Retour sur France – All Blacks (18-38)

 

Par Pierre Villegueux,

 

Vous savez quelle est la différence entre le French Flair et Pierre Villegueux ? On les annonce tous les deux morts et enterrés depuis des années, mais il y en a un qui bouge encore. Et oui, qui de mieux que votre serviteur pour réaliser le compte-rendu de ce prestigieux France – Nouvelle-Zélande ? Je réponds à votre place : personne. Il n’y a plus personne d’autre.

 

Il faut dire que mes camarades Bouchers sont bien occupés en ce moment, pris dans la frénésie de leur tournée mondiale célébrant la sortie de leur deuxième crime contre la littérature. C’est bien simple, ces derniers temps les Bouchers sont partout, sauf sur leur site. On les a vu abandonner leur sacro-saint anonymat pour sortir deux-trois bons mots dans un journal dans lequel on peut trouver des posters détachables de Laurent Wauquiez. On a pu admirer leur physique de réformés du service militaire lors de séances de dédicaces servant surtout de prétexte pour se mettre des murges et choper les meufs bonnes (sur leurs photos de profil, du moins) de Twitter. Il paraît même qu’on peut les entendre de temps en temps sur Canal + ! Mais là je ne suis pas allé vérifier, puisque, comme toute personne de bon sens, je n’ai pas regardé la chaîne cryptée depuis que le porno est arrivé en accès libre sur internet.

 

Le pire dans tout ça restant sans doute l’adoubement par Télérama, dans un article branlette digne des meilleures critiques de films slovènes projetés dans la sélection « Un certain regard » du Festival de Cannes (avec une bonne dose de misogynie en bonus offensif). Vous allez me dire, Pierre, tu pourrais te réjouir pour eux, ils ont bien mérité de profiter de leur petite gloriole. Des clous ! Tout ce que je vois, moi, c’est que c’est le début de la fin. Quand on fait l’unanimité comme ça dans des journaux de droite comme de gauche, il ne peut qu’arriver des choses atroces par la suite (la preuve avec notre actuel président de la République).

 

À ce stade, tout retour en arrière me semble impossible. Et je ne vois plus que deux issues pour mes compères :

 

1) L’obtention d’un poste de chroniqueur dans « Les Tontons Flankers » sur Eurosport.

 

2) Un décès par overdose.

 

Sachant que la seconde option est de loin la plus souhaitable, il suffit d’écouter Jean-Baptiste Lafond pendant 6 secondes pour s’en convaincre.

 

Heureusement, pendant que la Boucherie se meurt à petit feu, je reste là pour garder la boutique ouverte. Seul, mais digne, comme l’orchestre de glandus qui continua de jouer pendant que le Titanic coulait après s’être mangé une percu de Tuisova. Il ne me reste plus beaucoup de temps, mais ce temps j’ai bien l’intention de l’utiliser pour vous rappeler ce que c’était vraiment la Boucherie, à la base : un site de merde, écrit par des connards, pour des connards. Alors, prêts pour 20 000 signes de pseudo analyse sur la nouvelle débâcle prévisible de la 8e meilleure équipe du monde dans un sport pratiqué par 12 pays ?

C’est parti !

 

La compo :

 

 

AVERTISSEMENT : IL VOUS RESTE 90% DE CE TEXTE À LIRE

 

Pour débloquer la suite, veuillez commander Boucherie Ovalie : guide de survie au pays du rugby sur le lien suivant.
Si vous ne le faites pas, vous pourrez toujours retrouver les meilleures vannes de ce texte dans « Le Mur Facebook du XV de France » d’Ovale Masqué, bientôt en ligne sur le Rugbynistère, dans un format plus court et plus visuel, adapté aux débilos qui font movember et qui postent des snaps d’eux à la salle de muscu.

 

 

Le contexte :

Je parlais de tournée promotionnelle plus haut. Ça tombe bien, il y en a d’autres qui sont en représentation à travers le globe en ce moment. En fait, ils le sont même toute l’année. Je parle bien évidemment des Adidas’s All Blacks ™®©, qui s’arrêtaient samedi à Paris pour une étape mineure de leur World Tour. Il faut pas se mentir : se prendre en selfie devant la Tour Eiffel ou avec Neymar (pour citer les deux seuls éléments de notre patrimoine mondialement connus) était probablement le principal objectif des Néo-Zélandais, sans doute déjà un peu éreintés par le Rugby Championship et la série de tests contre les Lions Britanniques et Irlandais. On notera d’ailleurs qu’ils ont soigneusement évité d’affronter l’Angleterre et l’Irlande cet automne histoire de pas trop avoir à se faire chier.

 

Se prendre des Adidas’s All Blacks ™®© en mode touristes, ça aurait pu être une superbe occasion pour les Bleus, qui courent après une victoire contre les Tout Noirs depuis la finale de la Coupe du monde 2011, certes perdue au tableau d’affichage, mais remportée sur la note artistique. C’était sans compter sur la cascade de blessures qui a transformé notre équipe déjà pas bien intimidante en sélection de seconds couteaux n’ayant pas grand-chose à perdre en dehors de leur amour propre. Une sorte de Suicide Squad qui avait au moins le potentiel pour nous divertir bien plus efficacement que le navet du même nom.

 

Résultat ? On a bien rigolé, oui. Du moins jusqu’au moment où les Adidas’s All Blacks ™®© ont commencé à remballer le matos juste après l’entracte, préférant sans doute s’économiser pour leur prochaine représentation en Écosse. Professionnels jusqu’au bout, ils nous ont tout de même offert un ultime essai sur la sirène, en guise de rappel. Du travail bien fait, mais sans plus. On était malheureusement loin des sommets d’humour atteint à Cardiff un soir d’octobre 2015…

 

Imanol, constatant avant le coup d’envoi qu’il est toujours le meilleur joueur de rugby français présent sur la pelouse.

 

 

Le film du match :

 

Les hymnes : Après Yannick Nyanga en 2012 contre l’Argentine, c’est cette fois Mathieu Bastareaud qui nous offre le moment « Regardez ! Il est noir, mais il pleure pendant la Marseillaise, si seulement ils étaient tous comme ça ! » sponsorisé par Alain Finkielkraut. Rafraîchissant. Personnellement, je m’attendais plus aux larmes de Geoffrey Doumayrou pendant l’hymne néo-zélandais, un peu à la manière de Pieter de Villiers quand il a affronté l’Afrique du Sud pour la première fois sous le maillot bleu. Le néo-Rochelais est sûrement trop pudique, dommage pour l’émotion.

 

Le haka : Comme le veut la coutume, les All Blacks nous ont gratifiés d’un très beau Adidas’s All Blacks Haka ™®©, très bien chorégraphié et filmé. Ah, que c’est beau ces traditions maories ! Pendant ce temps, les Français étaient positionnés à 500 mètres de là, sagement placés derrière un cordon de sécurité pour ne pas déranger les performers. Ils ont tout de même fait mine d’avancer avec une once de défi dans le regard, mais en prenant bien soin de ne pas aller trop loin pour ne pas faire payer une amende à leur fédération qui a déjà suffisamment d’emmerdes en ce moment.

 

On regrettera cependant les sifflets du public du Stade de France durant cette séquence. D’autant plus surprenant que la moitié d’entre eux venaient probablement juste pour voir le haka.

 

C’est pas avec votre danse à la con que vous allez impressionner ces deux CHAMPIONS D’EUROPE EN TITRE.

 

1ère minute : Beauden Barrett donne le coup d’envoi du match et les Bleus se chient déjà sous le renvoi. On se prend à rêver d’un essai au bout de 15 secondes de jeu, mais les Blacks sont finalement pénalisés.

 

4e : Première mêlée du match, et bras cassé sifflé contre les Blacks. Les Français prennent la confiance et redemandent l’épreuve de force. Le pack noir recule et se fait pénaliser ! On se dit alors qu’on va peut-être réussir à les bousculer en les prenant devant, comme à la belle époque. Spoiler : en fait non.

 

6e : Crotty réussit à passer les bras dans l’intervalle pour SONIBI, qui transmet à McKenzie. Mais notre Bubulle national sort les cannes pour stopper le jeune arrière au sourire de psychopathe. Un temps de jeu plus tard, Sonibi retouche le ballon et fonce vers l’en-but, mais il est coffré par son compatriote Doumayrou.

 

9e : Cette fois ça y va, Barrett sert Coles dans l’intervalle, et le petit gros le plus rapide du monde inscrit le premier essai du match. On notera la sublime montée défensive de Guilhem Guirado, sans doute le plus beau geste kamikaze réalisé au Stade de France depuis deux ans. 0-7.

 

10e : Ioane et McKenzie combinent sur l’aile, puis le ballon revient à Aaron Smith qui croque comme un cochon et se fait plaquer par Dupont.

 

12e : Lartot place un petit « il faut éjecter Romano » bien discret, mais qui, on l’espère, lui vaudra des représailles de la part de la communauté Rom qui a déjà beaucoup souffert des films de Christian Clavier.

 

En même temps, cette dégaine…

 

 

16e : On continue de prendre l’eau de partout, on croirait revoir les meilleures scènes de Dunkerque, mais avec les commentaires de Galthié à la place de la musique d’Hans Zimmer (perso je ne sais pas ce qui me stresse le plus entre les deux). Une pénalité est finalement sifflée contre les Français. Les Blacks font genre ils nous respectent et prennent les points. 0-10.

 

18e : La banda du Stade de France joue la Peña Baiona. Pour moi, c’est beaucoup plus grave que siffler le haka, mais bon…

 

20e : La mêlée française est pénalisée à plusieurs reprises devant son en-but, à cause de Slimani-le-tricheur. Là où une équipe française aurait fait le forcing pour faire rentrer De Pénalité, les Néo-Z préfèrent jouer. Barrett balance une longue sautée sur l’aile de Naholo qui va marquer en moonwalk. 0-17.

 

26e : Les Bleus se souviennent qu’ils ont également le droit de toucher le ballon de temps en temps. Les Kiwis ont l’air aussi surpris qu’eux de l’apprendre. Bastareaud charge et réussit à faire jouer après lui, le ballon passe entre les mains de Gourdon, Doumayrou et Ducuing, qui fixe parfaitement le dernier défenseur pour envoyer Teddy Thomas dans l’en-but. Bon, c’était pas mal ça. 5-17 après la transformation manquée par Belleau.

 

29e : Guirado met son habituel gros tampon, le truc qui fait généralement oublier qu’il fait quand même des matchs plus que moyens depuis un an.

 

30e : Au tour de Geoffrey Doumayrou d’alimenter sa compilation YouTube avec un sublime dégagement en touche qui se transforme en passe au pied lobée sur l’aile de Teddy Thomas. On est passé à deux doigts du coup de génie involontaire. Malheureusement, l’action ne donne rien.

 

 

35e : Slimani est pénalisé à nouveau et prend un carton jaune. Le mec qui a annihilé à lui seul la mêlée du Stade Français il y a trois semaines s’est donc soudainement transformé en gros boulet. Comme quoi, faut croire que le Top 14 et le rugby ce n’est pas vraiment le même sport.

 

37e : Les All Blacks déroulent tranquillement. Sonibi tape un petit coup de pied à suivre dans l’en-but, la couverture est absente et Crotty aplatit tranquillement. 5-24. Bon, bon bon…

 

40e : Sous une chandelle de Barrett, Ducuing dégueule magnifiquement le ballon. Derrière, ça envoie au large, Ioane déborde, sert McKenzie qui remet à l’intérieur pour Cane, encore un essai. 5-31 et il commence à pleuvoir. Une bonne nouvelle pour le XV de France qui va peut-être prendre un peu moins d’essais, une mauvaise nouvelle pour Yoann Huget qui va avoir des frisottis.

 

La double peine pour Guytou : le XV de France se prend une branlée et en plus Clémentine n’est plus là.

 

42e : Les Français reviennent du vestiaire visiblement enfin en possession des fameuses « intentions ». Une action intéressante permet de récupérer une pénalité. Belleau la passe, 8-31.

 

45e : Dupont découvre ce que ça fait d’être Wesley Fofana avec une superbe percée plein champ qui ne donne rien, puisque personne n’est assez rapide pour le suivre et lui offrir des solutions. Mais l’action se poursuit et après quelques temps de jeu, Belleau tape une diagonale dans l’en-but sur l’aile de Yoann Huget. SONIBI semble être mieux placé pour capter le ballon, mais il préfère l’envoyer en touche pour montrer qu’après le XIII et la boxe, il est également un excellent volleyeur. Ce clin d’œil à Jeanne et Serge lui vaut cependant un carton jaune. L’arbitre accorde également un essai de pénalité à la France, sans doute un peu par pitié. C’est gentil, ça fait plus que 15-31.

 

49e : Les Blacks commencent à enchaîner les fautes stupides avec un renvoi direct en touche et des en-avant à la pelle. Belleau en profite pour réduire encore l’écart, 18-31.

 

52e : Jolie action française avec Belleau, Doumayrou et Ducuing qui décalent Teddy Thomas le long de la ligne. Le Talent d’Or à vie dépose Damian McKenzie mais met le pied en touche juste avant d’aplatir sous le nez de Sopoaga. C’est con, on aurait pu les faire douter pendant au moins 3 minutes avant qu’ils nous en remettent un.

 

60e : Gros temps fort de plusieurs minutes pour les Français qui pilonnent la ligne des Kiwis. Mais on ne joue pas en bleu marine pour rien : c’est aussi stérile qu’une attaque écossaise.

 

62e : Encore une maladresse de Beauden Barrett, qui n’a clairement plus envie de jouer depuis qu’il pleut et qui est probablement en train de penser à la murge d’anthologie qu’il va se mettre dans 20 minutes.

 

63e : Yoann Huget nous offre probablement l’action du match avec une de ses fameuses courses dite du « labrador qui cherche sa queue » suivie d’une tentative d’offload digne des plus beaux alley-oop de la NBA. Inutile de tenter de vous décrire ça avec des mots, rien ne vaut un bon vieux GIF. Perso, je le regarde en boucle depuis deux jours.

 

 

70e : Clément Maynadier rentre en jeu. Mathieu Lartot ne manque pas l’occasion de rappeler que ce brillant jeune homme a fait l’École nationale supérieure des Mines et possède un diplôme d’ingénieur. Enfin quand on sait qu’il remplace Guilhem Guirado qui a mis 22 ans avant d’arriver à attacher son bandeau tout seul, ça relativise un peu le niveau intellectuel général des rugbymen pro.

 

74e : Les Bleus squattent toujours le camp des Tout Noirs, qui enchaînent les fautes. On décide de ne pas prendre les pénalités et de continuer à ne pas marquer avec panache, ce qui après tout est une certaine idée de la France.

 

80e : Alors qu’on commençait à bien se faire chier, les Adidas’s All Blacks ™®© décident d’en remettre un petit dernier, histoire de bien montrer qu’ils peuvent nous en mettre un quand ils veulent s’ils le veulent. Score final, 18-38.

 

Le réal de France 2, incapable de cadrer une situation de surnombre correctement mais qui tient quand même à nous faire des plans fixes mélancoliques à la Blade Runner 2049.

 

La Guyguy’s army :

 

Jefferson Poirot : Je l’ai pas vu du match et à un moment il est sorti blessé. Du coup j’ai cru que c’était Eddy Ben Arous.

 

Guilhem Guirado : C’est toujours difficile de critiquer un mec qui a l’air d’être assez con pour mourir sur un terrain.

 

Rabah Slimani : Est-ce que c’est vraiment un tricheur, où est-il victime de sa mauvaise réputation parce qu’il a une tête d’Arabe ? Je ne saurais dire, je n’y connais rien. Je demanderais bien à notre spécialiste de la mêlée maison, Grégory le Mormeck, mais il a été remplacé par un robot qui ne fait que répéter « DAVID MARTY » et le « CATALAN » H24 sur Twitter. Remarque, c’est pas tellement pire que le compte officiel de la Boucherie qui fait la même chose avec « YIONEL BEAUXIS » (sérieux les gars, supprimez vos comptes et revenez écrire ici).

 

Paul Gabrillagues : Gabrillagues c’est le gamin qu’on aime tous parce qu’il a pas peur de dire « ta gueule » à son boss, parce qu’il en a clairement rien à foutre du rugby pro, et aussi et surtout parce qu’il n’a pas de compte Twitter pour RT tous les tweets de merde de la Société Générale. Presque un joueur amateur, quoi. Si on était méchant on pourrait dire qu’il en avait aussi un peu le niveau contre les Blacks. À revoir contre les Sudafs, dans un match où ça devrait aller un peu moins vite pour lui.

 

Sébastien Vahaamahina : J’ai mis plus de temps à essayer de me souvenir de sa performance qu’à écrire son nom. Un peu moins en galère que son compère mais on s’attend toujours à plus d’agressivité et d’impact dans le jeu de la part d’un type de son gabarit.

 

Yoann Maestri : Encore et toujours transparent…

 

Judicaël Cancoriet : On a pas vu le même joueur qu’à Clermont. Perd clairement du terrain sur Sekou Macalou et Yacouba Camara pour le titre de nouveau « Yannick Nyanga / Serge Betsen / Thierry Dusautoir ».

 

Kevin Gourdon : Par rapport à l’année dernière, ses performances semblent être au moins autant en déclin que son style capillaire.

 

ET VICE ET VERSAAAAAAAAAAAAAA

 

Louis Picamoles : KING PICA est revenu en Top 14 et s’est immédiatement réadapté à la façon dont on joue au rugby en France : c’est à dire mal. Quitte à avoir un n°8 transparent et qui n’avance pas à l’impact, autant prendre Damien Chouly pour ses qualités en touche.

 

SHOULD PICA STAY OR SHOULD PICA GO ?

 

Antoine Dupont : Il semble tellement fort qu’on se demande vraiment comment on va réussir pour lui ruiner sa carrière à celui-là. Restons méfiants tout de même puisqu’il faut se souvenir que par le passé, on a été capable de s’extasier devant les performances de Maxime Machenaud et Sébastien Bézy. Si l’on peut émettre quelques menues critiques, on remarquera aussi qu’il est plus à l’aise dans le duel que dans l’animation du jeu.

 

Anthony Belleau : Pas timide pour son dépucelage, parfois intéressant, mais souvent dépassé dès que le rythme s’accélérait. Plusieurs plaquages loupés à son actif notamment. Heureusement, les standards au poste de n°10 ont beaucoup baissé depuis quelques années en France, et l’on considère qu’un joueur a réussi son match si l’on estime qu’à sa place, Jules Plisson aurait fait bien pire. Mission accomplie pour Belleau, donc.

 

Yoann Huget : Que Yoann Huget puisse atteindre 50 sélections en équipe de France est sans doute le signe qu’on se rapproche petit à petit du niveau de l’Italie, où un Luke McLean approche sereinement les 90 capes.

 

Geoffrey Doumayrou : Il avait à cœur de donner raison à Greg Cooper en prouvant qu’il pouvait jouer avec les All Blacks. C’est réussi, puisqu’il les a aidés à marquer plusieurs essais en première période.

 

Mathieu Bastareaud : Il y a encore quelques mois, on ne voulait pas le sélectionner parce que « son style ne correspondait pas au jeu que l’on souhaitait pratiquer ». Un peu comme si je montais un groupe de rock pour faire des mariages et que je refusais Eric Clapton au motif qu’il me casse les couilles à faire des solos de 15 minutes. Parfois, ça peut être sympa de dégonfler un peu et de faire avec les rares talents qu’on a sous la main. Pas le match de sa vie, mais il a été un des moins ridicules.

 

Teddy Thomas : Soyons honnêtes, on était tous prêts à RT en ricanant le gif de Philousport après son premier plaquage raté. L’ancien Biarrot se savait sûrement attendu dans le secteur défensif et s’est montré étonnamment solide. En attaque, il est pas passé loin d’un doublé et d’un nouveau Talent d’Or. Une bonne surprise, mais ça ne l’excuse toujours pas de jouer au Racing.

 

Nans Ducuing : Sa réception de chandelle digne de Vidéo Gag qui aboutit au troisième essai néo-zélandais ne doit pas éclipser une évidence : en 80 minutes il a réalisé plus de gestes de rugby que Brice Dulin en 5 ans.

 

Conclusion :

 

Un match France – All Blacks, c’est un peu comme découvrir la vidéo « Two girls one cup » après tout le monde. On s’attend tellement à passer un mauvais moment que finalement, après visionnage, on se dit que c’était pas si terrible que ça. Alors, a-t-on assisté à une nouvelle défaite encourageante, digne des plus belles heures du mandat de Philippe Saint-André ? Pas vraiment, si on se souvient que l’année dernière, les Bleus n’avaient été battus « que » de 5 points par ces mêmes Blacks, à l’issue d’un match autrement plus abouti sur tous les points. Alors certes, « yavédéblessés », 4 puceaux titulaires au coup d’envoi, de la pluie, du vent, l’absence de Clémentine, le complot de World Rugby et d’Agustin Pichot contre la France… mais force est de constater qu’on ne progresse plus, voire que l’on régresse.

 

Le prochain match contre l’Afrique du Sud sera un vrai test, sachant que les amateurs de barbecue viennent de se prendre une belle taule contre les Irlandais, et que l’on a un petit contentieux à régler avec eux (et pas seulement parce qu’ils vont nous piquer la Coupe du monde 2023). Enfin, on sait aussi que le résultat de ce match pourrait sceller l’avenir précaire de Guy Novès. J’en profite donc pour lui envoyer un petit message : si tu cherches du boulot et que tu as besoin d’un endroit pour te défouler contre Bernard Laporte et écouler ton fiel, tu es le bienvenue ici. À la Boucherie, le vivier de rédacteurs est au moins aussi fourni que celui du rugby français au poste de n°10, et on ne crachera pas sur le renfort d’un petit jeune de 63 ans.

Pierre Villegueux revient sur Irlande – France

Par Pierre Villegueux,

 

Lundi matin, au lendemain d’une défaite contre l’Irlande n’ayant même pas réussi à me donner une gueule de bois correcte, j’ai reçu un SMS en provenance de l’Iphone 5 en or 24 carats de ce scélérat d’Ovale Masqué. Sans doute vautré dans un hamac sur une quelconque île paradisiaque dont il ne reviendra jamais, l’auto-proclamé Chef de la Boucherie Ovalie m’a demandé de venir à sa rescousse pour faire ce qu’il ne veut plus faire depuis qu’il a fait fortune en vendant des milliers d’exemplaires du #MeilleurCaleTableDuMonde : écrire un article sur ce putain de site.

Comme une ex opportuniste qui vient t’offrir un café en espérant pouvoir tirer un coup en souvenir du bon vieux temps, il a tenté de me prendre par les sentiments, de flatter mon ego en me faisant croire que les lecteurs du site me réclamaient (me faire croire qu’il y a des lecteurs tout court étant déjà un premier mensonge). « Pierre, tu es indispensable en cette période de Coupe du monde. Tu es notre French Flair à nous. Tout le monde croit que tu es mort, et boum, tous les 4 ans, tu reviens pour remettre tout le monde à sa place ! »

Alors non, je ne suis pas mort. Pour le French Flair par contre j’en suis moins sûr, mais l’avantage c’est qu’on devrait avoir une réponse définitive samedi prochain, tous les ingrédients habituels – indigence collective extrême, adversaires beaucoup trop forts, médias beaucoup trop méchants – étant réunis pour l’invoquer.

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Extrait du #MeilleurCaleTableDuMonde (ne l’achetez pas, je touche pas un centime dessus)

 

Pour tout vous dire, si je n’écris plus par ici depuis un moment, c’est parce que je partais du principe que quand on est vieux, aigri et qu’on répète toujours la même chose en boucle depuis des années, la meilleure chose à faire est encore de fermer sa gueule. Après tout, le monde n’a pas besoin d’un deuxième Pierre Salviac.

