[Présentation] La Namibie
par Pastigo

  • 11 September 2015
  • 10

Par Pastigo,

 

Alors que nous étions habitués à produire des textes sans fin que personne ne lit, écrire un livre nous contraint soudainement à ce format que personne n’achète. Si les grands classiques de la littérature dépassent allègrement les 600 pages, telle l’autobiographie d’un vieux journaliste par et pour lui-même, nous autres devons nous contenter d’une petite moitié. C’est à l’heure du choix délicat du contenu à sacrifier que la Namibie est apparue comme une évidence. Voici donc :

La Namibie.

 

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Les raisons d’afficher un dédain certain pour la Namibie étant aussi nombreuses qu’injustifiées, nous nous concentrerons sur les deux plus courantes. Pour l’imbécile moyen la Namibie est une bien piètre terre de rugby, alors que pour la masse plus laborieuse encore la Namibie doit probablement s’attraper comme la dengue ou Ebola. Vous vous êtes reconnu, fier(e) d’appartenir à la catégorie d’imbéciles la plus respectable ? Erreur ! Car si la Namibie n’est certes pas une maladie, c’est avant tout la plus grande expérience de Rugby Total.

Pour bien comprendre en quoi la Namibie est le prototype du Rugby parfait il faut s’intéresser à son histoire. La comparaison avec l’Afrique du Sud voisine est évidente, avec ceci de génial qu’il n’existe nuls autres pays aussi semblables et partageant pourtant autant de haine l’un pour l’autre. La Namibie n’est rien d’autre que l’Afrique du Sud du connaisseur, le showbizz en moins. Loin de la ségrégation trop m’as-tu-vu de son voisin, la Namibie a produit un apartheid plus familial, authentique, de celui qu’on ne trouve pas dans les guides touristiques. Ainsi on y découvre une haine libérée de considérations mercantiles et entretenue par de vrais passionnés.

Dès la fin du 19e siècle le territoire se voit colonisé par les Allemands, partis en retard derrière les Anglais et les Français et devant se satisfaire de ce qu’il reste au bout. Parce qu’un Allemand est avant tout un nazi qui s’ignore, celui-ci expérimente bien avant l’heure les joies des camps de concentration. A peine enfilées ses chaussettes dans ses tongs qu’il parque les populations autochtones pour les exterminer dans une bonhommie toute bavaroise. Sans aller jusqu’à dire que c’est dans ses gènes on notera tout de même un goût certain pour la chose, mais les bases de l’Ultimate Rugby Player sont posées. L’épuration laisse un goût de reviens-y et le colon est en manque, trouvant rapidement de quoi s’épanouir avec l’Afrique du Sud (des Anglais, comment leur en vouloir ?). Pendant près d’un siècle, d’attentats en massacres, l’un annexe l’autre régulièrement. Partageant un potentiel de tarés sanguinaires infini, ils comblent les périodes plus calmes de guerres civiles entre factions et ethnies tellement ignobles qu’il est impossible de reconnaitre le monstre de la victime. Les choses ne se calmeront tristement que dans les années 1990 avec l’indépendance de la Namibie obtenue, alors même que l’Afrique du Sud tourne lentement le dos à plus d’un siècle de folklore.

Épuration, destruction, haine aveugle, un goût certain pour la souffrance et près d’un siècle d’expérience… voilà pourquoi la Namibie doit être considérée comme la Terre Sainte, terreau infâme propre à voir jaillir de ses entrailles le Boucher ultime mâchant la cage thoracique de B. Botha.

Mais alors, comment expliquer que la nation des seigneurs noirs du Rugby inspire autant de crainte qu’un bêtiser de chatons ? Paradoxalement c’est à son absolue perfection qu’elle doit son échec. Si le meurtre systématique rend les locaux toujours plus cinglés, cent ans de massacres ont eu des conséquences imprévues : la Namibie compte actuellement 2 habitants/km². Sachant qu’il faut réunir 30 personnes sur 1 hectare, aucun match de rugby n’a été déclaré depuis 1977. On attend. Le passé festif n’inspire que peu à l’immigration, même la promesse de clopes à pas cher souffre de la concurrence d’Andorre chez les trafiquants toulousains.

De fait, le travail du PSA local est simple : obtenir la liste de tous les individus masculins et en bonne santé entre 15 et 45 ans et les inscrire sur la feuille de match, la seule fantaisie admise étant de les annoncer par ordre alphabétique. Rapidement, nombre de Fidjiens locaux furent donc nécessaires pour faire le nombre. Le reste des noms, à en faire pâlir un Argentin, semble tout droit sorti du procès de Nuremberg, alors que leurs photos aurait pu être placardées partout par Goebbels avec sa propre semence.

Si nous avons pu rapidement faire le tour du concept Namibie, intéressons nous désormais aux Namibiens.

Le Namibien, comme son nom l’indique, est une espèce extra-terrestre. Pas du genre d’Avatar pour laquelle on se prend d’affection, plutôt de celle de Star Wars qui n’existe qu’une piteuse seconde quand son vaisseau explose. Le Namibien, c’est l’escargot dégueulasse qui fait les carreaux derrière Luke Skywalker. Il est bien là mais le monde du rugby ne s’en rend pas compte, celui qui peut compter sur le vote de sa mère dans un concours de cosplay. On peut alors s’autoriser à penser que le contexte namibien n’est pas complètement propice à la confiance en soi nécessaire au joueur, qui ne doit d’ailleurs sa seule présence qu’au fait d’être un mâle adulte résidant. 

 

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Namibien apprenant sa sélection.

 

C’est ainsi que les Enfers restent désespérément en sommeil. La prophétie se fait attendre, les forces occultes du monde entier s’impatientent et ne peuvent que prendre leur mal en patience en produisant les albums de Kendji Girac. Tout le monde s’accordera à dire du jeu namibien qu’il est plutôt pauvre, pour rester poli. A vrai dire il n’y a peu d’espoir que le déclic ait lieu, en tout cas pas tant que les instances du Rugby ne donneront pas sa chance à la Namibie et modifiant le règlement, permettant à cette chaleureuse contrée d’exprimer tout son potentiel. L’intégration immédiate de la torture, d’armes diverses, d’un éventail de supplices propres à faire souffrir mille tourments, serait sans doute encore mal acceptée. Mais rien n’empêche les instances, en marge des compétitions officielles, de lancer quelques phases de tests contre -au hasard- les Anglais ou Craig Joubert. Nous devrons patienter avant l’ère du Reich namibien, en attendant il nous reste cette maigre consolation : la Namibie en Coupe du Monde, quand même, c’est drôle.

Astuce : imprime cet article, découpe le, puis glisse le derrière la page 261 du livre Boucherie Ovalie, à la place qu’il mérite entre le Japon et les États-Unis.

Et voilà ! Tu viens d’ajouter du contenu gratuit à ton livre, qui en plus d’être de qualité clairement supérieure en fait le premier ouvrage évolutif de l’histoire.