[Bouquin 2] Matchs de légende – Tyrosse-Béziers, 1963

Voici la version longue du texte publié dans le second livre de la Boucherie Ovalie. Si c’est trop long achetez le livre, y a la version courte dedans.
 
Par Marcel Caumixe

 
 
Plus encore que le Franzac-La Voulte de 59 ou que le fameux Saint-Plévrin-du-Palais contre Carmaux en 61, le Tyrosse-Béziers de l’année 63 est encore qualifié par les esthètes du sport de plus grand match de tous les temps. Peu de ceux qui l’ont vécu vivent encore et j’eus l’honneur d’en être le témoin. Tout a déjà été dit de cette merveille rugbystique, narrée, louée et disséquée maintes fois sous la plume des immenses Denis Lalanne, Henri Garcia ou Jean-Michel Fouriège, mais il ne peut être de redite sur pareil chef d’œuvre.
 

Il faut se rendre à l’évidence, les joutes de cet âge d’or du rugby avaient une toute autre saveur que les rendez-vous industrialisés et sans âme du top14, piètre erzatzs de ce que nous connûmes en notre temps, en d’autres temps, dans ce passé bien plus beau et bien plus simple. Nous ne nous embarrassions pas de ces ambages hypocrites, de cette correctitude politique et nos relations étaient marquées au coin de la franchise et du respect. Le poitrail débraillé, nous discutions passionnément jusqu’aux heures les plus indues et finissions la nuit dans des éclats de rire saillants comme dans de formidables bagarres. Nous buvions, nous mangions, rotions et trompions nos femmes emportés par la fougue virile d’une jeunesse que l’on ne bridait alors pas dans les convenances.
 

C’est donc à la fin d’un mois d’octobre d’une froideur telle que l’on n’en aura plus guère, l’année même qui verrait le club de Vidargues, le Grand Vidarques renaître de ses cendres. De Tyrosse émergeait une génération de celles que l’on ne voit qu’une fois par siècle. Walter Spanghéro ne dira-t-il pas quelques années plus tard et non sans malice “sans Maurice Favière, pas de Serge Souleyre” ? En tout cas, ce n’est pas Henri Fabrègue qui aurait dit le contraire. Celui qui devint le vice-trésorier du comité des Landes avait pourtant connu l’éclosion de ces talents que l’on appellera plus tard “les Cinq formidables”, parmi lesquels Jean-Paul Jaspage, le père de Francis et de Guy, qui disparut trop tôt dans les circonstances tragiques que l’on sait. Henri Fabrègues et moi-même fîmes donc le déplacement du village voisin de Saubrigues.

 
A peine arrivé que Henri, mon grand ami Henri, auréolé de sa légende, attirait à lui la foule des aficionados locaux. Les voilà quémandant à qui mieux-mieux éclaircissements tactiques, confidences d’initié, ou autres fulgurances de sa sagesse proverbiale et de son sens du bon mot. Quel honneur il me faisait alors, à moi le jeune plumitif, de me prendre sous son aile! Que n’ai-je appris à ses côtés! Nous étions tant le centre de ce petit monde que nous en ratiâmes le coup d’envoi. Une fois assis en tribune il restait en tout et pour tout 5 minutes à jouer en seconde mi-temps. Et quelles minutes ce furent. Tout n’était qu’action de classe, maestria technique, et âpre combat. Lors des 4 mêlées qu’il nous fut donné de voir avant la fin de l’affrontement, Tyrosse ne céda pas un pouce aux terribles avants bittérois. On voyait leurs dos fumants s’arc-bouter dans le bruit des craquements de vertèbres. Mêlées maintes fois rejouées, piliers hagards et ensanglantés, les 5 plus belles minutes de ma vie je les dois autant à ce Tyrosse Béziers qu’à cette demoiselle toulonnaise qui fit de moi un homme.
 

Alors que l’arbitre renvoyait les guerriers au vestiaire sur un 0 à 0 fusèrent invectives, noms d’oiseaux et menaces de mort à son intention. “L’arbitre est un homme parmi les hommes” me confia Henri. Il avait à nouveau tellement raison. C’était décidément une autre époque, loin de la nôtre où l’arbitre est cette petite chose fragile qu’il faut protéger. Nous nous lançâmes alors dans un de ces fantastiques débats, excités que nous étions par le foisonnement de nos esprits stimulés du bonheur simple de la beauté du sport. Nous refisâmes le match et le monde, nous entrevîmes les sombres heures du “rugby du commerce” (c’est Henri qui inventa ce soir là cette formule si bien sentie), et au son de nos voix déroulant cette pensée claire sous les fraîches étoiles, nous bandîmes. Oui, nous bandîmes.
 

La carrière de Maurice Favière que l’on vit si formidable en ce jour béni s’acheva de la manière la plus cruelle qui soit 10 jours après. Rentrant de l’entraînement sur son Solex il tomba du pont de Murviel, se noya dans l’Orb, et disparurent avec lui les promesses de gloire qu’il avait fait miroiter aux yeux du rugby de France. Il n’avait que 22 ans.

 

Série Bleue

On devrait jamais quitter Toulouse.

 

– Ben t’attends quoi ? Ouvre !

 

– Je crois que j’avais jamais vu un coffre d’où sortaient autant de briques à l’ouverture.

 

Sur le parking brumeux, les visages baignés par la lumière rouge des feux arrières sont ceux de Bernie le Dingue et Guy le Gitan.

 

– Moi, si. J’ai vu ton XV de France à l’oeuvre. Considère ça comme un hommage à ton passage parmi nous.

 

– Mince alors. Ca fait beaucoup de biftons. J’espère que j’ai pas privé des petits enfants des clubs amateurs de leur chasubles floquées Spor-Elec. Je le vivrais mal.

 

– T’en fais pas. C’est la recette du contrat lyonnais. On n’a même pas pris la peine de sortir le magot de la bagnole. On te le donne tel quel. Il manque juste la part des All Blacks qui se sont servis avant de repartir. Mais tu peux garder la caisse.

 

– Je partage le magot avec ceux qui m’ont flingué. C’est vicieux, tu ne me déçois jamais.

 

– … Après, je ne te cache pas que ça va retarder l’opération “1 club amateur – 1 tireuse à bière” que je prévoyais pour ma réélection. Mais on trouvera toujours un moyen de se refaire.

 

– Oh ça, je me fais pas de souci. Y’a encore de la surface disponible sur les maillots. Mais évite de sélectionner Lacroix ou Dulin, on voit à peine le nom de leur sponsor même en 4k. Sinon, tu devrais aussi vendre la surface de l’assise des sièges du stade. On la voit vachement bien ces temps ci.

 

– Grâce à qui ?

 

– C’est beaucoup d’honneur, mais je ne suis qu’un modeste artisan de l’écroulement de l’édifice. Merci d’ailleurs. Grâce à toi, je serai bien loin quand il te tombera sur la gueule. Et si tu espères que Jojo-la-Moustache va te tirer de là, t’as surtout intérêt à lui payer des cours accélérés en fac de droit. Déjà qu’il est pas bien fin, je miserais pas sur sa plaidoierie devant le juge pour te sortir de prison. Enfin. Il paraît que la moustache ça donne de la prestance et de l’autorité…

 

– Mieux vaut la prison que le Top14. Et justement, tu vas faire quoi maintenant ?

 

– Franchement ? Aucune idée. Profiter de la vie. Retourner sur mon territoire. Peut-être dégommer le prête-nom à qui j’ai laissé les clés du troquet et revenir aux affaires. Recruter des sanguinaires à bas prix en troisième division pour méticuleusement péter tes JIFF, week-end après week-end. Ou alors prendre l’Italie et te mettre des branlées au Tournoi. Je n’ai que l’embarras du choix niveau loisirs. L’important c’est d’avoir une retraite active tu vois. Je vais m’employer à te mordiller les mollets pour rigoler un peu en attendant que la grosse catastrophe qui se profile au loin t’emporte, toi et ta bande.

 

– En parlant de bande, tu me feras le plaisir de récupérer Tif et Tondu. Y’avait pas la place de les mettre dans le coffre donc ils campent dans des cartons devant Marcoussis.

 

– Le Moustachu, il a pas besoin de sbires ?

 

– Depuis quand les domestiques devraient avoir des domestiques ? On va juste impliquer 2 ou 3 pontes histoire de les flatter un peu. Mais tes gars, là, j’en veux pas.

 

– Yannick-la-Brute retrouvera bien le chemin du bercail. Pour Jeff, appelle juste le 115. Bon, tu me files les clés ou bien ?

 

Bernie marque une pause et fait tourner le porte-clés autour de son index.

 

– Tu sais quoi, Le Gitan? Tout compte fait je vais me le garder, ce magot. Maintenant que je suis dans les institutions, je vais me la jouer dans les règles. C’est fini le temps où on réglait nos histoires dans les parkings, à faire taire les gênants en leur faisant bouffer des coffres remplis d’oseille ou le silencieux vissé au bout de nos pétards. On a troqué nos survêts pour des costards. On va faire règlementaire. Respectable. Corporate, comme on dit de nos jours. A grands coups de code du travail dans la tronche. C’est lourd, et ça laisse pas de traces, c’est clean. Et puis comme ça, j’aurai même plus à voir ta gueule d’enterrement en vrai. Je vais payer des avocats pour te parler, des communicants pour que ça ait l’air propre et avec un peu de chance, ce sera toi le sale type. Pas l’honorable Président bénévole et philantrope que je suis. C’est que Claudio-Les-Mains-Pleines et moi, on a une coupe du monde à organiser. Les petits arrangements, ça fait mauvais genre quand on est sous l’oeil du monde entier. “Faute grave”, ça te dirait ? Ca fait toujours bien sur un CV.

 

– “A perdu deux coupes du monde”, ça t’a pas empêché de faire ministre et président je crois.

 

– Eh bien si tu comptes céder aux sirènes du pouvoir, ça t’empêchera pas de briguer le comité des fêtes du bled. Connaissant ton goût pour la rigolade, on va s’éclater au loto municipal de Pibrac. Moi je suis tourné vers le futur. Et le futur, il appartient pas aux poussiéreux dans ton genre. Il appartient aux entrepreneurs. Le rugby du cul-terreux qui sent bon le confit c’est fini. Le rugby de demain sent le cigare que moi et mes nouveaux potes, on suçote en rotant notre scotch hors d’âge, le cul dans le cuir du fauteuil, entre deux histoires sur comment on est parti de rien pour arriver au sommet. C’est ça qui fait rêver les jeunes. Pas les virées à six en Clio pour faire le tour des boîtes du canton. Mais t’inquiète, je les aime bien là où ils sont, les bouseux. Je veux juste leur vendre du rêve.

 

– Eh ben, quand j’entends ça, je devrais te remercier de me permettre de mettre les bouts. En fin de compte, je suis libre de todo, moi. Toi, tu es toujours à faire les basses oeuvres de quelqu’un d’autre.

