Lettre ouverte aux journalistes en All-Blackie

“Putain… si même les japonais s’y mettent…”

Salut les journaleux !

A la Boucherie, on a décidé de (re)faire un petit billet bien dans l’actualité, sous forme de lettre ouverte. Ca a bien marché la dernière fois après tout. Et puis en plus, on est un peu agacé et on a des choses à dire. Ben oué, ça nous arrive.

Voyez-vous, moi je suis à Paris. Il fait gris, froid, l’air est pollué, les rues sont sales et les stades de rugby les plus proches sont Charlety et le Stade de France. Dans le premier, on compte autant de spectateurs que de filles tout droit sorties du Moulin Rouge qui se trémoussent dans des costumes à paillettes et le deuxième a plus souvent vibré pendant des concerts de Johnny que lors de match de l’équipe de France.

Non, vous savez où j’aimerais être en ce moment ? A l’autre bout du monde. Là où se joue la plus grande et belle compétition de rugby du monde. Non, pas la Curry Cup… La coupe du monde bien sûr. J’aimerais me promener dans les étendues de collines entre deux matchs, voir les troupeaux de moutons qui s’y baladent et rencontrer des maoris, ce peuple qui m’intrigue autant qu’il me fascine. Après bien sûr, j’aimerais aussi aller faire la tournée des bars dans les rues de Wellington, y croiser Mike Tindall et ses copines, ou encore visiter le décor qui a servi pour faire le village de hobbits dans le Seigneur des anneaux. Mais bon, ça cassait un peu la poésie de mon début de paragraphe.

Vous vous rendez compte de la chance que vous avez ? Vivre au côté de l’équipe de France jour après jour ? Pensez-vous aux milliers de gosses qui rêveraient d’être à votre place ? Pensez –vous aux milliers de supporters qui se lèvent à cinq heures tous les matins pour voir les matchs et qui partent trois heures plus tard pointer à l’usine (ou à l’ANPE) ? Pensez-vous à vos collègues, reporters pour des quotidiens régionaux qui écrivent des papiers sur le dernier viol d’une brebis par un paysan aviné dans un village du Nord ? Pensez-vous ne serait-ce qu’à ceux de la même rédaction que vous, restés à quai en France et qui sont dépêchés depuis cinq semaines dans les stades du Top 14 ? Ces mêmes personnes qui doivent probablement planter chaque jour des aiguilles dans la poupée vaudou qu’ils ont façonnée à votre image pour vous maudire d’avoir été choisi à leur place pour couvrir l’évènement.

Alors s’il vous plait, essayez de faire votre taff correctement. Hélas pour vous, vous n’écrivez pas pour la Boucherie. Sinon, comme nous, vous auriez pu balancer des insanités sur les joueurs, des comptes-rendus aussi objectifs qu’un article de Marianne et des blagues lourdingues. Vous auriez même pu faire des fautes d’orthographe. Je ne tomberai pas dans le piège de dire que vous faites un boulot facile attention, mais merde, ces derniers jours on frise le ridicule. La croisade anti-Lièvremont entamée depuis plusieurs mois avait, vous pouvez l’admettre, des raisons de l’agacer. Les critiques et les conférences de presse « font partie de son métier » comme vous dites. Mais l’objectivité, le discernement et la réflexion font partie du vôtre non ?

Comme je le comprends moi, Lapinou quand il vous envoie chier, avec vos questions à la con. Sérieusement, prenons l’exemple qui a démarré la polémique. Comment peut-on, quand on est journaliste professionnel et que l’on sort d’un match où une équipe vient de se prendre 40 pions, demander à l’entraîneur : « Pensez-vous toujours que vous serez champions du monde ? ». Franchement, c’est de la pure provocation. Bête, méchante. Un mauvais geste dans un regroupement que l’on conclu d’un clin d’œil entendu à sa victime quand elle se rend compte que c’est quand même son équipe qui est pénalisée. Vous vous attendiez à ce qu’il réponde quoi ? Oui ? Non ? Merde ?

Il a choisit la troisième solution et je le comprends. Il n’y avait de toute manière pas de bonne réponse à vos yeux. Un « oui » prétentieux, un « non » défaitiste et un « merde » insolent. Alors, bravo Marco, quitte à répondre connement à une question con, autant le faire avec panache. Un peu comme Cédric Heymans qui, quand il se troue, à la mérite de le faire en tentant toujours des trucs que personne n’avait même osé imaginer. C’est sans doute ça, le french flair. En plus, entre nous, je doute qu’il ait un jour dit penser être champion du monde… Pensé qu’il pouvait l’être, sûrement, mais dire qu’on le sera…

Et ce deuxième épisode, tout aussi ridicule. La semaine d’avant, on lui reproche de commenter les performances individuelles de joueurs, qui osent également s’en plaindre dans la semaine. Il refuse donc de récidiver cette fois et explique calmement qu’il ne commentera pas le match joueur par joueur. Mais voilà, votre bêtise doublée de votre sadisme vous pousse à insister, comme un pack qui redemande la mêlée à cinq mètres de la ligne pour mieux humilier l’adversaire. A bout, il s’emporte et vous invite à aller voir ailleurs si ça ne vous convient pas. Comme un prof qui engueule un élève qui n’écoute pas et qui lui propose de sortir si ça ne l’intéresse pas. C’est irrespectueux et profondément agaçant pour la personne qui en est victime. Mais autant le collégien a l’excuse de l’âge, autant le responsable de la rubrique rugby de l’Equipe n’a pas d’autre circonstance atténuante à mes yeux que l’incompétence qu’il s’efforce de démontrer chronique après chronique.

Bref, vous vous indignez du traitement qu’il vous réserve, et vous vous dépêchez de tweeter vos états d’âmes. Mais avez-vous seulement le recul nécessaire pour vous rendre compte de ce que vous lui faites endurer, vous aussi à ce brave homme? Car oui, Lièvremont est un type bien, pas forcément génial tactiquement, pas un archi-pro de la com’ ou du management, mais un ancien très bon joueur, un homme intègre, sincère, honnête et proche des valeurs du rugby. Qui mérite d’être respecté ne serait-ce que pour tout ça. Il est controversé, c’est sûr, mais quel entraineur ne l’est pas ? Je ne pense pas qu’il mérite un tel acharnement médiatique.

Chacun de ses choix est prétexte à discussion, à polémique, à critique et édito incendiaire. Vous cherchez des problèmes là où il n’y en a pas. Je ne conteste pas le débat (surtout s’il concerne Damien Traille), n’appelle pas à l’union sacrée mais personne n’a rien à gagner sportivement dans cette histoire. Ni les joueurs, ni le staff, ni l’ensemble du rugby français. Les commerciaux de votre boite rêvent sans doute d’un nouveau Knysna, d’un nouvel échec sportif Domenechial mais il n’en sera rien. Vous êtes des passionnés non ? Vous savez tous de quoi vous parlez, un minimum… Eux avaient Ribéry, le mec qui, à première vue, a l’air stupide et à qui il faut deux mots pour prouver qu’il l’est vraiment. Nous on a Julien Bonnaire, qui a une tête de premier de la classe et à qui il faut un match pour prouver que oui, il l’a vraiment, la classe.

Lièvremont est là encore quelques semaines, les trente joueurs aussi, que vous le vouliez ou non. Alors plutôt que de continuer à débattre sur les qualités et défauts de chacun, les raisons de leur sélection, pourquoi on ne se concentre pas plutôt sur le meilleur qu’on pourrait en tirer pour continuer cette belle aventure ? Pour que dans trois semaines, vous ayez encore des conférences de presse française à raconter aux supporters coincés dans le triste automne de l’hémisphère nord.

Allez les gars, arrêtez de pleurnicher, savourez un peu et laissez le faire son boulot. Comme ça, peut être qu’il vous laissera faire le vôtre… Et attendons la fin du repas pour savoir qui paiera la note. Souhaitons juste qu’on ait les moyens de prendre un bon gros dessert.

