Le Rade’Labo analyse RCT-Bayonne
par Jonny WillKillSoon

  • 30 January 2012
  • 5

Le contexte

Retour aux affaires courantes du Top14 pour ces deux équipes qui ont broyé de l’Italien la semaine dernière mais qui présentent cependant des parcours diamétralement opposés cette saison. Si les Varois sont plus que jamais en course pour les barrages et qualifiés pour les quarts de l’Heinekid Cup, il ne reste à leurs homologues basques plus que le maintien à jouer lors de cette deuxième partie de saison. Toulon reçoit donc une équipe de Bayonne bien mal en point, relégable et qui change ses entraineurs aussi souvent que Jacques Delmas change de club.

Ce match sera l’occasion de revoir le décoiffé Yoann Huget de retour de suspension et dont le niveau capillaire ne s’arrange pas (un match dans la mèche avec Lapeyre à prévoir). On se souvient que l’année passée il avait été le grand artisan de la victoire de l’Aviron à Mayol en ouverture de championnat. Un doublé qui l’avait révélé aux yeux du monde de l’Ovalie et des contrôleurs anti-dopage. L’Aviron pourra également compter sur sa nouvelle recrue Mourad Boudjellal. La Ligue vient d’officialiser la nouvelle et celui-ci sera en effet bâillonné pour les 130 prochains jours. Il faut bien le dire, en ce moment, la vie sexuelle du président Boudjellal et sa relation tumultueuse avec le président de la Ligue sont au centre de toutes les conversations sur la Rade et omniprésentes dans les médias. On en oublierait presque qu’il y a aussi du rugby à Toulon et la réception de Bayonne va donc permettre de ne pas parler de cul pendant une heure ou deux.
C’est Pilou qui va faire la gueule.

Le film du match

Les joueurs entrent sous le regard du président Boudjellal, quillé sur le tunnel des vestiaires. On n’en est plus à un pied de nez près. Le public gronde, les gobelets de bière sont pleins et quelques quolibets flottent déjà dans l’air du stade ; attention match sous tension!

Début de rencontre plein de finesse et de raffinement avec une série de plaquages hauts, de torgnoles, et amabilités en tous genres. Mais aussi des en-avants (8), des pénalités (9) à gogo côté bayonnais ; des lancements de jeu contrariés côté toulonnais avec 2 touches et 3 mêlées perdues en bonne position. Heureusement Wilkinson gère bien le jeu au pied, Boyet un peu moins et on arrive rapidement à 12 à 3 pour Toulon. Les Bayonnais dominent en mêlée fermée, les Toulonnais quant à eux sont plus réalistes et possèdent une meilleure maîtrise du ballon.

La 27ème minute voit enfin les deux équipes exprimer leur frustration à travers une belle générale.
Au départ, simple montée de sève entre Bastareaud et Boutaty, les deux hommes sont rapidement rejoints par leurs partenaires, chacun étant désireux de coller une mornifle à l’autre. C’est autour de cet amas de tissu et de chair qu’une bizarrerie va se produire. Huget, sûrement frustré de voir une coupe de cheveux aussi ridicule que la sienne, tente de mettre un coup de casque à Lapeyre. La feinte étant telle que ce dernier en oublie même de se jeter au sol. L’intention valant action et l’occasion faisant le larron, il est sanctionné d’un carton rouge par M. Clouté qui crucifie en une action l’Aviron au pilori de l’exclusion définitive (Jesus likes this). Sur la même action, Mathieu Bastareaud prendra, lui, un carton jaune mais pour un coup de poing bien réel sur Boutaty. Qui a dit que les arbitres n’étaient pas au niveau ?

Les Basques ont donc joué les 45 dernières minutes du match à 14 contre 15. C’est beaucoup certes, mais pas autant que les 70 minutes d’infériorité numérique des Toulonnais à Jean Dauger la saison passée suite au carton rouge de Jocelino Suta. C’est pour cette raison que l’exclusion de l’ailier bayonnais ne nous émeut pas du tout et je dirai même plus : on s’en fout complètement. La mi-temps est donc sifflée sur le score de 15 à 3 en faveur des hommes du président Boudjellal qui s’apprête à voir une orgie offensive en deuxième période.

Dix minutes pour se mettre en route puis la machine à dérouler. Le banc a fait la différence (Botha, Hayman, Orioli, Messina), bien aidé par la fatigue des visiteurs et l’aile déserte de Yoann Huget. Les festivités ont commencé par un essai de Steffon Armitage sur une cocotte rondement mené à 5 mètres de l’en but. Les Bayonnais répondirent par un essai de Benjamin Boyet, qui profite de la glissade de Jonny Wilkinson sur le repli extérieur. On est à l’heure de jeu, le score est plus ou moins acquis pour le RCT (22-10) mais il manque encore trois essais pour le bonus offensif. C’est Sébastien Tillous-Borde qui trouvera la solution avec deux essais copiés-collés : le premier pour Messina, le second pour Armitage grâce à des passes sautées directement sur les extérieurs. Rooney ira de son essai grâce à une belle série de passes des arrières et enfin Palisson marquera un essai de polisson (ou de cocu c’est selon) en brûlant la priorité à Heymans et Mazars dans les dernières minutes du match.

Score final 50 à 10, Mayol fait voler les journaux, les culottes et les godets vides. On est bien content d’avoir passé 50 pions à une équipe qui aura joué en infériorité numérique pendant un peu plus d’une mi-temps. Les Toulonnais s’envolent ainsi vers les barrages tandis que les Bayonnais, pourtant valeureux dans l’attitude et le combat, rentrent sur les bords de l’Adour et de la Nive sur un score fleuve.