 

– Que dalle, c’est fini ce temps là. C’est moi le gros bonnet. C’est moi qui ai la boîte à ma pogne.

 

– “Ne demande jamais à la marionette si elle est plutôt ficelles ou main dans le cul, elle se douterait de quelque chose”. C’est du Confucius. Enfin je crois.  Allez, tchao pantin, je crois qu’on a plus rien à se dire. Je t’enverrai mon baveux.

 

Les deux hommes se séparent comme ils sont venus, sans un mot de plus.

 

Les épisodes précédents :

Serie Bleue et noire 

Serie Rouge et Noire

Serie Rouge et Noire, Volume II 

Série Bleue et Noire

Beverly Hills Hotel de Durban, ce matin. D’un pas décidé Le Président de la FFR descend énergiquement le couloir qui mène à la salle de conférence Bakkies Botha.

 

– Pas si vite Bernie !

 

Ses pas pressés s’arrêtent net. Le martèlement de ses sandales Nike et le sifflement répétitif du frottement du polyester de l’entrejambe de son survêtement FFR laissent brutalement la place à un silence pesant. La voix familière qui vient de surgir dans son dos est celle d’un homme qu’il connaît bien. Le président se retourne. Face à lui se tient une silhouette noueuse qui en a vu beaucoup. Le temps semble s’arrêter alors que les deux hommes se toisent.

 

– Guy Le Gitan. Tu sais que tu peux m’appeler Monsieur le Président désormais.

– C’est parce que tu as été élu chef de la tribu par une assemblée de pécores fascinés par un abonnement Canal et un téléviseur BlueSky que je devrais te faire la révérence ? Ben tu te plantes. J’en ai connu, moi, des présidents. Et crois moi, les plus compétents c’était ceux qui étaient suffisamment malins pour rester à leur place en tête de banquet pendant que je faisais tourner la boite. Ceux qui savaient se souvenir qu’on parle pas la bouche pleine.

– Guy, mon vieil ami, écoute-moi bien. Je t’ai récupéré avec les meubles quand j’ai racheté Marcoussis. Je t’ai pas vraiment choisi. Tu jures un peu avec la déco, comme le vieux buffet formica de mamie au milieu d’un intérieur italien. Mais personne veut te récupérer, même pas Emmaüs. Et puis comme t’es un peu pénible à déloger de la cuisine, ben on te garde là en attendant que tu sois suffisamment vermoulu. Ou qu’un accident malencontreux arrive avec la gazinière.

– Et sinon, à part faire des métaphores, qu’est-ce qui t’amène ?

– Ce qui m’amène ? C’est un putain de vieux meuble qui est en train de foutre en l’air ma déco justement. Tu voudrais pas gagner un peu des matchs là ? C’est le désastre ! Comment je suis sensé louer mes emplacements sur les maillots ? Y’a Mohed le Maçon qui va m’envoyer des gros bras pour me foutre dans la bétonneuse. C’est pas vraiment ce que j’ai en tête quand je dis que veux créer une fondation à mon nom.

– Ah ça, louer des emplacements, tu sais faire. D’ailleurs, c’est le début de la saison non? t’as pas des campeurs à accueillir au Pilat ? Et c’est quoi que tu tiens là ?

 

Le Président Bernie, l’air embarrassé, avait presque oublié la liasse de photocopies qu’il portait.

 

– C’est… Euh…

– Ne me dis pas…

 

D’un geste souple et vif, Guy le Gitan subtilise de trois doigts un feuillet à son Président pris par surprise

 

– Putain… J’en étais sûr.

– Ouais, c’est bon, je sais… Mais je suis sûr que ça peut marcher ce coup-ci.

– La lettre de Guy Môquet. Sans déconner, Bernie. T’as plus honte de rien en fait.

– Mon mentor en politique m’a tout appris. Je lui dois d’être là où je suis.

– C’est exactement ça ton problème. Tu es dans l’ombre des présidents. Max et autres. T’es un suiveur, Bernie.  T’as pas l’étoffe.

– Je te rappelle que c’est moi le président !

– Laisse-moi t’apprendre un truc. Les anglais ont un jeu. Ca s’appelle “Simon Says”. C’est comme Jacques a Dit, mais Jacques, c’est un médecin niçois. Tu me suis?

– … Non.

– C’est pas grave, l’essentiel c’est que tu le suives lui, pas vrai?

 

Bernie reste coi alors que les rouages de sa pensée tentent de décrypter le message. Guy reprend.

 

– Je te comprends, tu te dis qu’à choisir il aurait mieux valu que ce soit l’intérieur de ton crâne qui soit brillant. Mais laisse tomber je te dis. « L’entraîneur entraîne, le dirigeant dirige ». C’est pas mal, ça hein? C’est de moi. Ça m’est venu comme ça. J’ai balancé ça à la télé l’autre jour, ça s’est retrouvé partout sur le minitel des jeunes. L’entraîneur entraîne, le dirigeant dirige. Reste à savoir à quoi tu sers, toi. Mais vas-y. va leur faire ton speech, va leur parler d’un gamin qui s’est fait massacrer par des nazis, au moins ça va les mettre dans l’ambiance. Par contre, compte pas sur moi pour faire Guy Moquette. Je vais pas m’aplatir. Et si tout va bien, dans 6 ans je pourrai perdre une coupe du monde à la maison à la tête de 15 imbéciles traumatisés. Au moins j’égalerai ton Palmarès.

 

Sur ces mots, Guy le Gitan poursuit son chemin, et laisse son éternel rival esseulé, bras ballants, dans le couloir sans âme de l’hôtel.

Retour sur Italie-France (18-40)

 

Ébloui par le luxe du lieu, j’avançai timidement dans bar de l’Hôtel Meurice où Ovale Masqué m’avait donné rendez-vous. Je l’aperçus au loin, assis dans un fauteuil cossu en compagnie de quelques personnes, et à ma vue il se précipita vers moi une main en avant et un cocktail dans l’autre. Au lieu de l’accolade à laquelle je m’attendais, il me saisit par l’épaule et m’entraîna vers une porte dérobée. C’est entre les bidons de détergent et les chariots de nettoyage que j’entamai la conversation:

“C’était qui avec toi ? Vincent Bol-
– Ouais.” Me coupa-t-il. “J’ai pas la journée. Dis-moi, t’attends quoi là ? J’veux dire, tu comptes nous le faire avant l’an prochain le compte rendu d’Italie-France ?
– Je savais pas que je-
– Ben maintenant tu sais. On est sur un gros coup là. On va vendre le site. Si on veut en tirer un bon prix, il faudrait poster souvent et faire du clic. Alors tu vas te magner le fion et nous faire un bon CR.
– Mais je-
– Faut maintenir le navire à flot, putain. Je me crève le cul, et toi tu restes là à poster des calembours sur twitter. Dès que je suis pas là pour faire le boulot y’en a pas un qui trime dans cette boite. Bon faut que j’y retourne. T’as deux heures. Et pas de calembour, bordel !
– Mais chef, on aura droit à un petit truc quand vous revendrez le site ? En paiement pour le temps passé sur les 5 dernières années ?
– …
– …
– Je sais pas moi, tu veux finir ma Smirnoff Ice ?

Nous nous quittâmes sur ces entrefaites et je fus fermement reconduit à la sortie de service par la sécurité de l’hôtel qu’il avait pris soin de prévenir de ma présence en rejoignant ses nouveaux amis. Voici donc le résumé du match au sommet de ce tournoi des VI nations, à savoir, Italie-France.

 

Le contexte

 

Ce n’est jamais facile de mettre de l’enjeu et de l’intérêt sur le Latinico. Force est de reconnaître que c’est souvent chiantissime, mais ça vaut toujours mieux qu’une journée de relâche où on doit regarder le Top14. Côté italien, on en est à onze cuillères de bois, et cette année on les sent bien partis pour remporter celle qui manque et compléter le service à raclette douze personnes. Malgré un match contre l’Angleterre fort réjouissant, l’Italie est au plus bas et va comme d’habitude tenir à faire bonne figure contre la France. Côté français, on est au milieu d’un tournoi pas très mémorable, comme si on avait été propulsé sur les rails de la dépression par cette courte défaite anglaise. Il est essentiel de se relancer en mettant une bonne branlée à quelqu’un, autant essayer sur le plus faible.

 

La compo

 

 

Le match

 

Il y a 15 jours l’Italie a stupéfié les Anglais pendant une heure avec un truc aussi peu connu que celui que votre docteur ne veut pas que vous sachiez et qui fait maigrir en mangeant des bananes trop mûres. Il s’agit bien sûr de la tactique des rucks fantômes, aussi connus sous le nom de rucks fictifs ou de défense sarthoise. On peine à croire que ce fusil à un coup puisse encore faire son effet. D’autant qu’après deux semaines, les plus grands spécialistes de Marcoussis ont certainement eu le temps de se pencher sur le problème. La solution choisie se révèle assez vite. Qui dit ruck, dit possession. Donnons leur le ballon, abandonnons la possession, il n’y aura pas de ruck, donc pas de tactique satanique. Il fallait y penser ! Malheureusement les Italiens font preuve de beaucoup d’allant et de maîtrise en ces premières minutes. Il mettent à mal une défense très attentiste et après une dizaine de phases de jeu Parisse conclut d’un essai, formidablement servi par son ouvreur après une prise d’intervalle somptueuse. Le pied de Canna pêche et rate la transformation : 5-0 à 3 minutes. Serin déchante et Canna rit jaune.

 

La suite donne plus d’occasion aux Bleus de s’exprimer dans une veine plus novésienne. Malheureusement avec la possession revient le ruck fictif qui met Baptiste Serin à la penne. La mêlée est cependant dominatrice et permet à Camille Lopez de réduire l’écart. L’Italie parvient à créer le danger dès qu’elle enchaîne les temps de jeu – on en croit à peine ses yeux, mais dans un monde où Gérard Holtz est à la Villa Médicis, tout peut arriver. Un raffut de Parisse sur Picamoles suivi d’une chistera et l’Italie remet la panique dans la défense. Il s’en faut d’un mauvais choix de sautée sur l’aile pour que le score gonfle encore en faveur des locaux. La France s’en remet encore à ses avants dominateurs en mêlée et au grattage pour eviter le pire. Ce premier quart d’heure est clairement italien. Une période couronnée par une pénalité. Cette fois-ci, le pied de Canna paie : 8-3.

 

 

“Hé ! Moi ! Passe ! Pssst ! Moi ! Moi !”

