce que c’est un club toujours cher à ton coeur ?

 

Ouais bien sûr, c’est le club où j’ai commencé, où vraiment on m’a donné ma chance de montrer que je pouvais embrasser une carrière de rugbyman. On était une bande de copains à jouer pour le même maillot, et c’est ce qui a fait qu’on a créé plein de liens… on était au centre de formation là-bas, et porter le maillot de l’équipe première c’était énorme pour nous. Donc voilà, je suis toujours les résultats même si en ce moment, c’est pas terrible.

 

D’ailleurs, le club est passé du Brennus à la Pro D2 en quelques saisons, un début d’explication ?

 

Je pense qu’après le titre la politique du club a changé. Ils ont un peu essayé de détruire l’identité catalane qui avait fait notre force pendant plusieurs années, en recrutant des joueurs d’un peu partout. Sans cette identité, je pense que l’USAP c’est pas vraiment l’USAP. Le public se reconnait moins dans le club aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de Catalans… l’année où on est champions, je crois que sur les 23 on était 15 à sortir du club (9 en fait, mais c’est déjà pas mal, NDLR). Du coup, il y a moins de monde au stade, moins de résultats, et maintenant l’USAP est en Pro D2. C’est triste, mais c’est comme ça malheureusement.

 

Le Brennus 2009, ça reste ton meilleur souvenir rugbystique ?

 

Ah oui ! Ben comme je disais, on a gagné avec une bande de copains. Avec Guirado, Porical, Perez, on a commencé en Crabos tous ensemble… pouvoir jouer en Top 14 ensemble c’était déjà énorme, mais gravir les échelons et finir au Stade de France, on l’imaginait même pas ! Et du coup, gagner le Brennus… tous les joueurs de rugby en rêvent, et nous on l’a fait à quoi, 22-23 ans. Oui, je pense que ça reste mon plus grand souvenir rugbystique.

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Pour les plus jeunes, ceci n’est pas un photoshop. 

 

Et parmi cette bande de copains, il y avait un extraterrestre, Dan Carter. On a souvent parlé de l’influence de Dan Carter dans la conquête du Bouclier, alors qu’il était pourtant blessé. C’est vrai ?

 

Oui, oui oui. Quand il était valide, évidemment c’était plus direct, parce qu’il montrait plein de choses sur le terrain. Mais même blessé, il était tout le temps avec nous, il s’est vachement impliqué dans le groupe, les entraînements. On avait un groupe jeune et il nous a beaucoup conseillés, au pied notamment, Jérôme Porical, moi… même Adrien Planté qui jouait à l’aile, donc pas du tout le même poste que lui, il le conseillait sur son placement. Il nous a apporté quelque chose qu’on avait pas forcément, c’est à dire un peu de rigueur, cette attention donnée aux détails qu’il y a chez les Blacks. Il nous a fait découvrir un autre aspect du rugby. Donc même s’il a joué que 5 matchs, j’ai eu l’impression qu’il était là toute la saison.

 

Toi cette saison-là tu avais pas mal dépanné en 10, il t’a appris des choses ?

 

Tout le temps ! Tout le temps. Il était derrière moi pour me dire « ce serait mieux que tu fasses comme ça ». Il connaissait tous les détails sur le ballon, savait où le taper exactement, il m’a transmis ça et c’est juste énorme. Quand j’appliquais ce qu’il me disait, bizarrement ça marchait ! Donc oui, il m’a vachement aidé cette saison-là.

 

En 2009 justement, à Mayol, tu as un petit fait de gloire, je suppose que tu vois de quoi on parle ?

 

Ah oui. Ça, je le classe deuxième dans mes souvenirs rugbystiques, parce que Mayol c’est Mayol. C’était pas encore le Toulon de maintenant avec tous ses titres, mais il y avait quand même Tana Umaga, ça devenait une grossie écurie. Donc gagner comme ça, à la 81ème, avec un drop sorti de nulle part, parce que personne s’y attendait – même pas moi je crois – ça reste un souvenir inoubliable.

Qu’est-ce qu’il t’est passé par la tête pour décider de le tenter de cet endroit du terrain ?

 

Ben j’avais 23 ans… l’insouciance ! Je me suis dit au pire il passe pas, on fait match nul, on s’attendait même pas à ce résultat donc je me suis pas posé trop de questions. C’est passé, tant mieux pour moi, ça reste gravé dans ma mémoire.

 

Du coup en 2015, tu crois que Carter s’est inspiré de toi quand il a claqué son drop en finale de Coupe du monde ?

 

(rires) Je pense quand même ! Je sais même pas s’il se rappelle de moi. Après il y a le faire à Mayol et le faire en finale de Coupe du monde… Dan, c’est la classe. En plus quand il frappe celui-là, il reçoit le ballon il s’y attend pas, la défense est près, et de 40 mètres, boum… c’est pas pour rien que c’est le plus grand joueur du monde.

 

En parlant de plus grand joueur du monde, on est obligés d’en parler puisqu’il vient d’annoncer sa retraite. Parle-nous du grand David Marty. As-tu des anecdotes sur cette légende ? Est-ce un privilège d’avoir joué à ses côtés ?

 

Ah vous l’aimez bien David, hein ? (rires).

 

Tu ne l’as pas cité dans la bande de copains tout à l’heure, vous n’étiez pas proches ?

 

Il est un peu plus vieux, il a commencé avant nous, mais David… il a ses défauts et ses qualités, il est un peu bourru, un peu rustre, peut-être que techniquement c’était pas le meilleur joueur que j’ai connu, mais après dans l’état d’esprit, le mental, il y en a pas beaucoup qui lui arrivent à la cheville. Il a ses petits exploits comme à Toulon il y a 3 ans où il fait un beau vol plané par dessus le ruck, tout le monde s’en rappellera de celle-là ! Après voilà, c’est un homme dur, humainement aussi, parce qu’il te laisse pas facilement rentrer dans son cercle d’amis, mais une fois qu’il a appris à t’apprécier, c’est un mec en or.

 

D’ailleurs, Marty s’est un peu fait pousser vers la sortie cette saison. Tu nous parlais de la politique du club tout à l’heure, qu’est-ce que tu penses de ça ? Sachant que Mas avait été évincé lui aussi, que Perez va peut-être l’être…

 

Ben c’est moche, des mecs qui ont servi le club comme ça pendant des années, et qui ont tout donné pour ce maillot… je pense qu’on a un peu oublié l’aspect humain. C’est dommage de finir comme ça. Après David, je pense qu’il en avait un peu marre du rugby aussi et qu’il avait besoin d’arrêter. Mais ils n’ont rien fait pour le retenir et c’est dommage. Il y a eu plein d’autres situations comme ça, avec Guirado, Mas, Planté, moi… je pense qu’on aurait tous aimé rester mais on nous a plus poussé vers la sortie que tendu les bras. Le rugby est comme ça maintenant. C’est triste mais il y a de moins en moins de valeurs.

 

À Toulouse c’est un peu pareil en ce moment, avec Poitrenaud, Clerc…

 

Là aussi, c’est l’image du club. Ce sont des mecs qui ont tout gagné à Toulouse. Vincent Clerc il fait quand même une saison plus que bonne, il marque des essais importants. Mais le club se positionne pas, ils disent « on verra, on attend »… enfin c’est le rugby d’aujourd’hui qui veut ça.

 

À Grenoble où tu vas signer il y a aussi le cas Jonathan Best, bon même si on est en dehors du truc et qu’on ne sait pas trop quelles sont les raisons de sa mise à l’écart…

 

Ouais, là aussi je suis mal placé pour en parler. Mais j’ai l’impression que tous les clubs procèdent de la même façon maintenant. J’ai l’impression que le côté humain est mis de côté au profit de l’aspect professionnalisme, résultats, et voilà les mecs qui ont servi un club pendant 10 ans on les laisse partir, on leur offre un maillot pour qu’ils soient contents et c’est bien dommage.

 

Pour finir là-dessus, tu aimerais retourner à l’USAP un jour malgré les conditions de ton départ ?

