Pierre Villegueux est allé voir le Stade Français

Ca vous change un homme…

Vendredi dernier, j’ai enfin commencé à tirer les bénéfices de mon retour tonitruant dans l’univers du journalisme sportif. Ou du consultisme, je sais pas comment on dit. En effet, mon pote Pierrot Salvioque et moi, étions invité à un match de prestige au Stade Charlety. Un ¼ de finale de je ne sais plus quelle compétition, mais apparemment, c’était du lourd.
Mais autant vous le dire, en arrivant sur place, j’ai vite déchanté. J’ai appris dans les tribunes que les places pour le match étaient vendues à 5 euros sur internet. Sachant que le parking m’en a couté 7, je me demande si ça valait vraiment le coup de se faire inviter. J’ai également découvert le stade, sorte de joyau de l’architecture post-soviétique. Un grand stade, froid, sans âme, plein de courants d’airs, avec une piste d’athlétisme qui sert deux fois par an et un terrain situé à environ 45 kilomètres des tribunes. Je me suis dit que si on vivait dans une dictature, ce serait l’endroit idéal pour exécuter des opposants politiques. D’un coté, le Stade Français étant une équipe condamnée à mort, on peut dire que ça colle à l’ambiance… L’ambiance, d’ailleurs, c’était quelque chose. En scrutant les tribunes, je ne vois qu’une centaine de pecnos habillés en couleur flashy, éparpillés un peu partout dans le stade. On sent la ferveur populaire de la Cité Parisienne à l’aube d’un ¼ de finale d’une importance majeure, c’est certain…

Pierrot n’allait sûrement pas être celui qui égayerait ma soirée. Le pauvre gars déprimait depuis la défaite de la Rochelle la veille. Il m’a sorti sa complainte imbuvable habituelle « La cabane est tombée sur le chien ! Le chien est mort ! Cette défaite contre Clermont, sans glaner le bonus défensif qui plus est, nous condamne sans doute à la ProD2… ».
Il est quand même un peu con ce Salvioque… mais bon, j’ai rien dit, j’ai pas beaucoup d’autres amis et pour ce qui est de la picole, le gars s’y connait. Il avait encore ramené une flasque en douce, de quoi nous réchauffer un peu dans le seul endroit de Paris où il faisait froid ce soir là. Putain de courants d’airs.

Alors que j’attendais le début de match en écoutant les dernières théories du complot de Salvioque et en épluchant le dernier Merdol, j’ai vu un grand mec d’une trentaine d’années, très bronzé, entrain faire la manche dans les tribunes. Je me suis dit que c’était vraiment n’importe quoi ce stade, qu’on laissait même rentrer des roumains. Il s’est approché de moi avec son mug Blanche de Castille. Je m’apprêtais à lui envoyer un sévère coup de pied dans les couilles pour lui faire comprendre comment on accueille les étrangers dans notre beau pays…. mais c’est là que je l’ai reconnu: c’était ce grand coquin de Max Guazzini ! [Note de la rédaction: le mot utilisé originellement n’était pas « coquin », mais la Boucherie Ovalie se refuse à cautionner tout à propos à caractère homophobe]

Le pauvre vieux faisait donc la quête, comme un clodo. Sans doute pour se payer son prochain lifting.. mais par politesse, je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu qu’il avait plus d’argent. Rien dans les poches. Nada. Wallou. Comme je ne le croyais pas, il m’a donné les noms de ses nouvelles recrues… Paul Warwick ? Ouais, ok, à la limite. Mais Stan Wright… ? Nahuel Tetaz Chaparro… ? Franchement c’est quoi ce nom, Manuel Tétard ? Qui connait ces gars là ? Je lui ai demandé comment avançaient les dossiers Contepomi et Cipriani. Il m’a dit qu’il avait réussi à avoir leur téléphones en se faisant passer pour Jacky Lorenzetti, et que quand ils avaient compris qu’il s’agissait du SF, ils avaient changé de ligne téléphonique. Drôle d’histoire. Bref, je lui ai donné un billet de 5 euros, en me disant que ça lui servirait toujours pour offrir une prolongation de contrat à Djibril Camara.

Puis le match a commencé. Si les Parisiens portaient leur maillot le plus « sobre » (comprenez qu’il vaut un petit 7/10 sur l’échelle des attentats visuels) les sudistes avaient eux décidé de sortir une horrible tunique rouge et jaune, sorte d’hommage au maillot léopard du Stade mais avec les couleurs de l’USAP. On aurait dit des paquets de chips Vico éparpillés partout sur le terrain. Dès les premières minutes de la partie, j’ai vite compris qu’il ne fallait pas s’attendre à du haut niveau. A Montpellier, je ne connaissais que Donald Duc, Ouedragogo la danseuse et Picachu, et aucun n’étaient présents ce soir là. Remarque Picachu c’est normal, c’est vrai qu’il est allé à Toulouse. On a tendance à l’oublier : normalement quand un gars signe à Toulouse, il enchaîne les sélections en Equipe de France ensuite… ben lui c’est l’inverse. Enfin bref, revenons en au match. Inexplicablement, les Pourisiens font n’importe quoi en début de match. Beauxis se fait trouer par le jeune ouvreur montpelliérain au bout de dix minutes de jeu, et c’est un treiziste d’1m75 qui vient conclure l’action à 1 contre 5, au ras. Se prendre un essai par un treiziste… ces mecs qui ne connaissent même pas la mêlée ! Une vraie honte. Paillaugue, le playmobil qui joue à la mêlée du MHRC, est particulièrement en forme, il enchaîne les coups de pied, se fait plusieurs fois la malle au ras des rucks. Assez vite, les Héraultais mènent 16 à 0. A ce moment là, on imagine que le Stade Français est parti pour se prendre une branlée historique à Charlety, par l’équipe Z de Montpellier et on se dit qu’on va au moins se marrer. Hélas, les Pourisiens se sont repris au fil du match  (j’y reviendrai dans les notes) même s’ils se sont assurés de laisser leurs adversaires dans le match en enchaînant des fautes plus stupides les unes que les autres. Au final, Paris l’emporte donc 32-28 après avoir marqué 4 essais contre 1. Une prouesse qu’ils sont sans doute les seuls à pouvoir réaliser en Europe.

Hugo Southwell 4/5
Un joueur élégant, fin, racé, qui ne prend jamais de risques inconsidérés. D’ailleurs, il ne prend jamais de risques tout court. En un sens, il n’en a pas pris non plus sur son essai de 80 mètres puisqu’il n’a pas tenté une passe, un art qu’il ne semble toujours pas maîtriser. En dehors de cette fulgurance, il a été comme à son habitude, moins tranchant que l’épée rouillée de Christophe Lambert dans Highlander 4.

Djibril Camara 2/5
Déçu. Djibril n’a pas fait d’énormes conneries (ou alors, j’étais déjà trop bourré pour les remarquer) et il a même sauvé un essai qui aurait pu donner un avantage décisif à Montpellier. A part ça, quelques réceptions ratées, ses maladresses habituelles et reste planqué sur son aile pour se faire pousser en touche dès qu’il a le ballon. Pour ses standards, c’était presque un bon match et Cheika a tout de même jugé utile de le sortir à la 48ème minute…

Matthieu Bastareaud 2/5
Ce soir, Lionel Beauxis avait décidé de ne faire que des passes en cloche, ce qui a failli sonner le glas (pas Stéphane) du Stade Français. Servi dans de telles conditions, le bulldozer Parisien n’a jamais pu faire parler sa puissance. Semble avoir besoin de dix bons mètres pour prendre un tan soit peu de vitesse et aurait été plus utile à déblayer les gravats à Jean Bouin.

Guillaume Boussès 2,5/5
Guillaume Boussès, c’est un peu le Messina du pauvre. Sachant que Messina est le Sonny Bill Williams du pauvre à Toulon, ça vous donne une idée du niveau. A essayé de donner un peu de vitesse au jeu parisien mais il a du lui aussi faire avec les parpaings de Bernardo. Il n’a pas démérité, il n’a pas brillé non plus, comme souvent finalement.

Ollie Phillips 4/5
Comme depuis le début de la saison, le poulet sans tête est l’arrière Parisien le plus dangereux. Insaisissable et auteur de plusieurs percées. Pas étonnant qu’il s’épanouisse tant à Paris puisque selon les mots de Cheika après le match, le Stade Français avait « joué au rugby à 7 » pendant plus d’une mi-temps.

