Rodrigo Capo Ortega passe sur le grill Capo Ortega entre dans la légende de la Boucherie avec cet excellent questionnaire. Un grand merci à Matthieu dit “Thieum des bois” pour avoir réalisé cette interview, ainsi que l’introduction. Ovale Masqué pour la bio de Capo. Chers Amis Carnivores, Aujourd’hui je vous emmène dans cette petite vallée face à la si belle Montagne noire, là ou la charcuterie a été élevée au rang d’art… quelques jambons de Boissezon ou de Lacaune, la saucisse, le melsat, les bougnettes,… tous ces noms poétiques et charmeurs sont inséparables de la petite ville de Castres. Autant la triperie se trouverait à Montferrand, autant la charcuterie c’est à Castres. Avec ces beaux poulets…. Pascal papé a fait ses classes à Castres où il apprit de Lionel Nallet et aussi probablement de notre ami Rodrigo… l’art subtil de la mandale latine, la planchette uruguayenne, le coup de tête de Rio de la Plata… Rodrigo nous fait l’amitié de répondre au fameux questionnaire qui circule et intimide tout le Top 14… Rodrigo Capo Ortega Rodrigo Capo Ortega est né le 8 décembre 1980 à Montevideo. Doté d’un nom de dictateur sud-américain, il va néanmoins se diriger vers un sport plus pacifique (quoique), le rugby, et fait ses premiers pas au Carrasco Polo Club, prestigieux club uruguayen, avec qui il devient champion national. Avec Juan Pablo Lemoine ou Juan Carlos Bado, il va faire partie des quelques Teros a percer dans le championnat de France. Après son arrivée à Millau (Fédérale 1) en 2001, il rejoint dans la foulée la première division et le Castres Olympique, qu’il n’a pas quitté depuis. Seconde ligne particulièrement guerrier (12 cartons jaunes, un rouge en 10 saisons dans l’élite) également capable de dépanner en troisième ligne, il devient un joueur indispensable du CO, avec qui il remporte le Challenge Européen en 2003. Il a également participé à 6 campagnes de H-Cup avec les castrais. En sélection, il compte plus d’une trentaine de capes, pour 5 essais inscrits, et a participé à la Coupe du Monde 2003. Son site officiel avec sa bio à lui, où l’on apprend notamment qu’il a débuté à l’arrière. On aurait pas deviné. 1. Un club ? Carrasco Polo Club (Uruguay) 2. Un technicien ? Washington Amarillo. 3. Une équipe ? Castres Olympique. 4. Un match ? Uruguay – Géorgie (Coupe du Monde 2003, victoire des Teros 24 à 12) 5. Une action ? Mon essai contre Albi au cours de la saison 2007/2008. 6. Un geste ? Une « explication » avec Trevor Brennan, lors d’un match contre Toulouse. 7. Un poste ? 2ème Ligne, évidemment ! 8. Un stade ? Marcel Michelin à Clermont-Ferrand. Une ambiance, un public, une atmosphère ! 9. Une victoire ? CO – Montpellier cette année. 10. Une défaite ? Montpellier l’année dernière en barrages. Argh ! 11. Devise de club favorite ? Ou devise tout court ? « No hagas lo que no te gusta que te hagan. » 12. Le joueur avec qui vous auriez aime jouer sur le terrain ? Pato Albacete. 13. Celui que vous n’aimeriez pas croiser sur le terrain, et encore moins dans une ruelle sombre et étroite ? DSK ! 14. Celui avec qui vous ouvrirez bien un bar à putes à Bogota ? Xavier Fabre… 15. Celui avec qui vous auriez aimé faire une 3ème mi-temps ? Vincent Moscato. 16. Celui avec qui partir à la chasse à mains nues dans la forêt Amazonienne ? Yannick Forestier 17. Votre boisson préférée avant le match? Après le match? Avant le Match : le Maté… Après : Fernet-branca/coca 18. La première fois… … à la télé ? Uruguay – Chili (tournoi Sud-américain). … au stade ? Béziers – Toulouse en quart de finale du Top 16. … sur le terrain ? Avec le Carrasco Polo Club… 19. Thé ou Café ? Café ! 20. Levrette ou 69 ? Les deux ! C’est mieux. 21. Il reste 10 minutes à jouer… cagade dans ses 22 qui offre 5 points à l’adversaire ou expulsion pour plaquage cathédrale ? Expulsion et sortir sous les applaudissements un peu comme contre UBB cette année ! 22. Se faire enfoncer en mêlée ou se prendre un cad’deb d’ecole? Le cadrage-débordement. 23. Damien Traille ou McGyver ? MacGyver 24. Pour la 3ème mi-temps: Byron Kelleher ou Paris Hilton ? Paris Hilton 25. Pour partager votre cellule ? Seul 26. C’est qui le plus fort, Jamie Cudmore, Bakkies Botha ou l’hippopotame ? Moi 27. Vous préférez vous faire plaquer par Chabal ou par votre petit(e) ami(e)? Ma petite amie, elle fait moins mal physiquement. 28. La chanson paillarde que vous aimez secrètement ? « Lèche-moi, lèche moi,…. » C’est très poétique ! 29. David Marty ou Marty McFly? Marty McFly 30. Expliquez la règle du plaqueur/plaqué sans utiliser de ponctuation. Demande plutôt aux arbitres de se mettre d’accord sur la définition. 31. Ca vous étonne Ovale Masqué qui mange un yaourt ? Non, c’est bon pour son transit… 32. Bon alors, c’est qui qui a pété la gueule à Bastareaud en fait ? Je ne sais pas. Mais il est costaud Bastareaud… ca doit être au moins l’hippopotame ? 33. Pourquoi avoir perdu votre temps à répondre à ces conneries, franchement ? Pour faire plaisir 34. Un oubli ? Un mot à ajouter ? Une expression : « la puta madre que te pario !! » 35. A qui voudriez-vous que ce questionnaire soit posé ? Rafaèl Carbalo
Présentation Taupe 14 : Castres Ou le club qui terminera 3ème et se fera éliminer en barrages. Par Fidel Castro l’Impie, Le club Le Castres Olympique, qui s’y frotte s’y pique ! Bon, en fait c’est vraiment nul comme accroche, ça marche même avec le Biarritz Olympique, c’est pour dire le non-sens de la rime. Pour vous épargner ce genre de bons mots et autres associations phonétiques foireuses, nous nous contenterons, dans la suite de cet article, de parler du CO. La ville Castres, petite bourgade de 50,000 habitants où il fait bon vivre. Une architecture pittoresque, avec notamment les maisons sur l’Agoût…et sinon les bureaux de Pierre Fabre. A signaler deux fleurs au palmarès des villes fleuries de France, un très beau théâtre, un resto une étoile au Michelin, et des boîtes de nuit généralement réservées par les joueurs (oui, il faut savoir qu’un Iosefa Tekori en transe musicale, ça prend déjà un tiers du dancefloor du Pop Art). Sinon un petit week-end à Toulouse ou à Barcelone, ça peut être sympa de temps en temps. L’Histoire Le CO doit sa naissance à plusieurs élèves du Collège de la ville, désormais rebaptisé Collège Jean Jaurès, en hommage au troisième homme le plus vénéré à Castres, juste derrière Pierre Fabre et Chris Masoe. Lors d’une soirée bien arrosée à la Brasserie de l’Europe, deux des étudiants présents s’accrochèrent, et en vinrent aux mains, bientôt rejoints par l’ensemble de leurs camarades de classe. La bagarre générale, élément fondateur de notre jeu, voyait le jour dans la cité castraise. Il ne manquait plus aux convives qu’un ballon de forme ovale. Ballon immédiatement fourni par le barman, qui pria ces jeunes gens d’aller exprimer leur tendresse en dehors de son bar, chose qu’ils firent en allant terminer ce qu’ils avaient commencé sur le terrain vague le plus proche. Ainsi naquit le CO, un beau jour de Février 1906. Le club rencontre quelques difficultés pour se développer, cela étant notamment dû à la Première guerre Mondiale, durant laquelle de nombreux joueurs du club périssent. Paradoxalement, c’est juste après la Deuxième que le club va écrire les plus belles pages de son histoire. Le capitaine Jean Pierre-Antoine va ainsi mener ses troupes vers la gloire, en décrochant une Coupe de France en 1948, et surtout deux Brennus consécutifs, en 1949 et 1950. Mais le décès du capitaine emblématique du CO, suite à un coup dans la tête reçu pendant un match de championnat, va marquer un coup d’arrêt terrible pour ce club, alors en haut de l’affiche. Plus rien pendant 30 ans, hormis sans doute la grande carrière de Gérard Cholley, ancien militaire boxeur, reconverti joueur de rugby boxeur. Un monument du rugby Français, qui aurait sans doute fait détaler une première ligne Anglaise ou Ecossaise, ou les deux réunies, un samedi soir dans une ruelle sombre. En témoigne sa première place au classement des joueurs Français les plus effrayants de tous les temps, réalisé par nos amis Anglais du Times. Cholley en compagnie d’un jeune fan Toujours est-il que si Cholley fait fuir ses adversaires, il n’attire pas non plus les titres. Même pas de Challenge Mickey à se mettre sous la dent, et le club doit même passer quelques années en Deuxième division. Mais Alléluia, un miracle se produit en 1988 ! Le dénommé Pierre Fabre, fondateur des Laboratoires du même nom, et employeur de 120% de la population du bassin castrais, décide de racheter le club, pour en faire une machine de guerre. Comme Mourad finalement, en légèrement moins bling-bling. Et les résultats paient immédiatement : remontée dans l’élite en 1989, demi-finale en 1992 et Brennus l’année suivante. Une victoire incroyable sur Grenoble, avec deux pénalités de Labit, un drop de Francis Rui, et un essai totalement incontestable du capitaine All Black Gary Whetton. En tout cas, heureusement que l’arbitrage vidéo n’existait pas à l’époque, les Castrais seraient peut-être redescendus dans le Tarn la queue basse. Encore une finale en 95 – perdue contre ces salauds de voisins Toulousains – et puis plus grand chose. Mais Alléluia bis, Labit décide de revenir au pays avec son ami Travers. Le travail remarquable des deux Lolos (rien à voir avec les amis de