 

Avant de signer à Grenoble, j’avais offert mes services. Je leur ai dit que s’ils cherchaient un demi de mêlée, j’étais vraiment chaud pour revenir. Là encore on m’a dit « ouais peut-être, si ou ça… »… peut-être qu’ils ne recherchaient pas de joueur à ce poste, ou qu’ils me voulaient pas, donc je comprends aussi. Moi je m’y serais bien vu l’année prochaine et terminer là-bas, je ferme pas la porte.

 

Après Perpignan, tu es parti en Angleterre, ce qui est devenu super rare pour un joueur français. Du coup comment est-ce que tu t’es retrouvé à Leicester ? Ce sont eux qui t’ont contacté ?

 

Pour moi c’était un rêve de gosse. Je sais pas pourquoi, je sais pas d’où ça m’est venu, mais depuis tout petit j’adore l’Angleterre, la façon de jouer – ça peut paraître bizarre mais c’est vrai. L’USAP m’avait dit très tôt qu’ils ne voulaient pas me prolonger, du coup j’ai dit à mon agent de prospecter un peu partout, et Richard Cockerill l’a contacté pour lui faire part de son intérêt. Moi j’ai foncé, parce que j’en rêvais, et j’ai vraiment passé deux ans top. Je regrette presque d’être parti de là-bas parce que je me régalais.

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David Mélé, à l’époque où les Tigers étaient le club sportif le plus connu de Leicester.

 

Les joueurs français qui sont allés en Premiership racontent souvent la même chose : que là-bas, on est beaucoup plus exigeants niveau entraînement, préparation physique, etc.

 

Ah oui, à 200%. C’est ce qui m’a fait bizarre quand je suis rentré en France et que je suis venu à Toulouse. J’avais l’habitude de travailler d’une certaine façon à Perpignan, proche de tout ce qui se fait en France, mais après avoir connu l’Angleterre où c’est tous les jours à fond, où on se pèle vraiment pour avoir sa place sur le terrain, j’ai presque eu du mal à me réadapter à un système où tu es peut-être presque trop responsabilisé. En Angleterre pendant deux ans pendant chaque séance de physique, de muscu, il y avait un préparateur physique avec moi qui s’occupait de moi tout le temps. Sur le terrain tout était très encadré. Je n’ai pas retrouvé ça ici, déjà parce qu’il y a moins de staff, et une manière différente de voir les choses. J’adhérais plus à la façon de fonctionner à l’anglaise. Il y a pas de secret, plus on bosse, plus on est performant, là-bas leur objectif est de tirer le meilleur du joueur et ça passe par là.

 

En France on a souvent cette image de branleurs, comment ça se fait ? C’est culturel ?

 

Ouais, je pense. C’est pas que dans le rugby d’ailleurs, c’est en général. Quand je suis arrivé en Angleterre j’avais déjà parlé de ça dans un article de presse, il était ressorti dans le Rugbynistère et je m’étais fait un peu critiquer car on m’accusait de cracher dans la soupe. Mais si je dois le redire, je le redis, en France on a des habitudes de fainéants. Et même à Toulouse je le vois encore, il y a des mecs quand on leur demande d’en faire plus, eux ils pensent qu’ils sont bien comme ça, ils cherchent pas plus. C’est une mentalité différente. C’est dommage car quand t’en fais plus, c’est pas forcément pour le club, les coéquipiers, c’est pour toi. Si dans ta tête t’as pas envie de progresser et de voir jusqu’où tu peux aller, c’est ton problème. C’est dommage.

 

Il parait qu’en Angleterre, les internationaux se doivent d’être exemplaires, qu’ils viennent encore plus tôt à l’entraînement, qu’ils poussent encore plus à la muscu ? C’est pas comme ça en France ? Il parait même que c’est l’inverse…

 

Oui c’est vrai. Mais le problème c’est que c’est souvent le staff qui leur dit de moins en faire, qui cherche à les préserver car ce sont des joueurs importants. Alors qu’en Angleterre, par exemple il y a Tom Youngs qui a je sais pas combien de sélections avec le XV de la Rose, qui venait tous les matins, tous les jours, pour pousser de la fonte comme un abruti… c’était sa routine. Sur ce point là c’est vraiment différent oui.

 

Est-ce que c’est vrai que tu as récupéré le casier de Julien Dupuy à Welford Road, et qu’il y avait encore une cartouche de Marlboro dedans ?

 

(rires) Il y en avait trois ou quatre même ! Enfin il y a une particularité en Angleterre, c’est qu’il y a pas de casiers. Il y a un banc en bois, un crochet, et basta. C’est un peu rustre, mais c’est ce qui caractérise un peu le rugby anglais : pas de superflu, pas de banquette en cuir, pas de portes avec des digicodes partout… c’est le strict minimum. À la muscu pareil, tu n’as pas de super appareils qui sont sortis il y a une semaine, juste ce qu’il faut, l’essentiel. Ça permet aussi de garder ces valeurs à l’ancienne et je trouve ça bien.

 

Tu parlais de la différence dans l’entraînement entre les deux pays, du coup, ton adaptation a été rapide ou tu as un peu galéré ?

 

J’ai pas vraiment eu de mal, mais c’est une habitude à prendre. Les entraînements sont très intenses le matin, il y a une pause d’une heure où on mange tous ensemble, et tout de suite à 13h on reprend l’entraînement. Alors qu’en France on s’entrainait le matin, on arrêtait à 11h, la pause repas était un peu plus longue, on faisait une sieste, on reprenait à 4h… donc voilà, il a fallu s’habituer. Par exemple juste après manger on est souvent un peu fatigués, là on allait s’entraîner… donc c’est différent, mais j’ai pas mis trop de temps à m’adapter.

 

Tout à l’heure on t’a parlé de Mayol, tu as tout de suite trouvé de quel match on parlait. Si on te dit, 2014, Bath, ça t’évoque quelque chose ?

 

Ouais ! (rires)

 

Tu rentres en jeu et tu prends un carton rouge 3 minutes plus tard… C’était un hommage à Jean-Pierre Perez ?

 

(rires) Oui je voulais apparaître avec lui au palmarès des Français à avoir pris des cartons rouges ! Ouais, je suis passé en commission, j’ai pas trop compris leur délire… enfin je comprends pourquoi je prends le rouge, c’était un peu idiot de ma part de réagir comme ça, mais je pense que c’est un peu mon côté catalan qui est ressorti !

 

Un joli côté CATALAN
Un joli côté CATALAN

 

Merci, ça fera une belle phrase de une pour l’article ! Tout à l’heure tu disais qu’à Perpignan vous étiez une vraie bande de potes, tu as retrouvé ça à Leicester ? Tu t’entendais bien avec quels joueurs ?

 

Ouais, de suite. ils m’ont vraiment bien accueilli. Quand je parlais de l’Angleterre avant mon départ, on me disait tu verras, les Anglais ils sont rudes, tout ça. Mais quand ils ont vu un petit Français arriver, ils étaient les plus heureux. Ils m’ont accueilli comme si j’étais de chez eux. Je me suis fait de très très bons potes, dont Ben Youngs, avec qui j’étais proche parce que l’on jouait au même poste et qu’on bossait souvent ensemble. Y’a lui, y’a Adam Thompstone qui joue à l’aile, Ed Slater qui était capitaine l’année dernière, Matt Smith qui a fait toute sa carrière à Leicester et en qui je me reconnaissais un peu par rapport à mon parcours à l’USAP. Ma dernière semaine là-bas, ma femme était déjà partie, j’ai vécu chez lui, c’était vraiment au top. J’ai gardé de très bons amis là-bas et on s’envoie encore des messages régulièrement.

 

Là-bas tu as aussi côtoyé Manu Tuilagi. Il parait que Yann David est 100 fois plus fort que lui au développé-couché, c’est vrai ?

 

J’ai jamais vu Yann David au développé-couché !

 

Ah bon ?

 

Non, je crois que s’il travaille trop, il gonfle trop parce qu’il est trop costaud. C’est un animal Yann David, il emporte tout le monde ! Mais Manu c’est pareil, je l’ai vu faire des séries à 190, il poussait tranquillement… j’ai connu son frère Henry qui s’amusait aussi avec des barres à 150 kilos. C’est des forces de la nature ces mecs. Je crois que je vais aller faire un enfant dans les îles là-bas, il va grandir comme eux et il va tuer tout le monde…

 

Après avoir joué avec Dan Carter, tu aurais pu évoluer avec un autre légende chez les Tigers : Andy Goode. Malheureusement, il avait déjà quitté le club à ton arrivée. Est-ce un regret ?