Lionel Beauxis 0/5
Le gros morceau de la soirée. Dans sa tête, Yoyo est déjà 100% Rouge et Noir. Tellement qu’il a souhaité faire comprendre à Marc Lièvremont qu’il n’avait aucun intention d’aller à la Coupe du Monde, trop soucieux de ne pas rater le stage de pré-saison du Stade Toulousain. En-avant dans son en-but, dégagement direct en touche, plaquages de poussin, passes de maços et une lenteur qui ferait passer David Skrela pour Quade Cooper. Tout y était. Il est probable que Bastareaud aurait fait mieux s’il avait été titularisé à l’ouverture ce soir là.

Julien Dupuy 2/5
Alerte enlèvement: le petit Julien a disparu. 1M78, 75 kilos. Signes particuluers: porte la même coupe de cheveux que Krusty le Clown et gueule 24h/24h. Ancien demi de mêlée génial du Leicester et de l’Equipe de France de rugby. A été vu pour la dernière fois du coté de Belfast, alors qu’il aidait un ami Irlandais à chercher ses lentilles sur la pelouse. Si vous avez des nouvelles, faîtes nous signe dans les commentaires en bas.

Sergio Parisse 3/5
Il faut savoir que Sergio Parisse est un grand schizophrène. A vrai dire il y a deux Sergio. Sergio l’Italien, le capitaine valeureux de la Squadra Azzura, toujours en première ligne, luttant avec hardiesse pour l’honneur de sa patrie trop souvent destinée aux pires humiliations. Puis il y a Sergio l’Argentin, celui du Stade Français, qui fait 5 fautes par matchs, râle toujours après l’arbitre, se prend des cartons et fait preuve d’à peine plus de discernement qu’un Leguizamon. Devinez lequel était présent hier soir ? Heureusement, dans les deux cas, ça reste quand même un bon joueur. Sa pénalité vite jouée est à l’origine du second essai : comme quoi parfois, il prend de bonnes décisions en tant que capitaine.

Pierre Rabadan 2,5/5
Je ne sais pas trop quoi penser de Pierre Rabadan. Il paraît que c’est le joueur emblématique du Stade Français. Moi, je ne le remarque sur le terrain que quand il fait des fautes. Donc oui, c’est sans doute le joueur emblématique du Stade Français. Remplacé par Burban. Le Yul Brynner local a comme d’habitude débordé d’activité et découpé des têtes partout sur le terrain. En bonus, il marque un essai.

James Haskell 3;5/5
Bon, comme d’habitude. Presque désespérant, je ne trouve pas de vannes sur lui.

Tom Palmer 4/5
Le seul joueur du Top 14 qui a le même calendrier que Brian O’Driscoll. Joue le Tournoi des 6 Nations et les Tests d’Automne. Le reste de l’année, il est en stage, ou blessé. Ce soir, il nous a fait l’honneur de sa présence et a sorti une prestation de niveau international. Jolie une deux avec Phillips sur le second essai, qu’il va conclure lui-même.

Pascal Papé 2,5/5
N’a pas pris de carton jaune. A donc réalisé un bon match…

Rémi Bonfils 2/5
4 touches pizzardées de la plus belle des façons. N’a rien à envier à Szarzewski à ce niveau, donc. Pour le reste…
PS: si vous voulez soutenir le garçon qui a visiblement du mal à garder sa dignité en fin de soirée, c’est ici.

Rabah Slimani/Rodrigo Roncero 4/5
Pour la première fois depuis au moins 5 ans, le Stade Français a réussi à marquer un essai de pénalité sur mêlée enfoncée. Ok, c’était contre les puceaux montpelliérain, mais quand même, ça mérite mention…

Bon, voilà, on a assisté à un match qui n’avait sûrement pas le niveau d’une compétition européenne, même pas du Top 14 d’ailleurs. Les Pourisiens ont tout de même montré quelques capacités mentales pour revenir dans le match, et ils ont globalement mieux réussi leur seconde mi-temps, ce qui est assez rare pour être souligné. En dehors de ça, il est toujours aussi aberrant de voir une équipe comportant autant de joueurs expérimentés, d’internationaux, aussi peu maîtresse de son sujet sur le terrain. Les clermontois n’ont a priori pas trop de soucis à se faire… quoique, vu leurs dernières performances, on se dit qu’ils sont eux aussi capables de tout.

Je vous donnerai mon avis sur la demi-finale à condition que je sois à nouveau invité, car je ne capte toujours pas France 4. Et ne me parlez pas de cette histoire de TNT, pas de terroristes chez moi, merci.

Pierre Villegueux livre sa liste des 30 idéale

Chez Villegueux, c’est comme ça qu’on bizute les nouveaux sélectionnés.

Après l’Equipe, le Midol ou même PoteauFeu, à mon tour de délivrer ma liste des 30 idéale pour aller à la Coupe du Monde. Quelle différence avec les listes précédemment citées ? Et ben, la mienne est meilleure.

Piliers : (4)

Nicolas Mas:

Un des meilleur du monde à son poste. Seul problème ? Il n’est pas assez méchant et il ne triche pas assez, ce qui est pourtant indispensable à son poste. Et intolérable pour un joueur qui fréquente pourtant tous les jours un pilier anglais au niveau douteux mais sachant masquer ses faiblesses avec roublardise: Perry Freshwater. Heureusement, il a encore le temps de prendre des cours…

Thomas Domingo:
Il est jeune, il fait 1 mètre cube, il est tout rouge et il est tellement nain qu’il est imprenable en mêlée fermée: peut être le meilleur français du dernier Tournoi, même si je lui pardonne difficilement d’avoir raté un plaquage décisif sur l’essai de McFadden. McFadden ! Moi qui croyais que c’était un joueur de foot…

Sylvain Marconnet:
Il est polyvalent, expérimenté, n’a pas passé ses vacances au ski cette année et il a du caractère, ce qui manque pas mal dans cette équipe de couilles molles. A embarquer, même si ce n’est que pour jouer un pauvre match de poule contre le Canada… en plus, il est super bon à la belotte.

Laurent Emmanuelli:
Il est bien gentil Luc Ducalgon, mais c’est plus du matériel pour 2015 selon moi. Laurent Emmanuelli est passé par les plus grands clubs (Stade Français, Clermont, Toulon…) et il a toujours été boudé par les sélectionneurs, et notamment par Marco himself qui avait qui l’avait traité de vieillard par voie de presse. On aura donc un néo-international de 32 ans, expérimenté, revanchard et motivé à mort par une sélection qu’il avait trop longtemps attendue. Ne peut être qu’une bonne surprise.

Talonneurs: (3)

William Servat:
Lui aussi, c’est un des meilleurs du monde à son poste. Il ne lui reste plus qu’à le prouver lors d’une Coupe du Monde, puisqu’il n’était pas là en 2003 et 2007, et qu’il ne le sera probablement pas non plus en 2015…

Dimitri Szarzewski:
Ne vous laissez pas tromper par son look de jeune premier: Dimitri c’est un vrai, un dur, un motard. Sur le terrain il s’envoie, court comme un flanker et distribue des coups de boule sous la mêlée. L’impact player idéal.

Benjamin Noirot
Parce que l’idée que sur un malentendu, Guillhem Guirado devienne champion du monde, me met hors de moi. De plus, Noirot est un des fer de lance du pack le plus redoutable de France depuis deux ans: celui du Racing. Et si en voyant cette photo, vous n’êtes pas convaincu que ce mec est une terreur…

Secondes lignes: (4)

Lionel Nallet:
Le seul joueur de l’équipe qui sait faire une feinte de passe. En plus, c’est notre meilleur deuxième ligne. Une seule condition: ne pas emmener Chabal pour lui briser le coeur. Contre le Pays-de-Galles, il semblait surmotivé par l’absence de son amoureuse….

Romain Millo-Chluski:
Dans le jeu courant il est à peu près aussi mobile qu’un Jerome Thion qui se serait fait shooter par une fléchette anesthésiante. Mais en mêlée, c’est une poutre, et dans les rucks il est toujours là pour mettre la tête. Un peu trop niais par contre, mais les deux noms suivants seront là pour pimenter un peu les débats….

Pascal Papé:
Le seconde ligne le plus mobile de France, le plus stupide mais avec un arbitre un poil crédule, il pourra enchaîner les grosses fautes et pourrir le jeu adverse à merveille. A utiliser avec parcimonie.

