Présentation Taupe 14 : RC Toulon
par Jonny WillKillSoon

  • 03 November 2011
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Après avoir inauguré cette nouvelle catégorie avec la fiche du Stade Toulousain, qui a fait fureur sur le forum officiel du club (le saviez-vous ? les toulousains sont également champions de france de l’humour), intéressons nous aujourd’hui à un club pas comme les autres, le RC Toulon.

Même si on a du mal à l’admettre, le RCT est un de nos clubs préféré à la Boucherie : un président mégalo qui nous pond des répliques de gangsters que  même Tarantino n’aurait pas pu imaginer, des bouchers sur et en dehors du terrain, un effectif à moitié alcoolique et débauché, des supporters malades mentaux… si on ajoute à cela l’arrivée récente de Notre Jambon Star, l’impayable Bernard Laporte, ils ont de quoi nous donner à écrire pendant encore 10 ans. En attendant, pour cette fiche de présentation, nous avons confié le job à Jonny WillKillSoon et Daniele Rairault, nos deux toulonnais à nous, qu’on ne mouille pas et qu’ on ne nourrit pas après minuit, parce qu’on sait jamais.

 

Le club : Le Rugby Rugby Club Toulonnais (RCT, dire “Racing Club Toulonnais” si vous voulez prendre le risque d’enrager un supporter du club)

 

L’histoire : Né en juin 1908 dans la brasserie toulonnaise “Le Coq Hardi”, le RCT est à l’origine une équipe mixte composée de la Sélection Maritime (les fonctionnaires de l’Arsenal), le Sporting Club Télégraphique (les réformés de l’armée) et le Stade Varois (les chômeurs). Depuis toujours, on aime le Melting Pot à Toulon.

Depuis 1908 donc, le RCT sévit sur les terrains de France et de Navarre, et constitue aujourd’hui le dernier représentant du Sud-Est dans l’élite (Montpellier étant bien sûr dans le Sud-Ouest et Lyon dans le Nord, ce ne sont pas des gens comme nous voyons). Dans les années 80 et 90, Toulon était l’une des places fortes du rugby français et grand pourvoyeur de l’équipe de France, ce qui parait difficile à croire aujourd’hui. Certes le rugby de Toulon était alors basé sur le combat et les grandes envolées n’étaient alors pas courantes (voir interdites). Notre troisième ligne (Champ, Louvet ou Loppi pour ne citer qu’eux) ne savait que rarement où se trouvait le ballon. Par contre, la charnière adversaire n’avait pas le temps de les perdre de vue. Toutefois, c’était efficace, surtout avec Jérôme Gallion à la baguette. Trois fois Champion de France, 5 fois finalistes, bref le haut du panier. C’est en tout cas ce que tout Toulonnais croit, avec une foi inaliénable en son club. La rétrogradation administrative de 2000 a d’ailleurs été relativement mal vécue (c’est la phrase où je montre que je maîtrise assez bien l’euphémisme). Après une première remontée infructueuse en 2005-2006 (la recrue phare s’appelait Ludovic Lousteau à l’époque), le club connaît une nouvelle jeunesse avec l’arrivée de Mourad Boudjellal, à l’origine accompagné par Stéphane Lelièvre. On recrute à tour de bras et on finit par avoir des résultats, avec une équipe pleine d’estrangers. Le club semble aujourd’hui durablement installé dans l’élite et aurait même pu connaitre une finale de championnat en 2010 si la conspiration internationale visant à faire chuter Toulon n’avait pas fait pression sur l’arbitre de la demie contre Clermont. Bref…

Les grandes périodes du RCT :

– De 1908 à 1974 : Les photos sont en noirs et blancs mais le RCT fait son trou dans l’Élite.
– De 1974 à 1984 : Années sombres
– De 1984 à 1996 : Les Douze Glorieuses.
– De 1996 à 2006 : On nous aime bien : on a des bons jeunes mais pas d’argent pour les garder (rétrogradation administrative en 2000 et sportive en 2006)
– Depuis 2006 : On nous aime moins : on a du fric, un président mégalo et des stars internationales.