Frédéric Michalak), permet au CO d’atteindre les barrages deux années de suite avec le 10 e budget du top 14. Les couleurs Allez, allez, les bleus et blancs du Cas-sse-treees Olympique ! Un bleu quand même plus foncé que nos – autres – amis du Pays Basque. Mais ce ne fut pas toujours le cas ! Les maillots du CO étaient à l’origine gris et noir (en fait j’en sais rien, c’est Wikipédia qui le dit). Heureusement quelques joueurs prirent l’initiative de refourguer ces maillots du plus mauvais goût à de jeunes joueurs, lors d’une tournée en Nouvelle-Zélande. Maillots qui ne furent utilisés par lesdits jeunes gens, qu’à une seule reprise, un soir d’Octobre 2007 à Cardiff. Un bon souvenir Le stade A l’origine Stade Olympique, le stade du CO est rebaptisé Pierre-Antoine, en l’honneur du capitaine Castrais tragiquement disparu, et accessoirement boucher de profession. La Tribune Présidentielle porte, elle, le nom de Francis Rui, autre figure de légende en pays tarnais, lui aussi disparu tragiquement. La relative petite taille du stade (capacité d’accueil de 11,500 spectateurs, en comptant les spectateurs debout le long de la rambarde, qui achètent leurs places tous les week-ends juste dans l’espoir de pouvoir mettre une petite mandale au talonneur adverse pendant une générale), oblige le club à délocaliser certaines rencontres à Toulouse, et plus récemment à Béziers. Une réussite financière incontestable, mais des résultats sportifs mitigés, couplés à un certain mécontentement des supporters les plus fidèles (et surtout sans le permis, comme votre serviteur). Il est des nôtres… L’emblème Plutôt sobre, le logo du CO est constitué d’un C et d’un O bleus imbriqués, sur fond blanc. Un logo sobre qui contraste avec la mascotte, Olympix, sortie de nulle part il y a de cela quelques années, et dont le derrière imposant rappelle celui de Iosefa Tekori à chaque début de saison, après deux mois passés aux Samoa. Sinon un petit Kop tribune nord, Puissance Castres, plutôt enthousiaste, et qui permet au stade de ne pas sonner trop creux les jours de matchs à l’ancienne. Les joueurs-clés Chris “Chuck Norris”Masoe. Tout est dit ou presque. Tout simplement le meilleur numéro 8 du championnat, plaqueur, gratteur, des cannes de centre, une puissance de feu, des passes après contact digne d’un compatriote ex-futur-ex joueur à XV… En plus il à l’air sympa, surtout quand on le croise dans les toilettes de Pierre Antoine, parait-il. A signaler, sa faculté à être partout sur le terrain, et même à se dédoubler. En tout cas c’est ce que pense Fabien Pelous qui, au micro de Canal, l’appelle une fois Chris Masoe, une autre fois Jo Maso. Autres légendes du Club, Romain Teulet et Rodrigo Capo-Ortega, respectivement les pieds et le cœur du CO. Là aussi, les belles années vont se faire rares, mais pour l’instant nos deux tauliers répondent toujours présent. Si vous êtes fan du ténébreux seconde ligne uruguayen, il a répondu pour nous au questionnaire des Bouchers. Un honneur pour nous. Au rayon des joueurs clés, on pourrait citer Iosefa Tekori (vous l’aurez compris, je l’aime bien celui-là). Sans doute le joueur le plus décontracté du Top 14. Malheureusement ça lui arrive d’oublier de se concentrer pendant les matchs, et il a su se distinguer par quelques magnifiques cagades. Par contre, quand il décide de jouer, il peut remonter tout le terrain en percutant la moitié de l’équipe adverse, et en mettant des cad-debs à l’autre moitié, tout ça en tenant le ballon à une main et en faisant le pas de l’oie. Pierre Rabadan s’en souvient…ou pas d’ailleurs. Dans les lignes arrières, on ne peut pas passer à côté de Seremaïa Baï, le régulateur du jeu de trois-quarts du CO. Sans doute le Fidjien le moins fantasque du championnat, mais quelle vista et quelle technique ! Aux ailes, le lutin Marc Andreu, continue à confirmer saison après saison son énorme talent. Sans doute des progrès à faire au niveau du mental et de la zen attitude, surtout quand il croise son grand ami Maxime Médard, qui arrive à le rendre fou à presque chaque match. Enfin un dernier hommage appuyé doit être rendu à Romain Martial. Un ailier puissant recruté l’année dernière à Narbonne, et qui s’était illustré, pour son premier match sous ses nouvelles couleurs contre Toulouse, par des stats de feu : 5 ballons, 4 en-avants. Quelques matchs plus tard, le voilà banquette et même relégué avec les espoirs, avec qui il attaque la nouvelle saison. Même pas inscrit sur la liste des joueurs pouvant disputer la H Cup, il profite de la blessure d’Andreu pour réintégrer le groupe et tout exploser. Deux essais et homme du match contre Northampton, il se permet de rattraper Sivivatu à la course une semaine auparavant, et dépose Rokocoko il y a quelques jours, pour aller aplatir un essai après une conduite de balle de pousse-caillou catalan. Attention à lui tout de même, la famille Rokocoko/Sivivatu risque de mettre un contrat sur sa tête avant les matchs retour. Les recrues Devant, le retour du jeune Marc-Antoine Rallier, très véloce, et l’arrivée de Brice Mach offrent pas mal de solutions et de profils différents au talonnage. Malheureusement, il semblerait que Matthieu Bonello n’ait pas apprécié l’arrivée d’un nouveau concurrent, et l’a clairement fait savoir à Mach, en témoigne cette photo volée au camp d’entraînement du Lévézou. Au poste de pilier, l’ancien Toulonnais Saimone Taumeopeau est à l’infirmerie depuis le début de la saison. Quant à l’excellent Karena Wihongi (qui ne fait pas vraiment rire malgré son prénom), il s’est déjà imposé à droite et a réussi à reléguer Luc Ducalcon sur le banc. Mais les bons coups du recrutement ont surtout été réalisés à la mêlée. En cohérence avec sa politique de recruter des demis de mêlée aux noms rigolos – ou à la con, c’est au choix, le staff a décidé de frapper un grand coup, en recrutant dans le même temps Rory Kockott et Thierry Lacrampe. Imaginez une seconde le duo historique Salviac-Lacroix commentant un match du CO : « La Cabannes est tombée sur le chien », « Ohhh la belle Kockott !! ». Heureusement qu’Heaslip ne joue pas a Castres, sinon on aurait aussi dû se tartiner les blagues de Mathieu Lartot. Pour en revenir à nos moutons, ou plutôt à notre poulet (un bon poulet de grains par ailleurs), Kockott, c’est un demi de mêlée moderne, qui attaque beaucoup la ligne, et est en plus un excellent buteur. Par contre, niveau capillaire, c’est un peu moins moderne, et sa coupe mulet, avec une petite tresse en guise de queue de cheval, nous donne une idée de ce que donnerait un croisement génétique entre Chris Waddle et un danseur de tektonik. Le plus classique Lacrampe est quant à lui un neuf très prometteur, qui pourrait attirer l’œil de PSA d’ici à la prochaine Coupe du monde. On peut prendre les paris si vous voulez. En résumé, les titulaires du poste l’année dernière, Albouy et Sanchou (oui, on peut aussi les considérer comme des noms rigolos), risquent de cirer le banc pendant un moment. En 10, le recrutement s’annonçait bon avec Rémi Talès, mais celui-ci n’a pas forcément convaincu, et a dû faire face à la concurrence de l’éternel prometteur, Pierre Bernard, moins bon défenseur, mais beaucoup plus agile avec ses pieds. Pis, Talès vient de se flinguer les croisés, on ne devrait pas le revoir avant l’année prochaine. Mais bon Chris peut aussi jouer 10 quand il a en a envie. Une première année difficile également pour l’autre Rémi, le jeune Rémi Lamerat, un des grands espoirs Français au centre, dont le retour est quand même espéré avant la fin de la saison. Aux ailes, on retrouve la star de ce recrutement, Max Evans. Un joueur hyper-talentueux, mais qui à force d’avoir côtoyé les frères Lamont en sélection, semble être atteint du syndrome de coffre-à-ballonite. Espérons qu’il se soigne vite, pour lui et surtout pour le jeu de 3/4 du CO. Enfin, dernière recrue, Pierre-Gilles Lakafia, qui, après des vacances d’un an à Toulouse, a choisi de venir relancer sa carrière dans le Tarn. Bon, il est pas mauvais, mais c’est vrai qu’on aurait préféré prendre son frère. Le boucher Avec comme sponsor un groupe cultivant “l’art de la viande”, cette rubrique ne pouvait pas mieux tomber pour le CO. Pourtant, difficile de dégager un boucher parmi ces gentils garçons. Peut-être Kiril Koulemine. Pourquoi lui ? Parce qu’il est Russe, fait 2 mètres et 125 kilos. Un bon gros délit de faciès en fait. Sinon, on pourrait citer ce bon vieux Kockott, qui en plus de jouer comme un avant, s’adonne aux mêmes passions que ces derniers. Adam Thomson confirmera. Notez que ce collabo de Craig Joubert est à l’origine de la sanction de ce geste d’artiste… Le joueur au nom imprononçable Anton Peikrishvili. Heureusement que chaque club à son Géorgien de service, ça permet de remplir cette rubrique. Objectifs Les objectifs du club sont clairs : faire mieux que l’année dernière, autrement dit enfin atteindre les demi-finales. Et plus si affinités. Avec une quatrième place à mi-parcours, la chose se présente assez bien. Scenario idéal Après 5 victoires, 4 matchs nuls et 4 défaites lors de la phase retour, le CO termine 4e de la phase de poule, derrière Toulouse, Clermont, Toulon, et devant le Stade Français et le Racing. Le match de barrages contre le Stade Français s’annonce tendu, et le CO arrache la victoire à la dernière