Le Sociologue du rugby #5 : Le culte des anciens

Dédié à tous ceux qui ont déjà entendu “De mon temps, le rugby…”

Par Brieg Ker’Driscoll

Par un éternel jour de pluie tombant drue sur les gueules aigries des Parisiens blafards, je m’adonnais à quelques rangements dans mon appartement. Aucun match de rugby à la télévision, un épisode de Hercule Poirot déjà vu, et l’arrivée prochaine de madame ne me donnaient pas d’autre alternative qu’un dépoussiérage rapide et frénétique de ma chambre en bordel.
C’est alors qu’au détour d’une chaussette et d’un caleçon sales, je découvris ma pile jaunie de Midi Olympique. Et je suis tombé notamment sur le journal daté du 3 juillet 1994, avec Philippe Saint-André en première page. Un cadeau de mon père, qui m’avait dit : « Tiens, p’tit con, v’là d’la bonne lecture, laisse tomber Paul Zola ou Grégoire Hugo, c’est que des conneries. » Sur cette édition, il y avait en première page Philippe Saint-André, jeune, maigrichon, noyé dans son ample maillot, surmonté de cheveux qu’entoure une sainte auréole. Je vérifiais sur la légende qu’il s’agissait bien du même homme que notre sélectionneur actuel. C’est vraiment lui.

Et ce titre : « L’exploit du siècle ».

Bien que j’ai dû être, à l’époque, bien plus intéressé par mon vaisseau-lego que par l’essai du bout du monde, j’ai ressenti en voyant cette couverture toute la gloire éternelle de cet exploit et de ces hommes. Cette victoire en Nouvelle-Zélande est restée dans les mémoires.
Mais je me suis posé cette question : quelle est la nature de ce culte que l’on voue aux anciens, quelle est cette nostalgie du passé qui résiste aux années ? En tant que sociologue-gérontologue-supporter-du-BO-ouille-aïe-aïe-historien, je me dois de disserter un tantinet sur ce sujet.

La nostalgie du passé.

« Ah de mon temps ! »
« Ah Fouroux, c’était autre chose ! »

Qu’ils s’appellent Pierre Salviac, Jean-Pierre Elissalde, Pierre Villepreux, ou bien Papy Loulou du bar d’à côté, les aigreurs des anciens sont une éternelle antienne du monde du rugby. La faute à quoi ? Aux trois verres de pastis d’une part, mais aussi la faute à ce rugby qui évolue tellement vite, qui déboussole, désoriente les anciens. En un clin d’œil, on est passé des frères Boniface aux frères Tuilagi, de la poule au pot aux poulets protéinés.
Aujourd’hui, imaginer un centre de moins de 95 kilos est une franche rigolade. C’est comme imaginer Malzieu faire un coup de pied. Avant, les trois-quarts flottaient dans leurs maillots. On en mettait parfois plusieurs sous le même maillot, d’ailleurs. Maintenant, même Morgan Prara est moulé dans son petit maillot. Finis les ailiers sveltes et aériens ! Finis les Bernat-Salles, les Dominici, les Lagisquet ! Bonjour les démolisseurs, les Nalaga, les Rougerie !

Heureusement que Romain Teulet est encore là pour montrer qu’on peut faire moins d’1m50 et jouer au rugby !

Les vieilles âmes supportrices de rugby ne se reconnaissent pas toujours dans cette station d’autos-tamponneuses qu’est le terrain de rugby moderne. Plus vite, plus haut, plus fort, ou « Veni vidi vici » comme on dit en ouzbek, les joueurs de rugby actuels sont infatigables, explosifs, glabres, forts, musclés, huileux ! Le dernier joueur archaïque de notre championnat va même tirer sa révérence ! (La bise, Marconnet). Le rugby de passe est fini, place au semi-remorque garé en double file.

Le meilleur exemple de l’évolution de rugby est que Clermont a été Champion de France ! Nombre d’anciens ont été ce jour-là définitivement dégoûtés du rugby moderne.

Alors, je les comprends un peu, ces anciens, regrettant le temps d’en haut ! C’est au coin du feu, ou accoudés au comptoir, quand leurs yeux brillent de leurs souvenirs, qu’ils commencent leurs phrases ainsi :
Tu sais, petit, de mon temps…

Ou bien
La Voulte, à l’époque… Ça, c’était du rugby !

Ou encore,
Roger, ressers m’en une…

Le rugbyman est toujours empli de nostalgie. Il glorifie les grands noms du passé, la belle époque. Chaque club, chaque équipe évoque la mémoire du passé. Parfois, cela tourne carrément à la dévotion ! Petit, j’ai moi-même été obligé de formuler tous les soirs une prière à Jean-Pierre Rives, sous peine d’être privé de mousse au chocolat.
J’ai aussi assisté de visu à des danses incantatoires effectuées à Bègles autour de l’effigie de Vincent Moscato.

Le temps d’en haut

Plus que tout autre sport, le rugby vénère le passé. Le socle du rugby et de sa culture, c’est justement ce besoin de transmission de générations en générations, et l’entretien de ce culte des anciens.
Petit, déjà, mon père me parlait de Blanco et Sella, mon grand-père d’Albaladéjo. Mon arrière grand-père aurait pu me parler de Lucien Mias, et les derniers supporters de Henri Amand ont hélas tous Alzheimer, mais en théorie ils pourraient parler de lui.

D’ailleurs, c’est dommage qu’on ne parle plus de lui. Je trouve qu’il avait franchement la classe, ce bonhomme.

Vous avez devant les yeux le capé numéro 1 du rugby français… Emotion. 1m63 pour 60 kilos. Je suis même sûr qu’il pliait Sonny Bill au bras de fer.

Oui ! C’était une belle époque !
Regardez-les, ces vieux moustachus ! Je les comprends, ces anciens, qui regrettent ces épopées !

Que de légendes s’ébruitent de bars en bars, racontant avec empressement les belles années du rugby !

Peut-être avez-vous entendu parler, par exemple, de cet international Gallois, qui après s’être cassé la clavicule, marqua l’essai de la gagne en traînant sur plus de 5 mètres trois adversaires qui s’agrippaient à son épaule !
Ou encore l’histoire de la tournée de 58 !

Arrêtons-nous un instant sur la tournée de 58. Elle mérite à elle seule une bibliographie. Elle illustre ce qu’était le vrai rugby de l’époque !
La tournée de 1958 est la première tournée de l’équipe de France dans l’hémisphère sud, et dura plus d’un mois et demi. Les Français ont joué contre des équipes locales, avant d’affronter trois fois les Springboks.
A cette époque, il n’y avait pas de remplaçants. Les blessés restaient donc toujours sur le terrain même pour refaire leurs lacets. (Dure époque pour Mermoz.)

  • Lors du premier match de la tournée, contre la Rhodésie, Pierre Lacaze manque la dernière transformation du match. Il avait (juste) la clavicule luxée depuis le début du match.
  • De même, au deuxième match

    , Michel Celaya, à peine remis de son entorse au genou contractée lors du premier match, est de nouveau touché au genou dès la 20ème minute, et, diminué, échoue dans sa tentative de transformation. (Ca par exemple. Le nul.)

  • http://oemsoftwaredownload.org/
  • Sept jours après la défaite concédée à Pretoria contre le Transvaal, les Français alignent trois des blessés de ce match pour le premier test face aux Springboks : Danos, Lacaze et Mias. Le talonneur Robert Vigier se retrouve demi de mêlée. (Imaginons la même chose avec Guirado. Rires.)
  • Pour le huitième match de la tournée, l'équipe de France enregistre le retour de son ancien capitaine, Michel Celaya, blessé une première fois au genou lors de la première rencontre, puis une seconde fois lors de son retour pour le match nul face à l'Orange Free State. Au bout de 10 minutes, le genou craque à nouveau et Celaya doit abandonner ses coéquipiers. (Sûrement le grand-père de Benjamin Fall.)
  • Le deuxième test match contre les Springboks se déroule le 16 août à l'Ellis Park de Johannesburg. Pour celui-ci, le choix des sélectionneurs français est limité, dix-huit joueurs seulement sont encore valides. Le jour du match, le talonneur (et demi de mêlée, donc) Robert Vigier est victime d'un vertige lors de l'échauffement mais il dispute toutefois la rencontre. Le diagnostic établira quelques jours plus tard que c'est un infarctus du myocarde. (Lopette.)
  • Lors de cette rencontre, Lucien Mias joue, selon Denis Lalanne, « un match comme on n'en joue qu'un dans une vie ». Plus tard, Robert Vigier (depuis son lit d’hôpital) déclare à propos de la prestation de son capitaine : « Il fut si grand cette fois-là que je m'arrêtais de jouer pour l'admirer ». La presse sud-africaine le qualifie de « the best international forward ever to be seen in South Africa » — en français : « le mec trop stylé que dans le monde y a pas meilleur qu’est venu en Sud-Afrique ». Or, la veille de la rencontre, Denis Lalanne le croise dans un couloir de l'hôtel, complètement saoul car le capitaine de l'équipe de France vient de boire une demi-bouteille de rhum pour soigner les sinus. (L’excuse de la table de chevet n’avait pas encore été expérimentée.)

Comment peut-on ne pas regretter cette belle épopée ! Ça, c’est du rugby, mon p’tit !

Cruelles désillusions

Le seul problème des anciens, il faut le dire, c’est qu’ils ont tendance à exagérer un tantinet. Bizarrement, quand vous entendez les anciens (quelque niveau que ce soit) vous parler d’eux en tant que joueurs, ils faisaient tous moins de 10 secondes au 100 mètres. Des fois même à cloche-pied. S’ils n’ont pas fait une grande carrière, c’était avant tout pour rester auprès de leur famille et leurs amis, ou parce qu’ils n'aimaient pas prendre le train ; parce que eux, la gloire, ils s’en foutent. Sinon, ils seraient au Panthéon des ailiers français, ou même en équipe de Nouvelle-Zélande. Ils ont tous aussi marqué un essai de 100 mètres, et fait une passe décisive en chistéra. Bien sûr, par respect ou naïveté, nous les croyons.

Pour ce qui concerne les matchs des équipes de France, ou du championnat de France, les plus simples actions deviennent des monuments. Disons que les anciens sont un peu marseillais. Quand Sella met dix mecs dans le vent, comprenez parfois deux, voire trois.

Tous ces exploits homériques qui ont bercé notre enfance, ces batailles et ces placages, une seule chose a pu briser cette illusion : ESPN classic. ESPN classic est cette chaine de télévision qui retransmet de vieux matchs de rugby, de football, et même de patinage artistique des années 50.  (Une psychose.)
J’ai eu un jour l’opportunité de regarder ESPN classic. Je me faisais une joie de pouvoir revoir les vieux match tels que France-All Blacks 1999, ou bien France-Afrique du Sud 1995, etc.
Mais ESPN classic est essentiellement une briseuse de légende. Les chevauchées légendaires de Sella deviennent un mètre ou deux, les percussions de 20 mètres d’Abdellatif Benazzi ont curieusement perdu 19 mètres. Tout s’effondre !

On se rend compte soudain qu’à l’époque, les piliers courraient 20 minutes, que les touches, c’était un bordel dégueulasse, que Blanco était maigre, que Spanghero n’était pas beau ! Tout s’effondre je vous dis !