Bon appétit.

Le Stagiaire

Et pendant ce temps là, dans le Top 14…

“Le Top 14 ? C’est trop coooooool…”

“Le Top 14 ? C’est trop coooooool…”

 

« Il est de ces évènements qui sortent tout le reste de nos pensées » disait un grand philosophe français. (Cherchez sur Google si vous voulez savoir qui c’est…). C’est le cas lors d’une grande catastrophe naturelle, d’attentats terroristes ou de tragédies personnelles : rupture, décès, fin du pot de nutella… Et bien chez les fanas de rugby, en ce moment, c’est la Coupe du Monde. Evènement rugbystique planétaire, il a tendance à éclipser toute l’actualité parallèle du milieu. Et pourtant, à plusieurs milliers de kilomètres du pays du long nuage blanc, la vie se poursuit et le monde continue à tourner (surtout quand on se couche à cinq heures du mat’ complètement bourré). De toute manière, « il a trop tourné sans nous, il pleuvra toujours sur Londres, ça va rien changer du tout » comme le disait un autre grand artiste français. Et c’est bien fait pour leurs gueules, à ces rosbeefs, aurait-il pu rajouter.

 

Bref, tout ça pour dire que pendant que nos yeux sont tournés vers nos petits bleus en All-Blackie, un peu partout en France (enfin surtout dans le sud), des équipes du Top 14 continuent à s’affronter pour pouvoir porter, dans quelques mois, le célèbre Bouclier de Brennus. Et le casser en faisant des glissades dessus aussi. Mais ça, c’est un autre problème.

 

Mais vous êtes probablement comme nous : de grosses feignasses. Soyons honnêtes, tous les joueurs que l’on a l’habitude de voir dans ledit Top 14 sont aujourd’hui en Nouvelle-Zélande, on se lève à 5h du mat’ pour les voir donc on a autre chose à foutre de nos week-ends que de se taper les matchs des moins de 19 ans qu’alignent la plupart des équipes. Mais bon, comme on est sympa, on va vous faire un petit récapitulatif pour vous expliquer ce qu’il faut retenir de ces cinq premières journées. Comme ça, dimanche, vous pourrez vous la péter au club-house, en montrant que vous êtes sur tous les fronts rugbystiques en même temps, et ce malgré vos disputes avec votre femme (ou mec), vos soucis dans votre boulot, et les problèmes de discipline de votre gamin.

 

1ère journée :  

 

Elle a eu lieu le 26 et le 27 août et c’est le match Bayonne-Toulouse qui ouvrait cette nouvelle saison. Et première surprise, défaite du champion en titre, qui arrache malgré tout le point de bonus défensif dans les ultimes secondes sur une des premières actions de Mc Alister sous le maillot rouge et noir. A côté de ça, les grosses écuries (Racing, Stade Français, Clermont et Perpignan) s’imposent et les bonnes surprises de la saison dernière Castres et Montpellier cèdent quant à elles à l’extérieur.  Enfin en clôture de cette journée, Toulon atomise 30 à 5 Biarritz, qu’on ne peut cette saison, ni classer avec les grosses écuries, ni avec les bonnes surprises de la saison dernière. Je propose de la ranger dans la catégorie de «La bonne surprise de la décennie, pas celle là mais celle d’avant ». Il faut également noter qu’Agen remporte un match important à l’extérieur dans la course au maintien face à Brive. La plus grosse surprise de la journée restera néanmoins l’essai marqué par Djibril Camara pour le Stade Français. D’ailleurs le fait de voir « Djibril Camara » et « essai » dans la même phrase fait s’emballer mon correcteur automatique d’orthographe qui me souligne le nom du joueur en vert, histoire de me faire remarquer discrètement l’incohérence de mon propos.

 

2ème journée :

 

La deuxième journée, une semaine plus tard, est plus riche en surprises avec le joli match nul d’Agen  accroché sur la pelouse du BO, la victoire sans appel de Clermont sur la pelouse de Toulon, la première victoire de la saison de Bordeaux face à Bayonne qui se sera fait piéger comme des jambons. Toulouse s’impose quant à lui sans briller face à Lyon dans un match qui nous rappelle qu’on regarde bien du Top 14. Castres et le Racing atomisent respectivement le Stade Français et Perpignan, qui avaient pourtant laissé apercevoir de plus belles choses la semaine précédente. Enfin la surprise de la journée revient à Brive que tout le monde voyait en Pro D2 avant même le début du championnat et qui s’impose pourtant sur la pelouse du finaliste de l’édition précédente Montpellier. La dépression de Galthié y est peut être pour quelque chose. Des rumeurs disent qu’il alignerait sur le tableau des vestiaires des compositions d’équipe uniquement composées de joueurs de l’Equipe de France. Le traumatisme est plus grave qu’on ne le pensait. On espère juste que c’est pas le scooter qui en payera le prix à la fin.

 

3ème journée :  

 

Lors de cette nouvelle journée, on notera le nouveau bon match de Brive qui accroche Perpignan 12-9 et prend le bonus défensif, la victoire d’Agen sur le LOU dans un match où les points valent cher pour le maintien, la facilité clermontoise face à Bordeaux-Bègles qui va vivre une saison compliquée, la nouvelle défaite biarrote à domicile face à Castres et enfin chose rare, les deux matchs nuls entre Bayonne et Toulon et le Stade Français et Montpellier. Enfin, on s’étonnera d’avoir assisté à un match du Super 15 sur une pelouse Française. Pour ce début de championnat, c’est le match qu’il ne fallait pas rater. C’était au Stadium et les toulousains et les Racing Men nous ont livrés un match épique, plein d’essais et de rebondissements. Eric Bayle en a mouillé son pantalon. Sûrement le match de la saison, donc ne vous embêtez pas à regarder les 9 mois qui restent, trouvez plutôt le DVD de celui là.

 

4ème journée :

 

La semaine dernière avait donc lieu la quatrième journée. Si vous avez lu jusqu’ici, bravo, on a déjà fait plus de la moitié. Courage. En plus, c’est facile, les matchs commencent à se ressembler. Montpellier n’a toujours pas gagné (défaite à Perpignan), Bordeaux-Bègles et Biarritz non plus avec défaites respectives face à Toulon et Toulouse. D’ailleurs, les basques, en encaissant un cinglant 24-0 montrent que, privés de Yachvili et Ngwenya, c’est tout de suite plus difficile de marquer des points. Clermont a une nouvelle fois gagné au Racing cette fois, confirmant qu’ils avaient décidé de ne pas perdre le moindre match de la saison. Sauf celui de la finale évidemment. A part ça, Castres continue à enquiller, les agenais étant les victimes de cette nouvelle journée, alors que le Stade Français s’est largement imposé face aux baillonnés, qui n’ont donc pas eu leur mot à dire. (Oui je fais cette blague sur chacun de mes articles où je parle de Bayonne). Enfin rassurez vous, Paul Sackey n’a lui, toujours pas marqué. Le LOU a pour sa part arraché à Brive sa première victoire de la saison, se donnant un petit bol d’air et de confiance pour la suite.