minute, grâce à un essai de Tekori, qui réussit le super combo. A savoir allonger, sur la même action, Rabadan, Roncero, et Contepomi, qui pour sa part, ne s’était pas encore remis d’un terrible tampon de Masoe à la 5e minute de jeu. C’est désormais Clermont qui se dresse sur la route des Castrais. Clermont devant jouer la finale de H Cup une semaine plus tard, Vern Cotter décide d’aligner une équipe mixte. En gros une équipe potentiellement 2e du Top 14. De leur côté, les deux Lolos doivent faire face à une hécatombe dans les lignes arrières, et décident de titulariser pour la première fois la paire de centre Masoe-Tekori. Rory Kockott prend ainsi la place du All Black en numéro 8, et Romain Martial (1,95m pour 105kg) prend place en Deuxième ligne. Un match incroyable, que Vincent Moscato qualifie de “plus beau match de l’histoire”, et qui se termine à 13 contre 12, avec un drop de Masoe sur sa propre ligne des 40, 5 minutes après la fin du temps règlementaire : 9-6. En finale, le CO rencontre l’ennemi juré, le voisin trop puissant et arrogant, le Stade Toulousain. Trop sûrs de leur force, les Toulousains ne rentrent pas bien dans le match, et le talonneur Bonello intercepte une quintuple sautée chistera de McAlister, met les cannes, et sème un deuxième ligne qui était à sa poursuite. Ou peut-être était-ce Yannick Jauzion, peu importe. Après un 0 sur 4 de Mc, le CO mène 13-0 à la pause. Malheureusement, ce même Mc réussit à se remotiver pendant la mi-temps, grâce au punching ball à l’image de Graham Henry, qu’il promène toujours dans son sac. Il attaque la deuxième mi-temps avec un doublé, dont un essai avec sautée et passe après contact, qu’il récupère lui-même.14-13 pour le Stade à la 60e. Heureusement Florian Fritz est là et se rappelle au bon souvenir de Marc Lièvremont, en décrochant une superbe droite sur Chris Masoe. Ce dernier ne bouge pas, et Fritz doit être évacué vers le CHU le plus proche pour une triple fracture du poignet. Ca tombe bien, l’arbitre avait décidé de le libérer de toute obligation rugbystique, en lui adressant un carton rouge. Romain Teulet ne tremble pas, et permet aux siens de repasser en tête à 10 minutes de la fin : 16-14 pour le CO. Un dernier drop de Max Evans, qui n’avait pas touché un ballon du match, et qui avait décidé de dégager Bernard de la zone du 10, vient sceller la victoire castraise. Le CO est champion de France sur le score de 19 à 14, et Andreu peut aller chambrer Médard le cœur léger. Scenario Catastrophe Chris Masoe se blesse lors de la première journée des matchs retours. Le CO ne gagne plus un match, et termine 13e juste devant le BO. Deux clubs, qui d’Olympique, n’ont plus que le nom. Fidel Castro L’impie
Rugby & Strategy : Partie 6 Où l’on constate que Gerhard Vosloo est la quintessence de la combinaison du choc et de la manœuvre, c’est à dire, l’arme absolue… Rugby et stratégie (6) Essai d’élucidation du rugby par la stratégie ou Les penseurs de la guerre au service du noble jeu Tout cela est bien beau, me direz-vous, mais ni Sun Zu, ni Mao n’ont jamais fait un cadrage-débordement. Eh bien si, du moins, les soldats qu’ils ont dirigés ont certainement, et à plusieurs reprises, fixé et débordé leurs adversaires. Car, comme nous le rappelle l’Encyclopédie Universalis : Sur le plan tactique, définissant des techniques de combat, [les doctrines militaires] ont cherché à combiner d’abord choc et mouvement, puis à introduire le feu dans la manœuvre.1 Dans l’armée française, par exemple, la définition de l’attaque est la suivante : Acte essentiel de la manœuvre offensive visant par la combinaison du feu et du mouvement, soit à détruire un ennemi déterminé, soit à le chasser des zones qu’il occupe en lui infligeant le plus de pertes possibles.2 Au-delà de la volonté de faire mal (présente également au rugby notamment dans l’expression « marquer l’adversaire » fréquemment entendue chez les commentateurs sportifs), il faut retenir que l’on peut finalement réduire la tactique et la stratégie à un nombre limité de ce que le stratège Hervé Coutau-Bégarie appelle les « modalités »3, modalités dont les combinaisons et les variations permettent une infinité de modélisations du champ de bataille. Pour le rugby, il paraît pertinent de n’en retenir que deux : le choc et la manœuvre. Le choc (…) résulte d’une application soudaine et massive de violence. (…) A l’échelon tactique (…), il représente, dans le combat classique, le préalable à la percée. Ses effets psychologiques [sont] récurrents. La manœuvre consiste à déplacer et à déployer ses forces pour gagner une position favorable par rapport à l’adversaire. (…) Son succès repose sur le maintien du secret d’une part et sur sa rapidité d’exécution d’autre part.4 Le choc sape, désorganise, provoque l’attrition. La manœuvre, quant à elle, cherche les points faibles, à déborder, à percer, à se mettre dans les conditions favorables pour l’attaque ou la défense. S’agissant du choc, on imagine sans mal qu’il est représenté par la percussion, l’impact physique dans les contacts, mais également par la mêlée et le groupé pénétrant (autrement appelée « cocotte »). En effet, la « cocotte » manœuvre difficilement et lentement, elle est prévisible, mais sa puissance de pénétration dans l’axe est énorme lorsqu’elle est bien conduite et il est rare dans ce cas que l’on parvienne à l’arrêter sans se mettre à la faute, à moins de concentrer des forces très importantes contre elle et de s’affaiblir par ailleurs. Elle n’est pas sans rappeler la tortue romaine. S’agissant de la manœuvre, la définition donnée plus haut ne serait certainement pas éloignée de celle du jeu en mouvement par Pierre Villepreux. Au contraire du choc, on agit alors plus dans l’évitement, dans l’intervalle, avec vitesse et dans le bon tempo. Un modèle du genre est la percée d’Anthony Floch contre Perpignan en finale du championnat de France 2010. Sur l’action en question, on voit bien que le « maintien du secret » sur ce lancement de jeu est garanti par des leurres, et la rapidité d’exécution est obtenue par la passe sautée de Brock James, précise et tendue, tout comme la bonne temporisation d’Aurélien Rougerie et la course dans l’intervalle de l’arrière. Le déséquilibre dans la défense est alors créé et il suffit ensuite d’exploiter à deux reprises les failles consécutives (Floch puis James) pour se retrouver près de l’en-but. Mais, nous l’avons déjà dit, le choc et la manœuvre peuvent se combiner pour augmenter encore leurs effets. A n’en pas douter, le jeu des All-Blacks est à l’heure actuelle celui qui associe avec le plus de régularité ces deux effets. On peut en trouver l’illustration dans l’essai marqué en demi-finale de la dernière coupe du monde par Ma’a Nonu. Ce même Ma’a Nonu est le symbole de cette arme fatale du rugby moderne, lui qui sait pratiquer à la fois un jeu d’évitement, notamment grâce à des appuis et une pointe de vitesse au-dessus de la moyenne (manœuvre), et, lorsqu’il est plaqué, qui non seulement conserve l’avancée sur l’impact grâce à sa puissance physique (choc) mais qui parvient également à faire vivre le jeu en passant après contact à un partenaire lancé dans l’intervalle (choc + manœuvre). La combinaison du choc et de la manœuvre est effectivement une caractéristique moderne. Elle provient de la capacité des avants à participer de plus en plus au jeu, grâce à une faculté à se mouvoir et un bagage technique qui se sont significativement améliorés avec le professionnalisme, et de l’augmentation considérable de la densité physique des arrières. L’écueil de cette évolution est que le jeu devient de plus en plus stéréotypé, puisque les joueurs les plus puissants sont tentés d’aller rechercher l’affrontement direct plutôt que l’intervalle. Comme le disait avec beaucoup de finesse Jean-Pierre Rives dans un quotidien sportif, Au lieu de s’évertuer a courir derrière les attaquants comme nous le faisions, ce sont eux qui maintenant viennent vers nous pour se faire plaquer, c’est quand même moins fatiguant… Souvent les rugbymen oublient-ils l’adage du maréchal de Saxe : Je ne suis cependant point pour les batailles, surtout au commencement d’une guerre, et je suis persuadé qu’un habile général peut la faire toute sa vie sans s’y voir obligé.5 On en revient à la conception confucéenne de l’art de la guerre, incarnée entre beaucoup d’autres par Sun Zu, pour qui l’art de la guerre est fondé sur la duperie.6 Cependant, on sait ce qu’il est advenu des nations qui ont refusé d’entrer dans la modernité où la puissance de feu devenait prépondérante par rapport aux armements traditionnels. La Chine en fit les frais à la fin du XIXème siècle. Aujourd’hui, il serait illusoire de prétendre rivaliser au rugby en basant son jeu uniquement sur le mouvement, la feinte et les grandes envolées… 1 Ibid. 2 http://www.cesat.terre.defense.gouv.fr/IMG/pdf/Extrait_du_TTA_106.pdf, p497. Hervé Coutau-Bégarie, Traité de stratégie, Chapitre V, section IV – 3 http://www.stratisc.org/traite_tdm.htm. 4 Alain Vuitel, La Synthèse Feu, Choc, Manœuvre et Incertitude, MILITARY POWER REVUE der Schweizer Armee – Nr. 1 / 2011. 5 Maurice de Saxe, Mes rêveries, Henri Lavauzelle éditeur, Paris, 1895, pp. 118-119. 6 Sun Zu, L’art de la guerre, Article I, traduction du père Amiot, Les mille et une nuits, 1996.