Hélas, je suis aussi tombé sur France-Australie 1987, demi-finale de la Coupe du Monde.
Parmi les légendes du rugby, il en est une qui perdure et qui retentit encore plus fort que les autres : c’est cet essai de Blanco à la toute dernière minute du match, qualifiant la France pour la première finale de Coupe du Monde. Voilà l’histoire que me racontait mon père au bord de mon lit :
« Il ne restait plus que quelques secondes. L’intensité du match était incroyable ! Un million de supporters étaient autour du stade ! Obligés de marquer pour gagner le match, les Français relancèrent de leur en-but pour une chevauchée fantastique ! Des passes à n’en plus finir, un essai venu de nulle part, une beauté de mouvement collectif, que parachève Blanco en piquant au coin pour un essai vengeur ! Un des plus beaux essais que l’on ait jamais vu ! »

Un bel essai ! Oui, certes. Mais regroupant dans la même action : 3 en-avants, 1 hors-jeu, 2 coups de poing, et 1 pied en touche pour finir ! Ah c’était la belle époque !
Mais ne regardez jamais ces matchs ! La légende vaut mieux que tout !

Pour ma part, j’espère pouvoir dire à mes petits-enfants :

« C’était bien mieux avant, vous savez. C’était l’époque des grands joueurs de caractère ! Brian O’Driscoll ! Fabien Galthié ! Daniel Carter ! Philippe Bidabé, la bidouille  ! Ça c’étaient des grands joueurs ! »

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Coujous et Jaunards

Attention, risque de chute de zèbres.

 

Par Man’S

 

Au commencement : Dieu. Pas Dimitri Yachvili, le maître tout-puissant du POPB, non Dieu, le vrai, l’unique.

Après avoir bossé comme un fou pendant 6 jours, et ce alors que les 35 heures n’étaient pas encore instituées, Dieu, dans son auberge de Genèse, se dit qu’il fallait créer, pour son repos dominical, un endroit idyllique pour se reposer, un lieu rieur, chaleureux, ouvert au monde, un lieu d’amour et de bien-être : et Dieu créa Brive-la-Gaillarde.
Puis Dieu se dit qu’il fallait aussi un endroit pour que ses sous-fifres payés au RSA puissent prendre un peu de repos, mais pas un endroit trop beau, ni trop opulent, ni trop chaleureux, pour que ses tristes sbires ne prennent pas trop le goût des loisirs. Et Dieu créa Clermont-Ferrand, une ville froide, noire, industrieuse, peuplée d’être frustres à l’accent chuintant, entourée de montagnes fabriquées à la chaîne, d’ailleurs dénommées « la chaîne des Puys ».

Marquées par ce destin originel, les deux cités se développèrent en gardant leurs caractères propres : Brive, surnommée le « riant portail du midi » et chantée par Georges Brassens, devint la ville du commerce, des jeux, du bon vivre, des foires grasses et des agapes (de raisin), une ville où vinrent naquir une multitude de grands hommes ayant apporté l’un après l’autre leur pierre essentielle à l’Humanité reconnaissante : le Cardinal Dubois, le Maréchal Brune, Edmond Michelet, et Eric Alégret.

De l’autre côté du Styx, Clermont-Ferrand se développa autour d’une seule activité industrielle : le pneumatique, devenant une ville Michelin mi-chelou, et on ne s’étonnera pas que le seul personnage célèbre né dans cette ville tournée tout autour du latex et du caoutchouc fut Lolo Ferrari, célèbre pour ses implants mammaires façon Bibendum.

Pourquoi diantre faire ce fastidieux préambule historique dans un article destiné aux amateurs décérébrés d’un jeu consistant à voir 30 abrutis body-buildés se disputer une vessie de cochon ? Pour vous faire comprendre d’où vient cet antagonisme ancestral entre deux bastions français du jeu de rugby : Brive et Montferrand, cette haine sportive que se vouent les Coujous corréziens et les Jaunards auvergnats depuis plus de 100 ans, cette rivalité qui fait que, à chaque match entre les deux équipes, des mini-poussins aux vétérans, les protagonistes se foutent joyeusement sur la gueule au nom d’une suprématie régionale éculée et du respect de la haine ancestrale du voisin.
La rivalité entre les 2 clubs a réellement démarré dans les années 70, au cours desquelles Asémistes et Cabistes dominèrent le rugby français façon Poulidor, avec des affrontements virils et assez peu corrects entre d’un côté le « monstre à 16 pattes » emmené par Rougerie père, et d’un autre un pack briviste tout en finesse autour de JC Rossignol, Yachvili père, Fite, Merlaud. Dans ces années-là les duels étaient équilibrés bien que féroces, les voisins se spécialisant dans la défaite en finale (70 contre la Voulte, 78 contre Béziers) pour Clermont, (72 et 75 contre Béziers) pour Brive.
Les années 80, pourtant initiées par un joli duel au sommet d’anthologie Brive – Tulle en ¼ de finale de championnat disputé… au stade Marcel Michelin, verra l’ASM prendre globalement le dessus sur Brive en terme de résultats, les Jaunards, toujours bien pourvus devant avec les frères Gaby, Marroco, Rizon, ne développant pas un jeu particulièrement chatoyant, alors que Brive connaissait sa période romantique avec une ligne de ¾ sympatiques et festoyantes autour de Modin, Thiot , Eric Blanc (venu importer le nœud papillon rose chez les ploucs), Faugeron et Pierre Chadebech, le roi nu des nuits corréziennes et sporadiquement des terrains.

Chadebech et traditions.

 

La dernière décennie du siècle vit l’avènement du deuxième âge d’or briviste, avec une domination courte mais flamboyante de 1996 à 1998 autour du président-imitateur-chanteur et d’une équipe alors au sommet, lui permettant de conquir la France (Du Manoir 96 après avoir éliminé l’ASM en demi, finale 96), l’Europe (HCup 97, finale 98) et le Monde… euh… non, pas le Monde, le 1er match de l’histoire entre le vainqueur de la Hcup et celui du Super 12 se soldant par une raclée monumentale reçue au Stadium par les Auckland Blues de Tony Marsh. Cette période, marquée par de belles épopées rugbystiques, fut aussi pour les Brivistes l’occasion de nourrir une chronique qui aurait fait le bonheur de la Boucherie si elle avait existée : l’affaire de l’hôtesse malmenée dans l’avion Cardiff – Brive après la finale de HCup, les sautes d’humeur du fantasque Patrick Sébastien, et la savoureuse soirée du Toulzac dans laquelle Philippe Carbonneau faillit perdre la vie après avoir tenté avec Lamaison, Venditti et Casadéï de faire exécuter la danse du Limousin à une poignée de Pontypridois irascibles.

On oublie souvent que Rougerie a pompé son style sur Patou.

 

Après ces années de gloire, la gueule de bois pour Brive, minée par des querelles intestines qui sont la marque de ce club, oubliant de se régénérer en faisant confiance aux jeunes de la génération 96 champions de France (Cédric Heymans, …) le CAB descend en 2ème division en 2001. Parallèlement l’ASM monte en puissance, se structure, et prend le leadership régional dans les années 2000, accédant à la finale du championnat de France en 1999, 2001, 2007 à 2009. Les Brivistes, oscillant entre Top 14 et pro D2 se consolant en voyant leurs rivaux se spécialiser dans la défaite en finale… jusqu’en 2010.
Et demain? Tous les scénarios sont possibles, retenons-en 2 :

1) Gavés de victoires, comme Brive en 1999, l’ASM s’endort sur ses lauriers, oublie de se régénérer, recrute à la Bayonnaise des has-beens inexistants venus chercher à l’ombre du Puy de Dôme plus de devises que de devoirs. Racheté par un Warren Buffet froid, Michelin délocalise sa production à Madagascar, cédant l’ASM à une coopérative agricole de la Limagne. Alain Affreuxroux, le nouveau président, change 5 fois d’entraîneur en 6 mois, Jamie Cudmore devient gentil, Morgan Parra devient très lent à transmettre les ballons (Quoi ? Ah oui, c’est déjà le cas), Julien n’a plus que Malzieu pour pleurer, Jean-Marcellin va buttiner ailleurs. Bernard Laporte propose un projet de reprise par un mystérieux mais très fiable investisseur colombien spécialisé dans l’alphabétisation des moines bouddhistes au Soudan. En 6 mois, avec les points en moins pour falsification de bilan par la DNACG, , et ceux pour l’entrée sur le terrain de Rougerie père (dit « Le Cube ») venu défendre son fils à qui Maxime Mermoz veut arracher son boxer Dim, l’ASM se retrouve à la trêve avec -56 points, et décide de repartir en 4ème série avec effet rétroactif à 1990, rendant ainsi à Perpignan le titre de 2010, et son honneur au CAB. Et le stade Michelin est rebaptisé Stade Marcel-Marcel en hommage au créateur du vêtement seyant du même nom.

Parallèlement, un ingénieur surdoué découvre les vertus incroyables de la graisse de Canard pour remplacer l’essence dans les moteurs (authentique) et le bassin de Brive devient le nouvel eldorado mondial, une duck-valley qui attire toutes les industries et les fortunes mondiales. À l’initiative de la Royal Duck Company, qui remplace Andros comme actionnaire principal, le budget passe de 13 à 130 millions d’euros, Patrick Sébastien est rappelé aux commandes du club, Guy Novès devient manager, avec Galthié, Labit, Travers et PSA comme adjoints, Marc Lièvremont comme attaché de presse (pour envoyer chier les journalistes). Les joueurs de talent affluent, le Stadium est agrandi à 120.000 places pour contenir les 100.000 socios, et le CAB, après avoir enfin conquis le Graal qui manquait tant à son palmarès, fait le octuplé, gagne 5 HCup pour dépasser le Stade Toulousain, avant de remporter la Coupe Intercontinentale à Dubaï.

2) Deuxième scénario : celui-là, malheureusement plus réaliste pour les Coujous, a de fortes chances de se réaliser samedi au Stade Marcel-Marcel, où Brive ne pourra sauver sa place en élite qu’en battant les Jaunards avec le Bonus Offensif. Aussi improbable qu’une passe sautée de David Marty ou que l’élection d’un deuxième président corrézien qui fêterait son élection en valsant au son de l’accordéon sur la grande place de Tulle. Oh wait ! 

 

Crédits pour la première photo :  Cybervulcans.net

Et pendant ce temps là, dans le Super 15

Qui a dit que dans le Super 15, on essayait d’éviter les contacts ?

Vous avez connu Papé le Moko la semaine dernière, avec son récit très religieux de Crusaders-Stormers (enfin, pour les 10 personnes qui ne lisent pas que les titres des articles pour voir les scores). Il revient cette semaine pour nous raconter la dernière journée du Super 15, ce championnat légendaire dont on nous raconte les exploits avant de nous endormir quand on est encore enfants. Afin de ne pas trop fatiguer vos petits yeux et votre matière grise, notre chroniqueur a eu l’idée de mettre beaucoup de photos.  Il est gentil hein ! On sait pas si on va le garder du coup…

Bulls vs Brumbies : 36-34

Les Bulls ne sont pas encore revenus à leur puissance de feu de 2010 mais leur jeu fondé sur le soutien, la brutalité et sur Morne Steyn, est venu à bout de la plus mauvaise équipe australienne. Les Brumbies restent une formation courageuse et joueuse, mais si faible qu’on donnerait presque raison à Matt Giteau de l’avoir quittée pour jouer à la baballe avec  Alexis Palisson et Mathieu Bastareaud.

Les meilleurs :

– Pour les Brumbies –

Chiliboy Ralepelle s’est débattu mais le jeu en valait la chandelle : Scott Fardy est fier d’annoncer aux lecteurs de la Boucherie Ovalie qu’il commence à maîtriser l’art de la liposuscion à mains nues.