Arnaud Méla:
J’aime bien Julien Pierre, mais c’est un peu le Canada Dry du Berjallien. Il est grand, poilu et ressemble à un homme préhistorique… jusque là tout va bien. Mais il n’en a pas le goût: il est trop gentil, il manque de puissance. C’est un bon gars, il va au charbon mais ce n’est pas un tueur. Je milite donc pour le retour d’Arnaud Mela, poutre en mêlée fermée, brute épaisse dans le jeu courant. Le digne successeur de David Couzinet. A sortir de sa cage contre le Canada, pour un face à face de légende avec Cudmore…

Troisième ligne: (6)

Jean Pierre Perez ou Antoine Burban:
Jouer avec Jean Pierre Perez, c’est prendre le risque de débuter un match avec un handicap de -9 points. C’est aussi le risque qu’il n’arrive jamais à Auckland car on l’aura pris pour un Taliban à l’aéroport… mais ce risque, je le prendrais. Typiquement le joueur moyen mais qui rattrape son niveau douteux par un engagement sans faille. Des talentueux on en a plein en troisième ligne, il nous manque un bon vrai besogneux. Autre solution, Antoine Burban, le psychopathe au crane chauve le plus terrifiant depuis Yul Brynner. Malheureusement, ce mec est tellement déchainé qu’il se pète une épaule tous les deux matchs…

Julien Bonnaire:
Julien Bonnaire, c’est le cerveau de l’Equipe de France, et comme on en a pas beaucoup, il ne faut surtout pas s’en passer. Enfin je dis ça uniquement parce qu’il porte des petites lunettes qui lui donnent l’air intello, si ça se trouve il est con comme une planche de surf…

Imanol Harinordoquy:
On sacrifie Chabal, mais on sélectionne Hari avec son masque pour jouer le rôle du mec qui effraie son adversaire. En plus, on a le Japon dans notre poule, c’est une occasion unique pour lui de devenir un Dieu vivant là-bas et d’avoir un manga à son nom, comme Alain Delon.

Thierry Dusautoir:
Thierry Dusautoir est un robot. Il est programmé pour plaquer, plaquer et encore plaquer. Dans le jeu, il est un relais utile entre avants et arrières. Son seul problème, c’est qu’il est comme tous les vrais robots, pas ceux des films de science fiction qui pètent un plomb: il est docile. Si seulement il trichait un peu, s’il s’enlevait le balai qu’il a dans le cul, il pourrait être aussi fort et influent que Richie McCaw. Je propose donc qu’on l’emmène s’encanailler dans les quartiers chauds d’Amsterdam (bien connus par une certaine Sirélie) à quelques semaines du Mondial.

Fulgence Ouedraogo:
Parce que lui aussi est un plaqueur acharné (on l’oublie trop souvent) parce qu’il semble LUI être un bon capitaine à Montpellier. Et car son profil un peu plus coureur manque dans notre troisième ligne, même si ça me fait mal de le dire. Par contre, qu’on arrête de dire que c’est un joueur de rupture, ça veut vraiment rien dire ce terme, surement encore une invention de Villepreux, qui je vous le rappelle, n’a aucun lien de parenté avec moi…

Raphael Lakafia:
On veut des joueurs qui avancent mais on ne veut pas sélectionner trop de toulousains car ils sont arrogants et n’ont aucun sens de l’humour. On ne veut pas Chabal car il sera bien mieux payé par TF1 pour un rôle de consultant aux cotés de Denis Brognard. Choisissons donc un biarrot : ils ne sont pas arrogants car ils sont nuls, et ils ont de l’humour puisqu’ils ont voulu nous faire croire que Jean Baptiste Gobelet était un joueur de rugby, et ils ne passent jamais à la télé car Canal + tient à ses audiences. De plus, le petit Lakafiah est un des rares joueurs français qui avance en Top 14. Au BO, ça fat un moment qu’Imanol joue uniquement flanker…

Demi de mêlées: (2)

Dimitri Yachvili:
Le stratège du Bého est actuellement en pleine méforme: rapide sur ses sorties de balles et peu adroit sur ses tirs aux buts, il semble avoir perdu ce qui faisait sa force les années passées. Mais je compte sur lui pour retrouver son niveau et être le taulier des Bleus en Nouvelle-Zélande.

Julien Dupuy:
Cela peut paraître cruel d’écarter Morgan Parra, qui a été formé depuis 3 ans et qui a après des débuts compliqués, a su s’aguerrir et devenir aussi lent que Yachvili. Mais à force de singer le seul Georgien au monde qui a assez d’argent pour s’acheter du pétrolane, Parra apparaît comme clone devenu inutile. Julien Dupuy, je n’aime pas vraiment son jeu, mais il aura le mérite d’apporter une profil différent en entrant en cours de match. De plus, il sait faire d’étonnantes choses avec ses mains… on vante la vision du jeu de Dan Carter, mais aura t-il la même après avoir rencontré Julien ? Et oui, c’est peut être ça la solution…

Ouvreurs: (2)

François Trinh-Duc:
François Trinh-Duc sait principalement faire trois choses: attaquer la ligne, défendre et monter des chandelles. Tout ce dont on aura besoin dans un Mondial ou la jouer façon minimaliste sera notre seule chance, comme je l’ai dit dans mon billet précédent.

David Skrela:
Quand j’étais dans mon pensionnant en Suisse, on tabassait les petits garçons trop gentils et fragiles comme Skrela. A 32 ans, Dadou a toujours l’air aussi niais, mais sa tête a un peu durci: il a été l’homme de la dernière H-Cup pour le Stade Toulousain. Un style sobre et classique, à l’ancienne, ça voilà qui fera de lui un bon remplaçant même si le pied de Lionel Beauxis est également intéressant…

Ailiers: (3)

Vincent Clerc:
Jean Dridéal a perdu l’explosivité et la vitesse qui était la sienne en 2007. Mais il a toujours la hargne qui lui permet parfois de marquer un essai avec deux adversaires sur le dos, et il est le seul ailier français à savoir défendre correctement. Il est donc le seul ailier qui mérite son billet à coup sur, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une sacrée tête à claques…

Aurélien Rougerie ou Julien Malzieu

Le meilleur second centre de France, pusiqu’on vous le dit. C’est d’ailleurs pour ça que l’ASM cherche désespérément à recruter Jaque Fourie et Regan King depuis 2-3 ans… allons, un peu de sérieux. Rougerie sera très bien à l’aile. A moins que Malzieu ne réussisse une belle fin de saison: il défend tout aussi mal, mais il est plus solide à l’impact et a des jambes un peu moins rouillées, ce qui peut être intéressant pour nous.

Yoann Huget:
La stat qui fait mal: Benjamin Fall et Marc Andreu ont tous les deux réussi à marquer un essai avec le XV de France. Huguette lui en 5 matchs n’a pas foulé l’en-but une seule fois. Rien que pour le fun, j’ai envie de savoir s’il va réussir contre le Japon, le Canada ou les Tonga. Pour la Nouvelle-Zélande, je me fais pas trop d’illusions par contre.

Centres: (3)

Yannick Jauzion:
Comme son vieux rival O’Driscoll, on dit de lui qu’il est fini depuis 3 ans… sauf que pendant que BOD continue d’enfiler les essais, Jauzion lui a vraiment l’air cramé pour de bon. On aurait pu le zapper il y a bien longtemps et lui former un remplaçant, ce qui a plus ou moins été essayé avec cette danseuse de Mermoz, mais l’expérience n’a pas fonctionné car la perpignanaise était trop fragile.. Autant partir avec Jauzy donc, et compter sur son expérience…

Florian Fritz:
Plaque pour deux, donc indispensable aux cotés de Jauzion qui plaque pour -1. Si j’avais eu un fils (en réalité j’en ai eu un, mais il a été déshérité lorsque j’ai découvert un exemplaire des Dieux du Stade dans sa salle de bain…) j’aurais aimé que ce soit Florian: un brave garçon, sympathique et ouvert en dehors du terrain, infatigable soldat sur le pré. Il devrait pouvoir retrouver son passeport avant septembre.

