Top 14 : Voyage au bout de l'ennui
par La Boucherie

  • 20 June 2012
  • 51

Faisons le procès du Top 14.

Par Man'S

Françaises, Français
Bouchères, bouchers,
Ovale, Ovale
Salut ma hargne
Bonjour ma colère
Et mon courroux, coucou,

Nous sommes donc ici réunis pour faire le procès du top 14, et moi, Pierre Déplore-je, procureur de la République, je vais vous faire en un tour de main la démonstration aussi brillante qu'imparable que le top 14 est en réalité un top qu'a tort, tellement il s'enlise peu à peu dans un marasme délétère de non-jeu interminable, se vautrant sans relâche dans le stupre du pick and go sans fin et la fornication exacerbée du tamponnage à répétition, comme d'autres se complaisent dans la fréquentation insatiable et libidinesque des milieux hongrois interlopes à l'insu de leur compagne confiante et remplie d'admiration. A défaut d’autre chose.

Or donc, fous que nous étions, nous gaussions-nous de tortues musclées qui broyaient tout sur leur passage en 91, de jeux castrais roboratifs que Rui blase en 93, de finales alléchiantes terminées piteusement entre Toulouse et Bourgoin sur le score de 9 à 3. Oui nous nous gaussions, tout en pardonnant en cette ère ancestrale à ces braves combattants de l'ennui pas vraiment amateurs mais pas encore rémunérés à la juste proportion de leur musculature en devenir. Oui pauvres innocents nous espérions en l'avenir, et avons attendu comme le messie la lumière bienfaisante du professionnalisme étincelant qui allait changer notre pauvre soule de campagne qui n'intéressait pas grand monde en un spectacle grandiose et magnifique, une orgie de passes et d'essais de 80m qui allaient ravir les nouveaux convertis de notre religion ovale.

14 ans après que la mise à mort de l'amatourisme sympathique, voilà où nous en sommes… Une finale hachée, des demies à chier, points d'orgue pitoyables d'une saison monotone qui a, on se demande bien pourquoi, battu des records d'affluence quand les pratiquants battaient des records d'indigence, à croire que les stades ne sont remplis que d'alcooliques refoulés qui ne cherchent dans la fréquentation des foules partisanes que l'alibi facile pour s'aviner à la santé de leurs favoris ridicules (que font tous ces gens à Jean-Dauger, sinon ? )

Quels sont donc les griefs d'airain, en hommage à Jonah, les motifs de discorde, les sujets de fâcheries qui nous amènent à faire en ce jour le procès de notre compétition nationaze ?

1. L’enjeu

Oui l’enjeu, l’enjeu qui paralyse, l’enjeu qui tétanise quand d’autres sont têtes anisées. Le top 14 n’est pas assez élargi, se joue en cercle fermé, l’orgie (de jeu) est impossible en nombre si restreint. DSK à 14 demanderait plus de matériels. Entre ceux qui ont peur de descendre, ceux qui ont la trouille de ne pas être européens, ceux qui sont terrorisés à l’idée de faire le doublé c’est une promiscuité trop angoissante. Cette année aucune équipe n'était condamnée d'avance comme pouvait l'être Bourgoin, Albi ou la Rochelle auparavant, alors que Brive était systématiquement condamné à se sauver d'avance. Jusqu'à la 25ème journée tout le monde est resté concerné et sous pression. Hormis Toulouse et l'ASM qui ont assez vite pris le dessus sur les autres, pouvant ainsi se consacrer à mettre au point un jeu d'attaque chatoyant, hormis ces deux pointures, les 12 autres équipes ont joué du début à la fin avec la trouille au ventre, la peur de perdre, la pression négative qui ôte toute velléité de prendre le moindre risque.

