Le Rade’Labo analyse RCT-Bayonne

Dans son cachot, Edmond Dantès prépare sa vengeance.

Le contexte

Retour aux affaires courantes du Top14 pour ces deux équipes qui ont broyé de l’Italien la semaine dernière mais qui présentent cependant des parcours diamétralement opposés cette saison. Si les Varois sont plus que jamais en course pour les barrages et qualifiés pour les quarts de l’Heinekid Cup, il ne reste à leurs homologues basques plus que le maintien à jouer lors de cette deuxième partie de saison. Toulon reçoit donc une équipe de Bayonne bien mal en point, relégable et qui change ses entraineurs aussi souvent que Jacques Delmas change de club.

Ce match sera l’occasion de revoir le décoiffé Yoann Huget de retour de suspension et dont le niveau capillaire ne s’arrange pas (un match dans la mèche avec Lapeyre à prévoir). On se souvient que l’année passée il avait été le grand artisan de la victoire de l’Aviron à Mayol en ouverture de championnat. Un doublé qui l’avait révélé aux yeux du monde de l’Ovalie et des contrôleurs anti-dopage. L’Aviron pourra également compter sur sa nouvelle recrue Mourad Boudjellal. La Ligue vient d’officialiser la nouvelle et celui-ci sera en effet bâillonné pour les 130 prochains jours. Il faut bien le dire, en ce moment, la vie sexuelle du président Boudjellal et sa relation tumultueuse avec le président de la Ligue sont au centre de toutes les conversations sur la Rade et omniprésentes dans les médias. On en oublierait presque qu’il y a aussi du rugby à Toulon et la réception de Bayonne va donc permettre de ne pas parler de cul pendant une heure ou deux.
C’est Pilou qui va faire la gueule.

Le film du match

Les joueurs entrent sous le regard du président Boudjellal, quillé sur le tunnel des vestiaires. On n’en est plus à un pied de nez près. Le public gronde, les gobelets de bière sont pleins et quelques quolibets flottent déjà dans l’air du stade ; attention match sous tension!

Début de rencontre plein de finesse et de raffinement avec une série de plaquages hauts, de torgnoles, et amabilités en tous genres. Mais aussi des en-avants (8), des pénalités (9) à gogo côté bayonnais ; des lancements de jeu contrariés côté toulonnais avec 2 touches et 3 mêlées perdues en bonne position. Heureusement Wilkinson gère bien le jeu au pied, Boyet un peu moins et on arrive rapidement à 12 à 3 pour Toulon. Les Bayonnais dominent en mêlée fermée, les Toulonnais quant à eux sont plus réalistes et possèdent une meilleure maîtrise du ballon.

La 27ème minute voit enfin les deux équipes exprimer leur frustration à travers une belle générale.
Au départ, simple montée de sève entre Bastareaud et Boutaty, les deux hommes sont rapidement rejoints par leurs partenaires, chacun étant désireux de coller une mornifle à l’autre. C’est autour de cet amas de tissu et de chair qu’une bizarrerie va se produire. Huget, sûrement frustré de voir une coupe de cheveux aussi ridicule que la sienne, tente de mettre un coup de casque à Lapeyre. La feinte étant telle que ce dernier en oublie même de se jeter au sol. L’intention valant action et l’occasion faisant le larron, il est sanctionné d’un carton rouge par M. Clouté qui crucifie en une action l’Aviron au pilori de l’exclusion définitive (Jesus likes this). Sur la même action, Mathieu Bastareaud prendra, lui, un carton jaune mais pour un coup de poing bien réel sur Boutaty. Qui a dit que les arbitres n’étaient pas au niveau ?

Les Basques ont donc joué les 45 dernières minutes du match à 14 contre 15. C’est beaucoup certes, mais pas autant que les 70 minutes d’infériorité numérique des Toulonnais à Jean Dauger la saison passée suite au carton rouge de Jocelino Suta. C’est pour cette raison que l’exclusion de l’ailier bayonnais ne nous émeut pas du tout et je dirai même plus : on s’en fout complètement. La mi-temps est donc sifflée sur le score de 15 à 3 en faveur des hommes du président Boudjellal qui s’apprête à voir une orgie offensive en deuxième période.

Dix minutes pour se mettre en route puis la machine à dérouler. Le banc a fait la différence (Botha, Hayman, Orioli, Messina), bien aidé par la fatigue des visiteurs et l’aile déserte de Yoann Huget. Les festivités ont commencé par un essai de Steffon Armitage sur une cocotte rondement mené à 5 mètres de l’en but. Les Bayonnais répondirent par un essai de Benjamin Boyet, qui profite de la glissade de Jonny Wilkinson sur le repli extérieur. On est à l’heure de jeu, le score est plus ou moins acquis pour le RCT (22-10) mais il manque encore trois essais pour le bonus offensif. C’est Sébastien Tillous-Borde qui trouvera la solution avec deux essais copiés-collés : le premier pour Messina, le second pour Armitage grâce à des passes sautées directement sur les extérieurs. Rooney ira de son essai grâce à une belle série de passes des arrières et enfin Palisson marquera un essai de polisson (ou de cocu c’est selon) en brûlant la priorité à Heymans et Mazars dans les dernières minutes du match.

Score final 50 à 10, Mayol fait voler les journaux, les culottes et les godets vides. On est bien content d’avoir passé 50 pions à une équipe qui aura joué en infériorité numérique pendant un peu plus d’une mi-temps. Les Toulonnais s’envolent ainsi vers les barrages tandis que les Bayonnais, pourtant valeureux dans l’attitude et le combat, rentrent sur les bords de l’Adour et de la Nive sur un score fleuve.

Les joueurs

Toulon :

Première ligne : en souffrance en mêlée, pas mal en touche, ce qui est à peu près le contraire du reste de la saison. Lewis-Roberts, Bruno et Kubri ne furent pas très présents dans le jeu. La performance la plus notable fut celle du Gallois qui mit KO son coéquipier Matt Giteau. Bien joué. Les remplaçants furent au-dessus avec notamment Jean-Charles Orioli qui a davantage apporté dans le jeu, tout comme Carl Hayman.

Deuxième ligne : Shaw et Samson impériaux en touche. Excellente rentrée de Botha qui pour sa première à Mayol a stabilisé la mêlée, supervisé la touche et magnifiquement avancé sur les séries de pick & go qui amenèrent les deux derniers essais.

Troisième ligne : Van Niekerk commence à revenir à un niveau correct mais est encore loin de ses performances d’il y a deux ans. Gunther est éblouissant d’élégance et s’impose comme un titulaire presque indiscutable (on nous a d’ailleurs indiqué que Joe El Abd avait fait son paquetage).
Pourtant le leader de la troisième ligne toulonnaise n’est autre que Steffon Armitage. Sûrement le « Man of the Day ». Deux essais, trois poumons. Plus d’appuis que son clone du centre et toujours aussi efficace en défense. Et tout ça avec le sourire. On dit « Mister » !

La charnière : Contrairement à ce qu’a pu écrire Rugbyrama, Wilko a été très bon (non non, on n’en a pas marre d’écrire toujours la même chose à son sujet) avec un 10 sur 10 au pied, une bonne vision du jeu et de belles cartouches défensives. On pourrait lui reprocher une relance un peu hasardeuse en fin de match et quelques approximations dans ses passes mais on préfèrera dire que c’était ses coéquipiers qui étaient mal positionnés. Tillous-Borde a livré une performance dont on ne sait trop quoi penser. Quelques indéniables problèmes dans l’animation, une ou deux combinaisons qui ne passent pas, mais d’un autre côté, trois passes décisives (dont une du bout du pied pour le dernier essai de Palisson) et de belles prises d’intervalle. Il pesa bien plus sur la défense adverse que Phillips.

Les centres : Giteau commençait à peser sur la défense bayonnaise lorsque Lewis-Roberts vint éteindre la lumière. Il fut remplacé par un Geoffroy Messina meilleur de sortie en sortie. Essai sur son premier ballon offensif, arrachage de ballon en défense et passe à la Mickael Jordan. On ne donnait pas cher de la peau de l’ancien stadiste avec l’arrivée de Giteau et le retour de Lovobalavu, mais il a montré samedi encore, qu’il était toujours compétitif. Bastareaud a, lui, dominé ses vis-à-vis, un sacré coffre, mais un coffre qui avance avec notamment 14 joueurs transportés sur le terrain sur 11 ballons touchés. Peut-être que PSA aura des regrets lors du Tournoi.

Les ailiers : Peu de ballons à jouer pour le Moine-Surfeur et Palisson. Ce dernier parvient tout de même à marquer un essai en fin de match et livre, comme son compère, une bonne prestation.

L’arrière : Luke Rooney ne s’est pas trop fait remarquer mais marque quand même son essai et joue juste au pied. On peut lui reprocher d’avoir laissé filer un ballon en début de match, mettant son équipe en position difficile.

Bayonne :

Les avants : Rugueux, solidaires et courageux, ils ont répondu au défi physique et poussés fort en mêlée, mettant à mal le RCT sur ce secteur de jeu. De quoi satisfaire JPE. Moins à l’aise en touche, ils commettent un peu trop de fautes autour des rucks pour espérer défendre sereinement face aux hordes de toulonnais en surnombre, durant la deuxième mi-temps.
Mention spéciale à Abdellatif Boutaty, deuxième meilleur plaqueur du championnat mais qui a coûté quand même 9 points à son équipe. Ok vu le score c’est dérisoire.
Mention spéciale également à Dwayne Haare dont le nom a été maltraité toute l’après-midi par Aubin Hueber.

Mike Phillips : Petit match du grand Gallois qui est certainement très heureux de retourner en sélection nationale.

Benjamin Boyet : Une pensée pour cet homme qui a quitté Bourgoin pour jouer enfin le haut du tableau en championnat. A la conclusion du seul essai bayonnais, mais malheureux au tir au but. Il n’a pas vraiment su bonifier les quelques ballons qu’il a eu et a surtout passé son temps à défendre, comme le reste de la ligne de trois-quarts.

Gerber / Mazars / O’Connor / Lacroix : N’ont jamais réellement trouvé la faille dans la défense adverse quand ils ne faisaient pas tomber le ballon avant.

Cédric Heymans : Un bon début de match avec deux belles interventions qui ont mis son équipe dans le sens de la marche. A ensuite montré qui était Raoul en réussissant une superbe clef de cheville sur Palisson puis a pété les plombs sur une relance suicidaire en fin de première période. Par la suite, devant sans cesse faire le yoyo entre son poste et celui d’Huget, il se fait prendre sur l’essai de Messina et celui de Rooney. A téléphoné à Guy à la fin du match pour lui dire qu’il regrettait et qu’il désirait rentrer à la maison.

Yoann Huget : Nominé d’office au Hachoir d’Or de la cagade de l’année, saison 2011-2012. Le futur ex-international français a loupé son retour, un peu comme il a loupé la tête du Moine-Surfeur. Il nous a également gratifiés d’un splendide plaquage sans ballon sur Armitage sur un coup d’envoi. Nous décidons d’être tolérant avec ce joueur, devenu avec le temps plus habile devant les objectifs photo qu’avec le respect des règles de rugby.

Le Rade’Labo analyse Clermont – Toulon (26-19)

Comme promis par Mourad, les images du match sont sur Youporn.

Comme promis par Mourad, les images du match sont sur Youporn

 

Le RC Toulon a une armada de stars. La confrérie toulonnaise de la Boucherie aussi : quand Pilou et Daniele Rairault sont trop cuités pour écrire, Jonny WillKillSoon prend le relais avec brio.

