Le Lab’ougnat analyse Clermont – Ulster (19-15)

Y’a fourchette là non messieurs de l’ERC ?

Par Jamie Scud More

 

Le contexte :

C’est simple, l’ASM doit gagner. Un point de bonus offensif placerait les Clermontois dans les meilleures conditions pour recevoir un quart à Michelin.
Malheureusement, les Irlandais ne l’entendent pas de cette oreille (grande et décollée). Jusque-là sous-estimés, ils ont fait exploser Leicester lors de la journée précédente (victoire 41-6). Ils se présentent donc en terre auvergnate avec le statut de premiers de poule et trois points d’avance sur les Jaunards. De plus, la défaite de Toulouse de la veille les a déjà qualifiés. Ils jouent pour un quart à Ravenhill.
Vern Cotter a annoncé la couleur pendant la semaine. Ce ne sera pas du sang, de la sueur et des larmes mais du combat, de l’engagement et une grosse défense. La composition qu’il propose suit cette ligne directrice : un cinq de devant rugueux et puissant en mêlée (globalement hein !), deux scies sauteuses aux postes de flanker et la Skrele en 10, censé apporter plus de sécurité en défense que Brock-plaquages en mousse- James.

 

Le match

L’ASM commence très fort d’entrée. Sivivatu démontre avec brio et sans déambulateur qu’il a retrouvé ses jambes. Il dépose littéralement un défenseur adverse, navigue entre quatre autres et passe à Rougerie en position d’ailier. Celui-ci retrouve avec difficulté ses premiers amours et son débordement se termine par un passe intérieure dégueulasse et légèrement en-avant. Les trois-quarts auvergnats, Sivivatu en tête affolent la défense adverse mais manquent de précision dans les derniers gestes.
Les plus optimistes (ou cons), dont je fais intégralement partie se mettent à rêver du match de la semaine précédente. Malheureusement, les Irlandais ont plus d’expérience et de roublardise que les Italiens et profitent de ces imperfections pour faire tomber le match dans un faux rythme, grâce à un excellente charnière  et une troisième ligne tout irlandaise.

Parra tente de débloquer la situation grâce à une action où il excelle, dit la « Dellape feat Berdos ». Il choisit donc un deuxième ligne irlandais bien con et bien bourrin (notre maître à tous), va le provoquer, le pachyderme lui fait le coup de la corde à linge, le merdeux surjoue et le deuxième latte prend un carton sans avoir rien compris à l’histoire. Ensuite Morgan se recoiffe (mais pas trop) et pour se venger du gros méchant. Parra bute (oui, je sais c’est nul) et passe trois points.
Malgré tout, les Irlandais restent des maîtres es pourrissement du match. Les demis profitent de chaque erreur auvergnate pour renvoyer les Montferrandais dans leur camp. On assiste à un duel de buteurs des plus ennuyeux et qui tourne malheureusement à l’avantage de Piennar, le demi de mêlée sud-africain de l’Ulster.

Le Michelin est moi-même devenons alors parano, redoutant alors un complot irlando-arbitral orchestré par l’ERC et le mage noir Lux, une nuit de pleine lune.
Heureusement, Fofana transperce, les gros sont au relais, pilonnent, et Tii Paulo s’écroule d’en l’en-but. Le Michelin s’embrase et je hurle avec eux « qui ne saute pas n’est pas Auvergnat ! ». Les Irlandais reviennent à un point grâce la botte de Piennar, mais Morgan passe trois points supplémentaires : 19-15. L’Ulster dispose alors d’un pénaltouche à 10 m de la ligne jaune et bleue. La défense tient bon, les Irlandais font un en-avant, la mêlée est stable et Brock tape en touche.
Fin du match, Clermont prend la première place avec 20 points grâce à meilleur nombre d’essai que l’Ulster. Les deux clubs sont qualifiés mais ne recevront pas en quart. L’Ulster se déplacera au Munster. Clermont ira défier les Saracens de Londres et recevront en demi en cas de victoire.

 

Les joueurs

Lionel Faure : discret, comme à son habitude, a globalement bien tenu face à la mêlée de l’Ulster que l’on annonçait destructrice.

Benjamin Kayser : gros boulot en mêlée fermée, plutôt propre en touche, un peu moins actif dans le jeu courant

Clément Ric : il n’en finit pas de progresser. Il a été très puissant en mêlée. Malheureusement pas encore assez roublard, il s’est fait pénaliser. Un gros match et des promesses.

Julien Pierre : On ne l’a pas vu. Il paraît que c’est bon signe. Je n’en suis pas trop convaincu…

Nathan Hines : Puissant, et surtout à démontré à quel point il était un vieux briscard. Il est l’auteur de gestes à la limite de la faute. S’il se fait sanctionner une première fois (il retient ouvertement deux joueurs sans ballon), son déblayage sur le défenseur au ras amène l’essai de de Tii Paulo. Du grand art !

Gerhard Vosloo : Partout. De nombreux et gros plaquages. Il a même réalisé de nombreuses percées au ras. Un des hommes du match.

Julien Bardy : Présent dans le même registre que le Sudaf’, il a été un niveau en dessous, mais quand même très bon. A commis sa faute à la con habituelle.

Julien Bonnaire : Comme d’hab’ : bon en touche, puissant. S’est parfois retrouvé en 10, pour pallier l’incurie de Skrela. Quand on vous dit qu’il sait tout faire !

Morgan Parra : Grand match (100% au pied), bon éjecteur, a fait péter les plombs à un deuxième ligne adverse. Il ne manque qu’un essai de rat (avec franchissement dans la zone arbitre par exemple) pour réaliser le match parfait.

David Skrela : Mauvais match pour l’international français. S’est cantonné à un jeu stéréotypé, entre du jeu au pied (moyen) et des retours intérieurs inutiles. Les acclamations qui ont suivi l’entrée de James sont éloquentes.

Julien Malzieu : Excellent, puissant, opportuniste sur les rares ballons qu’il a eu à négocier. A noter : un cul mis au 2ème centre irlandais alors que le Zen est arrêté et un superbe percée au ras suivie d’un cadrage débord où il est malheureusement rattrapé par le bout de la chaussette.

Wesley Fofana : puissant, tonique, technique, que demander de mieux. L’action qui ammène l’essai clermontois est éloquente. Il perce, navigue, est pris va au sol, transmet le ballon à Malzieu dans sa chute. Du SBW sans les tatouages, la gonflette et la grosse tête.

Aurélien Rougerie : S’est retrouvé plusieurs fosi en position de débordement, sans succès. A toujours un problème avec ses plaquages. En fait il cherche toujours à prendre le joueur au ballon. Si le joueur n’est pas lancé ou n’a pas eu le temps d’anticiper un carnage s’ensuit car Roro est quand même gaillard (et ce sans être briviste). Dans le cas d’un joueur lancé, il est aussi efficace que Brock.

Sitiveni Sivivatu : S’améliore de match en match, sauf au pied… Pèse vraiment sur les défenses, rappelle un certain Napolioni aux Clermontois.
Lee Byrne : Du solide. Précieux en l’air, puissant au pied, tranchant lorsqu’il s’intercale. Un vrai bon joueur.

 

Les remplaçants :

Vincent Debaty a apporté son dynamisme dans le jeu, en faisant reculer les Irlandais à chaque impact, tout comme Tii Paulo, récompensé par son essai. Kotze a été à son habitude, propre. Jamie est rentré trop tard pour coller des tartes, dommage, certains Irlandais auraient mérité. Lapandry a continué le boulot de ses prédécesseurs.  Saint Brock a fait une bonne rentrée même si il n’a pas eu de chance avec un rebond. King a quant a lui fait une rentrée mitigée. A noter pas une seule connerie de Senio sur ce match. Comment ça il n’est pas rentré ?

 

Les Irlandais :
Un cinq de devant costaud, qui a posé des problèmes aux Clermontois en mêlée, mais pas bien malin en la personne de ses deuxièmes lignes. Une troisième ligne pénible, dont on a envie de crever les yeux (Julien et David, c’est au sens figuré ! Laissez ce monsieur Ferris !), une charnière excellente dans la gestion. Des trois quarts un peu à la peine car sevrés de ballons.

Le Lab’hérault analyse Leinster – Montpellier (25-3)

Gang bang arbitral ?

Par Fufu Bieragogo, qui inaugure le Lab’hérault, pour les lèvres gercées. Oui, cette blague est Frêche.

 

Le contexte :

Le vice-champion de France se déplace sur la pelouse du champion d’Europe en titre. Si sur le plan comptable, le match est sans importance (le Leinster finira 1er de poule et sera champion d’Europe ou pas loin, et le MHRC est déjà éliminé), sur le papier, avouons que ça a de la gueule : Montpellier aligne son équipe-type, tandis que le Leinster est amputé de son demi d’ouverture Johnny Sextoy,  reconverti pour le coup en Waterboy, ainsi que de son capitaine emblématique, le Chuck Norris irlandais Brian O’Driscoll. On se dit alors qu’il pourrait y avoir un infime espoir de victoire pour les Héraultais, capables du meilleur comme du pire. Comme dirait l’autre, sur un malentendu, ça peut marcher. C’est donc dans une RDS Arena remplie d’Irlandais eux-mêmes remplis de bière que nos sympathiques Montpelliérains vont tenter de conclure leur première participation en H Cup par un exploit qui resterait dans les annales. Inutile de préciser qu’on est à Dublin et donc que le temps est… irlandais : plus de vent que dans une cornemuse, pluie horizontale. Captain Ouedraogo choisit de débuter contre le vent, et M. Paterson siffle le coup d’envoi. C’est le début de la fin.

 

Le film du match :

Dès le coup d’envoi de Madigan, le Leinster s’installe dans le camp du MHR, qui réalise qu’il risque bien de subir le jeu pendant les 40 prochaines minutes. Les Montpelliérains défendent bien, poussent les Irlandais à la faute : on se dit que tout est possible! Enfin, jusqu’à la 8ème minute et l’essai du troisième ligne O’Brien, suite à une attaque efficace du Leinster qui enchaîne les temps de jeu comme Boudjellal enchaine les injures. Sur sa lancée, le Leinster inscrit une pénalité, et rebelote à la 16ème minute, suite à un engagement « Davidskrelesque » de Trinh-Duc, l’arrière international Kearney dispose de 3 défenseurs, raffute Jean-Baptiste « Porte-de-saloon » Peyras et va aplatir dans l’en-but.  Nous sommes à la 16ème minute et le Leinster mène 17-0. Et généralement, quand il y a plus de points marqués que de minutes jouées, ça sent pas très bon.