Le Top Kartorze : bilan à mi-parcours Coucou, tu veux voir ma grosse carapace rouge ? Une contribution signée MLF, 8 ans et demi. Le Top Kartorze Le championnat de France termine la phase des matches allers. Il est donc temps de tirer un bilan de cette première partie de championnat, afin d’analyser les forces en présence, les bonnes surprises, les confirmations ainsi que les désillusions en vue de lancer le sprint final vers le bouclier de Brennus et les places européennes. Pour cela, je vous propose une analyse détaillée de ce qui s’est passé depuis août, en Top Kartorze. Le paddock : Pas de Marion Jollès dans l’équipe de rédaction pour réaliser de belles interviews en direct des stands. Il faudra donc se contenter de ces quelques présentations des principales forces en présence. A noter que certaines écuries n’ont pas présenté officiellement de pilotes comme le Racing et Toulon. Ovalion pour Toulouse : un kart encore un peu plus renforcé. Michelin pour Clermont : LE kart qu’il faudra suivre cette saison. Bikounet pour Montpellier : après une deuxième place l’an dernier, il s’agira de confirmer. L’Indien Geronimo pour Biarritz : enchaîne les pépins. La Princesse pour Paris : plongeon ou résurrection cette année ? L’Aigle pour Agen : une bonne première saison, confirmation attendue. Zouzou pour Brive : un kart qui a faillit sombrer l’an dernier, ce sera dur cette année. Olympix pour Castres : l’éternel outsider Cap de Burro pour Perpignan : Champion il y a 2 ans et pas européen cette année, en pleine transition avec des changements dans son staff Pottoka pour Bayonne : nourrit une grosse ambition, un kart à surveiller de près La Tortue pour l’UBB : de retour dans l’élite, il se battra pour y rester Le Loup pour Lyon : Un petit nouveau qui fait son apparition, ce sera dur pour lui. Toulon : Après une mauvaise année, il a renforcé son kart de fort belle manière. Un outsider sérieux. Racing : il progresse de saisons en saisons. L’année du titre ? La course : Comme chaque année, 14 karts seront au départ de cette édition 2011-2012. Si l’on retrouve sur la grille les habitués tels Ovalion qui court pour l’écurie toulousaine ou l’Indien pensionnaire de la côte basque, c’est également l’occasion de découvrir deux nouveaux : l’écurie de Lyon sera représentée par le Loup alors que les Bèglais alignent, comme à la belle époque, une Tortue. Nous avons assisté à des départs super-rapides cette saison, mais de la part de karts que nous n’attendions pas forcément. En effet, l’Aigle était aux coudes à coudes avec des karts conduits par Ovalion et Racing au bout de quatre tours. Une belle performance en somme en usant de son intelligence pour faire dérailler le Loup et Zouzou grâce à des peaux de bananes. Ovalion, lui, c’est repris après une belle poussette de Pottoka, tout de suite punis par une carapace rouge venue de l’arrière. Une petite longueur devant ce beau trio se trouve Michelin qui s’est servi de sa puissance pour écarter Toulon et jouer avec l’inexpérience de la Tortue et du Loup. Il est solide leader. Un petit embouteillage se crée dans le peloton dans lequel ne figurent, à notre grande surprise, ni Bikounet, ni Geronimo. En effet, le premier, poussé par Racing et Zouzou n’a pas pu éviter la sortie de piste. Un début cauchemardesque pour le récent dauphin. En ce qui concerne le second, il a fait les frais du super départ de l’Aigle combiné à la carapace verte de Toulon et la poussette de Olympix. Ensuite ? Et bien ensuite trois mini pelotons se sont formés à l’orée du 7ème tour. Tout d’abord, un gruppetto composé de six karts. Et dans ces six karts, encore des surprises. Effectivement, nous retrouvons toujours Bikounet, victime d’une carapace verte de la Tortue, qui ferme la marche en compagnie du Loup qui paye au prix fort son inexpérience en perdant de la vitesse dans les tournants. La Tortue et Zouzou font, sans surprises également parties de ce groupe, mais avec les deux représentants de la côte Basque. Pottoka, victime de problèmes techniques, et Geronimo, qui a percuté un faux-cadeau qui trainait là, sont à la traine par rapport à leur ambition de début de saison. Dans le peloton principal, l’Aigle tient toujours le rythme malgré le retour d’Olympix et fait face aux deux karts de la capitale, ainsi que ceux du bord de la Méditerranée. Devant, une échappée de trois karts commence à prendre le large. La lutte est acharnée et Ovalion a littéralement envoyer Michelin mordre la poussière d’une belle carapace rouge pour prendre le leadership suivis de près par Olympix, qui a utilisé son étoile à bon escient pour remonter sur le podium. Puis, pas de grands changements à noter jusqu’à la fin du 9ème tour. Nous retrouvons le même trio de tête, mais dans un ordre différent. La bataille est farouche et Ovalion doit céder la première place après une peau de banane magnifiquement bien lancée de la part d’Olympix. La route est donc bien dégagée à l’avant pour Michelin. Un évènement majeur à noter, la chute de la Princesse, qui est tombée dans une mare après avoir été heurté par une carapace verte perdue, venue de l’arrière. La bonne surprise du début de course est toujours aux avants postes. L’Aigle résiste très bien à la meute lancée à ses trousses. Cependant, il a dû se résoudre à laisser filer Toulon, plus puissant et mieux équipé qui continue sa fantastique remontée en le laissant sur place avec une carapace rouge après avoir fait valdinguer Cap de Burro d’un tir précis à bout pourtant. Ce dernier ne s’en est d’ailleurs pas relevé et a entamé une descente aux enfers au même titre que la Princesse. La Tortue se défend de fort belle manière au milieu de la meute. Geronimo et Bikounet sont toujours en queue de peloton, et ferment la marche en jouant de malchance. Enfin, les quatre derniers tours à boucler pour atteindre la moitié de cette course nous réservent une surprise de taille. En effet, Bikounet, qui avait beaucoup de mal à suivre la cadence en fin de peloton, a récupéré une carapace bleue et un éclair ! Et il ne s’est pas fait prier pour les utiliser. Une remontée fabuleuse qui le place en 8ème position, aux portes des places européennes. Michelin, lui, cède une nouvelle fois la première place à Ovalion suite à la carapace du montpelliérain et finit l’année en seconde position. Ovalion est donc champion d’Automne et sera dur à aller chercher pour le titre. Tout dépendra des joutes européennes (une histoire de doublé impossible tout ça). Toulon, profite lui de la mauvaise passe d’Olympix pour monter sur le podium. Le castrais a littéralement calé en cette fin d’année et a subit les carapaces perdues de la lutte acharnée qui sévit derrière lui. Il est tout de même 4ème. Ensuite, les deux écuries parisiennes se retrouvent aux coudes à coudes après une belle remontée de la Princesse, grâce à une étoile glanée aux meilleurs des moments et qui se classe 5ème. Racing, lui, écarte l’Aigle en jouant à la poussette et le fait déraper pour le doubler et passer en 6ème position pour les fêtes. Malgré ce coup du sort, l’Aigle finit à une très impressionnante 7ème place et sera un candidat sérieux en fin d’année. Derrière lui, la meute est en chasse, avec à sa tête Bikounet. Il emmène dans son sillage Cap de Burro, qui refait enfin surface, Zouzou et Pottoka que l’ont avait un peu perdu de vue au milieu du peloton. Nous en terminons avec le trio de queue, où la Tortue et le Loup se battent bien pour survivre dans l’élite et décrochent même Geronimo, bon dernier qui devrait songer sérieusement à effectuer de grosse retouches sur son kart. Voilà donc le bilan à mi-course, où Ovalion trône en tête devant Michelin et Toulon. L’Aigle est la bonne surprise de cette saison. A confirmer dans le sprint final. Les deux nouveaux se débrouillent bien malgré la pression. Les désillusions sont à mettre à l’actif de Cap de Burro et Pottoka, pour lesquels une nouvelle saison blanche se profile. Enfin, le drame Geronimo, outsider en début d’année avec un très beau kart se retrouve bon dernier, et pourrait quitter l’élite à la fin de la course. MLF, 8 ans et demi, devant sa console généreusement apportée par le Père Noël