Matthieu Bastareaud:
Pour emmerder les néo-zélandais et créer une polémique qui permettra de faire vivre le Merdol et L’épipe pendant trois semaines. Et surtout parce qu’un bestiaux pareil après trois semaines de préparation intensive, faudrait vraiment être con pour s’en passer. Pour son cerveau, on y songera plus tard, mais il est de toute façon loin d’être le seul dans l’équipe à attendre une greffe…

Arrière: (1)

Maxime Médard:
Une sorte de Poitrenaud qui court, qui plaque et qui sait jouer au pied…. donc rien à voir avec Poitrenaud finalement. Et c’est peut être le plus beau des compliments.

Au cas où… : (2)

Cedric Heymans:
Réussi un coup de génie par an en moyenne. N’a encore rien fait en 2011: à titulariser en quart de finale donc. Ensuite, on pourra tranquillement perdre en demi, comme d’habitude.

Damien Traille:
Ouvreur, centre, arrière, titulaire du brevet de secouriste et de son BAFA, doudou de Marc Lièvremont… le Rantaplan est indispensable pour partir en voyage, comme un couteau suisse où une vieille boite de capote

Un mot pour les oubliés:

Non je déconne, on s’en branle d’eux…

Pierre Villegueux revient sur France – Galles.

Rien de sexuel…

Après la déroute Italienne, il s’agissait de rebondir pour le dernier match du Tournoi, contre un Pays de Galles qui visait tout de même la victoire finale. Mission accomplie… et avec la manière. Oui, la manière. J’ai lu ici où là quelques « analystes » nous dire que le jeu offensif des Bleus était toujours aussi brouillon, voire inexistant, avec une statistiques éloquente à l’appui : 3 petits franchissements pour les Bleus, contre 7 pour les Gallois. En même temps, quand tu sélectionnes une troisième ligne de flankers, et Traille et Marty au centre, tu peux toujours attendre pour voir des percées….

Je me moque, mais là n’est pas l’important. L’important c’est qu’on a retrouvé une équipe solide et solidaire, combative, qui a enfin joué avec le meilleur outil du rugbyman : une bonne paire de couilles. Une chose que Clément Poitrenaud ne comprendra jamais, puisqu’il est bien trop occupé à s’en servir avec ses groupies en dehors du terrain. Mais ça, c’est une autre histoire.

Certes, le jeu n’a pas été flamboyant. Pas de passes redoublées, de chistera à l’aveugle sur une jambe, de relance de 80 mètres, etc. Et moi j’ai envie de dire : putain, et alors ? On nous parle tous les jours de nouvelles règles, du Super 15, d’une Coupe du Monde sous le signe du jeu. Foutaises. On verra bien si, une fois la phase de poules passée, nous aurons le droit à des matchs ouverts et des scores de basket. Il me semble que depuis la Coupe du Monde 1987, cela n’a jamais été le cas, et que ce n’est d’ailleurs pas un hazard si les All Blacks courent toujours après un second sacre. Et il me semble aussi que, si je ne me trompe pas, nous disposons de l’équipe la plus armée pour emporter la victoire finale. J’imagine déjà certains d’entre vous se gausser derrières vos écrans, à l’heure ou divers sondages qui nous racontent qu’environ 90% des français ne croient pas en une victoire possible. Mais qu’avons nous avec l’équipe de France ? Un pack monstrueux, une flopée d’artilleurs, une équipe redoutable en contre attaque et très réaliste sur ses temps forts, comme on a pu le voir sur les deux premiers matchs de ce Tournoi. En 2007, les Sud-Africains ne faisaient pas autre chose… Bernard Laporte d’ailleurs, aurait assassiné Guy Moquet une deuxième fois pour avoir la chance de posséder une telle équipe.

Notre seul problème est, comme toujours chez nous, dans la tête. Le rugbyman français se rêve poète. Il parle du glorieux french flair passé, même si il ne sait pas vraiment ce que c’est, et il ne saurait se contenter de la victoire : il doit bien jouer. Et c’est avec cette mentalité à la con qu’on se retrouve à faire la gueule après un Grand Chelem 2010 remporté avec une impressionnante maîtrise… une maîtrise après laquelle nous avons couru pendant des années, pour finalement mieux la repousser une fois qu’elle était enfin à portée de bras.

Et voilà le résultat: malgré la victoire, nous balayons nos certitudes, nous changeons une bonne partie de l’équipe, toujours dans le but de mieux jouer. Mais le mieux est l’ennemi du bien. Notre défense impériale s’est effritée. Notre pack ne met plus au supplice nos adversaires. On essaye de jouer à la baballe, on joue à l’envers et cela donne des matchs comme celui contre l’Italie.

Samedi dernier j’ai retrouvé l’impitoyable équipe qui avait désossé les Springboks en 2009, celle qui avait provoqué la ruine de l’Irlande lors du Tournoi 2010. Celle qui s’était permis de faire un pied de nez historique au rival anglais : remporter le Crunch en inscrivant un essai de moins qu’eux ! Pourquoi complexer ? Pourquoi vouloir mieux ? Il s’agit simplement de jouer avec ses armes. Parce que qui fait du jeu en Top 14 ? La Rochelle, Agen, peut être le Stade Français. Que des équipes bien classées, donc…

Et qui a gagné la dernière Coupe d’Europe ? La machine rouge et noire, qui a broyé Paris, le Leinster puis le BO en finale. La recette était simple : un pack monstrueux, un excellent buteur, des essais marqués sur des ballons de récupération. Et là encore, les Biarrots avaient pourtant marqué le seul essai du match…
Et Clermont ? Clermont a joué à outrance pendant les 3 premières saisons de Vern Cotter. Du large-large, des temps de jeu multipliés, des lancements de jeu élaborés… tout ça pour quoi ? 3 défaites en finale et des désillusions à la pelle sur le théâtre européen. L’équipe de l’année dernière, beaucoup plus pragmatique et enfin capable de « gagner moche » a enfin remporté le Bouclier de Brennus après avoir volé au moins deux matchs sur trois en phases finales. Tout est là devant vos yeux et pourtant vous refusez de voir l’évidence.

Marc Lièvremont lui non plus ne voulait pas voir l’évidence lorsqu’il est arrivé à la tête de l’Equipe de France, qu’il se voyait bien révolutionner. Mais notre ami bleu-bite a vite appris les exigences du haut niveau et a fait marche arrière. Et alors qu’il avait trouvé la bonne formule, il est revenu en arrière, contraint par la pression médiatique et populaire, ou tout simplement par son subconscient de franchouillard de base qui veut voir du « bô jeu ». Et si pour une fois, Marco avait les couilles d’aller au bout de ses idées ? Le rugbyman français est excessif : le juste milieu, il ne connait pas. Il va donc falloir choisir : carte blanche pour toutes les initiatives des joueurs et jeu à outrance… ou tactique plus minimaliste mais, à mon avis pas vraiment humble, bien plus adaptée aux qualités de notre réservoir de joueurs.

Moi j’ai choisi. Je vous proposerai d’ailleurs, dans un billet à paraître dans quelques instants, ma liste des 30 sélectionnés pour le Mondial. Là encore, pour moi la recette la plus simple sera la bonne : retour aux hommes de base du Grand Chelem, forte ossature toulousaine. Plus quelques surprises de mon cru, bien évidemment….

Pierre Villegueux revient sur Italie – France

Ca va chier.

Si vous avez raté la première partie…

Enfin laissons le Top 14 de coté et parlons maintenant du sujet qui fâche, « LA » défaite. Honnêtement, je ne pensais pas connaître ça de mon vivant. Quand mon foie a failli me lâcher il y a de ça trois ans, je vous le dis, j’aurais préféré y rester. Perdre contre les ritals… déjà que j’avais du mal à supporter la défaite en Coupe du Monde en 2006. Et pourtant je ne peux pas piffrer le football. La faute à une équipe de branleurs qui a voulu jouer à la baballe et qui n’a pas respecté l’adversaire. Je n’aime pas trop les Italiens, qui mettent trop de gel, ouvrent trop leurs chemises et ont une sale tendance à nous piquer nos meufs. Mais je dois avouer que leur équipe de rugby, et notamment leur pack, est largement respectable. C’est pas les Fidji, quoi.