 

Ouais ! C’est un regret surtout parce que j’aurais pu avoir quelques conseils capillaires. Il a dégaine merveilleuse. Le combo chauve-cheveux longs c’est quand même rare.

 

Enfin ça évolue, là je ne sais pas si tu as vu mais ça a repoussé…

 

Ouais, par l’opération du Saint-Esprit ! Bizarre hein ? Mais pour en parler sérieusement, là-bas à Leicester, ils vouent un culte à ce mec. Il a toujours le record de points des Tigers je crois. Chez eux c’est un Dieu presque. Au pied, c’est un métronome… après il est quand même adepte de la air-défense.

 

À son retour à Newcastle ils ont même adapté des systèmes pour lui pour qu’il ne défende jamais dans la ligne.

 

C’est bien pensé ! Quand tu sais qu’il sera ciblé tout le match, autant l’enlever de là. Après, au pied, il va te faire du bien !

 

Tu as parlé de ta relation avec Ben Youngs, la première année tu as pas mal joué, tu as gratté du temps de jeu. On t’a un peu moins vu la deuxième année. C’est pour ça que tu as décidé de partir ?

 

Oui, c’est ça. À partir de fin-décembre début-janvier, après un match contre les Wasps, on m’a dit « maintenant on donne sa chance au N°3 » et je n’ai pas trop compris. Après j’ai rejoué en Coupe anglo-galloise, ça s’est très bien passé et on est arrivés en demi-finale. Sur le moment, ouais, j’ai pas trop compris pourquoi j’étais en tribunes. Quand j’ai demandé à partir, Richard Cockerill m’a avoué à demi-mots que le 3ème demi de mêlée était un Anglais, et qu’il avait plus de raisons de le faire jouer lui, pour le faire progresser. Là-bas, ils font tout pour l’équipe nationale, après s’il est sélectionné ils ont des subventions de la ligue, donc voilà… c’est dommage car je me régalais.

 

C’était Sam Harrison ce 9, c’est ça ? Il est pas mauvais non plus (vice-champion du monde avec les -20 ans en 2010 notamment, NDLR).

 

Oui ! C’est un très bon joueur, en plus il est du club. Si on me l’avait dit de suite j’aurais compris et je n’aurais pas eu cette frustration, ça a surtout été dur de pas avoir d’explications. Je suppose aussi qu’ils voulaient me garder impliqué en cas de blessures d’un des deux, même si je n’ai pas trop besoin de ça pour me motiver – comme à Toulouse où je m’entraine tous les jours comme si j’allais être titulaire alors que j’ai fait dix feuilles de match.

 

Du coup tu ne vas pas partir à Las Vegas pendant que tes coéquipiers ont match ?

 

Avec Castro ? Non c’est pas prévu ! Puis je ne pense pas avoir les mêmes finances que lui, donc j’éviterai de le faire…

 

De manière générale, qu’est-ce que tu retiens de ton passage en Angleterre ?

 

C’était un rêve de gosse, je suis très heureux de l’avoir fait. Déçu d’être parti car il me restait deux ans de contrat et même si je jouais moins, je vois que cette année avec l’arrivée d’Aaron Mauger ça tourne plus, donc je pense que j’aurais été dans la rotation. Mais voilà, je regrette pas non plus d’être venu au Stade Toulousain, c’est une bonne expérience.

 

Tu n’avais pas de contacts avec d’autres clubs anglais ?

 

En fait, ils m’ont fait comprendre que si je voulais partir en France, ils me libéraient de mon contrat, mais que pour un club anglais ce n’était pas possible. Donc j’aurais peut-être pu rester, mais c’était compliqué et le Stade Toulousain ça se refuse pas. Mais l’Angleterre ça ma apporté plein de choses, mes enfants sont bilingues et parlent anglais, ma femme aussi a vécu des trucs de fou, donc c’était vraiment top.

 

En France il y a pas un grand amour pour les Anglais en général, du coup, tous les Anglais ne sont pas des connards ?

 

Non pas du tout ! Moi j’en doutais pas, mais toutes les personnes qui sont venues me voir en Angleterre et qui ont découvert comment on vivait là-bas et tout, je pense que plus de 95% ont carrément changé d’avis sur les Anglais, la façon dont ils traitent les Français, la vie en général. Non il pleut pas tout le temps, et l’été il fait chaud !

 

Du coup, t’en as parlé avec Louis Picamoles, avant ou après sa signature à Northampton ?

 

Ouais, on en a parlé un peu avant. Je lui en ai dit que du bien, même s’il signe aux Saints qui sont les ennemis des Tigers. Je pense que ça l’a aidé dans sa prise de décision.

 

Tu lui as donné quelques cours d’anglais ?

 

Je ne dirais pas qu’il se débrouille bien, mais il essaye !

 

Parce que la dernière fois qu’on l’a vu parler anglais en Nouvelle-Zélande, c’était pas terrible avec son fameux « WHY YOU CONTINUE »…

 

(rires) Je connaissais pas cette vidéo ! Je regarderai ça.

 


Pour finir sur l’Angleterre, est-ce que ça t’arrivait d’être arrêté dans la rue car les gens te confondaient avec Daniel Craig ?

 

(rires) Ouais, en même temps je roulais en Aston Martin, donc obligé. Sinon ouais, on me l’a déjà dit, mais j’en suis pas spécialement fier.

 

T’es parti à Toulouse, parce que « Toulouse ça se refuse pas » tu disais. Tu savais que t’allais être en concurrence avec Bézy et Doussain, du coup pour toi c’était une année sabbatique, le soleil, …

 

Je suis venu profiter du bon air, ouais… En fait Guy Novès me l’avait vendu en me disant que Jean-Marc allait jouer 10 et que je serais donc en concurrence avec Sébastien, c’était un défi qui se relève, même si Sébastien marche sur l’eau et qu’il est hors-norme cette année… Donc oui c’est dommage. Ce qui m’embête un peu c’est que j’ai été jugé par exemple sur le match amical à Albi, avec pratiquement que des espoirs qui jouaient, sans leur jeter la pierre c’était pas un match que tout le monde avait envie de jouer. On m’a dit que j’avais pas été assez bon, donc franchement c’est dommage parce que ça aurait pu se passer autrement.

 

T’as été recruté par Novès, t’étais pas forcément dans les plans de Ugo Mola.

 

C’est pas impossible, c’est toujours difficile quand t’arrives dans un club et qu’entre temps ça change de staff. Quand j’ai su qu’il avait signé ici, je l’ai eu au téléphone et après en cours de saison chaque fois que je demandais des explications sur pourquoi je jouais pas et même ce que je devais travailler pour jouer, en gros il me disait que c’était Guy qui m’avait fait venir, donc j’ai vite compris que j’allais avoir une saison un peu compliquée.

 

Du coup tu peux balancer un peu. Le Stade n’est pas favori pour le Brennus cette année, tu penses qu’ils peuvent faire la surprise ?

 

Quand on joue dans une équipe on est forcé de croire. Moi j’y crois, comme personne ne croyait qu’on allait gagner contre Toulon à Nice. Tout le monde nous voyait en prendre 40. Si certains croient en nous c’est bon pour nous, nous on croit en nous, et honnêtement si je pouvais partir du Stade avec un titre, même si je l’aurais pas gagné sur le terrain ça serait sympa.

 

Justement à la fin du match à Nice, on a vu que t’étais tout fou.

 

Ah je suis à fond dans l’équipe. Même si on pourrait croire que non, parce que je connais mon avenir, parce que je sais que je pars à Grenoble. Quand je viens à l’entraînement tous les matins, je viens pour montrer aux coachs que je peux jouer, que je suis là pour jouer et pas pour attendre que mon contrat se finisse. Si je ne joue pas, je suis là pour pousser Sébastien et Jean-Marc, et si je les fais travailler ils seront meilleurs, l’équipe sera meilleure et on pourra espérer quelque chose à la fin. Je suis heureux parce qu’on a gagné [à Nice], je me sens vraiment dans l’équipe à fond, et on a vu sur les images que je l’ai exprimé vachement. J’étais très content à ce moment-là.

