Rugby du bas : que faire de son bouclier ?

 

Par Pastigo,

 

Maudits Chamaliérois !

Qu’est-ce qu’un rugbyman ? Pour le public qui ne s’y trompe pas, c’est l’homme de la pub qui surgit de nulle part pour pousser une Lada en panne au milieu de rien. Celui qui court en talons pour ramener son sac à mamie. Ce bouffi souriant, pétri de Valeurs, toujours prêt à aider son prochain (ce qui ressemble, quand même, à l’idée qu’on se fait du petit gros un peu con).

Quand soudain : La tache. Le furoncle, celui qui d’un barbecue trop peu vegan ruine une communication huilée comme Gerhard Vosloo sur Instagram. Des millions en spots FFR de qualité prémium, détournés du budget pelouse et eau chaude des clubs de gueux, réduits à néant par une barquette de merguez.

Que les joueurs finissent avec le cerveau comme un paquet de chips à 40 ans passe encore, mais là on parle d’argent, c’est grave.
C’est un scandale ! Le rugby français fait montre de sa colère contre le club auvergnat, il s’en faut même de peu qu’Eric Ciotti ne “condamne fermement” la grillade de bouclier sur les réseaux sociaux.

En réalité, ce n’est pas tout à fait ça. Tout le monde trouve ça génial, cherchant une photo qui laisserait découvrir le dit bouclier en entier dans un cul de pilier. Pour autant ce n’est pas très Valeurs, alors chacun y va de son commentaire outré. Personne n’y croit mais comme tout le monde est coupable, on fait semblant.

Déjà parce qu’il est peu probable que des types qui passent l’année à vomir entre deux beignes se transforment tout à coup en diva émue aux Oscars, mais aussi parce qu’on imaginait assez peu trouver des hooligans à Chamalières. C’était même plutôt inquiétant d’imaginer une troupe de curistes en écharpe intégrer la toute finesse d’un championnat auvergnat de rugby amateur. Survivre aux insultes semblant déjà guère imaginable, l’idée de les voir entrer sur le terrain s’apparente à un meurtre. Mais en fait si ! Il y a bien une équipe à peu près normale à Chamalières, et des joueurs au moins aussi cons que les autres. (C’est un compliment de notre part).

Que peut-on reprocher à ces sympathiques joueurs ? N’ont-ils pas respecté les fondamentaux qui les poussent à se réunir dans la bouse tous les week-ends, en mieux ? Qui passerait la soirée à caresser et embrasser un bouclier, dont le bois est rongé par l’humidité de la pisse incrustée des précédents vainqueurs ?

Les hautes instances du rugby auvergnat (lol) se devaient évidemment de montrer leur ferme désaccord et c’est bien normal, eux qui dépensent tant d’énergie à recenser tous les prétextes locaux permettant d’organiser un banquet (n’arrêtez pas surtout, on s’y goinfre comme jamais, j’adore !)

A Chamalières aussi, on s’excuse. Pour la forme bien évidemment, mais les apparences sont sauves. Profitant d’une vitrine médiatique jamais vue depuis l’ouverture d’un nouveau bassin à Royatonic, ils s’avouent dépassés et ne pas comprendre que l’incident fasse autant de bruit, masquant difficilement une demi-molle bien légitime. Ils regrettent d’ailleurs de découvrir qu’il suffit de publier une image sur Facebook pour qu’elle soit aussitôt diffusée sur Facebook.

C’est quelque peu maladroit, mais à la Boucherie on accepterait de se laisser aller à une torride étreinte avec une bonne moitié de l’équipe tellement c’est beau. Les excuses pour rentrer couvert de bites dessinées sur le front et de gerbe sur le pantalon étant rares, nous ne pouvons que les féliciter d’avoir su exploiter l’opportunité comme il se doit.

Un constat s’impose cependant. La remise du bouclier est quelque chose de brutal qu’il est difficile de gérer sans y être préparé. Recevoir un amas de bois de cagette par des types pleins de champagne, en récompense d’une année de quiches dans la gueule, n’invite curieusement pas au remerciement sobre et courtois. C’est arrivé trop vite, la plongée dans le monde propre doit se faire par palier.

Du coup, chaque équipe intègre cet honneur dans la précipitation avec plus ou moins de réussite, et fuit la pression en se retranchant dans sa zone de confort en faisant ce qu’elle fait le mieux : le con.
Plongée dans des ports dégueulasses, barbecue, surf sur lit de caillasses, lancé de bouclier, tapé de bouclier, biffle conviviale, le bouclier se voit honorer comme on peut, comme on sait.

Voici donc de quoi aider les prochains vainqueurs avec une liste non exhaustives de solutions hautement qualitatives, permettant de renouveler son hommage dans la bonne humeur et le respect.

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Gerhard Vosloo posant fièrement avec son Bouclier. 

 

  • Défiler avec son bouclier.

Rien de nouveau à première vue, sauf à rendre la chose plus distrayante : défiler dans les rues de la commune vaincue. Le public sera autrement plus réceptif et concerné, surtout si ce défilé se prolonge une petite dizaine d’heures devant les bistrots dédiés au rugby local.
C’est aussi l’occasion d’une immersion dans le professionnalisme, les joueurs découvrant l’arbitrage vidéo-surveillance des rues de la commune qui saura suspendre d’une mise en examen celui qui aura cogné le premier.

  • Taper des gens.

Le bouclier n’y est pour rien, eux non plus. Par extension ça se tient.

 

  • La plaque à induction.

L’équivalent du barbecue pour l’équipe qui tient à défendre son combat pour l’écologie.
Attention le geste peut suffire à se voir nommer Ministre de l’Écologie, c’est bien payé mais ça ne sert à rien.

  • Écrire un poème.

Probablement la solution la plus appréciée par le comité de surveillance des Valeurs. S’appliquer, choisir ses mots épris d’émotion, transférer son sentiment, le tout de préférence avant de vomir.

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Merci à Greub qui nous offre ce superbe poème animé.

 

  • Ne rien faire.

Ne pas donner de valeur à cette récompense, d’un air blasé et suffisant. Ça ne choquera personne dans la mesure où franchement, tout le monde s’en fout sauf toi et tes cousins du canton voisin. En profiter pour se coucher sobre et découvrir une sensation unique.

 

  • Lire une lettre à propos des intermittents.

Ça se fait, personne ne sait vraiment pourquoi. En revanche c’est mieux si tu es cousu de pognon, ce qui semble assez peu compatible avec ton CAP en boucherie.
Dans le doute, tape des gens.

  • Offrir le trophée à l’adversaire.

Un geste d’une courtoisie qui n’a d’égal que le mépris qui en dégueule. Ajouter qu’il est préférable que cela serve à des gens qui ne peuvent pas en avoir.

 

  • Le vendre.

Ça fera tout d’abord plus de saucisses à brûler, ce qui arrange tout le monde. Ceux qui te répètent que cet honneur n’a pas de prix, en fouillant leur fond de poche, t’apprendront que le trophée ne vaut pas un blanc limé.

 

  • Décider du nom du vainqueur.

Et surtout, le graver toi-même. “On est tous passés sur la sœur à Francis” étant une équipe qui mérite d’entrer dans l’histoire.

 

Ce ne sont évidemment que quelques pistes, et nul doute qu’avec un peu de préparation le rugby saura renouveler la célébration du trophée avec tout l’entrain débile qu’on est en droit d’espérer.

Dans l’attente d’être agréablement surpris, et sans parler de concours (non, non…), longue vie à Chamalières et à la saucisse qui jute.

Nosemark Consulting Department ©

Par Pastigo,

 

Scrutant la boîte mail de la Boucherie Ovalie, fort de 3h de refresh effréné dans l’attente d’un hypothétique mail du Midi Olympique offrant enfin cette place de pigiste tant espérée, quelle ne fut pas ma déception en découvrant un énième spam d’agence de com’ au milieu des newsletters d’adopteunmec.fr rappelant au stagiaire que sa maman a visité son profil.

Cette information semblant cependant s’adresser au monde du rugby, à l’inverse bien entendu des remèdes décuplant la puissance de ma bite, nous avons décidé de la partager. Elle peut en effet intéresser certains de nos lecteurs, soucieux de redonner de l’élan à leur carrière rugbystique.

 

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Forte de 15 années d’expérience en marketing relationnel faisant référence en matière de webcom’ corporate, la Nosemark Corporation met désormais ses compétences au service de votre avenir.

Parce que vos projets méritent le meilleur, parce que le talent doit être reconnu, parce que la réussite a toujours besoin d’un tremplin, la Nosemark Corporation crée Nosemark Consulting Department ©. Pour vous, pour demain.

Et c’est français.

 

Nosemark Consulting Department ©, ce sont des dizaines de consultants triés sur le volet (chosen on the flap) à votre écoute, pour apporter la solution sur-mesure à VOTRE projet.

Nos collaborateurs, spécialisés dans chaque branche du sport business, travailleront en co-branding avec votre cahier des charges que vous soyez un joueur, un club, ou une entreprise. Notre réseau puissant, force d’une renommée mondiale, vous ouvrira les portes de nos relations à la vitesse de la fibre. Parce que demain se construit aujourd’hui, soyez prêt pour le futur.

 

Nosemark Consulting Department ©

Life is big, great is pig.

 

Vous êtes un Club ?