Je ne reviendrai pas sur le match qui se résume finalement assez facilement (les uns avaient envie, les autres non) mais pire encore que la défaite, c’est le discours du Lapinou post-match qui m’a fait marrer. Notre clown national a en effet qualifié ses joueurs de « lâches » dimanche matin. Ce même Lapinou qui la veille, avait avoué qu’il ne leur avait pas parlé à la fin du match… pour mieux les démolir publiquement en conférence de presse quelques minutes plus tard. J’ai ouïe dire que ce matin, il n’était même pas présent à l’entraînement qui a suivi l’annonce de la composition d’équipe. Une belle leçon de courage en effet. Mais ce n’est pas la peine de te fatiguer à essayer de te dédouaner Marco, avec la bande de bureaucrates couilles-molles qui peuplent les bureaux de la FFR, tu ne risques pas de perdre ta place. Tu ne seras pas non plus menacé par tes joueurs qui ont tous trop peur de perdre une occasion unique de passer 3 semaines de vacances à l’oeil en Nouvelle-Zélande. Tu as été le premier entraîneur à prendre 40 pions contre les 4 nations du Sud en un seul mandat, le premier à changer la moitié de ton équipe après un Grand Chelem, le premier à perdre en Italie. Es-tu capable d’être le premier à se faire sortir des poules en Coupe du Monde ? A priori non, quand même pas… mais on sait qu’avec toi, « tout devient possible », alors j’ai envie d’y croire.

Les branleurs :

Nicolas Mas /5
Encore un match moyen pour le soit disant meilleur pilier droit du monde, mais aussi et surtout le plus gentil et le moins vicieux.

William Servat /5
Match correct sans plus pour Servat. On est tellement habitué à mieux qu’on serait tenté de dire qu’il a été mauvais, mais faut pas déconner non plus, surtout quand on voit la différence avec Pizzado.

Sylvain Marconnet /4
Lapinou sait qu’il va affronter la meilleure mêlée du Tournoi, il sort donc son meilleur pilier pour faire jouer un skieur bedonnant sur le retour. Il aurait été plus intelligent de faire tourner pour le match face aux Gallois, actuellement privés de leurs seuls piliers potables, Gethin Jenkins et Adam Jones…. mais peut être que le Lapinou et sa bande ne regardent pas les matchs des autres équipes. Probable même.

Julien Pierre & Lionel Nallet /4,5
Deux poteaux téléphoniques plantés au milieu du terrain. Solides dans le combat mais c’est tout. Pendant ce temps en Angleterre on a Palmer et Lawes… que nos secondes lattes n’aient aucune mobilité, ce n’est pas nouveau. Mais en plus maintenant, ils sont gentils. Est-il trop tard pour naturaliser Jamie Cudmore ? Ou au pire, rappelons Arnaud Mela. Notre XV manque définitivement de testostérone.

Julien Bonnaire /6,5
On dit souvent de lui que c’est un joueur de devoir. Peut être parce qu’il a une tête de prof de maths. En tout cas, il a été bon, comme d’hab. Rien à lui reprocher, si ce n’est ce charisme irradiant qui le caractérise si bien.

Thierry Dusautoir /5
Toujours un bon joueur. Toujours pas un capitaine, aussi.

Sebastien Chabal /4
Le rugbyman préféré de ta grand mère savait que de nombreux journaleux avaient un fusil de sniper braqué sur lui pour ce match. A donc refusé de jouer les ballons pour être sûr de ne pas faire de conneries et de ne pas reculer à l’impact. Enfin sorti du groupe et remplacé par Lapandry. On se retrouve donc avec une troisième ligne de flankers et aucun joueur capable d’avancer. On est bien.

Parra /4
Mon chouchou avait une occasion inespérée de prouver qu’il était meilleur que Yachvili. Il a malheureusement surtout prouvé qu’il était plus lent, ce qui est un exploit en soi mais pas forcément une bonne nouvelle pour le XV de France. Je n’aime pas les éjecteurs et les chiens fous, et je préfère encore revoir Tillous Bordes plutôt que Dupuy, mais au bout d’un moment, faut pas déconner non plus. Ajoutons que la plupart des parpaings qu’il a balancé à Trinh-Duc nous ont forcé à jouer à l’arrêt.

Trinh-Duc /6
En début de match, Donald Duc a fait ce qu’il faut en alignant les chandelles. Les Italiens étaient plus agressifs et il fallait inverser la pression. Hélas, personne n’était sous ses coups de pied. Il n’a compris que trop tardivement que ça ne servait à rien de passer le ballon à ses incapables de coéquipiers et qu’Orquera était une vraie passoire en défense. La seule fois qu’il a essayé de prendre une intervalle, ça a donné un essai… dommage. Donald Duc est toujours un centre contrarié avec une vision du jeu douteuse, mais quand on voit la gueule des ouvreurs français, on se dit que c’est pas si mal.

Vincent Clerc /6
Jean Dridéal semble confirmer que sa blessure aux ligaments croisés est désormais loin derrière lui. Il a retrouvé du punch et marque un essai de frimeur. C’est bien pour lui.

Yannick Jauzion /4
Yannick Jauzion a fait ce qu’il fait depuis 2 ans en Equipe de France : rien, en espérant qu’un con de journaliste écrive le lendemain « Ah ce Jauzion, si discret mais indispensable ! ». Loupé, Jauzy le Grand Fantôme ne fait plus vraiment illusion et cela fait trop de matchs qu’il se fait constamment trouer en défense. Sa dernière sélection ? Peut être pas, puisqu’il a la chance d’avoir Damien Traille comme unique concurrent.

Aurélien Rougerie /4
Si c’est pour avoir un mec lent, maladroit et qui défend n’importe comment, autant prendre Bastareaud. Lui n’a pas besoin de prendre 10 mètres d’élan pour réussir une bonne percussion.

Yoann Huget /4,5
Tente une nouvelle fois d’exister en jouant beaucoup de ballons et en ratant presque tout ce qu’il tente. Au moins il ne se planque pas comme certains. Et par principe, je préfère un gros poilu barraqué qu’un petit merdeux qui s’épile comme Alexis Palisson.

Maxime Médard /5
Mad Max n’a pas brillé, il n’a pas été spécialement nul non plus, ce qui le place donc au dessus de Poitrenaud. Mais est-ce vraiment un compliment ?

 

Les remplaçants :

Guilhem Pizzado : sera encore la mascotte de la Boucherie Ovalie pour longtemps. Cela fait maintenant plus de 3 ans qu’il est considéré comme le troisième talonneur de France. Une impressionnante imposture, digne du personnage de Di Caprio dans Arrête moi si tu peux.

Luc Ducalcon : Rincé par la mêlée italienne, mais pas entartré. Une vraie machine. Il a tellement donné qu’il est ressorti tout blanc.

Jerôme Thion : Voir Nallet et Pierre. A sûrement connu sa dernière sélection. En même temps, il a déjà eu de la chance d’être rappelé sous l’ère Lièvremont…

Damien Traille & Imanol Harinordoquy : Leurs entrées n’auront rien changé, mais ils n’ont pas non plus eu l’occasion de se ridiculiser, ce qui n’est pas si mal. Surtout pour Traille.

Julien Thomas : Fabien Galthié et Eric Béchu peuvent dire merci à Marco, ça valait le coup de venir.

Clément Poitrenaud /10
Impeccable sur ce match. Surtout, continue comme ça.

Romain Poite /3
Pour une fois qu’un arbitre français arbitre un match important, c’était une très bonne idée de se claquer comme un cadet en plein match. Bravo l’image de la France, carton complet ce week end.

Marc Lièvremont /98%
Comme les probabilités pour qu’il soit interné avant la fin de la Coupe du Monde. On a trouvé un mec plus instable psychologiquement et encore moins solidaire de ses joueurs que Bernard Laporte. Mais comment font-ils ?

 

Les étrangers :

Martin Castrogiovanni : Il paraît que chacune de ses entrées en mêlées ont provoqué un nouveau séisme au Japon. De retour à son meilleur niveau.

Fabio Semenzato : Le meilleur 9 rital depuis Troncon. En même temps, c’était pas difficile…

Mirco Bergamasco : Si on m’avait dit il y a 2 ou 3 ans que le bouche trou du Stade Français, le type qui était surtout là pour le calendrier, mettrait 17 points au pied contre nous, dont la pénalité de la victoire, j’aurais sûrement eu envie de me suicider. Et bien voilà, j’ai envie de me suicider. Il manque plus qu’Alexis Palisson nous marque l’essai de la victoire en finale de la Coupe du Monde…

Tommaso Benvenuti : Pas mal le gamin, même si ça reste un ailier. Reste à voir s’il va signer au Stade Français ou au Racing maintenant…

Masi : Je n’ai jamais trop compris à quoi servait ce joueur, ouvreur, centre, arrière, et surtout cireur de banc à Biarritz et au Racing. Aujourd’hui, il a montré qu’il était pas mal à l’arrière. Sur son essai, il a envoyé valser Parra dans une galaxie lointaine, et pour ça nous pouvons lui dire merci.