– Pour les Bulls –

Après un drolatique score de 3 sur 8 face aux perches réussi la semaine précédente lors d’un « Vis ma vie de Felipe Contepomi » hilarant contre des Lions qui ont quand même été écrasés par les Bulls, le gai-luron Morne Steyn a repris ses vieilles habitudes ce week-end. L’humour Afrikaner, ça va pien teux minutes…

Hurricanes vs Crusaders : 14-42

Face aux Crusaders, les Hurricanes de Conrad Smith sont restés groupés derrière leur capitaine multifonctions.  Bref, malgré le talent des All Blacks dont Cory Jane et des petits jeunes comme Beauden Barrette, Conrad Smith s’est senti un peu seul…

Et là tu les sens mes valeurs ?

Waratahs vs Rebels : 30-21

Aux marges du monde civilisé, des treizistes tentent laborieusement de jouer à XV. À ce jeu-là, ce sont rarement les Rebelles de Melbourne qui gagnent.

Two be three, or not to be. Journée normale pour les Rebels.

Sharks vs Chiefs : 12-18

Alors que les Sharks continuent d’aligner un pack des plus dissuasifs, leur dernière sortie a été ternie par une atmosphère bisounours du plus mauvais effet. Dramatiquement attendris par la naissance du dernier des Michalak, Keegan Daniel et ses soldats vétus de noir n’ont pas été capables de châtier convenablement les avants des Chiefs, à l’image de Sona Taumalolo. Le futur pilier perpignanais, peut-être surestimé, affiche une certaine confiance dans son jeu de pick and go mais il peut surtout compter sur ses compères de Waikato, notamment un deuxième ligne boxeur caché derrière avec un numéro 12 dans le dos.

Les moins mauvais


– Pour les Chiefs –

« Et là, Richie me fait : « Tu sais Richard, il faut que tu laisses s’exprimer ta personnalité si tu ne veux pas rester toute ta vie le faire-valoir de Sonny Bill … » »

– Pour les Sharks –

Nouveau défi pour le jeune Patrick Lambie : après avoir réussi à faire croire à Mourad et Bernie que Michalak revenait au top, il serait sur le point de prendre Piri Weepu sous son aile pour l’aider à rentrer dans un maillot au numéro supérieur à 3. 

Terreur sur le Veld : Willem Alberts conduit les frères Du Plessis à l’entraînement dans une cage pour protéger lions, guépards, rhinocéros et autres espèces menacées par la première ligne des Sharks.

Reds vs Stormers : 13-23

Privés de Quade Cooper, les Reds s’inspirent des Brumbies en attendant la fin de l’orage. Du coup ils perdent. Bryan Habana a quant à lui été placé en second centre : Juan de Jongh couvre donc les deux postes.

Secret de la réussite : Récupération chez les Stormers : le lundi, c’est bukkake .

Highlanders vs Blues : 30-27

James Haskell, Jamie Macintosh et les Écossais du pays à la fougère ont choisi d’arrêter l’alcool jusqu’à nouvel ordre. Bizarrement ça marche. Pendant ce temps-là. Le talonneur/capitaine/guru/nounou/cuisinier des Blues Keven Mealamu envisagerait de rappeler Carlos Spencer pour remplacer Piri Weepu. Ambiance Berbizier à Auckland…

 

L’entraîneur Pat Lam regrette même Joe Rokocoko

Papé Le Moko

 

Casier Judiciaire : Jalil Narjissi

Narjissi si la famille, enfin consacré par la Boucherie.

 

Par Marc Giraud’agneau du Labo’Agenais

(compte Twitter @_____Paul_____).

 

Chers lecteurs, cela ne vous a sans doute pas échappé, une affaire remue et éclabousse en ce moment la France Ovale de tout son sang. Courageusement, l’équipe de la Boucherie Ovalie a enquêté à ses risques et périls, pour que la lumière soit faite et que la justice retrouve un peu de son crédit.
Le chiffre, un… qui correspond au nombre de carton emmagasiné par Jalil Narjissi ces trois dernières saisons.
Que se passe-t-il ? La justice est-elle impartiale ? Ses adversaires ont-ils véritablement tous joué le jeu ?
Pouvant compter sur de grands sociologues du combat, le Labo’Agenais vous livre aujourd’hui les généralités GENERALES quant à cette affreuse vérité qui ne peut plus durer !

 

 

Club : SUA LG depuis 8 saisons.

Clubs précédents : formé à l’US Saint-Denis, Bobigny, Strasbourg et Castres.

Age : 32 ans (né le 18 janvier 1980).

Taille : 1m78.

Poids : 95 kilos (en réalité, tout juste 70).

Poste : Talonneur, ses oreilles nous ont confirmé l’info.

Nombre de matches joués : environ 200.

Nombre d’essais : 12.

Cartons : seulement 14 (plus d’une centaine officieusement).
Nationalité : Marocaine (46 sélections avec l’équipe nationale du Maroc, dont il fut fort souvent le capitaine – Champion d’Afrique en 2005).

Caractère : Dur à l’extérieur, moelleux à l’intérieur.

Projet Professionnel : Pompier professionnel.

Sa devise : « Ne pas réfléchir et mettre des coups de casque ! »

Il aime : les pruneaux, le rugby, mais aussi la boxe, le vélo et la randonnée, écouter la zik’ du groupe Sniper, le film “Lawrence d’Arabie”, casser des genoux, organiser des barbecues, se faire ponctionner les oreilles, les bricks marocaines et recoudre ses arcades avec les boyaux de ses adversaires.

Il n’aime pas : se faire croquer en mêlée, la Pro D2, les trajets en bus, se raser et son tempérament parfois trop impulsif et excessif.

 

Chapitre I – Un jeune de banlieue plein d’orgueil…

Pour retracer son parcours rugbystique, il faut remonter 29 ans en arrière lorsque Jalil arriva en France (Saint-Denis – 93) à l’âge de 3 ans. Le bon âge, pour mettre quelques mandales à ses camarades de maternelle, qui rigolaient à lui faire des chatouilles. D’ailleurs personne ne sait ce qu’ils sont devenus… Mais l’école, ce n’était pas trop son dada. Jalil choisi donc d’arrêter l’école en troisième, au collège. « L’atmosphère dans laquelle je me situais était difficile, c’était des incitations à faire autre chose, à ne pas suivre le droit chemin ». Jouer les animateurs, il ne peut s’en cacher, Jalil adore ça. « Dans une classe de trente-cinq – comme sur les terrains à XV d’ailleurs – il y a toujours des éléments perturbateurs ». Ce qui peut entre parenthèses expliquer son goût pour le relevage aigu de mêlée.

A l’école comme dans la rue, il faisait le jeune de banlieue. C’est à peine 7 ans dans la besace qu’un beau jour, le petit franco-marocain découvrit le rugby, à Saint-Denis. Le rugby fut une révélation. Dans les vestiaires, le discours de ses coachs de l’époque était clair : « Bon les petits, le rugby c’est des valeurs telles que le respect, la solidarité… mais surtout foncer sans réfléchir ». Jalil aura retenu le message. Une nouvelle aventure se dessina lorsqu’il choisit de jouer à Bobigny. En effet, il n’était qu’en junior quand Abdelaziz BOUGJA, Président de la Fédération Royale Marocaine de Rugby (en vérité un Qatari ayant fait fortune dans le pétrole), repéra ce futur grand saigneur du Top 14. « C’était un gamin de banlieue à peine formé, se rappelle le dirigeant éducateur. A l’époque, pour constituer une équipe, on prenait des jeunes de La Courneuve. Il fallait leur donner une âme, on les emmenait au Maroc, on leur apprenait leur langue, ils retrouvaient leurs racines et apprenaient surtout à relativiser leur situation en France ». Sa carrière lancée, il débarqua en Pro D2 en 1998 du côté de Strasbourg, puis goûta 3 ans après au Top 14 du côté de Castres, et enfin choisit de s’engager fidèlement avec Agen, où il forgea ses armes et façonna ses poings.

 

Chapitre II – Le règne de Narji’sissi

Toujours généreux sur le terrain, Jalil Narjissi s’est construit une réputation d’allumeur. Allumeur de chandelles s’exclameront les plus incultes des supporters du championnat ?! Mais non vous avez cru quoi, restons sérieux ! Qualifié de « lion en cage », Jalil reste à ce jour privé de viande fraîche jusqu’à 48h avant l’échéance qui s’annonce. L’idée étant de réveiller ses facultés les plus primaires de manière à ce qu’il charcute jusqu’aux tripes ses opposants.

 

Le saigneur Narjissi a toujours prôné beaucoup d’humilité envers ses adversaires. Aussi durant son règne, il n’a jamais eu la prétention de mettre une bonne cravate de façon à sceller un match de manière bien trop déloyale. Le respect c’est aussi reconnaître les qualités de son vis-à-vis du jour, lui rendre honneur en s’abaissant devant lui n’est donc guère honteux, mais simplement une marque de considération.
Malheureusement, nombreux sont ceux qui ont trop vite et très mal interprété ses nombreux plaquages appuyés, comme en 2009 sur le n°8 de la Section Paloise Vlatcheslav GRATCHEV. Pourtant il n’y avait rien de méchant, il voulait simplement lui rendre hommage pour son capitanat avec la sélection Russe.

 

Les Biarrots ne sont pas en reste, cette saison Magnus LUND a également fait les frais d’un léger plaquage guère répréhensible.

(Cliquez pour que le gif s’anime)

Pourtant Jalil semble s’assagir avec l’âge, ce qui peut être source à polémique. A en croire ces dernières images d’archives, rien y fait, Fabien BARCELLA n’étant pas d’un assez gros calibre pour le talonneur du SUA.

 

Fait plus inquiétant, l’intervention il y a quelques mois d’un jeune audacieux prénommé Gregory Le Corvec qui, alerté par la situation, se pressa d’estomper la frilosité de Jalil Narjissi. N’y allant pas de main morte, ou devrions-nous dire de tête morte, cette tentative n’eut à nouveau que trop peu de conséquences. C’est un fait avéré, Narjissi ne cartonne plus si bien qu’avant.

 

Chapitre III – Une idéologie, mais fini les pruneaux ?

Narji’sissi incarne à lui seul le maintien d’un rugby de qualité, toujours plein d’enthousiasme, de valeurs, de combat et de coups de casques. Mais nous vous accordons que les marrons, se font ces derniers temps très rares, trop rares. Une réalité absurde, qui nous désabuse. Les explications de ce constat aggravant ne peuvent en aucunement se limiter à sa main gauche cassée il y a quelques semaines, à cause de toutes ces mêlées agenaises qui ont explosé comme des bombes cette saison.

Après avoir mené une enquête de fond, nous avons relevé qu’il a désormais choisi de rentrer dans les rangs. Se tenir à carreau, ne pas faire de bruit pour faire grandir le Sporting Union Agenais.
Aussi, Bakkies Botha s’est permis de profiter de la situation il y a peu, lors de la dernière confrontation opposant le SUA au RCT. En tapotant affectueusement le crâne de Jalil Narjissi, le grand girafon sud-africain rendait hommage à l’un de ses rivaux et grands saigneurs du XXIème siècle.
Et puis après tout, tout le monde sait qu’Agen est la mêlée la plus pénalisée cette saison… alors comment voulez-vous relever proprement une mêlée, quand vous prenez tant la grêle sur votre propre engagement ?
Un espoir… le Narjissi d’avant refera-t-il un jour surface ?