Ne perdez plus de temps sur le marché, devenez le marché. Nous sublimerons votre pouvoir d’attraction : rien ne sert de chasser s’il n’y a plus qu’à cueillir. Dans un marché tendu où les bons produits se font rares et s’arrachent, vous devez devenir LA solution idéale.

Jacky L., jeune président syndicaliste, témoigne :

Je débutais dans les affaires, avec de maigres moyens, mais une envie débordante. Il me manquait les contacts, le savoir-faire, et les relations que Nosemark Consulting Department © a su m’apporter. À partir de là tout est devenu très simple, plus besoin de me forcer à faire croire que le sport m’intéresse.”

Aujourd’hui Jacky L. dirige une entreprise grandissante au fort pouvoir d’attraction.

Nous vous accompagnons auprès de vos investisseurs, apportant le gage de la solidité de votre base client, en remplissant votre stade d’un public de connaisseurs quand la galette est annulée à Levallois. Astucieux !

Dans l’économie moderne, il n’y a pas de croissance sans une image de marque de haute qualité (HD).

Ne ternissez plus la vôtre, nous le ferons pour vous. C’est aussi ça le service Nosemark Consulting Department ©.

Nous attirerons les plus grandes stars étrangères dans votre stade de banlieue stalinien, qui seront prêts à tous les sacrifices pour travailler à 5 minutes des Champs-Elysées. Peu habitués à prendre leur douche Place Vendôme, ils seront enthousiastes à l’idée de déjeuner tous les jours avec Amélie Poulain.

Vous n’avez qu’une parole ? Nous vous offrons la nôtre.

Laissez-nous promettre à tous les jeunes espoirs une place de titulaire à la fin de leur stage en entreprise de 2 ans.

Votre linge sera propre, votre terrain impeccablement tondu, et vos charges optimisées.

Alors ? N’est-ce pas beau, une vraie relation de confiance ?

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Vous faites le bon choix. Grenoble a un vrai projet, ambitieux. Et prendre son café le matin face à la mer, c’est une autre qualité de vie.

 

Vous êtes un joueur professionnel ?

Combien de places pour combien de candidats ? Mettez toutes les chances de votre côté avec Nosemark Consulting Department ©.

Vous en avez assez de cet agent vénal qui vous laisse sur la touche sous prétexte que vous avez laissé un ménisque en cadet ? Passez à la vitesse Nosemark !

Nous saurons mettre en lumière vos qualités. Un joueur de caractère, explosif, au physique hors norme, doit il être contraint de subir la petite honnêteté d’un piètre médecin sportif ? Il faut savoir forcer le destin. Notre équipe médicale diplômée dans les meilleures universités de Bucarest fournit les certificats officiels d’un pays en plein essor.

Vous êtes bon… mais votre carrière est-elle vraiment optimisée ? Nos experts vous répondent.

Daniel C. , un client fidèle, témoigne :

J’ai connu de grands moments, j’ai fait beaucoup d’efforts, j’ai sacrifié ma vie pour mon travail. De sorte que je suis fier aujourd’hui de mon parcours. Mais aujourd’hui j’ai aussi envie de vivre, de profiter de tout ce que j’ai raté, il a fallu que j’apprenne à conjuguer vie personnelle et professionnelle.

Nosemark Consulting Department © m’a sorti de cette impasse, en trouvant pour moi plus de 67 sponsors et partenaires prêts à utiliser mon nom. Aujourd’hui je vis de mon image, à l’abri du besoin. Mieux encore, parce que Nosemark Consulting Department © sait qu’il n’y a pas que le travail dans la vie, l’équipe m’a même mis en contact avec un petit club de rugby parisien où je peux profiter de ma passion le week-end, loin des contraintes de résultat de mes anciens contrats. La vie est douce, merci Nosemark Consulting Department © ! En plus je vais rencontrer Amélie Poulain !

Nous profitons de relations privilégiées avec les plus grands clubs, et saurons vous intégrer dans leur wish-list.

Faites comme Daniel, envoyez votre demande d’étude personnalisée à nosemark@outlook.fr

 

Vous êtes un joueur de Fédérale ou amateur ?

Il n’y a pas de petit projet.

Envoyez vos demandes à no-reply-nosemark@outlook.fr toutes les demandes seront bien évidemment étudiées avec l’attention qu’elles méritent.

 

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Burt, notre expert joueur, relisant le contrat fraîchement signé de Zack Guildford à l’ASM.

 

Vous êtes une entreprise ?

Pas facile d’établir une stratégie efficace dans un monde de communication en perpétuelle évolution.

Notre réseau nous permettra de cibler pour vous les joueurs prêts à tout pour empocher quelques billets et des échantillons.

Profitez de leur image en affichant vos produits aux côtés des légendes.

Nous fournissons également d’anciens joueurs professionnels aux médias, permettant ainsi de gagner en productivité sans perdre de temps à s’assurer de la véracité des propos tenus grâce à la caution Expert propre à l’ancienne légende.

Si un pilier internationale fait un jour du ventriglisse en slip avec votre nouveau bloc WC sur le front, ce sera un peu grâce à nous !

Envoyez votre demande d’étude personnalisée à nosemark@outlook.fr

 

Et n’oubliez pas : la réussite a toujours besoin d’un coup de pouce, autant s’entourer des meilleurs. Nosemark Consulting Department ©, c’est le renouveau de la mission d’agent sportif. Nosemark Consulting Department © c’est demain, et c’est déjà là.

La Tectonique des Packs 2

Par Pastigo, 

 

Ahhhh la mêlée!

La mêlée est au rugby ce que la fleur est au poète. Un truc d’homosexuel répondrait-on alors, mais ce n’est pas le sujet.

 

Comme le poète qui nous impose en dix recueils ce que lui inspire un géranium, l’amateur de rugby se doit de conter son admiration pour la mêlée à tous ceux qui n’ont surtout rien demandé. La mêlée, c’est l’âme de rugby. La mêlée c’est là où tout se joue, se crée, se règle. Les plus érudits (comprendre : ceux qu’on n’ose même plus couper tellement c’est chiant), dans leur long discours à eux mêmes, n’hésitent pas à parler d’Art. C’est assez évident, tant on imagine assez bien un pilier exprimer son génie créatif dans une œuvre illustrant son moi ému.

Le connaisseur se doit d’avoir son avis sur la mêlée, mais surtout d’apprécier et de le faire savoir. Pour comprendre l’omniprésence du huit-de-devant chez le passionné encarté, il faut revenir aux origines de la mêlée : le gros.

 

Darwin est formel, le gros aurait dû disparaître. Il n’est pas adapté au monde qui l’entoure ni à ses lois physiques. Le gros aurait dû mourir, incapable de chasser, se faisant distancer par un arbre à la course. Le gros est incapable de se reproduire autrement que sur le dos. Le gros ne peut remonter une côte dans laquelle il roule dans un rire gras, le gros s’enfonce dans la boue et meurt de faim. Et comme il a tout le temps faim, il meurt beaucoup.

Plus près de nous, le gros reste en marge du monde moderne. Dès l’enfance, ses doigts de gros l’empêchent de monter un jeu de construction, l’intérêt d’une boîte de Lego se limitant à reconnaître les couleurs. Plus tard, tout lui reste interdit. Ses paupières de gros l’empêchent de lire correctement. Aucun sport n’est adapté à sa surface, et pour cause, si on aplatit un gros on obtient 2 terrains de football.

 

Mais le gros est tenace, ce qui a en plus le défaut de le faire transpirer. Alors s’il ne peut exister dans notre monde, il tente de créer le sien. C’est là qu’intervient le rugby, élément essentiel de la persistance du gros. Non seulement le gros sait qu’il ne peut survivre que dans un monde qui lui appartient, mais il comprend également que celui ci doit rester parfaitement imperméable aux êtres humains d’apparence tolérable.

C’est ainsi qu’il définit les règles de son espace clos : la mêlée. Huit gros face à huit autres, baissés, se resserrant les uns les autres pour cacher de leur masse leur secret au milieu. Le secret des gros, leur précieux.

Dès lors tout leur est permis dans ce sanctuaire. Et voilà que le gros crée sa légende de gros, l’endroit que seuls les gros connaissent. Il nous parle de tactique, de stratégie, d’un niveau technique inimaginable. Il nous explique que tout n’est que malice, gestion, intelligence au contact. Un savoir faire d’un niveau stratégique inégalé, une gestion individuelle au service d’un collectif. On ne peut lui donner tort, tant il nous cache ce qu’il nous vante. Impossible à vérifier sans devenir gros soi-même. Inutile d’essayer de toute façon, puisque ce dont le gros nous parle, “on ne peut pas le comprendre si on n’a pas poussé en mêlée”. Ça vaut le coup d’en faire des caisses vous me direz, mais mieux vaut ne pas l’énerver.

 

Car oui, la mêlée on s’en fout. Il n’y a que les gros que ça passionne. Ils sont contents qu’on dise l’inverse, et nous sommes contents qu’ils soient contents. Car le gros est gros, et ne doit donc pas être pris à la légère. S’en prendre à la mêlée c’est s’en prendre à sa vie, ce qui n’est pas faux tant il lui reste peu d’autres domaines de compétence une fois sorti de table.

Alors on fait semblant. C’est mieux pour tout le monde. On fait semblant de voir de la technique là où il pousse comme un bœuf. On fait semblant de parler stratégie là où manifestement personne ne voit rien. Ni le public, ni l’arbitre, ni le gros qui relève sa tête toute rouge en agitant ses bras mignons.