C’est le moment que choisit la bande à Galthié pour se réveiller, et pour mettre pour la première fois les pieds dans le camp irlandais. Et elle va y rester longtemps : pas moins de 15 minutes, pendant lesquelles nos braves guerriers à la fleur de ciste vont pilonner le rideau de fer irlandais avec des pick-and-go et autres mêlées à la pelle, sans écarter une seule fois. On aurait dit que les 16 avants sur le terrain s’adonnaient à une gigantesque partie de Twister. Gorgodze fait parler sa force et semble porter la gonfle en terre promise, mais M. Paterson, après arbitrage-vidéo, n’accorde pas l’essai. La partie de twister peut alors reprendre, et l’arbitre récompense le MHR en octroyant un carton jaune au deuxième ligne Browne, qui préfère sans doute le monopoly. Montpellier continue à y croire et pousse, emmené par son numéro 8 Tulou, qui enchaine les bons matchs, mais finit par céder et perd le ballon après 15 looooongues minutes de bombardement. Tout ça pour ça. Pour le spectacle on repassera. Le MHR, dans la lignée de la saison passée, nous montre qu’il a tendance à souffrir du « syndrome Michel Blanc » : il ne sait pas conclure.

Cet avortement rugbystique file un coup au moral aux pauvres Montpelliérains qui se disent alors que les hommes de Leo Cullen, l’homme issu du croisement entre le prince Charles et un troll, ne sont pas les champions d’Europe en titre pour rien. A la mi-temps, le score s’élève à 20 à 0 pour les Dubliners. Bon, on va pas vous mentir, on s’y attendait un petit peu. Montpellier va désormais jouer avec le vent dans le dos : la remontée fantastique commence!

C’est ce qu’on aurait aimé vous dire, mais dès la 42ème minute, Cian Healy, le « pilier moderne » (comprenez un pilier qui court comme un ailier et fait des chisteras) porte le ballon dans l’en-but, après un superbe exploit personnel de Nacewa, le seul non-Irlandais du Leinster, qui échappe à 5 défenseurs et échoue à 1m de la ligne. Le cauchemar continue pour les Héraultais : 25-0. Et à partir de là, plus rien. Le Leinster, assuré de recevoir en quart de finale, s’économise plutôt que d’aller chercher le bonus offensif, et nos Montpelliérains, à l’image d’un Mamuka Gorgodze qui aurait tout pour être l’égérie de Caterpillar, essaient en vain d’exister dans cette rencontre, et surtout de ne pas repartir Fanny. Ce qu’ils parviennent à faire à la 67 ème minute et une pénalité de Martin Bustos Moyano. 25-3. Rideau, y a plus rien à voir. La rencontre s’achève sur une nouvelle attaque stérile héraultaise. Si le match-aller avait été passionnant, ce Leinster-Montpellier qui avait tout d’un bon match épique, s’est montré à peine plus distrayant qu’un épisode de l’inspecteur Derrick.

Le MHR ferait bien d’oublier cette dernière joute européenne, et peut préparer la venue des guerriers roses de la capitale la semaine prochaine, pour continuer sa fulgurante remontée au classement. En attendant, cette fois, Fabien Galthié a une bonne raison de faire la gueule.
Le Leinster quant à lui, s’est montré impressionnant de maîtrise et de réalisme. Ils sont peut-être pas beaux, mais ils jouent bien au rugby. Et s’ils continuent sur cette lancée, ne cherchez plus le champion d’Europe 2012, ce sera le même qu’en 2011. Sauf si le Munster se rebiffe en finale…

 

Les joueurs :

Sur un match aussi terne-chiant-soporifique (rayez la mention inutile), difficile d’évaluer la performance des joueurs. Mais comme à la boucherie on est professionnels, on a fait un effort.

Montpellier : Le paquet d’avants n’a pas été ridicule, et a même dominé le secteur de la mêlée en première mi-temps. Mais voilà, contre une équipe du calibre du Leinster, être bon ne suffit pas. Ainsi, même Ouedraogo le capitaine exemplaire qui sait voler et guérir le cancer n’a pas su briller. Seuls Gorgodze et Tulou eurent des morceaux de viande irlandaise sous les crampons, ce dernier s’affirmant désormais comme un futur titulaire en puissance, au vu de l’apathie de l’autre numéro 8 fidjien Matadigros. A noter le match correct de De Marco, sorti sur blessure, ce qui n’arrange en rien le problème de la seconde ligne décimée avec la blessure de Fakaté et la suspension de Thibaut « le cerveau » Privat.

Derrière, pas de quoi s’extasier non plus. Tomas a été invisible, Trinh-Duc n’a pas su attaquer la ligne et cherche toujours ses vertèbres sur la pelouse, Bosch, Nagusa et Nadine Bustos Morano ont passé leur match à courir derrière Kearney et Nacewa. Quant à Peyras-Loustalet, on comprend pourquoi il n’était sur la feuille de match qu’en raison de l’absence d’Amorosino qui a dû se tromper d’avion. Sa défense « porte-de-saloon » a été saluée par les Irlandais, notamment par Kearney qui l’a remercié en lui adressant un raffut bien sympathique qui sera sans doute montré dans les écoles de rugby irlandaises. Yoann Audrin fut l’un des rares Montpelliérains à véritablement exister et à contenir son vis-à-vis O’Malley.

 

Leinster :

Il semble inutile de préciser que la globalité de l’équipe d’Irlande… pardon du Leinster, c’est vrai qu’il y a un Fidjien, a réalisé une grosse performance, notamment la troisième ligne Heaslip-O’Brien-Ruddock. Alors oui, il faut avouer que le Leinster est une équipe exceptionnelle, mais les Montpelliérains ont au moins eu le mérite de mettre le doigt sur une petite faiblesse de la province irlandaise : en effet, le Leinster a été pénalisé à de nombreuses reprises, notamment dans le secteur de la mêlée.  Amis auvergnats et occitans, vous êtes prévenus!

Rendez-vous en Terre trop connue, La Boucherie retourne au Racing

Le Jacky Lorenzetti Appreciation Club en folie

La Coupe d’Europe : la malédiction du Racing-Metro, qui, une fois de plus, ne se qualifiera pas  et qui fait le mauvais élève en pointant à la dernière place de la poule. Néanmoins, on pouvait s’attendre à voir des joueurs revanchards et pleins d’intentions de jeu du côté français, même si le jeu, on en a vu bien davantage au Racing depuis qu’ils ont enlevé les nœuds-pap’. Alors il faut croire que Colombes fait encore rêver, on ne sait pas pourquoi, Capitaine était content d’aller voir jouer le Racing.

Accompagné de Maman Ovale De Grâce, le jeune boucher venu de contrées post-soviétiques découvrait le monde des espions du sport ovale : la tribune presse regorgeait des Austins Powers locaux représentant les plus grosses sociétés de l’hexagone en la matière : L’Equipe, le Midol, RMC…(rugbynews).
Sans s’attarder sur les « collègues », ni même sur le staff écossais ou sur le frère Berbizier, les Bouchers s’émerveillaient sur la qualité de l’accueil toujours aussi élevé, les sièges sont désormais imprimés de leur noms, instant « tadadadam ».

 

On ne s’attardera pas non plus sur les gastonneries ovaledegrâcesques: la ola avec une bouteille d’eau ouverte, le téléphone -neuf- cassé après avoir imité un lémurien sous acides… quand la Boucherie voyage, elle le fait toujours avec la discrétion et le charme teinté de mystère dus à son rang!
A peine assis, un rapide coup d’oeil sur les tribunes de Colombes laisse présager une ambiance aussi folle qu’une conférence sur la matière et l’antimatière. Les supporteurs sont là pourtant, je crois, quelque part, ha, les équipes arrivent sur le terrain et les drapeaux du Racing surgissent dans les gradins. Oui, ils sont là, mais aussi actifs que Yoann Huguet à un test anti-dopage, il faut aller les chercher pour les faire lever et ils se lèvent quand ils en ont l’occasion…

La composition du Racing fait entrevoir de possibles bonnes surprises, comme la titularisation de Sebastien Chabal ou l’alignement de Hernandez-Estebanez-Steyn, alors on se dit qu’on a peut-être réellement bien fait de venir. Surtout qu’on retrouve Juan Imhoff à l’arrière, l’étoile du club parisien en cette sombre période, incontournable joker.

Le match commence et le froid s’installe jusque dans les chaussures, pour une fois, on boirait bien un thé plutôt qu’une bière…
Caveman s’empare de son premier ballon, avance sur 10 mètres au milieu de la défense écossaise et tout le stade se met à gronder en son honneur, comme s’il le méritait encore.
J’ai du mal à voir les fautes dans les rucks alors je cherche l’écran géant pour voir le ralenti… Nous sommes à Colombes et même le panneau d’affichage fait grise mine !
La première mi-temps se sera déroulée sans grands éclats, les équipes restent proches au score malgré une supériorité assez évidente des Racingmen qui semblent trop fébriles pour finaliser quelques une de leurs actions les plus prometteuses.

La seconde mi-temps démarre comme la première et on commence à se dire que le Racing s’enlise. Ils tentent d’envoyer du jeu et l’intention de marquer un essai est flagrante. Mais les ciel-et-blanc envoient peut-être un peu trop et perdent des ballons sur un trop plein d’envie de bien faire. Résultat, les arrières écossais s’en donnent à cœur joie et exploitent bien les ballons de récupération, à l’image d’un Tom Visser en forme, avançant sur toutes les actions.
Le club francilien comprends alors que le match va leur échapper et commence, à un quart d’heure de la fin, de tenter les pénalités avec Steyn à plus de 50m, sans succès, à l’image du Racing ce soir qui tente mais bute, enfin trébute, heu trébuche; mais pas comme William, la Bûche. Super blague.
Le match continue de tenir en haleine les spectateurs et la Boucherie, sur les réseaux sociaux, parie déjà sur l’essai écossais de la gagne à la dernière minute. Mais non, ce sera un drop qui viendra crucifier le Racing sur ses terres, l’abandonnant à la dernière place et une nouvelle défaite à son tableau. L’ambiance est pesante sur Colombes.

On attend tranquillement en salle de conférence que les entraîneurs des deux équipes viennent nous éclairer sur le pourquoi du comment se match a pu se dérouler ainsi. Berbizier arrive, s’assoie et explique et nous on comprend : Edimbourg était en-dessous mais encore en-dessous il y avait nous, résultat on leur donne le match : “C’est plus une défaite du Racing qu’une victoire d’Edimbourg”, “Je n’ai pas vu une grande équipe d’Edimbourg”. Bizarrement, aucun des journalistes agréés ne songe à demander à son homologue écossais ce qu’il en pense.