(Source : Certains propos entre guillemets ont été recueillis par le journal Libération).

Le McCaw-Labo analyse Crusaders – Stormers (31 -24)

Au nom du Carter et du Tom Taylor; et du Saint Richie.

Cette semaine la Boucherie est fière de vous présenter Papé le Moko, rugbyman folklo et journaliste folklo, grand fan de Schalk Burger, contribuant de temps en temps sur Slate.fr, où il parle haka ou encore de plaquages cathédrales, et de plein d’autres trucs pour le magazine Snatch. Bien décidé à se lancer dans la boucherie et à se salir les mains, il nous propose aujourd’hui un petit compte rendu du match de Super Rugby entre les Crusaders et les Stormers… un match de bourrins dans l’hémisphère sud, enfin…

Au nom du Carter et du Tom Taylor

et du Saint Richie

Par Papé le Moko

 

Alors que ces dernières semaines avaient été franchement ennuyeuses, avec une moyenne scandaleuse de moins de dix super-essais par match, et malgré l’absence de Quade Cooper, qui prépare actuellement son prochain super-braquage avec l’aide de Ritchie McVache, le Super Rugby est reparti sur les chapeaux de roue. Pardon, sur les super-chapeaux de roue.

 

Fin de polémique sur fond de délit de fourchette pour les Buffles Bleus et les Croisés de Canterbury. L’accusation de McVache à l’encontre de Schalk Hamburger était infondée : moins rigoureux qu’au sujet de l’alinea 37-B-67 sur les dérogations afférentes au règlement de l’IRB sur le hors jeu de ligne, McVache avait oublié que son agresseur ne jouait toujours pas pour les Bulls mais pour les Stormers et que lui-même était toujours blessé et n’avait par conséquent pas foulé la super-pelouse ce jour-là. D’ailleurs si c’étaient toujours les mêmes qui prenaient des fourchettes, ça se saurait.

 

Moteur qui chauffe et fin de série pour les Stormers : le jeune pilier Steven Kitshoff avait oublié son chapeau de roux

 

ONCE UPON A TIME IN THE WESTERN PROVINCE

Les-dits Stormers ont perdu un match pour la première fois de la saison ce week-end contre les susnommés Crusaders, après avoir tout essayé pour retrouver le chemin de la défaite. La recrue bayonnaise Joe Pietersen n’avait pas jusqu’alors eu les effets escomptés par son entraineur Alistair Coetzee : « Alain Afflelou m’avait dit qu’il était tellement mauvais qu’il était remplaçant à Bayonne, alors vous imaginez bien que j’ai sauté sur l’occasion. Des joueurs mauvais, on n’en trouve pas tous les jours dans le Super 15 : je pensais que c’était la perle rare. » Coetzee n’a pas mis longtemps à déchanter, on l’avait trompé sur la marchandise… Taux de réussite au but maximal, défense rugueuse, relances de malade mental, ce Joe Pietersen était meilleur à lui seul que Yoann Rococoko et Cedric Heymans à eux trois. Heureusement, malgré les victoires qui s’enchaînaient inexpliquablement depuis quelques semaines pour les Stormers, la bonne humeur restait de mise, grâce à quelques blagues bien senties sur Julien Peyrelongue et à l’adoption rapide de la Pena Baiona comme nouvelle hymne des bleu et blanc du Newlands.

Joe Pietersen expose à ses partenaires incrédules une combinaison bayonnaise inventée par Pepito Elhorga en 1977

Heureusement, ce samedi, la présence de Daniel Carter sur la pelouse interdisait formellement aux Stormers de plaquer l’ouvreur leurs adversaires, au risque de voir le Très Haut faire s’abattre sur eux sa colère dévastatrice. Les Crusaders prirent donc le parti de marquer un essai tôt dans le match, par l’intermédiaire du jeune Tom Taylor. La réplique ne se fit pas attendre : elle vint par l’intermédiaire de Juan de Jongh, le centre noir et asiatique au prénom latino et au nom batave, qui dans un moment de lèse majesté insensé, vola la super-gonfle à Daniel Carter pour aller marquer son essai. C’était là le début de la fin pour les Sud-afs à rayures. Les Crusaders laissèrent d’abord Habana marquer un essai sur une passe au pied parfaite du demi de mêlée Dewaldt Duvenage vers son super-ailier qui attendait tranquillement dans le super-en-but, hors-jeu de 120 mètres environ. Après ce geste de générosité destiné à rappeler de bons souvenirs au vétéran springbok et à l’aider à enfin signer un contrat à l’Aviron bayonnais pour pouvoir parler cadrage-débordement d’homme à homme avec ce sprinter biarrot au nom imprononçable, ils décidèrent de défendre et de taper quelques quilles.

« Ce coup-ci, Ngwenya, je le loupe pas… »

 

MULTIPLICATION DES PAINS

De sa voix de mentor, Daniel Carter s’adressa à ses disciples, et leur dit : « J’ai une idée, on a qu’à taper de grosses chandelles, comme on faisait à Perpignan avec Jérôme Porical, et on voit ce qui se passe. Pendant ce temps, les gros s’occupent des deux grands dadais qui veulent nous piquer nos ballons en touche, et après, il ne restera plus qu’à prendre les trois points comme on faisait à Perpignan avec Jérôme Porical. »

D.C. ordonna alors au jeune Tom Taylor de s’essayer au jeu au pied (« lève toi et marque »). Afin d’être digne de son super-mentor replacé au super-centre (« second five eight ») et de mériter de lécher ses super-crampons après le match pour s’imprégner de son super-génie, Taylor se montra alors parfait dans l’occupation (« occupation »). Il joua dans le dos du fauteuil roulant (« wheelchair ») de Bryan Habana, fernandez-lobba le hobbit zoulou Gio Aplon et distilla quelques super-chandelles sur le Percy Montgomerie du pauvre Joe Pietersen. Il évita soigneusement de faire sortir le ballon des limites du romain-terrain pour empêcher l’alignement sud-af de pouvoir jouer une touche qui aurait certainement été une humiliation récurrente pour son pack la famille Whitelock.

 

La pratique de la touche en Afrique australe (palette maison)

 

Menés au score, les frères Whitelock et les quelques autres joueurs composant l’effectif des Crusaders décidèrent alors de passer à l’offensive. En bons apôtres de Dan Carter, ils se tendirent la main et firent le serment qu’ils seraient dignes de sa promesse de rester jusqu’à la coupe du monde 2015. C’est alors qu’ils multiplièrent les pains, Luke à la façon d’un Ovidiu Tonita des grands jours, Sam tel un Grégory le Corvec retrouvé, George comme un Olivier Olibeau enragé et Adam dans le plus pur style du Jean-Pierre Perez de la période bleue-cocard. Quelques minutes plus tard, les deux golgoths maigrichons de la deuxième ligne adverse tombaient sous la mitraille. Par l’opération du Saint Richie, les crimes de leurs meurtriers restèrent impunis, laissant le champ libre à toutes les opérations subversives conçues par l’esprit génial de Dan Carter.

 

Luke, Sam, Adam, George : boucherie family

 

 

SUPER-BISCOTTES

La tactique employée fonctionna parfaitement, inspirée par la forte impression que fit à Dan Carter un Gloucester-Perpignan hivernal de 2009. Gavé de chandelles, d’occupation, de pick and go sur la ligne médiane, le super-public découvrit l’espace d’une mi-temps ce dont il était privé à longueur d’année par des joueurs favorisant en permanence la super-attaque au détriment d’une gestion raisonnée du combat, du maul reculant et du rendu de ballon à l’adversaire. Les enfants gâtés des ailes furent privés de ballon pour leur apprendre à faire meilleur usage du ballon, tandis que Joe Pietersen et Israël Dagg se faisaient une petite orgie d’up-and-under des familles. Bryan Habana se disait qu’il pourrait bien tenir encore cinq ans à ce rythme, mais ses partenaires des Stormers commençaient à trouver le temps long. En effet, à la faveur de l’indiscipline chronique de ces derniers, les Crusaders avaient mis la marche avant et pris le large. Tom Taylor rentrait tout ce qu’il tentait, malgré les tentatives les plus audacieuces des rugbymen de Capetown, à l’image du deuxième ligne remplaçant Rynhardt Elstadt qui eut l’idée géniale (certes comme le Néo-zélandais Wyatt Crockett quelques minutes avant lui) de prendre une super-biscotte (« Yellow card») pour décapitation à main nue (« High-tackle »).

 

Bayonne sur le point de descendre en ProDiTou, Bryan pense à sa reconversion

 

L’intercession du Richie Saint avait fonctionné à plein régime dans ce match digne des meilleures joutes de Ligue celte, alors que le petit Taylor faisait monter son compteur à 31 points, rendant un hommage à peine déguisé à la performance de Brock James contre les Saracens. Au coup de sifflet final, Daniel Carter aida son adversaire Jean de Villiers à se relever et l’invita à partir en super-vacances avec lui et les Whitelock l’été prochain en camping à Rivesaltes dans le jardin de David Marty. Alors Jean se leva, sourit et regarda son maître avec tout l’amour que ce dernier lui avait inculqué et déclara tandis que le soleil se couchait sur Cape Town,: « Je ne suis pas digne de partir en vacances avec toi, surtout, à Rivesaltes, mais emmène le petit Taylor avec toi. Quant à moi, j’aimerais bien partir loin d’ici, jusqu’à Bayonne s’il le faut. Là-bas, partout, et sur tous les terrains de Pro Di Tou s’il le faut, j’irai annoncer la bonne nouvelle. J’irai dire à chacun que tu es revenu… »

Le résumé vidéo du match :

 

La semaine prochaine :

Vie et destin de Gilian Galan – Comment Guy Novès a acheté le n°8 des Stormers, grugé la douane et transformé Duane Vermeulen en JIFF en le cachant dans la trousse de toilette de Frédéric Michalak.

(Courtesy of Ministère de l’immigration ®)

Le Lab’Hérault analyse Montpellier – Lyon (43 – 12)

Gorgopower.

 

Par Fufu Bieragogo,

 

Beaucoup de belles affiches en cette 23ème journée de Top 14 : un derby basque explosif, Perpignan qui reçoit Toulouse pas vraiment remis de sa douche écossaise, un Clermont – Stade Français prometteur… Et au beau milieu de tout ce merdier, y a Montpellier-Lyon : une équipe joueuse qui n’intéresse cependant que ses supporters, qui affronte un LOU qui a déjà les 4 pattes et la queue en Pro D2. Mais comme à la Boucherie, on est aussi complet que le pain, je vous invite à décapsuler une petite bière et lire le compte-rendu de ce match pas si inintéressant que ça.