 

5ème journée :

 

C’était ce vendredi et les scores étaient plus gonflés que d’habitude. Y’a même eu plusieurs essais. Comme quoi… Castres a encore gagné, face à Brive cette fois. A noter dans ce match étrange, que le score important 30-24 a été atteint… sans marquer le moindre essai ! Vive le Top 14… Clermont reste invaincu en disposant des bleu et blanc de l’aviron Bayonnais (vous pouvez chanter ce bout de phrase). Montpellier continue à inquiéter avec une nouvelle défaite à domicile face au promu Bordeaux-Bègles. L’autre nouveau du championnat Lyon n’a pas réalisé une aussi bonne performance en s’inclinant logiquement sur la pelouse du Racing. Enfin Biarritz, à l’image de Montpellier, ne s’impose toujours pas avec cette nouvelle défaite à domicile face à Perpignan mais accroche le point de bonus défensif à la dernière minute sur une pénalité de Peyrelongue. C’est inquiétant et la titularisation de Bolakoro au centre est tout de même assez symptomatique… Pour finir cette journée, c’était du côté d’Agen où il fallait aller. Toulouse s’est imposé dans les ultimes secondes grâce à un essai (le deuxième) de Mc Alister, alors que tout le monde pensait le match terminé ! Les agenais sont pas content et les toulousains ont eu très très chaud…

 

Bilan : 

 

Pour résumer ce début de championnat, on pourra noter les grosses déceptions (voire inquiétudes) dues aux performances de nos amis Montpelliérains et Biarrots. Ils sont pour l’instant tous les deux relégables. Les deux promus se contentent eux de grapiller des points qui pourraient compter à la fin et profitent légèrement de l’affaiblissement des grosses équipes durant cette période de coupe du monde. De toute manière, il n’y a pas de secrets, c’est sur les confrontations directes que beaucoup de choses vont se jouer en fin de classement.

 

En milieu de classement, on retrouve les habitués, avec les bayonnais, les agenais et les brivistes qui réalisent donc un départ correct par rapport à ce que l’on pouvait penser en début de saison. Devant le Stade français et Toulon réalisent un bon début de parcours sans impressionner.  Perpignan se porte mieux que l’an dernier et ne souffre pas trop de l’absence de ses cadres. D’un autre côté ils ont l’habitude de jouer sans Mermoz  et la perte de Marty n’en est pas vraiment une (on se comprend). Le truc marrant avec Castres, c’est qu’on est toujours surpris lorsqu’ils gagnent, alors que vu le niveau affiché depuis plusieurs années, on aurait du s’habituer. Enfin, vivement qu’ils recommencent à perdre, ils me font toujours foirer mes pronos sur Facebook. Il a quel âge déjà Teulet ?

 

En top position, on retrouve Toulouse, qui après un premier revers a déroulé malgré un effectif décimé par les absences. Clermont quant à lui, impressionne de régularité et se place en sérieux prétendant. Enfin… ils seront vraiment sérieux le jour où on fera un championnat continu, sans phases finales. En attendant, ils continueront à nous attendrir en pleurant à la fin de la finale.

 

Concernant les performances individuelles maintenant. Wisniewski est actuellement le meilleur réalisateur et confirme qu’il est très régulier au pied. En même temps, c’est plus facile en jouant dans une équipe de foot. Yannick Jauzion est le meilleur marqueur avec trois essais. Comme quoi les petits jeunes du Top 14 ont encore comme valeur le respect des anciens et ils les laissent marquer. C’est bien les jeunes. Bon il est pas tout seul, y’a aussi Cronje, Andreu et d’autres… Mais quand même… On notera pour finir les toujours très bonnes performances  de Chavancy avec le Racing, la discrétion de Bastagros à Toulon et la très bonne pioche de Toulouse avec Mc Alister, que les Blacks vont commencer à regretter s’ils continuent à voir jouer Slade…

 

Voilà, vous savez tout ! Comme quoi, ça valait vraiment pas le coup de raquer l’abonnement à Rugby +… Mais si ça devient vraiment intéressant un jour, on ne manquera pas de vous prévenir !
Le Stagiaire

Dans les yeux d’un bleu #4 : Fabrice Estebanez

La suite des aventures de nos coqs tricolores, vu de l’intérieur, avec des vraies fausses pensées intelligentes (ou non) dedans.

Aujourd’hui, le blog de Lapinou recueille les confessions de Fabrice Estebanez. A quelques heures de l’ouverture du mondial, le futur trois quart centre du Racing nous livre ses confessions nocturnes….

 

C’est pour bientôt. Quelques jours, à peine. Un jour et demi. Je ne sais pas quelle heure il est en France mais ici, on est en pleine nuit. Mon compagnon de cellule, euh, de chambre d’hôtel, ronfle comme pas possible. Moi je ne dors pas. N’allez pas croire que la pression due à l’approche du match y est pour quelque chose. Je suis pas du genre stressé, il faut bien l’avouer. Il parait que j’impressionne pour ça : ma décontraction, ma confiance en moi, mon ambition. Faut dire que j’en ai connu des vertes et des pas mûres. Joueur de rugby à XIII ou XV, plombier, chômeur, et enfin rugbyman à Brive. Le parcours du combattant pour arriver ici. Le parcours d’un combattant. D’un con battant aurait sûrement précisé Imanol dans un large sourire qui terroriserait encore plus n’importe quel enfant qu’une charge de Ma’a Nonu. 

La suite, sur le blog de Marco

Pourquoi la France sera championne du monde…

Poteau Feu, le stagiaire de la Boucherie, est gentil mais bien naïf. En même temps, c’est un stagiaire…

Phase de poule, quart de finale, demi pour les plus optimistes. Peu nombreux sont les supporters de l’équipe de France qui voient cette dernière briller en Nouvelle-Zélande. Au contraire, tel Florian Fritz, beaucoup l’imaginent aller s’empaler sur l’adversaire pour finalement sortir sur un carton l’action suivante. Ces pourfendeurs de l’Equipe de France sont d’ailleurs souvent les mêmes qui adulent le centre du Stade Toulousain, prouvant que leur mémoire collective est probablement restée bloquée en 2008, dernière année pendant laquelle on a vu ledit joueur réussir une passe après contact.

Depuis la fin de l’année 2010, la mode est donc au pessimisme et à la croisade anti-Lièvremont que le peuple tient pour responsable d’à peu près tous les malheurs du pays : le chômage, la crise financière, l’affaire DSK et la coupe de cheveux de Rémi Martin. Les médias et analystes surfent sur le phénomène et contribuent donc d’autant plus à l’amplifier. Alors comme à la Boucherie on aime bien aller à l’encontre des journalistes du Midol et de L’Equipe (même si ça nous oblige du coup à dire des trucs intelligents), on a décidé de se faire l’avocat du diable et de vous expliquer en cinq raisons pourquoi l’Equipe de France de rugby sera championne du monde en 2011 sur les terres néo-zélandaises. Sans mauvaise foi, comme d’hab. Vu que cet article vous fera peut-être sauter au plafond, je vous autorise à m’insulter dans les commentaires, j’adore ça en plus.

La raison qui semble la plus évidente est celle qui a forgé la réputation de cette équipe au cours des dernières décennies : elle est complètement imprévisible. Rappelez-vous les éditions précédentes, on a quand même tendance à systématiquement éliminer les favoris (= les blacks). C’est un fait, l’équipe de France est toujours la plus forte au moment où on l’attend le moins, lorsqu’elle est au pied du mur et que personne ne croit en elle (et encore moins les supporters). Donc autant vous dire que vu les commentaires qui fusent ces dernières semaines, on est parti pour mettre une dérouillée à tout le monde et enchainer tant qu’à faire par une belle victoire en championnat d’Europe de cyclisme sur piste fin octobre. Autant amortir le stage de préparation en VTT hein…

La deuxième raison qui me vient est la composition du groupe des trente sélectionnés, pas aussi mauvaise que l’on veut nous le faire croire. La première ligne, bien qu’handicapée par les blessures, reste une des plus qualitatives du monde. Servat, Mas, Barcella… Bon ok, un seul des trois peut vraiment jouer pour l’instant, mais d’ici la finale en octobre, ça devrait le faire quand même. Et puis on a des doublures de luxe : Szarzewski, Poux , Ducalcon… Bon ok, pas Ducalcon… On a aussi une deuxième ligne et une troisième ligne plus que séduisante et complète. Parra, Trinh Donald Duc ou Ouedraogo représentent une partie de l’équipe alliant jeunesse, fougue et expérience. D’ailleurs, on se demande quel est le mec assez fou pour avoir (envers et contre tous) fait confiance à ces ex-prépubères et qu’ils puissent afficher ce niveau et cette maturité aujourd’hui. Si vous vous souvenez, n’hésitez pas à nous le dire dans les commentaires…