 

Les couleurs : Dans la plus grande ville française à avoir élu un maire Front National, on peut se douter que le rouge et le noir ne représentent pas le communisme et l’anarchie. Ce n’est pas non plus une référence à Stendhal, les rugbymen toulonnais étant peu portés sur la littérature à l’exception de Daniel Herrero. Les mauvaises langues racontent que ce sont des Toulousains qui auraient fait cadeau de deux jeux de maillots à la création du RCT. Le Toulousain étant fourbe et sournois, cela nous étonnerait fortement. On n’a donc toujours pas d’explication plausible à l’adoption du rouge et noir.

 

La ville : Toulon est un paradoxe. En 1793, la ville préfère se rendre à l’Anglais plutôt que de céder à la révolution. Au contraire, elle préfèrera le sabordage de la flotte française en 1940 à la reddition à la perfide Albion. Aujourd’hui, Jonny Wilkinson est le Saint protecteur de la ville. Si vous y comprenez quelque chose écrivez nous. A part ça, Toulon dispose d’un cadre magnifique que des architectes probablement originaires d’Allemagne de l’est ont consciencieusement bousillé après guerre. Comme tous les ports Toulon fut, parait-il, une ville de débauche notamment célèbre pour le quartier du « Petit Chicago » (prononcez « Chicag’ »). Les toulonnais vont à l’arsenal (s’ils travaillaient ça se saurait), tous. Enfin, de moins en moins mais ceux qui sont salariés sont employés par l’arsenal. La rade de Toulon est également réputée, à l’image du port militaire, pour diverses réussites. C’est notamment là que le Charles de Gaulle a appris à nager en moins de 5 ans.

 

Le stade : Le Stade Mayol est ainsi nommé en hommage à Félix Mayol, chanteur du début du siècle, qui a gracieusement offert un terrain au club en 1920, le stade actuel date d’ailleurs de cette époque. Il est aussi à l’origine de l’emblème du club, le muguet, qu’il arborait à sa boutonnière lors de ses représentations. Le Stade qui était à l’origine au milieu d’un champ est aujourd’hui en plein centre ville accolé au centre commercial du même nom où l’on peut observer les jeunes toulonnais qui tuent le temps en crachant par terre, principale activité des autochtones entre deux matchs. Le stade est vétuste comme on l’a dit mais toujours « plein comme un œuf » pour paraphraser Eric Bayle. Chaque année, au défi de toutes les règles de sécurité, on ajoute quelques sièges et on rénove le stade, c’est-à-dire qu’on repeint les escaliers. C’est un stade apparemment assez intimidant pour les adversaires, surtout en ProD2 quand les mecs n’avaient pas l’habitude de jouer avec des spectateurs. Je connais plus d’un arrière qui a cagué ses réceptions de chandelle à cause du public ; même si ce procédé a perdu en efficacité avec la montée en Top 14.

 

L’emblème : Un brin de muguet à 13 clochettes. Hommage à Monsieur Félix Mayol donc, et un peu aussi à la fête du travail qui reste le jour férié préféré des toulonnais (enfin pour ceux qui travaillent). Pour les quelques “Christian Jeanpierre” qui se demandent pourquoi le RCT ne possède pas de mascotte, imaginez-vous simplement un gonze déguisé en plante verte avec 13 clochettes sur la tête et qui harangue le très tolérant public toulonnais. CQFD.

 

Les joueurs clefs :

Cap’tain Joe VAN NIEKERK. Casque blanc et torse en avant, son entrée sur le terrain vaut à elle-seule le prix démesuré de la place à Mayol. Fils spirituel d’Eric Melville, l’ancien Springbok fut le joueur qui sauva à lui tout seul le RCT lors de sa remontée parmi l’élite. Toulon aime Joe et Joe aime Toulon. Malgré deux dernières saisons moins impressionnantes, Joe jouit d’une aura qui permet à son équipe de toujours avancer dans son sillage. Il sera cette année encore le capitaine exemplaire de la formation varoise et sera d’autant plus attendu, après le départ de Georges SMITH et à la blessure longue durée de FERNANDEZ LOBBE. Pas de peau, Captain Joe vient également de se blesser et il sera indisponible deux mois. A moins qu’il ne fasse une Rougerie et revienne à l’action dans deux semaines.

