Le Lab’hérault analyse Leinster – Montpellier (25-3)
par La Boucherie

  • 24 January 2012
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Par Fufu Bieragogo, qui inaugure le Lab’hérault, pour les lèvres gercées. Oui, cette blague est Frêche.

 

Le contexte :

Le vice-champion de France se déplace sur la pelouse du champion d’Europe en titre. Si sur le plan comptable, le match est sans importance (le Leinster finira 1er de poule et sera champion d’Europe ou pas loin, et le MHRC est déjà éliminé), sur le papier, avouons que ça a de la gueule : Montpellier aligne son équipe-type, tandis que le Leinster est amputé de son demi d’ouverture Johnny Sextoy,  reconverti pour le coup en Waterboy, ainsi que de son capitaine emblématique, le Chuck Norris irlandais Brian O’Driscoll. On se dit alors qu’il pourrait y avoir un infime espoir de victoire pour les Héraultais, capables du meilleur comme du pire. Comme dirait l’autre, sur un malentendu, ça peut marcher. C’est donc dans une RDS Arena remplie d’Irlandais eux-mêmes remplis de bière que nos sympathiques Montpelliérains vont tenter de conclure leur première participation en H Cup par un exploit qui resterait dans les annales. Inutile de préciser qu’on est à Dublin et donc que le temps est… irlandais : plus de vent que dans une cornemuse, pluie horizontale. Captain Ouedraogo choisit de débuter contre le vent, et M. Paterson siffle le coup d’envoi. C’est le début de la fin.

 

Le film du match :

Dès le coup d’envoi de Madigan, le Leinster s’installe dans le camp du MHR, qui réalise qu’il risque bien de subir le jeu pendant les 40 prochaines minutes. Les Montpelliérains défendent bien, poussent les Irlandais à la faute : on se dit que tout est possible! Enfin, jusqu’à la 8ème minute et l’essai du troisième ligne O’Brien, suite à une attaque efficace du Leinster qui enchaîne les temps de jeu comme Boudjellal enchaine les injures. Sur sa lancée, le Leinster inscrit une pénalité, et rebelote à la 16ème minute, suite à un engagement « Davidskrelesque » de Trinh-Duc, l’arrière international Kearney dispose de 3 défenseurs, raffute Jean-Baptiste « Porte-de-saloon » Peyras et va aplatir dans l’en-but.  Nous sommes à la 16ème minute et le Leinster mène 17-0. Et généralement, quand il y a plus de points marqués que de minutes jouées, ça sent pas très bon.

C’est le moment que choisit la bande à Galthié pour se réveiller, et pour mettre pour la première fois les pieds dans le camp irlandais. Et elle va y rester longtemps : pas moins de 15 minutes, pendant lesquelles nos braves guerriers à la fleur de ciste vont pilonner le rideau de fer irlandais avec des pick-and-go et autres mêlées à la pelle, sans écarter une seule fois. On aurait dit que les 16 avants sur le terrain s’adonnaient à une gigantesque partie de Twister. Gorgodze fait parler sa force et semble porter la gonfle en terre promise, mais M. Paterson, après arbitrage-vidéo, n’accorde pas l’essai. La partie de twister peut alors reprendre, et l’arbitre récompense le MHR en octroyant un carton jaune au deuxième ligne Browne, qui préfère sans doute le monopoly. Montpellier continue à y croire et pousse, emmené par son numéro 8 Tulou, qui enchaine les bons matchs, mais finit par céder et perd le ballon après 15 looooongues minutes de bombardement. Tout ça pour ça. Pour le spectacle on repassera. Le MHR, dans la lignée de la saison passée, nous montre qu’il a tendance à souffrir du « syndrome Michel Blanc » : il ne sait pas conclure.

Cet avortement rugbystique file un coup au moral aux pauvres Montpelliérains qui se disent alors que les hommes de Leo Cullen, l’homme issu du croisement entre le prince Charles et un troll, ne sont pas les champions d’Europe en titre pour rien. A la mi-temps, le score s’élève à 20 à 0 pour les Dubliners. Bon, on va pas vous mentir, on s’y attendait un petit peu. Montpellier va désormais jouer avec le vent dans le dos : la remontée fantastique commence!