Le principal débat reste le centre de l’attaque. Ce ne sont pas les joueurs de qualité qui manquent en Top 14 mais une fois enlevés les joueurs écartés pour des raisons extra-sportives (je parle de Fritz et Basta là), il ne nous reste plus grand monde. Jauzion ? Même Census Johnston était plus rapide que lui cette année. Poitrenaud ? Aucune expérience du niveau international à ce poste. Une bourde et hop, on réclamait la tête de Lapinou sur un plateau pour avoir pris ce risque. Et Marty dans tout ça ? Quoiqu’on en dise, c’est le genre de joueur sur lequel on peut toujours compter. Jamais transcendant, il est aussi rarement pris à défaut en défense. Pas très créatif certes, mais avec Mermoz, Médard, Heymans ou Clerc pour l’entourer, on s’en passera. Enfin nous le joueur qu’on regrette le plus, ça reste quand même Huget. Lui qui avait l’occasion de faire taire tout le monde en marquant un quadruplé contre le Japon… La vie est injuste. Ajouté à cela la présence de trois quarts aux jambes de feu avec Clerc, Médard, Palisson ou Heymans et enfin le couteau suisse/assurance tout risque de l’équipe Damien Traille et l’on obtient un résultat plutôt équilibré.

3ème raison : On peut s’appuyer sur un bon coach. Alors certes le bilan n’est pas très très reluisant pour le moment mais rappelons que Lièvremont a conduit la France au grand chelem en 2010. Il a aussi mené Dax deux années de suite en finale de Pro D2 (pour une victoire) et est sacré champion du monde des moins de 21 ans en 2006 aux côtés de N’Tamack et Retière. Une carrière d’entraineur jeune, courte mais pas dégueulasse pour autant. A côté de ça, il restera toujours un très bon joueur de l’Equipe de France. L’un de ceux qui a pris part à l’exploit de battre les blacks en 1999. Un joueur connu pour son abnégation, son courage et son exemplarité sur et en dehors du terrain. Un peu comme Dusautoir, leur dernier point commun étant leur charisme et leur tempérament de leaders naturels. Qui a rigolé ? Bref, les personnes qui le comparent à Domenech, en plus de rien n’y connaître en football, n’y connaissent de toute évidence rien en rugby. Le seul point commun que l’on pourrait leur trouver est leur lacune en matière de communication. Et encore, même sur ce point, la comparaison n’est pas très solide. Quand Raymond refusait de remettre en cause sa petite personne ou son équipe après une contre performance, Lièvremont est plutôt à l’opposé : franc et sincère à l’extrême, quitte à en devenir maladroit. Très maladroit. Enfin, le franc-parler est une tradition rugbystique (il suffit de se rendre sur les bords de terrains amateurs le dimanche pour s’en rendre compte) et l’on va pas se plaindre d’être épargné par la langue de bois et les discours de ministre. Et non, je ne considère pas Bernard Laporte comme un ministre. Ceci dit, une bonne gueulante sous forme d’humiliation dans les vestiaires, tous les rugbymen en ont connu et (avec un coup de boule de Barcella), c’est quand même ce qui se fait de mieux pour remettre les idées en place.

4ème raison) Pour le tournoi, pour les tournées, Lièvremont avait un argument de choc pour expliquer les défaites et le manque d’organisation de son équipe : l’absence de préparation suffisante. Et il faut dire que vu les calendriers du Top 14, on ne peut que l’admettre, les conditions n’étaient jamais réunies pour bâtir quelque chose de solide. En ayant les joueurs cinq jours avant un match (dont trois passés en salle de massage et de récup’), difficile de mettre un plan de jeu en place. Les petits manuels préparés n’y changeront rien. Et nous ne nous attarderons pas sur l’état de fatigue des joueurs, ou pire encore… les doublons (tous les Toulousains ont du avoir des frissons à cette phrase). Bref, cette fois-ci, la préparation fût longue, difficile, mais les joueurs seront au top de leur forme à l’aube de la compétition et donc, sans excuse.

La dernière raison qui me laisse penser que la France va gagner la coupe du monde est simple : au vu du contexte, ça ferait un super film. J’imagine Luc Besson à la production, on appellerait ça «Invaincus». On camouflerait le tout sous une histoire de politique et de poésie pour contenter les intellectuels et on ferait jouer Kad Mérad pour ramener le grand public. Y’a pas à dire, ça serait super. Et cette idée n’a rien à voir avec le fait que je ramais un peu pour trouver une cinquième raison. Du tout.

Bref, bien sûr, ça ne sera pas facile. On a des blessés (mais les autres pays aussi hein !), le coach et ses choix sont contestés (mais les autres pays aussi hein !) et la France n’est en aucun cas la meilleure équipe du monde. Comme son classement IRB l’indique, elle tourne davantage autour de la quatrième ou cinquième place. Une victoire finale relèverait donc du véritable exploit. Et les exploits c’est un peu une spécialité française (avec le camembert et la grève). Typically french comme disent nos amis anglais. Je déconne quand je dis ami. Alors, on croise les doigts, on sert les fesses et on pousse derrière eux, car j’ai le pressentiment que 2011 sera l’année du coq. Et comptez sur nous pour vous ressortir cet article si on gagne en octobre…

PS : On prépare un article pour expliquer pourquoi on va pas gagner aussi. Comme ça dans les deux cas on pourra dire : «On vous avez prévenu». On est pas si con que ça hein.

PS 2 : J’ai une sixième raison ! Imaginez la scène (vous pouvez écouter I’ll survive pour faire plus réaliste). 23 octobre. 11H30. La France est championne du monde. A midi, la moitié de la population est bourrée sur les champs. A 14h, Ovale Masqué se réveille et apprends la nouvelle, mais lui est encore bourré de la veille de toute manière. A 14h30, tout le monde retourne au boulot et fait n’importe quoi, plongeant le pays dans la crise… Y’a pas à dire, il me tarde d’y être… En 2012, Christine Boutin est élue Présidente de la République et nomme Dupont Aignan premier ministre. Enfin, heureusement tout est bien qui finit bien, les mayas ne s’étaient pas trompés. On meurt donc tous le 21 décembre certes, mais après avoir la France remporter la Coupe du Monde. Et ça, ça serait Pour l’éternité

Poteau Feu, qu’on appelera désormais le Stagiaire pour mieux nier sa personnalité. 

Le Facebook du XV de France, épisode 2

C’est comme la première partie sauf qu’en fait ben c’est la deuxième.

Comme vous le savez, à la Boucherie Ovalie, nous avons des yeux partout, et des fourchettes pour mettre dedans. Après avoir publié le Facebook privé du Stade Toulousain, nous avons fait encore plus fort en nous introduisant sur la page du XV de France…

Pour cette seconde partie, nous faisons un bond dans le temps qui va nous mener jusqu’au 25 aout… on rattrape donc petit à petit le vrai calendrier des Bleus. N’oubliez pas de vous connecter environ 129 fois par jour sur le site pour guetter d’éventuelles updates. Elles peuvent arriver à tout moment, comme les attaques cardiaques chez Pierre Villegueux…

Pour votre confort de lecture, cliquez sur l’image ci-dessous pour l’agrandir.

Merci tout particulièrement à PoteauFeu pour cette seconde partie.

Le jour où tout le monde a parlé de Yoann Huget

La journée la plus folle de l’histoire du rugby français. Au moins.


J’espère que les photos sont réussies au moins…

Tout le monde a suivi l’affaire qui a secoué le monde de l’ovalie aujourd’hui. Même Ovale Masqué en a été réveillé en pleine nuit, à 15h. En cette matinée du 4 août, Yoann Huget ne pointe pas à l’appel lors de l’entraînement de l’équipe de France à Marcoussis. La rumeur se propage peu à peu que (celui qui est un pion incontournable de l’effectif tricolore) serait exclu du groupe. L’information est confirmée par Pierre Camou, président de la fédération, qui organise une conférence de presse exceptionnelle. On y apprend alors que le bayonnais a manqué à l’appel à 3 contrôles anti-dopage et est donc considéré comme “positif d’office”. Il doit donc être exclu du groupe et ne participera pas à la coupe du monde en Nouvelle Zélande.