Sir Jonny WILKINSON. Capitaine en l’absence de Joe, Jonny est le baromètre de l’équipe varoise et doit répondre mensuellement à une centaine de demandes en mariage. Charismatique, buteur redoutable, défenseur intraitable, animateur sobre et efficace et s’exprimant dans un français plus que correct (il donne des cours particuliers à Matthieu B….pour le jeu au pied, hein! seulement le jeu au pied!). Il a surtout réussi l’exploit de se mettre l’intransigeant public de Mayol dans sa poche en une seule saison seulement, et autant vous dire que pour un anglais qui ne boit même pas le pastis c’est normalement mission impossible. Il ne lui reste plus qu’à apprendre le Pilou-Pilou maintenant.

 

Le boucher : Bakies BOTHA. Si Bakies retrouve le chemin des terrains et honore son contrat de 3 ans au RCT, les médecins du Top 14 risquent d’avoir du pain sur la planche. Artisan charcutier de renom, Bakies aime la viande saignante et aime trancher le lard dans la bête encore vivante. Spécialiste du coup de genou involontaire dans les rucks et des entrées au casque, il est considéré comme étant à lui tout seul une arme de catégorie 3. De quoi faire passer CUDMORE et GORGODZE pour des puceaux prépubères.

Le joueur au nom imprononçable :
Gabriele LOVOBALAVU. Le fantastique centre fidjien est le dernier représentant îlien de la colonie amenée par Tana Umaga en 2008, et c’est surtout celui dont le nom refroidit les plus courageux des toulonnais. D’ailleurs après 2-3 litres de Pastis, on préfère l’appeler soit Gabi (s’il a fait un bon match), soit Lavabo. C’est plus simple.

 

Le staff (entraineurs et président) : On ne sait toujours pas et de toute façon ça va changer dans 3 ou 4 mois alors à quoi bon. On sait juste que le président Mourad BOUDJELLAL sera toujours là et que son association avec Bernie le dingue est tout simplement le plus grand fantasme d’Ovale Masqué. On ne va pas manquer de « citation de la semaine » cette année.

 

Objectifs : Une place dans les 6 premiers, histoires que Moumou ne devienne pas Président-Manager-Entraîneur Général l’an prochain en recrutant l’intégralité de l’équipe des All Blacks. Et comme on est du genre modeste, une victoire en Coupe Nesquick est également un des objectifs visés. On peut aussi imaginer une place sur le podium du classement de la Boucherie (cartons jaunes et rouges confondus).

 

Scénario idéal : Le RCT devient le premier club à réaliser le triplé Championnat – Challenge Cup – Tournoi des 6 nations (avec PSA !). Après les élections de 2012 et afin de régler le problème d’alcoolémie en France, la Provence et la Bretagne sont déclarés indépendantes. Toulon peut ainsi se préparer pour la Coupe du Monde de Rugby en 2015. Et après avoir naturalisé au dernier moment une grande majorité des All Blacks et des Wallabies, Toulon devient champion du Monde et Mourad Boudjellal président du FMI.

Scénario catastrophe :
Étant donné qu’on a déjà perdu à domicile et que, comble de la honte interstellaire, on a même été fanny, mon scénario catastrophe va paraître nettement moins violent. Sachant qu’une défaite est déjà vécue comme un drame national sur les bords de la rade, l’évocation d’une deuxième année sans phases finales serait vraiment préjudiciable. Ajoutez à cela un titre de meilleur public de France et là le RCT aurait définitivement touché le fond.

 

Pronostic : CHAMPION DU MONDE !!!!!!!!!!! En toute objectivité bien sûr.

Jonny WillKillSoon & Daniele Rairault