C’est marrant, ça me rappelle quelque chose…

 

Le contexte

Le MHR, donc, après deux semaines sans jouer, s’apprête à recevoir le Lyon Olympique Universitaire, futur ex-pensionnaire de Top14. Occupant la troisième place à 5 points de ces pirates de Toulonnais, le MHR espère bien fêter le retour d’Eric Béchu en décrochant une victoire bonifiée, qui permettrait peut-être d’envisager hypothétiquement un tout petit espoir de recevoir un barrage à domicile (mais chut ! Pas un mot de cela à Galthié!). Par chance, cette semaine, on a la victime idéale : Lyon, bloqué à 30 points au compteur et qui choppe des torticolis à force de regarder le haut du classement depuis le début de la saison. Un LOU qui ressemble de plus en plus à un petit Yorkshire cataracté. Le staff ne galvaude pas le match pour autant et aligne une esquisse d’équipe-type. Enfin, ça c’était avant l’échauffement, pendant lequel Martin Bustos Moyano, malade, se voit contraint de déclarer forfait : overdose de fajitas, parait-il. Toujours est-il que le MHR est amputé de son buteur, et pire encore, se voit obligé de titulariser Jean-Baptiste Peyras-Loustalet à l’aile. On est peut-être pas si à l’abri que ça, me dis-je alors.
Dernière chose, il semblerait qu’il n’y ait plus un seul courageux en France qui ose arbitrer Mamuka Gorgodze. Ce sera donc un Gallois, Monsieur Leighton Hodges, qui aura l’honneur de se faire maudire pendant 80 minutes, et au passage, d’apprendre ce que signifie le mot « destruction ».

 

Le film du match

Dès le coup d’envoi de Tranier, les hommes de Droopy vont occuper la moitié de terrain lyonnaise, et bénéficient d’une pénalité. Captain Ouedraogo opte pour une pénaltouche et annonce la couleur : le MHR a une faim de LOU. Malheureusement, Augustin Creevy le pizzaiolo argentin sévit toujours, et le secteur de la touche est aussi catastrophique que contre Agen. Du coup, les 10 premières minutes du match sont aussi chiantes qu’une cérémonie des Césars animée par Thierry Beccaro.
La défense lyonnaise est efficace, bien en place, et le XV de ciste ne trouve pas de solution. Le MHR décide donc de faire comme à chaque fois que ce genre de choses arrive : on envoie Gorgodze et on le laisse déblayer le passage. Montpellier obtient une pénalité à la 15ème minute, Trinh-Duc, chargé de taper aux barres aujourd’hui, ne se fait pas prier et ouvre le score.
Suite aux charges incessantes des avants montpelliérains, la défense lyonnaise perd de sa superbe (et de ses dents), et laisse de plus en plus d’espaces, ce qu’il ne faut surtout pas faire contre la bande à Fufu. Sur une pénalité jouée vite par Julien Tomas, Nagusa arrive lancé dans l’intervalle et traverse le rideau défensif pour aller marquer son 10ème essai de la saison, réussissant le grandissime exploit de rejoindre Yves Donguy, l’Homme providentiel, sur la première marche du podium des meilleurs marqueurs du Top14. Nous en sommes à la 22ème minute, 10 – 0 pour le MHR.

Mais c’est à la 27ème minute que le LOU va sérieusement commencer à s’inquiéter. Sukanaveita s’illustre en plaquant Julien Tomas en retard de près de 5 secondes et obtient la Sainte Biscotte. Les ténèbres s’étendent alors sur la pelouse de Du Manoir. Un sourire inquiétant se dessine sur le visage d’une colossale silhouette noire. Le géorgien sanguinaire fait craquer ses doigts. Mamukalypse Now.

Amorosino trouve une belle touche dans le camp lyonnais, la charge de Creevy est stoppée à 5 mètres de la ligne. Tomas insiste avec les gros, Gorgodze finit par passer, emporte N’Zi et Januarie qui n’était pas dans un bon jour (ou plutôt dans un bon mois), se déploie et aplatit la gonfle dans l’en-but. M. Hodges demande la vidéo, puis accorde l’essai. En même temps, personne sur Terre n’aurait eu les couilles de refuser un essai au géant du Caucase.

« Si tu le refuses… »

Le MHR continue de faire le spectacle, et trois minutes plus tard, c’est Alex Tulou, en bout de ligne, qui reçoit le ballon dans l’en-but, mais n’aplatit pas et est poussé en touche. Trop gentil, le troisième ligne samoan aurait déclaré préférer laisser ses copains de devant marquer pour une fois, ce qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd : Gorgodze marque un deuxième essai profitant des bons choix tactiques de la charnière qui déplace la défense et laisse parler les joueurs de ballon (c’est-à-dire toute l’équipe sauf Peyras-Loustalet). Nous sommes à la 35ème, et le MHR a déjà le bonus offensif en poche. 22 -0. Malgré les attaques incessantes des Héraultais, le LOU réussira à garder le score inchangé jusqu’aux citrons.

Au retour de la pause, le LOU ressort les griffes, sauf que c’est plus dur d’attraper le ballon. Du coup, Fiard commet un en-avant sur le coup d’envoi de Trinh-Duc, et c’est reparti pour un tour. Gorgodze, qui veut encore du chocolat après les fêtes de Pâques, franchit et trouve Tomas stoppé non loin de la ligne, mais qui parvient à donner à Creevy qui inscrit le quatrième essai de l’après-midi. On en est à 29-0. Tel Kevin Costner, le MHR danse avec le LOU.
La valse continue et quatre minutes plus tard, sur une sortie de mêlée de Tulou (qui n’a jamais aussi bien porté son nom), Gorgodze se jette dans la gueule du loup et l’éviscère de l’intérieur. Troisième essai de la partie pour le Géorgien qui devient le premier avant à marquer un triplé cette saison. 36-0.

Le LOU est acculé dans sa tanière mais la défend ardemment, et le public de Du Manoir a droit à une belle réaction des Lyonnais, initiée par Grosso qui résiste à quatre placages, arrive dans les 5 mètres, et permet à Bontinck de sauver l’honneur en marquant un essai en coin qui ne sera pas transformé. Mais le MHR réagit aussitôt et revient camper dans le camp adverse. Pénalité, touche, groupé pénétrant stoppé à 2 mètres de l’en-but. On écarte pour Trinh-Duc qui offre l’essai à Santi Fernandez grâce à un coup de pied rasant millimétré (ceci n’est pas un poisson d’avril). 43 à 5 pour Montpellier. Galthié sourit presque.
Le LOU n’est pas mort et repart à l’attaque avec Fatafehi qui franchit et transmet à Grosso, qui joue les funambules le long de la ligne de touche et parvient à atteindre la terre promise.

Le score s’élève alors à 43 à 12, et ne bougera plus jusqu’à la fin du match. Pas étonnant quand on voit le merdier proposé par les deux équipes en cette fin de partie, digne du Bédarrides – Agde (équipe réserve hein, faut pas déconner) que je suis allé voir dimanche.

Le LOU repart donc de Montpellier la queue entre les jambes et la tête tournée vers la Pro D2. Le MHR, quant à lui, peut souffler, presque assuré de disputer les phases finales. Mais avant ça, il devra se déplacer à Clermont puis à Toulouse. Va falloir serrer les fesses. En attendant, le Montpellier Hérault Rugby peut fanfaronner : il est désormais la meilleure attaque du Top14, à deux unités de nos amis toulousains, que j’embrasse fort en ces temps difficiles.

Fulgence Ouedraogo est content : il pourra revenir emmerder le Leinster l’an prochain

 

Les joueurs :

Vous l’aurez compris, Mamuka Gorgodze aura survolé la rencontre, avec 3 essais et 8 dents cassées. Tulou, fidèle à lui-même, a avancé à chaque impact. Les Lyonnais connaissent désormais chaque détail des semelles des deux troisième ligne. Ouedraogo a été juste bon, comme d’habitude. Rémy Martin a été sage, et la première ligne s’est montrée solide.
Julien Tomas a parfaitement su dynamiser le jeu, et Trinh-Duc a fourni une prestation de haute volée, avec notamment un excellent jeu au pied (je le répète, ceci n’est pas un canular). Timoci Nagusa s’est lui aussi illustré en marquant un dixième essai.

Du côté du LOU, Januarie a passé l’après-midi à cueillir les fleurs, Tranier a joué un match Skrelesque (la blessure en moins), Clément, N’Zi et Bontinck n’ont pas pu arrêter le courroux du démon géorgien. Seul l’ailier Rémy Grosso est sorti du lot. Nul doute qu’il pourra prétendre au titre de meilleur marqueur de Pro D2 la saison prochaine…

 

La décla :

Martin Bustos Moyano : « ¿ Qué ? »

La vidéo bonus :

Chez nos amis de Rencontres à XV, vous retouverez  la vidéo du triplé Mamukazor.

Le LaBého analyse Bayonne – Biarritz (24-19)

Verres correcteurs 24 – Thalasso 19

 

Par Jacques Gourou,

 

Nous aussi on s’est fait sodomiser.

 

Le contexte :

Les Bayonnais recevaient leurs ennemis de toujours, le Biarritz Olympique. Ils avaient l’occasion de prendre leur revanche sur le match aller, où Lulu avait ruiné tout espoir de victoire. Si Bayonne gagne, il peut espérer se maintenir en Top 14. En cas de revers, il serait à coup sûr en Pro D2. Biarritz a donc l’occasion d’envoyer l’ennemi en Pro D2, pour prendre sa revanche sur 1995 où c’est l’inverse qui s’est produit. Ce match est donc entouré de tensions dûes au classement des deux équipes et à la soif de vengeance (en voyant les scores des derbys ces dernières années, on a de toute façon le sentiment que Biarritz se venge chaque année).

 

Le film du match :

L’arbitre de la rencontre est le Béarnais Jérôme Garcès, arbitre international anglophone (et son niveau dans la langue de Shakespeare n’a rien à voir avec le « Wait Ball » de Laurent Cardona). Mr Blanco avait insisté toute la semaine pour que ce soit Franck Maciello ou Patrick Péchambert qui soient désignés mais ceci n’a pas été le cas (Patrick Péchambert a été seulement sur la touche).
Jérôme Garcès, déçu de ne pas être parmi les favoris de Blanco, a décidé de se venger aujurd’hui, lors du 101ème derby Basque.

Les Bayonnais donnent le coup d’envoi et s’installent dans le camp biarrot. Ils passent une pénalité par Potgieter dès la septième minute. Biarritz se réveille et se procure deux grosses occasions d’essai : un contre de DHP sur Heymans et un essai tout fait pour Balshaw qui ne contrôle pas le ballon dans l’en-but. Potgieter et Yachvili se livrent un beau duel de buteurs, on en est à 21-12. Yachvili construit une occasion qui termine dans l’en-but grâce à Bolakoro, 21-19. Un drop de Garcia donne 5 points d’avance à Bayonne et on en restera là. A la 79ème minute, Biarritz trouve une touche à 5 mètres de l’en-but bayonnais. Elle est captée par Taele et un maul se forme. Bayonne écroule, les Bayonnais plongent et Garcès pénalise Biarritz à un mètre de l’en-but alors qu’il aurait dû mettre un jaune à un Bayonnais, voire un essai de pénalité. Je vais être sincère et je ne vais pas prendre de pincettes. Ce n’était pas une pédication, ce n’était pas une Si Do Mi, mais une vraie SODOMIE arbitrale, et Garcès a enfoncé bien comme il faut.

N’oubliez jamais que le BO aurait dû gagner, triompher parce que si c’était Maciello, on aurait gagné avec le bonus offensif !

Comme promis, c’était un match pourrave, comme promis il y a eu des accrochages sympas, il y a eu des joueurs déséquilibrés en l’air, des plaquages hauts comme on les aime (je suis pour la remise du Hachoir d’Or de la cravate au 2ème ligne biarrot Taele, parce qu’il en fait un paquet). Comme promis, Benoît Baby a été excellent, en se prenant un cadrage-débordement à 5 mètres de l’en-but bayonnais par un joueur de 34 ans. Comme promis, il y a eu un plaquage cathédrale (même si Barraque est bien retombé). Je vous rassure, le joueur ne s’est pas pris un rouge, Garcès n’a même pas sifflé. Comme promis, Rokoçoko n’a pas marqué d’essai et Huget avait de l’huile d’olive sur les mains.
Ceci dit, il y a eu des scènes assez ridicules, justement lorsque Huget aide son vis-à-vis Bolakoro à se relever (au vu du niveau de son vis-à-vis fidjien, je veux bien imaginer qu’Huget n’a fait ça que par pitié, et pas par fair-play). De plus, il n’y a pas eu le moindre carton jaune, nul !