À quoi bon encore écrire sur les matchs du XV du France ? Car regarder les Bleus depuis 4 ans, c’est un peu comme regarder Un Jour sans fin. Sauf que le regard de cocker dépressif de Bill Murray est quand même plus poilant que celui de Philippe Saint-André. À chaque match, c’est la même chose : on espère que quelque chose va changer, qu’un déclic va se produire. Mais rien ne se passe. Même quand on arrive par miracle à gagner, l’impression d’immobilité persiste. Un compte-rendu de match, pour quoi faire, si ce n’est bousiller sa santé mentale ? Explorer le jeu du XV de France, tenter de l’analyser, c’est comme fixer Pascal Papé dans les yeux pendant plus de 10 secondes : l’assurance de tomber dans un abîme sans fond et ne plus jamais pouvoir en sortir. On est d’ailleurs tellement habitués à cet état végétatif du rugby français que la seule fois où l’on a un peu vibré, où on a cru voir une étincelle de vie sur le terrain, c’est quand on a perdu par 20 points d’écart contre les Anglais à Twickenham. Oui les Anglais, ceux qui ont même pas passé le premier tour de leur propre Coupe du monde, alors que même nous on a réussi avec David Marty au centre en 2007. Paye ton match référence.

Que peut-on raconter sur ce France – Irlande, donc ? La même histoire que d’habitude. On savait à l’avance qu’ils étaient largement meilleurs. Non pas que leurs joueurs soient fantastiques et les nôtres tout nazes, non non. C’est juste que eux, quand ils rentrent sur un terrain de rugby, ils ont une vague idée de ce qu’ils vont y faire. Déjà, ça change tout. Chez nous, on a longtemps misé sur l’intelligence de nos joueurs, leur capacité à s’adapter à l’adversaire, à faire le bon choix au bon moment. Puis quand on s’est rendu compte que Dusautoir était le seul mec qui arrivait à écrire son prénom sans faire de faute, on a laissé tomber et on s’est dit qu’on allait revenir aux bases du rugby français, et tout simplement partir à la guerre. Mettre de l’envie. Parce que c’est bien connu, au rugby c’est celui qui a le plus envie qui gagne à la fin. Et notre envie, c’est un peu comme notre bite, on est toujours persuadés qu’elle est plus grosse que celle des autres !

Et puis on a fait une grosse prépa physique, aussi. Pendant 3 mois on a fait du vélo d’appartement et des stages avec le GIGN, alors on est prêts. C’est sûr, personne ne pourra nous prendre sur le combat. Pendant qu’on tapait sur des pneus comme les macaques de la scène d’ouverture de 2001 l’Odyssée de l’espace, les autres nations faisaient sûrement des tournois de Just Dance sur Wii. Ils ne pourront pas rivaliser.

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TAPER PEUNEU !

 

Dimanche, on est donc arrivés au Millenium Stadium sûrs de nous, remontés à bloc, prêts à aller au front. Pour être certains de leur motivation, nos généraux en jogging Adidas avaient bien pris soin de faire lire la presse à leurs soldats, cette méchante presse qui les critique tout le temps, qui dit toujours que les autres ils sont mieux armés. Pendant une semaine, on a donc raillé les Irlandais et leur supposée supériorité. On a laissé parler avec un sourire en coin en aiguisant les lames de nos baïonnettes. Le problème c’est qu’on s’est vite rendu compte qu’en face, ces cons de buveurs de Guinness n’étaient pas venus avec des pistolets à eau non plus. En même temps, dans leur pays, ça sert à rien puisqu’on est toujours mouillés, un peu comme Christian Jeanpierre dès qu’il voit Mike Brown.

Pourtant on s’est bien battus, rien à dire. Contrairement à certains matchs d’il y a 4 ou 5 ans, comme contre l’Italie ou les Tonga pour citer les souvenirs les plus hilarants de l’ère Lapinou, ce n’est pas au niveau de l’engagement qu’on a failli. Mais tactiquement, on était un peu à la ramasse. Par exemple on n’avait pas prévu de soutien aérien, et ça aurait pu être utile pour parachuter quelques soldats dans les 22 mètres irlandais. Les 22 mètres irlandais, pour les Bleus, c’était l’Atlantide, les Cités d’Or ou la ville d’Oyonnax : ils ont entendu dire que ça existait, mais aucun d’entre eux n’a pu le vérifier de ses propres yeux. En même temps pour aller aussi loin, fallait tenir un ballon sous le bras. Et tenir un ballon et une baïonnette en même temps c’est un peu compliqué. La bonne technique, finalement, c’était peut-être de défoncer l’adversaire à mains nues. C’est pas Sean O’Brien qui dira le contraire.

Au final, on a perdu. Et visiblement personne n’a trop compris pourquoi côté français. Il n’y avait qu’à voir les réactions de Ouin-Ouin ou de Pascal Brutal (rebaptisé Pascal Babtou fragile pour l’occase) en conférence de presse après le match, eux qui se réjouissaient en comptant le nombre de morts dans le camp adverse. Comme s’ils pensaient vraiment que blesser un type d’en face rapportait des points au tableau d’affichage. Heureusement ce n’est pas le cas, sinon Montpellier ne gagnerait jamais un match à cause de Benjamin Fall.

Et non, pour gagner des matchs de rugby il faut marquer des essais. Ça même les Sud-Africains l’ont compris, eux qui ont l’air d’une équipe de beach rugby fidjienne comparés à nos Bleus. Parce qu’avant d’être une guerre, le rugby c’est encore un jeu. J’ai cherché la définition dans Google : « divertissement, activité physique ou intellectuelle, non imposée et gratuite, tout ce que l’on fait dans le seul but de s’amuser ».

Nous, on est clairement loin d’être divertis en voyant cette équipe de France. Et à la limite c’est pas très grave. On a rien fait d’autre que poser notre cul devant notre télé, et une heure plus tard on avait déjà oublié à quel point on s’était fait chier. Par contre pour les joueurs, dont c’est apparemment le métier de jouer, c’est un peu dommage de constater qu’ils ne s’amusent jamais. Il faudrait peut-être qu’ils essayent la semaine prochaine, enfin. Moi je dis ça pour eux hein. Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent contre les All Blacks, finalement on s’en fout : de toute façon depuis trois semaines on a tous décidé de prendre la nationalisé japonaise d’ici 2019. Mais putain, essayez au moins ! Faites un truc, n’importe quoi. Répondez au haka en chantant le générique d’Intervilles par exemple. C’est sûr que vous allez avoir l’air cons, mais sans doute toujours moins que pendant les 80 minutes qui vont suivre. Puis ça nous fera une image marquante à retenir de vous pendant cette Coupe du monde. Jusque-là, le seul truc qui a capté notre imaginaire, c’est Jamie Cudmore essayant de d’écouter vos combinaisons. Le plus drôle dans l’histoire étant qu’il a donc cru à leur existence pendant un instant.

All Blacks ou pas, samedi prochain, on va donc faire comme d’habitude : on va attendre que quelque chose se passe. Une rébellion. Une bagarre générale. Un essai – bon là, je fantasme un peu. Enfin bon, on verra bien hein. Il faut garder l’espoir. Impossible n’est pas français, le French Flair, la French Chatte, tout ça. Puis cette fois, au moins c’est sûr, il va bien se passer quelque chose à la fin du match. Soit on aura réussi un nouvel exploit qui rentrera dans les annales du sport français, et l’on se préparera à perdre notre demi-finale contre l’Afrique du Sud avec les honneurs. Soit Ouin-Ouin fêtera son pot de départ, et on sera heureux pendant un bon quart d’heure avant de se rappeler de la gueule du type qui va lui succéder. Donc dans tous les cas, on aura une bonne raison de se mettre une cuite, et la gueule de bois du dimanche matin devrait être bonne.

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Illustratin du « très très haut niveau » cher à PSA : gagner ses duels dès le tunnel.

 

Les Soldats bleus :

Eddy Ben Arous : Jouer avec Ben Arous, c’est comme jouer avec un troisième ligne en plus. Au final ça nous en fait donc trois.

Guilhem Guirado : Je n’ai rien de mal à dire sur lui. Si ce n’est que quitte à être ridicules devant le monde entier, autant titulariser Szarzewski, au moins on aura toujours la réputation d’être des beaux gosses à l’étranger.

Rabah Slimani : Je n’ai rien de mal à dire sur lui. Si ce n’est qu’il n’est pas catalan et que c’est un peu dommage.

Yoann Maestri : Yoann Maestri répond toujours présent dans le combat. Et c’est tant mieux vu qu’on a que ça à proposer. Avec Bernard le Roux, probablement le seul joueur de la liste des 30 a toujours ignorer que le rugby se joue avec un ballon (les autres sont au courant, ce qui ne veut pas forcément dire qu’ils savent quoi faire avec).

Pascal Papé : Si demain j’apprends que Mike Tyson s’est pris une droite à la sortie d’une boîte de nuit, j’aurais probablement du mal à me sentir malheureux pour lui. C’est un peu la même chose pour Papé avec O’Brien du coup.

Thierry Dusautoir : On a retrouvé notre Dark Destroyer. Quand la routine s’installe et qu’on commence à penser qu’il est devenu ordinaire, Thierry enfile sa guêpière et nous rappelle pourquoi il nous a tant fait bander depuis des années. Par contre, le voir se faire passer dessus par 15 Irlandais sur chaque ruck était quand même beaucoup moins excitant.

Damien Chouly : Richie McCaw est le meilleur joueur du monde car il est invisible aux yeux des arbitres. Damien Chouly lui, a un super-pouvoir bien à lui : celui d’être invisible pour les téléspectateurs. Comme quoi en France on ne devrait jamais tenter de copier les films de super-héros.

Louis Picamoles : Très efficace. Dans son style. Malheureusement pour PSA, on ne gagne pas une course de Formule 1 en alignant un tank sur la ligne de départ.

Tillous-Borde : Je l’ai trouvé mauvais jusqu’à ce que Morgan Parra ne rentre et se mette à jouer encore plus mal que dans sa pub pour Saint-Yorre. Pendant ce temps, Rory Kockott gagnait au Mont Ventoux sur Pro Cycling Manager.
Bon au pire, on pique Greig Laidlaw à l’Écosse et on fait croire que c’est Élissalde, ça peut marcher.

Frédéric Michalak : Décevant. Décevant car il n’a même pas été mauvais, et que du coup, pour la première fois depuis bien longtemps, on ne pourra même pas dire que c’est la faute du 10 si on a perdu.

Wesley Fofana : En 2007, on avait David Marty qui ne savait pas faire une passe. En 2015 on a Wesley Fofana, qui sait mais qui ne veut pas. Personnellement, j’aurai toujours plus de sympathie pour bourrin limité que pour un pur sang qui gâche son talent.

Mathieu Bastareaud : En Angleterre, on regrette de ne pas avoir sélectionné Steffon Armitage. En France, on se demande encore pourquoi on a pris son sosie. Il est parfois très utile, certes. Mais il y a des jours comme ça où il a l’air aussi à sa place dans une ligne de trois quarts que Bakkies Botha dans un restaurant vegan.

Brice Dulin : À partir du moment où ne se fait pas humilier en défense, on peut dire qu’il a fait un bon match. Il a donc fait un bon match.

Noa Nakaitaci : Plus ça va, plus il a de points communs avec Wesley : lui aussi on lui pardonne tout parce qu’il a réussi un exploit à Twickenham un jour. Et on a beau se foutre régulièrement de la gueule de Yoann Huget, il est visiblement le seul à avoir compris que pour toucher des ballons quand on est ailier en équipe de France, il vaut mieux aller les chercher au milieu du terrain.

Scott Spedding : Il bute de loin, il aime la muscu, il a autant de flair qu’un pilier géorgien aveugle : ça valait bien le coup d’aller chercher un mec comme ça en Afrique du Sud alors que Damien Traille est toujours sélectionnable.

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Scott Spedding tente RELANCE !

… Rien ne se passe !

 

Les remplaçants :

Vincent Debaty : Il est tellement bon à l’aile qu’on en oublie presque qu’il n’est pas terrible comme pilier.

Benjamin Kayser : Une fois il a gagné deux mètres sur une charge. Très utile comme impact player donc.

Nicolas Mas : Allez, on va dire qu’on n’a rien vu sur la dernière mêlée qui se fait emporter jusqu’à Dublin.

Alexandre Flanquart : Il est gentil mais c’est quand même pas avec ça qu’on va faire peur aux All Blacks. Depuis quand les seconde ligne français ont le droit d’être beaux et de savoir faire des passes ?

Bernard le Roux : Le soldat ultime. Qu’on lui préfère Chouly prouve que ce staff n’arrive même pas à aller jusqu’au bout de sa logique à la con.

Morgan Parra : Il veut sûrement jouer en 10 contre les Blacks. Je ne vois pas d’autres explications à sa performance.

Alexandre Dumoulin : En 2011, on avait Fabrice Estebanez. En 2015, on a donc Alex Dumoulin. Merci aux sélectionneurs nationaux de donner du matériel à la Boucherie pour écrire encore plein d’autres livres. Notez quand même qu’on a du mal à dire du mal de ce joueur, qui a vraiment l’air sympa (sans doute la principale qualité lui ayant permis d’être sélectionné à la place de Mermoz).

Rémi Talès : Une rentrée plutôt propre. « Il a été propre » sera d’ailleurs probablement l’épitaphe de ce brave Rémi, dont le seul défaut est d’être un très bon joueur de flûte à bec à un poste où la France entière attend une rockstar depuis des années.

[VI Nations 2015] Angleterre – France : la branlée de l’espoir !

On a perdu. Mais les Anglais aussi. Donc en fait on a gagné.

 

Par Pierre Villegueux,

 

Être capable de prendre 55 points tout en réussissant notre meilleur match du Tournoi. Ces deux phrases suffisent à résumer ce Crunch 2015, et peut-être même l’histoire du rugby français.

55 à 35. Est-ce qu’il y a vraiment quelque chose à analyser après un match comme ça ? Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux fermer sa gueule ? Sûrement. Mais comme tout article de la Boucherie Ovalie qui se respecte doit faire un minimum de 180 000 signes, je suis bien obligé de continuer. Il paraît que ça a duré 80 minutes, mais ça aurait pu tout aussi bien en durer 8. C’était comme si la Terre s’était arrêtée, et que 46 joueurs subitement frappés de démence passagère avaient décidé de se faire un bon gros match de beach rugby sous LSD. Un truc à la fois surréaliste et hyper-spectaculaire, comme un film co-réalisé par David Lynch et Michael Bay. Samedi, tout était permis. Si Florian Fritz avait été là, il aurait même probablement réussi un drop, c’est dire. Ce match, il n’y a pas grand chose à en dire. Ce qui est sûr, ce qu’il nous donnera quelques souvenirs, et que quand nous serons tous des Jacques Verdier répétant en boucle que c’était mieux avant, on parlera encore de ce Crunch d’anthologie à nos rejetons. Ils le regarderont sur ESPN Classic et trouveront certainement ça très chiant à cause du trop faible temps de jeu effectif, comme nous on se fait chier à regarder les matchs de Jean-Pierre Rives – s’il se dopait vraiment, ben c’était sûrement pas assez.

Évidemment, au lendemain de cet Angleterre – France, il y aura deux camps. Celui des kiffeurs, ceux qui se satisferont d’avoir enfin réussi à vibrer devant un match du XV de France, ce qui ne leur était sans doute plus arrivé depuis le 23 octobre 2011. Et celui des pisse-froids – espèce fort répandue sur Twitter où il est toujours très suspect de dire qu’on aime bien quelque chose – qui viendront nous donner la leçon en nous rappelant que la France a pris une branlée, une grosse, et qu’on est toujours aussi paumés à deux matchs amicaux du début de la Coupe du monde. Et ils ont raison : avant le Crunch, on avait au moins la certitude d’avoir une bonne défense. Après, on est plus sûrs de rien.

Est-ce que Jules Plisson est un vertébré ? Est-ce que Bernard le Roux a peur du ballon ? Est-ce que Chris Robshaw est un cyborg ? Est-ce que nos joueurs sont des génies qui s’ignorent, capables de poutrer tout le monde s’ils se donnent la peine de sortir du cadre de jeu qu’on leur impose ? Est-ce que, du coup, PSA et son staff sont des incompétents qui nous ont fait perdre 4 ans ? Est-ce que Matthieu Lartot est un déglingos ? Est-ce que France Télévisions a vraiment osé nous faire changer de chaîne à deux minutes de la fin de la partie ? Est-ce que j’ai vraiment vu ce match où est-ce que deux équipes de Super Rugby ont décidé de se foutre de ma gueule en revêtant les maillots du XV de France et du XV de la Rose ?

Franchement, je ne sais pas, je ne sais plus. Mais je dois bien avouer que moi, j’ai pris mon pied devant ce match. Comme un gros con de Français, je préfèrerai toujours une défaite flamboyante (même de 20 points) à une victoire piteuse. Ça doit être dans mes gènes, comme ça doit être dans les gènes de Nakaitaci de se prendre pour Forrest Gump quand il approche de l’en-but. Alors j’ai pris mon pied, certes, mais je ne crois pas pour autant qu’on va gagner la Coupe du monde et que tout va bien dans le rugby français. Je ne crois ni au Père Noël, ni au retour de Dan Carter à Perpignan, ni même que Yoann Huget soit un vrai joueur de rugby. J’ai juste vu des types talentueux enfin réussir à jouer à leur niveau, mais impuissants et dépassés contre des types tout aussi talentueux et sachant jouer en équipe. D’ailleurs quelque part je suis aussi un peu déçu, car même quand cette équipe de France est belle, c’est le jeu moche qui gagne, puisque c’est l’Irlande qui remporte finalement le Tournoi alors que c’est probablement l’équipe qui nous aura le moins fait bander cette année. Tant pis pour cette belle équipe d’Angleterre qui mérite le titre depuis 3 ans et qui continue d’échouer comme des Clermontois courant après une Coupe d’Europe. Et si finalement aujourd’hui, les vrais losers romantiques, c’étaient eux ? Peut-être. Et peut-être que nous, on est juste devenus l’Écosse. On est là. On est valeureux. On est nuls. Mais on peut se sublimer quand il s’agit de faire chier les Anglais. C’est déjà ça.

Alors puisqu’il y aura sans doute vite des raisons de se lamenter sur la médiocrité du rugby français, profitons quand même de notre chance d’avoir pu assister à « ça », et revenons en détails sur le plus beau match de l’année. En attendant le choc entre la Géorgie et les Tonga en phase de poule de la Coupe du monde 2015 (le Samedi 19 Septembre à 13h sur TF1).

 

La compo :

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Le film du match :

2ème minute : Après un en-avant de Luther Burrell sur le premier ballon anglais, mêlée. Le pack français recule, et Sébastien Tillous-Borde décide de ne pas sortir le ballon, juste pour le plaisir de regarder ses avants galérer. Sous pression, Plisson envoie un parpaing à l’Homme Invisible (le vrai, pas Gaël Fickou) et Jonathan Joseph récupère le ballon. Celui-ci arrive dans les mains de Ford, de Brown, et enfin de Youngs qui termine dans l’en-but. 7-0.

À ce moment-là, on redoute que ce qui nous empêche bien souvent de nous faire humilier, la fameuse French Paire de Couilles ©, ne soit absente à Twickenham. On voit déjà les Anglais nous en planter 60 et venir faire l’hélicobite au-dessus de nos têtes en soulevant le trophée des VI Nations. Autant vous dire que je préfère encore imaginer un Leo Cullen lépreux faire l’amour à ma meuf sous mes yeux.

6ème : Les Bleus sont pénalisés mais George Ford rate la pénalité à 45 mètres des perches. Dans les tribunes de Twickenham, John-Michael Whatchannelisit demande le retour de Jonny Wilkinson.

11ème : Après un bon contest de Dusautoir, les Bleus récupèrent une pénalité. Plisson la passe, 7-3.

13ème : Plisson se fait contrer par Joe Marler. Quand ta vitesse d’exécution est si mauvaise qu’un punk à chien de 120 kilos arrive à te contrer, ça devient quand même un peu inquiétant.

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Un des nombreux moments improbables de ce samedi 21 mars 2015.

 

14ème : Les Français rentrent enfin dans le match en défense sous l’impulsion d’un Dusautoir auteur de quelques bons plaquages. Lawes lâche le ballon à l’impact, Tillous-Borde le ramasse. Ce dernier hésite alors à s’en servir comme d’un poids pour se muscler les biceps, mais un partenaire lui indique de foncer vers l’en-but. Après une course de 50 mètres au ralenti, le Toulonnais arrive en terre promise. Plisson rate la transfo mais on mène 8 à 7, assez miraculeusement il faut bien le dire.

17ème : Après la French Chatte, le French Flair. Ou plutôt le South-Africa-Correzian Flair puisque Scott Spedding se prend pour Juan Martin-Hernandez avec une relance et un coup de pied par-dessus la défense qu’il parvient à récupérer. Derrière, Mermoz envoie la balle au large, Fickou fait une passe (un vrai étonnement pour les supporters du Stade Toulousain) et Guirado fixe pour Nakaitaci qui n’a plus qu’à courir tout droit tel Vincent Clerc pour marquer.

Seulement voilà, Nakaitaci est un DÉGLINGOS. Ou alors il trouve que Plisson est vraiment une merde au but, alors il décide d’aller aplatir dans le parking du stade pour être sûr. À ce moment-là, des milliers de téléspectateurs s’emparent de leur carte d’électeur et s’apprêtent à aller voter Front National pour que ce mec soit renvoyé dans son île. Heureusement, l’essai est finalement validé après examen vidéo.
C’est bon Noa, tu peux rester. Je suis même content que tu sois là.

19ème : On va manger des chips. Et on mène 15 à 7 après la transformation de Plisson. Putain, on va le faire !

22ème : On leur marche sur la gueule ! Pénalité récupérée en mêlée. Quasiment en face des poteaux, Plisson la rate et gagne le droit de se faire insulter par :
1) L’intégralité du peuple français.
2) L’intégralité du peuple irlandais.

Il y a rien de mieux que la dernière journée du Tournoi pour rapprocher les peuples.

25ème : Courtney Lawes décide de terminer la carrière de Jules Plisson. Ouais, il est comme ça Courtney, il a une revanche à prendre sur la vie depuis qu’on lui a donné un prénom de jeune fille. L’impact de son plaquage provoque une secousse sismique qui aura été enregistrée jusqu’à Tokyo. L’ouvreur du Stade Français survit à ce choc, chose qui n’est pourtant possible que dans un épisode de DBZ. Des fois le rugby, ça fait peur quand même.

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Ce qu’il s’est passé dans la tête de Courtney sur cette action.

 

Notez qu’après ce magnifique attentat, Maestri est allé défendre son copain blondinet en déclenchant un début de bagarre. Putain Yoann, t’étais où quand je me faisais taper dans la cour de récré ? Ah oui et pour évacuer le débat tout de suite (vos gueules dans les commentaires, essayez même pas) : non seulement le plaquage de Lawes était valable, mais en plus, il était sacrément beau à voir. D’ailleurs c’est mon nouveau fond d’écran.

26ème : Cette fois c’est la mêlée française qui est à la faute. Ford passe les points, 15-10.

30ème : Pénalité pour les Bleus. Dusautoir envoie une corde à Plisson, qui réussit à sortir du trou de 200 mètres de profondeur sous la pelouse dans lequel Lawes l’a expulsé un peu plus du tôt. Pas encore tout à fait réhabitué à la lumière du jour, notre nouveau Grandisse © rate son coup de pied. Toujours 15-10. On a l’impression qu’on aurait pu leur mettre bien plus cher dans notre temps fort, dommage.

31ème : Ben Youngs et George Ford font joujou dans la défense française. Ça va bien trop vite pour nous. Près de la ligne, Nakaitaci tente d’arracher le ballon mais il atterrit dans les mains de Ford, qui passe entre les jambes pour Watson, qui aplatit en coin. Le petit prodige de Bath transforme, 15-17.

35ème : Trop d’intensité, trop de rythme, les Bleus décident de s’accorder une pause clope. Jonathan Joseph, lui, a envie de jouer et joue vite une pénalité tranquillou, avant de traverser le terrain. Ce putain de Ben Youngs conclut l’action. 24-15. Ok, on va exploser.

