Présentation Coupe du monde 2023 : L’Argentine
par Damien Try

  • 24 August 2023
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Par Damien Try.

 

Tout au long de l’été, la Boucherie Ovalie vous présente en détails les 20 équipes qualifiées pour la Coupe du monde 2023. Basé sur le modèle de ce qui avait été publié dans le livre La Découpe du monde du rugby en 2019, ces fiches pays vous offriront un cocktail de ce que nous savons faire de mieux depuis désormais plus de 10 ans : un savant mélange d’analyses pointues, d’informations approximatives et de blagues douteuses.

 

Fiches déjà publiées :

Le Chili

Le Portugal

La Roumanie

La Namibie

Les Samoa 

L’Écosse

La Géorgie

Le Tonga

L’Uruguay

Les Fidji

L’Italie

 

L’Argentine

 

 

Notation :

Passion : +++
Beau jeu : +++
Bogossitude : +++
Arrières grand-parents : – – –
 

L’emblème :

 

 
Bien que surnommés les Pumas, les Argentins ont arboré pourtant pendant plus d’un siècle un jaguar sur leur maillot. L’histoire est connue : c’est un journaliste sud-africain qui commit la méprise alors qu’il leur cherchait un sobriquet. Mais depuis ce printemps, l’erreur est réparée. Non, on ne se met pas à surnommer les Argentins “les Jaguars”, ce sont les Argentins qui ont changé leur logo, désormais véritablement un puma, donc. Un peu comme ce pote pas très sûr de lui qui finit par assumer un prénom qu’on lui aurait attribué par erreur lors de son arrivée dans le groupe. On constatera en tout cas que les Argentins sont bien plus arrangeants que les Néo-Zélandais, car on attend toujours la compo All Blacks composée uniquement d’arrières. Petit espoir de victoire pour le XV de France lors du match d’ouverture ?

 

L’équipe :

 
L’Argentine est une équipe bien connue des Français, rapprochés par leur esprit latin qui est chose rare dans le paysage du rugby. C’est pourquoi de nombreux Argentins ont retraversé l’Atlantique pour revenir occuper notre championnat, avec des colonies localisées selon les époques, souvent à Paris ou Montpellier. Ils ont fait le bonheur de nos clubs, avec leurs arrières flamboyants et aux noms rigolos tels que Santiago Chocobares ou Jerónimo de la Fuente, et leur avants aux têtes de truands de films noirs et imbougeables en mêlée comme Agustín Creevy ou Mario Ledesma. Impossible non plus de ne pas citer Agustín Pichot ou Juan Martín Hernández, le premier ayant fait aux Français autant de mal sur les terrains que le second en a fait dans les cœurs.
 
Le bilan international de l’équipe n’est pourtant pas tellement plus glorieux que le repeuplement du pays en fin de première moitié du XXème siècle.
 

Pas de commentaires, allez on enchaîne.

L’Argentine a effectivement longtemps végété aux portes du haut-niveau, servant souvent de faire-valoir à la France lors de tournées d’été, accrochant parfois une victoire de prestige. Mais tout a changé en 2011, lorsqu’ils ont intégré le Rugby Championship, où ils servent désormais de faire-valoir à l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud, accrochant parfois une victoire de prestige. Le bilan en Coupe du monde n’est donc pas très flatteur, avec seulement deux “petites finales” dont une remportée en 2007 face à l’organisateur français. Le premier quart d’heure du match de 2015 contre l’Irlande mériterait un trophée tant le jeu produit fut magnifique, mais malheureusement battre les Irlandais en ¼ ça ne compte pas totalement.
On peut tout de même noter une réelle amélioration ces dernières années, tout d’abord par la constitution d’une véritable équipe professionnelle en la province des Jaguares, franchise de Buenos Aires qui intègre le Super Rugby en 2016 et servira d’incubateur pour l’équipe nationale. En seulement quatre saisons elle accède à la finale du championnat sudiste, et semble promise à un bel avenir. Et puis… le Covid tu connais ? Tout s’écroule pour le rugby professionnel argentin, l’équipe se retrouve en Súperliga Americana et les joueurs regagnent l’Europe.
Une seconde amélioration plus récente est probablement due au nouveau staff. Viré de la tête de sa sélection nationale australienne en 2019, Michael Cheika a pris les rênes de l’équipe argentine en 2022 après un Rugby Championship calamiteux, et a amené son équipe à quelques belles victoires, notamment à Twickenham et en Nouvelle-Zélande. Malgré un dernier Rugby Championship en demi-teinte, l’Argentine est sur une belle dynamique et pourrait bien profiter d’une poule D complètement pétée.