Les joueurs

Toulon :

Première ligne : en souffrance en mêlée, pas mal en touche, ce qui est à peu près le contraire du reste de la saison. Lewis-Roberts, Bruno et Kubri ne furent pas très présents dans le jeu. La performance la plus notable fut celle du Gallois qui mit KO son coéquipier Matt Giteau. Bien joué. Les remplaçants furent au-dessus avec notamment Jean-Charles Orioli qui a davantage apporté dans le jeu, tout comme Carl Hayman.

Deuxième ligne : Shaw et Samson impériaux en touche. Excellente rentrée de Botha qui pour sa première à Mayol a stabilisé la mêlée, supervisé la touche et magnifiquement avancé sur les séries de pick & go qui amenèrent les deux derniers essais.

Troisième ligne : Van Niekerk commence à revenir à un niveau correct mais est encore loin de ses performances d’il y a deux ans. Gunther est éblouissant d’élégance et s’impose comme un titulaire presque indiscutable (on nous a d’ailleurs indiqué que Joe El Abd avait fait son paquetage).
Pourtant le leader de la troisième ligne toulonnaise n’est autre que Steffon Armitage. Sûrement le « Man of the Day ». Deux essais, trois poumons. Plus d’appuis que son clone du centre et toujours aussi efficace en défense. Et tout ça avec le sourire. On dit « Mister » !

La charnière : Contrairement à ce qu’a pu écrire Rugbyrama, Wilko a été très bon (non non, on n’en a pas marre d’écrire toujours la même chose à son sujet) avec un 10 sur 10 au pied, une bonne vision du jeu et de belles cartouches défensives. On pourrait lui reprocher une relance un peu hasardeuse en fin de match et quelques approximations dans ses passes mais on préfèrera dire que c’était ses coéquipiers qui étaient mal positionnés. Tillous-Borde a livré une performance dont on ne sait trop quoi penser. Quelques indéniables problèmes dans l’animation, une ou deux combinaisons qui ne passent pas, mais d’un autre côté, trois passes décisives (dont une du bout du pied pour le dernier essai de Palisson) et de belles prises d’intervalle. Il pesa bien plus sur la défense adverse que Phillips.

Les centres : Giteau commençait à peser sur la défense bayonnaise lorsque Lewis-Roberts vint éteindre la lumière. Il fut remplacé par un Geoffroy Messina meilleur de sortie en sortie. Essai sur son premier ballon offensif, arrachage de ballon en défense et passe à la Mickael Jordan. On ne donnait pas cher de la peau de l’ancien stadiste avec l’arrivée de Giteau et le retour de Lovobalavu, mais il a montré samedi encore, qu’il était toujours compétitif. Bastareaud a, lui, dominé ses vis-à-vis, un sacré coffre, mais un coffre qui avance avec notamment 14 joueurs transportés sur le terrain sur 11 ballons touchés. Peut-être que PSA aura des regrets lors du Tournoi.

Les ailiers : Peu de ballons à jouer pour le Moine-Surfeur et Palisson. Ce dernier parvient tout de même à marquer un essai en fin de match et livre, comme son compère, une bonne prestation.

L’arrière : Luke Rooney ne s’est pas trop fait remarquer mais marque quand même son essai et joue juste au pied. On peut lui reprocher d’avoir laissé filer un ballon en début de match, mettant son équipe en position difficile.

Bayonne :

Les avants : Rugueux, solidaires et courageux, ils ont répondu au défi physique et poussés fort en mêlée, mettant à mal le RCT sur ce secteur de jeu. De quoi satisfaire JPE. Moins à l’aise en touche, ils commettent un peu trop de fautes autour des rucks pour espérer défendre sereinement face aux hordes de toulonnais en surnombre, durant la deuxième mi-temps.
Mention spéciale à Abdellatif Boutaty, deuxième meilleur plaqueur du championnat mais qui a coûté quand même 9 points à son équipe. Ok vu le score c’est dérisoire.
Mention spéciale également à Dwayne Haare dont le nom a été maltraité toute l’après-midi par Aubin Hueber.

Mike Phillips : Petit match du grand Gallois qui est certainement très heureux de retourner en sélection nationale.

Benjamin Boyet : Une pensée pour cet homme qui a quitté Bourgoin pour jouer enfin le haut du tableau en championnat. A la conclusion du seul essai bayonnais, mais malheureux au tir au but. Il n’a pas vraiment su bonifier les quelques ballons qu’il a eu et a surtout passé son temps à défendre, comme le reste de la ligne de trois-quarts.

Gerber / Mazars / O’Connor / Lacroix : N’ont jamais réellement trouvé la faille dans la défense adverse quand ils ne faisaient pas tomber le ballon avant.

Cédric Heymans : Un bon début de match avec deux belles interventions qui ont mis son équipe dans le sens de la marche. A ensuite montré qui était Raoul en réussissant une superbe clef de cheville sur Palisson puis a pété les plombs sur une relance suicidaire en fin de première période. Par la suite, devant sans cesse faire le yoyo entre son poste et celui d’Huget, il se fait prendre sur l’essai de Messina et celui de Rooney. A téléphoné à Guy à la fin du match pour lui dire qu’il regrettait et qu’il désirait rentrer à la maison.

Yoann Huget : Nominé d’office au Hachoir d’Or de la cagade de l’année, saison 2011-2012. Le futur ex-international français a loupé son retour, un peu comme il a loupé la tête du Moine-Surfeur. Il nous a également gratifiés d’un splendide plaquage sans ballon sur Armitage sur un coup d’envoi. Nous décidons d’être tolérant avec ce joueur, devenu avec le temps plus habile devant les objectifs photo qu’avec le respect des règles de rugby.