Entre les messages d’étonnement , d’incompréhension, voire de désespoir des supporters de l’Equipe de France et du bayonnais (vous êtes trois) se glissent  des réflexions et des phrases sarcastiques un peu partout sur la toile. Et on ne peut pas dire qu’on soit innocents dans l’affaire. Alors comme aujourd’hui on s’est bien marré et qu’on aime bien tout ce qui est méchant et gratuit, nous vous proposons ce soir les meilleurs tweets ou vannes sur ce qui restera comme “L’Affaire Huget” :

 

Les blagues de la Boucherie :

“Huget exclu ? Qu’est ce que c’est que cette histoire ? Bagarre avec Yachvili pour une histoire de shampoing ?”

“Huget exclu pour ne pas s’être présenté à un contrôle anti-dopage ! Non mais ns on se porte garant, ça se serait vu si ça avait été le cas !”

“Se taper toute la préparation physique et se faire virer au moment où on commence à rentrer dans le vif du sujet, c’est moche quand même.”

“Huget ne voulait pas se déplacer aux contrôles. Il a préféré envoyer ses cassettes du tournoi comme preuve. Etonnant que ça n’ait pas suffit…”

“Espérons qu’il puisse quand même s’expliquer et clamer son innocence malgré le fait qu’il soit bâillonné.”

“”Il a été léger”. C’est un nouveau synonyme inventé par Marco pour dire “un peu con” ?”

“Ca existe  le jambon de Bayonne au clenbutérol ?”

“Yoann Huget en TT, qui aurait pu l’imaginer n’empêche. Et si c’était ça le french flair ?” (NB : TT = Trendic Topic sur Twitter, soit les 10 sujets dont on parle le plus sur Twitter en France… et Yoyo était dedans toute la journée !)

“Pour Huget, les 2 seuls moyens d’arriver en TT étaient, soit de se faire virer de l’EDF, soit de marquer un essai. Il a choisi la solution de facilité.”

“Nous assurons tout notre soutien à Yoann Huget pour cette coupe du monde. Puisse-t-il avoir un écran plat de qualité.”

“Faut que toute l’Ovalie soutienne Yoann Huget ! C’est pas sa faute si les contrôles antidopage sont aux mêmes heures que les afters.”

“Un jour Huget fera la coupe du monde de rugby. Mais pas demain. Demain, y’a séance photo.”

“Si Huget est incapable de faire un contrôle, peut-on en déduire qu’il ferait un encore plus mauvais footballeur que rugbyman ? Difficile à croire…”

 

Les blagues des autres internautes (et qui sont presque aussi drôles que nous…) :

“Si seulement Yoann Huget avait utilisé Foursquare…” par NZidane

“Le Staff avait interdit l’utilisation de Twitter, ils vont désormais conseiller d’utiliser Foursquare” par @ArnaudBecquet

“Marty ne pourrait-il pas s’égarer pendant les contrôles ??” par @ArnaudBecquet

“Après le 1er mai jour du muguet, le 4 aout jour du Huget …. la tradition voudra plus tard qu’à cette date anniversaire on offre à ses proches un bidon…” par Pascal

“Une expression est née maintenant on ne dira plus “je me suis perdu(e)” mais “j’ai fait une Huget” !” par Cha

” Les Bayonnais préfèrent les photos à la Coupe du Monde. Ils préfèrent donc Têtu au Midol” par Thomas

“Après l’élimination surprise de Yoann cette semaine, la maison attend fébrilement les nominations de la semaine prochaine…” par @jlreynal

“Moi ce que je trouve dégueulasse c’est que pour une fois que quelqu’un n’arrive pas a l’ attraper, on le vire” par Fred

 

Voilà donc un petit best of non exhaustif évidemment des phrases les plus drôles de la journée. On peut voir que dans tous les cas, les internautes sont plus inspirés derrière leur écran que Huget ne l’est sur un terrain.

Vous pouvez dès à présent laisser dans les commentaires vos phrases à vous, ou encore voter pour votre préférée. Enfin, nous vous invitons à rejoindre son “groupe de soutien” (un peu particulier) sur Facebook

On compte sur vous !

 

Dans les yeux d’un Bleu : #1 Raphael Lakafia

Raphael est heureux, il vient de recevoir le kit de suicide que la FFR offre à tous les sélectionnés.

Le mot de Marco : Bon. Ca fait déjà quelques semaines qu’on est ensemble, et quelques semaines que je pense à ça. On va être honnêtes, on est pas du tout prêts. Emile N’Tamack ne comprend toujours pas de quoi je lui parle quand je dis “lancements de jeu”. Didier Retière passe toute sa journée à construire sa machine à mêlée. Il est méconnaissable, on dirait le Doc Brown dans Retour vers le Futur. Je pense qu’on l’a perdu. Quant à Gonzalo Quesada, impossible pour lui de faire travailler le jeu au pied : nos joueurs n’en ont plus à cause des randonnées de 1200km qu’on leur inflige depuis quelques jours. Je me dis donc que finalement, notre seule chance de réussir, c’est peut être de responsabiliser les joueurs, de leur donner les clefs du camion. Puis qu’ils se débrouillent. Après tout ils pourront pas faire pire que nous. C’est donc dans cette logique que je vais donner dans mon blog, une tribune aux joueurs. Je ne relirai pas leurs propos. Ils sont grands, ils disent ce qu’ils veulent. Allez, on commence avec le bizut, Lakafia….

La suite, sur le blog de Marco.

La saison du Stade Toulousain en une image

Ou plutôt un mur. En effet, les bouchers se sont incrustés sur la page Facebook privée du Stade Toulousain…

Un grand merci à Poteau Feu, notre espion infiltré sur le compte des rouges et noirs, et à Ovalia, qui a capturé ces images inédites. Pour un meilleur confort de lecture, cliquez sur l’image pour l’agrandir et commencez à lire par le bas…

Poteau Feu était notre envoyé spécial pour Toulouse-ASM

Qu’il est con ce Poteau Feu, c’est pas le Capitole, c’est le Kremlin !

Qu’il est con ce Poteau Feu, c’est pas le Capitole, c’est le Kremlin !

Salut les p’tits loups !

C’est moi ! Non pas Pierre Salviac ! Poteau-Feu ! Un peu de respect quand même, Pierrot aurait déjà fait au moins trois fautes d’orthographe. Je suis prétentieux, mais pas au point de me réclamer de son école. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis un peu le reporter sans frontières de la Boucherie. Tous les matchs qui se passent à Toulouse, j’en fais un article ! Sans frontières je vous dis ! Alors vous pensez bien que quand hier, le Stade Toulousaing a disputé la demie finale du Top 14, j’étais dans les startings blocks. Enfin j’étais surtout dans un bar. Le De Danu. Oui encore celui là. J’y étais déjà pour le quart contre le BO et Toulouse avait gagné alors je me suis dit que c’était peut être un signe. Je crois même que ce jour là Fritz avait fait une passe. Comme quoi, ça ne pouvait pas vraiment être un hasard…

Sur le trajet, je croise plusieurs personnes aux couleurs du stade. Les maillots, les écharpes voire les drapeaux et le maquillage sont de sorties. On annonçait au Vélodrome une plus forte mobilisation Clermontoise, mais une chose est sûre, à Toulouse, les supporters rouge et noir sont venus en nombre. (J’avoue, c’est Matthieu Lartot qui m’a soufflé cette phrase brillante).