 

Le joueur à suivre :

 
Une fois n’est pas coutume, la Boucherie va mettre à l’honneur un ancien joueur du Racing : Emiliano Boffelli. Excusons-le, après l’effondrement des Jaguares, le malheureux garçon s’est retrouvé le bec dans l’eau et a dû se rabattre sur ce qui était disponible. Après son départ, il n’a pas manqué de pourrir son ancien club, ce qui attire forcément notre sympathie. Mais une fois qu’il a retrouvé le monde du rugby, à Edimbourg, l’arrière ou ailier est revenu sur le devant de la scène. Joueur “clutch”, faisant la différence aux instants cruciaux des plus grands matchs par des actions de classe, c’est un peu le Teddy Thomas argentin. Un Teddy Thomas précieux sous les ballons hauts, impeccable en défense et qui butte pour son équipe. Pas Teddy Thomas, donc.
 


Pour retirer la joie de vivre à un homme, il suffit d’ajouter un liseré bleu-blanc-rouge à son polo.


 

Calendrier :

 
– vs l’Angleterre, le samedi 9 septembre à Marseille (21h)
– vs les Samoa, le vendredi 22 septembre à St-Etienne (17h45)
– vs le Chili, le samedi 30 septembre à Nantes (15h)
– vs le Japon, le dimanche 8 octobre à Nantes (13h)

 

Le scénario idéal :

 
Dans une poule très ouverte, il est important de rentrer immédiatement dans sa compétition. Ça tombe bien, les Argentins sont des habitués des matchs d’ouverture (1999, 2003 et bien sûr 2007). Ils cueillent à froid des Anglais, particulièrement marqués par l’invective du capitaine sud-américain en début de rencontre : “Mon nom est Julián Montoya. Vous avez tué mon père (lors de la guerre des Malouines). Préparez vous à mourir.” Les Samoans s’avèrent à peine plus coriaces et les Pumas croquent le reste des poules. En ¼ de finale, un pays de Galles moribond, rescapé de ce qu’on appelait la poule de la mort mais qui s’est avérée la poule de la léthargie, ne fait que piètre opposition. C’est ainsi que les Argentins se retrouvent face aux All Blacks, sans avoir eu un seul match difficile. La marche est trop haute, et bien qu’ayant réussi à élever leur niveau de jeu en seconde mi-temps, l’Argentine échoue une nouvelle fois à atteindre la finale. Ils retrouvent la France en petite finale, une France déboussolée puisque Fabien Galthié décide de quitter le groupe avant le match, comme en 2003. Sans son sélectionneur, l’équipe utilise la polyvalence des joueurs pour une composition… disons alternative : Boudehent au centre, Ramos à l’ouverture et Mauvaka en 8. La très belle entrée en fin de match de Sekou Macalou en tant que demi de mêlée, qui trouve ici son véritable poste, sera insuffisante pour sauver l’équipe et c’est ainsi que l’Argentine remporte sa deuxième médaille de bronze. Bastien Chalureau échange son maillot avec Pablo Matera.

 

Le scénario catastrophe :

 
Lors de son entame de compétition face aux Anglais, privés de Farrell et Vunipola, Tomás Lavanini et Marcos Kremer (tout juste de retour de suspension) réalisent que la violence, c’est mal. Cela pénalise plus leur équipe qu’autre chose, et en plus ça ne donne pas une bonne image du rugby. Ces hommes de la pampa décident donc de ne plus être parfois rudes, se contentant d’être courtois. Sans ce “supplément d’âme”, et forcément bousculée dans les rucks, l’Argentine fait pâle figure face à une équipe plus rugueuse comme les Samoa, ou contre les Chiliens galvanisés par l’idée de taper leur immense voisin dans ce Empanadasico. Grâce à quelques bonus malingres, l’Argentine sort deuxième de son groupe, et Michael Cheika retrouve en quarts son ancienne équipe : l’Australie. Animé par une volonté de revanche qui le submerge, c’est la bave aux lèvres qu’il motivera son équipe toute la semaine. C’en est trop pour nos nouveaux sages Lavanini et Kremer, et tels des viandards qui retrouvent devant une énorme côte de bœuf après avoir essayé le végétarisme pendant un mois, ils se ruent sur les Wallabies. Bagarre générale dès la première minute et carton rouge pour nos deux compañeros, ainsi que deux Australiens embarqués dans la malheureuse affaire. L’Australie étant bien plus forte au jeu à XIII, c’est elle qui remporte le match de justesse, après un choix discutable de l’entraîneur des arrières Felipe Contepomi qui fait tenter une pénalité à 22m en face à son buteur à la 79ème, alors que l’Argentine était menée de 4 points.