Les joues de Maman de Grâce se tatouent de rouge lorsqu’apparaissent en salle de presse les mollets baroques du Baron Lo Cicero dans la salle de presse, pas franchement léger, mais franchement court vêtu ! Je dois l’exfiltrer avant qu’elle ne décompense sévèrement en public !

La sortie n’était pas facile à trouver dans le manoir de Colombe aux milles vestiaires microscopiques, mais un éclaireur nous a indiqué le chemin du parking. Encore une fois, sortie sains et saufs du Donjon de Lorenzetti, les bouchers ont apprécié l’entrée, le plat manquait de sauce piquante et le dessert était un peu amer. Mais sans nul doute qu’ils sauront apprécier la prochaine fois, qui, nous l’espérons, leur permettra de voir comment c’est Colombe quand le Racing gagne…

Par Ovale de Grâce et Capitaine

Le Rade’Labo analyse Toulon – Lyon (29-10)

Le moine surfeur a encore frappé…

Par Pilou et Daniele Rairault, les Stone & Charden de la Boucherie, bientôt décorés de la légion d’horreur. Les vidéos, elles proviennent du très bon blog Parce que Toulon, qu’on conseille même à ceux qui ne peuvent pas encadrer ces voyous de Toulonnais.

 

Le contexte

Un match de Challenge Européen un dimanche soir de janvier est relativement facile à éclipser. De plus, lorsque l’on a un président comme Mourad Boudjellal, l’actualité du club ne tourne pas forcément toujours autour du terrain. Ces deux facteurs ajoutés font que l’on n’a pas beaucoup mis en lumière la troisième visite des Lyonnais à Mayol.

Toulon-Lyon donc, 4ème épisode d’une série commencée cet été avec un match amical, suivi d’un premier match de Challenge et du match aller en championnat. Trois victoires toulonnaises, dans des matchs relativement chiants, sans beaucoup d’essais.
Si l’on rajoute à cela la composition mixte (on va être sympa) de RSA – l’entraineur au diminutif le plus ridicule de France – on peut penser que la rencontre sera aussi palpitante qu’un épisode inédit de Derrick.

Pourtant Mayol est plein comme un œuf (alors que d’autres sont pleins comme des barriques depuis midi), pour reprendre la terminologie adéquate. Le RCT va viser le bonus offensif pour un éventuel quart à domicile. Mais ne vendons pas la peau du LOU avant de l’avoir tué.

 

Le film du match
Un premier quart d’heure poussif. Toulon a du mal à mettre son jeu en place, Lyon défend bien. Dans ce cafouillage général, le LOU marque 3 points. Au Rade’Labo, on a nos chouchous, dont Laurent Magnaval, jeune demi-de-mêlée au style mignonesque. Et lorsque le pack du LOU prend la marée en mêlée, à la 13ème, il intercepte la passe du 8 lyonnais, croise avec Wilko et Senatore conclut. 7 à 3 après la transformation.

Lyon repart à l’attaque, obtient des pénalités et, bizarrement, demande la mêlée. Nouvelle marée haute, Toulon défend bien. On n’avait plus vu des mêlées adverses reculer comme ça depuis les années 90. Le public est bien content.

Le reste de la mi-temps voit Toulon un peu plus à l’aise, avec quelques éclairs de Wilko, mais rien de fabuleux non plus. Heureusement, les commentateurs sont rigolos ; on ne comprend pas pourquoi Olivier Magne se met à crier toutes les trois actions et son compadre, dont le nom nous échappe, surnomme Eifion Lewis-Roberts le « cimetière à poulets ». Eurosport, c’est la classe.
Une pénalité du buteur varois plus tard, retour au vestiaire sur un score de 10 à 3.

Après la pause, Toulon domine plus franchement, notamment en mêlée et en touche. Lapeyre marque une fois suite à un nouveau destronchage à la poussée. Le moine –surfeur se voit ensuite refuser trois essais (un possible record en Panaché Cup).
À juste titre, hein. Enfin, peut-être pas le troisième. Sacré belle partie et sacré belle coupe de cheveux, on aime.

Le match devient tout fou mais Toulon est à la peine pour concrétiser. Les retours intérieurs de Wilko font mouche mais il manque toujours le dernier geste. Finalement, Lyon marque un essai supplémentaire et revient à 17-10. Un peu à l’image du match, le troisième essai varois viendra d’une cagade monumentale de Leguizamon dans son en-but. 24-10. Les arbitres étant en pleine pause clope pendant la transformation en drop de Wilko, l’arbitre vidéo doit de nouveau être sollicité. Il aura bien mérité une prime ce soir là…

Finalement, sur la dernière action, le RCT relance de son en-but (comme à l’époque des Fidjiens en proD2), Palisson perce et Rooney marque l’essai du bonus.
Mayol s’embrase, Laporte détruit ses lunettes en exultant de joie, Boudjellal embrasse l’arbitre et à Toulon, il pleut du sperme.

À noter que pour une fois, Moumou ne pourra pas se plaindre de l’arbitrage, le directeur de jeu gallois étant même venu déblayer sur un ruck toulonnais, en fin de première mi-temps.

 

Les joueurs

Toulon :
La première ligne : impériale en mêlée. Ivaldi puis Orioli ont bien lancé en touche. Une bonne soirée pour les gros.

Pierrick Gunther : Il amena son engagement physique et bien sûr son élégance, sa classe.

Leonardo Senatore : Bon dans le jeu mais limité derrière sa mêlée, il a fait tomber plusieurs ballons jouables.

Laurent Magnaval : Notre chouchou, très inspiré sur l’essai mais encore très perfectible. Il n’était pas toujours très inspiré sur ses choix en début de match. Cibray a apporté un peu plus de sérénité. Cette coupe d’Europe lui réussit mieux que le Top14.

Jonny Wilkinson : On est rassuré, Jonathan est toujours un génie. Brillant quand il attaque la ligne, bon animateur, il a su faire jouer autour de lui quand Olivier Magne l’a demandé sur Eurosport.

Mathieu Bastareaud : Il avance beaucoup mais fait peu jouer derrière lui. Encore du boulot avant l’équipe de France, on dirait. S’il touchait plus de ballons, il pourrait être en course pour le concours des coffres à ballons, lancé par la Boucherie.
Ah beh non, il concourt, en fait…

Benjamin Lapeyre : Grande deuxième mi-temps, meilleur de sortie en sortie. Bien plus en vue que son compère international, Alexis Palisson qui n’a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent, même s’il est l’auteur du cab-deb et de la percée qui permettent le dernier essai.

Willie Mason : Tient toujours aussi bien l’alcool. Les nuits varoises n’ont plus guère de secret pour lui.

 

Lyon:
Arnaud Marchois : Vaillant mais limité, bon défenseur, à l’image du reste du pack.

Juan Martin Leguizamon : Match plein pour l’Argentin. Il débute sur le banc mais remplace rapidement un flanker lyonnais sur saignement. Il en profite pour tenter un drop de 50 mètres, il le rate d’à peu près la même distance. Il revient sur le terrain en 2ème mi-temps, prend un carton jaune, revient à nouveau et offre le troisième essai toulonnais à Gunther.
Chapeau l’artiste.

Nicolas Bontinck : A battu à la course Lapeyre, courageux sinon.

De Bruyn : Un demi-de-mêlée Sud-africain remplace l’autre. Et c’était peut-être un bon choix. À part sur le premier essai toulonnais où son entente avec Bontinck ne fut pas des meilleures, il fut vraiment bon, dynamique, bon dans ses choix. Un seul regret pour le LOU : sa réussite au pied. Sinon, pas mal du tout.

Les Fidjiens qui jouent derrière : spectaculaires, mais pas beaucoup de ballons, ni beaucoup d’espace. On n’est plus en ProD2. À Toulon, on était pareil, il y a 4 ans.

Le Lab’ougnat analyse Aironi – Clermont (0-82)

Pire que le tremblement de terre à l’Aquila : l’armée des bougnats.

Par un nouveau venu à la Boucherie, Jamie Scud More. Il y a pire match pour débuter… bienvenue Jamie.

 

Le contexte

Les Clermontois se déplacent en Italie après une défaite (de peu) à Leicester (23-19). L’Ulster ayant écrasé Leicester la veille (41-7), les Clermontois doivent gagner avec le bonus pour se placer idéalement pour les quarts de finale. Les Italiens quant à eux, n’ont pas inscrit un seul point depuis le début de la compétition. Les Italiens qui n’ont gagné que 3 matchs en ligue celte cette saison alignent cependant une équipe de titulaires, sur le papier plus forte que celle qui s’est faite étriller au Michelin (54-3). Les Clermontois ont fait largement tourner leur effectif après la victoire arrachée à Toulon la semaine dernière (9 changements).

 

Le Match :

Me voilà sur ma connexion pourrie, raccrochée en plein pays teuton par un maigre câble Ethernet, au monde du rugby. Je me prépare au combat St-Nectaire/Parmesan (Aironi est situé dans les environs de Parme, bandes d’incultes !). Direction mes sites de streaming favoris, qui bien entendu ne marchent pas. J’ai donc connu le même début de match que l’ASM : légèrement poussif et saccadé. En effet, dans ces premières minutes, les jaunes et bleus, remaniés depuis la victoire face à Toulon, dominent outrageusement les Italiens mais bafouillent leur rugby. Après un bon quart d’heure, la machine se met en place et les Clermontois déroulent. Sivivatu marque en force, et recommence deux minutes plus tard. Je me mets à sourire bêtement devant mon ordinateur. Byrne et Lapandry vont également à dame grâce à des mouvements de trois-quarts qu’Eric Bayle aurait qualifié de magnifiques si ces deux joueurs portaient le maillot toulousain. 26-0 après 30 minutes de jeu, bonus offensif acquis, le match est plié. Vern, l’homme qui ne sourit jamais, décide immédiatement de ranger son Morgan afin de ne pas l’abîmer en vue du prochain match. Malgré la rentrée de Senio, les Jaunards ne lèvent pas le pied, et plantent trois autres essais aux Aironis.

47-0 à la mi-temps. Le présentateur de Canal nous explique doctement que c’est un hommage des Clermontois à Philippe Sella, 47 étant le numéro de département du Lot et Garonne où se trouve Agen. Il se place idéalement pour les deux épreuves reines : la déclaration foireuse de l’année et la statistique à la con de l’année. Bon, après ça devient un peu répétitif : 95% de possession du ballon pour l’ASM, jeu au large, franchissement, passes après contact, on gagne 40m et on recommence. Le staff clermontois fait tourner ses cadres et permet aux remplaçants de jouer un peu. Le match perd alors légèrement en intensité. Grande joie pour les espoirs Nathan Hines, Julien Bonnaire ou Aurélien Rougerie qui connaissent alors l’ivresse de l’équipe première. Vern démontre à tous son sens de l’humour en faisant rentrer ce dernier à l’arrière, copiant le fameux Parra à l’ouverture du maître Lapinou. Malzieu finit le boulot par deux essais, les Italiens tentent une dernière relance désespérée et font un en-avant.