2. La Coupe du Monde

La Coupe du Monde, provoquant l'absence des internationaux pendant plus de 2 mois, a sérieusement perturbé l'entame de Biarritz et de Montpellier, en position de relégables en octobre, clubs dont il était évident que les qualités intrinsèques (et en terrain mouillé), et l’effectif une fois complet allait leur permettre de remonter la pente.
Leur faible entame a permis à des équipes comme Brive (vainqueur à Montpellier en septembre) d'engranger des points précieux et une folle espérance leur permettant de ne jamais être décrochés (voire pour le CAB de ne jamais être en position de relégable avant l'antépénalitième journée). Pour les puristes de la grammaire je précise que antépénalitième est un néologisme rugbystique que j'assume, un en-avant grammatical que je revendique (Rivers).

3. Les étrangers sont nuls

Quand on compare le niveau de frilosité dans lequel se complait notre élite et le jeu tout en fantaisie (ou tout moins plus offensif) pratiqué dans le championnat anglais, la ligue celte ou même la HCup on peut quand même s'interroger sur la présence prégnante (mot que je loue pour cet article à Jacques Verdié) de nombreux étrangers. Loin de moi l'idée de tomber dans une quelconque xénophobie, bien sûr, mais je me mets à la place d'un entraîneur disposant d'un effectif de 5 Georgiens, 4 Sud-Af, 5 Tongiens ou Fidjiens, 6 Argentins, des Grands-Bretons ou Irlandais, et quelque Français pour compléter, cirer le banc et faire croire qu'on peut atteindre bientôt le quota de jiff (à ce sujet on peut dire qu’il y a des jiff qui se perdent…).
Comment faire l'amalgame entre toutes ces cultures, toutes ces langues, toutes caractéristiques?
Il est évident que le jeu offensif pâti, voire Guesch pâti de cette multiculturalité, car c'est lui qui demande le plus de réglages, de combinaisons, d'entente, c'est lui le plus difficile à atteindre.
Et quand le jeu offensif est compliqué à mettre en place, que fait l'entraîneur pour se rassurer, faire plaisir au président, sauver sa tête? Il travaille la défense. Cqfd.
On a d'ailleurs vu fleurir des emplois plus ou moins fictifs au sein des effectifs de club pro : celui d'entraîneur-interprète. Ne me dites pas que Jack Isaac est au Bého pour s'occuper du jeu offensif…
2 contre-exemples dans ce que j'avance : Montpellier, qui nous a quand même souvent régalé en attaque cette année, avec pas mal d'étrangers aussi, et du retard à l'allumage, et Bègles-Bordeaux.
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re-contre exemple : le Stade Toulousain, qui, à force d'intégrer de moins en moins de joueurs issus de son centre de formation et de recruter des stars, perd peu à peu ce qui faisait sa force offensive : les repères individuels et collectifs, les automatismes, les fondamentaux du jeu stadiste.

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Drame des stars en fin de carrière : Rokocoko ne peut même plus distancer un vulgaire Paul Sackey.

4. Le bonus offensif

Pourquoi sommes-nous les seuls au monde à avoir modifié la règle du BO ? Pourquoi n’y a t'il que dans le top 14 qu'il faut marquer plus de 3 essais que l'adversaire pour avoir ce (petit) point de plus ? Quel est le résultat en termes d'essais marqués et de spectacle produit par cette innovation ? La ligue ferait bien de se pencher rapidement sur cette mesure que j’estime néfaste, voire néfaste food tellement elle rend le rugby indigeste.
Rappelons qu'il y a deux ou trois ans, cette modification est intervenue parce que l'esprit pervers et malicieux (très français donc) de certains les avaient conduits à envisager, estimant leur adversaire trop fort, à ne pas jouer la gagne, mais à jouer le bonus offensif, voire le double bonus (BO et BD) possible à cette époque (alors que totalement improbable maintenant).

D'abord je voudrais bien savoir quelle est la part de risques induits par ces éventuels cadeaux, on parle de quelques points. On se souvient que Bayonne, il y a 4 ou 5 ans, à une époque où ils savaient encore se faire 3 passes et où leurs entraîneurs n'étaient pas en CDD d'un mois, l'Aviron donc s'était fait une spécialité d'obtenir ce double bonus. Où était le vice ? Franchement je préférais voir Bayonne perdre 42 à 35 à Toulouse dans un match à 9 essais que de voir tel ou tel essayer de défendre tout le match, à pourrir le jeu, tricher, tout embrouiller pendant 80 minutes pour finir sur un 9-6 des familles, surtout un vendredi soir.