Lucien Harinordoquy n’est pas venu sur le terrain pour écraser du Bayonnais, une raison supplémentaire expliquant la défaite de Biarritz.

Désormais, Biarritz mène 50 à 43 dans les confrontations entre les deux clubs et c’est à Lyon, Agen et Castres de faire le boulot pour envoyer l’Aviron en Pro D2 et là, Biarritz sera la super puissance basque incontestée.

 

Les joueurs de Biarritz :

– Première ligne : était dominatrice en mêlée en première période mais pénalisée par notre Berdos du jour. Watremez dominait le droitier bayonnais mais s’est fait manger tout crû lors de l’entrée de Tialata. Arnaud Héguy, qui jouait face à ses anciens partenaires a été mauvais, ne s’est pas proposé dans le jeu et a raté presque tous ses lancers. Marconnet, par sa ruse, a réussi à contenir Tialata lorsqu’il a remplaçé Watremez.

– Deuxième ligne : Erik Lund a fait le boulot, en captant quelques lancers en touche ou passes ratées de Peyrelongue. Taele nous a coûté beaucoup de points, avec ses fautes dans nos 22 mètres.

– Troisième ligne : Harinordoquy a été très moyen, n’a capté qu’un seul lancer en touche, a raté des plaquages, manquait les renvois (déjà il y a deux semaines il avait réussi à manquer deux renvois de David Skrela, c’est dire s’il y a un problème). Guyot a gratté plusieurs ballons, il a été brillant. Lakafia puis Talaleilei Gray (Ils étaient bourrés ses parents pour lui donner un prénom pareil ?) ont été absents.

-La charnière : auteur de 15 points au pied, Yachvili a réussi à limiter la casse en mêlée, en rusant pour éviter des pénalités de Garcès. Peyrelongue a pris bon nombre d’intervalles, a gagné de précieux mètres, est responsable de l’essai biarrot, avait un jeu au pied performant mais ses passes demeuraient imprécises.

– Les centres : de bonnes garanties défensives nous disait-on. Ils ont manqué un nombre incalculable de plaquages, on aurait dit Szarcewski et Estebanez. Damien Traille a cruellement manqué à ce poste (c’est dire où en est Biarritz, pour dire que Traille manque).

– Les ailiers : Bolakoro a inscrit un essai, s’est empalé dans le panneau publicitaire du jambon de Bayonne, a défendu n’importe comment et s’est fait piéger plusieurs fois par Phillips.

– L’arrière : Iain Balshaw a été très performant dans le jeu aérien, captant pas mal de ballons (parfois à ses risques et périls).

 

Les joueurs de Bayonne :

–  Roumieu aurait pu faire pire, il a été à l’origine de la bonne conquête Bayonnaise.

– Potgieter a inscrit 7 pénalités, même s’il en a manqué 3 en fin de match (il faut dire que deux étaient en coin et que l’autre était à 60 mètres).

– Garcia nous a gratifié d’un drop Brock James (sur les 40 mètres en coin) dès son entrée.

– Mike Phillips a joué avec du sens et de la simplicité (sense and simplicity, n’est-ce pas Mr Cardona ?), a pris part à deux groupés pénétrants (après les groupies pénétrées d’avant-match).

– Thibault Lacroix a crucifié la défense biarrote à plusieurs reprises, et a lessivé son vis-à-vis à coups d’accélérations et de prises d’intervalles.

– Huget ballon en main a été aussi drôle que Fernandel.

– Cédric Heymans, à défaut d’être immense, a géré son match avec une grande intelligence.

Les déclarations d’après-match :

Imanol Harinordoquy : « Nous avions remis le maillot rouge et blanc, c’était le maillot du père Noël ».

Serge Blanco : « Il a osé sodomiser mon équipe et saccager mon match, je vais le sodomiser à mon tour et saccager sa carrière, on va voir qui c’est le patron ».

Alain Afflelou : « Je savais que la troisième paire pour un euro de plus est une affaire bien plus intéressante qu’un week-end gratuit en thalasso, content que Jérôme Garcès ait partagé mon avis ».

Patrice Lagisquet : « Je ne suis pas d’accord avec certaines décisions de Mr Garcès, j’irai revoir sa prestation à tête reposée sur YouPorn ».

Jack Isaac : « On aurait pou gagner la matche, on finissait sur un touche à sainmètre, mais des occasions cachées. On a essai de gagner malgré qu’il y avait boucoup da joueurs blessés. Ça a pas été comme on voudrait ».

 

Aux lecteurs de la Boucherie Ovalie :

Sachez que je risque bien plus que la prison pour vous. Après cet article, Pierre-Yves Revol risque de me condamner à 20 coups de fouet et 100 jours de suspension.

Le Lab’ougnat analyse ASM – Stade Français (25-9)

L’équipe C de l’ASM met une rouste tranquille au Stade Français. La routine.

 

Par Pastigo,

 

VVendredi 13 Avril, 20h30.

Alors que j’attends avec une indescriptible impatience le début du match pourri du vendredi soir qui à ma grande surprise ne voit jouer ni Brive ni le Racing, je consulte le programme TV du lendemain afin de savoir quelle sera la chaîne Canal+ qui diffusera la défaite des fiottes chez les quarts de dieux européens. Me voilà plus que perplexe puisqu’en plus d’avoir choisi de diffuser du foot à la sacro-sainte heure du rugby, il s’agit d’un match anglais. Monsieur Canal, on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui en général (et pas avec JBE en particulier).

Pas grave, il sera certainement diffusé sur Canal+ Sport, c’est ainsi que sont les choses dans un monde juste et cohérent. J’épistaxise instantanément. Il me faudra gaspiller quatre litres de précieux sang auvergnat pour prendre toute la mesure de l’impiété cryptée qui rediffusera le match du vendredi, qui n’a finalement pas déçu les amateurs de ce rendez-vous toujours friands de jeu bien dégueulasse. Et que celui qui avait envie de revoir cette immondice une seconde fois me jette la première julien pierre.

L’offense digérée, et ne disposant pas de l’impunité d’un évadé fiscal, je prends un risque démesuré et hautement répréhensible en allumant mon pc à l’heure convenue. A choisir entre le contenu et le contenant, entre un direct en streaming roumain par minitel et une bouse en HD vue la veille, vous auriez fait quoi ?

 

Le contexte :

Suite à sa glorieuse victoire sur le toit de l’Europe le week-end dernier, le Stade Français fera tourner son effectif afin de mettre les cadres au repos lors de cette rencontre qui n’est pas une priorité d’un point de vu comptable.
Trêve de rigolade, les Danseuses viennent évidemment avec leur équipe une puisqu’elles n’en ont de toute façon pas d’autre et parce qu’à défaut de ne plus faire partie des relégables cette année, on est encore loin de caresser l’espoir de revoir un jour le Stade de France. Ils garniront même le banc de leurs meilleurs impact-players, à l’image du jeune Roncero.
C’est aussi l’occasion du retour de Ledesma en terre auvergnate, que les organisateurs auront pris soin d’isoler tout en haut dans une boite en verre afin d’éviter que les fidèles ne viennent éroder en procession les parties de la Sainte Relique. Blague à part, c’est avec une certaine émotion que le Stade Michelin retrouve son égérie argentine.

L’ASM présentera son équipe C, car l’équipe A ne sort plus que pour les matchs de prestige et parce qu’il n’est pas non plus nécessaire de faire transpirer l’équipe B, après tout ce n’est pas Agen ou Bordeaux en face mais juste le Stade Français.

Vous remarquerez que ce compte-rendu aussi partisan qu’à l’accoutumée prend également soin cette fois-ci de bien médire sur l’adversaire, et ce pour plusieurs raisons que voici :

– Parce que. (c’est quand même le Stade Français)

– Et parce que Bayonne-Biarritz se paye le prime-time rugbystique, uniquement au nom de la supposée haine qui oppose ces deux clubs de bas de tableau, alors que chacun sait que ce match va probablement faire partie des plus vilains de l’année. Il me semble donc désormais évident que si je souhaite voir jouer mon équipe à la TV je dois m’imposer d’écrire le plus souvent possible un flot de mépris et d’insultes à l’égard des autres clubs. Ça tombe bien c’est le Stade Français, ce ne sera pas toujours aussi évident.

 
Le film du match :

Le match s’est joué une petite heure avant le début de la rencontre, lorsque Sa Félicité Vern réunit l’équipe afin de dispenser sa sainte parole, et accessoirement quelques éléments de stratégie. En exclusivité voici ce qu’il s’est dit.

Mes fils, asseyez vous, levez vous, asseyez vous, levez vous, écoutez moi.
J’ai décidé de faire s’abattre les flots à la 27 minutes, voilà pourquoi je vous invite à marquer avant la demi-heure. Ainsi nous conserverons toute la partie durant cet avantage au score qui ne pourra être repris.
Le reste de la partie ne sera que hasard, puisque le lot des buteurs, et personne ne sait qui de Brock ou de Dupuy sera le meilleur dans cet exercice.
(rire collégial) Vern sait qu’il est bon de détendre ses hommes avec une bonne blague avant de se rendre au combat. Et ce qui devait arriver arriva.

Le début du match part sur un bon rythme, Vern n’ayant comme prévu pas encore décidé d’ordonner à la nature d’obéir à sa toute magnificence. Le Stade Français alterne le jeu à l’aile puis dans l’axe mais se heurte toujours à la défense auvergnate qui décidément aime ça. Milouze se met à la faute à la 5ème minute et offre à Brock James le soin de marquer les premiers points dans un geste d’une élégance libidineuse, trois vagins et une prostate implosent en tribune. Il ne fait désormais plus aucun doute sur le fait que Cabello a bien intégré l’équipe jaune et bleu puisqu’il joue. Et même plutôt bien, nous gratifiant de placages pour le moins esthétiques alors que Nakaitaci comme James transpercent régulièrement la défense parisienne, passent les bras, mais il reste toujours un dernier geste qui met un terme à ces belles avancées. A ce jeu le Stade Français n’est cependant pas en reste, à l’image d’un Pascal Papé qui bouffe un surnombre évident en choisissant de la jouer à la Fritz, rappelant ainsi à tout le monde qu’il ne suffit pas d’être roux pour avoir sa place au Leinster.

Les tentatives à la Super15 étant visiblement destinées à l’échec, les deux équipes vont rapidement s’en remettre au jeu au pied. Là encore la stratégie est bien différente, puisque Brock James choisit de distiller des chandelles dosées et de trouver des touches de qualité, quand Cantepomi s’applique à réussir toutes ses touches directes. Heureusement radoslamachin équilibre un peu l’ensemble grâce à des coups de pied verticaux et la mêlée prend soin de se faire plier régulièrement. L’ASM prend en revanche le dessus sur le contest, permettant d’assurer un turn-over efficace, de garder l’adversaire sous pression et de pousser les Greluches à la faute, ce qui permet de nouveau à Brock James dans un mouvement d’une sexitude déraisonnable d’ajouter 3 points dans la besace.
6 – 0, Bonnaire remplace temporairement Audebert sorti sur saignement, cette phrase méritait d’être dite tant elle est improbable.