40ème : Juste avant la mi-temps, Ford rajoute 3 points de plus, 27-15. J’étais devant ma télé et j’ai pourtant l’impression d’être essoufflé. Vincent Clerc apparaît dans la pub Gedimat et je me dis que s’il était encore sélectionné son vieux cœur n’aurait sans doute pas survécu à ces 40 premières minutes. D’ailleurs qui joue en 14 pour la France ? Je l’ai pas vu.

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 Le saviez-vous ? Même pendant la pub Gedimat, Fabien Galthié hurle « il y a un surnombre, il y a un surnombre ! »

 

43ème : On recommence avec un nouveau temps fort des Français, qui ne sont pas décidés à lâcher l’affaire. On rentre dans les 22 mètres, et après quelques phases de jeu, Sonny Bill Guirado fixe deux défenseurs et réussit un offload pour Maxime Mermoz qui va marquer. Gregory le Mormeck repense à l’USAP 2009 et pleure. Moi aussi je pleure, parce que je comprends rien à ce qui se passe sous mes yeux. 27-22.

47ème : Ben Youngs ouvre encore la défense française avec autant de facilité que Mathieu Bastareaud n’en fait de même avec la porte de son frigo. Deux contre un d’école, Ford file sous les poteaux. 34-22.

52ème : Rory Kockott est entré en jeu à la place de Tillous-Borde et inscrit une pénalité. 34-25.

53ème : De la même manière qu’il chante la Marseillaise comme une poissonnière niçoise, Scott Spedding en fait trop. Il tente une énième relance dans ses 22 mètres et perd le ballon. Derrière, les Anglais nous punissent et Jack Nowell marque en bord de touche. Ford transforme, 41-25. Bon, ça y est, vous allez vous calmer ? Y a tellement d’essais qu’on a même plus le temps de twitter des blagues de merde.

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 Joyeux, Nowell.

 

57ème : James Haskell prend un jaune pour un tacle sur Jules Plisson, qui décidément en prend plein la gueule ce soir (à mon avis c’est aussi lui qui a perdu à la biscotte dans les vestiaires).

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Après le presque-fail de Nakaitaci dans l’en-but, encore un hommage à la carrière de Christophe Dominici !

 

60ème : Bien décalé par Mermoz, Nakaitaci se fait la belle sur le bord de touche. On pense qu’il va faire une Fofana 2013, mais il finit par être rattrapé. Heureusement il y a… Vincent Debaty, qui est donc le seul joueur français capable de suivre le Fidjien. Alors qu’il a 60 minutes dans les jambes. Et qu’il est Vincent Debaty. Superbe essai belgo-fidjien, vous voyez que les étrangers apportent beaucoup à ce « pays de merde ».
41-30, Kockott manque la transfo.

65ème : Les Anglais sont de retour dans nos 22 mètres. Ils pilonnent la ligne, puis Billy Vunipola aplatit. 48-30. Ce match est encore plus éprouvant que le visionnage d’un film porno en 3D au Futuroscope.

66ème : Hors-jeu français. Plisson trouve la touche. Ballon porté. Et devinez quoi ? Essai, évidemment ! Cette fois c’est Kayser qui marque. En fait je crois que tout le monde a marqué un essai sauf Yoann Huget, qui est cuit depuis la 25ème minute de jeu et qui se cache en faisant semblant de défendre au ras des rucks. Kockott rate encore la transformation, 48-35.

72ème : Rémi Talès rentre dans ce match. Rémi Talès aura participé à un des matchs les plus dingues de l’histoire. Un peu comme si Jean-Luc Reichmann avait eu un petit rôle dans Pulp Fiction. Ce match n’a aucun sens.

75ème : Les Anglais sortent un lancement de jeu et une combinaison récitée comme chez mémé. À ce stade-là du match, on a plus trop la force de défendre. Essai Playstation, Nowell se paye un doublé, 55-35.

80ème : Après avoir laissé espérer les Anglais pendant 5 minutes, Rory Kockott gagne la nationalité française à vie en faisant sa grosse pute et en expédiant le ballon en touche. L’Angleterre échoue donc à 6 points du titre. C’est cruel. Mais c’est drôle. Putain, c’est bien le rugby parfois, quand même.

 

La Ouin-Ouin’s Army :

On avait tous aimé le type qui chiale dans Jour du Rugby, on avait tous dansé sur le tube de l’automne contre les Fidji. Puis après une série de performances quelconques, on s’était dit que Scott Spedding n’était là que pour chauffer la place de Brice Dulin. Il faut bien reconnaître qu’on a été nombreux à sous-estimer le Bayonnais, qui a finalement prouvé qu’il avait l’étoffe d’un joueur international. Son envie et son audace font du bien, et avec le contest de Dusautoir, c’est sa relance qui a remis les Français dans le match. Bon, il offre aussi un essai aux Anglais, preuve qu’il est décidément super sympa.

Selon le principe du « tout ce qu’un ailier français sait faire dans un bon jour, un Fdjien peut le faire quand il a la gastro », Noa Nakaitaci n’aura eu besoin que de deux sélections pour montrer à tout le monde qu’il était sur une autre planète. D’ailleurs, il était aussi un peu dans la lune au moment d’aplatir son essai. Yoann Huget a montré de l’envie et de l’agressivité pendant 30 minutes avant de disparaître peu à peu. Il n’a pas réalisé une performance atroce, mais dans un match aussi offensif, il est étrange qu’un ailier touche si peu de ballons. Trop occuper à aller brancher les Anglais pour réaffirmer une virilité égratignée par sa simulation contre Bath, il en oublie de jouer au rugby.

On a enfin vu le Maxime Mermoz de Toulon en équipe de France. Le type qui fait jouer autour de lui et qui sniffe les intervalles comme le Stagiaire les caleçons d’Ovale Masqué. Il fait partie avec Clément Poitrenaud, de ces joueurs désuets qui font plaisir car ils sont élégants ballon en mains, et qu’il savent faire des trucs simples, comme jouer un surnombre. Sans lui au départ de l’action, pas d’essai de Debaty. À son côté, Gaël Fickou a également retrouvé des couleurs. Trop souvent bloqué sur la touche « crochet intérieur » au Stade Toulousain, il a joué proprement et s’est bien donné en défense contre une équipe qui lui réussit décidément bien. Il ne lui manquait qu’un essai et on avait trouvé le nouveau Yachvili.

« Le Crunch », c’est le bruit qu’ont fait les vertèbres de Jules Plisson sur le plaquage de Courtney Lawes, en fait ? En tout cas s’il va à la Coupe du monde, c’est plus grâce à la souplesse de son cou qu’à la qualité de son match. 40 premières minutes très difficiles, ensuite, ça a été un peu mieux, notamment dans le jeu à la main. Rate des points importants mais ce n’est pas tellement surprenant pour un joueur qui ne bute régulièrement que depuis peu et qui n’a jamais joué un match de phase finale de sa vie. Le potentiel est là, mais on a perdu du temps en décidant de le jeter en plein Tournoi l’année dernière. 

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Ce type vient officiellement de devenir l’homme le plus effrayant du monde, juste devant Vladimir Poutine et Arnaud Mela.

Sébastien Tillous-Borde : Un peu plus rapide que Doussain, un peu plus lent que Machenaud, pas vraiment meilleur passeur que les deux réunis. Décidément les fans de MUSCU ont du mal à convaincre à ce poste. Certes, en club, il est très bon. Mais au niveau international on se demande si ça ne va pas trop vite pour lui.

Loann Goujon s’affirme comme une sorte de chaînon manquant entre Picamoles et Chouly, un bon mix de puissance et de technique. Forcément, dans le bourrinage, ce n’est pas la même catégorie que Billy Vunipola. Mais match intéressant. Il pourrait peut-être être vu au poste de flanker qu’il occupe souvent à la Rochelle. Thierry Dusautoir a fait un match de capitaine : quelques bonnes cartouches et quelques bons grattages qui ont remis l’équipe dans le sens de la marche. Ceux qui ne jurent que par les stats ne seront pas impressionnés mais des chiffres ne suffisent pas à résumer l’influence d’un joueur sur une équipe. On ne sait pas si Bernard le Roux affiche ses limites, ou s’il est sur les rotules après un bon début de Tournoi, mais il a un peu été le maillon faible devant avec des plaquages ratés sur les essais anglais. Toujours aussi inoffensif en attaque malgré son physique de distributeur de Coca-Cola, il est donc un peu dans la situation d’un acteur porno impuissant : sa grosse bite ne lui sert à rien.

Évidemment, il avance peu à l’impact, et évidemment sa belle gueule le rend suspect à un poste où l’on se doit de ressembler à un personnage de western de Sergio Leone. Pourtant Alexandre Flanquart a plutôt réalisé un match de qualité en se montrant très actif. Une bonne surprise pour ce joueur dont tout le monde a souvent tendance à oublier l’existence – c’est bien la preuve qu’il est un vrai seconde latte, finalement. Après un premier match moyen contre l’Écosse, Yoann Maestri a élevé son niveau de jeu et a enchaîné les gros matchs, dans son style habituel de besogneux. Après, si on veut être casse-couilles, on peut regarder nos voisins et se dire qu’à côté de Paul O’Connell, Johnny Gray, Luke Charteris, Courtney Lawes ou Joe Launchbury « Mama » souffre un peu de la comparaison. « Il faudra te contenter de ça », comme disait notre ami Lapinou.

Guilhem Guirado a probablement réussi le plus gros match d’un talonneur en équipe de France depuis la retraite de William Servat. Il était partout en attaque et en défense. Après, ça reste un type qui perd ses moyens et ses nerfs dès qu’il voit une photo d’écureuil, j’espère que les autres pays ne découvriront jamais son point faible. Pilier old-school perdu dans un match de Super Rugby, Nicolas Mas a fait le job en mêlée et a survécu au rythme de jeu, c’est tout ce qu’on lui demandait. Vincent Debaty a impressionné sur sa course et son essai, et il s’est montré à son avantage dans le jeu. Mais il s’est aussi fait pénaliser deux fois en mêlée. Il risque de retrouver son rôle de supersub avec le retour de Ben Arous, mais après tout c’est comme ça qu’on l’aime. Côté coaching, petite déception avec Atonio, Kayser et Slimani qui n’ont pas apporté grand chose et qui ont semble-t-il affaibli la mêlée.

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VOUS VOULEZ QUE JE VOUS DÉBARRASSE DE CES RACAILLES QUI SQUATTENT EN BAS DE L’IMMEUBLE ??

 

Le bilan :

Enfin on a pris notre pied en voyant le XV de France jouer au rugby, et surtout les joueurs ont enfin pris leur pied, ce qui est quand même le plus important tant on avait l’impression qu’ils avaient envie de se tirer une balle à chaque fois qu’ils pénétraient sur un bout de pelouse ces derniers temps. Au bout de 4 ans, on peut donc dire que PSA et son staff auront mis le temps à trouver le point G. Et encore, l’ont-ils seulement trouvé ? Reverra-t-on au mois de septembre l’équipe du Crunch 2015 ©, ce Crunch dont on va encore entendre parler pendant 20 ans ? Ou est-ce que la faille spatio-temporelle qui a permis à ce match d’exister va se refermer à tout jamais ?

On ne sait pas. Et même si le XV de France réussit à conserver « l’esprit du 21 mars », il faut quand même bien se dire qu’on a perdu de 20 points, et que pendant que PSA nous rabâche qu’on « travaille » et qu’on « apprend », les autres le font aussi, et qu’ils ont tendance à aller plus vite que nous. Certes, il y aura la fameuse préparation estivale et comme un cancre qui bûche comme un malade la veille d’un examen, on essayera tant bien que mal de rattraper notre retard. Ça marchera peut-être. Ou pas. Mais ce qui est sûr, c’est qu’après cet Angleterre -France, personne n’aura envie de tomber contre nous pendant la Coupe du monde. On reste des gros branleurs imprévisibles et totalement infréquentables : quelque part, après ce match, l’honneur du rugby français est donc sauf.

VI Nations 2015 : Pierre Villegueux analyse Irlande – France

 

Par Pierre Villegueux,

Merci à Peir Lavit (le seul qui sait se servir de photoshop ici) pour la compo.

 

La vie d’un supporter du XV de France a quelque chose d’étrange. Par exemple, au moment d’affronter l’Irlande ou l’Angleterre, on est généralement beaucoup plus confiants qu’avant un match contre l’Écosse ou l’Italie. Latins par excellence (latins voulant dire « branleurs » en langage journalistique), nos Bleus ne sont jamais plus dangereux que lorsqu’on les promet à l’enfer contre une opposition nettement supérieure.

De fait, j’étais plutôt optimiste au coup d’envoi du match à Dublin. Je la sentais venir, cette victoire arrachée grâce à ces deux objets qui nous sauvent si souvent la mise : les couilles. Oui, les couilles. Faut dire que pour un joueur français, c’est toujours plus facile à attraper qu’un ballon. Critiqués, rabaissés voire même humiliés pendant toute une semaine malgré une victoire face à l’Écosse nos Frenchy devaient être dans le même état qu’un détenu à sa sortie de taule : prêts à sauter à la gueule de tout ce qui bouge. Bien sûr, je savais que cet exploit d’un jour serait sans lendemain, qu’il ne servirait à rien sinon à voir Philippe Saint-André parader avec la retenue qu’on lui connaît (lui qui se vantait d’avoir retrouvé « beaucoup d’amis » après une victoire contre une Australie venue pour visiter Disneyland Paris). Et puis bien sûr, on se ramasserait ensuite face au Pays de Galle ou à l’Italie, et tout recommencerait jusqu’à la fin des temps et l’invasion des extraterrestres qui viendront détruire la Terre pour nous punir de ne pas avoir su reconnaître le talent de Benoît Baby.

Las, on aura même pas eu notre victoire héroïque à Dublin. On y a pourtant cru, pendant environ 15 minutes. 15 minutes d’excitation : c’était le menu de notre Saint-Valentin, où les problèmes d’impuissance du XV de France ne se seront pas réglés comme par magie. Faut dire que pour réussir à bander devant l’équipe de PSA, il vaut mieux prendre des cachets et c’est encore un coup à avoir Bénezech sur le dos. Quitte à me faire gueuler dessus par un chauve à lunettes, je préfère Bernard Laporte, qu’on commence de plus en plus à regretter. Et croyez-moi je n’aurais jamais cru écrire ça un jour.

Au final on a donc eu une défaite, même pas vraiment glorieuse. On aurait pu perdre avec style, ou en se faisant flouer par l’arbitre à la manière des Écossais contre le Pays de Galles, là ça aurait eu de la gueule ! Mais non. On a fait illusion pendant 15 minutes, pour aller chercher une énième défaite encourageante, comme un gros arbre en plastique qui cache une forêt toute cramée. Certes, on se dit qu’avec un peu plus de réussite, un buteur efficace et moins de fautes – ouais, ça commence à faire beaucoup de gros détails – on aurait pu taper cette équipe d’Irlande qui ne semblait pas en grande forme. Car c’est sûrement le seul talent du XV de France en 2015 : visiblement tout le monde devient aussi médiocre que lui à son contact. Ce n’est même pas une équipe, c’est un virus. On a donc eu droit à un match de tranchées alors que pour une fois, il ne pleuvait même pas en Irlande. À une ambiance digne du Stade Yves-du-Manoir de Colombes dans les tribunes de l’Aviva Stadium. À des Verts incapables de marquer sur un 6 contre 2 à 10 mètres de l’en-but. Bon par contre on a eu droit à un truc qu’on ne voit jamais au Racing : un grand Jonathan Sexton. C’est déjà ça.

 

La compo

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Le film du match

2ème minute : Premier ruck et première pénalité contre les Bleus qui étaient en retard au soutien. Rory Kockott sent qu’il va encore passer une bonne journée.

6ème : Première mêlée et première pénalité sifflée contre l’Irlande. Notre pack tient donc mieux le coup avec un gaucher de 103 kilos. C’est la panique chez tous les piliers de France : bientôt ils n’auront plus aucune excuse pour avoir une hygiène de vie dégueulasse.

8ème : Notre unique plan de jeu étant d’envoyer Sexton à l’hôpital pour avoir une chance de gagner, on lui envoie Bastareaud en pleine gueule sur notre premier ballon d’attaque. Bizarrement, les Irlandais s’y attendaient un peu et en profitent pour appliquer leur fameux « choke tackle ». Le choke tackle, c’est ce truc tellement vicieux et casse-couille que seul un cerveau irlandais pouvait l’inventer. Comme le service à la cuillère au tennis ou le Coca parfumé à la cerise, ça devrait être interdit par plusieurs conventions internationales, mais ce n’est toujours pas le cas en 2015. Résultat, on perd le ballon.

11ème : Cette fois, la pénalité est sifflée contre Slimani en mêlée. Wayne « Harvey Dent » Barnes a donc probablement l’intention d’arbitrer ces phases de jeu à pile ou face, comme à son habitude.

14ème : Après un maul français effondré, Sexton ouvre le score sur pénalité. 3-0.

16ème : Bon contest de Ben Arous qui récupère une pénalité. À 40 mètres, Camille Lopez la passe. 3-3.

17ème : Wesley Fofana sort pour une suspicion de commotion cérébrale. À l’infirmerie on lui pose la question « Aviez-vous l’intention de faire une passe aujourd’hui ? ». Réponse négative, le Clermontois est donc dans son état normal et pourra rentrer sur le terrain par la suite.

18ème : Faute bête de Guirado. Sexton, bien décidé à prouver à ses entraîneurs qu’il peut prendre la place de titulaire du grand Benjamin Dambielle au Racing, ajoute 3 points.

22ème : Ballon récupéré après un bon contest au sol de Papé. En fait on n’aura vu que du jeu au sol pendant une mi-temps. On est en plein match de Top 14, finalement on se dit qu’on a peut-être une chance de gagner dans un tel contexte.

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 Ici, Pascal Papé met sa main devant sa bouche pour faire croire aux Irlandais qu’on a prévu un lancement de jeu.

 

28ème : Camille Lopez tente une passe sautée qui termine directement en touche. En 3 mois à Perpignan il aura donc au moins appris une chose auprès du Maître David Marty.

29ème : Ballon récupéré au sol par Bastareaud. Je ne sais pas ce qu’on vaut au rugby mais on a clairement un coup à jouer aux prochains championnats du monde de lutte gréco-romaine.

30ème : Thierry Dusautoir file dans l’en-but mais l’essai est refusé car le capitaine français n’a le droit d’inscrire des essais que contre les All Blacks. Ça fait partie de sa légende. Et aussi parce qu’il a bénéficié d’un écran. Et c’est facile de marquer un essai, derrière son écran.

33ème : Pénalité sifflée contre Ben Arous qui a voulu voir si Barnes était d’humeur à tout laisser passer dans les rucks. Apparemment non. Sexton la passe, 9-3. Pendant ce temps, Teddy Thomas quitte le terrain et donc tout espoir de gagner un nouveau Talent d’Or.

35ème : Faute du talonneur irlandais de Grenoble, Jonathan Best (je case ça là juste pour que les gens n’oublient pas qu’il est un joueur de rugby et pour voir s’il lit encore nos articles depuis qu’il préfère fricoter avec Jacques Verdier). Lopez réduit le score, 9-6.
On se fait chier ? Oui.

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Pour passer le temps, voici une photo rare de Damien Chouly se rendant utile au niveau international. 

 

38ème : Faute stupide de Chouly, hors-jeu, qui offre une pénalité juste en face des poteaux au XV du Trèfle. Sexton tout ça, 12-6.

44ème : Après une chandelle irlandaise récupérée par Rob Kearney, ce blanc-bec qui semble posséder la détente d’un joueur de NBA, l’Irlande possède un ballon d’attaque dangereux mais Sexton est stoppé net par Bastareaud dans une séquence digne de Street Fighter. Double KO, les deux joueurs sortent du terrain la gueule en sang. Papé voit du rouge, ne soyez pas étonnés s’il pète une durite bientôt.

49èle : Les Irlandais se réveillent enfin et lancent « Fields of Athenry », ce qui fait toujours son petit effet. Malheureusement aucun supporter français ne pense à répliquer avec « Imanol notre idole ».

50ème : Encore une pénalité sifflée contre les Bleus. Sexton étant parti récupérer son visage, c’est Madigan qui tente et réussit la pénalité. 15 à 6, les Verts font le break.

53ème : On assiste à la première vraie bonne séquence du match après plusieurs temps de jeu. Mais au final, Lamerat perd le ballon. Dommage.

54ème : En ce jour de Saint-Valentin, Pascal Papé décide d’offrir un peu d’amour à Jamie Heaslip. Comblé, ce dernier va boiter pendant 4 semaines. Mais Waynes Barnes n’est pas d’humeur romantique, et le Grand Rouquin Blanc prend un carton jaune. Triste.

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3 VERTÈBRES ? S’EST TOU ?!

 

57ème : Après un bon maul pénétrant, le ballon sort pour Sexton qui voit un 12 contre 3 se présenter devant lui. Comme Uini Atonio dans une chocolaterie, tellement d’options délicieuses s’offrent à lui qu’il hésite, hésite, avant de se faire cartonner par Lamerat. C’était sûrement le tournant du match cher à Fabien Galthié. À 22 – 6, l’affaire aurait été bouclée. Heureusement il reste encore 20 minutes pour que nos Bleus réussissent à transformer comme par miracle un match de merde en défaite encourageante.

59ème : Puisqu’on parlait d’Atonio, il est entré en jeu et permet aux Bleus de récupérer une pénalité sur mêlée.

61ème : Carton jaune pour Rory Best, coupable d’une faute d’anti-jeu. On peut donc faire de l’anti-jeu contre une équipe qui ne fait pas de jeu, c’est bon à savoir. À 35 mètres à gauche, Camillo Pez nous rejoue Brock James en naufrage à Dublin et rate la pénalité. On en reste à 15-6.

64ème : Les Français sont de retour dans les 22 irlandais mais Kockott nous fait une Jean-Marc Doussain en envoyant le ballon dans les pieds de Debaty. Debaty mec, comme si la cible était pas assez grosse…

68ème : Encore un hors-jeu débile et encore pénalité, que Sexton ne se prive pas de transformer. 18-6, seule une chute de météorite peut désormais empêcher les Irlandais de l’emporter.

71ème : OH PUTAIN ! ESSAI FRANÇAIS ! Comme un bout de nichon dans Fifty Shades of Grey, au bout d’une heure on espérait même plus en voir un. Un essai de Romain Taofifenua à la conclusion d’une action jugée « exceptionnelle » par Philippe Saint-André. En effet, on arrive à enchaîner plusieurs temps de jeu sans lâcher le ballon, Atonio réussit une passe après-contact et Debaty joue un deux contre un. Bon en fait on a juste joué au rugby pendant quelques secondes, ce qui peut en effet paraître comme exceptionnel depuis le début de l’ère PSA. Malheureusement, Camillo rate encore la transfo derrière, 18-11.

80ème : Pendant 10 minutes, les Bleus seront « vaillants », « valeureux » et « accrocheurs » comme des Italiens, mais sans réussir à marquer l’essai qui aurait permis à Ouin-Ouin d’accrocher son troisième match nul en 4 ans contre l’Irlande. Défaite 18-11, adieu le Grand Chelem auquel personne ne croyait.

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Quand le joueur le plus technique de ton équipe est un pilier néo-zélandais de 140 kilos qui joue à la Rochelle, tu sais que tu es dans la merde.

 

Le groupe qui vit bien #AllBleus #DesValeursPourLaVie #JaiPeurDeToucherLeBallon :

Eddy Ben Arous : Après Bastareaud, on a retrouvé un autre frère caché de Steffon Armitage. Solide en mêlée, très efficace sur le jeu au sol, il s’est un peu emporté par la suite et s’est fait pénaliser – comme le reste de son équipe, qui n’a pas su s’adapter à l’arbitrage de Barnes. Quand même une belle première.

Rabah Slimani : À part une pénalité sifflée contre lui de façon bien sévère, il a fait le job en mêlée. On ne l’a pas trop vu dans le jeu. Un peu décevant par rapport au joueur qu’on voit au Stade Français. Gregory le Mormeck me demande de parler de Nicolas Mas mais je préfère ne pas remuer le couteau dans la plaie, visiblement cet homme souffre.