 

Tu côtoies tous les jours Clément Poitrenaud. Tu t’inspires de lui, sur le terrain, vestimentairement ?

 

Vestimentairement non, parce qu’il est quand même dégueulasse.

 

La barbe tu valides ?

Il a quand même une barbe dégueulasse. A la vidéo je suis juste derrière lui, et des fois je regarde il vaudrait mieux qu’il se la rase entièrement parce que c’est pas possible.

 

On l’appelait Barbatrous…

 

C’est exactement ça. Il en a là, il en a là. Après c’est un mec que j’ai détesté vraiment quand j’étais à Perpignan, parce qu’à Perpignan on est tellement bêtes qu’on déteste tout le monde. On était vachement parano, on se disait « on est les petits, tout le monde nous chie dessus. » C’est vrai que je l’ai détesté, et en fait c’est un mec au top. Un peu comme David Marty, un peu rustre, un peu difficile à aborder, mais en fait le mec adorable.

 

Et pourquoi signer à Grenoble ?

 

Pour aller faire du ski. Non mais j’avais signé un an à Toulouse, quand Ugo Mola m’avait dit ça en début de saison, vu que je jouais pas trop, je voyais pas trop l’intérêt de rester à Toulouse… J’ai été approché par Grenoble, et d’autres clubs également. Je pense que c’est le bon compromis entre le temps de jeu, je pense que je vais jouer un peu plus et pour ma femme je pense que rester en France ça lui fait du bien aussi. C’est une équipe qui peut venir un peu chatouiller les 6 premiers et c’est vrai qu’il ont pas la prétention de se dire on va se qualifier dans les 6, mais c’est un groupe qui vit bien depuis plusieurs années, qui arrive à avoir des résultats importants, on va voir comment ça va se passer, je pense qu’on peut arriver à se maintenir dans ces 8-6, et je pense que c’est la motivation et l’objectif de ce groupe.

 

Tu dis que tu vas avoir plus de temps de jeu, mais à Grenoble y a un 9 qui est déjà très performant, installé, qui joue quasiment tout, derrière t’as Saseras, Loustalot, Hart.

 

Loustalot et Hart s’en vont, y aurait McLeod, Sarceras et moi. Moi je suis compétiteur, je pense que c’est pas prétentieux de dire que j’aspire à démarrer des matchs. Après je sais très bien que McLeod il est installé, il a de l’expérience dans l’équipe, donc j’y vais pour essayer de le pousser un peu, après on verra comment ça va se passer dans les matchs. Quand j’étais à Perpignan ou à Leicester, j’ai bien connu le rôle de doublure et de rentrer faire des bouts de matchs et ça avait plutôt bien marché donc c’est un rôle que j’aime bien. Déjà bien finir avec Toulouse et on verra bien comment ça va se passer à Grenoble.

 

Jouer 10 à Grenoble ?

 

Le problème c’est qu’il y a Jonathan Wisniewski qui est très performant, y’a Gilles Bosch que je connais bien et qui fait des bons matchs aussi, pourquoi pas jouer sur cette polyvalence. Ça a été évoqué. Moi j’aimerais bien, je l’avais dit à Ugo Mola ici. C’est un poste que j’aime bien, donc si je dois dépanner à Grenoble en 10, ça sera avec grand plaisir.

 

Bon maintenant qu’on a fini les questions sérieuses on va passer aux questions cons. Désolé y en a une on est obligé de la faire, on va l’évacuer tout de suite comme ça c’est fait. Tu t’appelles David Mélé, tu joues au rugby. T’aurais préféré t’appeler Jean Corner, Thierry Javelot ou Olivier Curling ?

 

Non, ça me va. Je suis habitué à ce qu’on me fasse des blagues. Demi de Mélé, ou Mélé à 5 si je suis sur le terrain aux 5 mètres. Bon c’est rigolo quand même.

 

Julien Candelon peut-il devenir champion olympique de rugby à 7 ?

 

J’ai du mal à voir sa cabine avec la médaille autour du cou. Ils vont l’avoir dur, mais c’est un truc à vivre quand même.

 

Quel est le joueur avec qui tu aurais aimé jouer sur le terrain ?

 

(Il cherche…) Andy Goode !

 

C’est dur en fait, t’as joué avec tous les plus grands.

 

Oui, Jean-Pierre Perez…

 

La 3ème ligne la plus technique de France en 2009…

 

Ah oui, Jean-Pierre Perez, Henry Tuilagi et Greg Le Corvec… Ah ça pour faire une passe c’était difficile par contre pour mettre des coups de tête… Heureusement qu’il y avait Damien Chouly, il relevait un peu le niveau. Il y avait Gerrie Britz aussi, un Sud-Africain, pareil il avait un peu des poêles Teflon à la place des mains.

 

Celui avec qui tu aurais aimé faire une 3ème mi-temps ?

 

Le Gallois, qui avait conduit une voiture de golf sur l’autoroute, là, Andy Powell. Ça ça doit être pas mal.

 

Le meilleur que tu connaisses en 3ème MT ?

 

Damien Chouly ou Adrien Planté. C’est les mecs avec qui j’en ai pris de sacrées.

 

Il paraît que Dan avait un bon niveau aussi…

 

Ah ouais ! Quand il était blessé il était tout le temps à Barcelone à faire des bringues avec ses collègues néo-zèdes, lui aussi il en prend des belles.

 

Celui avec qui partir à la chasse à mains nues dans la forêt amazonienne ?

 

Florian Fritz. C’est un animal quand même. Ah ouais. Lui on peut partir à la guerre avec lui.

 

Thé ou café ?

Café

 

Levrette ou 69 ?

 

69

 

Est-ce qu’elle est bonne à droite ? Si oui, pourquoi ?

 

(Se penche, regarde à la table de droite, fais la moue) Nan !

 

La Catalogne devient indépendante. Comme président, tu votes pour Nicolas Mas ou David Marty ?

 

Oh David Marty. Trop calme Nicolas Mas. David Marty parfait, il aurait de la poigne.

 

Te faire plaquer par ta femme ou par Jean-Pierre Perez ?

 

Ah par Jean-Pierre quand même. Même si ça fait mal, par Jean-Pierre. S’il me pète les deux genoux, j’aurai encore ma femme et mes enfants. Si je me fais plaquer par ma femme, j’aurai Jean-Pierre… (rires)

 

Se faire enfoncer en mêlée ou se prendre un cad’deb d’école ?

 

Je préfère me faire enfoncer en mêlée. Parce que c’est la honte quand même, un beau cadrage débordement, bien propre, sans toucher ni rien.

 

Ça t’est déjà arrivé ?

 

Oh oui surement.

 

On va chercher les images…

 

En même temps c’est difficile de me trouver sur un terrain en ce moment, donc les images vous les aurez pas !

 

T’as parlé des monstres de la nature tout à l’heure, les Tuilagi, tu préférerais te prendre une droite duquel ?

 

Han… Si je devais choisir, entre les 6 frères ?!?

 

Ceux avec qui tu as joué.

 

Pfff… Parce qu’Henry, c’est juste un monstre… Et l’autre, il est rapide en plus, donc je pense que ça peut arriver bien plus vite… Mais celle d’Henry, il a un poing à peu près comme ça… Bon allez Manu, parce qu’Henry je pense qu’il me tue sur celle que je prends, alors que Manu il me met dans le coma pour 6 mois.

 

Pour une pénalité de la gagne à la dernière minute tu as le choix entre Dan Carter, Jérôme Porical, Manny Edmonds ou toi. Tu choisis qui ?

 

Ah Jérôme. Il est fiable. Et parce que c’est un très bon copain.

 

Sinon un mec qui perce le premier rideau, t’as le choix entre les mêmes pour le placage en 15.

 

(éclat de rire) Pas Mannie, pas Jérôme, ouais, DAN.

 


Pour toi, c’est quoi les valeurs du rugby ?

 

Le respect. Que ça soit des hommes, du matériel à l’entraînement, des horaires. Le respect c’est la valeur qui représente le plus le rugby.