 

Contexte du match

Après trois matchs d’affilée à l’extérieur, les Clermontois retrouvaient leur Bibendum Stadium un mois après l’avoir quitté victorieusement en H-Cup face à Leicester (30 – 12). Revenus de leur exode rural après avoir goûté aux joies de la victoire (à Brive), à la frustration de la défaite (à Leicester) et au « on aurait pu faire mieux » du nul (à Lyon) la semaine passée, l’ASM est prête à réenclencher la seconde à domicile et ce malgré la présence de Rougerie au centre. Ce match était aussi l’occasion de voir évoluer les 2 « surprises » du groupe France dévoilé par PSA : Vincent Debaty (absent à Lyon, ce qui a sûrement joué dans sa sélection) et Wesley Fofana auteur d’un doublé lors du dernier match à domicile des Bleus et Jaunes.

De leur côté, les Toulonnais proposent actuellement un niveau de jeu presque aussi régulier que celui de Benoit Baby. Après leurs deux meilleures prestations de la saison, début décembre face à Agen et Newcastle, les joueurs de la Rade restent sur deux matchs complètement foirés qui tendent à montrer que les fêtes de fin d’année dans le Var, c’est sacré. Après s’être laborieusement défait du LOU à domicile, le RCT a parfaitement terminé l’année en relançant le BO dans la course au maintien. Bref, les Toulonnais ont beaucoup à se faire pardonner et doivent prouver à leurs entraîneur et président qu’ils ont bien digéré les toasts de foie gras dans le Champagne et qu’ils sont prêts à livrer un remake de la bataille de Gergovie.

Mais l’équation : « match hivernal à Clermont » +  « diffusion en prime time un dimanche » + « deux des meilleurs défenses du championnat » n’augure jamais un très bon match. Alors que s’est-il passé lors du choc de cette 15ème journée ?

Le match

Un des duels les plus prometteurs du championnat n’a malheureusement pas eu lieu, le choc annoncé entre Cudmore (absent) et Botha (remplaçant) a été reporté. Mis à part ça, Joe Van Niekerk retrouvait son brassard de capitaine. Il a donc pu entrer sur le terrain en se frappant la poitrine en tirant la langue et en fermant les yeux, pendant que Rougerie trottinait calmement en se recoiffant. Du coup Canal + a pu, comme toujours, nous repasser 5 fois le ralenti de l’entrée du capitaine rouge et noir. Eric Bayle a donné un chiffre clé (du genre « quand Van Niekerk se tape trois fois la poitrine, le RCT a un taux de victoire de 80%, c’est très important ! » et le match a débuté.

Coup d’envoi, réception ratée, Messina est envoyé en touche, Clermont met la pression, avance à l’impact, Toulon se met à la faute, Parra marque trois points. Bref, voilà ce à quoi on a eu droit pendant 80 minutes. Lee Byrne a bien tenté d’attirer l’attention en rentrant et en aplatissant le ballon dans son en-but, rien n’y aura fait ! L’arbitre siffle un renvoi aux 22. Par contre M. Berdos a très bien appris sa leçon sur la zone plaqueur-plaqué et ce sont respectivement Sivivatu et Vermeulen qui seront amenés à prendre des cours de soutien avec l’employé des PTT. Le match est engagé et l’ASM a la possession du ballon. Mais il y a beaucoup de déchets. Messina et Smith se percutent sur une réception de renvoi alors que Sivivatu et Malzieu s’amusent à passer la défense varoise en revue. Heureusement que Rougerie est là et que M. Berdos siffle en-avant à chaque fois qu’il perd le ballon des yeux pour laisser un minimum de suspens au match.

C’est alors que va survenir l’Epic Fail de la semaine à un instant où personne ne s’y attendait. Wilkinson (auteur d’un 100%, what else ?) vient de remettre les deux équipes à égalité (6-6, 24è). C’est le moment que choisit David Skrela pour faire son célèbre « engagement de poussin tétraplégique ». Le ballon ne fait pas 10 mètres. Rougerie, lobé, touche quand même le ballon et Lapeyre s’en empare puis accélère le long de la touche. Parra rate la cuillère du désespoir et Toulon mène 13 à 6 en ayant passé 4 secondes dans les 22 clermontois, soit le temps mis par Lapeyre pour traverser ladite zone. Pour information, cette statistique n’évoluera plus jusqu’à la fin du match.

La fin de la première période sera un atelier d’attaque-défense avec des câlins dans la pelouse (cartons jaunes pour Orioli et Rougerie), des pénalités (2 pour Parra, 1 pour Wilko), des arbitrages vidéo et des mêlées, beaucoup de mêlées. Beaucoup trop même. Du coup comme l’arbitre en a marre, il récompense le dévouement de Morgan Parra à pleurer après chaque mêlée et accorde la plupart des pénalités aux Clermontois. Justice est faite. La mi-temps est sifflée sur le score de 16 à 12 en faveur du RCT et l’on constate deux exploits : Clermont est mené sur sa pelouse et Skrela est toujours présent sur ladite pelouse.

La seconde période sera un presque remake de la première, les bourdes de David Skrela en moins (on notera que c’est la première fois de la saison que Brock James remplace Skrela encore conscient). Lors du second acte c’est un autre David qui va s’illustrer. David Smith, l’ailier toulonnais, tantôt Néo-Zélandais, tantôt Australien pour Eric Bayle, et qui va alterner passe à l’arbitre de touche, en-avant sous les chandelles et coup de pied de dégagement rasant. Du grand art. On notera également son carton jaune sévère pour tentative d’interception qui se terminera en en-avant volontaire. Sinon à part ça, les Clermontois tentent d’attaquer à tout va mais se heurtent à une défense agressive et efficace des Toulonnais, mais aussi à une certaine maladresse dans le dernier geste.

Finalement le salut des Clermontois viendra sur une action d’école des trois quarts. Malzieu, déjà bourreau des Toulonnais lors de la demi-finale de 2010, réalise un slalom géant au sein de la défense varoise. Les feintes de plaquages ne perturberont pas l’international français qui sert à hauteur son capitaine pour l’essai qui permet aux Clermontois de reprendre la tête (22-19, 66è). Puis 25-19 suite à un hors-jeu de Kubriashvili. Mené au score, le RCT va enfin se décider à attaquer et, comme deux ans auparavant, échouera à 5 mètres de la ligne clermontoise après 2 minutes de temps additionnel. Chienne de vie ! Au final les Toulonnais ne laveront pas l’affront du match aller (0-17) et se contenteront du point de bonus défensif. Les Clermontois, quant à eux, restent les seuls à tenir la distance avec le Stade Toulousain et laissent le CO et le RCT à 10 points de la seconde place qualificative pour les demi-finales au Stadium.

Les joueurs clermontois

 

Debaty : On le disait friable en mêlée, il a tenu le choc. Pénalisé qu’une seule fois, il a été très présent offensivement et défensivement dans le jeu (plaquage offensif monstrueux sur Hayman). Remplacé en début de seconde période, il réalisera une interview absolument incompréhensible sur le banc de touche qui tend à nous rappeler que c’est un vrai belge. Un vrai match d’international.

Pierre : Comme lors de la CDM. Un look de clodo pour faire peur à Palisson et une bonne présence en touche et dans les rucks. Un vrai match d’international.

Bonnaire : 15 prises en touche, 47 plaquages, 24 passes après contact et les yeux fermés, mais pénalisé une fois. Un vrai match d’international (mais peut mieux faire).

Parra : 7/8 au pied, 9 provocations, 3 chamailleries, 27 discussions en aparté avec l’arbitre et une simulation digne du Roncero Comedy Show en début de seconde mi-temps pour clore une prestation digne d’un international.

Fofana : Bien défensivement mais n’a jamais fait la différence offensivement, bien pris par la défense toulonnaise. Il rappelle le jeu tout en évitements de Maxime Mermoz. S’il pouvait aussi éviter les blessures, il pourrait réaliser une belle carrière internationale.

Rougerie : Un essai, trois en-avants. Un vrai match d’international.

Malzieu : A encore fait très mal aux Toulonnais en avançant à chaque prise de balle. Même arrêté. Il lui reprochait quoi au juste Marc Lièvremont ? Un vrai match d’international.

Les autres : Ils ne sont pas sélectionnés, on s’en fout.

Les joueurs toulonnais

Les avants : Toujours faibles en touche et passables en mêlée. Par contre, ils ont été vaillants en défense avec un engagement farouche pour compenser les lacunes techniques.

Botha : Encore 15 minutes de jeu et toujours pas de carton jaune. On commence à s’inquiéter à la Boucherie.

Van Niekerk : Ne sait toujours pas relever un ballon derrière un pack qui avance. À part ça, Captain’ Joe a quand même été très présent aux quatre coins du terrain, bien que confiné aux tâches défensives.

Wilkinson : Reçu 5/5 au pied, il a permis à son équipe de rester dans le match à défaut d’avoir pu la faire gagner. Comme trop souvent.

Messina : On n’en parle pas trop mais fait énormément de bien en défense. Peut-être l’homme du match côté toulonnais.

Bastareaud : 3 minutes de jeu, 2 ballons touchés, 0 passe, 6 mètres perdus. J’espère qu’il sera déçu de son match.

Palisson : 2 ballons touchés : une touche directe et une cravate non-sanctionnée. Un vrai match de bizut.

Lapeyre : Auteur d’un essai qui aurait pu être déterminant, il a délivré une prestation solide à l’arrière. Il a aussi su nous faire apprécier ses talents de comédien sur une tentative de contre de Fofana.

 

Jonny WillKillSoon

Heinekid Cup journée 1

Vous en avez rien à foutre de l’Amlin Challenge ? On va vous donner des raisons de vous y intéresser.

 Par Jonny WillKillSoon,

Ce week-end a marqué le coup d’envoi de la H-Cup, cette compétition qui réunit tous les plus grands clubs d’Europe, qui se foutent sur la gueule sur 6 rencontres âprement disputés (4 si il y a une équipe italienne dans le groupe) où on critique l’arbitrage anglo-saxon et où on boit de la Heineken à la fin du match. Tout ça pour déterminer la meilleure équipe d’Europe, alors qu’on sait déjà que c’est soit Toulouse, soit le Leinster. Ridicule. Heureusement qu’en parallèle il existe l’AMLIN-CUP. Outre le fait d’avoir un nom qui ressemble à un médicament contre la toux, la Panaché Cup présente la particularité d’être sans intérêt, sous-médiatisée et d’un niveau quelconque. Mais grâce à cette compétition on peut se moquer du niveau de jeu des Roumains, des Espagnols et des Italiens tout en continuant à critiquer l’arbitrage anglo-saxon et c’est ça qui est important.

Donc 5 groupes de 4, les premiers de chaque groupe sont qualifiés pour les quarts de finale qu’ils disputeront en compagnie du 3ème, 4ème et 5ème meilleurs deuxièmes des poules de H-Cup. Si c’est trop compliqué, prenez un doliprane et resservez-vous un panaché, voici le résumé de la première journée de l’Amlin Cup :

 

POULE 1

Bucarest 34 – Crociati 7 : un match de rugby entre un club roumain et un club italien qui se déroule dans la capitale roumaine c’est quelque chose qu’on imagine très glauque. D’ailleurs les Italiens n’en sont pas ressortis vivants, concédant le bonus offensif à leurs hôtes et ce malgré un essai de Festuccia.