Guilhem Guirado : Moins bien que contre l’Écosse mais pas indigent. Bonne rentrée de Benjamin Kayser, le gendre idéal des avants : même quand il n’est pas excellent, il est toujours propre.

Atonio – Debaty : Probablement la meilleure paire de centres française depuis Mermoz et Rougerie. Vous vous rappelez qu’on est allés en finale de Coupe du monde avec Mermoz et Rougerie ? Vous voyez, ne perdez pas espoir, on sera peut-être champions du monde avec Rémi Talès à l’arrière.

Yoann Maestri : Décevant contre l’Écosse, il a été bien meilleur dans un type de match qui lui correspondait bien. Très présent dans le combat ©, il a réussi à ne faire aucune faute le jour où son équipe a pris 14 pénalités. Le mec a totalement renié ses origines toulonnaises, en somme.

Pascal Papé : Plus capitaine du vice que vice-capitaine. Bon, personne ne le dit, mais il a probablement fait son meilleur match depuis un bon bout de temps avant « l’incident », avec une belle activité et quelques ballons grattés au sol notamment. À part ça, oui, il est très con. Mais il en faut toujours un, non ? 1 carton en 59 sélections, ça ne mérite pas encore le frigo. Puis on a besoin de plus de photos de lui pour pourrir Twitter avec nos conneries.

Bernard le Roux : Champion de découpage. Champion de balle-au-prisonnier aussi, puisque visiblement il pense qu’il va se faire éliminer s’il touche un ballon.

Thierry Dusautoir : Règle N°1. Thierry Dusautoir, c’est comme les méchants dans les films d’horreur : penser qu’il est mort est la pire erreur que vous pourrez faire. Reste que le capitaine a souffert de la comparaison avec le Roux, qui joue dans le même registre que lui. Vous vous souvenez de Yannick Nyanga ?

Damien Chouly : Damien Chouly c’est ce joueur qu’on adorerait aimer : il est complet, intelligent, élégant ballon en main et il a l’air gentil. Mais au niveau international, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’on est devant un Sergio Parisse version Leader Price. Dominé sous les renvois, auteur d’une faute stupide, avançant autant qu’une twingo sur le périph parisien à 17h30… on en viendrait presque à espérer le retour de Picamoles, même sur une jambe.

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Terrible photo d’un homme qui s’est infligé la vision de plusieurs matchs du XV de France à la suite.

 

Rory Kockott : Plus fort qu’un médicament de chez Pierre Fabre, le XV de France peut faire passer n’importe quel demi de mêlée hyperactif pour le spectateur d’un concert de Vincent Delerm. Quand même pas si catastrophique que ce que le fan club de Morgan Parra (qui semble abriter de nombreux membres du Midol et de l’Équipe) voudrait nous faire croire. Même s’il est vrai qu’encore une fois, la teigne clermontoise a semblé bien meilleure sur sa rentrée. Mais si même Machenaud et Tillous-Borde passent pour des charrettes en équipe de France, on se demande si Parra ferait mieux en étant titularisé.

Camille Lopez : Il s’est troué. Ça arrive. Surtout à un joueur qui ne comptait que 5 sélections en équipe de France et jouait pour la première fois à l’extérieur. C’est quand la Coupe du monde déjà ? Dans 5 matchs ? Ça va, on est large. D’ici-là il se sera sûrement endurci en perdant une ou deux finales avec Clermont.

Teddy Thomas : 30 minutes lui ont suffit pour se faire descendre par PSA en conférence de presse. Quand tu décides de sélectionner un gamin de 20 ans qui est encore plus vert que le trou du cul de l’incroyable Hulk, et que le dit gamin se retrouve sous les projecteurs après deux bons matchs alors qu’il n’a probablement rien demandé, la moindre des choses c’est de le protéger le jour où, fatalement, il va se casser la gueule. Ouin-Ouin aurait pu choisir d’être capitaine du Titanic et couler avec noblesse, visiblement il préfère être celui du Costa Concordia.

Mathieu Bastareaud : Plus encore que son sosie Dieudonné, il est l’homme qui divise la France. Les esthètes du beau jeu contre les bourrins et les pragmatiques, les pro et les anti-toulonnais, les amateurs de KFC et les partisans du magret de canard, ceux qui achètent leurs meubles chez Ikea et ceux qui ont une carte de fidélité chez Conforama. Pour ma part je citerai une amie à moi : « Bastareaud c’est un peu comme un phallus de 30cm, c’est vachement encombrant, tu sais pas si tu vas réussir à en faire quelque chose mais mais en réfléchissant bien et avec un peu de patience tu peux t’amuser avec ». Il aura fallu attendre la 70ème minute pour que le garçon soit utilisé en leurre, et ça a donné essai. Pourtant même Lièvremont avait compris qu’il pouvait être utilisé de cette façon lors du Grand Chelem 2010. Oui, il y a 5 ans on était capable de gagner 5 matchs à la suite, ça paraît fou hein ?

Rémi Lamerat : Le seul qui s’est lâché et qui a joué comme s’il n’avait rien à perdre. De l’envie, percutant et avançant constamment. En même temps il a raison, il a un club à trouver pour la saison prochaine. Comme pour Parra, on a juste un peu peur qu’il devienne aussi inhibé et apathique que les autres quand il sera titularisé.

Wesley Fofana : Rapidement replacé à l’aile, il a été peu en vue. Notez que sa fiche de stat’ annonce qu’il n’a fait qu’une passe. Seul Ben Arous a fait pire avec 0. Oui bon les stats ça veut rien dire mais celle-là elle est quand même vachement marrante.

Yoann Huget : Évite les contacts comme il évite les contrôleurs anti-dopage. Faut dire qu’une cicatrice pourrait salement compromettre sa reconversion au cinéma. Preuve que le rugby devient comme le foot : on commence à avoir des avant-centres italiens sur les ailes.

Scott Spedding : Le meilleur joueur du monde contre les Fidji. Il paraît que Dulin ne peut pas jouer parce qu’il ne peut pas faire de passes correctement : on s’en fout, ça ne lui servira à rien dans cette équipe, faites-le revenir.

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PSA quand il pense à ce qu’aurait été sa vie si Guy Novès avait accepté le poste de sélectionneur du XV de France (spoiler : un indice sur un futur article de la Boucherie se cache dans cette légende)

 

Le Bilan :

Voilà, on a encore perdu, contre un adversaire qu’on croisera lors de la Coupe du monde en plus, mais c’est pas grave puisque dans 4 mois nous nous lancerons enfin dans la fameuse préparation au Mondial, celle dont PSA et ses deux adjoints nous parlent depuis 3 ans pour justifier qu’il ne foutent rien. Comme un élève de terminale qui se met à réviser à la veille de son examen, on imagine que Ouin-Ouin et ses amis miseront donc tout ce stage de préparation, où ils auront enfin le temps de mettre au point leur plan de jeu tellement élaboré qu’il est impossible à retenir en une semaine. Ça va être grand !

Et puis après la victoire de l’Italie arrachée sur un drop de Frédéric Michalak à la 79ème (oui c’est dans 4 mois, on a encore le temps de changer 3 fois de N°10, vous inquiétez pas) les joueurs se mettront en mode auto-gestion pour atteindre la finale, où ils perdront avec les honneurs contre l’Angleterre. Puis le lendemain on ira tous défiler sur les Champs-Élysées pour fêter ça, pendant que les handballeurs se demanderont pourquoi 12 personnes viennent les accueillir à Roissy alors qu’ils ont remporté les Jeux Olympique 12 fois de suite.

Mesdames et messieurs, le rugby français !

VI Nations 2015 : Pierre Villegueux analyse France – Écosse (15-8)

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Par Pierre Villegueux

Après de longs mois d’absence, Pierre Villegueux est de retour ! L’homme qui fait presque autant d’allers-retours à la Boucherie que Frédéric Michalak en équipe de France reprend en effet du service à l’occasion du Tournoi des VI Nations. On espère même l’avoir pour la Coupe du monde, du moins s’il n’est pas mort d’ici là, ce qui est un risque quand on dépasse les 70 ans et qu’on se nourrit exclusivement de Jack Daniel’s. En tout cas, notre bon vieux Pierre signe son retour en étant encore plus mauvais que d’habitude, ce France – Écosse l’ayant mis de bien mauvaise humeur.

 

Dimanche dernier, j’ai reçu un SMS du Stagiaire de la Boucherie Ovalie qui, semble-t-il, en est devenu le nouveau boss. Enfin, disons plutôt qu’Ovale Masqué a été contraint de « prendre un peu de recul » quand tout le monde a fini par se rendre compte qu’il était dépressif et incompétent (on remarquera qu’il s’est finalement passé la même chose en équipe de France avec Saint-André et Blanco). Dans cette missive, ce petit morveux me proposait de reprendre mon activité en tant que rédacteur de comptes-rendus du XV de France. J’ai immédiatement refusé : comme mon ex-femme ou une lettre de relance des impôts, les matchs des Bleus font partie depuis un bon moment de la liste des choses que je préfère éviter afin de conserver toute ma santé mentale.

Il m’a alors proposé d’écrire un article sur le match France – Écosse de rugby féminin, en me promettant même de m’envoyer la VHS pour que je puisse accomplir ma tâche plus facilement. Déjà, cela m’intéressait un peu plus : quasiment pas de jeu et que des ballons portés, ces petites-là pratiquent un jeu que j’aime ! Ça c’est « terroir », comme dirait mon ami André Boniface. Après avoir rapidement jeté un œil sur Rugbyrama, je constate que les Françaises l’ont emporté sur le score de 42 à 0. Vendu, je sens que je vais me régaler devant ce match !

Une fois la VHS insérée, je constate dans un premier temps que le maillot (rouge ??) des féminines est absolument dégueulasse. Je suppose que c’est un stagiaire de chez Adidas qui a bossé dessus, les femmes ne méritant pas plus d’égards aux yeux de cette compagnie qui exploite déjà des petits Chinois (au moins une chose qu’on ne peut pas reprocher à PSA, qui préfère leur donner des vacances pendant les périodes internationales).

Puis les hymnes commencent et là, je comprends que ce petit enculé de stagiaire s’est bien foutu de ma gueule. Même si je doute un petit moment en observant la N°14, une beauté lusitanienne à la pilosité fort développée, comme j’en ai moi-même connue lors d’un séjour étudiant au Brésil dans les années 70, je ne tarde pas à me rendre compte que ce sont bien des hommes qui remplissent ce maillot hideux et bien trop serré pour ces passionnés de culture physique. Je reconnais même certains d’entre eux comme Pascal Papé, et je m’étonne de voir que ce type est encore en équipe de France en 2015. Ça fait un bon moment qu’il a arrêté de se battre sur un terrain, à quoi peut-il donc bien servir désormais ?

Je constate également que Rory Kockott est désormais un international français, après avoir pourtant fait des pieds et des mains pour attirer l’attention du sélectionneur des Springboks. Un peu comme ce mec qui a dragué en vain la plus belle fille du lycée et qui a dû revoir ses ambitions à la baisse en acceptant de sortir avec la petite grosse à lunettes qui est nulle en sport. Il y aussi Scott Spedding : là ce qui me choque le plus, c’est surtout qu’on est désespérés au point de faire appel à des types qui jouent à Bayonne.

Comme un pauvre type qui aurait accepté la présidence de Bourgoin-Jallieu après avoir ingéré du GHB, je me rends compte que je me suis fait piéger. C’est bien à un match du XV de France que je vais assister. Je suis bien évidemment tenté d’éjecter la VHS, de la piétiner furieusement et d’insulter ce putain de stagiaire au téléphone. Mais quelque chose me pousse à rester là, devant ma télé, immobile comme Jérôme Porical sur une action défensive. Sans doute une sorte de fascination malsaine : les Bleus peuvent-ils faire encore pire que lors du dernier Tournoi ? Manquons-nous tellement d’amour propre au point d’être capables de perdre contre l’Écosse à domicile ? Il est déjà trop tard, je veux savoir, je dois savoir. Et merde. En plus Lartot et Galthié n’ont toujours pas été virés par France 2.

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Alors, je vous manque pas un peu, finalement ?

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Le film du match :

1ère minute : Premier ballon perdu en touche pour les Bleus. Derrière, Cowan se met à la faute. Camillo Pez ouvre le score sur pénalité, 3-0. J’allais m’apprêter à noter le beau geste du staff tricolore, qui permet à un enfant d’apporter le tee à notre buteur. Mais ce n’était que Romain Teulet.

5ème : La première longue séquence française nous permet de découvrir la stratégie du jour : faire du large-large. Contre les Écossais. Entraînés par Vern Cotter. Soit c’est du foutage de gueule et là c’est brillant, soit on est très cons.

10ème : Camillo Pez fait un arrêt de volée dans ses 22 mètres, et décide de relancer tout seul sans prévenir personne, comme un Poitrenaud des grands jours. Forcément, il s’isole et on perd le ballon.

12ème : La première ligne française s’effondre sur la mêlée. Didier Retière avait eu besoin de deux ans pour faire de la mêlée française la plus performante du monde. Yannick Bru a réussi un exploit encore plus grand en constituant un pack capable de se faire tordre successivement par les Fidji, l’Australie et l’Écosse. Saluons donc le grand technicien toulousain qui réussit on ne sait comment à ne jamais se faire critiquer dans la presse, contrairement à ses deux acolytes (ah et si tu passes par là Yannick, tu peux imprimer cet article et l’afficher dans tes chiottes, bisou).
Sur pénalité, Laidlaw alias John-Baptist McElissalde, égalise. 3-3.

15ème : Grâce à une charge de Bastareaud et une belle passe après contact de Guirado, les Rouges entrent dans les 22 mètres écossais. Ça ne donne rien mais Nigel Owens siffle une pénalité contre les Scots. Lopez sanctionne, 6-3.

19ème : Lopez allume une transversale sur l’aile de Teddy Thomas, mais le ballon rebondit en touche. La French Chatte est partie en vacances avec De Pénalité, visiblement.

20ème : Servi au milieu du terrain, Thomas réussit l’offload pour Fofana qui prend un intervalle pour la première fois en équipe de France depuis 2012. Kockott est au déblayage, et le reste de l’équipe semble attendre que quelqu’un (sans doute Jean-Marc Doussain ?) arrive pour éjecter le ballon. Cela n’arrive pas et les Français sont finalement pénalisés.

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Rory Kockott, au moment où il a compris qu’être demi de mêlée du XV de France, c’était être encore plus seul au monde que Tom Hanks. 

 

24ème : Menini est pénalisé sur le jeu au sol. À 50 mètres en face des poteaux, Stuart Hogg tente sa chance. Mais n’est pas Florian Fritz qui veut. Toujours 6-3.

27ème : Après un beau mouvement écossais et une belle course de Bennett, les Écossais font l’essuie-glace. Stuart Hogg MYSTIFIE © la défense française en laissant Slimani sur place. Heureusement, Scott Spedding est un meilleur défenseur que Maxime Médard en 1 contre 1. Après quelques phases de jeu à 10 mètres de la ligne, les bleu marine la jouent petite bite, et Finn Russell rate son drop à 20 mètres en face des poteaux. Est Florian Fritz qui veut, finalement.

29ème : Superbe contest au sol de Steffon Armitage. Par contre qu’est-ce qu’il fout avec le N°13 dans le dos ?

32ème : Nouvelle séquence de domination dans les 22 mètres écossais. Lopez rebondit contre un défenseur et passe au contact pour Huget, mais le ballon est dévié et ne rebondit pas magiquement dans les mains de l’ailier aux cheveux gras, qui semble définitivement avoir perdu son mojo.

35ème : Après une série de turnover et de n’importe quoi des deux côtés, les Écossais se font encore pénaliser bêtement. Lopez passe son coup de pied, 9-3.

38ème : Bennett échappe à un air-plaquage d’Huget et transmet au contact pour Hogg qui est stoppé à quelques mètres de la ligne. Le jeu repart de l’autre côté, et après une montée défensive superbement ratée par Fofana, Fife peut conclure dans l’en-but au bout de ligne. Laidlaw rate la transfo, 9-8.

43ème : Ah ! Enfin je retrouve le beau jeu des féminines, avec un ballon porté qui progresse dans les 22 des losers. Mais Bastareaud se fait arracher le ballon.

47ème : Le XV de France est une nouvelle fois pénalisé en mêlée. Chut.

48ème : Lopez tape au pied et Fife attrape le ballon avant de sortir en touche. C’est déjà très con, mais en plus, il balance le ballon au loin dans la foulée et se prend une pénalité pour anti-jeu. Ça passe pour Lopez, 12-8.

 

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À 6 ans, le petit Teddy Thomas faisait déjà la gueule parce qu’il recevait aucun ballon à l’aile. Putain de destin.

 

54ème : Rentrée d’Alasdair Strokosch, un ancien champion de karaté qui porte un tatouage signifiant en latin « Nul ne me provoquera impunément ». Comme ça ça fait peur, mais là on parle d’un Écossais qui joue à l’USAP en ProD2. Tout de suite ça fait plus rigoler.

54ème : Sur une action chaude française, Papé lance une passe de merde que Maestri n’arrive pas à capter. Devant sa télé, Hugo Bonneval se recroqueville en position foetale et s’attend à se faire insulter.

55ème : Nouveau ballon porté qui progresse sur une quinzaine de mètres. Derrière, les Bleus pilonnent la ligne écossaise. Comme d’habitude, tout se termine par un en-avant. « On manque de patience près des lignes », comme dit si bien PSA depuis à peu près 4 ans. On manque surtout de joueurs capables d’attraper un ballon à mon avis.

56ème : Le public du Stade de France ne sait pas quoi faire. Il chante donc la Marseillaise. C’était ça ou la ola.

57ème : La France remporte une pénalité sur une mêlée !!! Malheureusement ça ne sert à rien puisque Camille Lopez la rate. Sur le banc, Rémi Talès se frotte les mains. Puis il se rappelle qu’il ne sait pas buter et que globalement, il ne sert à rien.

59ème : Atonio charge, réussit une passe au contact pour Le Roux qui fait un en-avant. Mais soyons indulgents avec le troisième ligne du Racing, ce n’était que la deuxième fois de sa vie qu’il voyait cet étrange objet arriver dans son champ de vision.

63ème : Encore un ballon porté près de la ligne écossaise, mais encore un ballon perdu/arraché par les visiteurs. Dominer autant sans jamais réussir à marquer, au moins les Écossais découvrent ce que ça fait d’être dans le camp d’en face. Beattie prend un carton jaune, sans doute parce qu’il joue pour Castres et qu’il s’agit déjà d’une faute, mais ça n’aidera pas les Bleus.

65ème : Teddy Thomas fixe deux joueurs et décale Lopez le long de la ligne. Malgré son régime Dukan, l’ouvreur clermontois n’a pas les cannes et se fait jeter en touche. À noter sur l’action précédente, la belle passe entre les jambes qui ne sert à rien de Stuart Hogg, qui a gagné le droit devenir la star de YouTube pour une semaine. Juan-Martin Hernandez doit être vert de jalousie.

71ème : Bizarrement placé en position d’ouvreur, Kayser balance un parpaing que Visser est à deux doigts d’intercepter. Yoann Huget tombe alors enfin sur la carte « French Chatte » et récupère le ballon, avant de foncer droit vers la ligne. Mais Bennett réussit à le rattraper à la course, puis à lui faire sauter le ballon des mains.

Scott Spedding était juste à côté, tellement près que Bubulle devait probablement sentir son souffle chaud dans le cou. Il affirmera pourtant « ne pas l’avoir vu ». Dommage pour le Sud-Africain, qui aurait sans doute eu plus de chance d’attirer son attention avec une perruque blonde et un décolleté.

Dusautoir

Oui vous ne rêvez pas, c’est bien Thierry Dusautoir qui se fout de la gueule d’Huget après son essai manqué. 

 

75ème : Dusautoir réalise son en-avant syndical. Ca et les 15 plaquages, c’est le minimum pour sa feuille de stats.

78ème : Ultime pénalité récupérée par les Bleus après une faute écossaise débile. Lopez transforme, 15-8. On se dirige vers une nouvelle victoire pleine de panache pour la Ouin-Ouin Army.

79ème : Pour le fun, PSA décide de faire entrer Loann Goujon pour les 20 dernières secondes de la partie. Ca me rappelle un peu quand certains joueurs font descendre leurs enfants sur la pelouse à la fin du match.

80ème : C’est fini, on a gagné mais tout le monde dans le stade fait la gueule comme si on avait pris 60 points. Sauf les joueurs qui sont contents, à l’image de Camille Lopez qui lève un point rageur vers le ciel. Mais bon on peut comprendre qu’un ancien joueur de l’USAP entretienne un rapport particulier avec la victoire.

CamilloPez

C’est donc le Andy Goode de Mauléon qui a sauvé la patrie. Oui monsieur !

 

Les mecs du “groupe qui vit bien même s’ils ont l’air de se faire chier comme des rats morts sur le terrain” :

Alexandre Menini : Il paraît qu’il jouait blessé. Il paraît aussi qu’il vient du Biarritz Olympique. Bref, il a beaucoup d’excuses. Sorti à la mi-temps pour Eddy Ben Arous, alias le pilier du turfu, qui possède sans doute le taux de masse grasse le plus faible de toute l’équipe. Pénalisé une fois en mêlée, il a quand même mieux tenu le coup que le titulaire au poste, et s’est montré omniprésent dans les phases de jeu au sol. Reste à voir samedi s’il peut être le pilier du présent contre une meilleure opposition.

Guilhem Guirado : Tout le monde attend une vanne sur Guirado. Mais je ne suis pas encore aussi prévisible et lourd que Mathieu Lartot, alors je me contenterai de dire qu’il a fait un bon match, malgré deux pizzas en première période. 

Rabah Slimani : Solide en mêlée, actif sur les regroupements. C’est correct mais avouons-le, regarder un match du XV de France sans Nicolas Mas, c’est comme Batman sans Robin, ou Isabelle Ithurburu sans la pluie, il manque quelque chose.

Yoann Maestri : À chaque match du XV de France depuis un an, on voit un Maestri moyen et on se demande pourquoi il semble être titulaire à vie. Sans doute le lobby anti-briviste qui fait tout pour empêcher le retour du prophète Arnaud Mela en équipe de France. 

Pascal Papé : Le Grand Rouquin Blanc n’effraie même plus les surfeurs. Bonne nouvelle, on va donc pouvoir sélectionner Blair Connor en équipe de France.

Bernard Le Roux : Sans aucun doute le joueur le plus « Boucherie Ovalie » de l’équipe : sa passion, c’est avant tout de découper de la viande. Le rugby reste secondaire.

Thierry Dusautoir : A un moment du match il a pris le ballon et il a réussi à ne pas faire un en-avant. 10/10.

Damien Chouly : A un moment du match il a pris le ballon et il a réussi à avancer. 10/10.

Rory Kockott : Il a essayé de mettre de la vitesse tant bien que mal, mais a souvent dû mettre la tête dans les rucks parce que ses coéquipiers ne faisaient pas le boulot. Parra a semblé plus à son aise à sa rentrée. Après Doussain qui souffrait de la comparaison avec les rentrées de Machenaud l’année dernière, on se dit que finalement, la place de titulaire c’est la place du con.

Parra

Dans une vie, on fait beaucoup d’erreurs. Une des plus grandes consiste à croire qu’on peut se débarrasser de Morgan Parra. 

 

Camille Lopez : Sans briller particulièrement, il a fait le job et continue de s’imposer comme le moins pire des 10 français qu’on ait eu depuis une dizaine d’années. Une vraie catastrophe pour les annonceurs : c’est pas ce type avec une gueule pareille qui va réussir à faire vendre des crédits revolving. Par contre, pour un Lopez Burger au Quick, là il sera assurément crédible (au moins comme consommateur).

