Pierre Villegueux revient sur France – Galles.
par Pierre Villegueux

  • 24 March 2011
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Après la déroute Italienne, il s’agissait de rebondir pour le dernier match du Tournoi, contre un Pays de Galles qui visait tout de même la victoire finale. Mission accomplie… et avec la manière. Oui, la manière. J’ai lu ici où là quelques « analystes » nous dire que le jeu offensif des Bleus était toujours aussi brouillon, voire inexistant, avec une statistiques éloquente à l’appui : 3 petits franchissements pour les Bleus, contre 7 pour les Gallois. En même temps, quand tu sélectionnes une troisième ligne de flankers, et Traille et Marty au centre, tu peux toujours attendre pour voir des percées….

Je me moque, mais là n’est pas l’important. L’important c’est qu’on a retrouvé une équipe solide et solidaire, combative, qui a enfin joué avec le meilleur outil du rugbyman : une bonne paire de couilles. Une chose que Clément Poitrenaud ne comprendra jamais, puisqu’il est bien trop occupé à s’en servir avec ses groupies en dehors du terrain. Mais ça, c’est une autre histoire.

Certes, le jeu n’a pas été flamboyant. Pas de passes redoublées, de chistera à l’aveugle sur une jambe, de relance de 80 mètres, etc. Et moi j’ai envie de dire : putain, et alors ? On nous parle tous les jours de nouvelles règles, du Super 15, d’une Coupe du Monde sous le signe du jeu. Foutaises. On verra bien si, une fois la phase de poules passée, nous aurons le droit à des matchs ouverts et des scores de basket. Il me semble que depuis la Coupe du Monde 1987, cela n’a jamais été le cas, et que ce n’est d’ailleurs pas un hazard si les All Blacks courent toujours après un second sacre. Et il me semble aussi que, si je ne me trompe pas, nous disposons de l’équipe la plus armée pour emporter la victoire finale. J’imagine déjà certains d’entre vous se gausser derrières vos écrans, à l’heure ou divers sondages qui nous racontent qu’environ 90% des français ne croient pas en une victoire possible. Mais qu’avons nous avec l’équipe de France ? Un pack monstrueux, une flopée d’artilleurs, une équipe redoutable en contre attaque et très réaliste sur ses temps forts, comme on a pu le voir sur les deux premiers matchs de ce Tournoi. En 2007, les Sud-Africains ne faisaient pas autre chose… Bernard Laporte d’ailleurs, aurait assassiné Guy Moquet une deuxième fois pour avoir la chance de posséder une telle équipe.

Notre seul problème est, comme toujours chez nous, dans la tête. Le rugbyman français se rêve poète. Il parle du glorieux french flair passé, même si il ne sait pas vraiment ce que c’est, et il ne saurait se contenter de la victoire : il doit bien jouer. Et c’est avec cette mentalité à la con qu’on se retrouve à faire la gueule après un Grand Chelem 2010 remporté avec une impressionnante maîtrise… une maîtrise après laquelle nous avons couru pendant des années, pour finalement mieux la repousser une fois qu’elle était enfin à portée de bras.

Et voilà le résultat: malgré la victoire, nous balayons nos certitudes, nous changeons une bonne partie de l’équipe, toujours dans le but de mieux jouer. Mais le mieux est l’ennemi du bien. Notre défense impériale s’est effritée. Notre pack ne met plus au supplice nos adversaires. On essaye de jouer à la baballe, on joue à l’envers et cela donne des matchs comme celui contre l’Italie.

Samedi dernier j’ai retrouvé l’impitoyable équipe qui avait désossé les Springboks en 2009, celle qui avait provoqué la ruine de l’Irlande lors du Tournoi 2010. Celle qui s’était permis de faire un pied de nez historique au rival anglais : remporter le Crunch en inscrivant un essai de moins qu’eux ! Pourquoi complexer ? Pourquoi vouloir mieux ? Il s’agit simplement de jouer avec ses armes. Parce que qui fait du jeu en Top 14 ? La Rochelle, Agen, peut être le Stade Français. Que des équipes bien classées, donc…

Et qui a gagné la dernière Coupe d’Europe ? La machine rouge et noire, qui a broyé Paris, le Leinster puis le BO en finale. La recette était simple : un pack monstrueux, un excellent buteur, des essais marqués sur des ballons de récupération. Et là encore, les Biarrots avaient pourtant marqué le seul essai du match…
Et Clermont ? Clermont a joué à outrance pendant les 3 premières saisons de Vern Cotter. Du large-large, des temps de jeu multipliés, des lancements de jeu élaborés… tout ça pour quoi ? 3 défaites en finale et des désillusions à la pelle sur le théâtre européen. L’équipe de l’année dernière, beaucoup plus pragmatique et enfin capable de « gagner moche » a enfin remporté le Bouclier de Brennus après avoir volé au moins deux matchs sur trois en phases finales. Tout est là devant vos yeux et pourtant vous refusez de voir l’évidence.

Marc Lièvremont lui non plus ne voulait pas voir l’évidence lorsqu’il est arrivé à la tête de l’Equipe de France, qu’il se voyait bien révolutionner. Mais notre ami bleu-bite a vite appris les exigences du haut niveau et a fait marche arrière. Et alors qu’il avait trouvé la bonne formule, il est revenu en arrière, contraint par la pression médiatique et populaire, ou tout simplement par son subconscient de franchouillard de base qui veut voir du « bô jeu ». Et si pour une fois, Marco avait les couilles d’aller au bout de ses idées ? Le rugbyman français est excessif : le juste milieu, il ne connait pas. Il va donc falloir choisir : carte blanche pour toutes les initiatives des joueurs et jeu à outrance… ou tactique plus minimaliste mais, à mon avis pas vraiment humble, bien plus adaptée aux qualités de notre réservoir de joueurs.

Moi j’ai choisi. Je vous proposerai d’ailleurs, dans un billet à paraître dans quelques instants, ma liste des 30 sélectionnés pour le Mondial. Là encore, pour moi la recette la plus simple sera la bonne : retour aux hommes de base du Grand Chelem, forte ossature toulousaine. Plus quelques surprises de mon cru, bien évidemment….