Le McCaw-Labo analyse Crusaders – Stormers (31 -24)
par La Boucherie

  • 20 April 2012
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Cette semaine la Boucherie est fière de vous présenter Papé le Moko, rugbyman folklo et journaliste folklo, grand fan de Schalk Burger, contribuant de temps en temps sur Slate.fr, où il parle haka ou encore de plaquages cathédrales, et de plein d’autres trucs pour le magazine Snatch. Bien décidé à se lancer dans la boucherie et à se salir les mains, il nous propose aujourd’hui un petit compte rendu du match de Super Rugby entre les Crusaders et les Stormers… un match de bourrins dans l’hémisphère sud, enfin…

Au nom du Carter et du Tom Taylor

et du Saint Richie

Par Papé le Moko

 

Alors que ces dernières semaines avaient été franchement ennuyeuses, avec une moyenne scandaleuse de moins de dix super-essais par match, et malgré l’absence de Quade Cooper, qui prépare actuellement son prochain super-braquage avec l’aide de Ritchie McVache, le Super Rugby est reparti sur les chapeaux de roue. Pardon, sur les super-chapeaux de roue.

 

Fin de polémique sur fond de délit de fourchette pour les Buffles Bleus et les Croisés de Canterbury. L’accusation de McVache à l’encontre de Schalk Hamburger était infondée : moins rigoureux qu’au sujet de l’alinea 37-B-67 sur les dérogations afférentes au règlement de l’IRB sur le hors jeu de ligne, McVache avait oublié que son agresseur ne jouait toujours pas pour les Bulls mais pour les Stormers et que lui-même était toujours blessé et n’avait par conséquent pas foulé la super-pelouse ce jour-là. D’ailleurs si c’étaient toujours les mêmes qui prenaient des fourchettes, ça se saurait.

 

Moteur qui chauffe et fin de série pour les Stormers : le jeune pilier Steven Kitshoff avait oublié son chapeau de roux

 

ONCE UPON A TIME IN THE WESTERN PROVINCE

Les-dits Stormers ont perdu un match pour la première fois de la saison ce week-end contre les susnommés Crusaders, après avoir tout essayé pour retrouver le chemin de la défaite. La recrue bayonnaise Joe Pietersen n’avait pas jusqu’alors eu les effets escomptés par son entraineur Alistair Coetzee : « Alain Afflelou m’avait dit qu’il était tellement mauvais qu’il était remplaçant à Bayonne, alors vous imaginez bien que j’ai sauté sur l’occasion. Des joueurs mauvais, on n’en trouve pas tous les jours dans le Super 15 : je pensais que c’était la perle rare. » Coetzee n’a pas mis longtemps à déchanter, on l’avait trompé sur la marchandise… Taux de réussite au but maximal, défense rugueuse, relances de malade mental, ce Joe Pietersen était meilleur à lui seul que Yoann Rococoko et Cedric Heymans à eux trois. Heureusement, malgré les victoires qui s’enchaînaient inexpliquablement depuis quelques semaines pour les Stormers, la bonne humeur restait de mise, grâce à quelques blagues bien senties sur Julien Peyrelongue et à l’adoption rapide de la Pena Baiona comme nouvelle hymne des bleu et blanc du Newlands.

Joe Pietersen expose à ses partenaires incrédules une combinaison bayonnaise inventée par Pepito Elhorga en 1977

Heureusement, ce samedi, la présence de Daniel Carter sur la pelouse interdisait formellement aux Stormers de plaquer l’ouvreur leurs adversaires, au risque de voir le Très Haut faire s’abattre sur eux sa colère dévastatrice. Les Crusaders prirent donc le parti de marquer un essai tôt dans le match, par l’intermédiaire du jeune Tom Taylor. La réplique ne se fit pas attendre : elle vint par l’intermédiaire de Juan de Jongh, le centre noir et asiatique au prénom latino et au nom batave, qui dans un moment de lèse majesté insensé, vola la super-gonfle à Daniel Carter pour aller marquer son essai. C’était là le début de la fin pour les Sud-afs à rayures. Les Crusaders laissèrent d’abord Habana marquer un essai sur une passe au pied parfaite du demi de mêlée Dewaldt Duvenage vers son super-ailier qui attendait tranquillement dans le super-en-but, hors-jeu de 120 mètres environ. Après ce geste de générosité destiné à rappeler de bons souvenirs au vétéran springbok et à l’aider à enfin signer un contrat à l’Aviron bayonnais pour pouvoir parler cadrage-débordement d’homme à homme avec ce sprinter biarrot au nom imprononçable, ils décidèrent de défendre et de taper quelques quilles.