Worcester 14 – Stade Français 23 : on connaît déjà la première équipe qualifiée pour les quarts de finale. En effet en s’imposant chez l’adversaire le plus redoutable de la poule (c’est-à-dire l’avant-dernier de Premiership) en le privant de bonus défensif, le SF a fait le plus dur. Même si on n’est jamais trop prudent avec les Parisiens, on ne les imagine pas perdre maintenant contre des équipes de troisième zone. À noter que Roncero a pris un carton jaune et que Paul « le poulpe » Sackey continue sur sa constance de l’an passé en ne scorant que lors des matchs européens.


Roncero balance une gaufre lors de Worcester vs… par Le-Rugbynistere
 

POULE 2

Newcastle 27 – Lyon 19 : Pour le dernier de Premiership et l’avant-dernier de Top 14 qui a les oreillons, la Panaché Cup n’est pas forcément un objectif prioritaire. Et ce match le confirme, en ne battant le LOU que de 8 points malgré ses trois cartons jaunes reçus (miracle, Leguizamon a été épargné), Newcastle assure l’essentiel et attend de recevoir le RCT mi-décembre pour savoir si elle doit jouer à fond ou non cette coupe.

Toulon 53 – Patrarca 22 : Derrière ce nom barbare à consonance ukrainienne se cache un club italien d’une ville connue, puisqu’il s’agit de Padoue. On ne sait pas d’où ils nous ont sorti ce nom mais le résultat est là : 8 essais encaissés contre la classe biberon du RCT (Palisson était présent), un niveau de Fédérale 2 et une valise bien pleine pour rentrer voir la mamma. Et dire qu’on ne jouait même pas à Mayol…

 

POULE 3

Bordeaux-Bègles 14 – Wasps 47 : Enfin un match télévisé ! Un samedi soir. À 20h45. Que tous ceux qui ont sacrifié leur samedi soir pour regarder ce match lèvent la main ! Je peux seulement dire qu’il y avait 0 – 8 à la 8ème minute pour les Anglais. J’espérais qu’ils atteignent les 80 points mais non, même pas. Ils joueront la première place du groupe face aux Bayonnais.

Rovigo 10 – Bayonne 43 : Christian Gajan a déclaré dans le Midol : « Rovigo est une place forte du rugby italien ». De quoi justifier la présence d’Heymans, Rokocoko, Boyet et Cie sur la pelouse italienne. À l’arrivée un score sans appel et enfin les premiers essais de l’Aviron Bayonnais cette saison (oui oui la phrase s’arrête là).

 

POULE 4

I Cavalieri Prato 3 – Newport 33 : Enorme surprise !!!! Le leader d’Eccelenza (c’est le championnat italien) s’est incliné à domicile contre l’avant-dernier de ligue celte. Ah, on me fait signe dans l’oreillette que c’est normal car les Italiens sont bons qu’à faire des pizzas et des panacotta aux arbouses (excepté Rovigo qui est une place forte du championnat italien). Newport 1er de son groupe grâce à son bonus offensif et les cavaliers de Prato dernier car des cavaliers qui jouent au rugby, il n’y a que dans les pubs PMU qu’on voit ça.

Perpignan 15 – Exeter 12 : Heureusement que les Perpignanais n’ont pas récupéré le Hook de la coupe du monde car ils auraient du souci à se faire. Auteur de tous les points catalans, le Gallois fut le grand artisan de la victoire avec le vice-champion du monde (ça claque de dire ça) Nicolas Mas. Par contre galérer pour battre une équipe qui a Ignacio Mieres dans son effectif, c’est assez honteux.

 

POULE 5

La Vila 10 – Agen 50 : Dans la poule de la mort (oui avoir Agen, Brive et Sale dans sa poule est synonyme de « poule de la mort » en Panaché Cup), le seul club espagnol de la compétition va encore bien s’amuser cette année. On notera le triplé de l’arrière/ailier Silvère Tian qui montre qu’on peut être ivoirien et voir plusieurs fois l’en-but (celle là est très nulle mais indispensable). C’est également le seul match sans carton jaune de cette première journée. 13 cartons jaunes sur 10 matchs c’est ça qu’on aime à la Boucherie !

Brive 26 – Sale 18 : Si vous connaissez un Briviste, prévenez le que les matchs durent 80 minutes et non une heure. Déjà piégés lors de la première journée de championnat contre Agen (19 – 3 à la 60ème, défaite 19 – 20), les Brivistes ont failli nous faire un rappel. Ils ont cette fois eu la finesse d’attendre de mener 26 – 0 avant d’arrêter de jouer. À noter le bon premier match du joker médical de Nicolas Jeanjean et ancien Clermontois, Rilan Swanepoel auteur de 16 points au pied. Au final une victoire 26 – 18 et un prochain match contre… Agen.

 

BONUS :

Voici l’affiche des quarts de finale en avant-première car imaginez-vous bien qu’on ne va pas vous faire un résumé à chaque fois :

Stade Français – Agen
Perpignan – Bath
Toulon – Leicester
Wasps – Saracens ou Biarritz

Présentation Taupe 14 : RC Toulon

Quel toulonnais est le pire ennemi d’Ovale Masqué ? C’est Pilou-Pilou Face bien évidemment…

Après avoir inauguré cette nouvelle catégorie avec la fiche du Stade Toulousain, qui a fait fureur sur le forum officiel du club (le saviez-vous ? les toulousains sont également champions de france de l’humour), intéressons nous aujourd’hui à un club pas comme les autres, le RC Toulon.

Même si on a du mal à l’admettre, le RCT est un de nos clubs préféré à la Boucherie : un président mégalo qui nous pond des répliques de gangsters que  même Tarantino n’aurait pas pu imaginer, des bouchers sur et en dehors du terrain, un effectif à moitié alcoolique et débauché, des supporters malades mentaux… si on ajoute à cela l’arrivée récente de Notre Jambon Star, l’impayable Bernard Laporte, ils ont de quoi nous donner à écrire pendant encore 10 ans. En attendant, pour cette fiche de présentation, nous avons confié le job à Jonny WillKillSoon et Daniele Rairault, nos deux toulonnais à nous, qu’on ne mouille pas et qu’ on ne nourrit pas après minuit, parce qu’on sait jamais.

 

Le club : Le Rugby Rugby Club Toulonnais (RCT, dire “Racing Club Toulonnais” si vous voulez prendre le risque d’enrager un supporter du club)

 

L’histoire : Né en juin 1908 dans la brasserie toulonnaise “Le Coq Hardi”, le RCT est à l’origine une équipe mixte composée de la Sélection Maritime (les fonctionnaires de l’Arsenal), le Sporting Club Télégraphique (les réformés de l’armée) et le Stade Varois (les chômeurs). Depuis toujours, on aime le Melting Pot à Toulon.

Depuis 1908 donc, le RCT sévit sur les terrains de France et de Navarre, et constitue aujourd’hui le dernier représentant du Sud-Est dans l’élite (Montpellier étant bien sûr dans le Sud-Ouest et Lyon dans le Nord, ce ne sont pas des gens comme nous voyons). Dans les années 80 et 90, Toulon était l’une des places fortes du rugby français et grand pourvoyeur de l’équipe de France, ce qui parait difficile à croire aujourd’hui. Certes le rugby de Toulon était alors basé sur le combat et les grandes envolées n’étaient alors pas courantes (voir interdites). Notre troisième ligne (Champ, Louvet ou Loppi pour ne citer qu’eux) ne savait que rarement où se trouvait le ballon. Par contre, la charnière adversaire n’avait pas le temps de les perdre de vue. Toutefois, c’était efficace, surtout avec Jérôme Gallion à la baguette. Trois fois Champion de France, 5 fois finalistes, bref le haut du panier. C’est en tout cas ce que tout Toulonnais croit, avec une foi inaliénable en son club. La rétrogradation administrative de 2000 a d’ailleurs été relativement mal vécue (c’est la phrase où je montre que je maîtrise assez bien l’euphémisme). Après une première remontée infructueuse en 2005-2006 (la recrue phare s’appelait Ludovic Lousteau à l’époque), le club connaît une nouvelle jeunesse avec l’arrivée de Mourad Boudjellal, à l’origine accompagné par Stéphane Lelièvre. On recrute à tour de bras et on finit par avoir des résultats, avec une équipe pleine d’estrangers. Le club semble aujourd’hui durablement installé dans l’élite et aurait même pu connaitre une finale de championnat en 2010 si la conspiration internationale visant à faire chuter Toulon n’avait pas fait pression sur l’arbitre de la demie contre Clermont. Bref…

Les grandes périodes du RCT :

– De 1908 à 1974 : Les photos sont en noirs et blancs mais le RCT fait son trou dans l’Élite.
– De 1974 à 1984 : Années sombres
– De 1984 à 1996 : Les Douze Glorieuses.
– De 1996 à 2006 : On nous aime bien : on a des bons jeunes mais pas d’argent pour les garder (rétrogradation administrative en 2000 et sportive en 2006)
– Depuis 2006 : On nous aime moins : on a du fric, un président mégalo et des stars internationales.

 

Les couleurs : Dans la plus grande ville française à avoir élu un maire Front National, on peut se douter que le rouge et le noir ne représentent pas le communisme et l’anarchie. Ce n’est pas non plus une référence à Stendhal, les rugbymen toulonnais étant peu portés sur la littérature à l’exception de Daniel Herrero. Les mauvaises langues racontent que ce sont des Toulousains qui auraient fait cadeau de deux jeux de maillots à la création du RCT. Le Toulousain étant fourbe et sournois, cela nous étonnerait fortement. On n’a donc toujours pas d’explication plausible à l’adoption du rouge et noir.

 

La ville : Toulon est un paradoxe. En 1793, la ville préfère se rendre à l’Anglais plutôt que de céder à la révolution. Au contraire, elle préfèrera le sabordage de la flotte française en 1940 à la reddition à la perfide Albion. Aujourd’hui, Jonny Wilkinson est le Saint protecteur de la ville. Si vous y comprenez quelque chose écrivez nous. A part ça, Toulon dispose d’un cadre magnifique que des architectes probablement originaires d’Allemagne de l’est ont consciencieusement bousillé après guerre. Comme tous les ports Toulon fut, parait-il, une ville de débauche notamment célèbre pour le quartier du « Petit Chicago » (prononcez « Chicag’ »). Les toulonnais vont à l’arsenal (s’ils travaillaient ça se saurait), tous. Enfin, de moins en moins mais ceux qui sont salariés sont employés par l’arsenal. La rade de Toulon est également réputée, à l’image du port militaire, pour diverses réussites. C’est notamment là que le Charles de Gaulle a appris à nager en moins de 5 ans.

 

Le stade : Le Stade Mayol est ainsi nommé en hommage à Félix Mayol, chanteur du début du siècle, qui a gracieusement offert un terrain au club en 1920, le stade actuel date d’ailleurs de cette époque. Il est aussi à l’origine de l’emblème du club, le muguet, qu’il arborait à sa boutonnière lors de ses représentations. Le Stade qui était à l’origine au milieu d’un champ est aujourd’hui en plein centre ville accolé au centre commercial du même nom où l’on peut observer les jeunes toulonnais qui tuent le temps en crachant par terre, principale activité des autochtones entre deux matchs. Le stade est vétuste comme on l’a dit mais toujours « plein comme un œuf » pour paraphraser Eric Bayle. Chaque année, au défi de toutes les règles de sécurité, on ajoute quelques sièges et on rénove le stade, c’est-à-dire qu’on repeint les escaliers. C’est un stade apparemment assez intimidant pour les adversaires, surtout en ProD2 quand les mecs n’avaient pas l’habitude de jouer avec des spectateurs. Je connais plus d’un arrière qui a cagué ses réceptions de chandelle à cause du public ; même si ce procédé a perdu en efficacité avec la montée en Top 14.