Fin du match 82-0, Canal ne relève pas l’hommage au Tarn et Garonne et la retransmission s’achève sur une énième interview sans intérêt. Vivement samedi prochain, le match contre l’Ulster au Michelin, véritable quart de finale, promet beaucoup.

 

Les joueurs :

Les gros :

Difficile de se mettre en valeur dans un match à toucher. Ils livrent collectivement une bonne prestation, en enfonçant plusieurs fois la mêlée transalpine et en redonnant du mouvement par des charges sur chaque ballon lent.

Vincent Debaty : le camion bâché a fait un bon match, il a tenu en mêlée et s’est énormément déplacé sur le terrain. Demandez au 13 Italien qui a pris ses 120kg dans les côtes… S’est également très bien comporté face aux questions stupides de Canal.

Ti’i Paulo : s’est adapté à la culture locale avec quelques belles pizzas à son actif.

Daniel Kotze : Qui ça ? Il a fait un match à son image : discret et propre.

Jamie Cudmore : le retour du bûcheron après non pas une suspension comme de coutume mais une petite blessure. Bourrin, méchant comme il faut, il a même réalisé une jolie percée.

Loïc Jacquet : Pas mauvais en touche, pas plus.

Alexandre Lapandry : Bon soutien qui lui offre un bel essai. A couru son marathon habituel.

Julien Bardy : Très gros match du franco-portugais. A réalisé un magnifique tampon sur l’ouvreur italien qui conduit à un des nombreux essais de l’après-midi. A commis une faute stupide, parce qu’on ne se refait pas. Un nouveau JP Perez en quelque sorte…

Elvis Vermeulen : Face à une défense qui reculait constamment à l’impact, même lors des charges de Parra, le bulldozer clermontois a été moins en vue.

Les trois-quarts :

Une défense courant d’air, du soleil et des jolies italiennes qui regardent. Bref une après-midi formidable !

Morgan Parra : Quand le match est trop facile, le merdeux arrête de jouer car il ne veut pas s’abaisser à ses pitoyables adversaires. A donc simulé une blessure à la 30ème pour rejoindre les tribunes.

Brock James : Acceuilli comme le Messie par le Michelin lorsqu’il a remplacé Skrela la semaine dernière, Brokie a été fidèle à son rang : bon animateur, excellent au pied (7 transfo sur 7), à chier en défense. Brock, le plaquage, c’est aux JAMBES !!!

Julien Malzieu : Un petit triplé pour mettre tout le monde d’accord, une grosse vitesse de pointe et de la puissance. Vivement qu’il retrouve les Italiens dans le Tournoi.

Gonzalo Canale : un sérieux concurrent à Fritz et Bastareaud, fait quasiment autant de passes qu’eux.

Regan King : Elégant, racé, technique, délivrant des passes au millimètre. Malheureusement pas assez rugueux en défense. Pourra se reconvertir en représentant de caoutchouc, au vu de ses plaquages.

Sitiveni Sivivatu : A enfin arrêté la truffade et la potée au petit dej’. Il a donné le tournis aux défenseurs adverses et a franchi de nombreuses fois. A marqué un triplé, comme ça, juste pour déconner.

Lee Byrne : Le Gallois va finir par nous faire oublier Buttin (qui ça ?). Puissant au pied, adroit en l’air, toujours prêt à attaquer la ligne. Devra quand même apprendre à faire des passes.

 

Les remplaçants :

Se sont globalement mis au diapason des titulaires. Kayser, Faure et Ric ont effectué des rentrées correctes et ont continué le travail de sape sur des Italiens déjà mâchés. Nathan Hines : rentré à la place de Cudmore, il s’impose de plus en plus comme le papa du pack. Solide, comme d’hab’, un peu à l’image de Julien Bonnaire. Kevin Senio : est rentré dès la 33ème. On craignait le pire mais il a plutôt bien joué. Il a même réussi une chistera (il a fait un en-avant après, ça reste Senio…). Aurélien Rougerie : Sa Majesté Aurélien Ier est venu améliorer son bronzage à Monza. N’a pas transpercé une défense pourtant aussi robuste que les os de David Skrela. Il a cependant avancé à chaque impact. Wesley Fofana : En ¼ d’heure a réussi à créer un espace pour l’essai de Malzieu et à passer en revue la défense italienne sur une seule action. Tranquille…

 

Bonus vidéo :

Rugbydump a eu la bonne idée de compiler le massacre en une belle vidéo de 12 minutes. Enjoy !

Présentation Taupe 14 : SU Agen

Etre 5ème du Taupe 14 avec le 13ème budget de France et ne pas prolonger ses entraîneurs : le PSG a de la concurrence.

Écrit par Connard de Bernard, supporter objectif et chauvin, adepte du « c’était mieux avant, quand y’avait pas de pognon » car le club que je supporte n’en a jamais eu, et n’en aura probablement jamais.

 
L’histoire :

Le rugby s’est implanté dans l’agenais vers 1908 grâce à Alfred Armandie, un jeune lecteur anglais, et un compatriote dentiste. L’histoire ne nous dit pas si ce dernier était présent en prévision des futures joutes rugbystiques franco-anglaises organisées pour l’occasion. En revanche, ce qu’elle n’oublie pas de signaler, c’est qu’elle sera longue de plus d’un siècle et auréolée de nombreux titres, faisant du S.U.A un bastion historique du rugby français, encore aujourd’hui, et ce malgré l’exponentielle arrivée de ce fichu professionnalisme. Oui cela peut paraître ahurissant pour certains, mais Agen figure bel et bien en haut du palmarès du championnat de France, à côté de clubs comme Lourdes, Béziers, le Stade Bordelais, ou encore le Stade Français (clubs aujourd’hui tourbillonant dans les abysses professionnelles, voire plus profond encore). N’en déplaise aux anti-Ferrasse, frustrés de se voir volés battus par une équipe développant un jeu plus virevoltant, alternant jeu dans l’axe (on ne parlait pas de pick and go à l’époque) et grandes envolées.

Les premiers titres arrivent dans les années 1930. Le début d’une longue série, achevée en 1992 avec un ultime Challenge Du Manoir. La classe. Mais le S.U.A, ce sont aussi 8 titres de champions de France. Si bien que cela attise les jalousies, et un immense complot réunissant tous les autres clubs, tente de salir l’image du club. Un plan diabolique dont le but est de faire croire à l’opinion publique qu’un président de la F.F.R aurait usé et abusé de son pouvoir pour soudoyer arbitres, contourner les règlements, et allant même jusqu’à influencer le sélectionneur de l’équipe de France : tout cela dans le but de faire du club d’Agen un incontournable. Avouons tout de même que cela n’est que trop gros pour être plausible.
Mais à Agen, on n’y croit pas une seconde, et on continue à se battre corps et âme, glanant au passage moults frites (il faut ici comprendre moults titres). Alors à son apogée, le Sporting se permet même le luxe de sortir le plus grand centre que la terre ovale n’ait connu (en toute objectivité bien sur). N’en déplaise aux Toulonnais, il ne s’agit pas de Mathieu Bastareaud, mais bien de Philippe Sella. Ce dernier marquera de son emprunte la pelouse d’Armandie, et on attend toujours son digne successeur, car il faut dire que parfois on se fait un petit peu chier niveau jeu.

Cette époque insouciante, joviale et ensanglantée est malheureusement terminée. L’avènement du professionnalisme est passé par là, et avec 33 245 habitants d’Agen même-dixit wikipedia-, l’avenir semble flou tant le bassin économique est relativement faible pour perdurer dans un Taupe 14 inhumain, dont l’estomac citadin n’est jamais rassasié de ruraux. Cependant un club aussi historique et culturel, partie entièrement prenante du paysage rugbystique français ne peut disparaître comme ça. Le talent ne peut se substituer à l’argent en masse. Ainsi, grâce à la gestion d’un gentil président, grand amoureux du rugby et des plaisirs de la vie (pléonasme ?), et le travail du duo d’entraineurs le plus talentueux de France (du monde ?), Agen persiste et parvient à exister dans un championnat où le pognon régit les lois. Nous y reviendrons cependant un peu plus tard, les temps changent disions-nous…

 
La ville :

Cataloguée ville moyenne par la haute aristocratie des cités environnantes, Agen se situe à un carrefour stratégique du Sud-Ouest. Entre Toulouse l’occitane, et Bordeaux la bourgeoise, il est un coin de France où le bonheur fleurit. On y connaît d’avance les joies du paradis. Ces joies là passent par la culture et l’économie du pruneau, dont la ville d’Agen se veut la capitale, même si la culture de la prune, le séchage, la production, et l’essentiel de son commerce ont lieu un peu partout sauf à Agen. Il est à noter que ce fruit ne fait pas grossir, mesdames vous pouvez donc y aller, aucun soucis pour les cuisses ! Il est conseillé de venir découvrir Agen la belle le dernier week-end d’août, durant le Grand Pruneau Show. Un remake inavoué et familial des férias, à la sauce locale (c’est à dire en plus petit et plus chiant). À noter qu’il s’agit de la seule période de l’année où les jeunes ont réellement une raison de prendre l’apéro en bord de Garonne, sur la péristyle du Gravier. L’attractivité de cet événement n’est plus à démontrer, les plus grandes stars de la chanson françaises et internationales se bousculent pour venir chanter sur la grande scène de la place de la mairie : Cali, Louis Chedid, Yannick Noah, , Zaz ou encore les Magic Systems…Bref des stars je vous disais.

Mais Agen sait aussi fabriquer ses propres célébrités. Les plus grands philosophes se sont succédés dans les bibliothèques de la ville : Nostradamus, Montesquieu, Jasmin(le poète), et bien sûr Michel Serres. Agen terre d’inspiration intellectuelle et d’illumination. Le show-business n’est pas en reste puisque les cantatrices Uria-Monzon et Chimène Badi sont de la région. Mais comment ne pas parler d’Agen, sans parler de Francis Cabrel, l’artiste français de ces 100 dernières années. Il est même en passe de transfuger son exploit à l’international, depuis qu’une chanteuse colombienne à l’accent gascon a repris un de ses plus grands succès.