Continuons. Après tout cela ne nous coûte rien, à nous qui avons un avenir. Et cela permet au gros de se sentir l’un des nôtres. Après tout c’est rassurant de croire que la mêlée a un sens. Surtout quand on vit en France, qu’on a pas de lignes arrières, et qu’on paye 40 balles par mois pour regarder du rugby. Finalement, merci le gros.

 

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“Je ne suis pas gros, j’ai un centre de gravité bas, c’est différent”

Pastigo revient sur ASM – RCT (9 – beaucoup)

 

Par Pastigo,

 

Le match de ce week-end, et plus particulièrement les conséquences de celui-ci sur l’équilibre de chacun, nous imposent dans l’urgence l’organisation de cette convention bouchère à laquelle nous vous remercions d’avoir répondu présent. A ce titre je réclamerai toute votre attention, bien conscient que la majorité d’entre vous a ouvert cette page dans l’idée de revoir Bardy prendre un carton.

Je tiens à être honnête, cette présentation ne contient aucune image violente et imposera au lecteur – évidemment déçu – de prendre du recul. J’invite d’ailleurs, dès maintenant, ceux qui lisent ces mots depuis l’autre bout du salon à rejoindre ceux qui sont déjà partis.

Nous allons donc aujourd’hui nous concentrer sur les fondamentaux d’une cohésion sociale optimale, en découvrant les clés de la gestion personnelle de l’échec. Le secret de cette réussite s’articule autour des piliers suivants :

  • Gérer son stress
  • Se préparer à l’échec pour l’accepter.
  • Savoir en tirer le meilleur grâce la technique américaine de la résignation positive.

 

Pour cela nous vous demanderons de vous munir d’un retro-projecteur, d’un type en cravate, et du viseur laser indispensable à toute présentation Powerpoint. Ceux qui seraient en slip, ou au travail, peuvent cependant continuer à ne rien faire.

En préambule il semble important de bien définir le cas du jour, ce pourquoi nous commencerons par une analyse objective des événements.
L’ASM s’est faite dégoupiller la chocolatine. Par l’ennemi juré, à domicile, en prime-time, avec bonus, sur un score fleuve et dans des conditions rendant toute la misère du monde plus supportable. Et avec un essai de Delon Armitage. Pris par l’élan, ceux dont la maison n’a pas logiquement pris feu doivent se demander si leur femme n’est pas partie ou pire, revenue.
Enceinte de Delon Armitage.
Les conventions veulent qu’il s’agisse là des bases acceptables à un constat d’échec. Échec collectif, échec individuel, échec en bois (ménager quelques séquences d’humour pour conserver l’attention du public).
Même si Toulon avait été capable de battre n’importe qui, l’ASM aurait tout à fait pu perdre toute seule.

Tous les voyants sont au vert, et le public peut entrer sans contrainte en phase de stress. Alors comment gérer ce stress ?

« On a gagné ! »

L’une des pistes les plus intéressantes pour apprendre à gérer son stress en milieu miteux est d’analyser le « On a gagné ! » et par extension son inévitable pendant « On a perdu… ». Faire face au paradoxe et l’accepter sera difficile, d’autant qu’il sera nécessaire d’être sobre. Un pari déjà perdu pour bon nombre de supporters, tentons de sauver les autres. Intégrons l’idée que non, on n’a pas gagné. Jamais (à ce stade l’auvergnat part avec une avance considérable).

Tout tient dans le « On », tant il semble qu’en slip la bouche pleine de pistache, la télé aurait pu être éteinte que notre participation à la réussite de l’équipe n’aurait guère parue plus notable. Admettons le, « on » n’a rien gagné du tout. C’est dur puisqu’il faut accepter par là notre existence médiocre, loin des athlètes qu’on s’approprie pour ne pas avoir à les jalouser. Voilà, vous êtes prêts, alors tenons nous la main et répétez après moi : « Je suis une merde, je ne sers à rien, et « ILS ont gagné ».

Je note que le stress n’est pas passé.

Oui, mais si « Ils ont gagné », par extension encore on ne perd plus, « ils ont perdu » ! L’astucieux éléments de langage nous offre immédiatement 10 points Tisane-Douce-nuit et le stress diminue tout à coup. Le recul (les plus cons sont déjà sur l’autoroute) est alors notre allié salvateur. Car il faut être honnête, ce « on » n’a aucun sens, une entité chimérique et dégueulasse probablement née de l’union entre un bodybuilder et du gras de jambon. Ce « on » ne tient qu’au fait qu’il s’agit généralement de l’équipe la plus proche géographiquement de notre domicile. Domicile qu’on a choisi pour la plupart, là où on est né pour l’auvergnat.

Les plus pénibles ne manqueront pas de noter que ce « on » a du sens. Qu’il représente l’union d’un peuple, sous une même bannière, luttant ensemble pour l’honneur de tous contre l’ennemi.
Nous répondrons sobrement que l’union nationale et la parabole guerrière sont tout à fait à propos, tant mettre fin au nazisme et gagner 4 points dans un tableau Excel sont hautement comparables.

Conseil pratique : l’erreur à ne pas commettre.

On pourrait être tenté de couper le match dès qu’on sent que ça pue, pour se protéger de l’échec. C’est une erreur ! L’échec nous rattrape toujours, qui plus est en Auvergne où le rugby est la seule distraction pour ceux qui n’aiment pas la soupe.

La bataille contre le stress est d’ores déjà gagnée, avec des conséquences qui vont bien au-delà de l’épanouissement personnel.

Tout à coup, la raison pousse même les plus cons (et ils sont nombreux) à oublier de gueuler partout que la défaite de l’ASM « c’est la faute des étrangers de Toulon » qui n’ont même pas de valeurs. Notons qu’il s’agit probablement des mêmes qui pleuraient les forfaits de James et Cudmore, bons Français s’il en est. Au passage n’hésitez pas à claquer sans réserve celui qui répondra « Mais eux c’est des étrangers de chez nous ! ».

Mieux encore, libérés de sa propre pression et de l’obligation de résultat à travers laquelle il se croit vivre, le supporter redevient spectateur. Les joueurs prennent à nouveau conscience qu’ils sont là pour assurer un spectacle, ce qui pourrait enfin nous libérer de ces longues séances de purges franco-stratégiques.

Désormais protégés du stress nous avons déjà fait un grand pas vers l’acceptation de l’échec. Déjà parce que ce n’est plus le nôtre, et chacun sa merde. On ne donne pas un centime au clodo de Super U, ce n’est pas pour faire cadeau de notre compassion à des types plein aux as. L’échec est accepté dans la mesure où c’est toujours mieux quand ça arrive aux autres, d’autant qu’il rend les nôtres bien plus sympathiques, puisqu’à l’inverse de ces gros losers notre vie ratée les garde bien au chaud sous autant d’anonymat.

Reste désormais à tirer profit de cette situation afin d’avancer. Là par contre, et compte tenu de la situation, cela demande une expérience certaine et une imagination sans faille. Pour ma part, et puisque nous sommes passés à table à la mi-temps en voyant venir la misère annoncée, le point positif que je retiendrai de ce match c’est le Bourguignon. Le Bourguignon, mets aussi long à mijoter que minutieux à préparer, offre une farandole de saveurs fines qui plus est s’il est dégusté chez quelqu’un d’autre, et donc gratuit. Vous n’êtes sans doute pas convaincus, ce pourquoi je préfère enchaîner sur la Pompe aux Pommes, dessert frais et convivial à partager entre amis. Vous l’aurez compris, tirer profit de l’échec est un voyage qui ne peut se faire que seul. C’est à vous de trouver en vous même les bénéfices d’une déroute, surtout si vous n’avez pas mangé de Bourguignon.

En espérant que cette présentation (consultation ?) vous aura permis d’apprendre à maîtriser l’échec en milieu sportif, et plus particulièrement auvergnat, n’hésitez pas à relire vos notes et à vous entraîner chez vous. Notez que si vous manquez d’entraînement, l’ASM propose chaque année des stages de mise en échec au printemps basés sur la répétition.

Pour notre prochaine séance, nous étudierons un échec courant : la faculté improbable de l’auvergnat à hurler contre le départ de Brock James, alors que le véritable échec est de ne pas être foutu de lui trouver un successeur en presque 10 ans.

VITACOCO

Par Pastigo,

 

Vous l’aurez remarqué, une boisson tonifiante est en train de révolutionner le monde du rugby. Il n’est pas un joueur qui manquerait l’occasion de poser gracieusement avec la briquette star, qui a su s’imposer sans être alcoolisée. Mettant au placard les bienfaits de la jacqueline, VITACOCO est la source d’énergie du joueur dynamique, arrivée à point nommé dans un sport où il est bon de rappeler que le dopage n’existe pas.

 

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Grâce à VITACOCO, il a encore pecho.

 

Tout le rugby est en effervescence. Dans le monde entier les clubs s’arrachent les stocks. VITACOCO permet de combler rapidement les lacunes d’un joueur moyen, ce pourquoi la France s’est rapidement montrée particulièrement agressive sur le marché. Certains racontent déjà que VITACOCO fait des miracles, permettant à un joueur écossais de marcher sur l’eau et à Benjamin Fall de marcher tout court.