Teddy Thomas : Le talent dort. Intéressant sur les rares ballons qu’il a touchés, pas trop boulet en défense, il va sans doute se faire cracher dessus malgré tout car il est devenu le nouveau Sébastien Chabal : ce joueur que les prétendus « connaisseurs du rugby » ont besoin de critiquer pour se démarquer de la plèbe qui n’y connait rien.

Mathieu Bastareaud : Plus le temps passe, plus ce joueur a l’air d’être le résultat d’une expérience menée par un quelconque savant fou échevelé, quelque part dans un laboratoire secret à Marcoussis. Un physique de pilier, ni vraiment centre, ni vraiment troisième ligne, Bastarocket est sûrement l’arme ultime d’un sport qui n’a pas encore été inventé. Statistiquement, il a plutôt fait un bon match en avançant constamment, en grattant un ballon et essayant de jouer derrière lui. Dans les faits, ça n’a pas servi à grand chose.

Wesley Fofana : Le malheur avec lui c’est qu’on a cru voir le nouveau Philippe Sella alors qu’on est juste en face d’un David Marty amélioré : plus beau, plus rapide, plus percutant, plus endurant. Associé à un joueur un tant soit peu créatif, ça pourrait être bien. Là, on se fait juste chier.

Yoann Huget : Un rebond foireux, une course tête baissée en mode labrador sous ecsta, un Scott Spedding oublié et un ballon dégueulé : en une action, toute la carrière de Yoann Huget a été résumée. Pas la peine de lui consacrer un biopic à la fin de sa carrière, un vine suffira amplement.

Scott Spedding : Il doit faire 100 fois plus de séances de muscu que son vis-à-vis Stuart Hogg. Mais la vie est ingrate : le talent, ça reste un truc inné.

 

Les mecs en jupe :

En 6 mois, Vern Cotter a déjà réussi à plus faire progresser cette équipe que Ouin-Ouin et son staff le XV de France en 4 ans. Mais l’honneur est sauf : gagner au Stade de France reste toujours aussi difficile pour le technicien néo-zélandais.

TeamProD2

Les Écossais de Castres ont le sourire : ils n’ont certes pas de slips, mais ils ont une clause de libération en cas de descente en ProD2. 

 

Le bilan :

Rien de neuf sous le froid polaire du Stade de France. Comme depuis 4 ans, nous enchaînons ce sempiternel cycle victoire piteuse / défaite flamboyante. On pourrait penser que les Bleus, vexés après une victoire aussi moche devant leur public, trouveront les ressources pour aller accomplir un exploit en Irlande. Mais on en doute quand même un peu.

Car le pire dans l’affaire, c’est qu’ils avaient presque l’air contents d’eux au coup de sifflet final. Oui contents, un peu comme l’année dernière, lorsque l’on fêtait une défaite à domicile contre l’Irlande avec le sourire des vainqueurs. À partir de là, je suppose qu’en prendre moins la semaine prochaine sera donc déjà considéré comme un bon résultat. Je vois déjà la tronche de mannequin en cire en pleine décomposition de notre coach nous dire qu’on a « proposé énormément de chose » et montré « de belles qualités » face à « la troisième nation au classement IRB, ne l’oublions pas ». Bref, tout va bien, on croit toujours pouvoir être champion du monde. Mais définitivement, Ouin-Ouin, tu nous emmerdes avec tes matchs.

Grand jeu bonus :

De quel pays parle Ouin-Ouin dans cette vidéo ? Attention, il y a un piège.

Comment, bande de cons, vous m’avez dégoûté du rugby féminin

 

Par Pierre Villegueux,

 

C’est donc ce dimanche que se terminera la Coupe du Monde de rugby féminin, édition 2014. Et ce dans l’anonymat le plus complet, puisque bien entendu personne n’a envie de voir les Anglaises gagner un titre mondial sur notre sol, qui plus est au dépend d’un autre pays qu’on déteste tous, le Canada. Oui, désolé pour vous, mais je ne considère pas des types responsables de Céline Dion, Roch Voisine et autres Garou comme mes « cousins », lointains ou pas. De plus, tout le monde sait que votre George Saint-Pierre ne tiendrait pas un round dans une cage contre Julien Caminati, alors arrêtez de frimer.

Plus que quelques heures avant la fin de cet événement mondial, donc. Et putain, il était temps ! Pourtant, j’étais très enthousiaste à l’idée de suivre cette compétition. La raison principale était bien sûr liée à mon sevrage total de ballon ovale depuis la finale du dernier du Top 14 – ne me parlez pas de Super Rugby, merci. Période de manque où dans un désespoir profond, j’ai même regardé un match entre l’Uruguay et Hong Kong pour les qualifications de la Coupe du Monde (la vraie, celle de 2015).

La seconde raison, c’est que contrairement à beaucoup de gens, j’avais des a priori positifs sur le rugby féminin. J’avais regardé quelques matchs ces dernières années, et j’avais apprécié ce que j’avais vu. Physiquement ou techniquement, j’avais été surpris par le niveau affiché, qui est plus ou moins celui du Biarritz Olympique en 2013. Et j’avais pris du plaisir devant le jeu pratiqué, souvent moins stéréotypé que chez les hommes.

Bref, j’aurais très bien pu apprécier cette Coupe du Monde 2014. Sauf que vous m’avez cassé les couilles. Vous tous. Commentateurs, supporters, officiels, journalistes, twittos à deux balles, même ma mère m’a emmerdé avec cette équipe de France, elle qui n’en a rien à branler du rugby d’habitude.

Pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ? Pourquoi es-tu un hater, Pierre ? C’est facile derrière ton écran, non ?

Je vous explique pourquoi vous avez presque réussi à me dégoûter du rugby féminin. 

 

Ces putain de Valeurs du rugby et l’éloge de l’amateurisme

Déjà dès le premier match, ça commençait à sentir mauvais car j’avais la triste surprise de constater que Matthieu Lartot avait annulé ses vacances au Pays Basque avec Imanol pour commenter ce Mondial. Lartot, c’est le type qui porte le même costume Celio, et qui arbore le même sourire de requin sans âme que ton banquier, tu sais celui qui veut te vendre un crédit à 62% qui t’endettera toute ta vie. Il n’est donc finalement pas si étonnant de retrouver ce type sur les ondes pour te vendre la plus grande arnaque sportive de ce début de siècle : les Valeurs du rugby ©.

Dans sa tâche, Lourdot était accompagné de Marie-Alice Yahé, qu’il présentera à plusieurs reprises comme « la compagne de Lionel Beauxis », alors que la blondinette compte au moins 50 sélections de plus que son Bernardo sous le maillot bleu – la condition féminine en sortira une nouvelle fois grandie. Une deuxième ex-joueuse vient compléter ce trio en la personne d’Estelle Sartini. Sauf que elle, c’est pas possible. Elle n’est sans doute pas méchante, ni incompétente, mais à chaque fois qu’elle ouvre la bouche, j’ai l’impression qu’un Aveyronnais en scooter me poignarde les tympans avec une machette. Désolé, mais prendre quelqu’un avec une voix aussi désagréable pour commenter des matchs à la télé, c’est juste une énorme erreur de casting. Un peu comme choisir Jérôme Thion pour enregistrer un album de reprises de Françoise Hardy.

Mais le pire avec ce trio infernal c’est qu’il ne nous parlera pratiquement jamais de rugby, de jeu. Non, il ne sera là que pour relayer la comm’ de la FFR, et nous inonder les oreilles avec ce putain de discours sur les Valeurs ©. Le Top 14 est tout plein d’étrangers et se retrouve gangrené par d’incessantes polémiques puériles. Le XV de France se ridiculise tous les trois mois, tandis que Philippe Saint-André réussit à faire passer François Hollande pour un Président qui a de la stature et une grosse paire de couilles. Par conséquent, les vraies valeurs du rugby se trouvent désormais… dans le rugby féminin ! Ah bah oui, c’est bien pratique. D’ailleurs, pour accentuer ce côté « retour aux sources », Pierre Camou (Monsieur « Le rugby féminin, c’est ni du rugby, ni féminin », rappelons-le) a décidé d’organiser tous les matchs du premier tour sur les terrains d’entraînement de Marcoussis. Ambiance Fédérale 3 et odeur de merguez sont donc au rendez-vous.

Mais pourquoi le rugby féminin aurait-il plus de valeurs que les autres, d’ailleurs ? D’abord, car ce sport est peu médiatisé. Et forcément quand on est pas médiatisé, on est forcément quelqu’un de bien, ça paraît imparable ! Ensuite, car ces joueuses sont des amatrices. Combien de fois n’a-t-on pas entendu « dans la vie Sandrine Grobizou est caissière à l’Intermarché de Givors, elle s’entraîne entre 20h et 22h le mercredi et le vendredi soir, alalah, quel courage ! ». Déjà, entendre ça de la part d’un clown qui touche des milliers d’euros pour commenter 9 matchs par an et faire 3 sujets de 12 secondes dans Stade 2 – et je suis sympa je compte même pas les montres qu’il se fait offrir – ça peut laisser un goût amer dans la bouche.

Ensuite… justement, les rugbywomen françaises ne souhaitent-elles pas sortir de ce statut amateur ? Avoir plus de temps et de moyens pour s’entraîner ? Avoir un vrai Championnat de France ? De tout cela nous n’entendrons bien sûr aucun mot durant la compétition, et on peut déjà supposer que rien ne changera une fois que tout le monde aura oublié le « beau parcours » des Bleues. Mais on s’en fout, parlons donc des Valeurs ©, ça marche toujours pour faire diversion quand vient le moment d’aborder les vrais problèmes. Et misons tout sur l’émotion et le storytelling en racontant le quotidien banal d’une de nos joueuses, ça fait « proche des gens », c’est bien ça !

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Matthieu Lartot ne fait pas que cracher à la gueule de tous les passionnés de rugby, il enfume aussi vos enfants. Arrêtez cet homme !

 

La négation de l’échec français

A l’instant même où les Bleus ont été éliminées par le Canada, on a vu fleurir tout un tas de messages tellement faux-cul et mielleux qu’on aurait cru qu’ils avaient tous été rédigés par Marion Cotillard. Mention spéciale à Lartot, cet homme aux qualités humaines immenses, qui osera pondre un tweet « Votre vraie victoire, c’est celle de l’audimat, 2 millions de spectateurs sur France 4 ce soir ! »

Pourtant, analysons les choses de façon factuelle et en mettant de côté notre sympathie pour cette « belle équipe de France ». Les Bleues ont gagné le Grand Chelem lors du dernier Tournoi des VI Nations. Elles ont disposé de deux mois de préparation à Marcoussis (où elles n’ont visiblement travaillé que la MUSCUUUU et les ballons portés, preuve que la culture du jeu Top 14 a contaminé l’ensemble du rugby français). Elles ont facilement passé des phases de poule où la seule équipe potable sur leur route était l’Australie. Et un boulevard semblait s’ouvrir devant elle après l’élimination surprise de la Nouvelle-Zélande, archie-favorite de la compétition.

Résultat ? Une défaite en demi-finale, à domicile, contre le Canada, 5ème nation du monde. Les Bleues s’arrêteront donc en demie, comme tous les 4 ans, malgré des conditions de préparation idéales et un chemin tout tracé vers une finale contre les rivales anglaises. C’est un échec, point. Personne n’a jamais osé dire que le XV de France de Bernard Laporte avait fait « un beau parcours » en perdant en demi-finale de la Coupe du monde 2007 au Stade de France. Vous voulez l’égalité homme-femme ? Bah alors dites-le, les Bleues ont foiré leur Mondial. Comme les mecs avant eux.

 

Des commentaires toujours plus condescendants

Je ne vais pas vous apprendre que le pire ennemi du féminisme, sont parfois les (soit-disant) féministes. Tous les compliments qui ont été balancés à cette équipe, à base de « regardez, comme elles sont courageuses, elles plaquent dur » (sous-entendez : elles font comme les hommes, c’est touchant !) ou pire encore les remarques sur le physique (« elle est fraîche et pétillante », quelqu’un a t-il déjà dit ça de Yoann Huget ? J’en doute) sont tous plus imbuvables les uns que les autres. Encore une fois, au nom de l’égalité hommes-femmes, je revendique donc le droit de me moquer du gros cul d’Assa Koita, puisque après tout, faire de même avec celui de Mathieu Bastareaud semble être devenu un sport national. Et de dire que Sandrine Agricole a raté des coups de pied que même Jean-Marc Doussain aurait pu mettre.

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« En plus d’être talentueuse, Magali Harvey est très belle ! ». Bah ouais, tu pensais ça tellement incompatible que tu te sens obligé de le mentionner ? 

 

La foire aux hypocrites sur les réseaux sociaux

Vous avez tous vu ces rugbymen internationaux dociles, réciter sagement le mot d’ordre de la fédé et poster des « Allez les filles, on y croit !!! » sur leurs comptes Twitter les jours de match. Ces mêmes joueurs qui ont ensuite probablement passé leur soirée à jouer à Fifa 14, ou qui sont aller draguer des cagoles dans des bars lounges où les Mojito sont à 12 euros. Vous ne vous la ferez pas, le rugby féminin vous vous en foutiez avant, ça n’a pas changé comme par magie.

 

Un public de mongoloïdes

« Au rugby, on ne siffle pas ». Mon cul. La demi-finale contre le Canada à Jean-Bouin a ramené à la vie toute la clique des “supporters” de rugby qu’on avait enfin cru réussir à enterrer avec la Chabalmania. Car non, ce n’étaient pas les supporters habituels du Stade Français : ceux-là ils dorment. Au final, cette ferveur nationale estivale à la con nous a probablement offert l’ambiance la plus crade jamais vue pour un match de rugby en France en dehors du département du Var. Les décisions arbitrales et les joueuses canadiennes ont été systématiquement sifflées, leurs en-avant applaudis, tandis que nos petits Christian Jeanpierre en herbe en tribunes semblaient tout étonnés de découvrir qu’on avait le droit de charger le buteur sur une transformation.

Heureusement tous ces gens-là ne s’intéresseront plus au rugby avant qu’une équipe de France n’atteigne la demi-finale d’une Coupe du monde sur le sol français, donc on a une centaine d’années de tranquilité devant nous. En attendant, on plaint les vrais passionnés de handball, qui eux, doivent voir fleurir ce genre de cons tous les deux ans.

Ah d’ailleurs si vous voulez encore des places pour la finale demain, je crois que des supporters tricolores sont en train de les re-vendre à moitié prix, comme des vulgaires Clermontois à la fin du mois de mai.

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Najat, première supportrice de l’équipe de France de rugby féminin (mais seulement quand elle gagne hein).

 

Conclusion :

OUI au rugby féminin. NON à tous les connards obséquieux et autres moutons qui ont commenté cette Coupe du Monde comme Gérard Holtz commente un Téléthon. Le rugby féminin n’a pas besoin que vous lui portiez ses courses dans les escaliers, ni de votre enthousiasme opportuniste et disproportionné pendant deux malheureuses semaines de votre putain de vie.

On se dit donc à dans 4 ans pour le prochain Mondial que vous ne suivrez probablement car de toute façon on sera tous morts (et ce sera la faute à Mourad Boudjellal et aux doublons).

Tuto : Comment devenir un joueur maudit en Equipe de France ?

 

Par Pierre Villegueux,

 

Que serait le XV de France sans ses célèbres bannis ? A chaque sélectionneur, à chaque époque, nous avons vu un ou plusieurs joueurs de talent se retrouver systématiquement écarté de l’équipe nationale, pour des raisons plus ou moins obscures. Jo Maso, Denis Charvet, ou plus récemment Florian Fritz, tous ont eu à un moment cette étiquette du « banni », du joueur « maudit », ce qui permet aux journalistes âgés de 110 ans comme Jacques Verdier de raconter de jolies histoires dans leurs livres célébrant la nostalgie du temps d’avant de quand c’était mieux que maintenant.

 

En 2014, le joueur à qui échoue ce rôle d’anti-héros romantique est donc François Trinh-Duc. En grande forme avec Montpellier, le demi d’ouverture n’a plus connu une titularisation en Bleu depuis plus de deux ans. Et il vient d’être éjecté hors du groupe France pour la tournée en Australie. La Coupe du monde 2015 s’éloigne donc pour celui qui avait déjà connu l’édition précédente sur le banc, alors qu’il était promis à une place de titulaire.

 

Etre un banni de l’équipe de France a néanmoins ses avantages. Se construire une légende, déjà. Le rôle de paria, du rebelle, de l’Homme écrasé par la puissance des institutions, ça a de la gueule. Puis surtout, par les temps qui courent, il est peut-être préférable d’être rejeté de l’équipe de France que de devoir se taper des défaites humiliantes à chaque Tournoi des VI Nations.
Pour vous, nous vous offrons donc le guide ultime pour devenir un joueur maudit de légende.

 

Soyez un peu artiste. Mais attention, un artiste incompris.

 

« Un peu artiste », c’est à dire un peu comme ce branleur de terminale L qui portait des bonnets péruviens et qui réussissait à séduire toutes les plus belles meufs du lycée, malgré ses cheveux gras et le fait qu’il était un cancre notoire.

 

François Trinh-Duc, qui sera notre exemple tout au long cette leçon, possède évidemment cette fibre romantique de pseudo-artiste incompris, bien qu’il demeure relativement bien peigné. A la base, il dispose évidemment d’un talent très au-dessus de la moyenne. Il est capable de gestes Carlos-Spenceresques comme des passes entre les jambes ou des chistera de la mort. Solide gaillard, il est peut également renverser des golgoths néo-zélandais pour aller marquer des bons gros essais de bourrin.

 

Mais. Mais François Trinh-Duc ne fait pas l’unanimité. Déjà à cause de son attitude. Dans son bouquin, Marc Lièvremont (qui l’a lancé en équipe de France à une époque où il était encore moins connu qu’un joueur d’Oyonnax) le définit volontiers comme un joueur talentueux mais fainéant, et surtout imperméable à toute remise en question. La branleur-attitude est un point à ne jamais négliger : si vous êtes bons et qu’en plus vous avez une réputation de bosseur, vous risquez de finir comme Jonny Wilkinson, ce qui n’est pas notre objectif ici.

 

Ensuite, François est également critiqué à cause de son jeu. Beaucoup lui reprochent de ne pas être le chef d’orchestre dont le XV de France a besoin, mais un soliste, qui attaque trop souvent la ligne et joue pratiquement comme un centre. Parmi ses points faibles, on cite également son jeu au pied erratique. Même si FTD semble avoir progressé sur ce point, puisqu’il est même devenu un buteur fiable depuis peu – une métamorphose à confirmer pendant les phases finales toutefois – il est probable que cette étiquette lui collera à jamais à la peau quoiqu’il fasse, et que le moindre coup de pied contré dans ses propres 22 mètres annihilera tous ses efforts.

 

C’est là un point crucial : cultivez vos points faibles ! Si vous n’en avez pas, vous risquez d’être qualifié de « joueur complet », soit le pire compliment qu’on puisse faire à un ouvreur français. Exemple : Rémi Talès est un ouvreur complet.

 

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 François Trinh-Duc recevant une passe de Pascal Papé à l’entraînement. 

 

 

Misez sur la nullité des autres.

En toute chose, il y a un fait essentiel qu’il ne faut jamais oublier : les gens n’ont aucune mémoire. Il suffit d’un essai encaissé sur interception pour qu’ils décident soudainement de brûler celui qu’ils idolâtraient deux secondes plus tôt. Le meilleur exemple est bien sûr Frédéric Michalak, sorte de François Trinh-Duc version Boys Band du début des années 2000, qui est passé de petit génie du rugby français à sombre merde au moins 436 fois au cours de sa carrière, comme un acteur qui alternerait constamment les rôles de héros et de pourritures au cinéma.

 

Ainsi, peu importe si vous-même, vous avez été mauvais en équipe de France par le passé. Les gens finiront par l’oublier au bout d’un certain temps. Et si vous avez un peu de chance, vos concurrents ne s’en sortiront pas mieux que vous, et vous pourrez même passer pour le sauveur !

 

Dans ces cas précis, nous avons donc Frédéric Michalak, qui peut faire gagner son équipe par 30 points d’écart dans un bon jour, et la faire perdre par 200 quand son cerveau décide de faire n’importe quoi. Remi Talès, qui est un bon joueur de rugby, mais qui n’a pas réalisé une seule action lui permettant de faire plus de 10 000 vues sur youtube, ce qui fait donc de lui un gros nul aux yeux du grand public qui ne regarde jamais les matchs du Top 14, et encore moins ceux du CO. Jules Plisson est jeune et inexpérimenté : pour lui la H Cup est une compétition de tennis, et il ressemble trop à un enfant des Choristes pour apparaître comme un leader charismatique.

 

Devant la nullité réelle ou supposée de ses concurrents, il est donc facile pour François d’apparaître actuellement comme le Messie, comme le seul sauveur du rugby tricolore, quand bien même il n’a jamais vraiment su être totalement convaincant en Bleu. Le mythe de l’homme providentiel, c’est un truc très français au final. Si vous êtes impopulaire, disparaissez pendant 3 ou 4 ans, et les gens commenceront soudainement à vous trouver génial. C’est d’ailleurs avec ce genre de raisonnement que Jean-Jacques Goldman réussit à être l’homme le plus populaire de France, ou bien encore qu’on a de bonnes chances d’élire un repris de justice incompétent en 2017. Puisque je vous dis que ça marche dans tous les domaines !

 

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 François, éloigne toi de cette corde tout de suite, ça n’en vaut pas la peine !

 

Comptez sur des soutiens de poids

Les journalistes sportifs ne servent pas à grand chose en général : ils se contentent de donner leur avis sur un sport qu’ils maîtrisent plus ou moins bien, en attendant que leurs titres de presse à l’agonie depuis des années finissent par se faire euthanasier. Néanmoins, ils peuvent vous être utiles s’ils sont vos copains, et c’est assez facile de devenir leurs copains, car ils aiment bien apparaître en photo avec des gens connus.

 

Là-dessus, François Trinh-Duc peut compter sur un soutien de poids : celui de son entraîneur – à mi-temps – au MHR, Fabien Galthié. Galthié qui est également consultant à France 2, l’Équipe, Europe 1, la Tribune de Genève, The Botswana Gazette , le journal de Mickey, Femme actuelle ou encore Zouzous magazine. Mais aussi celui de Mathieu Lartot, qui fait tout comme Fabien Galthié dans la vie, au point qu’on l’annonce au casting d’un futur épisode de Joséphine Ange-Gardien. Et enfin celui du blogueur influent Guy Moux, qui entre un tweet sur le conflit israelo-palestinien, le Tour du Haut-Var ou la nouvelle émission de Laurent Ruquier, ne manque jamais d’affirmer que François Trinh-Duc est le meilleur ouvreur de France.
Avec une telle équipe de lobbying, il vous suffit de rester silencieux dans la presse et d’à peine commenter les annonces de sélection. Le travail sera fait pour vous.

 

Gardez le mystère sur les raisons de votre éviction

Les rumeurs sont une bonne chose. Elles ne feront qu’alimenter votre légende naissante. Ainsi, on a pu entendre que Florian Fritz aurait insulté la femme de Bernard Laporte et pissé sur les chaussures de Jo Maso. C’est probablement pas vrai mais c’est très rigolo, donc on a envie d’y croire. Laissez donc les gens parler, laissez-les fantasmer. Ou au pire, glissez quelques bobards à vos amis journaleux, qui s’empresseront de les relayer, croyant tenir un scoop digne de Mediapart qui justifiera enfin le fait qu’ils possèdent une carte de presse. Par exemple, inventez une histoire de type « PSA détesterait FTD depuis qu’il a chopé une gastro en mangeant vietnamien en 1993 ». Plus c’est gros, plus ça passe, comme diraient les frères Lamont.

 

Surtout, ne revenez jamais en sélection !

Dans votre tête, vous imaginez le scénario rêvé : après vous avoir boudé pendant des années, le sélectionneur national s’assoit sur son orgueil et vous rappelle sous les drapeaux. Dos au mur, il décide de vous confier les clefs du camion. Et là, comme vous êtes naïfs, vous imaginez une revanche, un happy end. ATTENTION ! C’EST UN PIÈGE !