 

L’emblème : Un brin de muguet à 13 clochettes. Hommage à Monsieur Félix Mayol donc, et un peu aussi à la fête du travail qui reste le jour férié préféré des toulonnais (enfin pour ceux qui travaillent). Pour les quelques “Christian Jeanpierre” qui se demandent pourquoi le RCT ne possède pas de mascotte, imaginez-vous simplement un gonze déguisé en plante verte avec 13 clochettes sur la tête et qui harangue le très tolérant public toulonnais. CQFD.

 

Les joueurs clefs :

Cap’tain Joe VAN NIEKERK. Casque blanc et torse en avant, son entrée sur le terrain vaut à elle-seule le prix démesuré de la place à Mayol. Fils spirituel d’Eric Melville, l’ancien Springbok fut le joueur qui sauva à lui tout seul le RCT lors de sa remontée parmi l’élite. Toulon aime Joe et Joe aime Toulon. Malgré deux dernières saisons moins impressionnantes, Joe jouit d’une aura qui permet à son équipe de toujours avancer dans son sillage. Il sera cette année encore le capitaine exemplaire de la formation varoise et sera d’autant plus attendu, après le départ de Georges SMITH et à la blessure longue durée de FERNANDEZ LOBBE. Pas de peau, Captain Joe vient également de se blesser et il sera indisponible deux mois. A moins qu’il ne fasse une Rougerie et revienne à l’action dans deux semaines.

Sir Jonny WILKINSON. Capitaine en l’absence de Joe, Jonny est le baromètre de l’équipe varoise et doit répondre mensuellement à une centaine de demandes en mariage. Charismatique, buteur redoutable, défenseur intraitable, animateur sobre et efficace et s’exprimant dans un français plus que correct (il donne des cours particuliers à Matthieu B….pour le jeu au pied, hein! seulement le jeu au pied!). Il a surtout réussi l’exploit de se mettre l’intransigeant public de Mayol dans sa poche en une seule saison seulement, et autant vous dire que pour un anglais qui ne boit même pas le pastis c’est normalement mission impossible. Il ne lui reste plus qu’à apprendre le Pilou-Pilou maintenant.

 

Le boucher : Bakies BOTHA. Si Bakies retrouve le chemin des terrains et honore son contrat de 3 ans au RCT, les médecins du Top 14 risquent d’avoir du pain sur la planche. Artisan charcutier de renom, Bakies aime la viande saignante et aime trancher le lard dans la bête encore vivante. Spécialiste du coup de genou involontaire dans les rucks et des entrées au casque, il est considéré comme étant à lui tout seul une arme de catégorie 3. De quoi faire passer CUDMORE et GORGODZE pour des puceaux prépubères.

Le joueur au nom imprononçable :
Gabriele LOVOBALAVU. Le fantastique centre fidjien est le dernier représentant îlien de la colonie amenée par Tana Umaga en 2008, et c’est surtout celui dont le nom refroidit les plus courageux des toulonnais. D’ailleurs après 2-3 litres de Pastis, on préfère l’appeler soit Gabi (s’il a fait un bon match), soit Lavabo. C’est plus simple.

 

Le staff (entraineurs et président) : On ne sait toujours pas et de toute façon ça va changer dans 3 ou 4 mois alors à quoi bon. On sait juste que le président Mourad BOUDJELLAL sera toujours là et que son association avec Bernie le dingue est tout simplement le plus grand fantasme d’Ovale Masqué. On ne va pas manquer de « citation de la semaine » cette année.

 

Objectifs : Une place dans les 6 premiers, histoires que Moumou ne devienne pas Président-Manager-Entraîneur Général l’an prochain en recrutant l’intégralité de l’équipe des All Blacks. Et comme on est du genre modeste, une victoire en Coupe Nesquick est également un des objectifs visés. On peut aussi imaginer une place sur le podium du classement de la Boucherie (cartons jaunes et rouges confondus).

 

Scénario idéal : Le RCT devient le premier club à réaliser le triplé Championnat – Challenge Cup – Tournoi des 6 nations (avec PSA !). Après les élections de 2012 et afin de régler le problème d’alcoolémie en France, la Provence et la Bretagne sont déclarés indépendantes. Toulon peut ainsi se préparer pour la Coupe du Monde de Rugby en 2015. Et après avoir naturalisé au dernier moment une grande majorité des All Blacks et des Wallabies, Toulon devient champion du Monde et Mourad Boudjellal président du FMI.

Scénario catastrophe :
Étant donné qu’on a déjà perdu à domicile et que, comble de la honte interstellaire, on a même été fanny, mon scénario catastrophe va paraître nettement moins violent. Sachant qu’une défaite est déjà vécue comme un drame national sur les bords de la rade, l’évocation d’une deuxième année sans phases finales serait vraiment préjudiciable. Ajoutez à cela un titre de meilleur public de France et là le RCT aurait définitivement touché le fond.

 

Pronostic : CHAMPION DU MONDE !!!!!!!!!!! En toute objectivité bien sûr.

Jonny WillKillSoon & Daniele Rairault

Jonny WillKillSoon analyse RCT – Brive

Jonny réfléchit tranquillement à son debrief sur plage…

Lorsqu’on écrit un compte rendu de match pour la Boucherie, on se doit d’être précis. Avant le match on analyse les compositions d’équipes, les statistiques, les face-à-face sur les douze dernières années et enfin on repère les bouchers dans chaque équipe. Voyons voir. Une première ligne entièrement géorgienne côté briviste. Mela, Claassen, Caminati sur la pelouse, Henn sur le banc. Il y a du potentiel ! Côté toulonnais, le danger est essentiellement sur le banc des remplaçants avec Henjak, Chesnay et Kubrishvili.

Alors que je m’attendais à voir le match tranquillement chez moi, avec breuvage maison illimité et les 65 caméras de Canal pour ne rien louper du combat, me voilà invité en présidentielle. Grand soleil dehors, pas de Mistral, bref le temps idéal pour bronzer. J’accepte l’invitation. Que d’émotions pour mon retour à Mayol après deux ans d’absence (et oui les places sont chères), tout a changé mais rien n’a changé. Toujours cette foule chauffée à blanc, ces badauds rouges et noirs prêts au combat, les cordes vocales déployées et cette tension palpable que peut représenter ce match piège par excellence. Je m’installe en tribune pendant que Georges Brassens nous chante sa « mauvaise réputation ». Même la paranoïa toulonnaise n’a pas disparue et j’en déduis que sa mauvaise foi est également toujours présente.

Je m’installe à ma place. Siège de 20 centimètres de largeur environ, idéal pour mon profil de Peter Stringer anorexique. Même mes genoux se croisent. Je fais également connaissance avec les deux nouveaux écrans géants. Sympas pour les ralentis, inutiles pour demander le respect des buteurs. Après tout, même les néo-zélandais sifflent et ça ne les a pas empêché d’être champions du monde. Alors pourquoi pas nous ? Composition des équipes. Toulon gagne 7 à 5 la French Connexion Battle. Belle performance du CAB qui devient donc un club de mercenaires (mais ça personne n’en parle au Midol ! Enfin j’en sais rien, je ne lis pas). Pour le reste c’est du classique AC/DC en entrée et Pilou-Pilou en hors d’œuvre. Le match peut commencer.

Pas grand-chose à retenir du match. Côté toulonnais : une première mi-temps dominée dans les grandes largeurs sans pourtant parvenir à scorer. Une défense bien en place malgré une troisième ligne décimée par les blessures (Van Niekerk, Fernandez Lobbe, Munoz) et la suspension de Missoup pour 120 jours et qui aura bien fait de faire appel de la première sentence qui était de trois mois. A noter le bon match du jeune Pierrick Gunther (qui possède un nom d’allemand de l’est qui va vraiment bien avec son physique) qui sera l’auteur de la première grosse charge de la rencontre qui mènera aux trois premiers points de Jonny Wilkinson. Jonny auteur d’un 6 sur 7 et qui prouve ainsi que les ballons du Top 14 sont bien meilleurs que ceux de la Coupe du Monde. Côté briviste, du classique. Combat dans les rucks, rugosité défensive, solide sur les fondamentaux. On sent que ce n’est pas facile tous les jours de vivre en Corrèze. Mais malgré une domination en touche et de bons contests au sol, Brive ne parviendra que rarement à prendre à défaut la défense locale. Heureusement que Caminati, grâce à son plaquage à la carotide (non sanctionné) sur Messina, et Henn, par son plongeon olympique devant Kubriashvili, ont permis au public mayolais de s’exprimer un peu.

Dans l’ensemble le public n’a pas très bien compris l’arbitrage de Mr Attalah (c’est un euphémisme), et lui a même lancé l’insulte ultime : « Péchambert sort de ce corps ! ». Dur pour l’égo. Sinon une deuxième mi-temps un peu chiante mais on s’y attendait un peu. Je me demande si ce n’est pas pour ça qu’on a droit au journal local dans les tribunes (enfin dans la tribune des partenaires). Ça m’a permis de tuer le temps pendant le quart d’heure « Ping-Pong Rugby ».  J’ai appris qu’Alexis Palisson était présent à Mayol. Effectivement, il m’a bien semblé voir un ramasseur de balle qui lui ressemblait. Simon Shaw était également présent, et vu son gabarit, ça m’a refroidit. Certains l’aiment Shaw, mais personnellement je préfère sa femme. Whaou ! C’est comme pour Pierre Rabadan, ça reste sa plus grande qualité. Si vous avez d’autres vannes à proposer pour Simon Shaw (et même pour Mr Attalah, je suis sûr qu’on peut trouver des choses intéressantes) nous sommes preneurs, les commentaires servent à ça.

Je terminerai ce CR par une bien triste nouvelle. Le hachoir d’or 2010 du meilleur boucher quitte notre bon vieux Top 14 qui devenait trop tendre pour lui. Le trois quart-centre le moins redouté de France offensivement, pour qui prendre un intervalle est un signe de lâcheté, n’a pas vu son contrat de joker coupe du monde renouvelé. Mafileo Kefu, l’homme qui a pris plus de cartons rouges que d’intervalles nous abandonne. L’homme qui a cravaté Alexis Palisson l’an passé, et qui possède un bout de bras de Julien Candelon incrusté dans son épaule, a eu droit à une ovation du public de Mayol pour son départ. Public qui était peut-être le seul susceptible de comprendre le talent caché de ce garçon et qui le remercie quand même pour ses cinq années passées au club (record depuis l’arrivée de Mourad Boudjellal). Maintenant place à son remplaçant, un certain Matt Giteau, qui devra faire d’énormes efforts pour remplacer ce maillon boucher du groupe et faire oublier l’homme aux 1 000 citations sur les bords de la Rade.

Le Rugby pour les vraiment très très nuls, 9ème et dernier épisode

Et ben, c’était vachement mieux que le dernier Harry Potter…

Vous êtes bien installés ? Bien, j’ai une révélation importante à vous faire. Rapprochez-vous de votre écran, restez discrets. La nuit dernière j’ai fait un rêve (prémonitoire bien sûr, sinon ça ne compte pas) et je suis donc aujourd’hui en mesure de vous dévoiler, en exclusivité dans ce billet, les deux équipes finalistes de la prochaine coupe du Monde. C’est un peu mon cadeau avant de partir en vacances. Mais attention c’est une révélation ultra confidentielle, ça doit rester entre nous. De toute façon si ça sort d’ici je saurai que c’est vous. Vous êtes prêts ? Les deux équipes finalistes en octobre prochain seront : la Nouvelle-Zélande et la France ! Oui oui vous avez bien lu. Ne demandez pas pourquoi, comment, par quels jeux de hasard (enfin pour la France surtout), c’est comme ça. Et j’ai même les deux équipes qui s’affronteront pour la troisième place. Par contre, je dois vous avouer que je suis un petit peu plus sceptique quant à mes dons de voyance sur ce match…

21/10/2011 : Petite Finale (Auckland Eden Park) : Pays de Galles – Espagne.