Les clubs français, qui ne juraient il y a peu que par de la vieille star sudiste nourrie aux stéroïdes quelconques, promettent désormais de juteux contrats aux capitaines de cargos livrant le précieux liquide.

 

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« La noix de coco ? Ils ont ça dans le sang ces hommes des îles. »

 

Mais nos clubs ne sont pas égaux face à VITACOCO, et les plus fortunés s’accaparent les désormais trop rares ressources aux dépends des budgets plus modestes. La fracture sociale se creuse.

Certains n’hésitent pas à mettre la pression sur leurs adversaires sans jamais tomber dans la provocation. C’est ainsi que Mourad Boudjelal déclare « VITACOCO, j’en mets partout. J’arrose la pelouse de Mayol avec, et ça couvre les odeurs de mes toilettes d’une vague de fraîcheur exotique. Je ne comprends pas que certains clubs adverses en commandent si peu. »

Jacky Lorenzetti a également été de suite séduit par l’image remarquable du produit. Et quand Jacky voit quelque chose de cher il le veut. « Dans mon Club il n’y a que ce qui se fait de mieux. Et j’ai l’oeil pour dénicher la pépite, c’est pas compliqué, je prends ce qu’il y a de plus cher. Quand j’achète un Dan Carter, je sais qu’il va apporter ce qui se fait de mieux pour le club. Ça me coûte une couille mais ce sera vite amorti en T Shirts auprès des nombreux fans du Racing. Alors quand j’ai découvert VITACOCO j’ai pas réfléchi plus longtemps, c’est mon talent. J’ai pris ce qu’il se fait de plus cher dans le domaine, ça va claquer. »

 

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Recrutement, by Lorenzetti. Parce qu’on ne trouve pas une star dans une botte de foin.

 

A l’inverse pour les petits clubs la situation est plus compliquée. Certains rivalisent d’ingéniosité en filtrant la fosse sceptique de gros centres d’entraînement, alors que pour d’autres on s’en réfère aux hommes de confiance. C’est le cas du Bourgoin, en reconstruction entre chaque relégation administrative, et qui a fait le choix de la continuité en se vouant à l’expérience de son comptable.

« Francis est arrivé avec un beau projet. On ne l’avait pas vu aussi enthousiaste depuis ce super plan qu’il nous a présenté début 2012. Quand il est comme ça, on le suit. Toujours. Nous n’avons pas de quoi acheter à vil prix du VITACOCO, la Banque Postale nous a de toute façon repris notre carte Regliss. Mais Francis a eu une idée de génie ! Faire pousser notre propre noix de coco. Il a su convaincre le club d’acheter un terrain de son cousin, un peu en pente mais bien exposé à 1800m dans les Alpes. C’était pas donné, mais en bon comptable il nous a assuré que c’était sans risque pour le club. Ca fait 20 ans qu’il bosse ici, on peut lui faire confiance. On vient donc de planter 10 hectares de cocotiers au dessus de Grenoble, et normalement dans 3 mois on devrait pouvoir traire les premières noix de coco. C’est ce qu’il nous a assuré avant de partir en vacances, nous sommes enthousiastes ! »

 

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Un fier joueur briviste, en tenue civile, préférant garder l’anonymat.

 

A Clermont il a fallu s’adapter. La filière fidjienne s’est rapidement tarie, un jeune espoir se confie : « Dans notre pays, il n’y a que peu d’espoir. Jusque là la seule façon de s’en sortir c’était de jouer au rugby et de se faire remarquer par un recruteur de Clermont, promettant un contrat d’avenir dans son centre de formation pour être revendu en contrat d’apprentissage à La Rochelle. Alors quand est apparue la promesse de gagner 3 euros de l’heure en récoltant des noix de coco sans se faire traiter de singe par des supporters débiles, on n’a pas hésité. » On les comprend.

 

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Sobrement, VITACOCO sait laisser sa place au rugby.

 

Rançon du succès, VITACOCO commence à avoir ses premiers détracteurs. Laurent Benezech est catégorique : « Ca me fait doucement rigoler, tout le monde sait que VITACOCO est un produit dopant mais on ferme les yeux. C’est un complot d’envergure pour nous empêcher de dire la vérité et de vendre des livres. Vous verrez quand les premiers joueurs cracheront leurs reins sur le terrain, vous comprendrez que j’avais raison, achetez mon livre. »

Certains clubs qui ont raté le virage du professionnalisme voient aussi VITACOCO ne pas avoir les effets escomptés. C’est ainsi que les joueurs de l’USAP parcourent les bars de Perpignan accompagnés de leur nouvelle invention, VODKACOCO, se perdant dans de trop nombreuses soirées de Reconquête. Sachant fêter les veilles de matchs, il n’est pas rare de découvrir les joueurs en slip le lendemain sautillant frénétiquement dans leur vomi. Leurs performances ne s’en voient que moyennement améliorées.

VITACOCO, saveur tropicale au service de l’énergie de l’homme moderne, s’est naturellement imposé dans le rugby. Les résultats sont évidemment là, même si toute nouveauté d’envergure amène son lot de bouleversement. VITACOCO c’est bon mangez-en, VITACOCO c’est très jus de raisin.

 

Note de l’auteur : On pourrait croire que derrière ce billet humoristique se cache un odieux article sponsorisé. C’est vrai. Si Chiocci peut se faire du blé avec son image, il n’y a vraiment aucune raison qu’on y arrive pas. La seule différence, c’est que le commanditaire n’est pas encore au courant. Alors merci à VITACOCO de faire sous 3 jours un virement déraisonnable à cette adresse : http://boucherie-ovalie.org/dons-du-sang/

Sans quoi nous remplacerons la marque par du Cacolac et nous diffuserons des vidéos de porno allemand où des moustachus enfile des bouteilles dans le cul d’un chien.

Bien cordialement.

Retour sur Japon – Afrique du Sud (34-32)

Par Pastigo,

 

Certaines choses sont immuables. Porter la moustache quand on s’appelle Francis, se faire les croisés dès qu’on redevient le meilleur joueur français, coucher avec son sac banane si on porte une coupe mulet… ces choses-là sont acquises et font office de règles. Et puis il y a le Japon. La première chose qui fait rire quand on pense au Japon et au rugby, au-delà du mot Japon lui même, c’est tout ce que le Japon peut inspirer de rugbystique en un éclair, Hello Kitty en tête.

D’ailleurs, jusqu’à samedi dernier on se demandait bien comment ils étaient arrivés là. On suppose que quelqu’un les a invités dans les années 80 pour faire le nombre et qu’ils sont restés par politesse. Difficile de croire qu’un des leurs est arrivé un jour en disant « bon les gars j’en ai marre du karaoké, je nous ai inscrit à la Coupe du Monde de rugby, on va prendre 30 ans de branlées ça va être génial ». Car 30 ans de branlées ils ont pris, à coup de 100 points de-ci de-là, pour une seule victoire contre on-ne-sait-plus-qui tellement on s’en fout.

Le Japon et le rugby ce sont donc 3 décennies consacrées au modern jazz et à l’humour, eux-même nommés Japan Rugby Football Union pour viser large et tout miser sur un coup de bol.

 

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Des Japonais

 

Bref, le Japon c’est ce type gentil qui entre plein d’entrain dans un bordel et demande à tous les moustachus qui l’encerclent où se trouvent les filles.

C’est l’idée qu’on s’en fait. C’est pas faux, mais ce n’est pas tout à fait vrai non plus. En réalité le rugby au Japon est né à la fin du XIXe siècle et les laiderons d’Anglais ont bien failli s’y faire peigner à plusieurs reprises. Par un habile stratagème qui consiste à n’en avoir rien à foutre, nous pouvons affirmer que tout ceci n’existe pas. Là où les choses sont plus subtiles, c’est que le Japonais nourrit volontiers sa réputation de nation la plus risible du monde.

Mais alors pourquoi ?

Et bien parce que L’HONNEUR DU JAPONAIS !

Ça aura juste pris le temps. En réalité le Japon a minutieusement préparé son arme secrète durant ces longues décennies de misère et de honte. S’il est une chose que le japonais moyen (donc petit) ne supporte pas, c’est qu’on le considère comme un faible. Ah ça il n’aime pas, ça le rend teigneux. En temps de guerre il se transperce à coup de sabre, préférant la mort à la honte de se rendre. Certains vont jusqu’à se donner la mort pour ne pas être tués (??). Si le rugby consiste principalement à montrer qu’on a des couilles il faut avouer que c’est assez efficace, bien que l’interdiction d’écraser des avions contre l’équipe adverse ait considérablement ralenti l’essor japonais.

 

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Des Japonais qui pleurent en apprenant qu’ils sont Japonais

 

Mais en mettant tout en œuvre pour passer pour des cons durant ces longues années de rugby, le stratège japonais a structuré une montée en pression des plus diaboliques sur le fier joueur japonais jusqu’à ce qu’il considère le suicide comme une alternative probable à tout plan de jeu.

Samedi le japonais était à point. C’est tombé sur l’Afrique du Sud, ça aurait pu être n’importe qui. Quand un type serre le ballon contre sa poitrine et fonce tout droit en hurlant « JE VEUX MOUUUUUUURIR ! » c’est assez déconcertant. Surtout quand il se relève, ramasse son épaule, et recommence. C’est difficile à comprendre quand on appartient à une culture différente pour laquelle le décès violent n’est guère gage de réussite et qu’on suppose que le Bushido est un plat à base de poisson cru.