 

 

Sur le coup d’envoi, Fickou récupère la balle, sert Vakatawa qui perce et tente une passe impossible sur Lamerat. Le fameux sens du partage fidjien se heurte à la dure réalité de Rémi Lamerat qu’on sait désormais rendu inopérant par un mystérieux champ de force situé à 5 mètres de l’en-but. Qu’à cela ne tienne, la balle reste française, et à un petit en avant près, Vakatawa allait marquer son essai. L’arbitre revient à une position de hors-jeu et Camille Lopez ajoute 3 points. L’action suivante sera encore plus aboutie. Luke McLean dégage (pas littéralement hein, ce serait trop beau), Serin récupère et sert Dulin qui relance de ses 22. Cette remontée assassine qui voit un bon tiers de l’équipe jouer au chat et à l’azzurri se termine par une superbe feinte de passe de Fickou qui mystifie les locaux et aplatit derrière la ligne : 8-13.

 

Bien que l’attaque française traverse désormais la défense telle une balle de .45 du mascarpone, l’Italie parvient à faire bon usage du peu de ballons qu’elle a. Elle bénéficie d’une pénalité grâce à l’indiscipline française sanctionnée par l’arbitre, monsieur O’Coffee. Le pied de Canna bisse : 11-13.

 

Le rythme retombe nettement sur la fin de la période. A la 29ème minute, un ruck fantôme raté donne l’occasion à Lopez d’aller en pénaltouche. Le maul qui suit tourne en faveur des Ritaux, mais la mêlée française domine, et Camille en marque 3 de plus mettant ainsi fin à 5 minutes de mises en place laborieuses, de décisions arbitrales, de pénaltouches, de mauls, de re-mêlées, bref de plaisir sportif comme seul le rugby à XV sait nous en donner. L’attaque italienne mollit à mesure que la défense française se durcit, et hormis Serin qui sur un ruck fantôme prend un trou d’azzurri et nous gratifie d’une belle percée, rien de bien notable à raconter dans ces dernières minutes.

 

 

 

 

Au retour des vestiaires, la France reprend sur de bonnes bases, joue dans la défense et fait circuler la balle. Une chistera de Serin lance Slimani mais l’action finit en touche. Monsieur O’Keffieh donne l’avantage et Lopez passe la pénalité. 11-19 à la 43ème.

 

Les Bleus ne se reposent pas sur leurs lauriers sous ce soleil romain. Sur le coup d’envoi suivant, la balle circule dans les 22 français, Fickou prend l’intervalle, fixe et lance Vakatawa qui malheureusement se fait rattraper par Padovani et concède une touche à 5 mètres de l’en-but adverse. Les Bleus reviennent à la charge. Dulin pénètre dans la défense italienne. On remarque alors que Maestri a décidé aujourd’hui de compenser pour toutes les fois où il n’a pas touché un ballon du match dans sa carrière.  Placé en sortie de ruck, il se fend d’une passe abominable que Sanconnie prend dans la gueule. Trop heureux, les Italiens dégagent mais ne trouvent que les bras de Nakaitaci qui relance à nouveau. Sur un hors jeu, monsieur O’Kif octroie une pénalité que Lopez met en touche. La touche donne lieu à un maul, puis Serin lance Vakatawa qui va à l’essai. 11-26 à la 48ème.

 

L’Italie remet un peu la main sur la balle. Un hors-jeu français lui donne la chance de tenter une penaltouche, deux, puis trois, tout ça pour dégueuler le ballon comme un mauvais Valpolicella. Malgré tout la balle finit par revenir à l’Italie, et bien que Campagnaro, Canna ou Parisse s’y emploient avec un relatif bonheur, la défense française reste infranchissable. L’Italie récupère une pénalité à la faveur de sa patience sur cette possession. La pénaltouche est choisie de nouveau. Et au bout de la ligne après trois temps de jeu, Bronzini s’engouffre pour aller aplatir derrière la ligne, mais Dulin est dessous et l’essai n’est pas accordé. Alors que la vue de Dulin passant sous le Bronzini me donne la nostalgie de mes années de lycée, la France trouve le moyen de gratter la balle et Dulin d’entamer une relance qui ramène le jeu au niveau de la ligne médiane.

 

 

 

Quand tu rassures tout le monde comme quoi tu es bien arrivé puis que tu testes le vent au cas où tu doives taper un drop dans la minute.

 

 

On va pas se mentir, ce baroud d’honneur de l’Italie ne trompe personne : le match est plié. Cette semaine on a beaucoup parlé de Ramon Tada, célèbre personnage CATALAN. On voit cependant mal comment les Italiens pourraient revenir au score, ni pour quelle raison cette éventualité surgit dans ce texte hormis une pulsion malsaine à faire feu de tout bois pour placer un jeu de mots moisi. L’enjeu pour le XV de France est désormais de faire, genre, on va sauver notre tournoi et la tête à Guytou en chopant le bonus et en se classant correctement, alors qu’on sait bien qu’un tournoi où on perd d’entrée contre l’Angleterre est fichu.

 

À la 63ème, une mêlée au centre du terrain, une ouverture, et Lamerat déchire le rideau. La malédiction frappe soudain aux 5 mètres tel l’éclair d’un dieu facétieux. Rattrapé par Campagnaro, Rémi se fait plaquer, dégueule sa balle et se détruit le pif dans la terre. Non, le sort n’est pas encore brisé. Pourtant il faut essayer : Lamerat contre un dégagement dans l’en-but italien. Rien ne se passe. Mêlée à 5 mètres, PICA fait son départ et va marquer tout seul, lui. 11-33 après transformation de Lopez.

 

L’Italie est KO. Les Français sont incisifs, les Italiens n’endiguent plus leurs attaques. Ben Arous aurait bien mis l’essai du bonus à l’issue d’un autre joli mouvement à la 72ème, si Picamoles n’avait pas préféré faire la passe à son copain FTD au prix d’un pied en touche au lieu de donner au premier venu. On commence alors à croire qu’en bons Français, les Bleus vont manquer l’occasion d’inscrire l’essai du bonus et ce, contre le cours d’un match qui semble vouloir tourner à la soirée Bunga-Bunga. Yoann Huget rentré il y a peu avorte une attaque qui semblait pourtant bien démarrée en faisant une passe hasardeuse. Mais la French Chatte est la marque des plus grands joueurs. Cette passe, tout hasardeuse qu’elle soit, permet aux Français, par le truchement d’un contact italien fortuit, de bénéficier de la mêlée suivante. La balle circule vers l’aile de Nakaitaci qui joue dans le dos de la défense sur Gourdon. Celui-ci trace, la tête haute et l’oeil en éveil dans le style qu’on lui connait désormais. Il sert Dulin qui bat le dernier défenseur et inscrit l’essai du bonus entre les poteaux. 11-40, ça n’ira pas plus loin, et moi non plus. (EDIT: À la demande d’un lecteur pointilleux qui n’a pas zappé avant la 80e minute, je rajoute qu’un essai “pour l’honneur” d’Esposito permet à l’Italie de terminer à 18-40.)

 

 

Encore un Toulonnais qui se fait choper à prendre un rail.

 

 

Les joueurs

 

Belle et homogène performance du XV de France. Serin a encore été étincelant. Beaucoup de maîtrise et de culot, rapide sur les sorties de balles, il a été élu à juste titre homme du match, parce que le titre d’ado imberbe du match n’existe pas. Sanconnie a réussi son entrée, PICA a été à la PICA-hauteur de sa PICA-légende et Kévin Gourdon a été très en vue. Avec sa gueule du prof de français qui gère le club théâtre du lycée et dont toute la 1ère L est amoureuse, il défonce, il plaque et finit par éclabousser de toute sa classe. Les lignes arrières n’ont pas été en reste et ont passé la partie à créer le danger. Gardons une pensée pour Yoann Maestri, qui a dû toucher une vingtaine de ballons et en a tombé facilement 75%. On espère qu’il a fait le plein de sensations et qu’il va tranquillement retourner dans les tâches de l’ombre auxquelles on n’y connait pas suffisamment pour dire autre chose que “on ne l’a pas vu donc il a fait le job”.

 

Côté transalpin commençons par l’Italien du sud, Luke McLean. Luke est l’archétype de l’inutility back. Il peut jouer à n’importe quel poste avec la même absence de talent. Si Sergio Parisse est ce type de joueur par lequel tout peut arriver, qui peut transformer tout ce qu’il touche en or, Luke a tendance à transformer tout ce qu’il touche en plomb. La seule théorie qui tienne est que Luke est le jumeau maléfique de Sergio. Du reste, Sergio a fait du Sergio. Omniprésent, auteur de gestes de grande classe, trouvant malgré tout le temps de manger le cerveau des arbitres, les Italiens devraient se poser la question de leur Parisse-dépendance, tenter de le cloner ou à tout le moins de congeler des litres de son sperme. Il ne fut pas le seul à sortir du lot. On n’attend jamais grand chose d’un ouvreur italien. Mourad Boudjellal l’a appris à ses dépens. Canna a pourtant fait un très bon match, notamment en montrant une étonnante capacité à prendre l’intervalle et à faire jouer dans le dos de la défense. Allan a été bon, mais Canna plus. On ne peut pas parler des joueurs de la Squadra Azzurra sans mentionner Campagnaro. Le centre italien est véritablement un cran au dessus de ses coéquipiers. Dense, franchisseur, il est à prendre au sérieux malgré son chignon ridicule.

 

 

Conclusion

 

Ne boudons pas notre plaisir, ce fut un joli match, avec des actions comme on aimerait en voir plus souvent. Même si la partie ne fut pas exempte de défauts comme ce premier quart d’heure un peu mollasson, ces quelques indisciplines, ou cette fichue précipitation qui ruine souvent des actions d’envergure, on notera que cette équipe de France a du talent, de la technique, de la créativité, du collectif, des individualités, en bref de grosses qualités qu’il nous tarde de voir à l’œuvre contre une vraie équipe de rugby.

Retour sur France-Australie (23-25)

Le Contexte

La semaine dernière à Marcoussis, ça fulminait dans les couloirs :

-… Pas à moi… Pas à MOI, bordel ! Il va pas me faire le coup de l’équipe B ! C’est moi qui l’ai inventé !

– Calme-toi, Guy, ton ulcère…

– Il se pointe comme une jonquille, et voilà qu’il balance aux journalistes qu’il va aligner une équipe B. Bien sûr, les scribouillards se jettent sur le gigot et racontent à qui mieux-mieux que l’Australie, c’est surfait, limite, qu’on fait une opposition contre les GO du club med d’Hossegor. Genre moi, j’aligne les All-Stars, lui la réserve de Pibrac. Putain, il va voir de quel bois je me chauffe l’autre Libanais, avec sa cramoune au front.

 

Cette sensation de s’être fait rickroller a-t-elle fini de cramer l’oesophage de Guy Novès ?  Le staff a-t-il vraiment cru que Bernard Foley était décédé dans son hôtel parisien ? Toujours est-il que Quade Cooper déclarant forfait à la dernière minute à la suite d’un brunissement lingual consécutif à une négociation de contrat avec le RCT, cette équipe B a retrouvé comme par hasard un fumet de vice championne du monde.