Sportivement Agen, ce n’est pas que le rugby. L’autre sport local de haut niveau n’est autre que le kayak-polo, dont plusieurs joueurs sont des joueurs classés haut niveau sur les listes nationales. Il faut cependant avouer que le journal phare « le petit  bleu » relate plus régulièrement les faits d’armes des rugbymens que des kayakistes-polistes. Je sais qu’on dit pas comme ca, désolé par avance.

Pour finir, Agen est célèbre pour son pont-canal. Tout ça pour dire que la réputation de la ville d’Agen dans la France entière est bâtie sur le rugby, les pruneaux, et Françis Cabrel. Ça fait cliché, mais c’est si vrai.

 
Les joueurs-Clés :

Agen c’est avant tout un collectif, tant il est difficile de mettre en avant un joueur en particulier, tant on aime faire les choses avec patience et humilité à Agen. Mais puisqu’il faut le faire, allons-y.
Commençons par celui qui marque la quasi-intégralité des points de l’équipe cette année. Meilleur marqueur du Taupe 14, devançant tous les cadors de la catégorie, j’ai nommé Conrad Barnard. Arrivé incognito en provenance de Toulon en janvier 2009 alors que le club était encore en pro D2, il est aujourd’hui passé au rang de leader de jeu et symbolise la remontée du club aux premières places du championnat. On remercie le « hair c’est T », fournisseur officiel de joueurs en colère et revanchards. Autre joueur d’envergure au sein de l’effectif, le funambule arrière Sylvère Tian dont la gentillesse et le talent n’ont d’égal que la largeur de ses cuisses. Arrivé lui aussi en cours de saison dernière comme joker médical, il n’a cependant pas tardé à devenir le lève-foule d’un stade Armandie, très amorphe devant les matchs de ping-pong que nous proposent les artilleurs de notre beau championnat, qui est le meilleur championnat du monde rappelons le.

Devant, l’élément-clé, c’est le huit de devant. Véritable rampe de lancement du jeu à l’agenaise, il n’est pas rare de voir un avant intercalé dans un mouvement d’attaque rocambolesque, feinter la passe, et prolonger au pied. Non je déconne. Les avants agenais font du pick and go et des mauls. C’est tout. Dans ce noble art, on peut cependant relever des joueurs encore plus clés, comme Jean Monribot, pur produit de la formation agenaise. Cet infatigable plaqueur à la crinière blonde est peut-être le véritable chouchou du public d’Armandie. De toutes les plus grandes batailles de ces dernières années, Jean s’est battu corps et âme pour aider le club de son coeur à retrouver son lustre d’antan. Autres chouchous d’Armandie, je pourrais citer Jalil Narjissi, Lisiate Fa’Aoso, ou bien Dewald Senekal (ex-toulonnais, joueur en colère et revanchard), d’insatiables mangeurs de viandes, adeptes des tâches sombres. À Agen, on aime les taiseux, ce qui explique sûrement l’ambiance les jours de match.

Les bouchers :

À Agen, on n’a rien à envier à un Mamuka Gorgodze, un Jamie Cudmore ou au présidentiable Pascal Papé. À Agen, nous avons notre boucher, C.A.P mention Bien obtenu dès le plus jeune âge. Il s’agit de Jalil Narjissi, possédant la panoplie complète des gestes et techniques prompts à faire dégoupiller un Le Corvec. Malgré un physique atypique pour un talonneur contemporain, ce dernier ne compte pas pour rien sur un terrain. Souvent de tous les coups, il est intéressant de noter que ce dernier s’assagit avec l’âge, en atteste le peu de cartons reçus ces dernières saisons. D’autres pencheront plutôt sur une efficacité redoublée et bien planquée. Ce joueur s’évertuant à l’accomplissement des tâches sombres qui incombent aux joueurs de la première ligne, mériterait au passage, un peu plus de reconnaissance de la part de la boucherie ovale. À ce propos vous trouverez son c.v sur youtube.

 

Le joueur au nom imprononçable, même que les journalistes se trompent tout le temps :

Manu Ahotaeiloa. « De mémoire d’académicien, on n’a jamais vu autant de voyelles mises bout à bout dans un seul mot ». Cette phrase provient de Michel Serres (cf un peu plus haut pour savoir qui est-ce), estomaqué devant la diction du patronyme, par le milanais Thomas Lombard. Au club depuis 2004 (en dehors d’une parenthèse au Stade Toulousain entre 2008 et 2010, juste le temps de gagner un Brennus comme joker médical de Florian Fritz) le speaker local ne s’y fait toujours pas également.

 

Le staff :

Le staff est composé d’un triumvirat aussi talentueux que redoutable. Tels de bonnes fées, ils ont transformé tout ce qu’ils ont touché en or. Ils ont transformé des ânes en véritables chevaux de courses, pur-sangs arabes. Ils, ce sont Christian Lanta, en charge du paquet d’avants, Christophe Deylaud, à la charge des trois-quarts, et Alexis Desjardins, préparateur physique émérite. Depuis leur retour à la tête du sportif en 2008, ils ont mené le club à un titre de Pro D2, un maintien en élite acquis de haute lutte l’année suivante, et une probante actuelle place de prétendant aux phases finales. Avec des moyens limités financièrement comparativement aux grosses écuries du Taupe 14, c’est un boulot magistral qui a donc été effectué ici. Tant et si bien qu’en fin de contrat à la fin de la saison, ils seront logiquement non reconduits par le président Tingaud. Suite à de trop nombreux manques de communications entre le staff et le président, la meilleure paire d’entraineurs de France et de Navarre devra trouver un autre club pour exercer son talent. Quel sera l’avenir du S.U.A, futur orphelin ? Qui succèdera à ce duo magique ? La situation semble floue. Si certains pays se demandent comment vivre sans le triple A, les supporters agenais s’inquiètent de vivre sans le double C…

 

Le scénario idéal :

Après que les joueurs et le staff se soient promis de terminer de la plus belle des manières cette saison, le club termine à la sixième place après une haute lutte avec Toulon pour cette dernière place de barragiste. En quart de finale, Agen se déplace à Castres. Tétanisés par l’enjeu, les coéquipiers de Chris Masoe s’inclinent sur le fil, après que Tian et Vaka ne se soient fait un une-deux par dessus Teulet et Andreu. Sur la dernière attaque castraise, Tekori tente un coup de pied par dessus qui finit directement dans l’en-but après 12 minutes d’arrêts de jeu. Agen jouera donc les demi-finales au Stadium contre Clermont. Dans un magnifique duel de buteurs, Brock James et Conrad Barnard sont au coude à coude. À 62-63 pour Clermont (21 pénalités à 19) et alors qu’il ne reste plus qu’une minute à jouer Cudmore chausse Narjissi au sol. Barnard réussit la pénalité, les supporters agenais chantent alors.

En finale, le Sporting affronte son meilleur ennemi, le Stade Toulousain. Le derby de la Garonne s’exporte sur la Seine. Malheureusement Barnard (qui finit meilleur marqueur du championnat avec 4758 points) ne pourra rien faire face à MacAlister qui, sur la dernière action traverse le terrain à cloche pied. Agen est finalement vice-champion de France, et Ferrasse n’y est cette fois-ci pour rien. Par la suite, Gifi rentre dans le capital du club, augmentant au passage le budget à 75 millions. Mourinho devient le nouveau coach et Agen remporte la League des Champions l’année suivante. La nouvelle postérité du club attire les investisseurs, et le club s’assure le bouclier de Brennus pour les 10 prochaines années. Le doublé étant impossible, il faudra cependant repasser.

 
Le scénario catastrophe

Après que les joueurs et le staff se soient promis de terminer de la plus belle des manières cette saison, l’inconscient reprend le dessus. Alors que la moitié de l’effectif a signé soit au Racing, soit à Bayonne, anticipant une éventuelle arrivée du duo Lanta-Deylaud, les joueurs sont détournés de la fin de la saison agenaise. Le spectre de la saison 2007 réapparait. Et comme prévu, lors de la dernière journée, Agen se retrouve en position de relégué. Le président Tingaud quitte alors le bateau à la dérive de la Pro D2, laissant au passage un déficit d’un million d’Euros. Le club est rétrogradé administrativement en Fédérale 1. Dans un contexte économique difficile, et dans un monde professionnel sans pitié ni cœur, Agen est condamné à périr dans les joutes de Fédérale pour toujours. Triste pour un club de ce standing. De plus, Lanta et Deylaud ont finalement arrêté d’entrainer, provoquant une dépression chez tous les joueurs partis sous d’autres cieux, cherchant à suivre les étoiles rugbystiques.

Le Labo’ccitan analyse Toulouse – Lyon (51-10)

L’Empire Capitoliste affronte le promu à Ernest Wallon. Qui va gagner ? Suspense.

Un résumé qui nous est offert par l’équipe de Keposport, qui a d’ailleurs décidé de lancer une campagne électorale en faveur de Florian Fritz. Retrouvez sa déclaration de candidature, puis son édito. La campagne pour 2012 s’annonce décidément incertaine…


Le contexte

La 15ème journée de championnat a débuté hier par une victoire des Biarrots à Agen, de quoi donner des idées aux Lyonnais. En effet malgré des prestations convaincantes, le LOU squatte le bas du classement puisque visiblement le B.O en a eu marre de racler le fond. Problème, face à eux se dresse l’armada toulousaine, forte des retours de Steenkamp (l’atout charme du ST), Poitrenaud, Millo-Chluski et Albacete. À tout ça vient s’ajouter la titularisation de Giorgadze, venu confirmer que pour être talonneur à Toulouse, le crâne ne doit pas être recouvert à plus de 15% par des cheveux (ce qui met un terme aux rumeurs sur Szarzewski dans la ville Rose). D’ailleurs, il est le dernier talonneur valide puisque Montès prend le n°16.
Pour ce qui est du reste de la feuille de match, Guy Novès a choisi d’aligner une 3ème ligne que l’on qualifierait de mobile, expression de la volonté de proposer du jeu aujourd’hui. Du moins on veut le croire. Doussain et Beauxis sont préférés à Burgess-McAlister, ce dernier assistant même au match depuis les tribunes avec Clerc. Florian Fritz n’est que remplaçant, mais son nom est le plus applaudi lors de l’annonce de la composition. Sur les ailes, le faux Fidjien sera associé à Medard, peu à l’aise lors de ses dernières sorties avec le n°15. Enfin derrière, le chouchou de ces dames est de retour.

Pour le LOU, c’est du très classique avec cependant l’apparition du jeune 2ème ligne Sousa, les mecs sont clairement venus là dans l’idée de faire un coup. Une fine bruine s’est invitée sur Ernest-Wallon, et Shaun Sowerby est sur le programme officiel du match. On ne sait pas vraiment ce que cela présage, mais il va se passer quelque chose cette après-midi.