Le Lab’Hérault analyse Montpellier – Toulouse (25-45) Merci aux anglais de les avoir foutus en rogne. Suite à notre campagne de recrutement, voici l’une des premières contributions reçues, elle nous vient d’un certain Yannis, alias Fufu Bieragogo, qui était présent vendredi dernier à Yves-Du-Manoir, pour voir Fabien Galthié définitivement tomber en dépression. Il nous raconte son match depuis les tribunes. Si comme notre apprenti boucher, vous désirez suivre votre équipe favorite du Taupe 14, passez par là. Samedi soir, 21h, Stade Yves-Du-Manoir, Montpellier. Le nez coulant, une bière à la main, je lance à mon pote Pilou : « Ce soir, on va se régaler! ». C’est vrai que tous les ingrédients étaient réunis pour un spectacle rugbystique de haute qualité : les deux finalistes de la saison dernière, un enjeu (enfin sauf pour Toulouse, qui doit prendre un télescope pour apercevoir la dernière place qualificative), des grands joueurs de ballon comme Gorgodze, Privat ou Martin… Bref, un beau match à suspense comme on en fait plus qu’en phase finale de H Cup, et encore. Sauf que, non. Autant vous énoncer la règle tout de suite : Montpellier – Ouedraogo = Défaite. Résultat : 45 – 25 pour Toulouse. Même pas marrant. Tellement pas marrant qu’au bout d’une demi-heure, mon copain Pilou pleurait toutes les larmes de son corps et noyait son chagrin dans la bière. Faut dire que pour un supporter montpelliérain, le spectacle proposé se rapprochait plus de Roméo et Juliette que de la Cage aux folles. Quand est venu le temps de l’entracte, le match était déjà plié : Toulouse mène 26 à 6 après deux essais de Médard et Burgess. Et comme Toulouse, c’est pas Northampton, remonter 20 points, c’était Mission Impossible, avec Benoit Paillaugue dans le rôle de Tom Cruise. Direction donc la buvette pour se consoler avec des pintes à 7€ (parce qu’à Montpellier, on paie les cautions pour les gobelets. C’est pour acheter des rasoirs à Jgenti et Privat). Ambiance de cimetière, où les consternés écoutent les râleurs pester contre l’arbitrage, certains affirment même avoir vu M. Garcès descendre du bus des toulousains… Après un passage aux toilettes, une petite bière pour la route, et Pilou et moi regagnons nos places tant bien que mal. Pour être honnête, je ne me souviens de la deuxième mi-temps qu’à moitié. Mais en gros, ça a donné ça : essai du MHR, pénalités de Beauxis, essai du MHR, pénalités de Beauxis. Et ce, jusqu’à ce moment tragique, ce genre de moment qui marque une vie, comme la mort de la mère de Bambi ou une passe de Yannick Jauzion. 71 minutes après le coup d’envoi, la gonfle est portée en terre promise par Louis Picamoles. Le troisième ligne centre, formé au MHR, qui a tenté le rêve américain en partant pour Toulouse, OSE marquer contre l’équipe qui l’a révélé. « Traitre! », « Collabo! » entend-on alors dans les travées de Du-Manoir. Réalisant son énorme erreur, le gros Louis fait grise mine, regagne son camp sans broncher, et prie pour que les supporters le pardonnent, ce que bien entendu, l’on ne fera pas. Imbibé d’alcool, j’assiste à la fin de ce triste match, conclu malgré tout par un essai d’Audrin, juste pour dire qu’on s’est pas pris 30 points, juste 20. Bon, il y a quand même eu quelques trucs intéressants, je vous rassure. En premier lieu, la performance de Lionel Beauxis, le demi d’ouverture au gabarit de talonneur, qui s’est souvenu de l’existence de son pied droit. Bilan : 3 drops, une passe au pied pour Médard qui n’a plus qu’à aplatir, et des pénalités en veux-tu en voilà… Après être venu à bout de 2 litres de bière, j’aurais juré avoir aperçu le fantôme de Damien Traille flotter au-dessus du petit Lionel. Autant vous dire qu’en face, notre pauvre Trinh-Duc n’en menait pas large, et a réalisé qu’il devra s’accrocher s’il veut rester le remplaçant de Parra en équipe de France. Autre fait marquant de la partie, le carton jaune adressé à Vincent Clerc, alias Jean Dridéal, qui n’avait visiblement pas la même interprétation de la philosophie Kantienne que Mamuka Gorgodze. 10 minutes plus tard, Gorgodzilla revient sur la pelouse, et c’est Thibaut Privat, qui, après un magnifique coup de la corde à linge (et par derrière s’il-vous-plait) sur Human, reçoit la précieuse biscotte. La course au carton est lancée entre les deux hommes, qui auront sans nul doute leur place au Hall of Fame de la Boucherie. Enfin, à la 56ème minute, après Clerc, c’est notre bûche de Noël préférée, William Servat, qui gagne un ticket aller-retour pour le frigo, après un coup de poing vengeur sur ce diable de Privat (un hommage à un certain commentateur de talent est dissimulé dans cette phrase, saurez-vous le reconnaître?). Une atmosphère houleuse donc, qui se prolongera dans le bureau du proviseur le 11 janvier prochain pour la bûche et le troll auvergnat. Enfin, parce que chez nous on est pas mauvais perdant, Pilou et moi, dans la queue pour aller pisser, avons malgré tout trouvé quelques motifs de satisfaction. En premier lieu la citation de Servat, juste parce que ça fait ch**r Guy Novès. Également, le retour de Mamuka, le vrai, le belliqueux poète au poing baladeur, qui commençait presque à se faire discret. Mais le point positif du match est sans aucun doute la performance de Rassie Van Vuuren (le premier qui dit « A vos souhaits » a perdu), le talonneur sud-africain au nom de vieux druide scandinave, qui a réussi à être élu Homme du match en ayant joué moins d’une mi-temps, marquant au passage deux essais. Le Montpellier Héros Rugby, (c’est pas moi, c’est les journalistes de L’Equipe) n’est donc pas sorti de l’auberge et devra obligatoirement s’imposer samedi contre les banlieusards du Racing Metro 92 pour espérer recoller aux places qualificatives et échapper à Heinekid Cup et aux voyages en Roumanie ou en Espagne la saison prochaine… BONUS : Les perles des tribunes, entendues au stade « C’est qui ? C’est Servat? Ah non, c’est Beauxis. » Un physionomiste. « Beauxis, rentre le ventre ! Tu vois même pas le ballon! » Un jeune homme inspiré, pendant une pénalité toulousaine. « Picamoles, t’y es un collabo! On va te raser la tête! » Un nostalgique de Vichy. « VINCENT JE T’AIME! » Un admirateur de Jean Dridéal. Un de plus. « Non mais Trinh-Duc il sait pas taper, en finale il l’a pas mis de 50 mètres en face des poteaux… ». Sans doute un homme qui tape bien aux barres.