 

Côté bleu, on reconduit en composant avec les blessures. A défaut d’un grand 10 nous avons un gros Douss’. La stratégie du 888 en 3ème ligne perdure avec Ollivon qui rentre à la place de Goujon, et aux ailes, Guytou préfère les palmiers à Pamiers. Le dubitatif résigné qui servait de seizième homme a laissé sa place à un curieux optimiste après la large et réjouissante victoire contre les Samoa.

 

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Le Match

 

Dès le coup d’envoi, L’hébétude est palpable sous les maillots tricolores. Les Français se font rentrer dedans par les Australiens tel un groupe de séminaristes mormons dans un congrès de cougars. Ce XV peu inspiré rend un ballon de récupération par un jeu au pied mal avisé, et échappe de peu à un premier essai dès la deuxième minute. Un ballon rendu par les Wallabies permet aux Français de mettre en place quelques phases de jeu prometteuses, de gagner du terrain, puis 3 points à la faveur de l’indiscipline au sol de leurs adversaires. Machenaud ouvre donc le score à la 5ème : 3 – 0.

 

7ème minute : touche pas droite des Wallabies. Sur la mêlée qui suit, la première ligne australienne tente de rentrer chez elle par le chemin le plus court. Coup franc pour les Bleus, qui, sympa, offrent à leurs adversaires une nouvelle possibilité d’inaugurer un tunnel vertical Paris-Sydney. Trop occupés à mâcher la pelouse, ils ne voient pas la 89 qui se joue petit côté et Nakaitaci qui s’échappe presque. Peu après, les Australiens commettent un en avant. Amnesty International dénonce l’acharnement.

 

Si la mêlée australienne s’annonce comme un point faible, le grattage reste un point fort. Malgré tout à la 15e minute, Pockock se fait sanctionner pour un grattage plus illicite que d’habitude. A 50 mètres, Scott Spedding tente la pénalité mais le ballon frôle le poteau. Scott pleure des larmes de Beaujolais en allant se replacer.  Sur la remise en jeu tout s’enclenche soudain parfaitement : 12 temps de jeu, 30 passes, des largeurs, des offloads, un peu de chatte, et 80 mètres plus tard, essai de Vakatawa. C’est bien simple, on a vu plus de passes et de temps de jeu en 2 minutes qu’en 4 années de Saint-André. Incroyable ce qu’une semaine de préparation supplémentaire peut produire. Machenaud ne transforme pas et nous fait perdre le match. 8-0.

 

Fourchette
– Coucou qui c’est ? 
– La commission de discipline ? 

 

Sur l’action suivante, Morahan se la joue fils des âges farouches et transperce des Français qui défendent debout. Une faute permet à Foley d’ouvrir la marque pour l’Australie. 8-3. Les Australiens se font plus insistants. A la suite d’une touche dans les 22 français un maul se forme et faute d’opposition prend vite du momentum. C’est comme de l’élan mais en moins français. Ollivon commet la faute stupide d’écrouler pour contrer cette avancée inexorable, alors qu’il lui suffisait de s’arc-bouter avec beaucoup de conviction pour l’arrêter proprement. Essai de pénalité et carton jaune.  8-10.

 

Le reste de la période continue sur des bases similaires. Les Australiens portent le danger dans le camp français, et pourrissent les rucks dès qu’ils en ont l’occasion. Monsieur Jackson, n’est pas très regardant sur cette phase de jeu d’ailleurs. Les Français sont joueurs, et ont à cœur de faire circuler la balle, même si ce n’est pas exempt d’imprécisions. L’absence d’Ollivon n’aura pas d’impact au score, pas plus que la présence temporaire de Lopez, rentré pour suppléer un Scott Spedding sorti pour aller abreuver les sillons. Foley rajoute 3 points à la marque grâce à l’efficacité de ses partenaires sur le jeu au sol, Machenaud fait de même grâce à l’efficacité de ses partenaires sur mêlée fermée. 11-13 à la mi-temps.

 

Quand tu te dis “ils ont peut être pas compris ma vanne… Je vais la refaire.” 

 

Le retour de pause s’annonce difficile, à l’instar de ce qu’il fut la semaine dernière. Will Genia décide de jouer à la main une pénalité pourtant bien placée. Fabien Galthié déplore cette énorme erreur, ce qui est de mauvais augure pour la suite. Les Australiens multiplient les temps de jeu dans les 22 français. Patienter, attendre, ne pas se presser, passe à Foley. L’ouvreur file marquer son essai 11-20. On n’en a pas encore fini avec ce quart d’heure australien, et sans une bonne défense, Naivalu aurait pu aggraver le score. La France s’empêtre dans ses 22, les Australiens sont agressifs et jouent juste, à l’image de Godwin, très au point, à tel point qu’il marque des points pour sa première sélection (vous l’avez ?). Cependant il n’en faut pas beaucoup non plus aux Bleus : une possession et voilà Spedding débordant la défense. Une paire de passes un peu confuses plus tard, Doussain marque un essai, fait un mic drop et sort comme un prince pour laisser sa place à Lopez. Machenaud ne transforme pas et nous fait perdre le match. 16-20.

 

En moins de temps qu’il n’en faut pour dire “Tevita Kuridrani”, voilà que ce dernier qui perce la défense bleue. Quelques points de fixation plus tard, Genia prend un trou de souris au ras et envoie Kuridrani aplatir d’une large sautée. “Mal joué de la part de Genia !” nous dit Fabien Galtié. Par conséquent Monsieur Jackson accorde l’essai même si ce dernier, aplati à la base du poteau de coin, était discutable.

 

Twittos essayant de déterminer s’il y a essai ou pas essai
Twittos essayant de déterminer s’il y a essai ou pas essai.

 

C’est la 60e minute, et il semble que les Australiens commencent à marquer le pas. Les Français quant à eux jouent plus libérés, délivrés. Les mouvements d’ampleur s’enchaînent et les Bleus sont plus dangereux. Fofana conclut une longue offensive par un essai entre les perches : 23-25.

 

Malheureusement il semble que les habitudes de loser magnifique ne se corrigent pas aussi vite que la stérilité offensive. Effacer l’incapacité à aller chercher un match dans les dernières minutes n’est pas à la portée du premier sorcier pibracien venu. A deux reprises, en hommage à la France viticole, Spedding vendage un deux contre un. Et une fois passée la sirène, décidant de jouer ce match à pile ou face, impatients et défaitistes devant le laxisme arbitral, résignés devant la supposée fatalité de son inaction, Serin éjecte à destination de Lopez qui rate son drop tel un Brock James en surpoids.

 

Les joueurs

 

La première ligne a carrément moulu sa contrepartie en mêlée fermée et a été à son avantage dans le jeu ouvert. Pour la deuxième ligne, je regarde jamais vraiment, mais ça devait être bien aussi. En tout cas, la troisième ligne a largement fait le job. Dans la grande tradition de l’équipe de France, Novès a aligné une charnière inédite, qui pour une fois aura rivalisé, sans être irréprochable. Les camarades de chambre venus du Michelin ont formé une paire très complémentaire, sachant alterner et faire jouer leurs ailiers. Ces derniers ont quant à eux montré des qualités redoutables, mais auront fort à faire lors du prochain match. A l’arrière, il faut reconnaitre à Scott Spedding une forte activité et espérer que la saison des vendanges tardives est terminée.

 

Conclusion

 

Gageons-le, ces 3 points auraient embelli cette morne ambiance de fin du monde que l’élection de Trump ou la domination de Fillon aux primaires font planer sur nos têtes. Ces 3 points auraient probablement valu à tous les joueurs d’être notés quelques points de plus au barème de l’Equipe, même Maxime Machenaud. Ces 3 points auraient consolé ce pauvre Scott de ces mauvais choix. Las, ce match nous laisse un goût amer, qui sans masquer celui plus agréable de banane, pourrait avoir laissé un léger mal de tête au XV de France.

 

La pilule de la défaite est difficile à avaler, certes, car rappelons-le, le dopage n’existe pas dans le rugby. Mais pour la première fois depuis longtemps on a l’impression qu’il peut se passer quelque chose d’exceptionnel à tout moment, ce qui en soi est une définition du French Flair. Même s’il y a des fautes et des imprécisions qui ne pardonneront pas, même si ce sera une autre paire de manche de les déborder, on se prend à envisager le match contre les Blacks avec autre chose que du dépit. Alors continuez comme ça et vous le remplirez peut-être, votre grand stade.

 

La Liberté Vendangeant un 3 contre 1
La Liberté Vendangeant un 3 contre 1 – Huile sur toile – Thierry Delacroix

 

Retour sur Clermont – Racing (33 – 34)

“Pays de Valéry Giscard-d’Estaing, je t’ai failli”

Par Marcel Caumixe

 

A 2h du matin dans la nuit de samedi à dimanche, je fus réveillé par la vibration de mon téléphone.

*De Ovale Masqué : “Rappelle-moi”*

Angoissé à l’idée du problème urgent qui pouvait pousser le chef à me contacter à une telle heure, je m’exécutai promptement.

 

– Chef ?
– Ah c’est toi. Dis-moi, on est tous à Los Angeles là…
– Hein ? Mais vous faites quoi ?
– On est en train de vendre les droits du livre à Hollywood. T’as pas eu le mémo ? De toute façon il disait qu’on avait pas le budget pour te prendre. Bref. On est arrivés lundi et…

(45 minutes hors forfait plus tard)

… Et là, Peter Jackson arrive et propose d’en faire trois trilogies. T’aurais vu la gueule de Woody Allen et de son pauvre film à sketches relocalisé à Manhattan. Il était bien deg’… Bref… T’es toujours là ?
– Oui. J’ai un peu perdu le fil pendant le quart d’heure entre “coke” et “putes” mais oui.
– Donc il faut faire le CR de la demi-finale. Ça fait des mois que t’as rien branlé et qu’on poste plus que dalle sur le site. Et nous on a autre chose à foutre.
– On a un site ?
– Ah très fin. Continue comme ça et tu gagnes un ban du forum dans la seconde..
– On a un forum ?
– T’as décidé de faire de l’humour aujourd’hui ? Tu veux pas écrire un truc, du coup ? J’aurais horreur de voir cette minute d’inspiration annuelle partir en fumée.
– On pourrait faire une compil des meilleurs tweets ?
– Non mais tu te crois au Rugbynistère ? Je te paie pas pour faire du réchauffé, bordel !
– Tu ne me paies pas, tout court.
– Et l’exposition putain ? La renommée ? Les followers ? Sérieux, ça me soûle les ingrats dans ton genre… Attends…
(discussions étouffées, puis rires en arrière plan)
– …Ouais, et tu pourras avoir ton nom aux remerciements du générique aussi. Allez bouge-toi le fion tu perds du temps. Ciao.