 

Le film du match

Directement le ton est donné, il y aura aujourd’hui du jeu au pied. Du coup, Médard relance plein axe et se fait poliment accueillir par les Lyonnais. Il n’en fallait pas plus à Beauxis pour lancer la machine et inscrire les trois premiers points après deux minutes de jeu.
Alors qu’un joueur du LOU se fait soigner, Médard prend quelques informations auprès d’Elissalde qui visiblement lui glisse la combinaison gagnante. Trente secondes plus tard, l’ailier aplatit le premier essai de la journée qui sera bien évidemment transformé. Nous sommes à la 8ème minute et le Stade Toulousain mène déjà 10 à 0. C’est alors que les débats vont quelque peu s’équilibrer. D’abord parce qu’on ne veut pas prendre trop de risques sur le terrain gras d’Ernest Wallon, à l’image de Clément Poitrenaud qui décide de jouer très « safe » pour son retour.
Dans ce fouillis général qui s’installe, le LOU se dit qu’il est déjà temps de chercher les points et envoie Thomas taper la pénalité. Mais ça ne passe pas.

Puis à la 15ème minute survient le drame. Le tout frais talonneur, Giorgadze reste au sol après un regroupement. Le stade entier retient son souffle, conscient de la situation compliquée à ce poste. Et le pire arrive, le Géorgien cède sa place à Montès, habituel pilier. Après Elissalde, Yannick Bru va lui aussi pouvoir reprendre une licence de joueur-entraineur.

Cependant, le match continue, et Médard prouve qu’il est définitivement plus à l’aise sur son aile en effectuant une nouvelle percée. Ce n’est pas du goût de Sousa, qui va être invité à passer 10 minutes sur le banc.
Malgré la supériorité numérique, on sent bien que les Toulousains commencent à prendre le match un peu trop facile et n’avancent plus vraiment. Pas de points de fixation, des ¾ arrêtés, et donc du jeu au pied. Pour souligner cette période de moins bien, le LOU va inscrire ses trois premiers points sur une faute contestable. On peut d’ailleurs lever le suspense dès maintenant, Franck Maciello n’a pas effectué la meilleure prestation de sa carrière aujourd’hui.
En tout cas, Nyanga, capitaine en l’absence de Thierry Dusautoir, a décidé de réveiller un peu ses troupes, et quoi de mieux pour ça qu’un essai. Evidemment, il sera transformé par Lionel « 100% » Beauxis ce qui nous amène à 17-3, à 10 minutes de la mi-temps.

Pourtant très vite, le Stade retombe dans ses travers et ne sait plus trop quoi faire du ballon. Du coup, le LOU en profite grâce à un beau geste de Sadourny qui feinte la passe et remet intérieur à Januarie qui sert de relais pour Romanet qui aplatit.

C’est malheureusement pour les visiteurs, l’arbre qui cache la forêt. Les Lyonnais commencent à montrer leurs limites, et tentent de la jouer McCaw pour s’en sortir. Une chance pour eux, Fritz est encore sur le banc, sinon il aurait expliqué au filiforme Januarie ce qu’il pense de son antijeu. Très vite, Beauxis les punit à deux reprises pour envoyer tout le monde aux vestiaires sur le score de 23-10.
Après une première mi-temps tranquille, on s’attend à voir le LOU un peu plus en difficulté sur cette période. En tout cas sur les touches, Montès lance simple sur son premier sauteur, et ça fonctionne puisque le Stade se retrouve rapidement devant la ligne d’en-but lyonnaise. Pendant 5 minutes, les locaux vont naviguer de droite et de gauche sans trouver la faille, la faute à des joueurs lyonnais sérieux en défense et souvent à la faute. Finalement, Sowerby arrive à s’extraire de la 4ème mêlée rejouée sous les poteaux pour aplatir. Devinez-quoi ? C’est transformé ce qui fait 30-10.
Pendant ce temps-là, Florian Fritz est parti à l’échauffement, provoquant des cris dans le stade.
Pour s’accorder au niveau de jeu général, Doussain commence à envoyer quelques briques à son demi d’ouverture histoire de ne pas trop lui faciliter le travail au pied.

C’est alors que commence la valse des remplaçants. C’est d’abord Shrek Steenkamp qui fait son entrée sur la pelouse, après que le service d’ordre ait pris soin d’évacuer les enfants de moins de 12 ans, recommandation du CSA oblige. Puis enfin, le stade explose, exulte. Trois jeunes femmes sont évacuées de l’enceinte du stade dès que Florian retire sa chasuble. Les « Florian, Florian ! » retentissent pour saluer l’entrée du garçon.
Histoire de montrer qu’il est vraiment bien en numéro 11, Médard traverse le terrain tout entier d’un coup de pompe qui envoie le ballon en touche après un seul rebond, juste devant le drapeau de coin. Mais malgré toutes ces animations, le match se joue sur un faux rythme, même si avec Montès en talon, le Stade continue à dominer les débats en mêlée fermée.

Alors que l’on s’approche tranquillement des dix dernières minutes, et que l’on commence honnêtement à s’ennuyer, Matanavou est plaqué sans ballon dans l’en-but, juste sous les yeux de l’arbitre assistant. Maciello préfère demander l’arbitrage vidéo qui visiblement a choisi de se repasser le match en intégralité. Et qui rend finalement la balle au LOU…
Ça énerve Florian qui en informe l’arbitre, mais sera simplement rappelé à l’ordre. Nouvel incident ensuite avec la blessure, apparemment sérieuse de Millo-Chluski. Burgess le remplace pour nous offrir une organisation plus que surprenante : Fritz en 3ème ligne, Médard en 12, et Beauxis à l’arrière. Les Lyonnais n’y comprennent plus rien et vont commencer à ramasser sévère.

D’abord un essai de Donguy, puisque apparemment Picamolès a décidé d’arrêter sa course 15 centimètres avant la ligne. Beauxis songe sans doute à taper le prochain coup de pied d’une talonnade tellement il réussit tout ce qu’il tente.
Deux minutes plus tard, Médard fournit encore un bon boulot et amène le danger dans le camp adverse. Fritz, toujours plus vite, toujours plus fort, aplatit après avoir déposé Van Gisbergen à la course, et passe le bonjour à PSA par la même occasion.

Médard en a un peu marre, et balance le ballon en dehors du stade sur un dégagement. Enfin, pour signer la fin de ce match, il va conclure la série d’essais du jour qu’il avait initié. Beauxis clôt les débats. 51-10.
Le stade entier se lève et offre une standing ovation à la nouvelle idole, Florian Fritz.

Les joueurs du Stade Toulousain

Pour faire simple, les gros ont parfois fait preuve de suffisance. En retard au soutien, certains semblaient surtout vouloir inscrire leur nom au tableau de marque. A noter cependant le bon retour de Pato Albacete, et la prestation encore très solide de Nyanga. Sowerby lui s’est régalé en touche et sous les ballons lyonnais. Pour les 3/4, il faut encore saluer le sans-faute de Beauxis auteur de 21 points cette après-midi. L’homme du match est certainement Médard flamboyant pour son retour à l’aile comme la saison passée. Problème, Heymans n’est plus là pour se partager le poste d’arrière avec Poitrenaud.

Les joueurs du LOU

Soucieux de ne pas lâcher le match, les Lyonnais ont été agressifs, parfois trop et se sont souvent mis à la faute, en plus de quelques maladresses gênantes quand il s’agit de jouer. Sadourny a animé l’attaque du LOU et semble affectionner la feinte de passe et crochet. Un peu trop malheureusement, puisqu’après la quatrième, la défense toulousaine a compris le stratagème. Son compère de la charnière, Januarie, n’était pour sa part pas vraiment dans son match même s’il offre l’essai à Romanet. Il réussit un en-avant en voulant jouer vite une pénalité… À noter que la première ligne a souffert face à 3 piliers toulousains, légèrement inquiétant.

Le C.O. Labo analyse C.O.-USAP (33-6)

Par Fidel Castro L’impie

Le contexte
Une équipe de Castres dans le doute reçoit l’USAP, en pleine renaissance, et qui regarde désormais vers le haut du tableau. En tout cas, c’est ce qu’on a essayé de nous vendre toute la semaine. A y regarder de plus près, les Castrais sortent d’une prestation solide à Bayonne, avec à la clé les deux points du match nul. Les Perpignanais, quant à eux, savourent encore une victoire bonifiée face aux Bordelais. Victoire sans doute un peu en trompe l’oeil, l’USAP n’ayant en fait joué que les 25 dernières minutes du match.

Le film du match

De la pluie, du vent, du froid, et deux équipes pas forcément réputées pour leur grandes envolées. On se dit qu’on va assister à un grand match, surtout quand on pense à ce que Toulouse a produit comme jeu la veille, dans les mêmes conditions… Et a posteriori, on se dit que c’était pas mal du tout, surtout si on est supporter castrais en fait. C’est pourtant l’USAP qui commence le mieux la rencontre et après une première action presque victorieuse, s’installe dans le camp du CO, et marque 3 points par Hook.

Mais l’ouverture du score par l’USAP, marque également la fin de toute intention de jeu de la part des Arlequins. Une pénalité de Kockott remet les équipes à égalité, et c’est le moment choisi par Christophe Manas, entraîneur de l’USAP et parieur compulsif sur le site de jeux paris-perdants.fr, pour nous donner son pronostic : « Ce match va se jouer à un ballon échappé, une contre-attaque, une chandelle loupée ». Juste pour emmerder Manas, Kockott, sur l’action suivante, offre sa première valise du match à son vis-à-vis Cazenave. Puis il profite d’un hors-jeu pour donner l’avantage au CO : 6-3.

RAS pendant 10 minutes, à part Masoe qui met un cul monumental au frêle Gerrie Britz. La routine en somme. Toujours est-il que l’USAP résiste, jusqu’à une inspiration de Bernard, qui allume une chandelle millimétrée récupérée par Bai (bon en même temps faut pas être un génie pour comprendre l’équation jour de pluie = chandelle + occupation du terrain au pied. Ou du moins, pas un Perpignanais). La balle sort vite, et Kockott envoie la balle à l’aile vers Malonga, qui aplatit en coin.