Rugby & Strategy : partie 5 Dans cette 5ème partie, Vern nous expose les spécificités de l’attaque et de la défense. Je fais une version abrégée pour les piliers : en attaque, mettez des coups de casque dans les rucks. En défense, mettez des coups de casque dans les rucks. Rugby et stratégie (5) Essai d’élucidation du rugby par la stratégie ou Les penseurs de la guerre au service du noble jeu Où attaquer et défendre deviennent des questionnements métaphysiques… Mao nous a aiguillés vers une nouvelle thématique, qui, si elle paraît évidente, n’en est pas moins essentielle et il convient à ce titre de la développer : un match est une combinaison incessante et indissociable d’attaques et de défensives. Sur ce sujet, Napoléon Bonaparte complète et synthétise la vision de Mao : Tout l’art de la guerre consiste dans une défensive bien raisonnée, extrêmement circonspecte, et dans une offensive audacieuse et rapide. 1 Nous pourrions nous contenter de cette formule qui résume génialement à elle seule ce qu’il convient de faire ! Toutefois, on est en droit de se poser la question, au rugby comme à la guerre, de savoir qui l’emporte sur l’autre : la défensive ou l’offensive ? Car, à la guerre comme au rugby, il existe des périodes où l’attaque semble l’emporter sur la défense et inversement. S’il convient donc de ne pas tomber dans le piège de proclamer la supériorité de l’un sur l’autre, interrogeons-nous tout de même sur leurs avantages et inconvénients respectifs. Clausewitz, estime que « la forme défensive de guerre est en soi plus forte que l’offensive »2. Cependant, cette assertion repose en grande partie sur la possibilité pour le défenseur, à la guerre, d’établir des positions fortifiées sur un terrain qu’il aura choisi. Elle mérite donc d’être nuancée s’agissant de son application au rugby, d’autant que, à la guerre, le combat s’arrête après abandon de l’une des parties, alors qu’au rugby, l’arbitre peut mettre fin au siège en sifflant une faute ou en renvoyant les équipes aux vestiaires, et qu’à ce titre, la défensive ne subit pas la même attrition. Quoi qu’il en soit, et c’est particulièrement vrai dans le rugby moderne où les systèmes défensifs sont très organisés, et de ce fait plus difficiles à surprendre, il devient plus aisé de défendre que d’attaquer. Mais, et ce bon vieux Carl le reconnaît, la défensive engendre une usure qui épuise « les avantages naturels de la défense » 3 . Au rugby, il est bien connu qu’une défense acharnée est plus coûteuse physiquement que l’attaque. De plus, la possession du ballon, l’initiative offrent à l’attaquant la possibilité d’imposer son tempo, de choisir le moment de l’attaque et de prendre l’ascendant psychologique sur le défenseur qui ne joue plus. Mais là encore, il faut préciser deux points : Le premier est que des méthodes offensives peuvent être employées dans la défensive et inversement : au rugby, on évoque bien sûr le cas du plaquage offensif et du « contest » qui permet non seulement de faire reculer l’adversaire, mais aussi de récupérer le ballon par arrachement ou en amenant l’adversaire à la faute. Réciproquement, on peut être appelé, en phase offensive, en étant temporairement refoulé, à adopter un comportement plus défensif de protection du ballon dans un ruck, suivi d’un coup de pied de déplacement du jeu (voire en touche) qui rend le ballon à l’adversaire. Il existe donc un point d’équilibre instable pendant lequel l’attaquant, ayant épuisé ses solutions, doit choisir de passer en position défensive. Le second est que la défensive est souvent l’état de l’équipe qui mène : n’étant plus obligée de « faire le jeu », elle peut se contenter de gérer son avance et contenir les avancées adverses par une défense contrôlée, et, éventuellement exploiter des contre-attaques. On pourrait alors parler « d’attente stratégique ». 1 Napoléon Bonaparte, lettre du 28 juillet 1806 à son frère Joseph, Roi de Naples, Correspondance militaire de Napoléon Ier, Extraite de la correspondance générale et publiée par ordre du ministère de la guerre, Tome quatrième, Paris, 1876, n°768. 2 Carl von Clausewitz, Ibid. p 400. 3 Carl von Clausewitz, Théorie du combat, p 50, n°188a.
La Boucherie recrute des rédacteurs Ne décevez pas Piri. Comme vous avez pu le constater ces dernières semaines, l’Equipe de la Boucherie a eu du mal à assurer les derniers numéros du « Top du Taupe 14 » et de « Mise en Bière ». D’abord car nous sommes d’incorrigibles fainéants, mais aussi parce qu’aussi incroyable que cela puisse paraître, nous avons une vie sociale et que nous n’avons pas toujours le temps de voir tous les matchs. Nous en appelons donc à votre générosité pour nous rejoindre. Votre mission si vous l’acceptez sera de : Faire un court mais complet résumé d’un ou plusieurs matchs de Top 14 /H-Cup, comme dans cet article, par exemple. Le but est de narrer la trame du match de manière originale et décalée. Pas besoin de sortir une vanne par ligne non plus, mais nous tenons à garder un style et un ton différent de ce qu’on voit ailleurs. Deux exigences : avoir regardé, au moins en partie, le match en question, histoire de savoir de quoi vous parlez. Ensuite, si vous vous engagez à nous filer un coup de main, c’est évidemment mieux si vous le faîtes de manière régulière… Si vous avez accès à la technologie du futur des internets, vous pouvez nous aider à collecter quelques vidéos pour les rubriques « Essai de la semaine, fail de la semaine, boucher de la semaine… » etc . Si vous ne savez pas où vous fournir, nous avons quelques bonnes adresses. Le but sera ensuite de découper et d’uploader les vidéos sur le compte Youtube de la Boucherie, celui-là même qui est régulièrement spammé par une bande d’analphabètes notoires – la classe quoi. Concernant la rémunération, vous vous doutez bien que vous pouvez aller vous faire foutre, puisque nous sommes complètement fauchés. Vous aurez néanmoins pour vous le sentiment gratifiant d’appartenir à l’élite humoristique du rugby français. Si vous passez sur notre forum, vous aurez également accès à notre atelier secret où vous aurez l’occasion de lire en avant-première tous les articles à paraître – et même de corriger les fautes d’orthographe du Stagiaire si vous en avez envie. Enfin, si vous passez dans le coin, on vous payera une, voire plusieurs bières et vous pourrez vous prendre en photo avec Ovale Masqué. Autre projet : Vous êtes supporter d’un club du Top 14, de ProD2, Premiership ou même Super 15 ? Vous avez la possibilité de regarder votre équipe chaque semaine ? Nous sommes également intéressés par des comptes rendus réguliers de matchs, grand format cette fois, comme cela est régulièrement fait par Pierre Villegueux ou le Stagiaire. Ce sera l’occasion pour vous de distribuer les bons et les mauvais points à vos chouchous et autres pestiférés, comme un vrai journaliste du Midol. Pour que l’exercice ait un intérêt, là aussi un minimum de régularité et de suivi est important. Le but serait d’avoir un chroniqueur attitré pour chaque club, un peu comme cela peut se voir chez nos confrères pousse-citrouilles d’Horsjeu.net et leurs désormais célèbres académies. On fait d’ailleurs la bise à Claude Pèze et Guy Moux, que l’on sait également amateurs de ballon bizarre. Si vous êtes intéressés, envoyez nous un mail à contributions@boucherie-ovalie.com en nous livrant un échantillon de votre prose. Vos candidatures seront étudiées dès qu’on sera un minimum sobres.
Rugby & Strategy : partie 4 Dans cette quatrième partie, Vern va utiliser les textes d’un chef spirituel des Rouges. Non, je ne parle pas de Ronan O’Gara. Rugby et stratégie (4) Essai d’élucidation du rugby par la stratégie ou Les penseurs de la guerre au service du noble jeu Les improvisations géniales sur le champ de bataille ne sont que le résultat des méditations antérieures. Maréchal Foch, conférence à l’École navale – août 1920. Mes meilleures improvisations, ce sont celles que j’ai préparées le plus longtemps. Attribué à Winston Churchill Où l’on se rend compte que Mao aurait mieux fait de s’intéresser au rugby plutôt que de faire la Révolution culturelle… A travers l’exemple précédent, nous abordons une notion nouvelle qui est celle du choix, notion qui est consubstantielle de celle du moment. Mao, stratège méconnu, écrivait : [Il faut] attendre l’occasion. Celle-ci se présentera toujours.1 En cela, il s’inscrit dans la grande tradition stratégique et philosophique chinoise, qui consiste à n’intervenir qu’à l’instant opportun de manière à ce que les événements se déroulent naturellement, presque sans effort. Le Prince de Ligne confirme cette idée explicitement : Le moment est le Dieu de la guerre. C’est lui qui y décide de tout.2 Ce qui fait les grands joueurs et les grandes équipes, c’est incontestablement, au-delà de leurs qualités intrinsèques, leur capacité à « jouer juste », c’est à dire effectuer le bon geste au bon moment, mais aussi à exploiter l’opportunité lorsqu’elle se présente. L’exemple de l’essai de Philippe Saint-André contre l’Angleterre pendant le Tournoi des Cinq Nations 1991, essai de génie(s) initié par Serge Blanco depuis ses vingt-deux mètres et incroyablement construit par le virtuose Didier Cambérabéro, est édifiant à ce titre. Combien auraient choisi cette option de jeu ? C’est là toute la classe et la « vista » de ces joueurs qui ont compris, peut être intuitivement d’ailleurs, que l’occasion se présentait et qu’il était urgent, par tous les moyens et une audace incroyable, de la saisir… On en arrive logiquement à la question de la gestion des temps forts et des temps faibles, problème qui se pose invariablement à chaque équipe lorsque les débats sont équilibrés. On appelle temps fort un moment de domination, qui doit normalement se concrétiser par une marque. A l’inverse, le temps faible est le moment où l’équipe subit le jeu mais dont l’habileté est reconnue par sa capacité à peu ou ne pas encaisser de points à cet instant. Une fois de plus, tournons-nous vers Mao : Il est clair que nous devons apporter une réponse juste aux questions de principe suivantes : déterminer correctement notre orientation stratégique, lutter contre l’aventurisme dans l’offensive, contre le conservatisme dans la défensive, contre l’esprit des paniquards pendant les déplacements.3 Cette phrase pourrait servir d’exergue à un petit manuel du Top 14, où la stratégie prend souvent le pas sur le jeu. Mais tout est dit et pourrait être traduit en langage ovale de la manière suivante : choisir un « game plan » pertinent, ne pas systématiquement relancer de sa moitié de terrain, savoir prendre des risques mesurés en défense, bien gérer les fins de matches accrochés à l’extérieur. Mao n’en oublie pas pour autant d’évoquer la contre-offensive, c’est à dire, au rugby, la contre-attaque née du « turn-over ». Gagner la première bataille, l’envisager dans le cadre du plan d’ensemble, envisager la phase stratégique suivante, tels sont les trois principes que nous ne devons jamais oublier lorsque nous commençons une contre-offensive.4 Transposons cette assertion au rugby : récupération de la balle, évaluation de la situation d’ensemble et du risque représenté par une contre-attaque par rapport au gain escompté à ce moment-là de la partie, analyse de la disposition des joueurs amis et adverses sur le terrain, et, le cas échéant, initiation de la