C’est un fait historique, quand le japonais entre dans cet état de transe rien ne l’arrête. Il existe bien une solution radicale mais aucun corps, même sud-africain, n’est capable d’emmagasiner assez de produits chimiques pour l’irradier copieusement.

 

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Un Japonais finalement content quand il apprend qu’il n’est pas namibien

 

On pourrait s’en tenir là. Conclure que c’est grâce au pouvoir suprême de « la burne » que les Japonais ont défoncé l’Afrique du Sud en mêlée et arraché la victoire bien après la sirène. On pourrait se suffire au plaisir de voir les Sud-Africains relégués derrière le roux à l’école ou celui qui n’a qu’une couille. Ce serait facile de féliciter le courage de cette équipe, de leur accorder tout le respect qu’ils méritent. On pourrait encenser l’équilibre parfait d’absolue détermination et de niaiserie infinie, quand les japonais marquent un essai tout en puissance pour se faire percer sur 30 mètres dans la minute qui suit par un bourrin de 130kg aussi vif qu’un poney galeux.

Mais nous avons analysé le match à la Super-Loupe (qu’on a renommé Super-Nakaitaci) et certains faits viennent largement ternir le constat japonais.

Quelque chose nous a d’abord troublé. Si le porteur de balle courrait frénétiquement, nous avons remarqué que tous les joueurs japonais se déplaçaient à toute vitesse de manière parfaitement aléatoire. A première vue rien d’alarmant quand on connaît le Japon, c’est un style. Cependant à aucune reprise, sur aucun plan, il ne nous a été possible d’apercevoir la totalité de l’effectif et encore moins de les compter. Il semblait que les japonais n’avaient simplement toujours pas compris quel sport ils pratiquaient, nous n’avons pas été plus surpris.

 

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Un pokémon (japonais)

 

Ensuite nous leur avons reconnu une certaine malice mathématique. Sachant que les avants japonais pèsent 80kg en moyenne, contre 130 pour un sud-africain chétif, un rapide calcul suffit à comprendre qu’il faudrait être deux ou trois pour en arrêter un. Jusque là, rien de sorcier pour qui ne joue pas pilier en promotion d’honneur. Mais les mathématiques sont formelles ! Les japonais étaient 6 dans chaque ruck, autant à chaque percée et le double en soutien, en enchaînant le tout toutes les demi-secondes. Le don de soi n’explique pas tout. C’est alors qu’après une longue étude image par image l’odieux secret nous est apparu comme une évidence, les Japonais jouent à 32. Nous pouvons assurer grâce à un racisme odieux, mais tout à fait tolérable quand il s’agit des asiatiques, qu’ils profitent du fait de se ressembler à tous, bien aidés par des mouvements tout aussi rapides qu’anarchiques, pour tromper le monde entier sur leur nombre.

Peut-on vraiment leur en vouloir ? Non. Non parce que déjà c’est bien trop drôle de les voir se faire l’Afrique du Sud, et parce que… non ça suffit largement en fait. Après tout si les Français étaient capables de se mouvoir sur un terrain nous ferions probablement de même.

Enfin, si la perfidie est un trait plutôt odieux dans le monde commun, nous sommes bien forcés de considérer cela comme une qualité quand il s’agit de rugby. On ne peut pas leur reprocher d’être moins con que les autres quand le rugbyman moyen s’illustre à être encore plus con que lui même.

 

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Des Japonais qui ont reçu des textos de Mourad Boudjellal

 

Reste à savoir si le miracle japonais est un one-shot ou si on peut espérer vivre un Rastarocket ovale. Plusieurs modèles restent possibles :

-Les Japonais ont gagné un match. C’était le but de leur vie, et de toute façon ils sont clairement décédés. Ils vont se vautrer contre l’Écosse et on recommencera à en rire pendant 30 ans. C’est assez probable.

-Les japonais sont venus à 400, selon la méthode du « taxi chinois ». Ils vont perdre la totalité de leurs licenciés sur cette Coupe du Monde avec une moyenne de 30 décès par match mais seront L’équipe Surprise des quarts.

-Un Géorgien déclare qu’ils n’ont pas de poil. L’honneur japonais est bafoué, ils deviennent tout blonds et enchaînent les matches en lançant des boules de feu sur leurs adversaires. Le monde a peur, les enfants s’échangent leurs figurines, le Japon est Champion du Monde à vie et plus aucune Coupe du Monde n’est organisé par respect pour les morts.

Quoiqu’il en soit, le Japon nous aura au moins fait rêver pendant 85 minutes en nous offrant ce qui sera probablement l’un des plus beaux matches de l’édition 2015, et ça, à première vue, c’était pas gagné.

NINJA !

[Présentation] La Namibie

Par Pastigo,

 

Alors que nous étions habitués à produire des textes sans fin que personne ne lit, écrire un livre nous contraint soudainement à ce format que personne n’achète. Si les grands classiques de la littérature dépassent allègrement les 600 pages, telle l’autobiographie d’un vieux journaliste par et pour lui-même, nous autres devons nous contenter d’une petite moitié. C’est à l’heure du choix délicat du contenu à sacrifier que la Namibie est apparue comme une évidence. Voici donc :

La Namibie.

 

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Les raisons d’afficher un dédain certain pour la Namibie étant aussi nombreuses qu’injustifiées, nous nous concentrerons sur les deux plus courantes. Pour l’imbécile moyen la Namibie est une bien piètre terre de rugby, alors que pour la masse plus laborieuse encore la Namibie doit probablement s’attraper comme la dengue ou Ebola. Vous vous êtes reconnu, fier(e) d’appartenir à la catégorie d’imbéciles la plus respectable ? Erreur ! Car si la Namibie n’est certes pas une maladie, c’est avant tout la plus grande expérience de Rugby Total.

Pour bien comprendre en quoi la Namibie est le prototype du Rugby parfait il faut s’intéresser à son histoire. La comparaison avec l’Afrique du Sud voisine est évidente, avec ceci de génial qu’il n’existe nuls autres pays aussi semblables et partageant pourtant autant de haine l’un pour l’autre. La Namibie n’est rien d’autre que l’Afrique du Sud du connaisseur, le showbizz en moins. Loin de la ségrégation trop m’as-tu-vu de son voisin, la Namibie a produit un apartheid plus familial, authentique, de celui qu’on ne trouve pas dans les guides touristiques. Ainsi on y découvre une haine libérée de considérations mercantiles et entretenue par de vrais passionnés.

Dès la fin du 19e siècle le territoire se voit colonisé par les Allemands, partis en retard derrière les Anglais et les Français et devant se satisfaire de ce qu’il reste au bout. Parce qu’un Allemand est avant tout un nazi qui s’ignore, celui-ci expérimente bien avant l’heure les joies des camps de concentration. A peine enfilées ses chaussettes dans ses tongs qu’il parque les populations autochtones pour les exterminer dans une bonhommie toute bavaroise. Sans aller jusqu’à dire que c’est dans ses gènes on notera tout de même un goût certain pour la chose, mais les bases de l’Ultimate Rugby Player sont posées. L’épuration laisse un goût de reviens-y et le colon est en manque, trouvant rapidement de quoi s’épanouir avec l’Afrique du Sud (des Anglais, comment leur en vouloir ?). Pendant près d’un siècle, d’attentats en massacres, l’un annexe l’autre régulièrement. Partageant un potentiel de tarés sanguinaires infini, ils comblent les périodes plus calmes de guerres civiles entre factions et ethnies tellement ignobles qu’il est impossible de reconnaitre le monstre de la victime. Les choses ne se calmeront tristement que dans les années 1990 avec l’indépendance de la Namibie obtenue, alors même que l’Afrique du Sud tourne lentement le dos à plus d’un siècle de folklore.

Épuration, destruction, haine aveugle, un goût certain pour la souffrance et près d’un siècle d’expérience… voilà pourquoi la Namibie doit être considérée comme la Terre Sainte, terreau infâme propre à voir jaillir de ses entrailles le Boucher ultime mâchant la cage thoracique de B. Botha.

Mais alors, comment expliquer que la nation des seigneurs noirs du Rugby inspire autant de crainte qu’un bêtiser de chatons ? Paradoxalement c’est à son absolue perfection qu’elle doit son échec. Si le meurtre systématique rend les locaux toujours plus cinglés, cent ans de massacres ont eu des conséquences imprévues : la Namibie compte actuellement 2 habitants/km². Sachant qu’il faut réunir 30 personnes sur 1 hectare, aucun match de rugby n’a été déclaré depuis 1977. On attend. Le passé festif n’inspire que peu à l’immigration, même la promesse de clopes à pas cher souffre de la concurrence d’Andorre chez les trafiquants toulousains.

De fait, le travail du PSA local est simple : obtenir la liste de tous les individus masculins et en bonne santé entre 15 et 45 ans et les inscrire sur la feuille de match, la seule fantaisie admise étant de les annoncer par ordre alphabétique. Rapidement, nombre de Fidjiens locaux furent donc nécessaires pour faire le nombre. Le reste des noms, à en faire pâlir un Argentin, semble tout droit sorti du procès de Nuremberg, alors que leurs photos aurait pu être placardées partout par Goebbels avec sa propre semence.

Si nous avons pu rapidement faire le tour du concept Namibie, intéressons nous désormais aux Namibiens.