Et c’est ainsi qu’à presque 3h du matin, me voilà revisionnant ce qui fut il faut bien l’admettre un des plus beaux matchs de la saison.

Mais Euro 2016 obligeant, et dans l’éventualité où le lecteur aurait été dirigé par erreur sur cette page par un moteur de recherche trompé par la présence des termes “match”, “Euro 2016”, “Hooligan”, “Russie”, “ballon” et “analphabète” émaillant le présent texte, et dans la mesure où ce même lecteur ne serait pas analphabète au point d’avoir abandonné sa lecture avant la fin de ce second paragraphe, il est nécessaire de rappeler quelques éléments factuels sur le championnat de rugby.

Contrairement à son pendant footballistique dont la saison couronne un vainqueur à la seule, froide et insipide mesure des points accumulés sur la totalité de sa durée, le championnat de France de rugby a institué un système de phases finales que l’on doit sans doute à cette imagination perverse qui aura présidé à toute l’histoire de ce sport, du choix de la forme du ballon au principe de la passe en arrière. Ce système fait que le vainqueur théorique de la phase régulière du championnat est confronté à des adversaires plus mal classés, genre limite du ventre mou, et joue toute sa saison sur deux matchs de playoff au risque de tout perdre sur un coup de malchatte. C’est dur, illogique, mais c’est la vie, et on finit l’année sportive sur un enjeu autrement plus angoissant que de savoir quel club ira se faire latter en C1 l’an prochain.

C’est donc à Rennes, ville de foot étrangement épargnée par l’Euro, que les instances du ballon rond ont fait l’aumône d’un stade à la FFR. Les demi-finalistes se voient donc récompensés par le voyage dans une ville qui a fait de la Rue de la Soif son principal monument, et par la possibilité de remporter le droit d’aller couronner leur saison dans une cité ajoutant à la promesse de débauche d’alcool celle de sexe tarifé. S’affrontent donc dans un stade quasi-plein un Racing rescapé des barrages et un Clermont premier du championnat. 

La rencontre démarre sur des bases assez inouïes pour cette saison : de belles relances, des mouvements d’ampleur. Un Clermont solide en défense et âpre au grattage, qui franchit. A la faveur d’une belle séquence, Camille Lopez ouvre le score d’un drop. Dans ce match dans le match, ce duel à couteaux tiré pour la suprématie des ouvreurs CATALANS, on sent l’intention de prouver qu’il avait le niveau pour affronter Carter à la Coupe du monde, lui. Quelques coups de pied d’occupation plus tard, nous serons convaincus du contraire. Ceux-ci permettront en outre à Joe Rokocoko d’offrir à Abendanon son petit brexit personnel. Nakaitaci qui le remplace s’avèrera crucial sur à peu près rien.

Côté Racing, Dulin enfile les mètres gagnés au milieu d’une défense mystifiée. Une pénalité donne à Carter l’occasion d’égaliser, mais le tir heurte le poteau. “Quelle joie de heurter de si magnifiques poteaux. Je suis un homme chanceux” twittera-t-il à l’issue du match. Qu’à cela ne tienne, les Ciel et Blanc mettant la main sur le ballon et les Clermontois à la faute, occasion lui sera donnée d’ajuster sa mire et de revenir à 3 partout.





Parra, toujours vexé depuis huit ans et sa défaite en finale de Coupe du monde n’est pas en reste et montre à Carter qu’il peut la mettre sur le poteau lui aussi. Il réalise un peu tard que ce faisant il manque l’occasion de prendre l’avantage. Une minute plus tard, la domination est toujours clermontoise. Fofana franchit, met un cul à Dulin et file à l’essai. Hélas la vie est peu clémente avec les populations aborigènes du massif central, et la fameuse loi de la correction angulaire de l’en-avant par des critères esthétiques, en vigueur depuis jamais, ne s’applique toujours pas. Après vidéo, monsieur Ruiz refuse l’essai, au grand dam de toute une région qui a vu clairement sur son téléviseur Radiola à lampes et son décodeur pirate que cette passe décisive de Lapandry était 3 mètres en arrière.

Les Racigmen se montrent tranchants dans leurs offensives. Jouant dans le camp de leurs adversaires, ils mettent ceux-ci à la merci de leur propre indiscipline que Carter convertit en points. 6-3 à la 21ème, puis 9-3 à la 23ème. Pour Frank Azéma, il s’agit d’un complot arbitral fomenté par le lobby d’un fabricant de pneus chinois qui veut mettre fin au monopole du vin & charbon sur Paris et sa banlieue. Même si ça semble un peu élaboré et confus, le monsieur a l’air de s’y connaitre, et il faut avouer que monsieur Ruiz a une implantation capillaire qui n’inspire guère confiance.

La séquence suivante fera aussi polémique : le Racing est dans le camp clermontois, et un petit coup de pied rasant de Carter permet de franchir le rideau. S’ensuit une action un peu confuse : à la suite d’une prolongation de Dulin, Imhoff et Nakaitaci plongent dans l’en-but, Monsieur Ruiz siffle pour demander la vidéo et Goosen aplatit. La vidéo révèle que ni Imhoff ni son adversaire n’aplatissent, mais bien qu’il y ait probablement matière à discuter du déroulement de la séquence en fonction du sifflet de monsieur Ruiz, l’essai est validé et attribué à Goosen. A la 30ème, la mêlée clermontoise fait l’effort et obtient une pénalité face aux poteaux. L’Auvergne remonte petitement : 6 à 16.


“Is it because I is CATALAN ???”


Conscient de la longueur du présent texte, et en guise de petit interlude, je vous soumets ce sujet du bac, proposé par Eric Bayle : “Dites-moi Thomas, est-ce que ce n’est pas la meilleure configuration pour le Racing que de mener au score et de laisser Clermont faire le jeu ?” Je vous laisse développer un plan thèse/antithèse/synthèse.

Clermont court après le score et fait feu de tout bois, à l’image de cette pénalité tentée de 60m par Scott Spedding. Et alors que la fin de la mi-temps approche, une pénaltouche savamment négociée envoie un maul pénétrant derrière la ligne sur la sirène et ramène les Jaunards à 11-16. Ô cruel destin qui ainsi redonne espoir aux Clermontois, vieux salopard !

Au retour des vestiaires on retrouve les arrières très en verve, mais les fautes tournent en faveur de Clermont qui poursuit sa remontée : 14-16 puis 17-16. Mais peu après la remise en jeu, et ayant récupéré la possession, les Colombiens envoient à l’essai un Rokocoko lancé comme une locomotive au ras d’un ruck devant des Clermontois éberlués. La soudaineté de cet essai assassin et ses conséquences au score ont causé à l’Auvergne la perte de l’équivalent d’une maison de retraite. 17-21.

Les attaques se succèdent et on ne s’ennuie pas une seconde. Mais un manque de discipline de part et d’autre laisse le dernier mot aux buteurs : 20-21, 20-24, 20-27. Mais ce sont les Clermontois qui finissent fort. Profitant d’une pénaltouche pour tenter de refaire le coup du groupé pénétrant sans succès, Parra ouvre. Rougerie passe la ligne, et passe après contact à Fofana qui défonce la défense, met son deuxième cul à Dulin et aplatit. 27-27, Goosen et James, qui a remplacé Lopez, n’y pourront rien : on va aux prolongations. On ne va pas se plaindre, on s’était pas autant régalés depuis 1973.

La prolongation sera l’occasion de rêver de voir Brock James en sauveur de la nation auvergnate, notamment grâce à un magnifique drop de 50 mètres. Mais ce sera surtout l’occasion de voir une équipe de Clermont incapable de gérer une avance de 6 points à la sirène. Jouant le tout pour le tout et à la toute fin du temps, Imhoff joue une touche rapide qui aurait pu s’avérer suicidaire : Clermont intercepte. Mais rebondissement ultime, au lieu de temporiser, Radoslavlevic décide de jouer rapidement, et sans doute galvanisé par l’enjeu, fait peut-être la sortie de balle la plus rapide de sa carrière. Pas suffisamment rapide en tout cas pour échapper à l’interception assassine de Juandré Kruger qui file, transmet à Imhoff, bloque un peu le défenseur, et regarde son coéquipier filer à l’essai et finir de décimer les clubs de troisième âge du massif central. Le Racing l’emporte dans une stupeur palpable 34 à 33. Sirène, joie, désespoir.


“Les mecs. J’ai un pressentiment. Cette année, on perdra pas en finale.”

On peut se réjouir que l’Auvergne ne soit pas la Russie, sans quoi les chars seraient déjà à Lannion et les sous-marins au large du Finistère. En guise de Hooligans sanguinaires, nous n’auront que des Bougnats aigris qui déverseront leur vindicte sur les réseaux sociaux, insulteront des joueurs, vomiront sur le corps arbitral pour finalement conspuer François Hollande et voter FN. Que retenir du match au-delà de ça ? Les cannes de Dulin, l’embellie du Racing qui nous aura surpris en montrant un visage plus plaisant qu’à l’accoutumée. On retiendra surtout ce scénario improbable. Quand on regarde du sport, la plus belle récompense est d’avoir la chance d’assister à un spectacle où les lignes du hasard convergent vers un point sublime, tellement sublime qu’il donne l’impression fugace que tout est écrit et que la vie est une tragédie grecque. Manque de bol, c’est souvent sur la gueule des Auvergnats que ça tombe.


Quand le retour des Jedi ressemble à un match du Vendredi

La critique de Star Wars

Par Marcel Caumixe, avec des illustrations de Greub, qui n’ont pas grand chose à voir avec le texte, mais qui sont très classe et de toutes façons vous lisez jamais.

 

C’est très facile de critiquer quand on a jamais joué, et pour ce qui est du rugby on nous le reproche assez souvent. Par contre pour le ciné, c’est socialement mieux admis de critiquer sans avoir jamais joué. Certes pas autant que pour la SNCF, la poste ou la politique, contre lesquels on sait que les torrents de merde sont rarement déversés par la bouche de quiconque ayant jamais délivré une lettre, conduit un train ou exercé un mandat, mais quand même. Toujours à la recherche d’un truc facile à faire derrière un écran, la Boucherie critique donc Star Wars.

 

-Fond galactique, gros logo en jaune, la section cuivre fait péter un gros si bémol majeur-

 

Voici le grand retour, aussi attendu que celui de l’USAP en Top14 ou d’un brennus à Clermont : Star Wars revient pour tenter non pas le doublé mais le triplé. Une trilogie de plus à ajouter à la saga originale. Après les trois premiers épisodes qui en fait sont ceux du milieux, les trois du milieu, qui en fait sont les premiers, et accessoirement de belles merdes, voici le premier des trois derniers épisodes qui sont effectivement chronologiquement les derniers, une fois n’est pas coutume. Mais toi qui lis, tu sais déjà cela sauf si tu es Catalan à la Boucherie.