C’est alors que Sa Tranquillité Vern, d’un léger hochement de tête, indique à ses hommes qu’il va bientôt prendre possession de ses pouvoirs divins et faire s’abattre le déluge en Terre du Milieu. Nakaitaci transperce et donne pour un Russel très présent depuis le début du match qui repique au centre et passe au sol, Radomachintruc sort vite le ballon pour Buttin, qui donne toujours l’air de faire 50kg, mais qui tient aussi bien sur ses jambes qu’il court vite. Repris sur la ligne, le ballon sera libéré pour Cabello qui mérite d’inscrire son essai au Michelin. Et vu sa prestation à vrai dire, j’aimerais bien l’y revoir plus souvent.
Brock James transforme bien évidemment avec cette grâce virile dont lui seul a le secret, ça fait 13 à 0, le plan se déroule sans accroc. Vern se lève alors, la nature s’arrête. Les mains au ciel il assourdit les tribunes de sa voix roque et puissante : “Que le courroux du ciel, allumé par mes vœux, fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux ! Non je déconne pour le feu, par contre vous allez finir le match en ciré”. Il se rassoit, la nature obéit, il pleut comme bâche qui plisse. Juste le temps pour Dupuy de marquer les premiers points du Stade Français, dans un geste dont le sex-appeal évoque un comptable végétarien. Vexé de la comparaison peu flatteuse, il s’appliquera à rater le suivant alors que la défense agressive des Auvergnats redouble d’intensité, celle-ci malheureusement peu aidée par une mêlée défaillante.

13 – 3 à la pause, ça se passe plutôt bien.

Nakaitaci utilisant ses pouvoirs de Jedi.

 

Le match reprend alors que le public n’a pas fini de détruire les buvettes pour se construire des radeaux (slavbidule).
Les Roses vont rapidement ajouter 3 points via ce faux chauve de Dupuy qui font encore suite à une mêlée fébrile. Le coaching débute, qui fera du bien à la mêlée clermontoise. De leur coté les Fiottes font rentrer De Malmanche, qui va faire honneur à son nom. Heureusement que le jeune et vif Roncero entre également pour dynamiser la première ligne parisienne.

Du coup, c’est l’occasion idéale pour tenter des relances improbables et c’est évidemment Buttin qui s’en charge, pénétrant comme un jeune premier dans une rombière pas farouche, bien suivi par les morts de faim jaunes et bleus. Brock James demande la balle d’un clin d’œil évocateur et passe un drop en laissant apparaître le galbe divin de ses cuisses puissantes mais douces.

Alors que les Auvergnats s’apprêtent à faire rentrer une nouvelle vague de sang frais, les organismes parisiens commencent à montrer quelques signes d’usure à l’image d’un Parisse qui fait comme si de rien était devant l’arbitre avec le doigt dans le trou qui remplace désormais son arcade.

Dupuy qui a réussi à obtenir le numéro de téléphone de la dame des toilettes ne se sent plus et passe 3 points suite à une pénalité provoquée par Brock James, dans l’unique but de rappeler qu’ici seul Vern a le droit de s’adresser directement aux Dieux. L’arbitre désormais aveuglé ne verra plus les en-avants parisiens et n’arrivera pas à repérer les fautes au sol, même quand celles-ci sont commises par le seul crâne chauve présent sur le terrain. Rougerie est entré pour en rajouter une couche dans la gueule des hommes en rose, ce qu’il fait d’ailleurs sacrément bien, en bon capitaine qu’il n’est d’ailleurs pas aujourd’hui. Les Clermontois prennent toujours un peu plus le dessus sur les Parisiens, et même la mêlée auvergnate se met à renverser ceux qu’on ne devrait décemment pas publier nus dans un calendrier, permettant à Brock James d’ajouter 3 points supplémentaires et d’amener le score à 19 à 9.
Du coup, supériorité au sol, jeu au pied efficace, placages destructeurs et mêlée à son avantage, il n’en faut pas plus pour que Brock James s’entraîne en tapant un petit drop de 40m alors que le jeu s’est arrêté, afin d’être chaud pour la pénalité qui va suivre. Et voilà, 22 à 9. On ne s’en lasse pas.
Le match est plié, mais Bardy qui n’a visiblement pas assez mangé décide de coller un monstre de placage à Contepomi qui ne comprend toujours pas pourquoi il a refusé de balancer un grand coup de pied, les jaunes lui tombent dessus. Boum, Brock James clôture ce match par un 25 à 9 en se caressant les tétons dans un mouvement d’une intense sensualité que Dupuy reproduira aux toilettes en vain.

Et voilà comment Clermont reste invaincu à domicile avec une équipe qui s’est vaguement croisée dans les couloirs, devant des Parisiens qui ont bien tenté d’être joueurs sans succès et qui ont fini le souffle coupé par la deuxième vague jaune et bleue. Certes les problèmes en mêlée et les erreurs en touche ne sont toujours pas résolus, et cela reste un défaut qui risque de coûter cher par la suite.

Ah oui : à la fin du match, il s’est arrêté de pleuvoir.

Brock James est tellement génial que même Paris le porte en triomphe.

 

Les joueurs :

 

Cabello, en tout cas sur ce match, mérite de jouer plus. Si ce n’est pas pour remplacer Ti Paulo, il m’a semblé pouvoir faire réfléchir au cas Kayser aujourd’hui. Brock James a été impérial, sur la lancée de son dernier match. Nakaitaci est fidjien, dans le très bon sens du terme. Buttin est Buttin, donc un type qui va tenter là où tout le monde trouverait ça débile mais ça marche presque toujours, en plus d’être sacrément solide sur les impacts et en défense. Malzieu n’a pas vraiment eu de ballons d’attaque, et comme il a toujours le potentiel défensif d’un joueur de ping-pong on peut dire qu’on ne l’a pas vu. Rougerie s’est encore bien foutu de la gueule de PSA en décapsulant l’adversaire sur des placages de buffle.

A part Parisse qui sort un bon match, les Parisiens n’ont pas beaucoup brillé. Contepomi a bien dynamisé le jeu en début de partie mais a balancé des coups de pied de Fédérale 3. Dupuy a sorti un match à l’image de son physique ingrat, donc le match d’une blette avec 3 cheveux. S’il continue, De Malmanche peut etre un running gag de grande qualité. Roncero est décédé il y a deux ans et le Stade Français ne montre aucun respect pour sa dépouille.
Paris doit faire le dos rond en attendant d’avoir un effectif plus solide, ce qui ne saurait tarder étant donnée l’arrivée l’an prochain de ce tant attendu demi de mêlée japonais (ahah!).

A noter, devant les vestiaires en fin de match :
Papé n’ayant pas pu se battre sur le terrain, il commet l’irréparable en levant le doigt devant Bardy. Celui ci le regarde tout à coup fixement, comme le lui a appris Vosloo devant la carcasse d’un boeuf prêt à cuire. Papé fait demi tour, tente de lever le meme doigt devant Rougerie qui n’en peut plus de rire, puis s’en va.
Un moment en or.

Le Lab’ougnat analyse Saracens – Clermont (3-22)

A match épique, compte rendu épique. Pastigo a mouillé son slip comme Mathieu Lartot devant les Gallois.

 
Par Pastigo,

 

Ce weekend était écrit. Au sens propre, puisque Damien Try avait déjà fait le compte rendu de la victoire à l’expérience de Toulouse alors qu’Ovale Masqué s’était délecté de romancer la louse annuelle des auvergnats lors d’une joute de vannes de bien mauvais goût. Ceci afin d’être libres tout le weekend et de se vautrer dans le stupre. Ne restait plus au Stagiaire qu’à ajouter quelques faits de jeu inutiles, et l’affaire était pliée. Sauf que les choses ne s’étant pas tout à fait déroulées comme prévu, j’ai l’immense plaisir de vous présenter :

 

Saracens – ASM

Sorry, good game.

BIS REPETITA PLACENT . Voilà bien le genre de phrase que l’Auvergne maudit, et ce fifrelin d’Horace se ferait bien décalotter le vertex par plusieurs générations de deuxième ligne jaune et bleu s’il n’avait pas eu l’excellente idée de décéder quelques 16 siècles avant JP Perez.
Une semaine que j’incante, que j’implore, que je sacrifie une vierge à l’aube sur le Temple de Mercure (pardon aux familles), haut lieu de l’ésotérisme auvergnat, qui m’a vu dégoiser des psaumes déments bras ouverts face à la Capitale. Une semaine toujours que je chasse le démon, que j’enjoins à tous ceux qui ne veulent pas l’entendre que nous n’avons aucune chance de triomphe, que la messe est dite, que l’adversaire est trop fort. Avec au fond de l’âme cette puissante flamme si difficile à contenir, celle la même qui ferait fondre sur nos troupes l’impitoyable glaive de la guigne si je devais céder.

Mais aujourd’hui, il n’est pas de chance, d’hasard ni de prédiction qui saurait juguler l’infatigable élan du guerrier.


Le contexte :

Les Saracens, champions d’Angleterre et faciles premiers d’une poule 5 relativement accessible (si, quand le principal adversaire est Biarritz, c’est une poule accessible), ont l’avantage de recevoir dans leur antre de footeux ASM le maudit. Autant dire que même les plus gros infirmes chauvins conservent quelques réserves alors que le spectateur lambda annonce sobrement que le Club anglais semble favori.
Tant mieux.

L’ASM s’est sorti d’une poule pas si accessible qu’annoncée, qui a vu tomber Leicester et s’affirmer l’étonnant Ulster. Soit tout de même deux demi-finalistes sur ce groupe de quatre, Aironi se demandant encore ce qu’elle a bien pu faire de mal pour être donnée en pâture de la sorte.
Des victoires essentielles mais aussi des regrets, qui en plus de nourrir les pires présages ne permettent pas d’entamer cette dernière course dans les meilleures conditions. Reste à savoir si ces péripéties auront su rassembler un groupe qui, grâce à sa confortable avance en Taupe14 dans l’ombre du géant, peut se concentrer sur cette objectif qui fut si souvent le puits sans fond des pires déconvenues.


Le film du match

“La crainte de la guerre est encore pire que la guerre elle-même.”
Sénèque

C’est l’heure. Les Saracens jouent en rouge et noir, le maillot de ceux qui gagnent à la fin, en tout cas dans le meilleur championnat du monde. Les premières secondes du match donnent le ton d’une rencontre qui, si elle continue de la sorte, risque d’être rythmée et pour le moins percutante. David Skrela, titulaire indiscutable tant le Mojo de James pourrait interdire à ce dernier d’approcher un match de H Cup à moins de 500m, brille immédiatement dans l’exercice qui le rend incontestable. C’est en effet dès la 3ème minute qu’il sort suite à un KO de la jambe gauche, il ne reviendra jamais. Sans doute incapable de supporter l’idée de voir les rouges et noirs perdre deux matchs en 2 jours, en plus d’y participer. Cet homme a du coeur, c’est incontestable.
Skrela qui sort, c’est James qui rentre. Et là, les mots se mélangent. 28-29, défaite, drop… LE drop. Bref, je vois ici le signe des astres, la puissance céleste qui décide à jamais du sort funeste de l’entrée de L’Auvergne dans l’UE. Il a l’air pourtant si serein, notre néo-barbu. Il me regarde, calme, élégant, et dans ses yeux je lis ces mots assurés : Fais moi confiance.