contre-attaque. Naturellement, cette évaluation de la situation et le choix de conduire la contre-attaque résulte de la décision des leaders de jeu (demi de mêlée ou ouvreur par exemple), mais aussi de la compréhension immédiate et implicite par les coéquipiers de l’initiative de leurs partenaires et d’une vision partagée du jeu. Cette cohésion est obtenue grâce à l’entraînement commun, l’expérience collective, mais aussi et bien sûr par l’appropriation d’une stratégie proposée ou imposée par l’entraîneur. La stratégie en question est pour ainsi dire « identitaire » : elle correspond à un club, une nation, un entraîneur ou à une conception du rugby, mais aussi aux « moyens » humains et matériels qui sont à disposition du stratège. Ne pratique pas le jeu des All Blacks qui veut : il faut une vraie tradition, une volonté soutenue sur la longue durée de sélectionner et former un certain type de joueurs dans un certain schéma, pour ne serait-ce qu’avoir l’opportunité de bâtir ce jeu au plus haut niveau. Il arrive aussi, en fonction de l’évolution des règles, des techniques ou des modes, qu’une « école » de rugby prenne le pas sur les autres et impose au monde ses canons. Ainsi a-t-on entendu certains techniciens opposer les rugby vainqueurs en 2007 et en 2011. Le premier, incarné par les Boks, est jugé restrictif et peu créatif car fondé sur la puissance physique et la conquête. Le second, incarné par les Blacks et tirant parti de nouvelles règles sensées privilégier l’attaquant, est jugé plus offensif et spectaculaire. D’une certaine manière, on pourrait trouver une analogie de cette opposition dans la controverse qui a impliqué les tenants de la défensive statique contre les partisans de la guerre de mouvement pendant l’entre deux guerres. En Europe, il semble que deux écoles dominent : la « Britannique » privilégie un jeu direct, dit « stéréotypé », en application d’un « game plan » bien rôdé et simple à mettre en œuvre (ce qui ne signifie pas qu’il est simpliste et ne demande pas une grande technicité). L’école « française », dite du « french flair », et sa cousine hybride « toulousaine », est certainement à rapprocher de l’Auftragtaktik inventée par les Allemands entre les deux guerres mondiales. Elle laisse aux échelons subordonnés, les joueurs, une plus grande part d’initiative. En deux mots, l’objectif prime la façon d’y arriver et le joueur est éventuellement autorisé à déroger au « game plan » s’il estime que sa prise d’initiative peut être efficace (ce qui ne signifie donc pas que l’on n’a pas de stratégie préétablie ou que l’on passe son temps à faire des chisteras : le joueur est, de ce fait, plus responsabilisé dans sa prise de risque). 1 Mao Zedong, Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine, Chapitre 3, Section 5, Le début de la contre offensive, 1936. 2 Prince de Ligne, Préjugés et fantaisies militaires, Sur l’infanterie, Des Légions, 1780. 3 Mao Zedong, Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine, Chapitre 3, Section 3, De ces particularités découlent notre stratégie et notre tactique, 1936. 4 Mao Zedong, Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine, Chapitre 3, Section 5, Le début de la contre offensive, 1936.
Rugby & Strategy : Partie 3 Les parties 1 et 2 sont recommandées pour la lecture de cet article. A l’instar d’un grand penseur contemporain, Vern va nous expliquer qu’il aime quand un plan se déroule sans accroc, mais que ça n’arrive jamais. Rugby et stratégie (3) Essai d’élucidation du rugby par la stratégie ou Les penseurs de la guerre au service du noble jeu Les improvisations géniales sur le champ de bataille ne sont que le résultat des méditations antérieures. Maréchal Foch, conférence à l’École navale – août 1920. Mes meilleures improvisations, ce sont celles que j’ai préparées le plus longtemps. Attribué à Winston Churchill Où l’on appréhende les difficultés pour passer du tableau noir au pré boueux et où l’on apprend que les frictions, ce n’est pas uniquement au Synthol… Tout ce dont il a été question précédemment est éminemment théorique. Car stratégie et tactique sont remises en cause pendant la partie, et, comme le dit le vieil adage guerrier : Les meilleurs plans ne résistent pas au premier coup de fusil. Il existe en effet une grande quantité de données, de variables, de paramètres à combiner, qui influent sur le jeu et que l’on pourrait décliner presque à l’infini et de manière évolutive sur les 80 minutes de temps réglementaire. Citons en particulier, et de manière non exhaustive : l’adversaire, qui a pris l’habitude de ne jamais réagir comme on s’y attend et qui prend un malin plaisir à contrecarrer toutes nos initiatives, la capacité de chaque équipe à s’en tenir à son « game plan » et à répondre à ses exigences (dans le cas de notre demi-finale pluvieuse, technique individuelle au pied, organisation collective et puissance dans les « rucks » et au contact, supériorité dans les phases de conquête et dans les airs), la capacité de chaque équipe à exécuter des variations autour de la stratégie et la tactique (ce que Pierre Villepreux appellerait « intelligence situationnelle »), à s’adapter à l’arbitrage et aux forces et faiblesses de l’adversaire (aussi bien du point de vue de ses individualités que de son collectif), le tout en fonction du déroulement (du scénario) du match… les modifications de l’état psychologique et physique de chaque joueur, les changements de conditions climatiques, l’arbitrage, les blessures, le coaching, la pression du public et des médias, l’enjeu de la rencontre, le hasard (ou la chance…, ce que l’on nomme habituellement « les caprices du ballon ovale », si chers à Fabien Galthié), Or nous constatons que les paramètres dont il vient d’être question peuvent être scindés en deux catégories : celle sur laquelle le joueur peut influer, celle qui est donnée comme un invariant (ne seraient-ce, par exemple, que la taille du terrain ou la durée de la partie). Nous sommes bien dans un système imprévisible, en équilibre instable, où le déterminisme des conditions initiales le dispute à la volonté de l’homme, qui cherche à influer sur le cours des choses. De la même manière qu’il serait faux d’attribuer le mérite d’un triomphe à un seul joueur ou à un entraîneur génial, l’histoire nous a appris qu’il fallait se méfier des victoires dont le seul mérite reviendrait à un général ou à un as. Mais, en contrepartie, il est excessif de sous-estimer la part de l’entraîneur ou du joueur stratèges dans une victoire au profit d’un système de jeu, des conditions extérieures à la rencontre ou de la supériorité physique. Ainsi, si nous retraçons l’épopée du XV de France au cours de la dernière coupe du monde, nous mettons en défaut la maxime déterministe, souvent vérifiée, de Montesquieu : Il y avait une cause générale qui faisait que cet État devait périr par une seule bataille. 1 Ainsi, selon les observateurs et les échos qui provenaient de l’intérieur, il semblait que le XV de France était extrêmement fragilisé, à la fois par son jeu et ses résultats en demi-teinte voire catastrophiques (défaite contre les Tonga), mais également par son management interne. Or, ce qui promettait d’être un échec cuisant après l’humiliation tongienne, devint une quasi-victoire car les joueurs, à la manière des grands personnages de l’histoire, ont trouvé en eux les ressources pour inverser un destin qui semblait tragique. Cette « glorieuse incertitude » provient d’un constat simple : ce qui est évident, facile, imparable sur le tableau noir en causerie d’avant-match devient immédiatement plus complexe à réaliser sur le terrain dans les conditions réelles. C’est ce que Carl von Clausewitz nous décrit admirablement comme les « frictions » : Dans la guerre tout est très simple, mais la chose la plus simple est difficile. Les difficultés s’accumulent et entraînent une friction que personne ne se représente correctement s’il n’a pas vu la guerre… C’est ainsi qu’en guerre tout baisse de niveau par suite d’innombrables contingences secondaires qui ne peuvent jamais être examinées d’assez près sur le papier, de sorte que l’on reste loin en deçà du but… La machine militaire, c’est-à-dire l’armée et tout ce qui en fait partie, est au fond très simple et paraît par conséquent facile à manier. Mais il faut se rappeler qu’aucune de ses parties n’est faite d’une seule pièce, que tout s’y compose d’individus (…) dont le plus insignifiant est capable, parce que le hasard s’en mêle, de provoquer un arrêt ou une irrégularité… Ce frottement excessif, que l’on ne peut, comme en mécanique, concentrer sur quelques points, se trouve donc partout en contact avec le hasard ; il engendre alors des phénomènes imprévisibles, justement parce qu’ils appartiennent en grande partie au hasard.2 En rugby, pourrait-on dire, tout est simple. Les déclarations d’avant-match des joueurs ne laissent en général pas de doute quant à la préparation dont ils bénéficient et la motivation dont ils font preuve. Pourtant, combien de défaites pour autant de victoires annoncées à l’avance, selon la foi du déséquilibre des forces en présence « sur le papier » ? Et combien de plans de jeu qui se sont effrités, une fois confrontés au révélateur de la réalité ? Les frictions peuvent d’ailleurs être d’ordre « politique » et pas simplement « tactiques » : les tensions, le ressentiment, les jalousies sont le lot commun des groupes humains, des équipes de rugby, de leurs staffs ou de leurs fédérations en particulier. L’exemple de l’Angleterre au cours de la dernière coupe du Monde est très représentatif de ces frottements qui peuvent entraîner des effets extrêmement néfastes sur le rendement d’une équipe. Aux frottements, Clausewitz ajoute une difficulté supplémentaire, qu’il nomme magnifiquement le « brouillard de la guerre », devenu aujourd’hui un truisme pour évoquer la difficulté de prendre des décisions dans le fracas et la cohue du champ de bataille et le désordre des entreprises humaines en général. Et le « brouillard » du combattant existe naturellement au rugby. Imaginons un instant être au cœur d’un regroupement, à la soixantième minute d’un match de coupe d’Europe, dans la peau d’un troisième ligne aile. Voila une heure que l’on court, plaque, est plaqué, pousse en mêlée, saute en touche, prend part aux « rucks » en déblayant, ou en étant déblayé, inexorablement exposé aux chocs, aux contacts, parfois aux coups. Et voici qu’après nous être relevé pour la trentième fois et avoir repris la position d’attaque, le ballon nous échoit. Nous n’avons que quelques dixièmes de seconde pour choisir une option, car le deuxième ligne adverse monte rapidement et vous ne vous sentez pas de le prendre en un contre un. Dans le brouhaha du stade, vous percevez l’appel d’un coéquipier, mais que vous ne parvenez pas à situer distinctement. Vu des tribunes, il y a un quatre contre deux évident à jouer dans le fermé, mais vous préférez repiquer au centre car vous n’avez plus la lucidité nécessaire pour profiter du surnombre, et vous faites avorter une action qui eût pu être décisive… 1 Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, Chapitre XVIII, Nouvelles maximes prises par les Romains, 1734. 2 Carl von Clausewitz, De la Guerre, textes traduits par Denise Naville et présentés par Pierre Naville, Paris, Minuit, coll.« Arguments », Editions de Minuit, 1955, p109 – 111.