 

Sachant sa crédibilité au plus bas, son espoir d’améliorer son bilan catastrophique éteint, le sélectionneur ne vous fait pas une fleur. Ce n’est en rien un geste de reconnaissance tardif. Non, c’est une ultime pirouette, un coup de pute digne des meilleurs N°9. En fait, il vous met en première ligne pour que vous alliez vous faire fusiller à sa place. Ainsi, si vous êtes nul, ce qui est très probable (soyons réaliste, un joueur, aussi bon soit-il, ne changera pas le destin d’une équipe de merde à lui seul), il lui sera facile de se dédouaner et de dire « Bon et bien je l’ai sélectionné sous la pression médiatique, vous avez vu le résultat ! ».

 

François Trinh-Duc a malheureusement fait cette erreur en acceptant d’être titularisé à l’ouverture contre l’Angleterre à Twickenham en 2013. Un match qui restera probablement comme le tombeau de sa carrière internationale sous l’ère de Philippe Saint-André. Mais il n’est pas le seul à s’être fait avoir : avant lui, Bernard Laporte avait utilisé cette technique de fourbe pour se débarrasser définitivement de joueurs dont il ne voulait plus pour la Coupe du monde 2007, comme Dimitri Yachvili, Pascal Papé ou Thomas Castaignède.

 

Il vous reste alors une unique option : refuser la sélection, sous prétexte que vous êtes vexé d’avoir été ignoré si longtemps. Dans un premier temps, vous serez critiqué par une belle bande de fachos patriotes en furie sur les forums de Rugbyrama et du Rugbynistère. Parce que soi-disant on ne refuse pas une sélection nationale (NDRL : n’importe quoi, moi j’ai bien refusé un CDI au Midi-Olympique). Mais encore une fois, n’oubliez pas que les gens n’ont aucune mémoire. Quelques années plus tard, quand tout se sera tassé, ils ne vous considéreront non plus comme un traître à la patrie, mais comme un rebelle, un insoumis, un esprit libre.

 

Regardez Guy Novès, qui a refusé le poste de sélectionneur du XV de France parce que son orgueil de papy aigri était blessé d’avoir connu une carrière de joueur plus qu’anecdotique en Bleu. Ou encore en football, Éric Cantona, devenu une idole absolue parce qu’il avait traité son entraîneur de sac à merde. Etre le gendre idéal ne vous emmènera qu’à une chose : devenir Yannick Nyanga, être considéré comme le coéquipier modèle et passer votre vie sur le banc de touche. Affirmez-vous, merde !

 

Pour conclure, quelques conseils pour François :

 

  • Assure-toi de ne jamais briller lors de matchs retransmis aux heures de grandes écoutes sur Canal +. Sport +, Rugby +, ça passe : PSA n’est pas abonné. Bien sûr, pas question d’être bon en H Cup non plus. Mais sur ce point, on peut dire que tu auras été irréprochable cette saison.

 

  • Par contre, n’oublie pas de faire des actions bien spectaculaires de temps en temps pour passer sur le Rugbynistère. Ainsi, après avoir visionné une chistera réussie dans tes propres 22 mètres (inutile mais jolie), les Jean-Michel Cequelchaine de toute la France affirmeront : « FTD c le meiyeur t vraimen qu’un sale con psa !!!! ».

 

  • En Interview, prends la posture de la victime. Mais pas trop. Personne n’aime les pleureuses, à part les Toulousains qui ont décidé de faire de Guy Novès leur Dieu vivant. Contente-toi de simuler l’humilité : « J’ai beaucoup travaillé pour revenir, alors forcément, je suis déçu… mais je respecte le choix de l’entraîneur. C’est la vie. Je continuerai à me battre pour reporter le maillot bleu ». Et si tu finis par être rappelé, tu refuses subitement ! Ainsi tu tiendras une affaire qui fera la polémique pendant des mois, et ta légende sera en marche.

 

  • Pour renforcer le mystère autour de ta personnalité, sois discret. Et arrête les pubs ridicules. Mennen, sérieusement ? On sait bien que tu es totalement imberbe, te fous pas de notre gueule.

 

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 Pendant que vous y êtes, vous voulez pas vous occuper des sourcils de Yoann Huget ? 

France – Italie, 10 minutes de plaisir douche comprise

Un match qu’il a l’air bien sur Youtube.

 

Mathieu Bastareaud, déjà responsable du naufrage du Costa Concordia, a encore fait du mal à l’Italie.

 

 

Par le Stagiaire, Pierre Villegueux et Damien Try*
(*qui est l’auteur d’une seule vanne dans ce texte, mais une bonne)

 

Le contexte

Pendant longtemps, un match contre l’Italie était avant tout la perspective d’affronter 50% de joueurs complètement inconnus et 50% de joueurs du Stade Français. Une formalité donc. Aujourd’hui rien n’a changé, sauf que les 50% de joueurs inconnus ont prouvé qu’ils étaient parfois capables d’être bons et que le Stade Français est deuxième du meilleur championnat du monde ®.

Pour des raisons culturelles, le peuple de France continue tout de même à mépriser les « Ritals ». En effet, comment réellement estimer des mecs qui chialent pendant leur hymne comme de vulgaires Argentins ? Cet acte n’est-il pas la preuve de leur évidente infériorité ? Un aveu qui sonne comme une faiblesse, les joueurs reconnaissant par là même que jouer sous le maillot de leur équipe nationale est une consécration totale, et implicitement, une de leurs rares chances de passer à la télé et d’espérer être reconnus dans la rue. En France, les joueurs n’ont nul besoin de se faire remarquer sur la pelouse puisque, même s’ils ne sont pas sélectionnés, on a l’assurance de les voir dans une pub juste avant ou juste après.

Jean-Marc Doussain is not impressed

 

Les équipes :

À quelques minutes du coup d’envoi, les Italiens, qui ont vu leurs chances de remporter la rencontre doubler au coup de sifflet final du match contre l’Angleterre, trépignent d’impatience. Et puisqu’on ne change pas une équipe qui a une chatte pareille, Ouin-Ouin a reconduit une bonne partie du XV victorieux face aux English. Quelques changements notables tout de même : le retour de Yoann Maestri (ou Mama pour les intimes et Mathieu Lartot quand il a des poussées de Christian JeanPierrite), la sortie de Max La Menace Fantôme (remplacé par Hugo « Zboub » Bonneval) et le retour de Dimitri Szarzewski qui aura probablement à cœur de justifier les critiques qu’il subit depuis trois ans après sa rentrée réussie la semaine dernière.

Du côté italien, on retrouve Sergio Parisse ainsi que des joueurs avec des noms de famille qui finissent par des voyelles et des Argentins naturalisés. Notons aussi le retour de Mauro Bergamasco sur la pelouse du Stade de France, ce qui lui rappellera sans doute les années où il jouait avec un maillot ridicule mais gagnait des titres. Aujourd’hui, c’est donc tout l’inverse. Jacques Brunel a également fait un geste en faveur de son ancien club de l’USAP en mettant au repos Tommaso Benvenuti, le David Marty italien. Le peuple catalan lui en est probablement très reconnaissant. Le peuple italien aussi d’ailleurs.

 

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Le film du match :

Les joueurs de l’Equipe de France démarrent fort, probablement motivés à l’idée de se mettre à l’abri rapidement et de pouvoir roupiller pendant 70 minutes ensuite. Après deux touches dans le camp italien, l’arbitre siffle une pénalité que Jean-Marc Doussain ne daigne pas passer. Celle obtenue deux minutes plus tard non plus d’ailleurs. On se dit que quitte à laisser des points en route, autant rigoler et faire buter Pascal Papé mais hélas les consignes données au seconde ligne avant le match sont claires : « Pascal, pas taper ! ».

La situation commence à être problématique et le staff se dit qu’il va falloir marquer des essais pour ouvrir le compteur. Ce qui n’est évidemment pas du tout prévu. Avant d’en arriver à cette situation extrême, il reste cependant l’alternative du drop, que Jules Plisson s’empresse d’enterrer avec une tentative qui rappellera au public les plus beaux passages de Frédéric Michalak dans l’enceinte dionysienne. Si le drop est l’éjaculation précoce de l’attaque, alors le jeune Plisson a probablement tout envoyé dans son slip sur cette action.

Pire, l’Équipe de France ne peut même pas se reposer sur sa mêlée puisque les Italiens dominent outrageusement le secteur sur les deux premiers affrontements des packs. À noter leur réaction très Taumalolesque (ou Barcellesque, mais avec cette référence on s’adresse à un public très âgé) lorsque l’arbitre sifflera en leur faveur. Probablement une stratégie habile pour faire pleurer Yoann Maestri – qui ne tombera pas dans le piège cependant, la première ligne française étant assez conne et orgueilleuse pour le faire elle-même.

Une pénalité lointaine ratée par le Sergent Garcia plus tard et l’on joue la 25ème minute, et le score est toujours désespérément vierge. Tommaso Allan ne fait pas mieux en ratant la cible quasiment en face des poteaux – cette fois le moment de nostalgie est donc pour les Italiens, qui repensent alors à la glorieuse carrière de Ramiro Pez. Les Bleus vont tenter d’y remédier mais ils se montreront surtout hésitants, tâtonnants, maladroits et trop précoces sur leurs sorties de balles. C’est brouillon, moche, et comme trop souvent on s’ennuie ferme.
Après plusieurs belles initiatives de Brice Dulin, les Français récolteront tout de même une pénalité plein axe que Jean-Marc Doussain passera entre les poteaux. Côté italien, Allan règle la mire © et remet les équipes au même niveau deux minutes plus tard.

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Louis Picamoles se fraie un chemin dans la défense italienne.

 

 

Il ne se passera ensuite strictement RIEN jusqu’à la mi-temps, exceptées deux nouvelles pénalités de Doussain qui permettront à l’Équipe de France de prendre la tête et au public de faire la Ola. Oui, une Ola à 9-3, alors qu’on assiste au pire match de l’Equipe de France depuis… depuis celui de la semaine dernière jusqu’à la 75ème minute, en fait. Dans les tribunes, Jean-Michel Jelèvelébra livre son expertise : « On a 6 points d’avance, même s’ils marquent un but, ils n’arriveront jamais à combler leur retard dans le deuxième set ! ».

A la reprise, les Bleus semblent revenus avec de nouvelles intentions ®. Tout d’abord, Picamoles s’échappe d’un regroupement, écrase les deux Italiens sur son chemin et va aplatir. L’arbitre demande la vidéo pour vérifier que Dimitri Szarzewski n’a pas fait obstruction, car il n’a rien fait de pourri depuis le début du match et cela est très suspect de sa part. Mais l’essai est finalement validé. C’est donc la deuxième semaine de suite que le joueur du Racing est décisif. William Servat ne devrait pas tarder à rechausser les crampons.

Dans la foulée, Fofana perd patience et décide de ne pas attendre les 45 secondes réglementaires nécessaires à Jean-Marc Doussain pour sortir un ballon. Le Clermontois s’empare du ballon et réussit à distancer Luke McClean (qui était pourtant 20 mètres devant lui) en trottinant le long de la ligne de touche. Il évite ensuite un plaquage et plonge dans l’en-but. Un essai « A la Twickenham » selon Philippe Lafon, l’homme de terrain qui, pour une fois, avait décidé de donner son avis sur ce qu’il se passe sur la pelouse (et qui aurait dû probablement s’abstenir). Mais après examen du ralenti, on se rend compte que cet essai est effectivement la copie conforme de celui de Twickenham, si on rajoute 40 mètres et 7 défenseurs sur le chemin de Fofana. Il y a pas à dire, France Télévision a le compas dans l’œil ©. Personnellement je n’ai jamais compris cette expression, mais d’après Julien Dupuy c’est très douloureux. Bref, Doussain transforme et les Français mènent 23-3.

Le staff profite de l’avance pour faire rentrer Forestier, deuxième humoriste à jouer au Stade de France après Jean-Marie Bigard. Les supporters réclament la rentrée de Fickou mais, après l’avoir lancé contre son frigo, Ouin-Ouin ne peut que constater qu’il ne reste pas collé et donc qu’il est donc encore un peu tôt.

D’ailleurs, les trois-quarts s’en sortent bien sans lui puisqu’après une interception, Fofana accélère sur une vingtaine de mètres. Se trouvant bien seul en se retournant, il sort son iPhone de sa poche pour accéder à son appli Google Maps, vérifie qu’il est bien au bon endroit, va faire un tour sur la nouvelle application de la Boucherie et attend tranquillement le soutien de ses coéquipiers. Le plus rapide est Yoann Huget qui va prendre le relais et faire ce qu’il fait de mieux : courir tout droit. Repris à quelques mètres de la ligne, il trouvera le soutien d’Hugo Bonneval qui n’aura plus qu’à plonger derrière la ligne.

Premier essai pour sa première sélection, comme son père (avec qui il semble avoir des liens aussi chaleureux que ceux qui unissent Castrogiovanni avec son coiffeur) et comme une symbole ®. Ça jubile dans les rédactions, on a au moins trois jours de brèves à faire là-dessus. Au passage, personne ne remarquera que Yoann Huget a cette fois réussi à faire une passe vers l’arrière au lieu de jeter le ballon dans l’en-but pour son camarade, comme contre Clermont en Top 14. Comme quoi, plus il passe du temps loin du Stade Toulousain, plus Huget semble progresser en terme d’intelligence situationnelle.

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C’est indéniable, Yoann Huget fait de grands progrès à l’entraînement. 

 

Doussain transforme malgré l’angle difficile et l’Équipe de France mène 30 à 3. Le match est plié et c’est un peu dommage puisqu’on sent venir de loin la fin de match de merde. Le seul suspense reste de savoir à quel moment les Italiens réussiront à sauver l’honneur ®, si on peut encore en avoir un après s’être pris trois essais par une équipe incapable d’enchaîner trois passes depuis deux ans.

Et ça ne manquera pas. En dehors d’un sauvetage plutôt rigolo d’Huget, qui se roule en boule comme Sonic pour pousser Furno en touche – notez que le jour où Picamoles apprendra à faire ça, plus rien ne pourra nous empêcher d’être champions du Monde – la fin du match sera une purge sans intérêt. Au final, c’est l’ailier du Stade Français Digby Iannone (source : Fabien Galthié) qui marquera à trois minutes du coup de sifflet. Le double carton de rouge donné à Slimani et Rizzo pour un échange de « caresses frontales un peu trop appuyées » mettra également un peu d’animation. En même temps,  déjà dans Grease Rizzo était la rebelle de la bande.

Rabah devient ainsi le second Français à prendre un rouge pour avoir donné un coup de tête à un Italien. Il ne lui reste plus qu’à nous faire gagner la coupe du Monde et Mourad Boudjellal lui offrira un contrat bien juteux.

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Pendant ce temps, nous nous permettons de sortir un tweet quand même un peu raciste et nous récoltons presque 300 RT. Le Front National peut donc y croire dur pour les Municipales.

 

Les joueurs :

Nicolas Mas s’est fait démonter par deux fois en mêlée, ce qui ne lui était plus arrivé depuis 1992 et ce qui risque probablement de piquer son amour propre. Gageons donc qu’il pliera Gethin Jenkins dans deux semaines – ce qui devrait être à sa portée puisqu’il s’agissait de l’activité favorite de tous les piliers droits du Top 14 l’année dernière. Thomas Domingo a semblé moins souffrir dans l’exercice mais il a été assez très discret dans le jeu, ce qui est inhabituel chez lui. Dimitri Szarzewski a confirmé sa belle rentrée face aux Anglais en faisant un match propre en touche (1 seul lancer raté) et avec beaucoup d’activité dans le jeu. Tout cela est bien étrange et on sent un peu le drame arriver (une pizza qui offre le Grand Chelem aux Irlandais, voire pire, une mise en plis ratée) mais on ne voudrait pas non plus porter la poisse.

Mis au frigo après une tournée d’automne aussi pâle que le cul de Gillian Galan, Yoann Maestri a retrouvé de sa superbe en étant très présent dans le combat ©. Ce n’est plus vraiment une surprise, mais Pascal Papé est peut-être actuellement le jour le plus pénible du monde, et en cela, il est totalement indispensable. Il faut toujours un gros con dans une équipe – après tout dans Kaamelott on sait tous que c’est Perceval qui trouve le Graal à la fin.

Bernard le Roux, joueur détesté par la rugbyramasphère parce qu’il

1) Est étranger
2) Porte un casque et est donc difficilement repérable sur un terrain
3) Joue dans le club le moins sexy du monde après le FC Sochaux

Il a enfin gagné l’admiration de tous les beaufs de France en se prenant un bon vieux KO à la David Skrela. Un sacrifice pour la patrie qui fait automatiquement de lui un « bon Français ». En dehors de ça, le joueur nous a sorti un gros match au niveau de l’abattage, avec une forte présence dans les rucks, 10 plaquages et 2 ballons captés en touche. Notons quand même 4 plaquages ratés, deux fautes assez bêtes et surtout une peur manifeste du ballon, un objet qu’il ne semble pas comprendre. Vous me direz, Thierry Dusautoir n’a jamais compris lui non plus.

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Taquin, Bernard Laporte imite Bernard le Roux se prenant un KO pour draguer à la réception d’après-match. 

 

Yannick Nyanga a fait son match habituel de marathonien avec une belle activité et 9 plaquages. Par contre, il n’a pas pleuré et pas réalisé une seule percée, une rencontre donc assez terne pour lui. Picamoles a moins galéré que contre les Anglais et a avancé sur toutes ses charges. La plupart du temps c’était pour s’enterrer sous la pelouse mais on ne va pas faire les difficiles.

Jean-Marc Doussain semble être un mix du pire de tous les demi de mêlées qu’on a vu passer en Equipe de France depuis 5 ans : les muscles de Tillous-Borde, la lenteur de Yachvili, les talents de buteur de Julien Dupuy et le physique agaçant de Morgan Parra. Bon, reconnaissons-lui qu’après un début de match fébrile, il a bien rectifié le tir face aux perches, en terminant avec un très honorable 6/8. Pour le reste, on l’a plusieurs fois vu venir derrière les rucks en trottinant, voire ne pas venir du tout – la bonne poire Nyanga s’occupant alors du rôle d’éjecteur. Dommage vu le bon boulot des Maestri et autres Le Roux pour lui donner des ballons rapides. Il fut tout de même un peu meilleur en seconde mi-temps.

Jules Plisson a fait quasiment le même match que la semaine dernière : de bons coups de pied tapés dans les angles, une animation anonyme et une défense parfois suspecte. Mais au moins, il ne s’échappe pas en un contre un puisqu’il a terminé meilleur plaqueur du match (13 réussis et un raté). Il sera intéressant de voir s’il saura hausser son niveau de jeu dans un contexte aussi hostile que le Millenium Stadium, face à 15 Gallois bien vénères après avoir été victime d’une tournante à Dublin.

Mathieu Bastareaud s’en prend plein la gueule partout sur internet, probablement car il cumule plusieurs tares (celles d’être gros, Toulonnais et persécuté par des meubles) mais pourtant il fait très bien ce qu’on lui demande : cartonner tout ce qui se présente en face de lui et gagner du terrain. Il a également fait des passes quand il fallait faire des passes, avec la gestuelle gracieuse qu’on lui connait. S’il joue rarement debout, il libère bien ses ballons, et en gratte parfois dans le jeu au sol. Egalement solide en défense. Bref, un bon match. Wesley Fofana, lui, est au dessus, vous le savez déjà et on l’a déjà expliqué dans cette fiche de présentation du XV de France, inutile donc de revenir sur sa performance, presque aussi banale

Hugo Bonneval est un joueur à l’aise quand il a des espaces et un excellent relanceur : cantonné sur l’aile et rarement bien servi, il a donc eu peu d’occasions de briller, même s’il a été présent au soutien et marqueur du troisième essai. La Boucherie Ovalie, comme tout le monde, aimerait quand même voir Marvin O’Connor, un joueur capable de placer un crochet dans une cabine téléphonique et qui surtout ramène des pénalités puisqu’il se fait constamment décapiter par ses adversaires. Puis ce serait quand même très drôle d’avoir un joueur de Bayonne en équipe de France. Sur l’autre aile, Yoann Huget n’a pas été tellement plus en vue mais il a fait le taf, en courant après tous les ballons en bon labrador, et également en mettant assez souvent la tête dans les rucks.

Brice Dulin a été le seul à créer du danger derrière quand les Bleus semblaient être en train de s’embourber dans le piège italien ©. Quand on a enfin réussi à marquer des essais, il n’était par contre pas impliqué dans les actions. Et oui, la vie est injuste, encore plus quand on vit dans le corps d’un enfant de 12 ans et dans la ville de Castres.

LE remplaçant (car les autres n’existent pas) :

Gaël Fickou n’a joué que 8 minutes, il n’a marqué aucun essai et pire, il a reçu le soutien de Richard Escot, qui voit en lui le sauveur du French Flair ® et le complément idéal de Wesley Fofana. Recevoir le soutien de Richard Escot c’est un peu comme quand Jacques Cheminade vous refile ses intentions de vote à la Présidentielle, on sait vraiment pas comment le prendre.

Mathieu Bastareaud et Wesley Fofana se félicitent de leur bon match

 

Le bilan :

Une bonne chose de faite. Comme face à l’Angleterre, les Bleus ont été dominés territorialement mais ont réussi à marquer trois essais, ce qui semblerait indiquer que nos French Losers se soient transformés en killers en l’espace d’une année de roustes. Il est toutefois encore un peu difficile de s’en satisfaire au vu de la pauvreté habituelle du jeu des Français, qui semblent toujours incapables d’enchaîner trois passes. On ne demande pas à voir du large-large de gogoles mais essayer de proposer de longues séquences de jeu un brin maîtrisées, comme celles des Irlandais contre les Gallois samedi, ce serait pas mal de temps en temps. Le match au Pays de Galles sera quoiqu’il arrive un très bon test pour savoir ce que vaut vraiment cette équipe, et notamment cette charnière dont on ne sait pas encore trop quoi penser. Du côté de la Boucherie, on milite bien évidemment pour une association entre Joe Cris et Tahar Tuf, mais cela risquerait de contrarier le vénérable René Bouscatel. 

France – Angleterre, la French Chatte ©

L’art et la manière de battre l’Anglais.

« Tout ça, c’est grâce au Top 14, le meilleur championnat du monde. » (Paul Goze)

« C’est cher, quand même. » (Eric Bayle)

« Ouin, ouin, ouin ouin ouin ! » (Philippe Saint-André, euphorique)

« C’était nul » (Pierre Berbizier)

« J’ai pleuré » (Yannick Nyanga)

« Très beau match, en plus j’étais super bien placé !» (Maxime Médard)

« Huget… Fickou… on dit merci qui ? » (Guy Novès)

« Le doublé est possible. » (Yoann Huget)

« C kel chaine » (Jean-Michel Cequelchaine)

 

France – Angleterre, la French Chatte ©.

Par Pierre Villegueux, 

Personne ne viendra me contredire : globalement, la vie, c’est assez naze. Si si, je vous assure, regardez la vôtre par exemple. La vie est naze, sauf quand il y a le Tournoi des VI Nations. Parce que vous pouvez nous bassiner tant que vous voulez avec le #MeilleurChampionnatDuMonde, la H Cup, le Super Rugby, Isabelle Ithurburu même la coupe du Monde : rien de tout ça n’aura jamais la saveur d’une après-midi de Tournoi.

La nostalgie y joue sans doute un rôle non négligeable : dans notre inconscient, le Tournoi est lié à jamais à des images, des sensations, des odeurs. Par exemple, celle de l’haleine houblonnée d’un supporter irlandais s’apprêtant à vomir sur vos chaussures dans les toilettes d’un pub blindé. Le Tournoi, c’est une vieille dame toujours bandante, qui a su résister aux assauts du temps. On remarquera d’ailleurs qu’il s’agit de la dernière compétition à ne pas avoir cédé à cette mode ridicule des « bonus » – ce qui fait d’ailleurs bien les affaires du XV de France, qui n’a plus marqué deux essais dans le même match depuis 1999. Bref, le Tournoi, c’est le rugby vrai, celui qui n’a pas encore été sali par le professionnalisme et par Christian Jeanpierre.