C’est ce qu’on aurait aimé vous dire, mais dès la 42ème minute, Cian Healy, le « pilier moderne » (comprenez un pilier qui court comme un ailier et fait des chisteras) porte le ballon dans l’en-but, après un superbe exploit personnel de Nacewa, le seul non-Irlandais du Leinster, qui échappe à 5 défenseurs et échoue à 1m de la ligne. Le cauchemar continue pour les Héraultais : 25-0. Et à partir de là, plus rien. Le Leinster, assuré de recevoir en quart de finale, s’économise plutôt que d’aller chercher le bonus offensif, et nos Montpelliérains, à l’image d’un Mamuka Gorgodze qui aurait tout pour être l’égérie de Caterpillar, essaient en vain d’exister dans cette rencontre, et surtout de ne pas repartir Fanny. Ce qu’ils parviennent à faire à la 67 ème minute et une pénalité de Martin Bustos Moyano. 25-3. Rideau, y a plus rien à voir. La rencontre s’achève sur une nouvelle attaque stérile héraultaise. Si le match-aller avait été passionnant, ce Leinster-Montpellier qui avait tout d’un bon match épique, s’est montré à peine plus distrayant qu’un épisode de l’inspecteur Derrick.

Le MHR ferait bien d’oublier cette dernière joute européenne, et peut préparer la venue des guerriers roses de la capitale la semaine prochaine, pour continuer sa fulgurante remontée au classement. En attendant, cette fois, Fabien Galthié a une bonne raison de faire la gueule.
Le Leinster quant à lui, s’est montré impressionnant de maîtrise et de réalisme. Ils sont peut-être pas beaux, mais ils jouent bien au rugby. Et s’ils continuent sur cette lancée, ne cherchez plus le champion d’Europe 2012, ce sera le même qu’en 2011. Sauf si le Munster se rebiffe en finale…

 

Les joueurs :

Sur un match aussi terne-chiant-soporifique (rayez la mention inutile), difficile d’évaluer la performance des joueurs. Mais comme à la boucherie on est professionnels, on a fait un effort.

Montpellier : Le paquet d’avants n’a pas été ridicule, et a même dominé le secteur de la mêlée en première mi-temps. Mais voilà, contre une équipe du calibre du Leinster, être bon ne suffit pas. Ainsi, même Ouedraogo le capitaine exemplaire qui sait voler et guérir le cancer n’a pas su briller. Seuls Gorgodze et Tulou eurent des morceaux de viande irlandaise sous les crampons, ce dernier s’affirmant désormais comme un futur titulaire en puissance, au vu de l’apathie de l’autre numéro 8 fidjien Matadigros. A noter le match correct de De Marco, sorti sur blessure, ce qui n’arrange en rien le problème de la seconde ligne décimée avec la blessure de Fakaté et la suspension de Thibaut « le cerveau » Privat.

Derrière, pas de quoi s’extasier non plus. Tomas a été invisible, Trinh-Duc n’a pas su attaquer la ligne et cherche toujours ses vertèbres sur la pelouse, Bosch, Nagusa et Nadine Bustos Morano ont passé leur match à courir derrière Kearney et Nacewa. Quant à Peyras-Loustalet, on comprend pourquoi il n’était sur la feuille de match qu’en raison de l’absence d’Amorosino qui a dû se tromper d’avion. Sa défense « porte-de-saloon » a été saluée par les Irlandais, notamment par Kearney qui l’a remercié en lui adressant un raffut bien sympathique qui sera sans doute montré dans les écoles de rugby irlandaises. Yoann Audrin fut l’un des rares Montpelliérains à véritablement exister et à contenir son vis-à-vis O’Malley.

 

Leinster :

Il semble inutile de préciser que la globalité de l’équipe d’Irlande… pardon du Leinster, c’est vrai qu’il y a un Fidjien, a réalisé une grosse performance, notamment la troisième ligne Heaslip-O’Brien-Ruddock. Alors oui, il faut avouer que le Leinster est une équipe exceptionnelle, mais les Montpelliérains ont au moins eu le mérite de mettre le doigt sur une petite faiblesse de la province irlandaise : en effet, le Leinster a été pénalisé à de nombreuses reprises, notamment dans le secteur de la mêlée.  Amis auvergnats et occitans, vous êtes prévenus!