La deuxième mi-temps commence comme la première avec une domination usapiste d’environ 7 minutes 25 secondes. Et puis plus rien. Jusqu’à la distribution de cartons par Maciello, qui après avoir sorti Tchale-Watchou, envoie le jeune Romain Taofifenua au frigo (oui, il reviendra pour les 15 dernières secondes). Les 10 dernières minutes du match sont un calvaire pour les Catalans : c’est tout d’abord « ce diable de neuf Kockott » (Rodolphe Pirès bien sûr) qui part au ras, passe 3 défenseurs, et crochette Joffrey Michel pour aplatir entre les poteaux. Quelques minutes plus tard, c’est Bernard qui prend l’intérieur de Mermoz, et permet au CO d’obtenir le bonus offensif. De quoi se mettre une bonne murge avec le sentiment du devoir accompli pour les Castrais. Côté catalan, espérons que le passage à la nouvelle année leur permette de prendre la résolution de jouer à fond un match pendant 80 minutes, au moins une fois dans la saison.

 

Les joueurs du C.O

Luc Ducalcon : Un match très solide pour celui qui doit faire face à la rude concurrence de Wihongi. Jouant de moins en moins à Castres, peut-être aura-t-il plus de temps de jeu en Equipe de France ? Oui le CO a toujours du mal à comprendre la logique des entraineurs nationaux.

Scott Murray : Un match exemplaire de la part du guerrier écossais, jamais le dernier dans les rucks, et faisant toujours les bons choix dans le jeu (bon, en fait le bon choix consistait souvent à foncer dans le tas, la tête en avant, chose que Murray maîtrise plutôt bien).

Chris Masoe : Il a fait du Chris Masoe. Il se distingue d’abord en récupérant 2 coups de pieds par dessus de Bernard. Il faut dire que c’était facile pour lui, les Perpignanais n’étant que 4 à la retombée du ballon. Puis il sauve son équipe en fin de match en remontant un ballon dangereux de sa ligne, tout ça en provoquant l’expulsion d’un adversaire. 10 minutes pour le Perpignanais, et Masoe peut se relever avec le sourire (après en avoir rajouté un peu, juste ce qu’il fallait). A son passif, une triple sautée en début de match pour son pote Tekori, qui réussit à récupérer la gonfle allée 12, rang 4, siège 45. Une cagade tellement inhabituelle de la part de Masoe que M. Maciello siffle une pénalité pour le CO, afin de ne pas froisser le capitaine castrais.

Steve Malonga : Pas souvent épargné par les blessures, l’ancien Biarrot est en train de réaliser une très belle saison. Sur ce match, il nous gratifie d’un bel essai après avoir fait semblant d’échapper le ballon, juste pour narguer le dernier défenseur. Un Malonga que l’on retrouve le soir même sur France 2 dans le Plus Grand Cabaret du Monde, avec un superbe numéro de jonglage acrobatique avec ballons glissants

Ibrahim Diarra : Le 3e larron a réalisé une performance très solide. Moins bling-bling que ses deux compères de la 3e ligne, il a été au charbon, et a été précieux sur les phases de rucks. Une véritable cisaille au plaquage.

Rory Kockott : 21 points, 3 percées, 25 « levages » de bras vers l’arbitre. Une bien belle performance pour le numéro 9 Sud-Af’. Il marque même un très bel essai et a droit à sa minute de gloire. Ce que nos amis anglo-saxons appelleraient « The Kockott Minute » (Jean-Pierre Elissalde ayant quitté son poste de consultant à Canal, il a, par là même, renoncé au copyright sur cette blague)

Pierre Bernard : Remplaçant, il rentre très vite suite à la blessure de Cabannes. De très bons choix, autant au pied qu’à la main, et l’essai du bonus en fin de match. Plus qu’un remplaçant de luxe.

Les 3/4 : Pas de grandes envolées, pas d’erreurs monumentales. Pas un match pour briller.

 

Les joueurs de l’USAP

Nicolas Mas : Jamais le dernier pour s’y filer, on a vu un Nicolas Mas solide en mêlée fermée (avec ses compères Schuster et Guirado). La mêlée, seul point positif du match pour les Usapistes. Le Bus faisait peine à voir à la fin du match, quasiment résigné devant le jeu indigent de son équipe

Robins Tchale Watchou : Un carton jaune mérité à la 55e pour Tchale Watchou. Ou peut-être était-ce Chouly. En tout cas, Erik Bonneval n’est pas sûr et ne prend pas de risques, en citant à plusieurs reprises un joueur dénommé Tchouly.

James Hook : 100% de réussite au pied, c’est déjà pas mal pour Hook. Il a bien animé le jeu pendant 10 minutes, en allumant notamment 2 belles chandelles. Puis, plus aucun jeu au pied, notamment durant la 1e mi-temps, alors que l’USAP avait le vent dans le dos. Pas mieux à la main, mais à sa décharge, les mauvais choix et autres passes de maçon de Cazenave.

David Marty : Pas la fête pour les arrières, et encore moins pour le candidat Marty. A noter tout de même une action de classe internationale : une magnifique course en crabe vers les tribunes, conclue par un coup de pied de pilier directement en touche. Pour le féliciter de cette action, le petit – mais très costaud – Sanchou lui distribue un tampon au niveau des chevilles, qui envoie valser le pauvre David. Un envol sur la pelouse castraise, qui, on l’espère pour lui, pourra se traduire par un décollage dans les sondages.

Maxime Mermoz : Pas plus brillant que son compère, il nous fait apprécier sa défense « portes automatiques chez Auchan » sur le dernier essai castrais.

Joffrey Michel : Après avoir signé une prolongation de contrat dans la semaine, Joffrey Michel peut enfin laisser retomber la pression, et faire un bon match tout pourri.

Rugby & Strategy : partie 7, la der’ des der’

Dernière partie ! On y parle de Foch. Vous savez, comme le boulevard !

Rugby et stratégie (7)

Essai d’élucidation du rugby par la stratégie

ou

Les penseurs de la guerre au service du noble jeu

Où l’on apprend que la règle des trois « P » (Pousser, Plaquer, Courir), c’est pas que des conneries…

Le détour par la Chine dans le précédent article nous permet de nous intéresser à une nouvelle notion, qui est celle, fondamentale, des principes de la guerre. Nous avons déjà vu plus haut que certains auteurs s’essaient à résumer l’art stratégique en une phrase bien sentie. Ces tentatives correspondent à la volonté intellectuelle de synthétiser la stratégie en principes qui constitueraient en quelque sorte les « Tables de la loi » et auxquels il conviendrait que le chef se réfère en permanence avant d’élaborer ses plans de bataille. La recherche des principes est une quête incessante et forcément inachevée. Certains les limitent à deux (Amiral Labouerie : « incertitude et foudroyance ») ou trois (Foch : « économie des forces, liberté d’action, surprise »), d’autres, comme le Britannique JFC Fuller, en dénombrent neuf, tout comme l’armée américaine dans ses manuels 1. D’autres encore pensent qu’il n’en faut pas :


Se souvient-on que mon premier principe à la guerre est de n’en pas avoir ? Comment voudrait-on en appliquer deux parfaitement égaux ? Y a-t-il deux situations parfaitement de même ? Il en est des combats comme des visages et, quand ils sont ressemblants, c’est beaucoup ; 2


Et pour cause, l’incroyable variété des situations à la guerre semble décourager toute recherche de recettes immuables. Mais justement, il ne s’agit pas de recette, mais plutôt de guides. Les principes demeurent des références dont la pertinence varie en fonction des circonstances, des buts recherchés, voire, de l’évolution des techniques.
Examinons cependant l’application de ceux du maréchal Foch au rugby :

  • L’économie des forces s’entend parfaitement. Il s’agit de gérer physiquement et psychologiquement les joueurs, non seulement sur un match, mais aussi pendant toute la durée de la compétition. Le coaching permet une rotation saine des joueurs, mais le joueur lui-même doit savoir doser son effort pendant le match et la saison afin de n’être pas « cramé » trop tôt, ou tout simplement ne pas augmenter son risque de blessure. Il faut parfois savoir « s’enlever » pour durer… Mais tactiquement, ce principe est tout aussi pertinent : en attaque, comme en défense, il convient de ne pas se « consommer » entièrement sur un ruck, par exemple, de façon à ne pas se dégarnir ou se priver du soutien une fois le ballon reparti. Mais, de fait, l’économie des forces peut aussi s’entendre dans un sens extensif, comme la capacité à réunir, à concentrer sa puissance en un point ou en un moment, afin de créer un déséquilibre décisif : on en revient à la gestion du temps fort et du temps faible. En synthèse, on pourrait dire que ce principe est un appel à la raison et au recul : il s’agit de proportionner parfaitement l’effort que l’on produit au gain que l’on recherche, immédiat ou à moyen terme.

  • La liberté d’action est, quant à elle, un principe de très large application. Elle vaut aussi bien au niveau individuel que collectif. On peut y voir la faculté à prendre l’initiative, à exploiter les percées, mais aussi la capacité à conserver une marge de manœuvre, en attaque par exemple, en s’assurant des libérations de balles rapides et une domination dans les rucks qui permettent de desserrer l’étreinte adverse sur le temps de jeu suivant, tout en ayant anticipé le replacement défensif, afin de ne pas être surpris par un turn over suivi d’une contre-attaque. Dans la liberté de manœuvre, on peut aussi compter le « sens tactique », c’est à dire la bonne lecture du jeu qui permet, nous en avons parlé plus haut à propos de « l’occasion », de bonifier une situation propice. Cette liberté d’action peut également concerner l’interprétation des règles, tout du moins, une parfaite connaissance des habitudes de l’arbitre, qui permet de jouer jusqu’à la « limite de la faute », voire au-delà. La liberté d’action pousse naturellement à l’offensive, car elle tend à faire prendre le jeu à son compte et à imposer son rythme à la partie et surtout, à l’adversaire, et, à ce titre, n’est pas sans conséquence sur le moral des protagonistes. Toutefois, une stratégie défensive forte, telle celle mise en place par les Australiens lors du dernier quart de finale de la coupe du monde contre les Spring Boks, prouve que la liberté d’action peut aussi être l’apanage du défenseur, qui enferre alors l’adversaire dans une tactique stérile.