Le Namibien, comme son nom l’indique, est une espèce extra-terrestre. Pas du genre d’Avatar pour laquelle on se prend d’affection, plutôt de celle de Star Wars qui n’existe qu’une piteuse seconde quand son vaisseau explose. Le Namibien, c’est l’escargot dégueulasse qui fait les carreaux derrière Luke Skywalker. Il est bien là mais le monde du rugby ne s’en rend pas compte, celui qui peut compter sur le vote de sa mère dans un concours de cosplay. On peut alors s’autoriser à penser que le contexte namibien n’est pas complètement propice à la confiance en soi nécessaire au joueur, qui ne doit d’ailleurs sa seule présence qu’au fait d’être un mâle adulte résidant. 

 

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Namibien apprenant sa sélection.

 

C’est ainsi que les Enfers restent désespérément en sommeil. La prophétie se fait attendre, les forces occultes du monde entier s’impatientent et ne peuvent que prendre leur mal en patience en produisant les albums de Kendji Girac. Tout le monde s’accordera à dire du jeu namibien qu’il est plutôt pauvre, pour rester poli. A vrai dire il n’y a peu d’espoir que le déclic ait lieu, en tout cas pas tant que les instances du Rugby ne donneront pas sa chance à la Namibie et modifiant le règlement, permettant à cette chaleureuse contrée d’exprimer tout son potentiel. L’intégration immédiate de la torture, d’armes diverses, d’un éventail de supplices propres à faire souffrir mille tourments, serait sans doute encore mal acceptée. Mais rien n’empêche les instances, en marge des compétitions officielles, de lancer quelques phases de tests contre -au hasard- les Anglais ou Craig Joubert. Nous devrons patienter avant l’ère du Reich namibien, en attendant il nous reste cette maigre consolation : la Namibie en Coupe du Monde, quand même, c’est drôle.

Astuce : imprime cet article, découpe le, puis glisse le derrière la page 261 du livre Boucherie Ovalie, à la place qu’il mérite entre le Japon et les États-Unis.

Et voilà ! Tu viens d’ajouter du contenu gratuit à ton livre, qui en plus d’être de qualité clairement supérieure en fait le premier ouvrage évolutif de l’histoire.

[Top 15] Le bilan

Par Pastigo,

 

Le Top 15 est terminé. Coup dur pour les 12 lecteurs assidus contraints à errer bras ballants, pire encore pour les 2 trolls qui ont passé l’année à scruter notre classement à la recherche d’une coquille. Grâce à une organisation à l’allemande, mélangeant rigueur teutonne et fête de la bière, ils en ont trouvé chaque fois que nous n’avons pas oublié du publier le classement.

Rappelons l’idée première du Top15, celle de modestement révolutionner le rugby français. Pour cela il nous a paru évident qu’il fallait modifier le mode d’attribution des points, peu propice au rudoyant, petit rappel:

 

– Victoire : 2 points

– Victoire à l’extérieur : 2 points

– Victoire avec 3 essais marqué : 2 points

– Bonus : 1 point Boucher attribué chaque semaine

(Le reste est ici)

 

Nous restons convaincus que c’est génial. Tout d’abord parce que c’était mon idée, d’autre part parce que ce bilan se dispense de l’avis des autres. A l’heure où les puissants du Rugby se déchirent en discussion, cette méthode est garante d’une franche cohésion. A l’inverse de toutes les idées formidables que nous partageons en secret, celle-ci a vu le jour. Un élan d’énergie, un manque de réalisme au moment clé, et nous avons oublié de laisser tomber. Imaginez si nous avions mangé 5 fruits et légumes le jour de l’adaptation 3D de « In bed with Giorgi Jgenti ».

 

L’équipe a tout de suite adhéré au projet. Les 10 première minutes furent euphoriques, ensuite les volontaires se sont manifestés pour écrire un à un les comptes rendus d’une année complète. (novembre à mars compris).

 

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La Boucherie Ovalie révolutionne aussi l’administration : c’est le dernier arrivé qui travaille.

 

Motivation, envie d’aller au bout, de ne pas s’écrouler en barrage comme un vulgaire Racingman, nous nous sommes relayés tels de courageux cyclistes devant un public qui dort pour toujours trouver un volontaire de force.

Et le jeu en valait la chandelle auvergnate sur un 4 contre 1, puisqu’il s’agit bien d’une révolution :

 

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Un championnat audacieux, un résultat surprenant.

 

Alors oui je sais, c’est étonnant. La surprise est totale et on entend déjà les premières analyses monocordes et sans virgule d’un Pierre Villepreux frénétique, aussi emporté que ce sanguin matin de 1974 où il a perdu une pantoufle. L’étonnement digéré, les premiers constats s’imposent et sont sans appel.

Changer l’attribution des points afin d’encourager les équipes qui produisent du jeu, sans calcul, est une excellente idée… dans un championnat où au moins une équipe produit du jeu.

Notre erreur fut donc tout d’abord d’intégrer au Top15, par sympathie, les équipes de feu le Top 14. Et elles ont fait ce à quoi le rugby français les a formées : faire l’impasse à l’extérieur, mettre quelques branlées à ceux qui font vraiment super bien l’impasse, et occuper les mois suivants à provoquer des pénalités. 

Les équipes, bien aidées par une technique hors-norme, ont fait le choix de ne pas suivre les recommandations. Peut-on leur en vouloir ? On a vu pas mal de rencontres, attribuer un point de bonus à l’équipe qui marque 3 essais est une belle idée mais c’est sans doute encore un peu tôt pour les réclamer dans le même match.

De même que nous n’avons pu que remarquer les coups bas des vieilles instances, effrayées à l’idée de voir le Top 15 prendre leur place au plus près des petits fours, et qui ont tout fait pour enrayer la révolution en marche. Nous en voulons pour preuve cette descente de Bayonne après une décennie de sauvetages improbables, juste pour s’attribuer avant nous la gloire de cette relégation. Personne n’est dupe, odieux jacobins.

 

Mais revenons au classement. Ceux du haut sont en haut, ceux du milieu restent quelconques, et ceux du bas sont toujours aussi bas, inspirant plus de rires que de pitié.

Alors pourquoi les équipes n’ont pas adhéré ? Pour ceux du haut on peut comprendre, pourquoi courir pour le même résultat. Mais les autres ?

Sont-ils techniquement si pauvres, collectivement si faibles et tactiquement si limités qu’ils n’ont pas saisi cette chance ?

Bon, en fait oui. Mais supposons qu’il y ait d’autres raisons, juste histoire de garder un peu d’espoir alors que la saison prochaine se dessine déjà.

 

Nous n’avons pas été assez gourmands, la révolution doit être totale. Nous avons négligé l’arbitrage tout d’abord, et sa frénésie de rugby à la française. Celui qui récompense la défense, punit l’attaque, siffle toutes les mêlées pour feindre qu’il y comprend quelque chose, devait être soudoyé pour que ce projet puisse s’accomplir. Il s’agit tout d’abord d’un problème d’estime de soi. Les arbitres étrangers ont accepté l’idée de n’y rien comprendre, et laissent donc les mêlées suivre leurs rondes au mépris de l’entendement. L’abstraction de toute maîtrise et l’aveu d’incompétence sont en fait les atouts des arbitres étrangers qui acceptent d’être seulement celui qui sanctionnera un vulgaire meurtre.

C’est parce qu’ils font face à leur impuissance face aux phases statiques qu’ils encouragent les lancements de jeu, pour y voir quelque chose. Pour aller mieux. Et le jeu nait…

 

Ainsi nous décidons de tendre une main fraternelle mais papédée à l’arbitrage, afin que le Top15 soit enfin le championnat tant attendu. Ceci s’articulera autour d’un Grenelle de l’arbitrage dont voici les grands axes :

– Ouverture de groupes de parole : Tu n’y comprends rien, mais moi non plus. Nous non plus. Je ne te juge pas. Arbitre je t’accepte.

– Sanctionner un seconde ligne juste parce qu’il était plus costaud que toi à l’école n’est pas une solution. Un joueur que tu soutiens, c’est un ami qui te retient.

– Nous nous engageons à fournir un lot de maillots aux couleurs non criardes et tolérables à tout arbitre adhérant au projet, lui permettant ainsi de revoir ses enfants.

– Plus de jeu, c’est plus d’en-avants. C’est aussi plus de 3 contre 1 de Domingo. La thérapie par l’humour, pour réchauffer ton petit cœur.

– Le droit à la parole en fin de match, parce que toi aussi « tu savais que ça allait être difficile ».

 

Rejoins-nous, Arbitre. Entre dans l’histoire, et montre nous ce qu’aurait été la Révolution Française racontée par un maigrichon équipé d’une GoPro.

Prends ma main, faisons une ronde, et chantons ensemble : Je n’y comprends rien, je ne maîtrise rien, mais quitte à passer pour un con autant qu’on s’amuse !

Dernière journée du Top 15

 

Par Pastigo

Dernière journée du championnat ! Tout est allé si vite, telle la sortie de balle d’un 9 français. Si bon nombre d’entre nous n’ont pas vu l’année s’écouler, d’autres l’ont bien sentie passer. Droit dans la tronche pour la défense grenobloise, droit dans le séant pour les opposants à la fusion. A l’inverse certains nous ont réservé de belles surprises : La surprise pleine d’entrain d’un Oyonnax qui crée un groupe de guerriers en les payant avec des billets de 15 euros, la surprise flasque d’un Toulouse en phases finales qu’on se rêvait à croire relégué en décembre dernier. Personne ne comprend d’ailleurs, et les mathématiques sont formelles, on suppose simplement que le match contre Brive valait 30 points.