5. Les arbitres

Je ne m'appesantirai pas sur ce point, parce que, fruit d'une éducation raffinée et d'un savoir-vivre élevé à son paroxysme, je ne supporte pas qu'on critique les arbitres, sauf Wayne Barnes.
Néanmoins il faut bien reconnaître, lorsqu'on compare un match de top 14 et un match de HCup, qu'il y a un problème dans l'interprétation des règles et dans la façon de siffler, surtout sur les rucks. D'un côté c'est le n’importe quoi généralisé avec des types qui plongent, qui sautent, qui agrippent, qui s'empoignent, de l'autre, en HCup les rucks sont ce qu'ils devraient être : un incident, un temps d'arrêt, une station de métro dans laquelle la grande rame de l'attaque fait une courte pause pour reprendre son élan vers le temps de jeu suivant.

Monsieur Péchambert, en liaison directe par oreillette avec Serge Blanco.

6. Les mêlées

Là ce n’est pas la peine d'aller chercher des coupables ou des situations exemplaires en Europe ou dans l'hémisphère sud, les mêlées sont malheureusement devenues partout et sur tous les terrains une plaie, devenant une phase de jeu pénible, chronophage et inintéressante pour le spectateur (sauf ceux partis faire un arrêt au stand). Fabien Galthié se plaignait récemment que c'était devenu inarbitrable et que après 4 ou 5 mêles écroulées, relevées, en travers, l'arbitre sifflait au pif une pénalité pour passer à autre chose.
La solution prônée depuis longtemps par Serge Simon : l'autorégulation, ne semble plus faire partie des mœurs de notre temps, même s'il faut bien avouer que laisser les premières lignes régler entre eux à coup de bourre-pifs les problèmes inhérents à cette phase de conquête ne manquerait pas de noblesse pour les Bouchers que nous sommes… Et puis, même du temps des hordes sauvages, la finale 1990 entre le Racing et Agen, pourtant arbitrée par Claude Debat, homme exceptionnel et éminent Tuciste, fut pourrie de bout en bout par des mêlées systématiquement écroulées (et Genet rien contre le Racing).

7. Parce que Fritz, Bastaraud, Rougerie, David, Marty

Pas besoin de développer… La France se spécialise petit à petit dans l'éclosion de coffres à ballons capables de passer 80' sans faire une passe. Codorniou, Charvet, Nadal, Boni, Bondouy, Chadebech… qu'avez-vous fait de votre talent, à qui avez-vous transmis votre héritage ?

8. Parce que Parra, Yachvili, Burgess ou Doussain

Pour pouvoir attaquer de nos jours, avec le resserrement des défenses, l'athlétisation des corps (on croirait un film de gladiateurs) une seule issue : la vitesse. Et là non plus on n’est pas gâté. Un exemple symptomatique : Trinh-Duc à Montpellier, capable d'impulser des mouvements, de prendre des trous, de lancer son attaque avec brio, et FTD en équipe de France, jouant sur le reculoir, oppressé, martyrisé, et jamais libéré. La différence ? Bien sûr le niveau de jeu, et la qualité des chasseurs de 10, mais surtout la vitesse avec laquelle la balle lui arrive. En EDF, que ce soit avec Parra ou Yachvili (je ne parle pas de l’intérimaire sous assistance respiratoire), le temps que la balle sorte d'un regroupement on a le temps d'aller chercher une autre bière au frigo. Allez tromper des défenses avec ça…

Voila donc énumérées les principales tares que véhicule notre championnat soporifique, tares qui (et Hutch) suffisent à démontrer rationnellement la culpabilité aggravée du top 14 et la cupidité à gaver (de foie gras) de ses dirigeants impavides.

Je laisse la parole à l’avocat de la défense, Mourad B. qui saura vous convaincre mieux que moi que le top 14 est coupable.

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