Les marchés de Provence Aujourd’hui Daniele Rairault, en direct de la Rade, nous parle du marché de Noël chez les bédéistes. Les marchés (des transferts) de Provence [titre pathétique qu’un stagiaire à Var Martin n’aurait pas renié] Bon, apparemment le marché des transferts a déjà commencé par chez nous. Enfin, peut-être qu’il n’est pas encore fini. J’ai du mal à suivre pour être honnête. Contre Castres, j’avais l’impression que nous venions de commencer une nouvelle saison. Deux petits nouveaux découvraient le Top14 et le glamour des déplacements dans le Tarn. Palisson a aussi connu sa première titularisation pour un match qui compte, pas en coupe Mickey. Justement cette coupe Heinekid, comme la Boucherie l’a renommée dans un jeu de mot bilingue des plus fins, a consacré le passage éclair d’un joueur qui restera dans les annales du club. Alafoti Faosiliva a connu l’honneur du maillot frappé du muguet pour trois matchs, jusqu’à aujourd’hui. On a d’abord envisagé de ‘prêter’ notre nouveau joujou aux voisins aixois, mais finalement Faosiliva devrait rentrer chez lui. Faosiliva, grand joueur de 7 apparemment, aura été victime de la concurrence impitoyable qui sévit sur le marché des transferts, laissant finalement sa place dans le groupe du RC Toulon à Simon Shaw, plus vieux, mais plus connu et plus anglais (mais ça n’a rien à voir avec la choucroute). Comme quoi, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Hum. Faosiliva, un petit tour et puis s’en va : http://www.blog-rct.com/?p=41517 ! Notre ami samoan a fait l’objet d’éloges assez comiques de la part de Bernie après son premier match : « c’est un joueur sur lequel on compte […] il a quand même une difficulté, c’est la langue ». Entendre ça à Toulon, véritable tour de Babel cosmopolite, métèque et mondialisée, ça fait bizarre. Il s’avère finalement que « son problème à lui, c’est qu’il parle pas l’anglais, il parle pas le français ». Nous noterons ici que Bernard Laporte est également encore perfectible dans la deuxième langue citée. D’accord, c’est méchant, c’est de la langue orale et on va surement trouver des fautes dans ce texte et me dire que moi aussi ; ça me fait pourtant tellement plaisir que je garde cette parenthèse. Le décalage entre le rugby mondialisé et ce joueur, vulnérable petite chose ne parlant que le samoan (je suppose, je n’en sais rien en fait, il parle peut-être 25 différents dialectes des îles pacifiques, mais tout le monde s’en fout) est frappant. Mais bon, je ne suis ni Arnaud Montebourg, ni Raphaël Poulain donc je ne vais pas m’apitoyer plus longtemps sur le sort du camarade Faosiliva. Il va rentrer chez lui et aura simplement été payé deux mois. Trois matchs en deux mois, ce n’est pas l’usine non plus. Il faut croire que Shaw fera vendre plus de maillots, comme si on avait besoin de ça. Un autre joueur au parcours intéressant au sein de notre club, c’est Willie ‘Casper’ Mason. Joue les matchs amicaux, puis disparait. Revient à Montpellier, où son association avec Dédé Pretorius a fait mal… aux supporters toulonnais, et redisparait. D’après le coach, il ne devrait plus jouer. Peut-être libéré, peut-être pas. À Toulon, on appelle ça un gros transfert. Enfin, comment ne pas avoir une pensée émue pour Rory Lamont, l’homme qui court droit. Un peu en manque de temps de jeu, un peu de mal du pays, Rory s’en va retrouver le brouillard, le vieux whisky et les rouquines pas farouches. Il ne se réintégrait apparemment pas dans le groupe, ce qui est compréhensible puisque l’équipe n’a plus grand-chose à voir avec celle de l’an dernier, même le coach a changé. Il n’avait plus ses copaings pécaïre, comme aurait dit ma grand-mère. Il y aura certainement un peu moins de supportrices à Mayol aux prochains matchs. Sans rancune. Sinon, c’est assez sympa d’avoir de nouveaux joueurs chaque semaine. Remarquez que Perpignan et Bayonne ont aussi changé d’entraineurs, mais eux ils sont dans la merde ; nous, on continue à tout changer quand ça va. Pas vraiment efficace en théorie, mais bonnard. Ce turnover incessant a plutôt pas mal marché à Castres. Par contre, Toulouse nous a rappelé que quand les joueurs jouent ensemble depuis plus de trois matchs ça aide. Même Jauzion, malgré la caravane 14 pièces avec piscine sur le toit qu’il remorque, a été bon. On verra bien ce que ça donne en fin de saison. Enfin, je dis ça, mais je ne suis pas sûr de regarder la fin de saison. L’an prochain, nous aurons le plaisir de supporter Delon Armitage, William Servat et Fabien Barcella. Inch’Allah. Alors bon, je me languis. Il faut me comprendre. Voir tous les week-ends Genevois enchaîner les lancers de pizzas, c’est un peu chiant. Pourtant, il joue de plus en plus régulièrement. Il doit avoir des supers pouvoirs qu’il ne sait pas encore utiliser, je suppose. J’en connais deux qui doivent penser à une réorientation de carrière. Gunther, Fashion Icon Les ‘minots’ (j’utilise ici le vocabulaire journalistique pour désigner les joueurs formés au club) qui jouaient avec Saint-André ne jouent plus avec Laporte. À l’image d’Orioli et d’Ivaldi, Magnaval fait encore un peu de coupe Heinekid, remarquez, à son âge, c’est normal. Par contre, Pierrick ‘Conan’ Gunther, tout droit sorti d’une des BD de notre cher président, semble, lui, faire son trou. En même temps, avec le look de psychopathe qu’il a, je n’aimerais pas lui annoncer qu’il ne joue pas. Enfin un joueur charismatique ! Le grand jeu des jokers coupe du monde étant terminé, on devrait avoir un peu plus de stabilité. De toute façon la plupart des supporters sont trop saouls pour reconnaitre les joueurs. Et vivement la saison prochaine que l’on récupère les quelques Biarrots encore récupérables (oui, je sous-entends que Biarritz sera en proD2. Oui, c’est méchant et gratuit). En tout cas, peu d’équipes ont utilisé autant de joueurs que le RC Toulon. Encore un domaine où on est les plus forts ! P.S. : Certains joueurs laissent, tout de même, un héritage au club. L’auteur-compositeur du pilou-pilou, qui hante encore les têtes de centaines de malheureux passés par Toulon, nous a quittés récemment. Marcel Brodrero était une rock star mais également un très bon ailier, parait-il. Une pensée émue, sans connerie pour une fois. Allez, Pilou-pilou à vous!