Vous verrez, au vue de leur prestation contre les Springboks en quart de finale, les Espagnols méritent entièrement leur place. Après comme tout cela est tiré d’un rêve, je me suis fié aux maillots donc ce n’est pas du sûr et certain à 100%. Puis je n’avais pas les commentaires de Matthieu Lartot pour m’aider. Enfin ça, ce n’est pas trop grave encore. Le plus gênant c’est la non-présence de l’Espagne à la Coupe du Monde qui handicape grandement mon pronostic. Au moins ça leur fera un titre que n’auront pas les danseurs de flamenco. Puis ils n’auront pas à le défendre par la suite.

Chapitre Dernier : La défense : avec ou sans caramel ?

Nous allons clore notre série de révisions par un petit aperçu de la défense. Et qui dit défense dit plaquage, hachage, destronchage, enfin tout ce qui se finit en “-age’ et qui fait saliver tous nos gentils petits lecteurs carnivores. C’est un peu le B-A-BA du rugby moderne. Et c’est surtout ce qui en fait son charme. Qui n’a jamais fantasmé de se faire plaquer au larynx par un troisième ligne barbu au faciès d’Homo Erectus, puis se retrouver la gueule enfariné dans le gazon à vous faire engueuler par vos co-équipiers qui vous reprochent d’avoir perdu la balle. Heureusement, le rugby est un sport qui accepte la vengeance méchante et gratuite et vous pouvez laver l’affront sur l’action suivante, en prenant soin toutefois de choisir une victime un peu plus petite. Question de principe.

Comme disent tous les plus grands spécialistes omnisports de la planète : la meilleure défense c’est l’attaque (ou inversement, j’ai jamais compris cette phrase). Oui sauf qu’il est impossible de garder la balle pendant 80 minutes, c’est humainement infaisable. On est obligé à un moment donner de fléchir les jambes, retrousser les manches, aiguiser le sécateur et de plaquer l’adversaire à tour de bras en évitant de subir l’impact. Ne serait-ce que pour récupérer la balle (et ne pas prendre d’essais… accessoirement). Ainsi la stratégie défensive d’une équipe est très importante. Et pour défendre, il faut plaquer !

Comment plaquer ? Avec ses bras de préférence. Ses deux bras même puisque la cravate (ou coup de la corde à linge pour les amateurs de catch WWE) n’est pas de rigueur (Fabien Galthié Touch). Plaquer en soulevant l’attaquant et en le plantant au sol la tête en-avant tel un étendard (appelé plaquage cathédrale car la victime fait souvent une courte prière entre le moment où il est saisi par la taille et la phase descendante de son corps vers le sol) est interdit, plaquer l’épaule en avant est sanctionnable, plaquer au-dessus de l’épaule est fortement sanctionnable, tacler peut aboutir à une suspension à vie. Ce n’est pas dangereux mais c’est un geste de footeux. Et ce n’est pas cher payé pour ce que c’est. Sinon plaquer avec sa tête ou son sternum c’est autorisé mais pas très efficace (voir suicidaire peut-être). Si le croc-en-jambe est prohibé, la cuillère est, à la différence de la fourchette, parfaitement autorisée (quid du couteau…). Une cuillère réussie équivaut au geste désespéré qui sauve l’équipe et peut vous valoir les louanges et félicitations de vos équipiers, de votre staff et de tous vos fans (femme(s) et enfant(s) inclus). En revanche, disséquons l’action d’une tentative de cuillère infructueuse.

Voici les faits. Pris de vitesse par l’ailier adverse qui a réussi à se faufiler (et non faux-filet malgré le fait que nous soyons une boucherie) entre vous et l’arbitre de touche (vous lancez un regard plein de reproche à l’arbitre qui s’est de toute évidence défilé sur le plaquage), vous vous retrouvez à courir derrière ce satané trois-quart aile, tel un CRS derrière un manouche (Jean-Pierre Perez n’est absolument pas visé dans cette métaphore). Voyant que la distance s’agrandit et que l’en-but se rapproche, vous vous décidez à tenter le geste ultime…THE ANKLE TAP ! Appui jambe gauche, plongeon bras droit tendu en avant à la Clark Kent ou à la Ovale Masqué pour les plus jeunes. Vous dépliez votre main, vous rapprochez vos doigts, vous étendez au maximum vos phalanges. Vous n’êtes qu’à quelques millimètres de la chaussure jaune de Yoann Huget qui tente d’échapper à un contrôle anti-dopage (Yoann Huget est explicitement visé dans cette non-métaphore). Malheureusement vous n’avez pas les doigts assez longs. Votre femme vous en a fait déjà le reproche mais, désormais vous touchez du doigt (enfin sur le coup, vous ne touchez rien du tout) votre impuissance. Vous vous étalez de tout votre long, votre main se retrouve écraser sous les crampons d’Huget, une motte de gazon se retrouve expulsée sur votre visage et vous assistez impuissant à l’essai victorieux de votre bourreau. Une cuillère ratée est donc définitivement le geste le plus ridicule du rugby. CQFD. Ah si seulement il y avait eu un rideau défensif supplémentaire.

Qu’est-ce qu’un rideau défensif ? Il s’agit de la ligne de défense à percer, contourner, éviter, pour aller marquer l’essai dans l’en-but adverse (Rugbynistère). Le premier rideau se trouve au niveau du dernier défenseur dans le ruck, au-delà les défenseurs sont hors-jeux. Leur but est de stopper voir faire reculer les attaquants grâce à des bouchons, caramels, cartouches, attentats, arrêts buffets, tampons. Autant de synonymes pour désigner un impact violent qui nécessitera l’intervention imminente des soigneurs au prochain arrêt de jeu. Autant vous dire que le caramel n’est pas une friandise (Fabien Galthié Touch) et que le tampon ne se met pas dans la chatte (poètes du sud-ouest).

Le second rideau n’intervient que si le premier rideau s’est fait percer, ce qui est de plus en plus rare dans le Top 14 avec des centres comme Marty ou Kefu. Le second rideau comprend généralement le demi-de-mêlée, qui sert généralement de paillasson sur les phases défensives, un troisième ligne type sécateur et tous les joueurs dispensés par leurs parents qui se replacent suite au ruck précédent. Enfin le troisième et dernier rideau correspond à l’arrière et à un des deux ailiers dont la couverture du terrain sert aussi à contrer le jeu au pied adverse. A noter qu’il y a aussi un troisième ligne, en principe adroit de ses mains, situé entre le deuxième et le troisième rideau.

Ensuite les stratégies défensives sont diverses et variés avec différents types de défenses : la défense inversée, la défense essuie-glace (spécialité roumaine), la défense pressing, la montée à contre-temps et le smash de revers. Je ne sais pas vraiment à quoi tout ça correspond mais j’ai vu ça chez les Spécialistes sur Canal +. Après réflexion ils ne parlaient peut-être pas de rugby ce soir là.

Je n’ai malheureusement plus rien à dire sur la défense, et pour la mienne de défense je dirai que j’ai été suffisamment complet. Vous allez pouvoir défendre vos arguments pendant la coupe du monde et pourquoi pas briller en société si vous arrivez à ressortir deux trois trucs intelligents de ces 9 “rugby pour les (ex) très nuls qui n’y connaissent rien au rugby”.

Voilà. C’est fini. On va se dire au-revoir comme après un plaquage de Nalaga. Vous pouvez désormais reprendre une vie normale et suivre un match de rugby en entier sans vous rendre fous à essayer de comprendre tout ce qui se passe sur le terrain. Je vous remercie de m’avoir suivi tout l’été, merci de m’avoir signalé toutes mes erreurs aussi. Mon égo a survécu, je vous rassure. Bonne coupe du monde à tous, bons pronos, bons réveils matinaux, bonnes discussions technico-tactiques autour de la machine à café. Et surtout allez la France. Ils en auront bien besoin…

Jonny WillKillSoon, qui reviendra avec d’autres chroniques carrément pas rasoir.

Jonny WillKillSoon a testé pour vous Toulon – BO… en streaming

On est tous passé par là….

Sur Terre, il y a deux catégories de gens : ceux qui ont une télévision et un abonnement à Canal et Rugby+, et les autres. Les autres c’est-à-dire ceux qui possèdent un PC avec une connexion piratée sur la wi-fi du voisin. Il existe aussi ceux qui n’ont ni abonnement, ni connexion, ni amis chez qui squatter et qui habitent trop loin du stade ou d’un bar PMU, mais comme ici on n’aime pas les loser alors démerdez-vous.

Ce week-end marquait le début de notre cher et tendre Top 14. Bon c’est vrai que par rapport au Tri Nations, on se demande si c’est vraiment le même sport qui est pratiqué. Quoiqu’il en soit ce retour à la course au bouclier de Brennus marque également le retour des problèmes pour ceux qui n’ont pas assez d’argent, de temps ou de motivation (parfois les trois en même temps, faut bien l’avouer) pour s’abonner et regarder les matchs de leur équipe favorite légalement. Au cas où cela ne semble pas assez clair, je rentre dans cette catégorie de gens, avec en plus l’avantage d’être sur mon lieu de travail au moment des faits. Et oui, il y a des gens qui travaillent le samedi à 17h. Et oui il y a des gens qui demandent à travailler le samedi à 17h pour avoir Internet pendant les matchs. Je peux ainsi profiter d’une connexion digne de ce nom pour regarder le match sur la toile en… wait for it …streaming. Voilà le mot est lancé. J’imagine déjà vos yeux de Yoyo Beauxis abattu à l’évocation de ce mot. Vous avez sans doute, vous-même, également connu votre propre (honteuse) expérience “streaming”. Vous en conviendrez c’est une expérience presque aussi cruelle qu’une panne sexuelle avec Ovale Masqué. On n’en parle pas, on garde cela pour soi et on menace de mort les rares personnes qui sont au courant. Le streaming provoque plusieurs pathologie : il donne des sueurs froides, peut rendre cardiaque, rend accroc aux anxiolytiques et vous fait aimer France Télévision et les commentaires de Matthieu Lartot. Le streaming c’est vous contre le système informatique. Un combat perdu d’avance. Voici le détail de mes 127 minutes chrono dans la peau d’un Noobie.

16h44 : Le match débute dans près d’un quart d’heure. La pression monte. Je décide d’anticiper l’avant match et je commence à rechercher le lien qui me permettra de suivre la rencontre. Ayant oublié le nom des sites de streaming les plus connus, je tape sur mon moteur de recherche “streaming rct-bo”. Aucuns résultats satisfaisants sur la première page. J’essaie alors “streaming toulon biarritz 2011”, puis “streaming live match toulon biarritz top 14 2011/2012” puis enfin “noms + site + streaming” car je commençais à en avoir marre. Résultat : JustinTV. Ah oui c’est vrai, ça me dit vaguement quelque chose.

16h52 :  J’ai le choix entre le match commenté en serbo-croate sous-titré russe ou celui commenté par Thomas Castaignède. Après un long temps d’hésitation, et après avoir cherché un lien international alternatif, j’opte pour la version française.