Hachoirs d’or 2015, les résultats

Par Damien Try

 

Ok nous avons un peu péché dans les dates, et c’est seulement en mars 2016 que nous récompensons les acteurs marquants de l’année 2015. Mais ce n’était que pour vous laisser le temps de bien bien réfléchir aux différents choix, et que tout le monde ait le temps de voter. Maintenant que tout ça est fait, décernons les prix, que leurs pauvres récipiendaires puissent passer à autre chose.

 

Hachoir d’Or « Marcus di Rollo » des trucs qu’on essaie de nous faire croire qu’ils existent, mais dont on a bien fini par se rendre compte qu’on s’était foutu de notre gueule :

Large victoire du plan de jeu des Bleus avec près de la moitié des votes (47%). Le deuxième n’étant autre que le French Flair (25%), on reste dans le thème et la victoire des stratèges PSA & co est écrasante. Ils remercieront probablement la marque Wattbike qui leur assure le seul titre du rugby français que n’ait pas encore gagné Guy Novès. Pour l’instant.

 

Hachoir d’Or « Holy Guazzini » des grands portés disparus :

Victoire XXL de Serge Blanco, avec 46% des votants. Le staff du XV de France est donc encore récompensé. Mais si, souvenez-vous, Serge Blanco faisait bien partie des responsables du fiasco de l’automne, vous vous souviendrez de ses belles déclarations de l’été, de septembre et de début octobre. En revanche impossible d’avoir une réaction datant de la fin octobre, vous avez donc choisi de souligner la prouesse du vendeur de polos qui a réussi à se faire tout petit après la brrrranlée cardiffoise.

 

holyguazzini

À quelques heures près c’était un troisième “No-Show” pour Holy qui pose ici finalement avec les contrôleurs de l’AFLD. Tout est bien qui finit bien.

 

Prix « Mike Brown » du joueur le plus courageux :

MIKE BROWN !!!

vainqueur avec 83%. Je suis fan de ce numéro 15.

 

Hachoir d’or « Ovalix » de la mascotte de la lose 2015

Victoire écrasante de Renaud Lavillenie qui coiffe Géronimo avec 54% des votes. Quelques jours seulement après sa victoire aux championnats du monde en salle au saut à la perche, vous récompensez celui qui est clairement le morpion de l’ASM : il ne vient pas de chez nous mais c’est impossible de s’en débarrasser, et chaque fois qu’on le voit on a des souvenirs gênants qui remontent. On le refile aussi aux voisins, puisqu’on l’a récemment vu avec un maillot briviste. Celui qui domine sa discipline depuis des années mais sans jamais devenir champion du monde (en extérieur) méritait bien ce Hachoir de la lose. Salut Weno, ça va ?

 

Hachoir d’Or d’honneur du meilleur joueurjoueur :

Courte victoire de Siréli Bobo avec 36% des voix, qui devance Nicolas Jeanjean. On pourra attribuer sa victoire à plusieurs facteurs : sa naissance à Rakiraki et le soutien des supporters de Biarritz, du Racing, de la Rochelle, de Toulon et de Pau (liste en cours, dans 15 ans il fera encore le bonheur d’un club de proD2). Bravo bravo.

 

Hachoir d’Or de la potiche la mieux habillée et maquillée en plateau télé :

Belle victoire de Vincent Clerc, avec deux tiers des voix. La figure de l’homme des cavernes Chabal a fini par lasser la ménagère qui l’a trop vu, cette dernière s’est donc tournée vers le Gendre Idéal, gentil souriant et propre sur lui, si beau dans cette pub Petrol Hahn dont elle aimerait tellement voir la seconde suivante, celle où la serviette finit de tomber. Attention Vincent, un retour sur le terrain serait jugé déstabilisant par les annonceurs, ce qui entrainerait une revue à la baisse des contrats. Ne dis pas trop vite oui à beau-papa, même si ça doit l’obliger à sélectionner Sofiane Guitoune.

vincentclerc

Avant chaque émission, Vincent jouait “Imanol Notre Idole” au piano pour se détendre et préserver sa peau du stress.

 

Hachoir d’Or du consultant/comique impertinent et décalé qui est resté bloqué dans la cave à vin du Pousse-au-Crime depuis 25 ans :

Un choc de titans, un duel au sommet, une rencontre de montagnes. Sur cette confrontation qu’on peut déjà qualifier de clasico, seules 60 voix (sur plus de 5000) départagent Philippe « La guille » Guillard et Jean-Baptiste Lafond. Et grâce à ses dernières prestations toutes plus gênantes les unes que les autres lors du Canal Rugby Club, c’est l’homme à qui l’on doit « Le Fils à Jo » qui l’emporte. Gageons qu’avec un peu plus d’efforts et de whisky le consultant d’Eurosport pourra dépasser son « Exeter je pensais que c’était une marque de déodorants » et reprendre l’avantage. Attention à ne pas croiser un fer à repasser et un peigne cependant.

 

Hachoir d’Or du journaliste de droite qui porte son pull en cachemire noué autour des épaules :

Victoire assez large de Nicolas Dupin de Beyssat, puisqu’il totalise deux fois plus de votes que les compères du Figaro à lui tout seul. On expliquera votre choix par son nom de famille, et surtout par le fait que vous ne sachiez pas lire ce qui vous empêche de connaitre Coudrat et Reyry (perso je les connais juste de twitter).

 

Hachoir d’Or « Pétère et Steven » du journalimse d’investigation :

Le podium fut extrêmement rapproché, mais la jambe trop courte d’Agulla par CJP (22.2%) et le faux scoop de l’auto-gestion par le Nouvel Obs (24.5%) ont été battus par le Midi Olympique et la révélation de la terrrrrible filiation d’Alexandre Dumoulin. Dumoulin, vous vous rappelez de lui ? Un centre, avec un casque. Il a joué en équipe de France. Non ? Tant pis.

Félicitations donc au Midol (et à l’agent de Dumoulin) qui ont réussi un coup gagnant-gagnant, l’un vendant des ragots people en prétextant protéger le joueur des méchants tabloïds anglais (qui sont restés très discrets), l’autre faisant parler de son joueur qui n’avait rien demandé à personne ni fait quoique ce soit de particulier.

 

verdier

“Merci pour ce hachoir d’or très coruscant qui ira parfaitement au milieu de mes 147 ouvrages consacrés au rugby d’avant”

 

Hachoir d’ Or « Jacques Delors » de la prononciation fantaisiste :

Une Coupe du monde de rugby n’en est plus une sans Christian Jeanpierre. Émaillant toute la compétition de ses petites pépites, rendant le rugby accessible à tous mais insupportable à chacun, il mérite largement la victoire d’un des surnoms dont il a le secret, le désormais fameux « SONIBI », avec 27% des votants.

 

Hachoir d’Or du bouquin qui fait regretter aux piliers de ne jamais avoir appris à lire :

Vous êtes 47% à avoir voté pour #LeMeilleurLivreDuMonde. Je suis au regret de vous informer que j’ai donné les noms des 53 autres pourcents à Mamuka Gorgodze avec pour seule consigne que ça fasse mal pendant longtemps.

 

Hachoir d’Or Guy Novès des 3 points en moins :

Victoire de le YONEL BEAUXIS !!! Ça faisait longtemps que je l’avais pas dit et ça fait du bien. 46% ont voté pour la pénalité qui a failli ne pas envoyer l’UBB en Champions Cup. Les Clermontois auraient bien aimé qu’on en reste là.

 

Hachoir d’Or du club qui gère ses finances comme l’UMP gère ses comptes de campagne :

45% pour le Biarritz Olympique, loin devant tout le monde. Parce que tu sais qu’ils ont triché, que ça fait des années qu’ils le font, qu’ils n’ont aucun remord, qu’ils vont se débrouiller pour que ça passe comme un colonel SS dans mémé et qu’ils vont recommencer dès que possible. Je ne sais pas si à Bayonne ce sont des « prolos » mais en tout cas Biarritz c’est bien l’UMP.