C’est tout pour cette semaine. Je ne suis pas sur de venir vous faire un compte rendu du match France – Pays de Galles, puisque je compte prendre quelques jours de repos dans un pays où on sait encore jouer au rugby, l’Argentine.  Je vous tiens au courant.

Pierrot.

Pierre Villegueux nous parle de BO-Racing

Mise en bouche avant le gros morceau: Italie – France.

Quel week end de merde…

J'aurais du le sentir venir. L'après midi avait très mal commencée avec ce match Biarritz – Racing. Comprenez bien, pour moi, les oppositions entre ces deux équipes sont devenues de véritables sommets du Top 14. Je n'ai pas peur de le dire, le BO est probablement mon équipe favorite des années 2000… et pour moi, les Racingmen sont certainement leurs dignes successeurs. Le pack, les mauls, les artilleurs, les essais à 0 passes de Sireli Bobo… un président sympathique et un stade à deux balles : le parallèle est évident, même Alain Penaud pourrait le faire.

Autant dire que j'ai été déçu par ce que j'ai vu samedi après midi. Je m'attendais à un 12-19, voire, allez, un 10-6 avec un essai sur un dégagement contré, et j'ai eu un 36-32 avec une pluie d'essais. Si le Racing a été fidèle à ce que j'en attendais, le Bého a carrément joué contre nature. Broyés par la puissance des franciliens devant, les biarrots ont du jouer à la baballe – et le pire, c'est que ça a marché… alors que d'habitude en Top 14, ce genre d'audace est sévèrement puni par l'arbitrage. Dans ce match, je retiendrai notamment la performance Campbell Johnstone, du clan Campbell, sorti par son entraîneur en première mi-temps. Le héros de la finale de H-Cup 2010 n'aura eu que 16 petites minutes pour goûter au gazon du stade Aguiléra, qu'il connait si bien, depuis le temps qu'il se fait martyriser par tous les piliers gauches de France….
Franchement, quelle idée d'aller recruter des piliers néo-zélandais ?  Je ne sais pas qui a recruté ce gars, mais on frise l'amateurisme. Tout le monde le sait, un bon pilier est Français, Sud-Africain, Géorgien ou Argentin. Un pilier Néo-Zélandais, ce n''est jamais autre chose qu'un trois quart contrarié, qui avait trop de bide pour jouer à l'aile…

Bref, je ne m'éterniserai par sur ce match. Le Racing a souvent mené au score grâce aux bottes de Wisnievski et Steyn (22 points à eux deux) et à deux essais opportunistes, mais les biarrots ont pu revenir dans le match grâce à un panache offensif indigne de l'équipe qui avait réussi le doublé en 2005 et 2006. Comble de l'ironie, les deux joueurs qui changent le visage du BO ces derniers temps sont Anglais et Argentins. Pourtant pas de poètes d'habitude. Mais Balshaw et Bosch n'ont cessé de jouer les ballons à la main, de tenter de prendre les intervalles et de faire vivre le ballon. Bosch a par ailleurs définitivement prouvé qu'il ne méritait pas d'être comparé à Hernandez: c'est bien beau de jouer à la danseuse de tango au centre du terrain, mais question coups de pieds de 70m et chandelles, Marcello n'aura jamais la classe d'El Mago. C'est dit. De toute façon, il ne faut pas être dupe: sans le concours de Frank Maciello – qui devrait définitivement arbitrer avec un labrador – la plupart des essais initiés par le dynamique duo auraient été refusés. Un détail qui n'a pas échappé à mon ami Pierre Berbizier, passablement agacé au micro de Canal+. A l'évidence, les officiels ont une dent contre le Racing. Année de Coupe du Monde en Nouvelle Zélande, année du jeu, nouvelles règles qui veulent transformer notre sport en Rugby à XIII… voilà ce qui nous attend, la dictature du « beau » jeu. Si ça continue comme ça, même le Stade Toulousain va se sentir obligé de se refaire des passes… eux qui avaient atteint un tel niveau de perfection lors de leur campagne européenne l'année dernière, ce serait un vrai retour en arrière…

Je m'inquiète vraiment. Avec l'arrivée des beaux jours et à l'approche des phases finales, l'arbitrage français va t-il se sentir obligé de s'aligner sur ce qu'on voit dans l'hémisphère sud, pour favoriser le “spectacle” ? J'y verrai là une marque de plus de l'abandon de la souveraineté française, qui baisse sa culotte devant l'IRB et abandonne son identité profonde… nous avons passé 4 ans à jouer un championnat fermé, où le combat l'emportait toujours sur le jeu. L'Equipe de France a suivi le pas lors de son superbe Grand Chelem 2010. Et on nous explique maintenant qu'on doit tout changer à 6 mois de la Coupe du Monde… ?

Seconde partie consacrée au match Italie – France

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Pierre Villegueux a vu Crusaders – Waratahs

Et il a survécu.

L’autre jour, j’étais comme à mon habitude affalé sur mon canapé, une kro à la main, en train de regarder le catch sur NT1. Oui je vous vois venir, toi Pierrot, tu aimes le catch ? C’est du cinéma ! C’est grotesque et en plus ils ne se touchent même pas pour de vrai. Oui et alors ? Le Rugby à 7 c’est la même chose et c’est bien devenu un sport olympique…

Bref, je me matte tranquillement mon Smackdown, et alors que l’Undertaker est sur le point de porter le coup de la pierre tombale à John Cena, mon téléphone sonne. Comme d’hab, je ne sais pas où je l’ai foutu. C’est un gros téléphone Nokia, un modèle de 1996, lourd comme une brique. Ce n’est peut être pas très esthétique mais on peut s’en servir pour assommer des voyous dans les transports en commun. Je finis par retrouver l’objet et décroche calmement.

Moi: Putain c’est qui, vous avez que ça à foutre de m’appeler pendant mon catch ?

Ovale Masqué: Excuse moi Pierre, c’est moi, Ovale Masqué.

Moi: Qui ?

Ovale Masqué: Ovale Masqué. De la Boucherie Ovalie. Je vous ai engagé la semaine dernière.

Moi: Ah ouais.

Ovale Masqué: Je voulais vous dire justement, j’ai adoré votre première chronique. Je serai ravi qu’on collabore sur le long terme tous les deux. Comme je vous l’ai dit l’autre jour j’ai une proposition de contrat à vous…

Moi: Ah nan gamin, me ressort pas ta connerie comme quoi tu vas me payer avec de la viande fraîche. D’une, ça ne m’intéresse pas. De deux, je ne suis pas sûr que ce soit très en adéquation avec le droit du travail français.

Ovale Masqué: Non non, cette fois j’ai une vraie proposition. Écoutez je vous propose de me rencontrer pour qu’on puisse causer un peu puis signer un contrat.

Moi: Ouais.

Ovale Masqué: Ouais ? Pourquoi pas au Oz Café, à Chatelet vers 14H ? En plus ils passent le match Crusaders – Waratahs.

Moi: J’aime pas le basket.

Ovale Masqué: Parfait ! A tout à l’heure Pierre. La bise.