C’est peut-être pour ça qu’on trouve ce championnat tout pourri d’ailleurs, par tradition on regarde systématiquement l’affiche toulousaine de la semaine. De même qu’on remarque l’exploit d’Oyonnax, en vantant leurs mérites, sans avoir vu le moindre match. Il est toujours possible que cette équipe n’existe pas et ne serve que de 14ème chimère en l’absence de l’USAP en pleine re-reconquête.

D’habitude les abonnés Canal+ gueulent parce que le seul match diffusé n’est pas celui de leur équipe, perdue sur un canal introuvable de Rugby+. Mais c’est une journée spéciale, et aujourd’hui ils n’en verront aucun grâce au Multiplex !

Le Multiplex, qu’est-ce que c’est ? On suppose qu’il s’agit de la copie des superstructures consacrées au cinéma, c’est en fait la réplique du Fiat Multipla. Le principe est simple : Le réalisateur choisit l’action la plus molle, afin de lancer le jingle indiquant qu’on n’a pas vu l’essai du terrain voisin. L’occasion de voir l’action qu’on a ratée pendant qu’un autre essai est planté sur le terrain précédent. On se sent comme un type qui tombe systématiquement sur un gros cul en legging pendant qu’une bombe à poil lui tape dans le dos. Le temps de se retourner, c’est Jgenti en cuir. Évidemment c’est le jour que choisissent toutes les équipes pour marquer le tiers de leurs essais de l’année.

Il faut cependant reconnaître une qualité au Multiplex : qui choisirait volontairement de suivre un match de Brive ou Grenoble ? Malin qu’il est, et franchement malsain aussi, il nous y mène l’air de rien. Il a aussi la qualité de ne pas nous laisser le temps de détester le commentateur désigné. Également celle de nous faire découvrir un monde où Toulon et Clermont n’existent pas. En fait il a plein de qualités, mais c’est pas fait exprès.

Montpellier-Clermont

Commençons par le match dont tout le monde se fout, comme un film français, dans la mesure où aucun héros ne peut mourir. C’est un peu comme un film d’auteur où les protagonistes vivent un drame familial autour du programme linge délicat, quand à côté on vit les dernières heures de l’apocalypse nucléaire. Clermont est qualifié, le MHR ne peut plus l’être, ni même descendre, et encore moins être bon. Pourtant le MHR donnera tout ce qu’il a, c’est à dire jouer 8 minutes et tomber dans le coma. Clermont sortira logiquement vainqueur de cette non-finale de rien du tout, une évidence. Montpellier est donc clairement composé d’une équipe de un joueur, et ressemble à un gigot mou quand ce dernier est pété. Ça tombe bien, il finira par prendre sa retraite et c’est la côte la plus proche d’Aurillac.

Racing Metro – Castres Olympitre

Ça aussi on s’en fout pas mal, même si le Racing reste maître quand il s’agit de foirer un truc évident. On ne peut cependant pas leur jeter la pierre, avec un Castres sauvé de la relégation le dégoût pour cette rencontre était décuplé. Le Racing écrase les Aveyronnais comme on l’attendait, sans la moindre surprise. C’est aussi pour cette absence absolue de goût du risque qu’on les déteste, mais comme on exècre autant leur adversaire du jour ça passe inaperçu.

Toulon-Oyonnax

Quand les Sibériques ont découvert le calendrier, sachant qu’ils joueraient leur peau le dernier jour comme tous les gueux, ils avaient déjà écrit leur discours de remerciement entraînant leur public vers la Reconquête. A l’instar de ce gamin qui bave et qui joue tout à coup du Mozart en se frottant contre un piano, les voilà en potentiels barragistes. Évidemment contre l’équipe des Champions de France multiples Champions d’Europe composée de Champions du Monde ils se feront plier, pas de miracle. Les voilà donc dépendants de l’autre bonne surprise agitée, l’UBB, composée de jeunes mecs super beaux et de Pierre Bernard.

Stade Toulousain – Bordeaux Beugle

Enthousiasmés par une belle série de une branlée contre Brive, les Toulousains sont intenables et enchaînent les prestations médiocres dans un souci d’humilité. Les Bordelais jouent gros et font trembler leurs idoles, la plupart des joueurs de l’UBB ayant grandi en poussin en rêvant d’être le joueur d’en face. De vilaines crises d’arthrose font souffrir les Toulousains qui jettent leur dentier à la gueule des puceaux, Census Johnston oubliera même d’ouvrir la main en tapotant le visage d’un gamin pour lui donner du courage.

A 15 contre 14, les solides Bordelais emmènent le groupe jusqu’à offrir à Lionel Beauxis l’occasion ultime de rendre hommage à ses anciens clubs, Toulouse et Oyonnax réunis, en offrant la victoire au premier et la place de barragiste au second. Désormais, et pendant mille ans, le Beauxing day sera ce jour où l’on foire l’immanquable sur la musique de Pirates des Caraïbes.

Bordeaux est éliminé, Oyonnax se tape une vache.

Brive – Stade Français

S’il avait été joué en janvier, ce match aurait été diffusé sur France Ô. Seulement à la vue du classement, et par un procédé miraculeux, nous sommes tous Brivistes. L’enjeu est énorme : Certes Brive peut se sauver et ça on s’en fout un peu, mais Bayonne peut alors descendre et ça c’est un peu génial. Fort heureusement, et bien que cela paraisse parfaitement incohérent, Paris est venu en Corrèze faire du tourisme. A croire qu’eux non plus ne peuvent pas piffrer Bayonne, comme quoi on est vraiment pas les seuls. Les Brivistes pleureront de joie à chaque fois qu’ils ne feront pas un en-avant et chaque essai est l’occasion d’une intense et rurale émotion.

Voilà donc Brive glorieux vainqueur, qui gagne un tour supplémentaire à se faire piétiner en déplacement comme à la maison, mais toujours avec la foi.

Bayonne – L’Ile de Ré

Chaque année, on se demande comment Bayonne va rater la relégation. 10 ans que ça dure, personne ne comprend et eux encore moins, surtout qu’ils y sont souvent pour rien. Force est de constater que Biarritz reste le club basque qui garde encore et toujours une longueur d’avance. La Rochelle s’étant récemment suicidée contre Toulon pour vivre, et n’étant pas à une incohérence près, ils vont tout faire (c’est à dire rien) pour que Bayonne récupère le bonus offensif dès la 3ème minute de jeu. A Bayonne, on sent encore glisser entre ses doigts cette ProD2 promise, alors que l’équipe enchaîne les essais en tentant un truc nouveau : jouer au rugby.

Regrettable victoire des Basques. Heureusement, Brive était là en soutien.

Lyon – Grenoble

Plus Brive élimine Bayonne et plus cette folle journée perd en intérêt. C’est sans compter sur les Grenoblois, à qui il suffit d’un bonus défensif contre Lyon pour se sauver, chose qui n’est jamais arrivée cette saison puisque personne n’a perdu contre le LOU. Seulement voilà que Grenoble se vautre contre Lyon, l’équipe reléguée depuis 6 mois dont les seuls joueurs qu’on connaît sont à la retraite. Grenoble étant la seule équipe capable d’aussi bien rater sa fin de saison qu’elle réussit son entrée, c’est avec une classe certaine qu’ils enchaînent tout ce qui peut être moche et affligeant. Heureusement c’est le LOU, et même quand ils gagnent ils ont l’air d’avoir perdu. Ils laissent à l’adversaire ce point du bonus salvateur qui n’aurait pas sauvé le LOU de toute façon, mais si y’a moyen de faire chier jusqu’au bout…

 

Mais ça y est ! Ils ont travaillé dur, ils l’ont effleuré si souvent. Ce sont des années de labeur qui sont enfin récompensées, et qui prouvent qu’en restant fidèle à son jeu et à ses valeurs ça finit par payer : Bayonne accède enfin à la ProD2 ! L’intégralité de l’effectif se met en vente sur leboncoin, le public pleure de joie. L’équipe va enfin pouvoir bénéficier de l’affichage médiatique qui lui est dû en jouant le jeudi soir. Brive peut avoir quelques regrets, mais quand on voit la joie dans les yeux humides de ce groupe, on se dit qu’il aurait été cruel de leur voler ça. Félicitations, le Pays basque lève les mains !

Le classement

En attendant les matchs de phases finales, qui donneront encore des points et permettront de désigner le vainqueur du Top 15, nous ne pouvons vous proposer de classement cette semaine car le Stagiaire a perdu sa calculatrice Casio FX 92 (en fait on lui a volé à la récré). 

 

Pastigo a regardé ASM-RCT place de Jaude

Samedi 2 mai 2015, 21h. Je suis sobre et habillé de ce qu’il me reste de dignité, donc en slip. Celui-ci est impeccable. Aucun raté, de ceux qu’on laisse filer en croyant avoir fini la tête appuyé contre le mur, en gueulant qu’on est les champions. Là où celui-ci devait porter les marques d’une soirée floue n’apparaît que l’immaculé témoignage d’une soirée à blanc.