 

Grand Prix Mourad Boudjellal de la déclaration de l’année :

Le micro au col des arbitres ne sert évidemment pas à ce que les téléspectateurs comprennent ce qu’ils sifflent. Sinon ça ferait bien longtemps qu’ils connaitraient les règles. Ces micros servent uniquement à saisir les merveilles qu’on entend tous les week-ends sur les terrains. Nigel Owens peut bien faire le malin et préparer ses vannes, il ne sera jamais à la hauteur du Président Pascal Papé et de son « « J’ai pas l’habitude de balancer, mais Estebanez c’est une salope. Par derrière ». Je rappelle que cet homme a été capitaine de l’équipe de France.

 

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Quand tu fais un peu ta salope par derrière

 

Hachoir d’Or Jo Maso du plus bel emploi fictif :

Et encore un trophée pour le staff de l’équipe de France mouture 2015. C’est Patrice Lagisquet qui remporte le Hachoir de l’emploi fictif, et il faut reconnaitre que c’est mérité puisqu’on a vu plus de combinaisons de ¾ cette année pendant 20min de Pays de Galles – France contre la paire de centres destructeurs que pendant l’intégralité du mandat de Lagisquet. Encore un prix pour un Biarrot d’ailleurs, peut-être qu’il serait temps de se débarrasser d’eux ?

 

Hachoir d’Or Nicolas Sarkozy du type qui se représente alors que plus personne veut voir sa gueule :

Pierre Camou réalise le doublé, avec 72 et 28 %. Vous vous rendez compte que face à lui Laporte fait valoir sa probité ?

 

Hachoir d’Or Sylvio Berlusconi du « plus c’est gros, plus ça passe » :

Ah ben forcément, après une performance de ce genre, c’est Bernard Laporte qui remporte ce trophée-là… En même temps ça manque de guignols cette campagne FFR.

 

Hachoir d’Or Jacques Cheminade de la candidature fantaisiste :

Ok j’avais oublié Pierre Salviac. Bravo à lui.

 

Hachoir d’Or « Dan Carter » du joueur qui a coûté un bras de Scott Spedding à la sécurité sociale :

Pour seulement 12 voix (sur près de 5000), c’est Benjamin Fall qui l’emporte, devant Leigh Halfpenny. Une avance aussi fragile que ses ligaments, mais qui lui permet de gagner des réductions à la boutique du centre de Capbreton ! Bon rétablissement à Benjamin et à très bientôt dans les tribunes !

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Hachoir d’or « Christian Jeanpierre » du plus beau commentaire de Christian Jeanpierre :

Le courage de MIKE BROWN !!! lui permet de remporter deux prix lors de cette cérémonie des Hachoirs d’or. Soit deux titres de plus que l’Angleterre en 2015.

 

Hachoir d’Or de la plus belle tentative d’assassinat :

Le XV de France continue sa balade et remporte un trophée de plus après son assassinat, préparé avec force moyens (l’argent de vos licences) depuis Marcoussis. Y a pas à dire, de la belle ouvrage, « clinicol énde rousselaisse ». Courtney Lawes doit se contenter de la seconde place pour son placage qui va financer la maison, la dépendance et la voiture du kiné de Jules Plisson sur les 20 prochaines années. 

Hachoir d’Or du Boucher de l’année :

Cette cérémonie aurait dû être celle de la consécration pour David Marty. Pour sa probable dernière saison à l’USAP (dernière saison tout court ?), il avait réussi à hisser son niveau d’un cran, ce qui n’était pas une mince affaire. Deux rouges et autant de jaunes, des déblayages d’anthologie avec la tête, le chien fou est devenu enragé. Mais LE CATALAN échoue à la deuxième place, avec tout de même 24% des voix. Belle prestation aussi de Courtney Lawes qui récupère une autre place d’honneur avec le joli chiffre de 21% des votants. Mais on ne se souvient ni des deuxièmes ni des troisièmes, place au vainqueur.

Cette année 2015 fut folle. Après l’Oscar tant attendu décerné à Di Caprio, c’est un Clermontois qui remporte la catégorie reine de la cérémonie, Julien Bardy, avec 38%. Cette récompense est largement méritée, et attribuable à plusieurs faits. Premièrement bien sûr, ses récentes performances de très haut-niveau, notamment son entrée éclair lors du match épique de Champions Cup contre Bordeaux. Et ensuite la puissance du lobby clermontois, peu habitué à voir dans son équipe un mec se faire violence sur le terrain (et faire la violence aussi). Toutes nos félicitations à celui qu’on nomme déjà « l’étoile filante de Clermont », si tu clignes des yeux il a déjà disparu, la seule étoile dont l’ASM puisse se targuer.

 

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Prochaine étape pour Julien, casser la gueule du Docteur Octopus dans le prochain Spiderman. (Ça sera un court métrage).

[Grill] Bastien Catala, coéquipier de Piri Weepu en Honneur

 

Une enquête sur le terrain de notre grand reporter Damien Try

La nouvelle a été accueillie comme une bonne blague, et pourtant c’est très sérieux : le champion du monde All Black, l’homme qui menait le haka, l’heureux vainqueur du concours “plus bel Ewok 2015”, Piri Weepu a signé ce lundi 22 janvier au matin au Rugby Club St-Sulpice XV, en division Honneur (la sixième division).

 

Car un snap sans faute d'orthographe n'est pas un snap.
Car un snap sans faute d’orthographe n’est pas un snap.


Une fois passées l’incrédulité et les questions sur le pourquoi de cette nouvelle, certains ont pensé à une personne en particulier.

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Eh bien nous, nous l’avons rencontré. Voici donc le passage sur le grill de Bastien Catala, le demi de mêlée du RCSXV ! Une interview réalisée à Toulouse, nous avons essayé d’aller à St-Sulpice mais comme c’est sur la route de Castres nous n’avons jamais trouvé.

NB : Nous tenons à préciser qu’il s’agit vraiment de l’interview du vrai mec qui a appris qu’il se faisait prendre sa place par Piri Weepu.
 

Bonjour Bastien, comme tu n’as pas de fiche Wikipédia nous n’avons pas pu faire notre boulot de journaliste. J’ai juste trouvé que t’avais eu la mention bien au bac en 2012 (félicitations). Peux-tu donc te présenter stp ?

un petit "croisons-les" : Bastien Weepu
Un petit “croisons-les” : Bastien Weepu…


Scolairement je suis à l’IAE, à Toulouse. Je prépare un Master en management du sport. J’ai joué à Lavaur pendant 15 ans, et cette année comme Lavaur est monté en Fédérale 1, je suis parti à St-Sulpice pour éviter les déplacements à Massy, Bobigny et compagnie, et pour avoir du temps de jeu qui est plus conséquent je pense qu’en Fédérale 1.

 

Ah c’est raté du coup.

Ouais du coup je suis dans la merde !

 

Désolé mais je suis un peu obligé de poser la question : il parait que c’est une mauvaise idée de jouer à St-Sulpice contre le vent, tu peux commenter ?

[Il met looongtemps à comprendre, avant de rire] Hé je sais pas, on n’a pas trop de vent…

 

Raconte comment t’as appris la nouvelle de la venue de Weepu

Il est venu à l’entraînement mardi (16 février), avec Sivivatu. Parce qu’en fait on a un Fidjien qui joue avec nous, Manasa Bola [ndlr : un ancien international fidjien], qui est vachement ami avec Sivivatu. Le club en gros a relancé Manasa de la galère, niveau professionnel et rugbystique, et du coup Sivivatu a voulu rendre la pareille. Il a su que Weepu voulait rentrer au pays, et lui a dit que s’il voulait il pouvait se relancer ici. Après financièrement j’espère qu’il aime la bière car les primes de matchs se règlent à la tireuse.

 

Et vous en pensez quoi ? L’équipe en général et toi en particulier ?

C’est le même avis pour tout le monde, c’est que c’est un truc de fou, on réalise pas. Il était à l’entraînement vendredi, personne n’ose lui parler, tu peux pas lui dire “ouais défends intérieur de moi ou quoi”, il sait de quoi il parle, quoi. Et après, personnellement… je suis compétiteur donc c’est un coup dur [rires]. Mais après c’est énorme, on vit avec un des meilleurs joueurs au monde, il a été un des meilleurs joueurs au monde.

 

Tu disais qu’il était déjà à l’entraînement, comment ça s’est passé ?