Je me suis donc rendu dans ce fameux bar, situé dans un quartier parisien propice à la débauche, puisqu’à deux pas de la célèbre rue Saint Denis, que je fréquentais jadis avec mon ami journaliste Pierre Salvioque. Dès mes premiers pas dans l’établissement, je remarque que l’endroit est peuplé par beaucoup d’étrangers. Je me demande s’ils sont tous en règle. Alors que je commence à me sentir mal, je vois un jeune chevelu à l’air louche m’interpeller d’un signe de la main. Il s’approche de moi. Je suppose qu’il souhaite me vendre de la drogue et je me prépare à lui envoyer un coup de genou dans les valseuses. Mais au moment où j’arme mon geste, je remarque son moule-bite violet et je comprends que ce jeune hippie n’est autre que le « fameux » Ovale Masqué, bien qu’il n’ait rien d’un super-héros à mes yeux, en dehors de son accoutrement ridicule. Il m’invite à sa table et nous commençons tout de suite à parler affaires. Très vite, je comprends qu’il cherche à m’embrouiller. Il me dit qu’il n’a pas été payé depuis trois mois, qu’il vit avec le RSA et que son patron veut délocaliser son poste à Madagascar… bref un baratin invraisemblable. Il propose de me payer avec de la viande – encore, je refuse – puis avec des « petits papiers qui font voir des couleurs flashy, des fractales et des éléphants roses ». Je suppose qu’il parle de billets pour les matchs du Stade Français à Saint Denis mais cela ne m’intéresse pas. Il continue à me parler avec sa petite voix de junkie et au fur et à mesure que j’enchaîne les pintes je n’arrive même plus à comprendre ce qu’il me dit. Je me tourne donc vers l’écran géant qui retransmet effectivement ce match entre les Crusaders et les Waratahs. Mais à ma grande surprise, il s’agit non pas de basket, mais de rugby. Quoique…

Ovale essaye de me présenter un peu les équipes. Les Crusaders, ce sont donc ceux qui jouent avec une sorte de pyjama blanc à rayures rouges, ce qui les fait ressembler à 15 Charlie… sauf qu’ils sont faciles à trouver, l’éclairage du stade étant fonctionnel malgré son aspect champêtre. Un déménagement provoqué par un récent tremblement de terre à Christchurch parait-il, mais je n’ai pas entendu parler de cette histoire. Ovale me dit aussi que Dan Carter, le meilleur joueur du monde, est l’ouvreur des Crusaders. Je lui dit que pour moi, un mec qui n’arrive pas à enchaîner 5 matchs de Top 14 n’est pas le meilleur joueur du monde mais simplement une taffiolle. Il rigole et me tape sur l’épaule. Il va falloir qu’il se calme avec ce genre de familiarités. Je regarde tout de même le match par curiosité. Dès le début, ça envoie du jeu des deux cotés. On fait du large-large, on multiplie les passes – mais aussi les approximations et les en-avants. Sauf que l’arbitre laisse jouer, ce qui nous prive de l’occasion de voir de belles mêlées. Ça part dans tous les sens donc et assez vite, ce sont les Waratahs qui inscrivent le premier essai suite à une action absolument ubuesque. En bout de ligne, le talonneur de l’équipe, un certain Polota Nau, réussi une passe après contact en effectuant une sorte de bras roulé…. quand je vous dis qu’on est pas loin du basket. A l’école de rugby, si j’avais tenté un tel geste, j’aurais sûrement pris une raclée. Et pourtant je jouais trois quart centre…

Le match continue sur ces bases. Les Crusaders reviennent bien dans le match, là encore en envoyant du jeu, mais ils n’arrivent pas à concrétiser. Du coup, quelques minutes plus tard, les Waratahs replantent un pion invraisemblable. C’est cette fois leur N°8 qui perce sur plusieurs mètres, profitant d’une défense inexistante sur le petit coté. Le troisième ligne centre termine sa chevauchée avec une passe croisée (?!) pour son demi de mêlée, Burgress, qui termine le travail après une feinte de passe et un crochet intérieur. Les mains tremblantes, je demande au serveur de me remettre un verre de l’alcool le plus fort qu’il possède….

Les Waratahs ont finalement ce qu’ils méritent : à force de jouer à tout va, ils se font intercepter et les Crusaders reprennent le score avec un essai de Fruean. Mais le reste du match est tout aussi surréaliste : les secondes lignes percent grand champ, courent comme des ailiers et font des chisteras. Quasiment pas de maul, de percussions dans l’axe… ne parlons même pas du jeu au pied. Un peu avant la mi-temps, Fruean marque un doublé après une énième passe après contact de Sonny Bill Williams. Je me rappelle de ce Williams qui jouait à Toulon il y a peu : blessé 6 mois par an, mais s’assurant toujours de faire deux ou trois gestes de frimeur par saison pour piquer toute la gloire à ses coéquipiers. Le genre de joueur que je déteste. Heureusement il fait aussi de la boxe, ce qui me le rend quand même un peu plus sympathique.

Ce même Sonny Bill inscrit le troisième essai des Crusaders dès la reprise, en slalomant au milieu d’une défense toujours aussi fantomatique. Je me dis qu’on va encore souffrir pendant 40 minutes. Mais à partir de l’heure de jeu, il se passe beaucoup moins de choses. Moins de vitesse, encore plus d’approximations. A force de courir partout comme des tarés, ils se crament vite ces cons. Les Waratahs réussissent quand même à mettre un dernier essai dans les 10 dernières minutes, lorsque Pakalani profite d’une montée défensive digne d’un Matthieu Bastareaud en état d’ébriété pour percer plein champ. Évidemment, on peut toujours chercher le second rideau. Mais les buteurs des Waratahs ont été tellement mauvais qu’ils finissent à 15 points, alors qu’ils ont marqué autant d’essais que les Néo-Zélandais. Décidément, le rugby australien a bien changé…

Devant tant d’horreurs, j’ai été obligé de boire, encore et encore, au point d’avoir oublié tout le reste de la soirée. Tout ce que je sais, c’est que je me suis réveillé le lendemain matin, dans mon appartenant, alors que le livreur sonnait à ma porte avec insistance. Il venait m’apporter un stock de viande d’une dizaine de kilos…

PS: si voulez voir quelques extraits du match dont parle Pierrot, c’est ici.

 

Pierre Villegueux analyse le Crunch

En voilà un qui ne vous parlera jamais d’intelligence situationelle.

Dans sa volonté de toujours se renouveler et de vous proposer du contenu que vous ne pourrez jamais lire ailleurs, La Boucherie accueille un nouveau chroniqueur atypique, Pierre Villegueux. Certains d’entre vous le connaissent peut être déjà. D’autres vont le découvrir. Voici une rapide biographie en ouverture de son premier billet.



Pierre Villegueux naît le 1 avril 1955 dans le Périgord noir. Enfant turbulent, ses parents fortunés l’envoient dans un pensionnat en Suisse pour lui apprendre les bonnes manières. Cela ne marchera pas vraiment. Passionné de rugby, Pierre devient un joueur emblématique du RC Nyons avec qui il remporte 4 championnats de Suisse. Toutefois, sa carrière prend fin prématurément, à l’âge de 28 ans, alors qu’il est suspendu à vie par l’IRB pour avoir porté une fourchette sur un arbitre. Sur les deux yeux.

Reconverti comme entraîneur, Pierre devient coach de l’équipe de France carcérale entre 1994 et 1999. A sa tête, les Bleus atteignent la finale de la Coupe du Monde 99, perdue par forfait après la tentative d’évasion en pleine partie des 23 joueurs inscrits sur la feuille de match. Depuis, il est consultant pour divers revues, dont le magazine officiel des amateurs d’Ultimate Fighting.

Et ben ça y est, encore une fois, on a perdu contre les rosbeef. Pourtant, j’avoue y avoir cru cette fois-ci. Déjà, il faut rendre à Marc Lièvremont ce qui appartient à Bernard Laporte, le Lapinou avait pour une fois opté pour la bonne stratégie. Dès sa composition d’équipe, il avait mis tous les atouts de son côté. Premièrement, il conservait la grande idée directrice du jeu des Bleus depuis cet automne : jouer avec avec 4 flankers: Dusautoir, Harinordoquy, Jauzion et Rougerie. On n’avait plus vu cela depuis la glorieuse ère de Bernie le dingue, qui avait eu l’audace en son temps de nous coller une paire de centres Lombard – Desbrosses. Ensuite, il avait également veillé à densifier son pack avec le retour de l’indispensable Sebastien Chabal. Indispensable pour deux raisons : sa puissance, bien sur, mais aussi sa maladresse. Avoir un joueur qui fait 5 à 6 en avants par match, c’est l’assurance d’avoir beaucoup de mêlées… et on sait que la mêlée est notre point fort. A ce titre, la titularisation de Clément Poitrenaud à l’arrière était également une bonne initiative, et c’est sûrement la seule fois de ma vie que je le dirai.