Et cette année, on attaque directement avec la meilleure partie : le Crunch. Le Crunch, c’est ce moment génial où tous les gars comme moi peuvent s’assumer au grand jour, et se permettre d’être complètement racistes en toute impunité. On peut les traiter de tout : rosbifs, laiderons, tricheurs, connards, enculés de leurs mères…. personne ne s’en offusquera ! Imaginez la même chose avec n’importe quelle autre nationalité ou communauté : impossible. Sauf peut-être avec les Asiatiques, qu’on peut maltraiter aisément sans que personne ne dise rien. D’ailleurs Ouin-Ouin ne s’en prive pas en torturant psychologiquement François Trinh-Duc depuis de longs mois.

Mais oui, en France, nous haïssons les Anglais. Pourquoi ? Difficile à dire. Certains vous parleront de la grande Histoire. Mais de manière générale, je connais assez peu de Français se sentant proches de Jeanne d’Arc, à part peut-être Henri Guaino qui entretient encore des conversations fréquentes avec elle. C’est peut-être de la jalousie, alors ? C’est vrai qu’ils ont Paul McCartney, Mick Jagger et les Monty Pythons, alors que nous, nous avons Johnny, Michel Sardou et les Chevaliers du Fiel. Mais au moins, on se rattrape avec notre bouffe et nos meufs, d’une qualité bien supérieure.

Alors pourquoi les détestons-nous ? Leur arrogance ? Leur manie de toujours chercher à coloniser la moitié de la planète ? C’est vrai que sur ces points-là, nous sommes particulièrement bien placés pour critiquer. Non, en fait, le problème avec l’Anglais, c’est son hypocrisie.

Au moins, le Sud-Africain n’affiche aucune ambiguïté, lui. Lorsque tu le regardes dans les yeux, tu peux très clairement lire « Je vais te tuer, te démembrer, brûler tes restes, violer ta femme et incendier ta maison ». On sait tout de suite à qui on a affaire. L’Anglais, il est plus vicieux. Il se donne des airs de gentleman. Te serre la main avec un grand sourire méprisant. Il est insupportable. Il a même inventé le terme de « fairplay », ce qui est finalement aussi cocasse qu’apercevoir Mourad Boudjellal à un meeting du Nouveau Parti Anticapitaliste.

Bref, l’Anglais est un être malhonnête et fourbe, point. Il est même capable d’être dominé de la 30ème à la 78ème minute d’un match et de le gagner miraculeusement en inscrivant un essai de pute venu de nulle part, c’est dire….

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Bon, ne nous le cachons pas, le fait qu’ils soient très laids joue aussi pour beaucoup.

 

L’Equipe de France :

Ouin-Ouin entame la 3ème année de son mandat avec un objectif des plus ambitieux : enfin réussir à gagner un match contre une équipe classée avant la 17ème position du classement IRB. Pour ça, notre leader charismatique a réussi à obtenir 15 jours de préparation supplémentaires pour le Tournoi. 15 jours, ce n’est sans doute pas suffisant pour apprendre à nos trois-quarts à jouer un surnombre, ou encore pour expliquer à Jean-Marc Doussain qu’il n’est pas un talonneur et que c’est bien à lui de sortir les ballons derrière les regroupements, si possible en moins de 45 secondes. Mais c’est déjà mieux que rien et on peut espérer quelques progrès dans le jeu français, où l’on a du mal à trouver un semblant de ligne directrice depuis 3 ans 7 ans 10 ans toujours.

Niveau composition, on notera aussi que Ouin-Ouin a fait preuve d’audace pour la première fois de sa vie depuis 1992 – il avait alors traversé en dehors d’un passage piéton lors d’une troisième mi-temps de légende, terminée au petit matin, sous les coups de 23h22 – en titularisant Norman de Norman fait des vidéos au poste de demi d’ouverture. On ne sait pas trop ce qu’il vaut en matière de rugby, mais les jeunes l’aiment bien alors après tout, pourquoi pas. Au pire, son échec permettra le 783ème retour en sélection de Frédéric Michalak, qui est un peu le Freddy Krueger de l’Ovalie : il revient toujours et à chaque fois le film est toujours plus lamentable.

Pour le reste, c’est du classique, en dehors de la présence controversée d’Alexandre Flanquart au poste de seconde ligne. Flanquart, c’est un jeune homme au physique agréable et présentant la particularité de savoir lire, ce qui le rend à mon avis indigne de revêtir un maillot qui a été auparavant porté par Thibaut Privat. Enfin je suppose que ça aussi, c’est l’évolution du rugby… à ce rythme-là, vous verrez qu’on finira par voir des centres faisant des passes.

 

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Regarde Jules, grâce à cette Delorean nous allons pouvoir remonter en 2002, à l’époque où le Stade Français avait 5 sélectionnés en Equipe de France !

 

L’ennemi :

Comme on peut s’y attendre de la part d’un homme qui porte une coupe de cheveux militaire depuis bientôt 20 ans, Stuart Lancaster est un homme qui apprécie la stabilité. Depuis son arrivée à la tête du XV de la Rose, il a imposé son équipe type, qu’il a assez peu modifiée au cours des saisons. Mais en raison d’une épidémie de Benjaminfallite foudroyante et de la méforme de certains joueurs, ce bon vieux Stuart s’est retrouvé obligé de proposer une équipe assez expérimentale, notamment derrière une paire de centres inédite et la titularisation de trois débutants, Luther Burrell, Jonny May et Jack Nowell.

Devant, le meilleur pilier du pays, Alex Corbisiero (jusqu’à hier, Pastigo pensait qu’il était argentin) est absent et pour le remplacer Joe Marler, qui devra prouver qu’il est plus qu’un formidable joueur de diabolo à la fête de l’Huma. La charnière Care – Farrell n’est pas non plus extrêmement rodée, notre tête à claques favorite ayant le plus souvent joué en compagnie de Lee Dickson ou Ben Youngs, pendant que le brave Danny tentait de préserver sa virginité anale dans les cellules de dégrisement de la banlieue de Londres. Cette équipe a du talent, certes, mais elle semble inexpérimentée et prenable. C’est donc assez logiquement qu’elle va nous donner une leçon de rugby pendant 1h.

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L’Anglais peut également être séducteur. Ici, Chris Robshaw tentant d’imiter Mike Phillips tentant d’imiter Derek Zoolander. 

 

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Le film du match :

Je ne sais pas si certains d’entre vous sont familiers avec le concept de la routourne cher à nos amis footballeurs, mais s’il existe vraiment, ce qui est sûr c’est que les Anglais se le sont pris en plein dans la gueule pendant 20 minutes samedi dernier. Après un an et demi d’en-avant à 2 centimètres de l’en-but, d’essais refusés à la vidéo, de 2 contre 1 joués par Vincent Debaty, bref après un an et demi de tartine qui tombe toujours du côté de la confiture, la chance a enfin souri à nos Bleus qui en l’espace de 20 minutes ont marqué des essais tellement chatteux qu’on aurait presque cru que c’est Ouin-Ouin qui contrôlait les rebonds du ballon avec une petite télécommande depuis les tribunes. Cela dit, quand on sait que le XV de France a découvert l’utilisation des GPS 5 ans après l’équipe nationale de Géorgie, il y a peu de chance que ce soit le cas.

Et comme un symbole ©, l’homme à la conclusion de ces deux essais n’est nul autre que Yoann Huget, cet anti-Vincent Clerc ultime, le genre de mec capable de faire des percées de 80 mètres et de lâcher le ballon dans l’en-but, juste pour l’amour de la lose. Deux essais chanceux, d’autant plus qu’ils sont entrecoupés par une grosse séquence de jeu anglaise dans nos 22. Mais ils viennent tout de même d’une entame stratégiquement réussie des Bleus : le trident arrière anglais est à la rue et Jules Plisson en profite allègrement en distillant des coups de pied judicieux dans le fond du terrain. On entend alors déjà Mathieu Lartot s’extasier devant ce nouveau « Grandisse » au physique improbable, qui réussit l’exploit de faire 40 kilos et d’avoir quand même un double menton. Notre nouveau wonderboy passe même près d’offrir le troisième essai à Maxime Médard, qui malheureusement était en pause clope le long de la ligne de touche à ce moment-là.

Quand le Français se retrouve devant un problème, que fait-il ? Il continue à faire toujours la même chose, car il est souvent un peu con. Ce qui est chiant avec l’Anglais c’est que lui est capable de s’adapter en cours de partie. Après avoir réglé son petit souci de couverture défensive, le XV de la Rose va alors reprendre petit à petit le contrôle de la partie. Ce que font les Anglais n’est pas révolutionnaire, mais ils le font bien : des sorties de balles rapides, des lancements de jeu fluides, des joueurs qui avancent à l’impact – on croyait pourtant pouvoir dominer physiquement nos adversaires, comme cela avait été le cas lors des rencontres franco-anglaises de H Cup cette saison. Mais de toute évidence, la présence de 23 joueurs JIFF sur la feuille de match nuit beaucoup au rendement de notre XV de France.

 

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« C’est vrai que les Anglais ont réagi, mais la vitesse de concrétisation des Français a été beaucoup plus rapide ».

Toi aussi raconte n’importe quoi à la télé en profitant du fait que 99% de la population ne comprend de toute façon rien à ce sport.

La France aura donc à peu près bien joué pendant 20 minutes : c’est certes peu mais c’est déjà plus que pendant l’intégralité du Tournoi 2013. Les Anglais monopolisent le ballon et se rapprochent fatalement de notre en-but. Enflammé par son début de match, Yannick Nyanga tente de vérifier s’il a gagné un niveau et acquis la compétence « cape d’invisibilité » chère à Richie McCaw, en s’étalant en plein milieu d’un ruck pour empêcher Danny Care de sortir le ballon. Malheureusement, la réponse est non. Le demi de mêlée des Harlequins, ce petit club méconnu, fait alors preuve d’audace en jouant vite la pénalité. Quelques secondes et une montée en pointe ridicule de Louis Picamoles plus tard, et Mike Brown hérite du ballon pour aller marquer après avoir facilement effacé Yoann Huget. Owen Farrell rate ensuite un drop pour bien rappeler à tout le monde qu’il est plus proche du nouveau Andy Goode que du nouveau Jonny Wilkinson, et la mi-temps est sifflée sur le score de 16 à 8.

Un avantage qui ne tiendra pas bien longtemps puisque dès le retour des vestiaires, les Anglais investissent à nouveau nos 22 mètres. Care s’échappe au ras d’un regroupement et aplatit avant la ligne. N’étant pas un joueur du Stade Toulousain, l’essai lui est logiquement refusé. Farrell réduit néanmoins le score sur pénalité, et quelques minutes plus tard, Luther Burrell franchit cette fois bien la ligne, après un bon travail de Billy Vunipola et une nouvelle montée biarrote de la défense française. Cramés, les Français ne réagissent pas. Care continue son one man show et tape un petit drop de pute sur un avantage successif à une nouvelle faute de Nyanga. Ça fait 21 à 16 et un beau 18 à 0 pour les Anglais en deuxième période.

 

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 Pour vous remercier d’avoir lu jusqu’ici, nous vous offrons cette image rare et quasiment introuvable sur le net. Oui, c’est bien ce que vous croyez. 

 

Les Bleus n’avancent plus, ils ne touchent plus un ballon, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’il y a déjà eu plus de temps de jeu effectif dans ce match qu’en une demi-saison de Top 14. Heureusement, il nous reste notre arme fatale : les en-avant. Ceux-ci nous permettent en effet de récupérer des mêlées, seul secteur où l’on domine nos adversaires, et donc de rester à peu près dans le match grâce à deux pénalités de Doussain et Machenaud. Les Anglais ont pourtant plusieurs occasions de tuer le match, mais ils préfèrent les vendanger magnifiquement, comme lors de cette touche à 5 mètres de la ligne où Tom Youngs se prend pour Tolofua en envoyant un missile sur la Corée du Nord. Si on ajoute à cela le fait que Stuart Lancaster décide subitement de sortir son meilleur joueur et son stratège à 20 minutes de la fin du match, on commence à se dire que les supporters anglais devraient troquer leur « Swing low, sweet chariot » (d’ailleurs sifflé par un public du Stade de France toujours aussi con) par un beau « Ici, ici, c’est Montferrand ».

La suite vous la connaissez. La pelouse du Stade de France va connaître un moment terrible, plus terrible encore qu’un concert d’Indochine, avec ce hold-up français et cette victoire arrachée sur un essai de 80 mètres. Dimitri Szarzewski va ainsi devenir le premier joueur français depuis Philippe Sella à parvenir à jouer un surnombre correctement, avant que Gaël Fickou n’enclenche le mode “bullet time” pour mettre une feinte de passe au ralenti à Alex Goode – on suppose que jeter un bâton sur la piste d’athlé aurait également suffi à détourner son attention. Au final, la France l’emporte donc sur le fil, 26 à 24. La presse s’enflamme et parle déjà de Grand Chelem, puisque c’est bien connu, les Gallois et les Irlandais sont des tocards, et il est parfaitement impossible que l’on puisse perdre contre une équipe aussi faible que l’Italie.

 

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 Nouvelle image rare et quasiment introuvable : Maxime Médard sur un terrain de rugby, en train de faire semblant d’être utile. 

 

La Ouin-Ouin’s army :

La première ligne a fait son boulot habituel : Thomas Domingo a tordu son vis à vis, Nicolas Mas a rappelé qu’il était un grand espoir susceptible de vite devenir titulaire à Montpellier et Benjamin Kayser a été solide en touche même s’il n’a avancé sur aucune de ses charges, mais il a une bonne tronche et c’est un bon gars alors on ne lui reprochera pas. Szarzewski a peut-être réussi son meilleur match en Bleu depuis 2006, ce qui veut probablement dire qu’il sera titulaire au prochain et qu’il le loupera complètement. Slimani et Forestier ont également aussuré sur leur rentrée, permettant de décrocher une pénalité précieuse. 

Pascal Papé a fait du Pascal Papé en pourrissant tout ce qu’il touche, y compris les ballons de son équipe. Flanquart a été assez déroutant avec son profil de « seconde ligne mobile », qui lui a notamment permis de sauver un essai. Mais il n’a donné de coups de poing à personne et n’a fait aucune faute stupide, ce qui peut donc légitimement être considéré comme une déception par rapport aux standards imposés par Yoann Maestri.

Bernard le Roux a plaqué à tour de bras pendant 40 minutes, tout en prenant soin d’éviter de toucher le ballon – sans doute par peur qu’il explose ou quelque chose comme ça, il faut dire qu’au Racing il n’a pas l’habitude d’en voir beaucoup. Remplacé par Antoine Burban, qui était chauve. Yannick Nyanga a été omniprésent, en attaque comme en défense, même s’il a coûté 10 points avec deux fautes stupides. Une performance vraiment encourageante pour ce joueur qui devrait malgré tout retrouver le banc, en club comme en sélection, après le retour de blessure des références mondiales que sont Fulgence Ouedraogo et Grégory Lamboley.

Louis Picamoles a globalement été dominé par Billy Vunipola, qu’il avait pourtant mangé il y a quelques semaines lors du match entre Toulouse et les Saracens. Notre Picachu national a quand même (un peu) avancé sur quelques charges et il a même tenté des passes après-contact, mais il semble tout de même loin de son niveau de l’année dernière, même s’il ne faudrait sans doute pas le dire de peur de déclencher l’ire du lobby toulousain et de tous les Jean-Michel Franchouillard qui pensent qu’il est meilleur que Kieran Read.

Jean-Marc Doussain est un joueur mutant, perdu quelque part entre le demi de mêlée, le demi d’ouverture et le champion d’haltérophilie. Il mesure 1 mètre cube, ne ressemble pas à grand chose mais est capable de renverser un pilier. C’est spectaculaire mais on préférerait quand même qu’il s’occupe de sortir les ballons : plusieurs fois, il était absent pour le faire. Au niveau de la célérité et de l’inspiration, il a souffert de la comparaison avec Danny Care. Machenaud a apporté un peu plus de tranchant sur sa rentrée, bien aidé par le contexte, même si l’on relèvera de très beaux moments d’intelligence situationnelle lorsqu’il décide de rendre les ballon aux anglais DEUX FOIS entre la 78ème et la 80ème. On en vient finalement à regretter ce bon vieux Morgan Parra. Morgan, c’est comme cette ex qu’on arrive jamais à oublier : elle était chiante, elle était conne, mais on a beau en avoir testé plein d’autres depuis, on a jamais vraiment trouvé mieux.

Jules Plisson a été bon pendant 20 minutes, quand il s’est appliqué à faire ce qu’on lui demandait de faire avec sérieux. Il s’est un peu perdu par la suite. Il a tenté de jouer proche de la ligne, comme il le fait avec succès en club, mais la très agressive défense anglaise ne le permettait pas vraiment. Son jeu au pied en seconde mi-temps n’a pas servi à grand chose d’autre qu’à se débarrasser du ballon.

Fofana – Bastareaud : C’est une bonne idée d’associer un mec qui court très vite avec un gros bourrin. Seulement quand ils sont constamment servis à l’arrêt, ils deviennent vite assez inutiles. Globalement, les deux paires de centres se sont neutralisées sur ce match. Gaël Fickou a fait une belle rentrée et beaucoup feront sans doute de lui le sauveur du rugby français, nonobstant le fait que malgré son grand potentiel, il est encore un peu vert et assez moyen à Toulouse, où il s’est fait piquer sa place par la paire de centres Clément Poitrenaud – Yann David. Oui, vous avez bien lu, Yann David.

 

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Gaël Fickou, le Pépito Elhorga blanc.

 

Yoann Huget a comme d’habitude été très présent en attaque, où son envie débordante et son style de labrador épileptique apportent un peu de panache à la ligne de trois-quarts. Si ses essais sont chanceux, il dépose quand même Alex Goode de belle façon sur le deuxième. Dommage qu’il soit un peu moins concerné par les tâches défensives. Maxime Médard est un joueur rare. Pendant la majeure partie du match, il peut être totalement transparent. Et là quand l’adversaire s’y attend le moins, il s’empare du ballon et… rien.

Brice Dulin est toujours aussi solide dans tout ce qu’il fait, sans se montrer particulièrement brillant sur ce match. Notez qu’à chaque fois qu’il effectue une réception Fabien Galthié hurle « Oh, il les aime ces ballons ! ». Et le plus souvent, il tape une chandelle derrière.

 

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 Coupable d’avoir marqué des essais pour l’équipe de France, Yoann Huget a été puni en étant obligé de participer à Stade 2. 

 

Le bilan :

Décidément, le XV de France de Ouin-Ouin nous aura fait connaître tout un panel d’émotions inattendues. Aujourd’hui, il nous en offre même une tout à fait inédite : la honte d’avoir battu les Anglais. Bon, faut pas déconner non plus : ça fait quand même sacrément du bien, et on a tellement perdu de matchs où on a été bons contre les Anglais qu’on peut parfaitement trouver ça jouissif de les avoir entubés de la sorte. Mais en revoyant le match, l’évidence saute aux yeux : on s’est largement fait bouffer par une équipe de 25 ans de moyenne d’âge. Une équipe qui était venue gagner au Stade de France en 2012, et qui aurait logiquement dû remettre ça samedi dernier avec un peu plus de bouteille. Une équipe qui va grandir, et qui va voir la génération des champions du Monde des -20 ans arriver en renfort. Autant dire qu’il y a de quoi flipper pour les années à venir.

De notre côté, le contenu a été pauvre, voire très pauvre, on peut même parler de nette régression par rapport aux matchs plutôt honorables de la dernière tournée d’automne. Même lors des trois branlées contre les All Blacks cet été, il y avait plus de consistance et plus de séquences intéressantes que sur ce match, qui était un vrai très gros match au niveau de l’intensité et du rythme. Il n’y a donc vraiment pas de quoi se la péter et on espère que Ouin-Ouin et son staff en seront bien conscients, ce dont on doute un peu après l’avoir vu fanfaronner en conférence de presse.

Reste que cette victoire fera au moins du bien au moral des troupes après une année bien pourrie. Dans le Tournoi, tout est souvent une question de dynamique, et gagner un gros match d’entrée de jeu pourrait permettre aux Bleus de se lancer et surtout de se lâcher un peu plus. Elle pourrait aussi permettre de totalement nous planter contre les Italiens dès dimanche : c’est aussi ça, le French Flair.

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 Au moins à la réception d’après-match, Pascal Papé a pu réaliser son rêve en rencontrant l’actrice principale du Fabuleux destin de Raphaël Poulain. 

France — Nouvelle-Zélande : L’analyse

Pas de quoi être fier. De nos vannes.

 

Par Pierre Villegueux,
Qui a apparemment changé d’avis, donc.

 

Le contexte :

Un match France – Nouvelle-Zélande, ce n’est jamais un match comme les autres. Parce que c’est les All Blacks. Parce qu’on se souvient tous des matchs de légende de la Coupe du monde 87, 99, 2007 et 2011. Mais aussi et surtout, parce que la plupart des abrutis opportunistes qui ne s’intéressent au rugby qu’une fois par an seront présents, devant leur télé ou dans les loges du Stade de France, pour faire chier leur monde. Il faut s’y faire, le rugby est à la mode, comme les lamas, les cupcakes ou Stromae. Cette excitation médiatique amplifiée génère évidemment bien des désagréments, comme le fait de devoir supporter les analyses des nombreux spécialistes improvisés pour l’évènement, ou de voir l’humoriste Christophe Barbier mimer le haka dans ses sketchs vidéos sur le site de l’Express. Mais rassurez-vous, tout cela devrait vite se calmer, du moins jusqu’à la Coupe du monde 2015 et le retour du prophète Christian Jeanpierre.

Christophe Barbier, un personnage que même Ricky Gervais n’aurait pas osé l’inventer.

 

Pour le XV de France, ce match est également particulier. La Ouin-Ouin’s army reste sur trois défaites consécutives face aux Blacks cet été. La saison des Bleus nous a tellement donné envie de nous foutre en l’air (7 défaites, 1 victoire) qu’elle pourrait presque devenir le sujet unique du prochain double-album de Benjamin Biolay. Les Français ont donc plus que jamais besoin d’une victoire, et pas d’une victoire de merde si possible, pour enrayer la sinistrose. Battre les Blacks reboosterait définitivement le moral des troupes, ferait temporairement oublier la finale 2011 et laisserait croire à tout le pays qu’on est devenus champions du monde. Ça ne durerait que l’espace d’une semaine et ne nous empêcherait pas de nous planter royalement lors du prochain VI Nations, mais on s’en branle parce que putain, ça ferait du bien quand même ! Cela tombe bien puisque le mois de novembre est généralement le meilleur moment pour prendre les équipes de l’hémisphère sud, en fin de saison et en mode tourisme. Les All Blacks sont certes invaincus depuis 13 matchs, mais on se rappelle tous qu’ils se sont remarquablement fait tordre à Twickenham contre l’Angleterre à la même période il y a un an. Les Blacks sont prenables. On peut donc croire à un nouvel exploit sans lendemain du rugby français !

 

Les équipes :

— Les All Blacks.

Comme à chaque match opposant les All Blacks à la France dans l’Hexagone, le trophée Gallaher est en jeu, du nom de Dave Gallaher, un aviateur néo-zélandais décédé alors qu’il tentait de rejoindre la France pour signer au RC Toulon. Un trophée dont on se fout pas mal à vrai dire, et les All Blacks les premiers, puisque comme chaque année ils sont avant tout venus en Europe pour faire de la publicité à la divinité des Maoris (un certain Adidas, cherchez sur Wikipedia) et se prendre en photo devant la Tour Eiffel. Et puisqu’on parle de Tour Eiffel, signalons d’ailleurs que le demi de mêlée arborant un faciès de vendeur à la sauvette de porte-clefs, Piri Weepu, ne sera pas de la partie pour cette tournée. Incontestablement une déception pour tous les amoureux de la danse, qui pourront tout de même se consoler en regardant l’émission proposée par TF1 à la même heure que ce Test Match. Autre absence notable, celle de Conrad Smith, alias le meilleur centre du monde qui a le malheur d’avoir la même tête que ton voisin de palier et pas celle d’un chanteur de Boys Band comme Dan Williams ou Sonny Bill Carter. Du coup personne ne parle jamais de lui, et presque personne ne remarquera son absence ce soir. C’est un autre Smith, Ben, habituellement ailier ou arrière, qui prend sa place.