Ça faisait un moment qu’on avait pas échoué en finale, de sorte qu’on était presque fier d’avoir gagné le droit de ne pas la perdre. Du coup j’ai perdu certaines habitudes, mon guide de survie en milieu finaliste. C’est une sorte de barbu mystique et vaporeux qui m’apparaît au mois de mai. Il me rappelle d’arrêter de penser que l’Auvergne peut sortir de la bouse, et que la pitié est la seule alternative à l’indifférence. En général il me balance aussi une grande tarte, je crois qu’il ne m’aime pas. Au milieu de la foule qui se fout de nous il n’y a qu’un peuple qui prend la peine de nous détester, j’en déduis qu’il est briviste.
Je n’ai donc pas été prudent, et j’ai même cumulé toutes les erreurs qui m’ont conduit à écrire un article en slip un samedi soir.

Dans l’après midi j’étais serein, léger. Comme un coq un peu con qui croit voir un croupion, et s’encastre frivole dans un phare de Twingo. J’ai donc fait ce que tout imbécile fait en Auvergne, au mépris des règles d’amour-propre évidentes, je me suis rendu place de Jaude. Là j’ai trouvé quelques milliers d’optimistes tous habillés des couleurs criardes de nos cortèges funèbres, refusant d’accepter le destin dans lequel ils se drapent. Ça chante, ça secoue des drapeaux, ça crie « ici ici c’est Montferrand » comme pour invoquer les dieux de la honte en villégiature à Perpignan. Les premiers arrivés ont les bonnes places, bien au centre, et boivent déjà leur bière chaude. Ensuite nous arrivons par milliers des deux côtés, les bloquant dans un étau avant qu’ils aient le temps d’aller pisser. D’autres sont venus aussi, comme celui qui pense tout à coup à rejoindre ses potes de l’autre côté. Il nous regarde, dans ses yeux on peut lire « dites, les 50.000 personnes, vous pouvez vous pousser, y a mon cousin là-bas qui a mes clopes». On l’a tous rencontré un jour celui-là. Parmi ceux du milieu qui se retiennent de pisser, il y a ceux qui ne se retiennent de rien tellement ils étaient déjà saouls deux heures avant le match. Ce sont ceux qui gueulent systématiquement « WAAAAYYYY » quand il faut chanter. Dans la mesure où il y a 3 chants à retenir, on suppose que s’ils n’ont pas trouvé une bouteille dans laquelle se vider, leur pantalon doit fleurer bon le port de pêche. C’est alors que chacun a bien trouvé sa place, c’est à dire en maudissant celui de devant tout en faisant chier celui de derrière, que les premières péripéties divinatoires peuvent s’abattre. D’habitude en Auvergne on doit attendre que le match débute avant d’être dépité. Cette année, net progrès ! Nous apprenons que Brock James est forfait, certainement victime d’une fracture du mental. La seconde claque revient directement quand nous prenons conscience que c’est Cochonnet qui prend évidemment sa place.

C’est dans ce contexte où chacun vient volontairement mourir en groupe que le match démarre, selon les règles scénaristiques auvergnates désormais célèbres mais toujours surprenantes.

A première vue l’optimisme n’est que très relatif, la méfiance reste de mise compte tenu d’un passif un peu lourd. De ce fait l’ASM a tout d’abord à cœur de mettre chacun en condition en faisant une excellente entrée. Joviaux et dominateurs, on les sent bien, on se détend. On se dit que celle-ci c’est la bonne pour de vrai, quand Lopez réussit ses deux premières tentatives alors qu’on le soupçonnait depuis un moment d’avoir vendu ses pieds contre un BigMac. Même les 3 points d’Halfpenny ne présagent encore rien de mauvais, on sent que l’ASM est venu -cette fois- avec une stratégie. En Écosse, Vern Cotter commence à manger sa casquette. L’homme a vécu comme un nazi pendant toutes ces années, et c’est un Catalan de retour de La Jonqueira qui va réussir à sa place ? Il s’énerve et vire tous les joueurs du XV du Poireau. Puis il les reprend, conscient qu’il n’en a pas d’autres.
Comme on ne chante pas encore « On est les champions ! » place de Jaude, l’ASM lance sa botte secrète : le contre castrais. Le contre castrais a pu être longuement étudié par les Auvergnats ces dernières années, et ils en ont désormais une maîtrise totale. Le geste consiste en un contre de pute pour ensuite invoquer le super pouvoir du Vincenclerc, à l’aide de n’importe quel joueur qui sait courir. Il est important, pour un bon contre castrais, de déclencher le geste au moment où l’équipe adverse se sent en confiance et largement supérieure. C’est donc Fofana qui conclut l’action d’un plongeon diablement prétentieux, une excellente idée quand on connaît l’histoire du club.

Cette fois ça y est, place de Jaude on est Champions du Monde. Les femmes font voler de larges mamelles au vent et les hommes agitent les drapeaux qui font chier quand on est au fond. Cudmore entame même la séance des rappels en revenant sur scène toutes les 3 minutes, sous les applaudissements d’un public conquis.

Nous sommes mûrs ! L’ASM entame donc la phase dite de la montée en pression, en lâchant le match tout doucement, avec amour et tendresse. Halfepenny enquille les pénalités pour revenir à 11 à 9 à la mi-temps, juste ce qu’il faut pour que l’Auvergne angoisse de finir l’acte avec un si faible écart. Les 40 minutes sont écoulées, on fait le point, inquiets mais pas découragés. C’est alors qu’Abendanon, d’une passe millimétrée depuis son camp, relance merveilleusement les Toulonnais qui reviennent plein axe. Et c’est à la 42eme (comment imaginer plus parfait ?) que Bastareaud aplatit en coin, prenant la suite des préliminaires auvergnats pour mettre un grand coup de rein à la place de Jaude.

Las, chacun va pisser tête basse, le regard vide. On s’était préparé à tout, mais celle-là fait mal.

Idéalement il faudrait marquer dès l’entame, afin de revenir. Comme c’est idéal, il va de soi que ce ne sera pas le cas. Mieux, ce sont les Toulonnais qui mènent le jeu et les Clermontois qui ajoutent juste ce qu’il faut de conneries débiles pour que Toulon marque les premiers. L’écart est fait, comme d’habitude ça pue, et comme d’habitude nous perdons espoir.
Que se passe-t-il quand l’Auvergnat est résigné et commence à appeler maman pour la soupe ?
L’ASM relance de 7 pardi ! Abendanon fait un truc super simple, c’est à dire marquer un essai en toute décontraction, pour bien montrer qu’il aurait pu le faire dix fois auparavant. La place de Jaude bascule donc d’euphorie en fausse couche à une vitesse phénoménale, du suicide collectif à l’orgie romaine en moins de temps qu’il n’en faut pour faire une farandole, et inversement.

On y re-croit, et c’est re-pénible. Il manque juste ce petit point et les minutes passent, on attend le moment où l’ASM récupérera cette pénalité qui va bien, après tout c’est Nigel Owens quand même. Plus ce sera tard mieux ce sera, de toute façon vu ce qu’il se passe, avec un jeu de plus en plus fermé, plus aucune équipe ne marquera d’essai…

… quel génie de nous avoir amené là. On aurait dû le voir venir, c’était évident. Drew Mitchell part, élimine 18 joueurs dont 3 sur le banc, et aplatit à 10 minutes de la fin avec cette gueule de con si caractéristique de l’essai de fin de match contre l’ASM.

Nous revoilà dépressifs. Les joueurs de l’ASM agitent des pancartes « 18-24, ça fait que 6 points ! *smileyclindoeil* ». Et s’entame alors la traditionnelle action de 10 minutes en quête des 7 points, celle que l’ASM maîtrise à merveille depuis des années. On avance de 10 mètres, on recule de 5, place de Jaude la spasmophilie est totale. Chaque temps de jeu nous rapproche doucement de la victoire, avec son lot d’intensité émotionnelle. Intensité émotionnelle, ça prend tout son sens quand on est à côté d’un mec qui se fait sûrement dessus. Même Mick Delany fait de sublimes percées rattrapées de justesse, de sorte qu’on se dit qu’en fait ce type a été embauché pour ce match tant le reste du temps on s’était posé la question. Et c’est quand l’essai est là, au bout du bout des tas de tas, que l’évidence veut qu’on pousse encore dans l’axe juste une fois pour que ça casse… que Cochonnet balance un coup de pied dans les bras d’Habana, qui fait sa grimace la plus laide pour sublimer le moment.

Toulon est Champion d’Europe, mais surtout Clermont ne l’est pas.

Alors voilà, à 21h j’étais en slip. Ça m’a donné le temps de réfléchir, et je crois que je commence à me lasser d’avoir l’air con. Ça nous rendait romantiques au début, sympa aussi, mais quand ça fait plus de dix fois que la même fille te laisse avec le froc aux genoux et que tu te vautres en tentant de la rattraper, il est temps de passer à autre chose. Je veux donc connaître l’ivresse de la victoire, même si c’est tout seul. De ce fait, je lance www.boucherie-saut-à-la-perche.com .

Un site où on gagne, même si c’est chiant. Un site où on est content, même si personne n’est là pour l’entendre. Et un site où, si on perd, au moins les Toulonnais ne seront pas au courant.

C’est peut-être pas super excitant, mais pour nous autres bouseux, c’est frais. C’est nouveau.

Ah oui au fait : pour ceux qui s’accrochent quand même et refusent l’évidence, sachez qu’on va se faire éliminer en barrage par Oyonnax.