16h53 : Je regrette mon choix.

16h55 : La qualité est bonne, la vidéo n’est pas saccadée, un vent d’optimisme souffle. Même une petite publicité de 30 secondes sur le don d’organes pendant la présentation des équipes ne vient pas me perturber. Je suis prêt.

16h56 : Je remarque le chat (= discussion instantanée entre les différents utilisateurs) à côté de la vidéo du match. Ce bandeau blanc déroulant avec pleins de couleurs et de commentaires empreints de mauvaise foi et de branchages primaires en mode “kikoolol” (“marconné il é fini mdr”, “bo c dé dieu lol”) me filent la nausée. Je me met en plein écran pour échapper à ce génocide orthographique.

16h57 : Le plein écran tue la qualité de la vidéo. C’est le lourd tribut à payer pour la liberté.

17h02 : Après un premier Pilou-Pilou raté à cause de la sono, le coup d’envoi est donné. Rien ne semble pouvoir troubler mon match.

17h17 : Après 15 bonnes premières minutes (au niveau de l’image, pas au niveau du jeu proposé malheureusement) la qualité de la vidéo est de moins en moins fluide. Bloquée sur une mêlée sur les 40 mètres biarrots, la vidéo reprend alors que les rouges et noirs sont tout près de la ligne d’en-but. Je constate piteusement, grâce aux ralentis, que Sébastien Tillous-Borde a oublié un 2 contre 1 d’école. Le spectre de Rory Lamont sans doute. Toujours 0-0.

17h23 : Je m’emmerde. Je décide de regarder le match en serbo-croate pour le fun.

17h26 : Le temps de changer de chaîne, j’ai manqué les trois premiers points du RCT.

17h27 : Finalement l’image est encore plus pourrie, je retourne à mon premier choix. Avec le recul je suis rassuré de voir que les techniciens français sont plus performants que ces enfoirés de Yougo.

17h29 : Je ne peux plus accéder à la première chaîne car il y a trop de monde connectés. On me propose de m’inscrire sur le chat en attendant. Ou pas.

17h33 : J’arrive à me reconnecter à la chaîne. RIP touche F5.

17h34 : J’ai apparemment loupé l’essai de raccroc de la 1ère journée. 10-0.

17h36 : Premier coup de pied contré de la saison pour Benoît Baby. 17-0 pour le RCT.

17h40 : L’image se bloque 10 secondes toutes les minutes. Je commence à m’agacer malgré le score favorable.

17h42 : Je n’ai plus d’images. Sur le chat, les utilisateurs se plaignent du même constat. Je suis rassuré ce n’est pas une attaque personnelle du groupement indépendantiste basque.

17h43 : L’image revient. Sauf que c’est une nouvelle pub pour le don d’organes.

17h44 : Le match est à nouveau visionnable. Visible serait un terme plus adéquate étant donné la qualité de l’image. Je distingue à peine le temps qu’il reste à jouer et le score de 20-0 pour le RCT. J’ai encore raté deux pénalités de Dumora (sosie de Johan Micoud ?).

17h48 : Mr Péchambert décide de ne pas faire appel à l’arbitrage vidéo sur l’essai biarrot. A tort visiblement. Mr Péchambert n’arbitrera pas la finale cette année.

17h51 : La qualité de la vidéo redevient parfaite : c’est la mi-temps. Toulon 20, Biarritz 05.

17h56 : Je constate que le Ippon d’Olivier Missoup sur Magnus Lund en 1ère période n’a rien  envier à celui de Teddy Riner en finale des Mondiaux.

17h57 : Après réflexion, je me dis que ce Teddy Riner ferait un bon seconde ligne.

17h62 : La deuxième période commence.

18h03 : Le fait d’avoir réglé l’horloge de mon PC, a fait disparaître la vidéo.

18h04 : Sur le chat, je peux lire : “Batardgros 1 – Babie 0 LOL”. Je ne comprends pas cette remarque.

18h09 : Après 5 minutes d’intenses recherches, je trouve une nouvelle chaîne pour le match. Les commentaires sont toujours en français. La fluidité de la vidéo compense la trop forte pixellisation des images.

18h11 : Premier carton jaune de la saison pour Jean-Philippe Genevois. Edouard Coetzee méritait le sien aussi.

18h12 : Je suis définitivement contre le don d’organes.

18h15 : Caméra infiltrée dans le vestiaire visiteur de Mayol, il semblerait que Benoît Baby ait déjà sa carte de donneur d’organes.

18h21 : Olivier Missoup inscrit le troisième essai toulonnais après avoir commis un en-avant sur son plaquage destructeur sur le demi-de-mêlée remplaçant biarrot (il me semble qu’il lui marche dessus en prime). Mr Péchambert est en forme pour son match de reprise. Toulon mène 30 à 5.

18h23 : Intervention de Thomas Castaignède pour nous dire que Toulon a fait seulement une trentaine de passes après 1h de jeu. Le B.O en a fait trois fois plus. Le RCT a six fois plus de points au tableau d’affichage. Merci Thomas, interviens quand tu veux.

18h25 : Le drame. La vidéo se bloque automatiquement et seule une réactualisation de la page permet un retour des images. 40 secondes plus tard rebelote. Après avoir répété la manip’ une dizaine de fois, je dois me rendre à l’évidence que la vidéo se bloque automatiquement toutes les 40 secondes. En hommage aux Nuls, je me lance un petit-suisse sur le visage (il était périmé, j’ai vérifié avant).

18h28 : Le site me propose de payer pour voir la suite. Je lui propose de suite d’aller se faire voir sans payer.

18h30 : Sur le chat, un modérateur nous donne un lien pour nous permettre de profiter de la vidéo sans interruptions. Ce lien nous redirige vers un fichier “Bloc-Note” à télécharger contenant toutes les manipulations à faire pour pouvoir suivre le match correctement. C’est sûrement un piège tendu par la CIA mais le RCT vise le bonus offensif alors je télécharge le fichier.

18h33 : J’ouvre le fichier. Il y a 16 étapes. Il reste 16 minutes à jouer. C’est jouable.

18h35 : A la lecture du fichier, je comprends la situation. Je dois me créer un compte AOL en m’enregistrant avec un code postal américain. Je serai alors connecté en tant qu’américain ce qui me permettra de ne pas repérer de Proxy qui régule toutes les chaînes de JustinTV. Je plaisante, j’ai rien capté.

PS : Je vous copie-colle la dernière étape qui résume tout (ça vend du rêve) :

“16) Allez sous Firefox ou Internet Explorer (laisser AOL ouvert) et sur cette page > http://www.mon-ip.com Afin de vérifier votre IP !
Si cela marche, elle doit être américaine ( drapeau américain) et ne doit pas détecté de proxy !
AOL permet d’avoir une adresse IP américaine sans proxy ! Donc de contourner la limitation Justin !
ET VOILA VOUS ÊTES UN AMÉRICAIN ! A VOUS LAS VEGAS..ou juste justin tv gratuit !”

18h45 : J’en suis toujours à l’étape 1 : installer AOL 9.6. Je décide de quitter mon poste de travail et de me rendre au bar PMU au bout de la rue.

18h51 : Ma sangria n’est pas encore servie que le match est terminé. Victoire du RCT 30 à 5. Note des internautes 10.8 (forcément si ils ont vu le match Australie – Nouvelle-Zélande juste avant…). Au final je n’ai pas du louper grand chose. A défaut d’avoir visionné le match dans de bonnes conditions, je lirai le résumé (objectif) du “Sud Ouest” demain matin.

Bonne nuit,

Jonny.

Le Rugby pour les vraiment très très nuls #8

Jonny WillKillSoon va vous faire prendre votre pied. Grave.

On se rapproche doucement mais on se rapproche. Moins d’un moins avant le début de la Coupe du Monde, c’est fou comme ça passe vite. En fait c’est facile à évaluer, un mois avant chaque grand événement, France 2 nous fait partager son immense esprit créatif en matière de « Trailer » avec une bande-annonce qui met trop l’eau à la bouche. Sauf que cette année l’eau est salée et les poissons ont pissé dedans. Non sérieusement, voir Cédric Beaudou, spécialiste en couleur de gazon et en anticyclones, et Jacques Brunel, Panoramix du rugby français, en train d’essayer d’apprendre le Haka néo-zélandais par cœur pour nous faire croire que ce sont des journalistes d’investigation, c’est juste whaou ! Ça donne presque envie de partir s’exiler en Norvège…euh mauvais exemple en fait. Je pense qu’ils auraient dû tabler sur quelque chose de plus soft, sans prétention, un peu comme la Bande-Annonce de TF1. Coût total 6,5 millions d’euros mais c’est déjà plus bandant, et puis avec la pub Cadr’Emploi juste après ça n’a pas de prix. Le message ? Deviens patron et pose tes vacances pendant la Coupe du Monde, tu verras tu ne le regretteras pas. Et puis surtout, tu pourras donner des coups de pied au cul de tes salariés sans scrupules. Magnifique transition avant de vous parler des coups de pieds… au Rugby, seulement au Rugby.

Chapitre VII : Les dégagements… c’est le pied !

On a parlé transformation, pénalité et drop dans le préambule et de renvoi dans le chapitre 2. Pour les étourdis, mes articles sont désormais archivés ici. Aujourd’hui parlons du jeu au pied dans le jeu courant, c’est-à-dire à vitesse (et balles) réel(les). Précision importante avant de vous décrire tous les styles de jeux au pied, un ballon qui sort directement en touche sans rebondir préalablement dans le terrain est sanctionné d’une touche pour l’adversaire à l’endroit où le coup de pied a été donné (si le ballon rebondit avant, la touche est également pour l’adversaire mais à l’endroit où le ballon est sorti). Vous suivez ? Ça se complique avec les cas particuliers : * si le joueur récupère et dégage le ballon de ses propres 22, le ballon n’est pas obligé de rebondir avant de sortir en touche. Par contre si le ballon est rentré à l’intérieur de la zone des 22 par le joueur lui-même ou par un de ces partenaires ce n’est pas du jeu : touche au point de départ, na ! * si le joueur dégage trop fort, n’importe où sur le terrain, avec ou sans rebonds et que le ballon sort de la zone de ballon mort adverse. Grave erreur : mêlée introduction adverse à l’endroit où le ballon a été botté. * après un coup franc (bras cassé) ou une pénalité : dans les 2 cas, il est vivement conseillé de botter directement le ballon en touche. Dans le cas d’un coup franc, la touche est pour l’équipe adverse, dans le cas d’une pénalité la touche est pour l’équipe non sanctionnée. Comme vous avez pu le constater, toujours autant de clarté dans les règles. Un apprentissage toujours aussi ludique, bref le Rugby dans toute sa splendeur ! Après la partie chia… pédagogique, voici la deuxième partie avec un référencement approximatif de tous les types de coups de pieds vus et revus par nos soins.

1) Le dégagement : Vous êtes dans votre camp ? Vous êtes sous pression ? Vous n’arrivez pas à prendre à défaut la défense adverse ? Allez un bon gros coup de pied pour se dégager ça fait de mal à personne ! Ah le ballon revient ? Donnez un autre gros coup de pied dedans ! Il revient encore ? Euh…c’est un match de Top 14 ? D’accord, au temps pour moi, visez la touche alors ! Voilà c’est bon. On va pouvoir repartir sur des bases saines.