 

“Falut ! F’est FN deux mille fent quatre vingt fept !”

 

Aux commandes, JJ Abrams, tâcheron intergalactique à qui on doit des séries TV aussi oubliables que Alias et frustrantes que Lost, ou encore les reboots “tellement respectueux” de Star Trek. L’attente est grande. Le geek est émoustillé dans son conformisme infantile et réprime la névrose mortifère qui sans ça le pousserait à posséder la collection complète du merchandizing qui inonde nos magasins à l’approche de Noël. On ne m’enlèvera pas de l’esprit que de voir des foules adultes se bousculant pour posséder des jouets est un signe de l’apocalypse, alors que des foules adultes se bousculant pour voir des gens jouer au ballon est un comportement tout à fait sain.

Mais revenons au film, et tentons de ne pas le spoiler. Comme nous verrons plus tard, il y a “Spoiler” et “Spoiler”. Il y a des spoilers du genre “Le CO va gagner le titre en 2013” qui vous scient, et par là même, vous gâchent un peu le suspense de la saison, et il y a des spoilers du genre “Clermont n’aura aucun titre cette année”. Ces derniers sont au mieux largement éventés avant le premier match de l’année, au pire se heurtent à l’indifférence polie de ceux qui n’en ont cure.

Vous l’aurez compris il n’y a de spoilers que ce qu’on ne voit pas venir, ou ceux qui divulguent un point du scénario dont on n’a pas rien à foutre. Mais bon, essayons malgré tout d’épargner le lectorat (oui, vous trois) et tentons de procéder par métaphore.

Alors voilà. Ce film c’est un peu comme le Stade Toulousain. Tu vas aux match dans l’espoir de voir quelque chose du niveau du Grand Stade Toulousain. Mais Guy Novès a filé la Franchise à un petit jeune. Baigné dans la mythologie du club, il mitonne un style de jeu très respectueux de la tradition toulousaine. Il fait même revenir des vieux, genre Vincent Clerc, quitte à lui donner un rôle majeur pour exciter les fans et tenter de prolonger la magie. Mais même si on voit de l’action plaisamment orchestrée, c’est stérile. On ne s’attache à rien, et malgré d’impressionnants efforts dans l’art de la copie, celle-ci ne remplace pas la folie de l’original.

 

“Thierry Dusautoir est Obi-Wan Kenobi LOL PTDR © Rugbynistère

 

Dans l’histoire de ce film, l’Empire, c’est un peu comme l’équipe de France. On te met un gros truc destructeur au centre. Liebenberg par exemple. On a jamais vu ça, c’est énorme, redoutable. Tout le monde en a peur, et il a un gros laser qui détruit des planètes. Mais a la fin l’équipe en face trouve la faille, passe à travers, et il se fait bousiller. Ensuite pour une raison qui échappe un peu à tout le monde, l’Empire se dit que le gros truc au centre du film, ça n’a pas si mal marché quand même. “Tiens, dit l’ingénieur en chef, et si on refaisait tout pareil, mais en plus gros? Clairement la fois précédente on s’est fait détruire par un trou de souris, donc le problème doit être le suivant: on n’a pas fait assez gros”. Alors l’Empire met encore plus costaud : Fritz. Et à la fin, devinez quoi, il se fait bousiller tout pareil que le précédent. Ensuite, dans une persévérance qui marque le respect autant qu’elle confine à la connerie, l’Empire appelle Bastareaud. ENCORE plus gros. Mais toi qui as vu les épisodes précédents, et à moins que tu ne sois amnésique, tu sais qu’il va se faire bousiller, et tu sais comment.

Ce film c’est un peu comme le rugby français. Quand il y a un premier rôle qui monte, tu as une chance sur deux que ce soit le gosse d’un des héros précédents. “Je suis ton père, Alexandre”. Les Jedi issus de la formation française (les Jiff), eux, sont sacrifiés sauvagement et remplacés par une armée de clones de Jango Lomu ou d’enfants enlevés à leur fédé, tous issus de l’hémisphère sud. Alors du coup, ceux qui restent, c’est les vieilles lignées historiques. Parce que forcément ils ont des contacts haut placés chez les sénateurs.

 

Est-il réellement nécessaire de légender une telle image ?

 

JJ Abrams c’est un peu Jacques Verdier. Son style pompier convient bien aux périodiques, mais sur une œuvre de plus grande échelle, ça manque de souffle et on voit vite les fils blancs dont c’est cousu (les fameux sept fils du père Abrams). Et puis on sent qu’il a tellement passé de temps à mater des vieilles VHS de matchs des années 80 que tout ce dont il est capable c’est de regarder le rétroviseur, faire des hommages appuyés voire lourdingues à Codorniou, au détriment de toute envie de raconter quelque chose d’un tant soit peu original ou surprenant.

Moi devant Star Wars, c’est un peu moi devant le Top14. On me ressasse que c’est le meilleur championnat du monde, mais je vois du jeu sans originalité ni tension scenaristique, des matchs où l’argent et les moyens investis te crèvent les yeux, où l’on rend hommage aux valeurs ancestrales, mais je ne peux m’empêcher de me dire quand le coup de sifflet final résonne “ils se seraient pas un peu foutus de ma gueule ?”.

 

“On m’appelle l’Empireur Psalpsatine”

 

Retour sur France – Roumanie (38 – 11)

Bouffe-ail contre les vampires

Par Marcel Caumixe avec la complicité du Capitaine

Mardi, 15h30, j’entre dans le bureau d’Ovale Masqué

  • Jolie moquette, patron. Et ça c’est de l’acajou ? C’est pas mal !
  • Si j’avais besoin d’un avis en déco, c’est pas toi que j’aurais fait venir. Mais ouais, c’est bien. C’est français. Le #MeilleurLivreDuMonde fonctionne bien, alors j’investis. D’ailleurs, je voulais te dire : on va en Angleterre voir le match, et j’ai utilisé tes droits d’auteur pour nous surclasser en Business.
  • Super ! J’avais vraiment envie de voir la Coupe du monde !
  • Je crois que t’as mal compris. Toi tu restes là. Et tiens, tu vas te rendre utile. Tu vas faire le compte-rendu de France-Roumanie. Par contre, je te préviens. Je vois un calembour et tu pourras aller agrémenter ta retraite ailleurs.
  • Mais chef, vous ne me payez même p-
  • Ouais allez dégage. J’ai Hollywood qui doit m’appeler pour les droits d’adaptation en film.

Que voulez-vous : il y a des choses qu’on fait avec plaisir, il y en a qu’on fait par devoir et il y en a d’autres qu’on fait sous la contrainte. Comme regarder France-Roumanie. Puis le regarder une deuxième fois pour prendre des notes et pondre un compte-rendu.

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Moi devant l’hymne roumain

 

Quatre jours après la victoire large, mais bon, pas plus convaincante que ce dont on a l’habitude depuis quatre ans contre l’Italie, la France affronte la Roumanie. Dans le but bien compréhensible de ménager ses joueurs, Philippe Saint-André a fait tourner son effectif. C’est donc une équipe roumaniée qui entre sur le terrain pour jouer un match qui s’annonce facile.

 La compo

 

 Le film du match

0ème minute : le match commence

1ère minute : vivement que le match finisse. Touche avec lancer français, mise en place de la tactique 1a du livre de jeu : “je passe au premier venu qui pète”. Après deux itérations, un Roumain gratte le ballon comme un galeux ses croûtes. Coup de pied de dégagement roumain. Présent à la réception, Nakaitaci relance mollement d’un petit par-dessus avant que le ballon ne disparaisse dans les abîmes sans fonds de l’indigence technique qui sera le fil rouge de ce match. Mêlée à suivre pour les Bleus conclue par une pénalité pour les Roumains qui viennent de lazarder l’édifice de la mêlée française. Le lanceur roumain lobera son alignement sur la pénaltouche qui suivra. 

4ème minute : nouvelle mêlée. PICA FAI UNE 80 (c’est comme une 89 mais sans la passe au 9). Parra extirpe et passe à Talès qui ouvre sur Fofana. Ignorant superbement le surnombre, Wesley fait un tout droit dont il a le secret : ça prend 20 mètres et ça finit par terre. Dommage, il restait encore 50 mètres à faire pour que ça rapporte des points. S’ensuivent de beaux exemples de la tactique 1a. On note que celle-ci fonctionne assez bien quand Le Roux pète. C’est drôle parce que ça fait “roupette”.

6ème minute : pénaltouche, 1a Nakaitaci, 1a Debaty, 1a Nyanga. Ça avance un peu, c’est ennuyeux beaucoup, mais ça fait faire des fautes aux autres. Profitant de l’avantage en cours, Parra tente la tactique qui est écrite de l’autre côté du timbre poste, la 1b : le coup de pied derrière la défense. L’échec est total. Retour sur la pénalité et 3 points pour la France.

9ème : PICA tente un geste assez hardi : une passe à hauteur. Mêlée pour la Roumanie.

Pendant la minute que prend la mêlée à se mettre en place, Fabien Pelous parle d’un match tactique. Prenant alors la pleine mesure de la perception du mot “tactique” de la part d’un ancien deuxième ligne, on frémit à l’idée de l’impact que Pelous pourrait avoir sur le Stade Toulousain.

En-avant roumain à la sortie de la mêlée. Re-mêlée. PICARPE lance “prends-pète”. Rien ne se passe. Jeu d’occupation de Parra, et ce diable de bouton avance rapide qui ne fonctionne pas.

13ème : Tiens ! J’avais pas remarqué, il y a comme une trace de pneu marron au bas du dos du maillot de la Roumanie.

Otar+Turashvili+France+v+Romania+Group+Rugby+HUo9q9FaAmkl
Oh la belle trace de PEUNEU

 

15ème : Lancement 1a sur Nyanga qui se fait prendre à un peu trop chérir le ballon au sol. Ce genre d’effusion sentimentale arrive quand on passe sa carrière à sortir du groupe France. Une pénaltouche donne l’occasion aux Roumains de lancer une attaque d’honnête facture eu égard à tout ce qu’on a pu voir pour le moment. Les Jaunes se retrouvent assez vite dans les 22 français après un coup de pied à suivre de Vlaicu. Dulin sauve la patrie mais de la maladresse et un bête talonnage à la main offrent une nouvelle pénaltouche aux Roumains dans les 5 mètres. Les Jaunes voient là une parfaite occasion d’enchaîner des pick-and-go à une distance inquiétante de l’en-but. Le 13 roumain, Vlaicu, franchit la ligne d’essai mais Le Roux le retourne in extrémis et sauve la France, son pays de toujours. Retour à l’avantage : pénalité sous les poteaux et les Roumains reviennent à 3-3. A ce point du match, on est vraiment nuls. Ils sont pas terribles, mais ils jouent plus juste. Oh c’est pas bien formidable, hein : 2 ou 3 passes avec du combat et des grattages, mais rien de très propre. Rien de nouveau pour quiconque fréquente les établissements insalubres de la Jonquera.