  • Enfin, la surprise stratégique est « la possibilité pour l’ennemi de nous attaquer quand nous ne sommes pas en état de le bien recevoir ; (…) en raison même de l’insuffisance (…) du renseignement. »3 On doit donc à la fois se prémunir de la surprise en recherchant une forme de sécurité, tout en essayant soi-même de dénier cette sûreté à l’adversaire. Dans le rugby moderne, un premier outil pour éviter la surprise est la vidéo. Celle-ci est, en quelque sorte, le service de renseignement du club qui permet d’analyser le jeu adverse, comme un satellite espionnerait les fortifications de l’ennemi qui ne seraient pas dissimulées. Réciproquement, l’étude statistique et systématique de l’adversaire doit normalement mettre en évidence ses points faibles, et, de fait, l’empêcher d’agir en sécurité. La surprise peut être technique : la tortue béglaise en 1991 est emblématique de l’avantage que peut procurer une innovation tactique d’autant plus efficace que ceux qui l’employaient étaient les seuls à la maîtriser parfaitement. L’appel à des spécialistes du jeu au pied ou de la préparation physique dans les années 1990 a apporté un avantage temporaire mais décisif aux premières équipes qui en ont bénéficié. La surprise peut naturellement naître de l’organisation collective, qui fait peser une incertitude, grâce, par exemple, à une combinaison nouvelle ou inattendue. Typiquement, l’essai des All Blacks en finale de la dernière coupe du monde a surpris les Français, qui, mésestimant le danger, ont défendu sur le lancer et ont délaissé l’intervalle dans lequel s’est engouffré le marqueur. La surprise peut également être le fait d’un joueur hors-normes, tel Jonah Lomu, à lui seul en mesure de déchirer une défense sur toute la longueur du terrain. Posséder un tel joueur dans son équipe est une garantie d’insécurité pour l’adversaire. Ce dernier sait qu’à tout moment, d’une part, le phénomène peut frapper, d’autre part, qu’il doit se focaliser sur un joueur au détriment, peut-être, des autres. De même, des joueurs insaisissables, capables de gestes de classe et improbables, tels Frédéric Michalak ou Sione Lauaki, sont en mesure de créer la surprise par une inspiration dont ils ont, seuls, le secret. La surprise, enfin, naît du hasard, du « brouillard de la guerre ». Elle peut être le résultat d’un fait de jeu, un contre sur un dégagement au pied, un rebond improbable ou une sortie de balle en mêlée mal négociée. Dans ce cas, elle surprend les deux protagonistes et c’est à celui qui sera le plus prompt à exploiter la situation initiée si soudainement.

 

Ainsi se conclut donc l’essai de Vern Dublog. Pour plus d’élucubrations, la Boucherie vous invite fortement -non, vous somme- d’aller directement sur l’excellentissime Blog de Vern Cotter.

1 Col. Herbert R. Tiede, USMC (à la retraite), « Principles of War », Marine Corps Gazette (avril 1995), p. 54.

2 Prince de Ligne, Préjugés et fantaisies militaires, Sur l’infanterie, Des choses extraordinaires, 1780.

3 Ferdinand Foch, Des principes de la guerre, Conférences faites à l’école supérieure de guerre, Berger-Levrault & Cie, Paris, 1906, p217.

Le Rade’Labo analyse BO – Toulon (25-6)

Quand une équie a besoin de trois joueurs pour arrêter Baby, généralement c’est que ça va mal.

Par Daniele Rairault et Pilou (a.k.a Toulon Connection)

 

Le contexte

Le troisième du championnat se déplaçait chez une lanterne rouge qui avait beaucoup à se faire pardonner. Les supporters toulonnais, fidèles à leurs valeurs, ne doutaient pas une seconde de l’issue de la rencontre. Les forums de Rugbyrama (et leur indéniable précision sportive, doublée d’une franche honnêteté) résonnent encore des appels au bonus offensif, à un jeu ambitieux, à un destronchage dans les règles.
Bref, le 31 décembre 2011 devait consacrer le beau début de saison du RC Toulon et envoyer le BO en proD2. On prend une bière, on s’assoit avec les copains et on se prépare à savourer…
Que la vie est cruelle.

 

Le film du match

Les Toulonnais, comme d’habitude, se la pètent et décident de jouer contre le vent en première mi-temps. Le BO en profite et marque un essai d’entrée, après une cagade monumentale de Jone Tawake. Derrière, Yachvili et Bosch animent à merveille, faisant reculer les Toulonnais par un jeu au pied judicieux ; le parfait contraire des chandelles rétroactives que Sir Jonny a monté tout l’après-midi.
Même si les avants basques ne sont pas tous des lumières (suivez notre regard vers Jérôme Thion), ils ont rappelé aux téléspectateurs de Canal +, qui ne dormaient pas encore, que l’envie pouvait parfois suppléer le talent.
Mention spéciale pour la troisième ligne Lakafia-Lauret-Guyot, qui, sans être brillante, a été suffisamment efficace pour dominer tout le match.

La deuxième mi-temps est un peu plus équilibrée. Un peu plus chiante aussi. Lorsque Wilko a commencé à tenter les pénalités alors que le RC Toulon était mené 19 à 0, on a compris que le bonus défensif serait un moindre mal.
Pendant ce temps, le Yach’ et Bosch continuaient de faire rien qu’à embêter nos ailiers en jouant dans leur dos. La coupe étant pleine, nos terribles guerriers ont gardé leurs forces pour le Réveillon et se sont un peu laissés vivre.
En même temps, les Biarrots avaient l’air tellement contents à la fin…

 

Les joueurs du RCT

– La première ligne : Lewis-Roberts, Bruno et Kubri ont subit plus ou moins tout le match face à des Biarrots qu’on enterrait déjà. Des reculades à n’en plus finir en mêlée fermée, des impacts mal encaissés et une défense moins active que d’habitude ont, sans doute, poussé Bernie le Dingue à remplacer le trio en début de seconde mi-temps.
Si certains supporters saluaient la blessure de Genevois et la fermeture de la pizzeria qui allait avec ce dernier, il s’avère que Bruno puis Ivaldi ont envoyé autant de réginas et de calzones l’un que l’autre, même si le jeune talonneur de 20 ans s’est avéré un peu plus dynamique, lors de son entrée en jeu.
À droite, Carl Hayman n’a pas réglé les problèmes en mêlée mais a proposé des solutions dans le jeu. Lolo Emmanuelli n’a, lui, pas surclassé son partenaire gallois, peu présent, même dans le travail de l’ombre ; enfin ça c’est plus dur à voir.

– La deuxième ligne : on a beaucoup vu Simon Shaw au ruck, en défense, en touche. Des fois, on aurait préféré moins le voir (en touche), des fois il a vraiment apporté à l’équipe (en défense). De toute façon, on le voit beaucoup parce qu’il est grand. Dean Schofield a été tout à fait correct également, sans plus. La rentrée de Christophe Samson, aussi utile que la note du match proposée par Canal +, n’a pas fondamentalement changé la donne (on ne s’en était pas aperçu, pour être honnête).
L’événement fut le premier match de Bakkies Botha, qui n’a pas pris de carton en 10 minutes de jeu. Chapeau !

– La troisième ligne : Jone Tawake a multiplié les fautes de mains amenant notamment le premier essai des Radis. En même temps, il lui manque toujours un doigt. Captain Joe, qui n’est d’ailleurs plus capitaine, a passé un bon premier de l’An à la terrasse du Coji (les Toulonnais reconnaîtront). On nous indique qu’il aurait joué le match face au BO… Première nouvelle. Steffon Armitage a, par contre, surnagé. Omniprésent dans les rucks, il a aussi un peu participé en attaque. Bref, bien joué.

– La charnière : Quand Wilko loupe ses chandelles, on sait que c’est un match de merde. C’était un match de merde, même si s’acharner à monter des quilles contre le vent pendant une mi-temps relève plus de la bêtise que du courage.
Fabien Cibray, lui, a souffert une fois de plus. Il enchaine les prestations moyennes et le fait de retrouver ses anciens copains n’a pas dû aider (d’où la friction avec le Yach’). L’arrivée de Bernie a marqué chez lui une baisse de niveau notable. De plus, il se murmure à grands cris qu’il devrait partir à la fin de saison (on le dit prêt à accepter le poste laissé vacant par Michalak, chez les Lolos Noirs). Pas les meilleures conditions pour jouer derrière un pack qui recule. Peuchère.

– Les centres : Ils ont beaucoup tenté, peu réussi, mais toujours avec de l’envie. Gabi Lovobalavu et Mathieu Bastareaud ont l’air de bien s’entendre, ils sont complémentaires et pas mauvais défenseurs. Pas les pires, en somme.
Pendant ce temps, Messina commence à s’habituer à sa nouvelle place, sur le banc, et Willie Mason continue de gonfler le chiffre des bars et boîtes toulonnais.

– Les ailiers : Après nous avoir habitués aux relances du bout du monde, David Smith a fait valoir son jeu au pied, en tapant trois coups de pieds de diplodocus (contre le vent), offrant au BO trois touches dans les 22’ toulonnais. David n’est pas meilleur botteur que tacticien, ou chanteur. Il est également l’auteur d’un très beau plaquage, dit en porte de saloon, sur l’essai de Bosch.
Christian Loamanu n’a guère plus brillé. Bien pris par la défense (il faut dire que charger son vis-à-vis dans l’espoir de le tuer sur le coup, ça ne fonctionne que la première saison), il gratifia le public d’Aguilera d’une relance qui coûte trois points à son équipe après la cloche de la mi-temps. À la Boucherie, on recherche également des preuves indiquant que ce joueur a réussi une passe dans sa carrière. L’appel à témoins est ouvert.

– L’arrière : Benjamin Lapeyre, et sa coupe de moine surfeur, a fait du Lapeyre (y en a pas deux donc), pas mal sur le jeu au pied, moyen sous les ballons hauts et très aléatoire sur ses choix tactiques.

 

Les joueurs du BO

Dimitri Yachvili : Enorme. Le Yach’ a marqué la quasi-totalité des points de son équipe. Il a su temporiser et jouer au pied ; on parlerait presque de dépendance pour le BOBP. Retour gagnant pour l’international, au moment même où le comité de sélection pense et repense la composition du XV de France pour le prochain VI Nations.

Marcello « pampa boy » Bosch : Dans le sillage de son demi de mêlé. Marque un bel essai et tape un beau drop, permettant de plier le match à la mi-temps, avec un lourd 19-0. On le savait fantasque, il peut se révéler tacticien : il sait qu’on ne s’obstine pas à taper des chandelles contre le vent.

Damien Traille : « Couteau-suisse man » n’a pas fait de faute en défense, ni en attaque. Comme quoi, il a peut-être un poste de prédilection finalement…

Ian Balshaw : Ne s’est pas taillé en défense et se paie le luxe de couper en deux Wilko sur un gros plaquage.

Les avants : Ont montré beaucoup plus d’envie que leurs homologues toulonnais, et ce dès l’entame de la rencontre. Probablement la clef du match. Bons dans le jeu au près en seconde mi-temps. On pourra, tout de même, leur reprocher d’aller très nombreux au ruck, au contraire des Toulonnais. En même temps du coup, le BO a gardé ses ballons.

La troisième ligne : Même amputée du fi-fils à son papa, j’ai nommé ImaLol Hari-quelque chose, la troisième ligne basque a été performante. Sans grandes envolées, elle a su montrer sa force dans le travail obscur et surtout en défense.

Daniele Rairault et Pilou