Julian Savea, le dernier mec en date à avoir hérité du surnom de nouveau Lomu, est quant à lui malade (rassurez-vous ses reins vont bien) et cède donc sa place à Charles Piutau, « un joueur que l’on connait peu » selon Fabien Galthié. Un aveu qui nous révèle que l’entraîneur du MHR n’y connait rien au Super Rugby et qu’il a sans doute recruté René Ranger après avoir maté une compilation de ses plus beaux tampons sur Youtube. A l’occasion, on lui filera l’adresse de Sudrugby.com.

 

— Le XV de France.

 

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Si du côté des All Blacks on jouera donc avec 4 ailiers, en France on a décidé d’aligner 4 troisièmes lignes en titularisant Dusautoir, Lauret, Chouly et Fritz. Tactique judicieuse : avant de penser au French Flair et à toutes ces conneries, assurons-nous au moins de ne pas prendre 60 points. Mais nos Bleus seront malheureusement affaiblis par les absences de Thomas Domingo, le meilleur pilier gauche du monde du Top 14, et de Louis Picamoles, le meilleur troisième ligne centre du monde du Stade Toulousain.

Pour remplacer le Clermontois, Ouin-Ouin a fait appel à Yannick Forestier, le seul homme au monde (avec Brock James) qui trouve que c’est cool de porter des mitaines sur un terrain de rugby. Il faut le comprendre, le premier album de Michael Jackson vient à peine de sortir à l’Intermarché de Castres, il s’agit sans doute d’un hommage. En N°8, l’heureux élu qui va gagner le droit de se faire insulter par toute la France parce qu’il n’arrive pas à avancer avec 12 joueurs sur le dos, est un certain Pete Chouly, un joueur qui s’est fait connaître en gagnant une finale avec Perpignan, avant de partir pour Clermont pour en perdre beaucoup d’autres.

Si le pack souffre donc de quelques absences, derrière, la meilleure équipe possible est alignée. Morgan Parra s’est rêvé une carrière à la Sonny Bill Williams et s’est lancé dans la boxe. La FFR s’est montrée clémente avec lui et lui a donné blanc-seing pour exercer les deux disciplines en toute quiétude. Clémente, la Fédération l’a également été avec Brice Dulin, autorisé à disputer un match international malgré le fait qu’il ait fêté ses 12 ans en avril dernier. Son coéquipier aveyronnais Rémi Talès, est quant à lui une sorte de François Hollande de l’ouverture : on n’était pas franchement convaincus quand on l’a choisi, mais on avait l’impression que c’était quand même lui le moins pire. Reste à savoir s’il sera aussi rapide à nous faire changer d’avis.

Au centre on retrouve Florian Fritz. Comme pour Pascal Papé, on n’est pas bien certains que ce type soit réellement un joueur de rugby, mais face aux Blacks on ne sait que trop bien qu’il est inenvisageable de partir à la guerre sans un minimum de psychopathes sadiques dans nos rangs. Aux ailes, on retrouve logiquement Yoann Huget et Maxime Médard. Oui, ça fait un peu peur à dire mais Huget et Médard incarnent actuellement ce qui se fait de mieux au poste d’ailier en France. Bon, il y a aussi Sofiane Guitoune, mais comme Rabah Slimani était déjà sur la feuille de match, Ouin-Ouin a préféré être prudent et suivre les conseils du sage Brice Hortefeux : « Quand il y en a un ça va, c’est quand il y en a plusieurs qu’il y a des problèmes ».

Puisqu’on parle d’Auvergnats, Wesley Fofana, que je n’avais pas encore mentionné, sera bien sûr présent au centre de l’attaque française. On se demande parfois un peu ce qu’il fout là d’ailleurs. C’est pas qu’il n’est pas au niveau hein. Bien au contraire : quand on le voit jouer, on se dit que Dieu a dû foirer un truc quelque part, se gourer d’adresse de livraison, perdre un colis en route. Ce mec aurait probablement dû naître à Auckland, Otago ou Wellington et devenir un All Blacks. Au lieu de ça, il a été parachuté dans le trou du cul du monde, à Clermont, et se retrouve condamné à faire des passes à Aurélien Rougerie et à Florian Fritz. Enfin plutôt à ne pas leur en faire, d’ailleurs. Mais à ce niveau là on ne sait pas bien s’il s’agit d’individualisme ou de clairvoyance.

TitiMcCaw

— Salut loser !
— Ah ! Ça faisait un bail, enculé de ta race.

Les retrouvailles entre Richie McCaw et Thierry Dusautoir sont toujours très chaleureuses.

 

L’arbitre : Jaco Peyper

Outre le fait que ce mec porte le nom le plus gay du monde, nous avons là un spécimen d’arbitre particulièrement intelligent. Ayant parfaitement compris que les règles du rugby sont de toute façon stupides, il a décidé de ne pratiquement jamais arbitrer les phases de jeu au sol. Face aux All Blacks, il y a de quoi avoir peur. Mais on ne tardera pas à se rendre compte que les Bleus profiteront aussi de sa grande tolérance.

 

Le haka :

Après l’hymne néo-zélandais, qui nous permet de vivre le frisson de Noël dès le mois de novembre, et une belle Marseillaise – par les temps qui courent, il est bon de rappeler que ce chant n’est pas exclusivement réservé aux gros cons – c’est l’heure du fameux haka. Il faut savoir une chose, c’est qu’il y a deux sortes de haka. D’abord le gentil haka, le Ka maté, celui qui ressemble à la chanson du générique de Koh Lanta, avec une chorégraphie un peu ringarde mais bon enfant, parfaite pour un tube de l’été chanté par un éphémère groupe de joueurs de ukulélé en pagnes. Puis il y a le haka méchant, le Kapa o Pongo, celui qui signifie « On va vous démonter la gueule, violer vos femmes et brûler votre putain de stade ». Ce dernier est généralement réservé aux adversaires que les Néo-Zélandais détestent, donc presque exclusivement la France et l’Afrique du Sud, en fait. Pas de bol, ce soir nous avons encore eu le droit à la version interdite aux moins de 16 ans. Nos joueurs peuvent donc d’ores et déjà se munir de protections adéquates.

Le haka, Sébastien Vahaaminaha trouve ça mignon. Ça lui a rappelé le spectacle de maternelle de sa petite cousine.

 

Le match :

Le match débute sur les chapeaux de roues côté français, avec un dégagement de Rémi Talès tellement réussi que j’ai cru un instant qu’il s’agissait de Julien Malzieu au poste de demi d’ouverture. Flippant, ce début de match l’est définitivement puisque si Fofana colle une belle cartouche à Carter, Ma’a Nonu trouve l’intervalle quelques secondes plus tard après un événement qui arrive au moins aussi régulièrement qu’une victoire du Biarritz Olympique : un plaquage raté de Florian Fritz. Le ballon s’envole vers le large et Messam décale Jane d’une belle passe sur un pas. Heureusement, Maxime Médard réussit à le pousser en touche avant qu’il ne puisse aplatir en coin. Une belle revanche pour le Toulousain qui avait un souvenir plutôt douloureux de sa précédente rencontre avec l’ailier des Blacks.

Quelques minutes plus tard, c’est Morgan Parra qui nous offre sa spéciale, le « coup de pied dans la boite inutile en plein milieu du terrain ». Faire ça avec les Néo-Zélandais, c’est un peu comme agiter un Big Mac devant le nez de Mathieu Bastareaud : faudra pas venir te plaindre après si tu t’es fait bouffer la main. Heureusement, aujourd’hui, les Blacks n’ont pas l’air particulièrement en jambes et malgré ce début de match fébrile, les Bleus se remettent dans le sens de la marche rapidement, notamment grâce à un tampon de Fritz qui fait exploser Israel Dagg. Les Bleus obtiennent même une première pénalité, que Morgan Parra tente des 50 mètres, pour rappeler aux supporters toulonnais le bon souvenir de la demi-finale de Top 14 2011. Évidemment, c’est complètement raté. Cette pénalité, Julien Caminati l’aurait réussie, au passage. Après, je voudrais pas faire croire que la Boucherie fait du lobbying pour sa sélection (ça risquerait de le griller encore plus qu’il ne l’est déjà).

Parra se rattrape néanmoins en tentant et en réussissant une pénalité plus à sa portée quelque secondes plus tard. Le public du Stade de France, en bon connaisseur, se met à chanter « Et 1, et 2, et 3-0 ! ». Une timide ola part même dans les tribunes à l’initiative de Christian Jeanpierre, pour fêter cette victoire écrasante du XV de France. Malheureusement, pendant ce temps, un match de rugby suit son cours et les All Blacks ne tardent pas à égaliser. Les Tout-Blancs d’un soir tentent de mettre de la vitesse, mais les Bleus défendent bien, à l’image de Lauret, Dusautoir, Fritz et Fofana qui plaquent à tour de bras. Carter donne l’avantage aux siens sur pénalité après une faute sifflée contre Forestier en mêlée. Mais en bon Français, le Castrais retiendra bien la leçon et trouvera ensuite comment bien tricher pour prendre définitivement le dessus sur Owen Franks.

Les Français tentent à leur tour d’attaquer et nous offrent un beau mouvement au large avec Dulin et Lauret. Ce dernier nous prouve ainsi qu’il est définitivement le nouveau Thierry Dusautoir, y compris au niveau des mains, en tentant une passe après-contact improbable. Le chassé-croisé continue : Parra égalise, Carter redonne l’avantage aux Blacks, puis Parra re-égalise. Petit à petit, les Tricolores prennent le dessus au niveau de la possession et parviennent à enchaîner les temps de jeu. Ils se mettent même à squatter les 22. Talès part à l’abordage et attaque la ligne comme un François Trinh-Duc sous LSD. Ses coéquipiers ne sont pas en reste, mais les vagues bleues viennent s’écraser sur un mur blanc. Malheureusement, toute cette bonne volonté ne se traduit pas en essai. Ni même en pénalité, puisque Morgan Parra rate une pénalité pourtant plutôt facile. Cette belle première mi-temps (de l’engagement, des gros plaquages, tout ce qu’on aime) se termine finalement sur le score de 9-9, et ça n’aurait pas été un scandale de voir les Bleus mener au tableau d’affichage.

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 Le Stade de France, désormais muni d’une « tribune Thierry Roland », rend hommage à l’ex-commentateur de TF1 en affirmant que rien ne ressemble plus à un Fidjien qu’un autre Fidjien.

 

Le XV de France ressort encore des vestiaires avec « des intentions » et cette fois Parra ne manque pas l’occasion de redonner l’avantage aux siens. Mais Carter égalise à 12 partout quelques secondes plus tard. Décidément ces saloperies de All Blacks réussissent à marquer dès qu’ils viennent s’incruster chez nous. Frustrant. Et le pire est encore à venir. Après une chandelle foireuse de Dulin, Ben Smith tape à suivre au fond du terrain. Yoann Huget, le meilleur ailier français, se fait fumer comme une pucelle au sprint par Charles Piutau, le 4ème ailier néo-zélandais. Comme la vie est une pute, un rebond favorable élimine Parra, qui couvrait le fond du terrain, et Piutau s’empare du ballon pour marquer un essai aussi opportuniste qu’une déclaration de Jean-François Copé sur le mariage pour tous. Sur le ralenti, on s’aperçoit que le joueur des Blues est parti devant le coup de pied de Smith, et donc que l’essai n’est probablement pas valable. Assez anecdotique puisque cette action nous démontre ce qu’on savait déjà : en un coup d’accélérateur, les Blacks peuvent nous planter un essai en trottinant.

C’est le début d’une mauvaise passe pour la Ouin-Ouin’s army, qui commence à être sévèrement dominée. Piutau passe à deux doigts de marquer un doublé après une passe au pied de Nonu sur l’aile. Ben Smith trouve l’intervalle mais se fait arrêter in extremis par Talès. Ça chauffe de plus en plus, et sur une attaque au large, Yoann Huget se fait aspirer par Piutau – ça lui changera de ses groupies habituelles – qui réussit à passer au contact à Kieran Read d’une jolie chistera. Une erreur un peu bête puisque le nouveau joueur favori de Fabien Galthié avait déjà Dusautoir sur le dos. Read s’en va ainsi tranquillement dans l’en-but, sans opposition. 12-26. Habituellement, c’est le moment où le XV de France enfile sa combinaison en cuir, se recroqueville en position fœtale et implore les Néo-Zélandais de le fouetter avec une cravache. On aurait pu redouter la branlée, mais non, pas cette fois. Les Bleus réagissent immédiatement et vont de nouveau squatter les 22 adverses. Médard s’infiltre dans un espace aussi étroit que l’esprit de Jacques Verdier et passe à deux doigts d’aplatir. Finalement, le ballon ressort au large. Fickou rend alors hommage à son coéquipier toulousain Fritz en négligeant un 3 contre 2. Mais il se rattrape avec classe en passant au contact pour Talès, qui envoie ensuite (enfin) Dulin dans l’en-but. 19-26.

Portés par leur élan et par un public du Stade de France qui se rappelle que quitte à avoir payé des places à 80 euros, autant crier un peu, les Français mettent la gomme pour aller chercher le nul qui ferait d’eux des champions du monde d’un soir. Fofana casse encore des plaquages et transperce le premier rideau des Blacks. Debaty renverse Crotty comme une poussette vide et se rapproche de la ligne. On part sur un ballon porté. Impatient, Chouly s’empare du ballon, peut-être un peu trop tôt, et se jette dans l’en-but. Il ne parvient pas à aplatir. Mêlée. Devant sa télé, Guy Novès hurle « Faites entrer De Pénalité ! ». Oui bon, avec Debaty on part de loin quand même. Les attaques prévisibles s’enchaînent et ça ne passe toujours pas. Nouvelle mêlée. C’est le moment de faire un truc totalement fou, inattendu, pour surprendre les Néo-Zélandais. Pete Chouly se porte volontaire pour nous offrir ce morceau de French Flair tant attendu, et décide de talonner le ballon à la main. C’est vrai que celle-là, personne l’avait vue venir. A force de traîner avec Jean-Pierre Perez et Julien Bardy, il fallait s’y attendre, le pauvre a le cerveau complètement pété. L’arbitre siffle et rend le ballon à Cruden, qui botte en touche. Fin du match.
C’est tout le talent du rugby français : on arrive encore à trouver des manières toujours plus ridicules de perdre.

On se console comme on peut avec les deux plus belles actions de la soirée. 

 

Les perdants magnifiques :

Belle performance des piliers. Nicolas Mas est en vacances à Montpellier et a donc eu suffisamment d’énergie pour prouver qu’il est toujours le meilleur droitier de France. Forestier a triché comme un cochon mais quand c’est bien fait, c’est bien fait. Slimani a fait une belle rentrée en dominant son adversaire en mêlée, et Debaty a amené sa puissance comme prévu.

Kayser : Il est tellement propre qu’il est probablement sorti de l’utérus de sa mère parfaitement coiffé et en sentant la lavande. S’il est irréprochable sur les lancers, il pèse par contre moins dans le jeu. Tout le contraire de Dimitri Szarzewski, ce Jean-Pierre François sous stéroïdes avec un accent de cagole, qui a réussi à foirer le peu de touches qu’il a eues à jouer, malgré une belle performance et beaucoup d’énergie dans le jeu.

Pascal Papé n’a pas pris de carton, ce qui peut être considéré comme décevant de sa part. Sinon, gros match dans le combat. Des cons comme lui, on en a pas beaucoup et on en a besoin. En comparaison, Maestri est apparu un peu plus timide, à l’image de son début de saison à Toulouse. Vahaaminahahahaha a fait une belle rentrée en volant un ballon au sol et en apportant sa puissance. On a hâte de le voir découper du Tongien.

La Ligue des experts du ballon ovale qui ne regardent que Jour de Rugby et les matchs de Toulon, Toulouse et Clermont s’était indignée de la titularisation de Wenceslas Lauret. Comment leur en vouloir de ne pas savoir que ce mec est une machine ? Pour ça il aurait fallu regarder les matchs de Biarritz et du Racing. C’est vrai qu’à ce niveau-là, on est à la croisée des chemins entre la passion et la violente pulsion autodestructrice. Mises à part les quelques fautes de main, un très gros match. Face à son clone en plus jeune et en plus frais, Dusautoir a paru moins impressionnant qu’à l’accoutumée, mais a tout de même sorti un gros match, au plaquage et dans les rucks. Yannick Nyanga a également été comme à son habitude excellent, exemplaire, infatigable. Devant sa télé.

Chouly a le malheur de ne pas être Louis Picamoles et il a joué tout le match comme s’il savait déjà qu’on allait le lui reprocher. Il a été présent au soutien, utile en touche, mais s’est montré assez peu à l’aise dans le registre qu’il maîtrise si bien habituellement (une réception de chandelle loupée, une autre ponctuée par une passe directement dans les bras de McCaw). On aurait pu totalement s’en foutre s’il avait réussi à marquer après la charge de Debaty. Malheureusement il ne l’a pas fait, juste avant de nous offrir un grand moment de comique involontaire sur ce dernier ballon talonné à la main. Pas un grand match donc, mais il ne mérite pas non plus d’en prendre plein la gueule.

Parra ne branle rien à Clermont. Mais quand il s’agit d’aller à la guerre, difficile de trouver meilleur général. Il a fait les bons choix dans le jeu et a été moins lent que ce que ses détracteurs veulent bien faire croire. Comme quoi, ça semble lui réussir de se faire insulter par la moitié de l’Ovalie avant un match. Rémi Talès s’en est bien sorti en N°10, surtout lorsqu’il cherchait à attaquer la ligne et à faire jouer derrière lui (4 passes après-contact, soit plus que tous les Bleus réunis sur la dernière année). Grosse défense, aussi. Petit bémol sur le jeu au pied, mais on mettra ça sur le compte de la pression, sachant qu’il gère plutôt bien ce secteur au CO.

La paire de centres Fritz – Fofana a plaqué comme des Samoans enragés et passé le ballon comme des Géorgiens amputés. Mention spéciale pour Fofana qui a cassé moult plaquages et a beaucoup avancé. Médard n’a pas eu grand chose à faire, mais il a été présent sous les renvois et a essayé d’apporter quelque chose et de se battre sur chaque ballon. On ne peut pas reprocher à Yoann Huget de courir moins vite qu’un Néo-Zélandais, n’importe quel JIFF errant aurait été au moins aussi ridicule que lui sur l’essai de Piutau. Sur le deuxième, il fait par contre une erreur de débutant. En attaque, il n’a pas vraiment réussi à être tranchant et à gagner ses duels malgré toute sa bonne volonté. Enfin Dulin a été solide à l’arrière et résiste étonnamment bien au plaquage malgré son physique de figurant dans les Choristes. Là aussi, bémol sur le jeu au pied assez moyen et à l’origine du premier essai. A noter aussi, un magnifique en-avant sans pression en plein milieu du terrain.

HugetBlack

Pour Yoann Huget, le retour en RER B a été particulièrement douloureux. 

 

Les vice-champions du monde 2011 :

Le week-end raconté par Dan Carter.

La Tour Eiffel : 10/10
Un classique indémodable ! J’adore.

L’Arche du triomphe : 7/10
Sympa mais trop de Roumains sur les Champs Elysées. Cruden s’est d’ailleurs fait voler son baladeur cassette. Quelle victime ah ah.

La boutique Adidas des Champs Elysées : 11/10

Super !! Génial !! Adidas !!! ALL IN !!! N’hésitez pas à acheter plein de produits chez eux, lol.

Le Musée du Louvre : 8/10

J’ai bien aimé la Joconde ! Elle sourit mais on sait pas pourquoi. Un peu comme Philippe Saint-André qui pleure tout le temps mais on sait pas pourquoi.

Le Stade de France : 6/10

Le stade est joli ! Petite session d’entraînement en opposition plutôt tranquille avec une petite équipe locale dont j’ai oublié à le nom. Ils ont perdu mais ils avaient l’air contents quand même, à la fin je leur ai signé des autographes. Vivement le match contre l’Angleterre qu’on joue un peu au rugby !

La Rue de la soif : 10/10

C’était super d’aller boire un coup avec les potes Damien Chouly et Nicolas Mas ! On a eu beaucoup de bons souvenirs ensemble, quand j’ai été champion d’Europe avec Toulon. Ah, qu’est-ce qu’on s’était amusé ! Par contre un mec est venu s’incruster. Un minet avec des cheveux bouclés, du genre à se faire faire des UV. Il arrêtait pas de nous monter des photos de sa copine sur Instagram, critiquait Philippe Saint-André et nous parlait de ses boxers. Il m’a bien saoulé.

DAN !

Bonjour. Cette photo est présente dans cet article uniquement pour racoler notre public féminin. Et Catalan. Merci de votre compréhension. 

 

Bilan :

— Les – :

  • Ces derniers temps, les All Blacks encaissent beaucoup d’essais (rien que 7 sur les deux derniers matchs contre les Springboks et l’Australie). On a réussi à ne leur en marquer qu’un seul malgré 60% de possession de balle, des joueurs qui avancent et plusieurs situations chaudes dans les 22 mètres. Talès était intéressant quand il attaquait la ligne, mais sinon, on joue encore trop arrêté, sans vitesse et de façon trop prévisible pour nos adversaires.

 

Imagination

 C’est pourtant simple, Patrice Lagisquet. 

 

  • Les équipes du Top 14 seront heureuses d’apprendre qu’elles payent très chers des internationaux qui jouent en club uniquement pour se maintenir en forme. Pour Parra, Mas, Dusautoir voire Fofana, la différence était assez énorme entre ce qu’ils ont montré sur ce match et ce qu’ils montrent depuis le début la saison. A ce prix-là, autant prendre un Springbok à la retraite internationale. Pas vrai Mourad ?
  • Bon par contre, Huget se casse le cul à être excellent en club pour pouvoir continuer à être ridicule en sélection. C’est vraiment pas de bol.
  • Fofana et Fritz. 11 passes à eux deux.

— Les + :

  • Fofana et Fritz. 19 plaquages à eux deux.
  • L’essai de Charles Piutau aura au moins eu le mérite de lever une zone d’ombre de la carrière de Yoann Huget : malgré ses trois no-shows en 2011, l’ailier toulousain ne s’est jamais dopé. Ou alors en s’injectant du sang de Jérôme Porical dans les veines.
  • C’était quand même le match des Bleus le plus sympa à regarder depuis… France – Australie, il y a un an.
  • Les All Blacks, c’est la meilleure équipe du monde. Si on les joue 10 fois, ils gagneront à 9 reprises. N’importe quel ailier inconnu jouant pour la province de Paraparakutata Beach sera toujours plus rapide que les nôtres, même si on y foutait Christophe Lemaître. Là bas, même un pilier peut faire une chistera, un geste dont même le plus talentueux de nos trois quarts serait incapable dans ses rêves les plus humides. Et malheureusement, c’est sûrement pas près de changer. Donc perdre contre des gars comme ça, c’est pas un grand drame. Surtout si on réussit à les taper à l’issue d’un match dégueulasse à la prochaine Coupe du Monde.
  • A défaut de très bien jouer, notre équipe a des couilles. C’est pas tellement nouveau et c’est vrai qu’on aimerait bien gagner de temps en temps, mais ça fait au moins une raison d’être fier, pas vrai l’Equipe ?

 

Conclusion :

Après avoir été sacré « presque-champions du monde » en 2011, le XV de France a « presque fait match nul avec les All Blacks » lors d’un match amical. Ben alors, qu’est-ce qu’on attend pour défiler sur les Champs-Elysées, bordel ?

 

Merci à @SudRugby pour la photo extraite du programme du Stade de France, et à @PaulineMgd pour cet indécent cliché de Dan Carter.