Pendant ce temps quelque part en Auvergne, Gerhard Vosloo finit les restes d’un catalan et allume sa télé.

La pause Skrela n’aura pas entamé la volonté des deux cotés de prendre rapidement le dessus en terme de vitesse et d’agressivité. Le combat est rude, les ballons sortent vite, le niveau est européen.
Les charges punitives s’enchaînent et Clermont met son adversaire à la faute, l’occasion d’une première mêlée qui s’avère jouissive puisque le pack auvergnat explose son homologue. C’est à ce moment que va démarrer l’attraction jaunarde de cette première mi-temps : le festival Brock James.
Frappes stratégiques d’une précision diabolique, occupation intelligente, mettant en oeuvre le plan de jeu de Saint Vern qui ne fait désormais plus de doute. Presque aussi précis au pied que lors d’un match de taupe14 inutile, il concrétisera les temps forts de ses partenaires.

Brock James, l’homme qui donne toujours l’impression de jouer en smoking, même avec les affreux maillots clermontois.

 

Ceux ci ne sont d’ailleurs pas non plus avares de leurs qualités, et surtout d’une détermination exemplaire, à l’image d’un Zirakasvili sevré de sang pendant de trop longues semaines et qui semble déterminé à avancer sur chacun de ses ballons jusqu’à ce que mort s’en suive.
Les Anglais continueront plus ou moins à coller au score via la botte moyenne de Farrell qui ressemble quand même sacrément à une espèce de zombie quand il prépare ses coups de pied. Même si la suprématie reste fragile à ce moment du match, c’est Clermont qui avance à l’impact et qui propose la défense la plus agressive apte à faire déjouer l’adversaire. Chaque Clermontois assume ses responsabilités avec classe. Les découpeurs découpent sans jamais se faire piéger, Lee Byrne est impeccable dans les airs et ajoute en plus des coups de pieds de mammouth déroutants pour les anglais, Parra est insupportable, Sivivatu nous fait des percées d’autrefois, et je vais bientôt demander Brock James en mariage.

Même la météo anglaise ne sait plus quoi penser, tentant d’arroser les initiatives auvergnates tout en illuminant celles des Anglois, sans succès.
Les Anglais commencent cependant à faire déjouer la mêlée clermontoise, tout n’est pas parfait. Si Clermont a raté l’occasion de concrétiser à plusieurs reprises, les Auvergnats ne sont pas non plus à l’abri d’un éclat anglais. Clermont a certes pris la main, sur l’énergie, avec un encourageant 9-3 à la mi-temps, mais l’Auvergnat sent bien que le match est loin d’être plié.


Vern Cotter: j’aime qu’un plan se déroule sans accroc


Pendant ce temps, Gerhard a depuis longtemps compris que ses camarades ne sont pas à une séance de dédicaces à Vulcania. Prenant à peine le temps d’enfiler un slip en peau de Toulonnais, il court tout droit vers l’Angleterre, dessinant le premier tracé de la future autoroute Clermont-Calais. Tel Obelix devant une légion romaine, il invective dans un néandertalien parfait « Laissez m’en un ! Laissez m’en un ! »

La deuxième mi-temps va démarrer, le temps que ces sympathiques commentateurs nous rappellent (ahah) que la veille Toulouse menait aussi à la mi-temps. Clermont va faire comprendre que la 1ere partie n’était qu’un préambule, un doux échauffement, et s’ils ont montré de l’envie précédemment là ils commencent à avoir faim.
Parra commence à simuler des fautes, les gros font tout exploser à chaque impact. Les Anglais se consomment de plus en plus et Hines sur une superbe passe après contact sert Rougerie qui fait de même pour Parra qui n’a heureusement pas à en faire autant pour permettre à Byrne d’aplatir, ce dernier ayant bien failli survoler l’en but anglais sans le toucher tellement celui ci est court.
Joie – FOUYAYAYAYA – frénésie – slip sale.

On pourrait croire que les Clermontois ne peuvent donner plus, et bien si. Lee Byrne décide de voler la place du meilleur joueur au pied à James, trouvant une touche de 70m sans angle (wtf de platine de l’après midi), chaque joueur qui touche un ballon avance comme à Stalingrad sous le feu des commissaires politiques, la défense annihile toutes les tentatives des Anglais qui dans ces conditions commencent visiblement à perdre toute conviction dans leurs attaques. Pire, ils souffrent et s’épuisent, alors que les hommes de Vern semblent eux se nourrir encore de ce constat.
C’est à ce moment que je vais avoir mes premières règles, puisque sa désormais re-Majestée Brock James, le regard froid et convaincu, nous passe un magnifique drop devant ses 14 comparses médusés.

Brock James passe un drop en H-Cup.


Clermont continue, et récupère une pénalité sur un maul qui avance bien, faisant suite à une touche bien maîtrisée. Brockinou transforme dans un geste d’une sensualité sans égale et à la 54eme minute l’ASM mène désormais 22 à 3.

Je vais couper le fil de ce résumé pour passer un message personnel, je le dois et c’est le meilleur moment.

Brock, mon amour.
On s’est aimé comme on se quitte.
Je t’ai trompé, j’ai sali ton nom quand tu m’avais tant donné.
S’il te plait, reviens. Je préparerai tes sandwichs, je rangerai tes chaussettes, je ferai tout pour que tu oublies à quel point je ne te mérite pas.
Rentre à la maison, les enfants t’attendent.

 

Reprenons.
Les premiers changements s’opèrent, des deux cotés. A chaque fois, ils amèneront sang frais et détermination pour les uns, impuissance et résignation pour les autres. Les Anglais finiront même par à peu près tout changer, parce qu’on sait jamais, sans plus de succès.
Rougerie nous offre quelques exemples de ce que devrait être une défense offensive en équipe de France, et PSA doit peut être commencer à se demander si c’est pas son plan de jeu qui déconne vu à quel point le décevant blondinet en bleu redevient le Golgoth des montagnes en jaune.
Sivivatu se sort à merveille d’un situation perdue avec 3 Bretons sur le râble, tout Anglois qui se présente est au choix concassé ou dans le meilleur des cas catapulté en tribune. Napoléon commence à twitter sévère.

Malgré le pilonnage de la RAF, Gerhard est arrivé à Calais. D’un coup de poing il ouvre la Manche en deux et commence sa traversée.

Les Anglais vivent un cauchemar. Chaque tentative avorte, et les arrières ne sont même plus jouasses à l’idée de récupérer un ballon de relance, désormais convaincus que celui ci n’est expédié que dans le simple but de les voir revenir et se faire éparpiller la tronche dans le mur auvergnat, encore et encore. Nous entrons dans les dix dernières minutes. L’Anglais admet qu’il n’y a plus rien à espérer, mais voudrait sauver l’honneur s’il n’est pas déjà enterré.

Quelques brèches se créent, et les voilà devant la ligne de mes soldats. Ils n’en bougeront plus.
C’est alors que commence ce qui est probablement l’une des scènes de siège les plus épiques de l’histoire du cinéma. Et seront consacrées sur les cendres de l’armée anglaise la ténacité, la rage et la détermination de tout le groupe auvergnat. Un moment intense.
On peut lire la hargne dans l’oeil du défenseur jaunard : « Regarde derrière moi. J’ai le pied dans l’en-but. Tu n’as qu’un pas à faire, juste un, pour gagner ce combat. Mais tu n’y arriveras pas, car aujourd’hui j’ai décidé que tu ne passerais pas. C’est ainsi, car je préfère mourir ici que de te laisser ces points. »
Et à chaque regard de répéter ces mots en silence, chaque joueur déterminé à faire honneur aux autres. Lâcher, céder ne serait-ce qu’un pas, c’est planter un couteau dans le dos de tous ceux qui sont là, à coté, d’ores et déjà sacrifiés au nom des siens, du drapeau, du sang.

Oh putain que c’était bon de les voir tout donner comme ça chacun leur tour, pendant ces dix longues minutes, et de permettre à Parra de dégager le ballon à la sirène. Ce n’était même pas une libération, on aurait cru qu’ils pouvaient encore tenir dix minutes de plus, rien que sur la rage.
Ils sont fiers, nos hommes. Tellement qu’ils en oublient presque d’être heureux. Mais ils la méritent, leur demi-finale, sans l’ombre d’un doute. Un match qui pourrait sceller leur sort, tant le groupe a grandi et s’est soudé dans une telle rencontre.

Ah oui pardon, Gerhart. Et bien il est arrivé, juste après la sirène. Empêtré dans un filet de pêche, il traîne un chalutier derrière lui depuis Douvres ce qui l’a considérablement ralenti.
Déçu, il commencera par manger une jambe de Farrell quand l’émotion prendra le pas lors des retrouvailles avec Bardy et Cudmore, qui lui ont offert un joli collier en crânes d’Anglais qui décorera sa grotte avec goût.

Moi, j’ai joui.

 

La palette des Experts analyse les dix dernières minutes. C’est bien foutu.


En conclusion :

C’est évidemment un beau succès. Mais rien est fait, il faut s’en servir pour construire la prochaine rencontre. Le favori à mon avis, vu leur match de samedi, ne laissera pas à Clermont de quoi se permettre les quelques erreurs qu’ils ont pu commettre. En touche notamment, quelques fautes, quelques ballons mal négociés qui sont passés face aux Saracens mais qui laisseront autant de munitions au Leinster.
Ca va moucher rouge, et ça nous promet l’un des plus beaux matchs de l’année. M’est avis que celui qui sortira vainqueur de cette rencontre sera probablement champion d’Europe.
Mais aussi effrayant que puisse être le Leinster actuellement, s’il y a une équipe aujourd’hui qui a une infime chance de les faire tomber, c’est bien Clermont.


Les joueurs :

Difficile de mettre en lumière un joueur plus que les autres. A moins que… Skrela homme du match : se blesser, son choix de jeu le plus pertinent de l’année. Les plaquages offensifs de Rougerie furent remarquables d’efficacité, ce qui en aura sans doute agacé plus d’un. Il a aussi été très volontaire quand il s’agissait d’aller de l’avant. Zirak’ a sorti un match énorme, de teigneux, monopolisant plusieurs joueurs sur des charges de mule et libérant toujours son ballon une fois maîtrisé (20 mètres plus loin). Debaty est entré et a très vite compris l’idée, qui lui allait d’ailleurs très bien. Brock James évidemment, l’oeil qui va bien et le pied qui suit, n’a pas eu peur de l’évènement et l’a même carrément pris à son compte. Bardy, Cudmore, Ti Paulo avaient de quoi se régaler.
A noter, Julien Bonnaire a fait une faute de main derrière une touche mal négociée, un scandale. Sivivatu a fait quelques belles courses qui ont mis son équipe dans le bon sens, et a fourni un très gros travail défensif. Buttin n’a même pas manqué tellement Lee Byrne a fourni un superbe travail autant sur les ballons hauts que sur un jeu au pied de qualité.


Coté anglais, évidemment c’est moins jouasse. Papa Farrell a probablement giflé son fils.
Charlie Hodgson a gagné son duel de Gaston Lagaffe avec David Skrela car lui ne s’est pas blessé et n’a fait aucune connerie. Schalk Brits a été victime de l’ostarisation de Raphael Ibanez qui ne supportait pas qu’un talonneur puisse faire cadrages débordéments, il est vrai assez inutiles sur ce match. Alex Goode est meilleur quand il présente la météo sur M6 et Matt Stevens n’a jamais franchi la ligne jaune.

Dégoutés par leur propre médiocrité, les Saracens ont décidé de se retirer un point.