2) La chandelle : Une chandelle désigne un coup de pied tout en hauteur effectué par dessus la ligne de défense adverse. L’objectif est de gagner du terrain. En montant une chandelle on fait monter son équipe et on met sous pression l’équipe adverse. Le but ultime est de récupérer le ballon au point de chute, mais mettre la pression et avancer de 30m c’est déjà bien. Phrase à dire pour se la péter « C’est vraiment un « up and under » de qualité. D’ailleurs saviez-vous que les britanniques utilisaient aussi le terme « garryowen » pour qualifier ce geste ?». En effet, Garryowen est le nom de l’équipe qui a créé la chandelle. Depuis cette équipe a été interdite de championnat, coïncidence ? Peut-être pas. Par contre phrase à ne pas dire même sous la torture « Cette chandelle a véritablement éclairé le jeu ». C’est la Salvioque touch.

3) Le petit coup de pied par-dessus : Cousin éloigné du coup du sombrero au football, ce geste consiste à mettre le ballon juste derrière le premier rideau défensif adverse, dans la zone où il n’y a plus de défenseur, et récupérer le ballon avant qu’il ne rebondisse de l’autre côté (si il rebondit ce n’est pas grave, c’est juste moins esthétique). Le ballon une fois récupéré, on résiste au retour des défenseurs, on crochète l’arrière et on s’en va pointer au centre des poteaux. Easy ! Un geste que vous ne verrez pas à la Coupe du Monde puisque le seul joueur au monde à le tenter 6 fois par match (pour un taux de réussite de 13%) est Juan Martin Hernandez, hélas forfait pour la compétition.

4) Le coup de pied rasant : geste désespéré en bout de ligne d’attaque pour ne pas se faire découper par le troisième ligne adverse ou geste de génie plein de sang froid. A vous de juger.

5) Transversale : également appelée « passe au pied », la transversale est généralement un geste décisif qui permet à l’ouvreur de solliciter (rapidement) son ailier qui s’ennuie au bord de la touche sans passer par les centres (donc en évitant les coffres à ballons et les en-avant). Généralement l’ailier n’a alors plus que 2m à faire pour marquer mais Aurélien Rougerie est un garçon généreux (baissez le son).

6) Le dégagement en reprise de volée : rendons à Lionel Beauxis ce qui lui appartient. Pour une fois qu’un joueur français décide de mettre sa créativité au service de la reconnaissance planétaire. Bizarrement on ne l’a plus revu en équipe de France depuis ce geste incroyable. C’est dommage, ça méritait un deuxième essai je trouve.

7) Le coup de pied dévissé : si un joueur se tient le visage entre les deux mains après un coup de pied ou qu’un de ces partenaires lui éclate la tête, c’est qu’il a foiré son coup de pied. En règle générale si le ballon part à 90° ou en arrière ce n’est pas bon signe.

8 ) Le stamping : j’aurai pu en parler dans l’article sur les rucks mais j’ai oublié, alors je me rattrape maintenant. Le stamping c’est en quelque sorte le jeu au pied vu par les avants. Geste technique consistant à viser les parties molles d’un joueur adverse, en boule et au sol, afin de s’essuyer les crampons. Un vrai geste de boucher !

9) La balayette : geste plus rare mais réalisé toujours par le même artiste Jerry Flannery. Ippon sur Palisson, du grand art ! Rien à redire.

10) Le dribble : il arrive que certains rugbymen aient une autre passion dans leur vie. Pour Jenny Flannery par exemple c’est le judo, pour d’autres c’est le football. Le ballon n’est pas tout à fait rond mais le résultat peut être tout aussi efficace qu’un beau jeu à la main, comme en témoigne cette toute récente vidéo !

11) Le coup de pied de recentrage : à mi-chemin entre le dribble et la transversale, ce geste honteux visant à se débarrasser de l’ovale pour permettre à l’action de se poursuivre est très utile lors d’un contre. D’ailleurs l’essai du siècle en est l’illustration parfaite (avec en bonus le coup du sombrero du 10 tricolore Albala-Dijo…enfin je crois).

Il existe également le combo « chandelle + high kick / coup de pied sauté vertical » mais ce geste est réservé aux professionnels et toutes les vidéos sont, de toute manière, censurées sur YouTube. YouTube, qui comme vous avez pu le constater, sponsorise l’intégralité de cet article. Non vraiment, ce n’est plus ce que c’était le journalisme, neuf  vidéos dans un seul et même article, c’est vraiment un travail de guignol. Promis la semaine prochaine, je vous récite le Haka néo-zélandais par cœur pour vous montrer à quel point je suis sérieux. Et avec l’accent catalan en plus. Non c’est pour moi, c’est cadeau.

Jonny WillKillSoon

Le Rugby pour les très très nuls qui n’y connaissent rien #7

Aujourd’hui, Jonny nous parle de tous ces gestes de frimeurs qui font gagner de l’argent à Youtube. Quade Cooper, c’est pour toi…

Tous à vos passeports ! Embarquement imminent ! Vous êtes tous les bienvenus pour soutenir les Bleus à l’autre bout de la planète, en Nouvelle-Zélande, en septembre prochain (et éventuellement octobre pour les plus optimistes). Je vois que vous emportez votre bikini. Grossière erreur Madame. Septembre dans l’hémisphère sud c’est la fin de l’hiver et le début du printemps. Oui voilà, la saison des pluies. C’est pas grave vous ne serez pas trop dépaysés puisqu’apparemment, on a aussi inversé les saisons en France. Personnellement je suis en train de vivre un deuxième hiver depuis un mois, c’est tip-top ! Pluie le matin, orage l’après-midi et froid polaire le soir. Vraiment de la merde en boîte ce temps, il y a pas à dire.

Mais le temps aidant
J’ai cultivé ma déprime
Au cachet d’aspirine
Et aux tonnes de calmants

Quand je m’ennuie, je deviens poète. J’aurais préféré avoir un autre don mais je fais avec. Et donc là, en ce moment je m’ennuie plutôt pas mal. Mon niveau d’ennui se situe entre « je visionne un match du CA Brive Corrèze pour pimenter ma soirée » et « réussir une partie de démineur en mode expert est mon climax hebdomadaire ». Je m’ennuie tellement que j’ai même réussi à m’enthousiasmer devant le Tour de France l’autre jour. C’est quand même un signe je trouve. C’est d’ailleurs en regardant le Tour que m’est venue l’idée du nouveau thème. On a vu les fondamentaux (les skills) et l’important travail des avants au Rugby mais c’est tout… pour le moment (oui je regarde un peu trop la télé aussi). Mais voilà, nos amis cyclistes m’ont rappelé entre deux siestes que sans l’attaque, la victoire est certes envisageable mais l’intérêt devient vite nul. Et j’imagine que vous n’allez pas faire 14h d’avion pour voir des chandelles et des pick & go à tout va. Et j’imagine aussi que vous n’avez pas compris ces deux derniers mots, alors je vous conseille d’être attentif à ce qui va suivre.

Chapitre VI : L’attaque du jet d’ail avant que Damien Try

Vous remarquerez au passage les titres de plus en plus foireux. Si cette situation vous fait de la peine, n’oubliez pas qu’il est possible de faire des dons. Ça finance nos ordonnances.

Trente lignes dans le vent plus tard : l’attaque ! Différentes possibilités d’attaquer : à la main avec les arrières et tous leurs subterfuges pour échapper aux défenses rugueuses, à la main avec les Avants afin de créer des points de fixation ou des brèches selon l’étendue de la pénétration (phrase ultra-tendancieuse à la relecture), au pied afin de jouer dans le dos de la défense et mettre la pression sur l’équipe adverse et enfin au pied mais cette fois de façon transversale afin de solliciter un joueur isolé en bord de touche à qui il ne restera plus que deux mètres à faire pour aller à dame.

Commençons par le jeu à la main des Arrières. L’attaque pure et propre faite de passes, décalages, esquives, sautées, feintes de passes et autres gestes techniques orgasmiques. Seulement cette version c’était à la genèse du Rugby. Depuis les agiles petites grenouilles se sont faites aussi grosses que les bovins de devant et le jeu d’arrière s’est transformé en un jeu stéréotypé d’auto-tamponneuses. Seules quelques équipes résistent à la tentation de virer du côté obscur des lignes arrières. Et parmi eux, le célèbre « jeu de mains, jeu de toulousains ». Donc déjà là c’est clair, si vous n’avez pas la nationalité toulousaine, que vous n’avez pas été baptisé dans la Garonne et que vous n’avez pas pris occitan en deuxième langue c’est mort. Vous êtes tristement condamné à :

a) devenir un Avant et ainsi rechercher, dans votre for intérieur, d’anciennes racines cannibales afin de subsister,

b) rester un joueur des lignes arrières anonyme pour le grand public et insélectionnable en équipe de France malgré toutes vos capacités. Vous finirez votre carrière triste et abandonné avec un jubilé qui ne méritera même pas un encart dans l’Equipe.

Mes propos ne sont pas tout à fait exacts puisque des joueurs comme David Marty et Damien Traille sont sélectionnés en EdF, alors qu’outre le fait de ne pas être toulousains, ils ne remplissent pas toutes les qualités de la « check-list des gestes techniques indispensable à un Avant néo-zélandais en Poussin 1ère année ». Liste qui comprend :

  • La chistéra : geste inventé par Dimitri Yachvili à l’intention de Benoît August (ou vice-versa) qui consiste à faire une passe dans le dos en balançant le bras d’avant en arrière. Cette expression fait allusion au geste effectué par les joueurs de pelote basque, justement munis d’une chistera (qui signifie en basque « petite corbeille »).
  • Le cadrage-débordement : en situation offensive de face à face, l’attaquant fixe généralement le défenseur par un cadrage-débordement. Le cad-déb c’est quand tout le monde regarde à droite et qu’au dernier moment vous allez à gauche (ou vice-versa).
  • Le raffut : Geste humiliant qui consiste à mettre sa petite mimine sur le visage ou le torse de son adversaire afin de le repousser et l’écarter de votre course. Ce geste se réalise en maintenant les boutons R1 et R2 enfoncés (ou vice-versa).
  • Pas de l’oie : Jeu de jambe inventé par l’australien David Campese (et encore jamais réalisé par un joueur de l’hémisphère nord) qui consiste à ralentir sa course puis à redémarrer brusquement en donnant une impulsion à sa jambe d’appui grâce à l’autre jambe. Ce geste permet de déstabiliser le défenseur mort de rire et de prendre une longueur d’avance sur lui.

Voilà pour les gestes classiques individuels. Il est également possible de faire la différence avec des gestes collectifs (passes sautées, redoublées, passe après contact…) mais là les noms parlent d’eux-mêmes.

Passons désormais au jeu à la main vu par les Avants. Au-delà de l’oxymore occasionnée par l’association des deux mots « main » et « Avant », cette version est plus basique car se résumant à, environ, une passe (et grosso modo 79% de risque de se finir par un en-avant). Le demi de mêlée extrait le ballon et lance dans l’intervalle un Avant qui, avec ou sans élan, va foncer dans le tas afin de gagner quelques précieux mètres et créer ainsi un point de fixation. Répété à outrance, cette séquence s’appelle pick & go. On parle alors de « série de pick & go » lorsqu’une équipe, proche de la ligne d’en-but, avance grâce à ce processus, centimètre par centimètre, dans le but d’inscrire un essai de raccroc (en règle générale, l’équipe qu’on supporte n’y arrive jamais et, au contraire, s’en prend une douzaine par saison). Ce système est aussi utilisé en fin de match pour conserver le bénéfice d’un bon résultat et s’assurer une fin de match houleuse.

Avant de passer au jeu au pied (la semaine prochaine), j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains, une aspirine et de terminer en vous parlant de deux règles que les débutants comme vous ont du mal à comprendre : l’écran (ou passage à vide) et le contact.