Seul bémol, pour moi: la présence de Dimitri Yachvili. Je sais bien que certains le considèrent comme une sorte de porte bonheur face au XV de la Rose, mais je pense que ce joueur traverse actuellement une sacrée mauvaise passe. Où est le génial stratège du Biarritz Olympique ? Dimitri a changé son jeu. Son nouveau profil d’éjecteur, de chien fou je dirais même, risquait de déséquilibrer le jeu d’une Equipe de France soudainement trop portée vers l’attaque. Morgan Parra me semble plus réfléchi et plus adapté au jeu que nous devrions pratiquer. Ce stratège aguerri, du haut de ses 21 ans, n’hésite pas à prendre 5, 8 voire 10 secondes avant de prendre chacune de ses décisions, ce qui lui permet de toujours faire les bons choix: passer à l’avant le plus proche pour une charge au ras, ou taper un coup de pied dans la boite le plus souvent.

A la veille du match, je restais néanmoins optimiste. D’autant plus que la pluie était annoncée ! On sait que cette équipe d’Angleterre, autrefois flamboyante, a sombré dans le cynisme le plus total et désire désormais pratiquer un jeu « fleur bleue », fait de redoublements de passes et de grandes envolées au large. Une grande tristesse quand on sait que même nous les Français, incorrigibles tarlouzes rêveurs, avons abandonné cette idée surannée du french flair. Le french flair, franchement, c’est quoi ? Un ado qui essaye de gratter trois accords au coin d’un feu de bois pour impressionner les filles, mais l’illusion ne dure jamais longtemps.

Revenons en au match. Force est de reconnaître que celui-ci a bien débuté. Le XV de France marchait dans les traces de son match référence face au Springboks à Toulouse: agressivité, pression, agressivité, pression, pression. C’était un régal de voir la charnière anglaise – incarnée par deux jeunes puceaux à la peau rougeoyante et aux oreilles décollées comme on n’en voit qu’au camping des deux pins au mois d’août – déjouer totalement en première mi-temps.

Hélas, ce que je craignais arriva. Porté par Yachvili bien trop dynamique les Bleus s’entêtaient à pratiquer un jeu large-large digne des pires heures de l’ASM Clermont Auvergne. Jauzion et Rougerie furent peu en vue. Chabal, sevré de ballon. Ironiquement, c’est sur une action de grande classe (un coup de pied dans la boîte) que le pauvre Yachvili se faisait contrer, offrant un essai sur un plateau aux Anglais après un plaquage raté de Donald Duc sur ce petit con de Foden.

En fin de match les Bleus ont repris les bons fondamentaux. Morgan Parra a amené un peu plus de cervelle à la mêlée. Donald Duc a arrêté ses numéros de cirque, ses passes entre les jambes et a notamment tenté une bien belle chandelle, récupérée par Aurélien Rougerie dans les 22 mètres – hélas, l’action n’a pu aller au bout. Saluons aussi le talent et le sang froid du jeune Alexis Palisson qui, sur ses deux premiers ballons, fait le bon choix en dégageant loin devant au pied. Malheureusement, l’un des deux finira en touche directe, mais pardonnons lui la fougue de ses jeunes années. Il doit continuer ainsi.

Les notes:

Thomas Domingo : 6

Après la honte internationale de son match face aux Irlandais (un plaquage raté à 1m de la ligne sur un ailier rachitique nommé McFadden) Placido nous a sorti un match correct, sans plus.

William Servat : 6,5

Son rendement habituel, solide en mêlée, de bons lancers, et surtout assez d’endurance pour éviter que Guilhem Guirado ne puisse jouer plus de 10 minutes. Ouf.

Nicolas Mas: 5

C’est bien beau de se la péter genre je suis le meilleur pilier du monde, mais sans vice il reste quoi ? Il avait beau être meilleur, il s’est trop souvent fait balader par des anglais plus roublards. Même pas une beigne lancée sous la mêlée pour se venger. Petit match.

Lionel Nallet: 6,5

S’est enfin coupé les cheveux. Bonne initiative.

Julien Pierre: 6

Toujours bon, jamais excellent, Julien Pierre c’est un peu un Nallet qui ne se serait pas coupé les cheveux.

Thierry Dusautoir: 6

Le capitaine a encore irradié la partie de son grand charisme de cadre commercial à Darty. A quand un capitaine qui met des fourchettes et des coups de boule, en bref un digne successeur de Fabien Pelous ? Quelques beaux plaquages. Sinon, bof.

Imanol Harinordquy: 6,5

Pas mal comme d’hab

Sebastien Chabal: 4

Aussi mobile que sa statue en cire derrière la mêlée. N’a même pas avancé et ses en-avants n’ont pas servi à grand chose puisque la mêlée française n’a pas vraiment été bonne.

Dimitri Yachivili: 4,5

Deux pénalités importantes ratées à la suite, un dégagement contré, une vitesse hors de propos: est mieux noté que Chabal car lui n’a pas de pellicules.

François Trinh-Duc: 5

Donald Duc a balancé des passes de maçon, tenté un drop foireux et raté un plaquage sur l’essai anglais. Bon, heureusement, il a défendu comme un bonhomme et Pierrot aime ça.

Vncent Clerc: 6,5

Gendre idéal nous a fait un vrai match de méchant en défense avec pas mal de gros plaquages et une belle activité pour combler les brèches. Par contre, en attaque, même Heymans est plus explosif que lui depuis sa blessure.

Yannick Jauzion: 5

Ni bon ni mauvais, comme depuis longtemps. En même temps, c’est lui ou les danseuses style Baby et Mermoz…

Aurélien Rougerie: 5,5

Sa mère était basketteuse professionnelle. Est-ce que cela explique qu’on ait l’impression qu’il joue sur un parquet à chaque fois qu’il essaye de défendre ? En attaque, c’est mieux mais pas top.

Yoann Huget: 4,5

Il est allé voir Black Swan cette semaine ce qui lui a permis de réaliser une belle chorégraphie de danse classique sur la passe interceptée d’Ahston. A part ça, il fait tout pour gagner sa place pour la Coupe du Monde, tout et surtout n’importe quoi. Le pire, c’est que Lapinou a tellement l’esprit de contradiction que ça va marcher.

Clément Poitrenaud: 0

Un en avant ridicule, des courses tranchantes comme le couteau de la dinette de ma nièce de 4 ans, l’impression qu’il fume une clope sur le bord du terrain à chaque fois qu’il devrait s’intercaler dans la ligne: du Poitrenaud habituel. Oui, je ne suis pas objectif. Préparez vous d’ailleurs à ce que Poitreval reçoive un 0 toutes les semaines, même quand il ne joue pas.

Les remplaçants:

Damien Traille

Une belle touche et un strike sur le cameraman, ça se salue. Nous a diverti une bonne quinzaine de minutes à la fin du match, car on se demandait avec les potes du pub à quel poste il avait bien pu rentrer ce coup-ci.

Morgan Parra:

Enfin un vrai demi de mêlée sur le terrain… je ne comprends toujours pas pourquoi on a critiqué son match contre l’Irlande. On a gagné non ?

Alexis Palisson:

L’impact player par excellence. Il n’a pas fait mal aux anglais, mais il a fait mal aux côtes de Pierrot qui a beaucoup rigolé sur les deux ballons qu’il a joué.

Guilhem Guirado:

N’a pas eu le temps de faire de conneries et signe ainsi son premier bon match avec le XV de France. Il est quand même sélectionné depuis 2008…

Sylvain Marconnet:

Pierrot adore se jouer la musique de la scène de la danse des hippopotames de Fantasia quand il arrive en trottinant sur le terrain. Plein de grâce. Solide pour ce qu’il a eu à faire.

Jerôme Thion:

Il joue encore en Equipe de France ? Ah, je savais pas.

Les anglais:

Je ne connais pas trop les joueurs anglais, je regarde seulement le Top 14 car Canal + me dit que c’est le meilleur championnat du monde. J’ai donc bien aimé Palmer, habituellement habillé comme une taffiolle avec le Stade Français, mais qui a retrouvé un peu de dignité en livrant un beau combat lors de ce match. Easter a été bon, ça faisait bizarre de voir un 8 soigner ses sorties de balles. J’ai également apprécié Mike Tindall, qui est bien parti pour réaliser son pari de ne faire aucune passe de tout le Tournoi. Un vrai bon joueur, solide et méchant, avec une grosse paire de bijoux de famille. (royale)

Le clodo qui a voulu me taxer une clope à la sortie du pub: 6

Son nombre de dents cassées. Y’a pas marqué « restos du coeur » sur mon front, la prochaine fois tu le sauras.

Pierrot.

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