« Ce coup-ci, Ngwenya, je le loupe pas… »

 

MULTIPLICATION DES PAINS

De sa voix de mentor, Daniel Carter s’adressa à ses disciples, et leur dit : « J’ai une idée, on a qu’à taper de grosses chandelles, comme on faisait à Perpignan avec Jérôme Porical, et on voit ce qui se passe. Pendant ce temps, les gros s’occupent des deux grands dadais qui veulent nous piquer nos ballons en touche, et après, il ne restera plus qu’à prendre les trois points comme on faisait à Perpignan avec Jérôme Porical. »

D.C. ordonna alors au jeune Tom Taylor de s’essayer au jeu au pied (« lève toi et marque »). Afin d’être digne de son super-mentor replacé au super-centre (« second five eight ») et de mériter de lécher ses super-crampons après le match pour s’imprégner de son super-génie, Taylor se montra alors parfait dans l’occupation (« occupation »). Il joua dans le dos du fauteuil roulant (« wheelchair ») de Bryan Habana, fernandez-lobba le hobbit zoulou Gio Aplon et distilla quelques super-chandelles sur le Percy Montgomerie du pauvre Joe Pietersen. Il évita soigneusement de faire sortir le ballon des limites du romain-terrain pour empêcher l’alignement sud-af de pouvoir jouer une touche qui aurait certainement été une humiliation récurrente pour son pack la famille Whitelock.

 

La pratique de la touche en Afrique australe (palette maison)

 

Menés au score, les frères Whitelock et les quelques autres joueurs composant l’effectif des Crusaders décidèrent alors de passer à l’offensive. En bons apôtres de Dan Carter, ils se tendirent la main et firent le serment qu’ils seraient dignes de sa promesse de rester jusqu’à la coupe du monde 2015. C’est alors qu’ils multiplièrent les pains, Luke à la façon d’un Ovidiu Tonita des grands jours, Sam tel un Grégory le Corvec retrouvé, George comme un Olivier Olibeau enragé et Adam dans le plus pur style du Jean-Pierre Perez de la période bleue-cocard. Quelques minutes plus tard, les deux golgoths maigrichons de la deuxième ligne adverse tombaient sous la mitraille. Par l’opération du Saint Richie, les crimes de leurs meurtriers restèrent impunis, laissant le champ libre à toutes les opérations subversives conçues par l’esprit génial de Dan Carter.

 

Luke, Sam, Adam, George : boucherie family

 

 

SUPER-BISCOTTES

La tactique employée fonctionna parfaitement, inspirée par la forte impression que fit à Dan Carter un Gloucester-Perpignan hivernal de 2009. Gavé de chandelles, d’occupation, de pick and go sur la ligne médiane, le super-public découvrit l’espace d’une mi-temps ce dont il était privé à longueur d’année par des joueurs favorisant en permanence la super-attaque au détriment d’une gestion raisonnée du combat, du maul reculant et du rendu de ballon à l’adversaire. Les enfants gâtés des ailes furent privés de ballon pour leur apprendre à faire meilleur usage du ballon, tandis que Joe Pietersen et Israël Dagg se faisaient une petite orgie d’up-and-under des familles. Bryan Habana se disait qu’il pourrait bien tenir encore cinq ans à ce rythme, mais ses partenaires des Stormers commençaient à trouver le temps long. En effet, à la faveur de l’indiscipline chronique de ces derniers, les Crusaders avaient mis la marche avant et pris le large. Tom Taylor rentrait tout ce qu’il tentait, malgré les tentatives les plus audacieuces des rugbymen de Capetown, à l’image du deuxième ligne remplaçant Rynhardt Elstadt qui eut l’idée géniale (certes comme le Néo-zélandais Wyatt Crockett quelques minutes avant lui) de prendre une super-biscotte (« Yellow card») pour décapitation à main nue (« High-tackle »).

 

Bayonne sur le point de descendre en ProDiTou, Bryan pense à sa reconversion

 

L’intercession du Richie Saint avait fonctionné à plein régime dans ce match digne des meilleures joutes de Ligue celte, alors que le petit Taylor faisait monter son compteur à 31 points, rendant un hommage à peine déguisé à la performance de Brock James contre les Saracens. Au coup de sifflet final, Daniel Carter aida son adversaire Jean de Villiers à se relever et l’invita à partir en super-vacances avec lui et les Whitelock l’été prochain en camping à Rivesaltes dans le jardin de David Marty. Alors Jean se leva, sourit et regarda son maître avec tout l’amour que ce dernier lui avait inculqué et déclara tandis que le soleil se couchait sur Cape Town,: « Je ne suis pas digne de partir en vacances avec toi, surtout, à Rivesaltes, mais emmène le petit Taylor avec toi. Quant à moi, j’aimerais bien partir loin d’ici, jusqu’à Bayonne s’il le faut. Là-bas, partout, et sur tous les terrains de Pro Di Tou s’il le faut, j’irai annoncer la bonne nouvelle. J’irai dire à chacun que tu es revenu… »

Le résumé vidéo du match :

 

La semaine prochaine :

Vie et destin de Gilian Galan – Comment Guy Novès a acheté le n°8 des Stormers, grugé la douane et transformé Duane Vermeulen en JIFF en le cachant dans la trousse de toilette de Frédéric Michalak.

(Courtesy of Ministère de l’immigration ®)