J’arrive avec une demi-heure d’avance mais l’accès au bar est quasiment impossible. Véritable rendez vous des amateurs de rugby et de bières (les deux sont liés parait-il), je ne suis apparemment pas le seul à avoir eu l’idée de scouater le De Danu pour la soirée. Il devient rapidement évident que la probabilité de pouvoir rentrer à l’intérieur du bar et trouver une chaise est aussi élevée que de voir plus de cinq essais dans un match de phases finales du Top 14. Je me faufile donc entre deux groupes de jeunes enthousiastes et réussi à trouver un angle plus que correct pour voir l’écran de la terrasse. Alors certes je suis au milieu de la route, mais je me rassure en me disant que si une voiture devait forcer le passage, elle aurait à écraser une bonne dizaine de personnes avant de m’atteindre. Autant dire qu’avec un tel délai, même François Steyn aurait le temps de se pousser.

Le match débute sous les encouragements de la foule, de plus en plus imposante, et qui couvre maintenant une bonne partie de la rue. Les premières minutes sont engagées et les plaquages appuyés. Quelques minutes. C’est le temps qu’il me faut pour réaliser que la chance m’a encore bien gâtée niveau voisins. A ma droite, une bande de jeunes qui semblent plus préoccupée par les prolongations de leur apéro que les premiers instants du match. Assis à une table (pour réussir cette prouesse, ils devaient donc être là depuis environ 16h), deux ou trois garçons de la bande, gonflés de confiance par la réussite d’une vanne quelques instants plus tôt, se lance dans un Three Man Show agaçant. Lorsqu’ils encouragent à toute voix Clermont pour provoquer le reste de la foule, tout le monde ricane de bon cœur, mais quand il recommence la même blague en prenant juste un nom de ville de la région différent, ça devient vite aussi irritant qu’une pénalité de Wilkinson. Mais les joueurs de Mont de Marsan, Colomiers, Montauban et quelques autres clubs dont je ne connaissais même pas le nom seront sûrement ravis de savoir que trois jeunes alcooliques (et j’espère pour eux anonymes) ont pensé à eux. Heureusement, les premières actions intéressantes ne se font pas attendre et réussissent à les faire s’intéresser à autre chose que leur nombril. Je suis un peu dur mais c’était vraiment agaçant. J’vous jure ! Le bar nous épargnait les commentaires de Canal, si c’était pour se taper à la place des chansons déjà trop entendues au fond du bus et qui ne font rire que les personnes bourrées qui les chantent, non merci.

A la place de ça, mes voisins de gauche semblaient avoir décidés de discuter de tout sauf de rugby. Autant vous dire que c’était vachement le moment pour débattre du dernier film sur Sarkozy et de l’état de la centrale nucléaire du coin. J’avoue m’être quand même dit pendant un instant que si le match devait être aussi intéressant qu’un match de l’équipe de France, de tels voisins pourraient trouver leur intérêt.

Mais la partie ne tarda pas à s’animer et Toulouse frappa le premier. Après une percée de Jauzion (qui n’avait pas couru autant de mètres ballon en main depuis deux ans) et un enchainement de passes qui nous rappelèrent les plus belles heures du club, Poitrenaud nous gratifia d’une action qui lui vaudra sûrement sa place pour le trophée du ‘Top 14 a un incroyable talent’. Alors que quelques instants plus tôt, Servat nous avait fait savourer une passe aveugle indigne d’un avant autre qu’All Blacks, Poitrenaud rééquilibra le niveau d’un superbe jongle à une main dans l’en-but clermontois ponctué d’un en-avant presque trop prévisible. Heureusement, l’arbitre revint à la faute et Skrela passa sans problèmes la pénalité. Tellement facilement que l’on réalisa qu’il était étrangement toujours conscient après 5 minutes de jeu. Et c’était pourtant pas faute de ne pas s’envoyer en défense. Les Clermontois devaient avoir peur de le blesser pour la saison prochaine… Faut les comprendre, un an de plus avec Brock James comme seul ouvreur, ça aurait compliqué les choses.

Sûrement heureux de réaliser qu’ils étaient encore capables de passer le premier rideau sur une attaque en première main, les Toulousains se payèrent même le luxe de recommencer 2 minutes plus tard. Jauzion perce et transmet à Poitrenaud d’une belle passe en avant (même si Fabien Galthié ne l’aurait lui sûrement pas sifflé). Le centre nous place alors son fameux crochet exter’, particulièrement efficace pour le coup et laisse Caucaunibuca finir le travail. La Skrel’ transforme. 10-0. Les supporters sont tous sourires, ça chantonne et ça boit pour hydrater les gorges. C’est les gérants qui sourient maintenant (Quoique, Trevor Brennan peut-il vraiment sourire ?).

Les Clermontois tentent bien de réagir mais leur fébrilité offensive couplée à l’agressivité défensive des Toulousains ne donne pas vraiment de résultats. Trop heureux d’obtenir une pénalité à 60 mètres de l’en but adverse, Floch se décide à la tenter. Ça me fait bien rire intérieurement et j’imagine déjà la relance que nous prépare Heymans. Mais il faut croire que le bougre a été élevé encore plus à la dure que Beauxis (qui rappelons-le à appris à botter des cinquante mètres pieds nus avec son pôpa). De 61 mètres, ça passe entre les perches et le clermontois gagne les applaudissements de quelques supporters fair-play et admiratifs (oui je parle de moi à la troisième personne des fois).

La réaction des Toulousains ne se fit pas attendre et après un nouvel enchainement de temps de jeu très réussi, ils échouèrent à quelques mètres de la ligne, avec pour maigre récompense une pénalité. Novès se précipita alors à la limite de la touche en montrant de la main le chiffre Trois. On peut se demander s’il parle des trois neurones de Jamie Cudmore, des trois plaquages ratés de Pisi sur l’action ou encore des trois jeunes filles qui se sont évanouies après avoir vu Vincent Clerc pleurer sur l’écran géant du stade. En réalité, on suppose qu’il parlait plus des trois points de la pénalité que Skrela réussit juste après sans problème.

Le jeu devient alors un peu plus brouillon et haché. Mes voisins de gauche en viennent à parler de Huget. Toujours pas de conversation rugbystique donc. Il faut attendre un petit quart d’heure avant de voir Morgan Parra pour inscrire trois nouveaux points pour Clermont. Le Clermontois est plus discret qu’à son habitude, peut être un peu bousculé par la nouvelle excellente performance de son vis-à-vis Doussain. Si j’étais le demi de mêlée de l’équipe de France, personnellement, je me ferai du souci. Enfin j’dis ça…

Je vous raconterai bien en détail les 5 dernières minutes de la première mi-temps mais c’était nul. Alors à quoi bon…

J’étais pas venu tout seul au fait. J’ai quelques potes. Parfois. Mais généralement ils s’enfuient quand ils voient les posters d’Ovale Masqué dans mon appart’. Bref, tout ça pour vous dire qu’on a profité de la mi-temps pour se rapprocher un peu de l’écran. Après sept minutes essentiellement consacrées à des fautes, des en avants, et des blessés, Skrela repasse une nouvelle pénalité. Ce niveau plus proche du Top 14 rassure un peu tout le monde. Clermont réagit et pilonne alors la ligne toulousaine. Il faut un coup de filou de Médard pour récupérer le ballon en plein milieu du ruck. On aurait dit Pato Albacete, la faute habituelle qui vient tout gâcher en moins. Donc rien à voir avec Albacete en fait.

La défense rouge et noire continue par la suite de repousser avec une solidarité exemplaire toute tentative d’attaque de clermontois vaillants, mais toujours aussi peu inspirés. La meilleure défense c’est l’attaque hein ? Ben l’inverse marche aussi. La preuve, sur un nouveau tampon de La Bûche, les toulousains bénéficient d’une nouvelle pénalité, que Skrela tente de loin et, impérial… réussit.

Dans une grande forme, le deuxième ouvreur doit cependant laisser sa place à Bézy pour cause de blessure légère. Fallait bien que ça arrive. Ce dernier se met en évidence en ratant les deux premières pénalités qu’il a à taper. Mais avec nos treize points d’avance à 15 minutes de la fin, personne ne semble lui en tenir compte et il est encouragé de plus belle à chaque tentative. La quatrième tentative sera la bonne. Entre temps, Caucau nous refait un petit numéro et Fritz nous fait du Fritz à base de courses chaloupées et de sautées… Non j’déconne.