 

20ème : Pizzarzewski royale, et relance des Roumains. En moins de temps qu’il n’en faut à Parra pour sortir une balle et plus de passes qu’en a enchaîné le XV de France jusqu’ici, le 15 intercalé décale son ailier qui tape un bon vieux coup de pied de recentrage bien old school. Belle couverture de Dulin, et les Français se dégagent de nouveau.

22ème : un maul francais qui se disloque. Szarzewski part, garde son ballon au sol et se fait pénaliser. Comme tout bon Slave quand il est déshonoré, Dimitri pleure du sang et doit sortir. En fait c’était un crampon dans la gueule.

23ème : une mauvaise relance de Nakaitaci se finit dans des mains roumaines, tel un client de salons de massages interlopes. Après quelques temps de jeu, les Jaunes récupèrent une pénalité. Ratée. Bien fait pour vous.

28ème : pénalité pour la France sur mêlée écroulée. Je vous épargne les attaques stériles et les maladresses qui précèdent. Pénaltouche aux 5 mètres, maul, 1b dans le dos de la défense par Talès, qui se solde par un gros échec. On revient à l’avantage, et Ion charge : carton jaune. LE CATALAN est prié de se séparer de ses collègues ce qui vient de donner des idées à quelques millions de ses compatriotes. A quoi ça tient la géopolitique… Re-pénaltouche aux 5 mètres, Parra part petit côté. Il fixe et ouvre pour Guitoune qui flirte avec la touche, comme s’il s’agissait d’une belle Andalouse aussi belle que jalouse, pour se jeter dans l’en-but. 8-3 puis 10-3.

33ème : Remise en jeu récupérée par les Roumains. Malgré quelques temps de jeu, les Roumains restent sur le reculoir et s’en remettent au pied de leur neuf. Mal leur en prend : Dulin relance sur 50 mètres. Après une paire de rucks, Parra ouvre sur Flanquart qui redresse sa course, fixe, et envoie à l’essai un Yannick Nyanga opportunément placé sur l’aile, ce gros planqué. 15 à 3 puis 17 à 3. J’ai du mal réaliser c’est trop d’événements en seulement 5 minutes. Est-ce que le match s’emballe pour de bon ? Non.

Non, parce que les mésententes, les mauvais choix et les maladresses sont toujours là. Le manque de construction aussi. Et les Roumains qui ne lâchent pas l’affaire se montrent toujours dangereux. Heureusement la défense tient le coup. La mi-temps arrive après une pénalité ramenant le score à 17 à 6.

Dans les vestiaires, Saint-André fulmine, mouline et ouin-ouine à tour de bras sur ses joueurs. Tous ont hâte que la rencontre reprenne pour mettre fin à la torture auditive.

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En guise d’intermède ludique, un petit rébus en hommage à l’amitié franco-roumaine.

45ème : la possession est roumaine, mais la défense française tient bon, et les Roumains perdent trop de ballons. Une touche victorieuse, quelques petits tas, élonouvre. La balle file à l’aile mais Fickou manque l’immanquable dernière passe à hauteur. Dans les vestiaires, une paire de mains se languit de son propriétaire.

49ème : les Roumains ont toujours les mains sur la balle, mais leur attaque est stérile. Kayser, Mas et Chouly entrent en jeu. Les Français obtiennent une touche dans les 22 roumains, et suite à un maul joliment contesté par les avants jaunes, Parra tente la 1b. L’échec est total.

50ème : beau mouvement français à nouveau, mais avorté par une faute de main de Fickou. Pour résumer le quart d’heure suivant, malgré les longues périodes de possessions roumaines, la France porte le danger dans le camp adverse à la moindre récupération. Il s’en faut de peu pour que ça passe.

65ème : les statistiques de possession redeviennent à l’avantage de la France. Et à l’impact, ça avance. Après une séquence un peu brouillonne la balle arrive à Guitoune qui s’allume la mèche, s’arrache à trois défenseurs, en raffute un autre dans la gueule et marque. 24 à 6.

68ème : l’ascendant que prennent les Français est indéniable. Kockott et rentré, et le jeu se fait plus dynamique. A la suite d’une percée de Talès, qui témoigne d’une certaine fatigue défensive en face, la balle file vers l’aile et un petit retour intérieur de Dulin envoie Fofana à l’essai grâce à son fameux “tout droit”, productif cette fois.

72ème : Penaltouche roumaine. En un éclair, un maul se forme et file à l’essai. Le pays des vampires lève les mains au fond de ses vallées montagnardes. 24 à 11. Sur la remise en jeu, Guitoune tape à suivre pour lui même et manque d’aggraver la marque.

78ème : combinaison nette et sans bavure en touche, relais sur Kockott qui trouve la course rentrante de Fickou et l’envoie à l’essai. Scandale si on en croit les analystes : Fickou ne célèbre pas son essai et a l’air tout triste. Beaucoup s’étranglent et s’offusquent de ce que ce manque d’implication et de joie signifie pour le rugby français. En même temps, le bonus était acquis, il n’a pas vraiment saisi l’occasion que lui donnait ce match de briller, pourquoi célèbrerait-il, si ce n’est faire le malin devant la caméra ?

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“VITE METS-LUI UN PIEU DANS LE COEUR, RÉMI !”

 

Les Bleus

Dulin s’est beaucoup illustré. Véloce dans ses relances, juste dans ses choix, et toujours présent à la réception ce que savent apprécier les pontes de la fédé. Guitoune a montré de vraies qualités de finisseur sur ce match. Il y a les ailiers qui portent le danger et ceux qui mettent des doublés et ont des stats prometteuses. Fofana effectue un bon retour. Bernard Le Roux a abattu un gros travail avec ses 11 plaquages et a été très en vue.

Parra n’a pas été très efficace dans le jeu courant, et Kockott a semblé mieux s’en sortir. Quand à Talès, eh bien à la vérité il fait un plutôt bon match. Malheureusement, c’est un trentenaire qui jouait à Castres et ne fera jamais la une d’aucun magazine sur le rugby. Il ne rentre pas dans le storytelling du petit prodige qui a été international à 17 ans non plus. Tiens, si on disait qu’il a été nul pendant tout le match du coup ?

On regrettera la prestation terne de Picamoles, qui se les sort dans les grands matchs mais s’en fout un peu dans les matchs moins importants. Szarzewski semble avoir trouvé le moyen de ne plus être l’éternel remplaçant en jouant de manière à ne plus figurer sur la feuille de match. Fickou a été très déçu et décevant, et Huget inexistant. Il passe carrément à côté de sa Coupe du monde celui là.

Les Jaunes

J’ai pas vraiment regardé, et j’arrive pas à me rappeler des noms. Après tout, je ne suis pas recruteur de fédérale. Mais il me semble que c’était du solide devant. Derrière, Vlaicu a essayé d’emballer le jeu. D’où son surnom de “Vlai l’emballeur”.

Pour conclure

Le Wattbike ça marche : la France semble avoir pris le dessus sur ses adversaires à la faveur de leur condition physique supérieure. Mais de jolis coups d’éclat individuels, et les quelques emballements qu’on a pu voir ne doivent pas nous cacher la réalité : une équipe des années 80 a rivalisé avec nous pendant 50 minutes. La France sortait son équipe B, certes, et est entrée sur le terrain la clope au bec tant le match leur était acquis. Du coup, on aborde la fin des matchs de poule en flippant un peu de rencontrer l’ogre irlandais qui semble tellement mieux maîtriser son rugby, même si ce dernier n’a guère fait mieux face à la Roumanie sur le plan comptable (44 à 10). Mais comme on est la nation qui consomme le plus d’antidépresseurs au monde, bornons-nous à tout voir en noir et à prédire la catastrophe. Au pire, on ne sera pas déçus, au mieux on sera agréablement surpris. Rhalala ma pauv’ dame, ce qu’il faut pas faire pour conforter notre statut d’outsider…


God Saves the Ouin

The Boosherie Speaks Rosbif

by Mark L. Caumixe, with the help of @McMademoiselle

 

Hello England!

Boucherie Ovalie speaking. We run a website about rugby, and we recently wrote the best book in the world.

As you may know, the Rugby World Cup has just started in your country, my English friends. Our country will take part in it, and we would like to share some information with you so that you can brag about knowing a thing or two while you sip on your ale and the French game is shown on the pub’s telly, much to everyone’s indifference.

Armed with a level of English that would make a sixth grader proud, let’s start with some general facts.

France

(or as we call it “La France”)

France is the country at the other side of that big hole in Folkestone. It is mainly inhabited by migrants whose sole ambition is to steal jobs from british people, abuse the welfare system, take over London, speak ill of the Britons, and conspire against the British way of life, united in their hatred for gammon steaks and pork pies. These people, the French stock exchange traders, already made London the sixth largest French city.

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France has gorgeous landscapes, excellent food, fabulous public service. Yet the French are the world champions of being miserable and complaining. We’re sadder than Afghans and Palestinians. I shit you not. To sum it up: it is a fantastic country full of depressed people. In that respect, it is the exact opposite of England. Over the past 20 years, France had a string of shaky presidents. From Alzheimer-shaky to Coke-addict shaky to jelly-shaky.

Something oddly similar happened to its rugby team and their current coach, Philippe Saint-André (French for Philip Saint-Andrew), has the rather irritating habit of sounding as if he was sobbing when he speaks. Hence the nickname “Ouin-ouin” (which could be translated into “Whine-whine”)

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Remember, this guy won a couple of things with the Sale rugby team.

The Rugby

In 2011, in spite of underwhelming performances in the competition and a clear underdog status, France was an inch close to win the World Cup if it was not for the usual crooked refereeing that us frogs always have to cope with. Philippe Saint-André came in and cunningly established a new strategy that had to be kept secret for four years. We can now reveal this machavelic plan. It relies on the following four axioms:

  • Underdogs: France is only good when they take the role of the underdogs. 2007? We were favorites, we lost. 2003? Best team ever, we lost. 1999 and 2011? Total underdogs, we have never done better.
  • Drama: we are a romantic nation. There needs to be a lot of drama, of chaos, of people arguing loudly about everything. So at some point no one listens and nothing really makes sense, but all of a sudden, for a very brief moment – a gameor two – everything falls nicely and surprisingly into place. This very chic moment, these few seconds of pure genius that turns the ugliest game into the greatest match, that make you, the Bleus, and the guys on the other side say “what the fuck did just happen?” is what you guys call “The French Flair”
  • Bloody disgusting strokes of luck: yes, we French are very aware that luck is a part of our game. We call it “French Chatte”. And we count on it. More than ever actually.