Très bien, il est accessible il a l’air vachement sympa. C’était mise en place on avait un match ce week-end, du coup il a défendu avec les remplaçants, donc c’était tranquille. Mais bon on a fait exercice de passes pour s’échauffer, j’ai jamais vu ça de ma vie, des passes de 30 mètres, un truc de dingue. Après au repas il a mangé avec tout le monde, il a rapporté son assiette, ses couverts et tout.

 

Après être montés de Promotion Honneur l’année dernière, vous caracolez en tête en Honneur cette année. Du coup, vous en avez vraiment besoin, du champion du monde ?

Non mais on peut pas refuser un type comme ça, c’est impossible. N’importe quel club, à notre niveau, tu peux pas dire “on n’en veut pas”. Après les entraîneurs ont insisté sur le fait qu’il bouleverserait pas l’équilibre du groupe, il va pas faire la pluie et le beau temps, vu que ça marche quand même pas mal. Le président l’a répété, il va pas bouleverser le groupe. Mais sportivement c’est sûr qu’il va apporter un gros plus. Nous déjà c’est du très très haut-niveau, il va apporter.

 

... et Piri Catala
… et Piri Catala


 

Tu penses que la cohabitation à la mêlée va se passer comment, le coach t’en a parlé ?

Non non pas du tout, après le groupe vit bien, donc ça va bien se passer.

 

Oulah, “le groupe vit bien” ? C’est un élément de langage ça, c’est mauvais signe, ça veut dire que ça se passe mal. “Vous vous êtes dit les choses” ?

Non non, y a rien à se dire, tout va bien.

 

Je suppose que toute l’équipe parle couramment anglais, y aura pas de problème d’adaptation du coup.

Oh oui, tout le monde est bilingue, trilingue, y aura aucun souci !

 

J’ai consulté le règlement, et en Honneur je lis que le salary cap est à 2 emplois fictifs aux espaces verts de la ville et une clio prêtée par le concessionnaire local. Comment le club compte-t-il rester dans les clous ?

Alors en fait je crois que le président lui a proposé un mi-temps au McDonald’s de St-Sulpice, mais je sais pas s’il va y aller. Pour la voiture on a un partenariat avec les Renault Courier, donc je pense qu’il aura la même que tout le monde.

 

Je lis dans votre règlement intérieur : « Pour une arrivée en cours de saison, la nouvelle licence ne sera créée que si le paiement [de la cotisation annuelle] a été acquitté en totalité. » Penses-tu que Piri ait payé en totalité sa cotisation avant que sa licence soit demandée ?

Oui je pense que c’était tout bon. Enfin il a demandé à répartir le prix en 4 fois, parce qu’il était un peu juste le mois dernier, mais là c’est bon tout est carré.

 

Face à un client comme ça, il est probable que le championnat se joue sans toi. T’espères grappiller du temps de jeu dans le Challenge Européen du coup ?

Oui tout à fait. Nous on a la coupe Crédit Agricole, la coupe Mickey on l’appelle, là je devrais jouer un peu. Bon après si on monte en Fédérale il pourra pas rester, donc c’est juste quelques mois.

 

J’ai un contact à Oyonnax, ils cherchent un demi de mêlée (ils ont dû en virer un y a pas longtemps), tu serais intéressé ?

Oui bien sûr. D’ailleurs je me fais appeler de partout, maintenant que je suis dans la lumière. Je pense que je vais changer de numéro de téléphone.

 

Toi personnellement, tu penses que tu vas en profiter ? Qu’il va t’apprendre des trucs ?

Je pense pas que je vais aller l’embêter tout de suite ce soir (mardi 23), parce qu’avec le monde, tout ça… Mais je vais lui demander vendredi si c’est ok qu’il vienne une demi-heure avant pour m’expliquer des trucs…

 

Non mais je pensais plus à la 3ème mi-temps moi.

Aaah la troisième mi-temps ! [rires] Oui je pense qu’il peut nous apprendre des trucs, il parait qu’il est costaud !

 

On dit que c’est au contact des meilleurs qu’on apprend le plus. Dans quels secteurs tu penses que vous pouvez le faire progresser ?

Euh… là je sais pas… [Il cherche désespérément] à la coinche peut-être ? Je sais pas s’il y jouait à Oyonnax…

 

Pour terminer, on va voir si t’es au point pour le reste de la saison, voici une orange et un couteau, montre-nous ce que tu sais faire.

 


Et si Jonah Lomu n’avait pas été Jonah Lomu…

 

Par Damien Try

Si le 18 novembre 2015 fut un triste jour pour l’athlétisme néo-zélandais, l’émotion ne s’est pas propagée plus loin, la mort de Jonah Lomu ne sortant pas du microcosme de cette discipline mineure dans un pays où le rugby est roi. Les fans français de rugby n’entendront donc jamais parler de ce sprinteur de l’hémisphère sud.

Pourquoi cela aurait-il été le cas ? Il fut certes un jeune prometteur, grappillant les records de son lycée et les belles prestations aux championnats nationaux, accrochant même quelques sélections internationales, mais sans jamais se révéler au grand public. Sur le tard il s’essaie bien au rugby, incité par l’exemple du champion junior de Nouvelle-Zélande du 100m Doug Howlett, mais ses lacunes techniques sont trop grandes et il n’atteindra même pas un niveau d’un club phocéen de Fédérale 1.

Pas d’impact donc pour les fans français, concentrés sur les premières journées de la dixième Coupe d’Europe. Une compétition largement dominée par les Écossais et les Français, le rugby à XV étant à peine professionnel en Angleterre où la version à XIII focalise toutes les attentions. Bath se déplace donc sans grandes ambitions à Clermont-Ferrand, mais les Auvergnats pourront tout de même se régaler du duel en seconde ligne entre Aurélien Rougerie et Matt Banahan. Les désœuvrés attendent les matchs du week-end devant une petite partie de David Marty Rugby 2011 sur Playstation, seul jeu vidéo de rugby à ce jour.

De son côté, la Nouvelle-Zélande continue de fêter son titre de championne du monde, et si la 3ème place de l’Afrique du Sud est vue dans ce pays comme une petite déception, le pays se console en célébrant le record d’essais marqués en Coupe du monde de Brian Habana. L’ailier bok a profité de la petite finale pour jouer complètement libéré son jubilé international et a marqué un hat trick historique !

Non, vraiment, la seule nouvelle importante pour le monde du rugby est la retraite de l’emblématique capitaine des Blacks, annoncée le même jour. Mais ce dernier sait qu’il ne laisse pas son pays démuni : la dernière Coupe du monde a vu l’avènement de Julian Savea, un joueur au potentiel semble-t-il illimité, que son gabarit inhabituel à son poste l’aura fait surnommé par la presse spécialisée le « Jean-Baptiste Gobelet noir ».

Pourquoi la France doit battre les All Blacks

 

Par Damien Try
 

Alors que le monde entier

Alors que les quelques nations qui jouent au rugby

Alors que les quelques personnes qui s’intéressent au rugby dans les 10 pays qui pratiquent ce sport s’apprêtent à vivre un week-end passionnant, le monde du rugby ne semble pas se rendre compte qu’il est au bord du cataclysme. En effet, un match peut faire basculer notre sport. Si la France perd samedi soir, les conséquences seront terribles. Ce texte n’est pas un pronostic, ni une tentative d’auto-persuasion (nous n’en sommes plus là). Non, c’est bien plus grave. Il a pour but de convaincre l’intégralité des parties prenantes que la France DOIT battre les All Blacks. Dans un monde où Sean O’Brien voit sa sanction réduite à une semaine parce qu’il a aidé à organiser les Jeux Paralympiques et parce que son entraîneur a dit que c’était un bon gars (véridique), il doit être possible aux instances de faire quelque chose. Oh, rien de bien flagrant, hein. Un arbitrage des hors-jeu dans les rucks intransigeant, un réalisateur qui s’attarde sur certaines actions et qui préfère filmer les tribunes plutôt que s’amuser à repasser comment Nakaitaci a aplati le ballon, une pièce qui tombe du bon côté, ce genre de choses quoi. Pour le bien du rugby, les All Blacks ne doivent pas gagner samedi, et voilà pourquoi.
 