Sur la touche, JB Elisalde se lance dans un ola solitaire, et qui marche donc forcément beaucoup moins bien. Quelques supporters commencent à scander de ‘Guytou’ qui aura cette année encore vaincu les doublons pour offrir à son équipe une onzième finale sous ses ordres, et peut-être un neuvième bouclier… On pourrait croire qu’il s’y habitue, mais non, sur son banc il est tout sourire (et là je déconne même pas), les larmes aux yeux. L’émotion de l’homme est presque plus belle que l’évènement qui l’a lui procure. Tout simplement.

Il reste deux minutes. Cela en fait trois que toute la rue alterne entre ‘on est en finale’ et le traditionnel ‘Toulousains !’. Les Clermontois se livrent à un dernière remontée du terrain alors que la sirène a déjà retentit. Mes jambes meurtries me supplient que ça se termine bientôt, mais les Clermontois, plein de courage veulent sauver l’honneur. Mais sur un nouvel en avant, Caucaunibuca ramasse le ballon et fait un festival aux quelques défenseurs clermontois qui ont encore la force de le poursuivre. Il le termine 80 mètres plus loin, dans l’en-but dans lequel il s’écroule sans pouvoir se relever. Ce pari qui a tant fait parler n’a pas besoin de beaucoup plus que ce match pour montrer à quel point il est réussi.

Bézy passe l’ultime transformation et l’arbitre renvoie tout le monde : Clermont à la maison et Toulouse au stade de France. Le bonheur des joueurs victorieux contraste, comme à chaque match de phase finale, avec la détresse des vaincus.

La rue n’est quant à elle plus qu’une immense fête où tout le monde chante et danse. Une ambiance pareille est de celle qui vous donne du baume au cœur pour quelques temps et même si la tentation de la savourer jusqu’au bout de la nuit est tentante, mon corps et ma tête me demande avec insistance de rentrer pour retrouver la dizaine d’heure de sommeil que j’ai de retard. Je ne prends même pas la peine d’interviewer quelques supporters. Je croise Jean-Eudes (qui semble décidemment me suivre partout) et refuse gentiment de prendre le « message important » qu’il a à faire passer à Yachvili.

Mal à la tête, mal aux jambes, mal aux oreilles, mal à la gorge, c’est mon humeur qui sort gagnante de ce match. Et ça vaut drôlement le coup. Je quitte le lieu et ses supporters en murmurant ‘A la semaine prochaine’ (oui, je parle tout seul aussi). C’est pas tout ça, mais j’ai un article à écrire moi…

C’était Poteau Feu pour la Boucherie Ovalie, en léger différé de Toulouse.

Poteau Feu, envoyé spécial à Toulouse pour Toulouse-Clermont

Aujourd’hui, c’était la dernière journée du Top 14. Il y a de l’enjeu, on nous promet des essais, des frissons, du suspens, des rebondissements et des larmes à la fin. Bref, on nous prend vraiment pour des cons. Pour cette occasion exceptionnelle, les médias sportifs français sont tous dans les starting-blocks, même L’équipe.fr, qui daigne accorder un article à l’évènement, caché quelque part entre un résumé de la victoire de Nadal (phrase bientôt considérée comme un pléonasme) et  un papier sur l’affiche exceptionnelle Brest-Nice en Ligue 1.

Alors, la Boucherie s’est prêtée au jeu et a envoyé ses meilleurs reporters dans les stades pour couvrir l’évènement. Le seul problème c’est que la majorité n’en sont pas revenus. Quelques-uns sont à l’hôpital, d’autres déjà en prison, et on nous indique que notre journaliste fidgien semble avoir décidé de prolonger ses vacances quelques mois. Cependant on s’inquiète pas trop, il nous a envoyé un pigeon pour nous dire qu’il comptait garder le rythme en écrivant des papiers sur l’équipe de beach rugby de Nalaga.

L’avantage avec moi, comme je ne bois pas de bière et que je suis pas assez costaud pour me battre dans les bars, c’est que du coup je passe pour quelqu’un de professionnel. On m’a donc envoyé à Toulouse. Peut être parce que j’habite à 800 mètres du Stadium. Ou peut être pour des raisons médicales, puisque ma peau est sensible au froid du nord, mais très réceptive à la chaleur du sud. En tout cas, ça n’a rien à voir avec le fait que je supporte le stade depuis une quinzaine d’années. Aucun rapport. Bref, j’y étais, j’ai tout vu, et comme en plus d’être faillot, je suis cafteur : je vous dis tout.

La journée a commencé d’une manière très banale. Il est 14h, je me réveille après avoir dormi sur le sol d’un appartement qui n’était pas le mien. Le temps de rentrer chez moi, de retrouver mes clés, de me préparer, enfiler mon tee-shirt aux quatre étoiles, revêtir ma plus belle écharpe de supporter, et saisir mon drapeau. Je suis fin prêt et me met en route pour rejoindre mes compagnons de stade.  Plus l’on se rapproche, plus le son augmente, plus les couleurs vestimentaires s’épousent, et plus les voitures ont du mal à circuler. Le stadium est plein à craquer, les places se sont vendues en quelques jours et je me suis procuré les miennes avec un léger retard, payé en conséquence par quelques intérêts sur le prix du billet.

Les toulousains, déjà qualifiés, accueillaient donc un Clermont qui avait encore une carte à jouer pour sécher les barrages. Alors que les Jaunards alignent leur équipe type, Novès nous concocte quelque chose qui pouvait y ressembler, sans totalement l’être, mais après tout pourquoi pas. C’est le dernier match en terre toulousaine cette année, et débarrassé de la coupe d’eErope et des doublons, personne n’a réellement besoin de se reposer. L’affiche est belle et l’ambiance (digne des phases finales aurait dit Éric Bayle) qui monte durant les échauffements annonce une belle après midi de rugby.

Le coup d ‘envoi s’apprête à être donné et des longs confettis colorés sont lâchés du toit. Le public est amusé mais les joueurs qui prennent place sur la pelouse, beaucoup moins. La moitié finit sur le pré et s’agrippe aux crampons des malheureux qui auront l’idée de marcher dessus. Après un moment de flottement où on semble attendre que Damien-Try (le balayeur de la Boucherie) intervienne, Rougerie, en bon capitaine, prend l’initiative de faire le ménage.

Le match démarre bien, Toulouse semble décidé à envoyer du jeu et régaler ses supporters. Ces derniers poussent mais les Clermontois ne cèdent pas. Très rapidement les niveaux s’équilibrent et le match perd en intensité. De belles fautes de mains, de belles fautes tout court, des pizzas de Servat en touche et un score vierge après presque plus de vingt minutes de jeu.

Juste après l’ouverture du score sur pénalité de Parra (qui parait encore plus petit en vrai), Toulouse inscrit le premier essai de la partie. Après plusieurs temps de jeu, Caucaunibuca s’intercale, rebondit sur plusieurs « joueurs des montagnes » et transmet à Médard qui va inscrire son 15ème essai de la saison. Il se jette dans les bras de Clerc, qui s’échauffait alors dans le coin, comme pour lui offrir cet essai en cadeau d’anniversaire (NDLR : Jean Dridéal a eu trente ans aujourd’hui). Le « ôôôôô Toulouse » de Nougaro qui résonne à chaque essai amplifie la tension sexuelle du moment. C’était d’ailleurs l’un des gestes le plus émouvant de la semaine, à égalité avec le baiser du prince William mais bien après l’interview de Poitrenaud sur le départ de Michalak.