« L’écran c’est quand on demande l’arbitrage vidéo ? ». Euh non, c’est drôle mais ce n’est pas ça. Il y a écran lorsqu’un joueur, généralement celui sacrifié à l’avant d’un maul, est délié de ses équipiers et fait donc office d’obstruction illégale car empêchant l’adversaire de plaquer le porteur du ballon. On utilise plus volontiers l’expression « passage à vide » lors des attaques réalisées par les lignes arrières, quand le leurre utilisé pour fixer la défense percute à vide (sans le ballon donc, puisque c’est un leurre) et donc neutralise complétement le défenseur qui ne peut plus découper le réel attaquant en possession du ballon. Mais généralement il se rattrape bien. D’ailleurs brin d’humour pour les initiés : il n’y pas de « voyage à vide » lors d’un « passage à vide ». Ah-ah, d’accord j’enchaîne.

Le contact, quant à lui, est sifflé lorsque le porteur du ballon percute un de ses propres équipiers situés devant lui. C’est souvent à la sortie d’une mêlée fermée quand le n°8 charge du mauvais côté et prend plein fer son propre demi de mêlée. Demi de mêlée qui, en plus de s’être pris 120kg dans le buffet, se fait engueuler par son 3ème ligne centre et se fait sanctionner par l’arbitre. Dans la série je tire sur l’ambulance et viole l’infirmière, sur cette action on atteint un bon niveau je trouve. Bref mêlée. L’écran et le passage à vide sont quant à eux sanctionnés d’une pénalité.
La semaine prochaine n’oubliez pas vos crampons car ça va dégager sévère, c’est Mr WillKillSoon en personne qui vous le dit.

En attendant la pluie s’est arrêtée, je vais pouvoir hululer tranquillement sous la lune. Hou-hou, hou-hou. Si vous aussi vous aimez hululer, n’oubliez pas de liker la fanpage de la Boucherie Ovalie sur Facebook, ou de nous suivre sur Twitter. Le rapport ? Aucun, c’est Ovale Masqué qui m’a obligé à rajouter ce passage.

Jonnny WillKillSoon

Le Rugby pour les très nuls qui n’y connaissent rien #6

Aujourd’hui, Mission Impossible pour Johnny : expliquer les rucks.

Partie 6 :

Pour commencer cette chronique dans la bonne humeur, une petite devinette : « Top ! Je suis une zone ouverte à tout le monde mais où les risques de contacts physiques sont importants. J’apparais lorsqu’une personne est plaquée au sol. Des corps, des bras, des jambes traînent dans ma zone et tout le monde essaye d’y mettre les mains. Je suis, je suis, je suis… ». Qui a répondu une partouze ? Non sérieusement si vous voulez recevoir votre Didier Mené d’honneur (en véritable chocolat qui fond au soleil) à la fin de l’été, va falloir arrêter les après-midis bronzette et commencer les révisions. Bien entendu la réponse est le ruck ou mêlée ouverte/spontanée. A ne pas confondre, pour nos amis québécois qui n’y connaissent (réellement) rien au rugby, avec Ruck Voisine qui représente un autre danger mais plus auditif cette fois. Le soleil tape fort en ce moment, vous ne trouvez pas ?

Chapitre V : L’enfer c’est les Ruck

Le ruck (qui signifie foule, regroupement en français) est sûrement la phase de jeu la plus présente, séquentielle, répétitive, dangereuse, incompréhensible… (liste non exhaustive) que l’on puisse rencontrer au Rugby. Il y en a environ une centaine par match et toutes sont différentes. Au premier abord on pourrait croire que les joueurs sont en pleine partie de Twister, mais après vérification on vous confirme que c’est bel et bien des mêlées ouvertes. Et ce n’est pas tout à fait un hasard si ces regroupements sont aussi surnommés « zone de combat ». C’est afin d’être totalement transparent, pour les novices, quant à la dangerosité de cette action et, ainsi éviter les plaintes pour « risque de mort dissimulé par un mot anglophone sans réelle définition ». D’ailleurs une personne normale préfèrera toujours s’engager dans l’armée que risquer sa vie au rugby, c’est une question de principe. En revanche une personne normale est aussi en droit de se dire que puisque c’est une phase de jeu ultra récurrente dans une partie, elle doit être logiquement plus simple à arbitrer. Que nenni. C’est même carrément l’inverse, un vrai Triangle des Bermudes de l’arbitrage. Une sorte de « no rules land » à l’envers. On y retrouve la même chose à chaque fois : des joueurs au sol, d’autres qui plongent dans le tas, chargent sur les côtés, le demi de mêlée qui s’essuie les crampons sur le troisième ligne adverse, le public qui crie et l’arbitre qui à la possibilité de siffler environ 14 fautes sur une seule et même action. Au final, comme on y voit rien et qu’on n’y comprend rien, on regarde cette séquence un peu comme on regarde un match de tennis : un œil sur le ruck, un œil sur l’arbitre, et on attend qu’il se décide enfin à intervenir… quand il intervient (spéciale dédicace aux arbitres de l’hémisphère sud)

Voilà dans la fiction comment doit se dérouler cette phase de jeu :

Étape 1 : Un joueur A est plaqué par un joueur B. Il tombe au sol. Tous les joueurs se regroupent autour de lui (en se liant par le bras comme des vieux potes) pour prendre de ses nouvelles. Un ruck est créé.

Étape 2 : Le joueur A, une fois au sol, doit immédiatement lâcher le ballon. S’il ne le fait pas, il doit se dénoncer de son plein gré auprès de l’arbitre et offrir ainsi une pénalité à l’équipe adverse. Le joueur B, quant à lui, une fois avoir plaqué le joueur A, doit lâcher immédiatement sa proie et s’extirper au plus vite du regroupement, en s’excusant, afin de ne pas gêner les petits camarades qui tentent de récupérer le ballon. Si il n’y arrive pas, soit il essaye de creuser une galerie dans la pelouse pour montrer sa volonté de ne pas gêner, soit il se dénonce de son plein gré auprès de l’arbitre etc.

Étape 3 : Pour récupérer le ballon mit gentiment à disposition par le joueur A, les équipiers du joueur B doivent absolument rentrer dans l’axe du regroupement, rester sur leurs appuis et sur leurs pieds. Dès qu’ils s’appuient sur un corps au sol ou qu’ils perdent l’équilibre, les joueurs doivent cesser toute tentative pour récupérer le ballon. Faire l’avion avec ses bras en bombant les fesses est la meilleure façon de montrer que l’on se désintéresse du ballon.
De leur côté les équipiers du joueur A doivent protéger l’ovale et le mettre à disposition du demi de mêlée sans s’allonger sur le joueur au sol et sans faire preuve d’agressivité dans le déblayage (toujours dans l’axe du regroupement) des joueurs adverses qui viennent « gratter » le ballon. Si le joueur estime qu’il a repoussé son adversaire avec trop de vigueur, il doit s’en excuser et se dénoncer auprès de l’arbitre etc.

Étape 4 : Lorsque le ballon sort de cette zone sans qu’il n’y ait eu de faute commise, la partie peut reprendre son cours et les acteurs de cette mêlée spontanée peuvent repartir à l’aventure, non sans se serrer la main avant.

Inutile de préciser que vous ne verrez jamais un ruck se dérouler de cette manière. Si vous n’arrivez pas à vous faire à cette idée, abandonnez maintenant et recommencez doucement à partir du Rugby à XIII. Rien ne presse. Vous aurez toujours la possibilité d’être au point dans 4 ans pour la Coupe du Monde 2015. Et pour les âmes sensibles, ne visionnez jamais un déblayage de Bakies Botha, certains joueurs y ont laissé des côtes. Totale transparence, vous êtes prévenus. En réalité, l’élément le plus fantastique avec cette phase de jeu, c’est le fait que son arbitrage change après chaque Coupe du Monde. Un coup ça favorise les attaquants, un coup les défenseurs, un coup les bouchers, un coup les insomniaques. Bref, une fois que toutes les équipes, tous les coachs, tous les joueurs (et tous les arbitres) se sont habitués aux nouvelles règles, l’IRB décide de redistribuer les cartes. Ils ont peut-être peur qu’on se lasse. Charmante attention, c’est vrai que le football, le volley, c’est trop ringard ça ne change jamais. A quand les pénalties tirés les yeux bandés du centre du terrain ? Au final on se dit toujours que c’était mieux autrefois, alors qu’on a complètement oublié comment c’était avant.

Mais cette année, c’est peut-être la bonne. L’année de la consécration pour le ruck qui va peut-être connaître ses lettres de noblesse. Il devient de plus en plus importante dans le jeu courant, et il pourrait permettre à l’équipe la plus souveraine dans ce domaine d’être sacrée en octobre prochain. Une forte présence et une saine agressivité serons les aspects à maîtriser pour remporter ces guerres de tranchées, permettre aux équipes de récupérer des ballons importants de contre-attaque et assurer une belle continuité dans l’offensive. La discipline sera également très importante puisqu’une faute au sol est sanctionnée par une pénalité et donc par trois points hypothétiques pour l’adversaire. Bref, réponse dans deux mois.

On a parlé de la touche, de la mêlée, du ruck, autant achever le travail en ce qui concerne les 4 travaux des avants avec les mauls ou ballons portés. Qu’on préfère appeler, il est vrai, une cocotte (à prononcer avec la voix rocailleuse, l’accent à la « Thierry Lacroix » et en mettant l’accent tonique sur le deuxième « -co » : coCOoo(rrr)te). C’est tellement plus beau.

Bref la cocotte c’est un peu l’allégorie de la solidarité et du fair-play au Rugby. C’est en quelque sorte un mix entre une mêlée et un ruck. On a pris le plus scandaleux et le plus improbable des deux séquences et on en a fait le geste ultime. La cocotte peut se créer n’importe où, n’importe comment, sans prévenir (mais plus généralement après une touche). C’est lorsqu’une équipe décide d’improviser une mêlée, en prenant soin de mettre un mec plutôt costaud devant et de dos pour faire office de bouclier anti-char. Autour de ce jeune homme sacrifié, se regroupe tous ces équipiers qui se lient entre eux et avancent en prenant soin de planquer le ballon à l’arrière du groupé-pénétrant (on attend toujours la réponse de Jean-Pierre Elissalde pour connaître la traduction en japonnais…). La cocotte est un geste très technique et très utile puisqu’elle permet à une équipe dominant devant de gagner plusieurs mètres sans (trop) d’efforts et de récupérer parfois des pénalités lorsque l’adversaire se met à la faute (écroulement du maul, plus toutes les fautes possibles de faire dans un ruck). L’humiliation ultime étant toutefois la pénalité sifflée pour un maul qui ne progresse pas. C’est assez rare, généralement le demi de mêlée n’insiste pas et extrait le ballon avant, mais suffisamment ridicule pour être souligné. Une petite pensée également pour tous les joueurs qui sont déjà « passés » sous une cocotte et qui se sont fais châtier par différents types de crampons vissés. La Boucherie leur présente de sincères condoléances et leur rappelle que Hansaplast le pansement des héros n’est pas vraiment conseillé en cas de fracture.

Je vous laisse sur ces belles paroles, nous en avons fini avec le jeu d’Avant. Je vous félicite pour votre assidit… assudit… assuidut… bref votre diligente présence chaque semaine. Vous avez passer avec brio les règles de catégorie Bisounours niveau 3, et votre Didier Mené d’honneur est désormais à une poignée d’effort. Clap clap.

Johnny WillKillSoon