Yoann

So Coach Philip methodically took out any sign of creativity and skills from our game, maximizing the chances of making use of the above points, to an extent never seen before, hoping it would counteract that terrible curse of being faced with biased if not corrupt referees. That, fitness training and a strong defense.

As a consequence, they’re boring to watch, weak, irregular, less and less people go to see the games. But no one will see Les Bleus coming.

The Players

Like England, France has a policy against recruiting players that play outside the country. Well, to be honest, it may have more to do with the fact that that there is no proper player outside the country. There are not many inside the country either, but at least, much like England, France can count on its former empire. As a consequence, the French squad counts 3 South-Africans, 1 Fijian, 1 New-Zealander, 1 Belgian, a handful of catalans and a bloke from Castres.

Here is a subjective selection of famous and less famous players you should know about:

Scott Spedding

Scott is South-African born, and came to France to play the U21 World Cup. For some reason, he never left. There are rumors about a well orchestrated kidnapping involving bootleg alcohol from Brive and a severe “where the fuck am I?”-style hangover. Scott is a powerful fullback, with a long kick and some pace. When announced his selection he wept, winning the heart of the fiercest opponents to foreigners in the French team. For Philippe Saint-André, “We have no player with his profile. He is the archetypal professional athlete”. Says a lot. About the others.

Frédéric Michalak

Frédéric Michalak is a prodigy. Frédéric Michalak is a genius. Frederic Michalak is a guy with good days and bad days that plays fly half, so nobody likes him.

Fred showing the infamous Michalak Burger, based on the shape of his head.

Sébastien Tillous-Bordes

That name sounds very French, doesn’t it? Sébastien is like a regular scrum half who would have trained with balls made of lead: he is a hefty bloke with a bit of a sluggish pass. He’s been very instrumental in Toulon’s victories in the past years, and allegedly knows a very good pharmacist.

Jean-Robert Cocotte

Jean-Robert is a talented scrum-half that played for very long in a 3rd division club near the Millau Bridge. But then one day he had a brilliant idea: he went to forge a south-African passport, and approached the Top14 clubs with his new identity, faking a german-like accent under the pseudonym of Rory Kockott. The Castres Olympique team signed him right away, for a very juicy salary, and after three years he won his first cap for France. It is absolutely true. I am not making that up.

Rémi Talès

Remi Talès is a good tackler. Rémi Talès has a good kicking game. Rémi Talès is a rather unknown, serious guy that plays fly-half, so nobody likes him here.

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Google image search of Rémi Talès

PICA

PICA BIG EIGHT. PICA RUN STRAIGHT. NOBODY STOP PICA. PICA CRUSH OPPONENT LIKE TRACTOR. PICA SLAMS TYRES. WHY YOU CONTINU ?

Thierry Dusautoir

Thierry is our most respected player. Nicknamed “The Dark Destroyer” (which is a bit racist in my opinion) for his shattering tackles, he’s been a bit on the decline lately. Still he remains the undisputed captain, despite not being the most charismatic guy on earth. His motto is “You shall not pass!”, which is a warning to the opponent as well as a reminder for himself.

Yannick Nyanga

He is a fast, physical flanker, with excellent abilities to carry the ball. He is excellent at tackling and turnovers, and he is tireless. He’s consistently been good on the pitch everytime he played. But in France, we don’t like smartasses, so he’s been mostly shining the bench with that smartass of his. He has a tendency to cry during the Marseillaise, as if it would make us forget he is a smartass.

Smartass…

Pascal Papé

The veteran Frenchman is the archetypal old-school, mean, violent lock. He is vicious. This is why he is our vice-captain.

The Fiji team

“What the hell is he talking about?” you will say. Well, the Fiji team is mostly made of players that play in France, and not necessarily at the top level. I don’t mean to alarm you, but some of the fellers that you had such a hard time shaking off, or that buried the English scrum in the first half play in third division. That was a bit embarrassing. Unfortunately we could not get all these guys to play for Les Bleus, so we picked Noa Nakaitaci hoping he would inject some fijian magic to our attack.

Right, that is all for now. We will post some more during the world cup if we’re not too busy drawing on our garlic-flavoured gauloises.

10 raisons de souhaiter que Guy Novès prenne les rênes du XV de France

La 6ème va vous surprendre !

Par Marcel Caumixe,

Ca buzze à chaque renouvellement de staff ou à chaque série de défaites des Bleus mais cette année, tout le monde a l’air d’y croire vraiment : Guy Novès pourrait être le prochain sélectionneur du XV de France. Fantasme de journaliste qui a enflé au-delà de tout contrôle, manipulation rigolarde de quelques cadres de la FFR ou possibilité réelle, voici 10 raisons de souhaiter que Guytou s’y mette vraiment ce coup-ci.

1 – Au secours de Guy

C’est évident, Guy se fait chier à Toulouse depuis quelques saisons. Le niveau de jeu reflète l’état d’esprit du bonhomme : dépressif, sans envie, sans créativité. Guytou tourne en rond dans ce club où il n’a plus rien à prouver et où tout lui est acquis. Par ailleurs, on se doute que toutes les intrigues politicardes en cours au Stade lui cassent les ovales. Sortons Guy de sa routine, de ce job à vie dans lequel il se morfond et s’aigrit à vue d’oeil ! Retrouvons le Guy du beau jeu, du French Flair, du Grand Toulouse ! Redonnons vie au Guy rigolard, guilleret et souriant qui… Oui n’en faisons pas trop non plus.

2 – La reine du bal

Comme d’habitude Guy nous fait sa reine du bal, qui fait mine de ne donner ses faveurs qu’à ceux qui la courtiseraient patiemment, pour les éconduire comme des malpropres, un rictus pervers au coin des lèvres. Au final c’est surtout un moyen parfait de ne s’engager sur rien. Si d’une manière où d’une autre Guy se trouvait face à une offre qu’il ne pourrait pas refuser, ça nous permettrait au pire d’avoir un peu des vacances sur le registre du vieux-qui-critique-tout-le-temps-mais-qui-reste-au-dessus-de-tout-ça. Par ailleurs, rappelons-nous que monsieur semble n’avoir même pas fait sa lettre à la FFR, et pourrait se retrouver à passer devant les non moins talentueux qui ont fait l’effort, comme Vincent Moscato. Une telle rigueur dans le traîtement des candidatures et le respect des règles énoncées devrait au passage faire frémir les candidats de l’appel d’offre sur le Grand Stade.

3 – La cohérence

Guy a passé sa vie à critiquer le staff du XV de France au gré des soucis du moment, jouant tantôt le vieux sage qui se veut apaisant, tantôt la pleureuse qui chouine sur le pillage de son vivier. Pour une fois, il se retrouverait acculé dans la position de devoir être cohérent avec ses sorties passées. Ce qui promet d’être assez rigolo dans la mesure où ces dernières contenaient tout et son contraire.

4 – Guy takes crap from no one

Guy, c’est un briscard. Il est pas né de la dernière pluie, et j’aime mieux vous dire que celui qui va lui apprendre comment qu’il marche le bouzin, ben il est pas encore né. Et je donne pas cher des gonades de celui qui va essayer. Alors les petits vieux qui se goinfrent à la FFR et qui se permettront de l’ouvrir comme le premier poivrot de PMU sur la sélection ou le plan de jeu, ils vont avoir intérêt à baisser les yeux et à se concentrer sur les petits fours s’ils veulent pas se faire claquer la bouche comme des gamins mal élevés. Ca risque de leur faire bizarre, aux instances, de devoir se la fermer et la jouer humble. PARCE QUE C’EST GUY-FUCKING-NOVES QUI TIENT LA BARAQUE. 20 ANS DE BOITE DANS LE PLUS GRAND CLUB DU MONDE. ALORS PERSONNE NE PARLE A GUY COMME AU PREMIER TRANSFUGE DE PROD2 VENU, VU ?

5 – L’homme au plus beau palmarès de la terre.

C’est vrai, Guy Novès a plus de titres qu’il y a de casseroles au cul de Bernard Laporte. Voyez un peu:
-7 coupes d’Europe
-11 Brennus
-1 du Manoir
-1 trophée des champions
-1 trophée Pierre de Coubertin
-1 Natixis Cup
-1 finale du Super15
-1 Currie Cup
Oui, car Frédéric Michalak doit tout à Guy Novès. Donc ses titres lui reviennent.

Guy

 

 

6 – Vincent Clerc

Le rugby, c’est la famille. A l’instar de Lièvremont qui sélectionne son frère, on voit bien Guy organiser le retour de son gendre. Un ailier de 40 ans, inarrêtable sur les 2 premiers mètres, un potentiel French Chatte inégalé jusqu’à présent, un sens inné de la course en travers, des essais qui te font passer la main de Thierry Henry pour un coup de génie, voilà ce que le XV de France a cherché en vain depuis bien longtemps.

7 – L’anglais

Le dernier voyage dépaysant que Guy Novès a fait pour ses loisirs, c’est le jour où Christian Labit l’a invité à la palombière d’un de ses potes, à près de 10km de la sienne. Le pauvre était en sueur à l’idée de devoir parler en étranger à un habitant de l’Aude. Guy fait les déplacements de son équipe comme le condamné va à l’échafaud. La faute à un voyage compliqué en Ecosse, où le malheureux s’est retrouvé au poste pour un malentendu avec les forces de l’ordre. Gageons que les conférences de presse en anglais, et les matchs des VI Nations à l’extérieur seront savoureux et cocasses. Now repeat after me, Guy : “Constable, I am the coach. Could you let me in please?”

8 – Les conférences de presse

En parlant de conférence de presse, notre homme fait preuve d’une maestria inégalée. Pouvant dire tout et son contraire, alternant les coups d’intox les plus hardis et la plus désarmante des sincérités, passé maître dans les déclarations fracassantes et les contrepieds fameux, le tout dans une absence totale de dérision et d’humour, on peut s’attendre à ce que Guy devienne l’attraction des salles de presse, et que les rédactions embauchent des sémiologues et des analystes pour décortiquer la moindre de ses élucubrations impassibles et comprendre qu’est-ce qu’il a bien voulu dire, bordel.

9 – Au secours de Toulouse

Toulouse a frôlé la correctionnelle cette année, même si la fin de saison prend un tour aussi inattendu que spectaculaire. Il faut cependant se rendre à l’évidence, c’est de plus en plus difficile, année après année. Guy se comporte comme cette maman trop présente qui étouffe sa progéniture. Toulouse a besoin d’air, de renouveau, de quelques petites claques derrière la tête pour se remettre en route, et d’un peu moins de certitudes. Guy en équipe de France, c’est aussi un moyen de libérer Toulouse d’un poids certain, et de repartir sur des bases plus fraîches.

10- Gagner la coupe du monde

Ben oui, quoi. Qui de mieux que Guy Novès pour gagner la Coupe du monde ?