La fin de la première mi temps est à l’image du début de match, assez pauvre malgré quelques volontés offensives. Les toulousains gèrent devant des Clermontois bien timides. Le seul fait de jeu notable est la blessure d’Aurélien Rougerie. Après avoir été malencontreusement bousculé par Yannick Jauzion, il se retrouve à la fois au dessus et en dessous de plusieurs autres joueurs. Sa cheville reste légèrement coincée et il semble souffrir le martyr. Assez pour prendre des expressions faciales étranges et manger de l’herbe. Pour ma part, en lecteur avisé de Belle, je reconnais plutôt sa fameuse technique du gommage terrain. Au moins, sa chevelure est intacte. Il finit tout de même par sortir, sous les applaudissements du stade. Jauzion sort lui aussi pour dix minutes, mais ça tout le monde a l’air de s’en foutre. Il ne le sait pas encore, mais il vient peut être de gagner son ticket pour la Nouvelle Zélande.

Si on lui fait une petite danse, vous pensez que le dieu de l'Ovalie va nous aider?

A la reprise, Parra répond à Bézy dans le duel de buteur poids mouche et Guy Novès en profite pour faire tourner son effectif. David Skrela rentre pour son dernier match en terres toulousaines alors que Heymans quitte la pelouse sous une standing ovation bien méritée.

Après une mêlée et une combinaison (réussie !) Caucau est sollicité sur son aile et renverse trois Clermontois pour aller inscrire le deuxième essai du match. Sur l’action, les plaquages clermontois sont des modèles d’échec. On sentait la peur à l’autre bout du terrain et il ne serait pas impossible qu’ils l’aient payés de quelques traces de pneus avant l’impact (cette vanne est encore plus drôle quand on sait que Michelin est le sponsor principal des Clermontois). Mon voisin de gauche, tout de jaune vêtu, sort ses lunettes « jaune et bleu », l’air grave. A la suite d’une énième pénalité, il lance un « Et les fautes elles sont que clermontoises comme par hasard ! », avant d’encourager  “Morgan” et “Antho” en applaudissant frénétiquement.

Quelques supporters clermontois tentent de donner de la voix, mais ils ne font que réveiller leurs homologues toulousains qui, semblant réaliser qu’ils vivent le dernier quart d’heure de la saison dans les tribunes, décident de se lancer dans l’interprétation complète de leur répertoire. Du traditionnel « Toulousaings, Toulousaings, Toulousaings », on passe au « Allez, le stade allez, allez ! » dans une harmonie parfaite, avant d’enchainer par le traditionnel « Toulouse, applaudissements, Toulouse, applaudissements… ». S’en suit une reprise grungo-funky de « On est en demie, on est en demie » qui aurait probablement provoqué une mi-molle à un journaliste mégalo des Inrocks. Le tout est parsemé de olas qui ne sont coupées que lors d’actions chaudes. Autant vous dire qu’on a bien cru que ça n’en finirait jamais. Phénomène étrange d’ailleurs que ces olas. Après tout, on se contente de se lever et d’agiter les bras. Et ça a le don de nous rendre à la fois très fier et tout a coup très heureux… Presque autant que lors d’une percée de Census Johnstone. Mais bon, avouons que ça fait quand même classe dans un stade de 35 000 personnes plein à craquer.

Oooooolé!

Les dernières minutes se passent en chansons (retrouvez bientôt la compil’ des plus grands tubes chez votre disquaire… ou en téléchargement illégal sur internet) et la sirène retentit sous les hourras de la foule qui remercie ses joueurs pour cette belle saison.

On assiste ensuite à la cérémonie d’après match, avec les remerciements des joueurs et du président à tous les partants. Ils sont d’ailleurs beaucoup plus nombreux que l’on pourrait le croire. La plupart sont d’ailleurs absents, chacun pour des raisons différentes et particulièrement étranges (malades, mariages, pas à Toulouse, occupé à regarder le multiplex Canal +, à la buvette….). Pas de Michalak, de Lamérat, de Vernet Basualdo… Par contre, il y avait Lakafia, qui devait peut être même fouler la pelouse du Stadium pour la première fois. Pour rappel, il a fait 5 matchs à Toulouse avec autant de réussite que Huget en Équipe de France. Mais on l’a applaudit quand même, on est pas des salauds. Et puis la comparaison avec Huget est déjà assez méchante en elle-même. On apprend que Michalak a, lui, laissé une lettre pour les supporters. Je me suis dit qu’il faisait peut-être grève et refusait de descendre du bus. Avec un peu de chance, c’est même Domenech qui nous la lirait ! Il n’en fût rien. C’est René Bouscatel qui s’y est collé et la lettre était en fait probablement un tweet. “Je ne peux pas être là mais merci pour tout. A bientôt sur les terrains“. Pas plus de 140 caractères, les fautes d’orthographes en moins.

Les joueurs finissent par un tour d’honneur où les supporters rendent un dernier hommage à Jean Bouilhou, Skrela, Kellher, Heymans et les autres, tous pour la plupart accompagnés de leurs enfants… Décidément que d’émotions.

Après une énième chanson des Black Eyed  Peace, le stade se vide peu à peu (très bonne technique pour faire évacuer un stade d’ailleurs). Le spectacle sur la pelouse n’a peut être pas été à la hauteur de l’affiche mais celui en dehors valait le détour. Et en supporter, euh journaliste, je ne peux que reconnaitre la saison encore très réussie des rouge et noir. Premier depuis la dixième journée, un bouclier serait le bienvenu du côté de la ville rose pour récompenser tout cela. Ne serait ce que pour que le régime de Caucaunibuca ne reste pas vain. Et puis s’il venait à pointer son nez au dessus du capitole le 05 juin, pour le coup, ça serait un sacré beau moment d’émotion. Autant qu’une complainte de Guy Novès ? Bien malin celui qui pourrait le prétendre. Et puis le mieux, pour être sûr, ça reste de le vivre non ?

C’était Poteau Feu pour la Boucherie Ovalie, en léger différé de Toulouse.

C'était bien. On reviendra.


Quelques réactions de supporters que j’ai pu interviewer après le match en exclusivité pour la boucherie :

« C’est que du bonheur. Après un match pareil, je crois plus que jamais au doublé » Vincent  24 ans

« Ah bah les anglais doivent bien se marrer de nous voir nous péter entre nous. Paris 2012, la coupe du monde, maintenant Rougerie. Ils vont nous faire chier jusqu’à quand ? »  Jean Mi, 52 ans

« Je voudrais souhaiter un très joyeux anniversaire à Vincent Clerc et lui dire que j’ai deux gros paquets qu’il peut venir déballer quand il veut » Cécile, 27 ans

« Yachvili c’est une tarlouze faudra lui dire. Vous lui avez déjà dit ? Ben vous lui redirez, ça peut pas lui faire de mal ». Jean Eudes, 34 ans

« Vous avez prévenu Skrela que c’était seulement à partir de la saison prochaine qu’il jouait pour Clermont ? Non parce qu’il avait pas l’air au courant aujourd’hui encore. » Aymeric, 21 ans

« Salut moi c’est Marc, et je voulais savoir si vous pouviez pas écrire que y’a eu des prolongations ? Nan parce que je dois passer à la buvette là, et ma femme va se poser des questions vous voyez. Donc si vous pouviez faire un petit geste pour me couvrir… En plus mon grand oncle a été boucher, donc on est un peu frère non ? » Jérémy, 29 ans (son prénom a été changé à sa demande).

« C’était ma première fois aujourd’hui. Dans  un stade de rugby je veux dire. Mais j’ai pas reconnu Chabal par contre. Et Michalak ? On m’avait promis Michalak ! » Claire, 17 ans

« Hey, si vous croisez Galthié dites lui qu’on se retrouve en finale. Par contre, qu’il vienne pas en scooter, parce qu’avec la valise avec laquelle ils vont repartir, ça tiendra jamais dans son coffre hein ! » Blaise, 23 ans

«  Ça t’intéresse une place pour le barrage Castres-Montpellier ? Non ? Une montre alors peut être ? » Stéphane, 31 ans

« Daviiiiiiiiiiiiiiiiid, reste !!! » Marjorie, 26 ans