Alors je vous vois déjà partir sur vos grands chevaux : le French Flair, l’exception culturelle, l’esprit romantique, les clefs du camion, etc… Vous pouvez vous pignoler sur l’élément de langage que vous voulez, mais je vais déjà rappeler une réalité statistique qui impose une victoire française. Premièrement les Français n’ont jamais perdu en 1/4 ou en 1/2 contre les Blacks. Ça serait triste de faire rentrer Philippe Saint-André dans l’histoire, même de funeste manière. Ensuite il y a la fameuse récurrence des 8 ans : 1999, 2007 donc 2015. Si ça marche demain les types en 2023 (en admettant que ce jeu existe encore) arriveront sur le terrain les mains dans les poches. Mais surtout il me semble que chaque sélectionneur aura eu son coup de French Chatte, le match ou la série venue d’on ne sait où. Rien que sur les dernières années, Villepreux et Skrela ont vu Dominici battre Lomu (sérieusement ?), Laporte a assisté à l’avènement imprévisible de Dusautoir et même Lièvremont a battu les Anglais puis les Gallois après avoir perdu contre les Tonga. Pour l’instant PSA n’a pas eu droit à son morceau de chance (ou alors c’est d’avoir réussi à tenir 4 ans). La France doit battre les Tous Noirs, ou un pan entier des statistiques s’effondre.
 

D’autre part, regardez le tableau. Tous les 1/4 sont nord contre sud. Le pays de Galles décimé ne fera pas l’exploit qualifié d’HISTORIQUE par certains de battre l’Afrique du Sud. Pour peu que les chistéras de Juan-Martin arrivent à destination, l’Argentine bien aidée par les brise-tout français devrait disposer de l’Irlande. La dernière affiche, Ecosse-Australie, se passe de commentaires. Verra-t-on les 4 équipes crédibles de l’hémisphère sud se disputer le titre ? Cela serait un coup d’arrêt terrible pour le rugby nordiste et donc international.
 

Ensuite il y a une vraie exigence commerciale, marketing, d’image pour que les Bleus continuent dans la compétition. Une défaite, c’est la GMF, la Société Générale, BMW, TF1, Sofinco, St-Yorre, et bien d’autres qui ne verront pas de retour sur leur investissement. Vu l’état de l’économie néo-zélandaise, il n’y a bien que la brasserie Steinlager qui pâtirait d’une élimination prématurée. Et bien pire, plus proche de toi lecteur, un petit business subirait durement l’éviction des Français. Imaginez un site internet de trublions décalés jubilatoires, qui aurait contracté des dettes pour se faire un stock de Ricard andorran, comptant sur un engouement pour le rugby sans précédent en France et anticipant des ventes mirifiques de livres et t-shirts vantant la French Chatte. Ces petits artisans, cette France qui se lève presque tôt, seraient bien emmerdés. SVP les gars déconnez pas putain j’ai pas envie d’avoir les mêmes problèmes que Morgan Parra (et je parle pas de Tillous-Borde).
 

On peut aussi mesquinement dire que 2 semaines de PSA en plus, c’est 2 semaines de Guy Novès en moins. Là maintenant vous vous rendez pas compte parce qu’on n’entend plus trop parler de lui, mais dans 3 ans quand il vous expliquera qu’il faut respecter cette équipe de la Namibie et qu’il remplacera Doussain par Bézy 10 minutes avant le coup d’envoi, vous penserez à moi.
 

Enfin et surtout, il ne faut pas que la France perde samedi. Parce que sinon ça veut dire qu’il va falloir de nouveau s’intéresser au Top 14, et sincèrement j’ai plus la force d’entendre Eric Bayle qualifier Pau-Oyonnax de « belle affiche ».
 
 

Plaidoyer pour CJP

 

Par Damien Try

 

Cette fois on y est, c’est la Coupe du monde ! La Coupe du monde, c’est l’occasion pour tous les amateurs de rugby de se gaver d’ovalie pendant deux mois, d’enchaîner un petit Japon-Namibie avec un Géorgie-Tonga et ce sans honte, car « c’est la Coupe du monde ».

Mais pour les fans exclusifs de rugby et non les traditionnels sportifs de canapé qui meublent l’entre deux Tournois par la Ligue des champions, la Coupe du monde de rugby c’est surtout l’occasion de retrouver l’homme le plus haï de la rugbysphère française (après Craig Joubert) : Christian Jeanpierre. Ce fut un festival il y a 4 ans, à tel point qu’on commentait plus les commentaires que les matchs. Et ça sera sans aucun doute le cas pendant deux mois, puisqu’on voit déjà fleurir çà et là les premiers gémissements de Cassandres :

 

BRACE YOURSELF
BRACE YOURSELF

 

Alors certes, l’homme n’est pas le plus habile commentateur. On pourra lui reprocher sa connaissance assez superficielle des règles, avec notamment une explication fantaisiste de la règle du plan vertical (entrecoupée de la gêne savoureuse d’un Thierry Lacroix qui, ne sachant comment sauver le coup, avait choisi de ne rien dire). Les petits tics de langages « Et-l’on-ouvre », le « Rappelons la règle, Thierry », ainsi que la « touche intéressante ». Un « Jérôme Bonnaire » perdu sur le terrain. Et bien sûr la séquence interminable de l’imminente victoire historique des Gallois contre les Boks (même s’ils étaient menés au score).

Mais Christian Jeanpierre commentera cette Coupe du monde. Et c’est une bonne nouvelle pour tout le monde, voyez ce qui suit. Vive Christian Jeanpierre, merci TF1.

 

– Tout d’abord, CJP c’est la caution familiale de la première chaîne, l’initiateur rassurant qui va permettre l’intégration en douceur dans le monde du rugby de la ménagère de plus de 50 ans, du pré-adolescent et du fan occasionnel qui est surtout là parce que ses potes lui ont dit qu’il y aurait de la bière. Tous ces gens qui chercheront en vain sur le terrain Vincent Clerc, Sébastien Chabal et Jonny Wilkinson ont besoin de lui. Pour les personnes qui chercheront sur le terrain Sofiane Guitoune en revanche ni lui ni personne ne pourront rien faire.

– C’est aussi une bonne nouvelle pour les Toulonnais, car comme pour eux l’apparition sur le terrain de « Sonny Bill » provoque chez lui des réactions étonnantes pour un homme hétérosexuel.

– Imaginez : Pendant la deuxième mi-temps contre le Canada, le XV de France traîne son avance de 8 points, incapable de dérouler un fond de jeu inexistant, face à une équipe qui résiste grâce à une défense basique. PSA vous a donné l’envie de vous ouvrir les veines pendant son interview. Vous hésitez à lancer un bon vieil épisode de Louis la Brocante. Et là, un petit « J’ai rigolé car il avait son corps en position de saucisson » ou une autre invention de génie comme seul CJP sait les faire vous remet pleinement dans le match.

– Et puis, réellement, au fond d’eux-mêmes, les experts et expertes auto-proclamés sont bien contents de l’avoir. Car dans un sport obscur où chaque mêlée, chaque ruck, chaque maul est une énigme, il n’y a que deux sujets qui font l’unanimité : les nullités du sélectionneur français du moment et de Christian Jeanpierre. Le commentateur de commentaires pourra donc à loisir se plaindre et se moquer de ce dernier, y compris (je l’ai vu !) quand ce n’est pas lui au micro. Se plaindre de son inculture rugby (alors qu’on regarde soi-même à peine le Top 14). De sa méconnaissance des règles du jeu, alors que soyons francs, qui les connait ? Au fait, vous la connaissez, vous, la vraie règle du plan vertical ? Un arbitre nous l’a expliquée, c’est dans #LeMeilleurLivreDuMonde (sortie le 27 août), mais perso j’ai déjà oublié. L’animateur (qui n’est donc ni technicien, ni consultant) permet ainsi à l’amateur éclairé affalé de se sentir supérieur et d’étaler son bagage rugbystique. En définissant le néant intersidéral, il permet au premier Jean-Michel Ckelchen de briller comme une étoile.

– Et enfin, et c’est bien sûr le plus évident, si c’est Christian Jeanpierre qui parle dans le micro ça nous évite Pierre Salviac. Merci Christian.