Exclusif : Philippe Saint-André se représente à la tête du XV de France Ils lui ont dit que c’était impossible. Alors il l’a fait. Contre toute attente, Philippe Saint-André a décidé de se représenter au poste de sélectionneur du XV de France. Avant tous les autres candidats déclarés (ou non), il a même déjà rédigé sa lettre de candidature, dans laquelle il présente son projet de jeu et la constitution de son nouveau staff. Et si finalement, PSA était le mieux placé pour se succéder à lui-même ? Un document exclusif que notre espion Ovale Masqué s’est procuré en infiltrant la poste de Marcoussis avec la complicité de Pèir Lavit.
Marc Lièvremont, génie incompris ou gros naze ? 4 ans après, on fait le bilan. Par Ovale Masqué, Demain à Twickenham, Philippe Saint-André disputera probablement sa dernière rencontre du Tournoi des VI Nations en tant que sélectionneur. Il lui restera ensuite entre 4 et 7 matchs (ça dépend si vous croyez aux miracles ou non) pour tenter de sauver un bilan qui fait déjà de lui le « pire sélectionneur du XV de France de l’ère moderne » selon un large panel d’experts du rugby, qui va de la presse spécialisée au Jean-Michel Cekelchaine de base. Le pire sélectionneur… si vous avez de la mémoire, vous vous rappelez sans doute avoir déjà entendu ce qualificatif pour désigner quelqu’un d’autre, il n’y a pas si longtemps que ça. Oui, nous parlons bien de Marc Lièvremont. Il y a seulement 4-5 ans, l’ancien entraîneur de l’US Dax était tout aussi détesté que Ouin-Ouin aujourd’hui. Il fut même régulièrement qualifié de « Domenech du rugby », ce qui constitue apparemment une sorte d’insulte suprême pour un entraîneur – on remarquera qu’il y a quand même pire destin que perdre une finale de Coupe du monde de façon injuste. Depuis, Marc Lièvremont a vu sa cote de popularité remonter de façon spectaculaire, sans doute grâce au célèbre « syndrome Jacques Chirac » : son successeur est tellement nul qu’on finit par se dire qu’il n’était peut-être pas si mal. Comme un film expérimental conspué par le public et la critique lors de sa sortie en salles, ce bon vieux Marco semble même promis à un statut « culte ». Voyez déjà : son « tu m’emmerdes avec ta question » est entré dans la légende, tout comme le pack de bières qu’il traînait sous le bras un soir de solitude à Takapuna. Sur ces pages, nous avons toujours défendu celui qu’on a très vite appelé avec tendresse « Lapinou ». Oui, on l’aimait notre Marco, pour un tas de raisons plus ou moins bonnes, et plus ou moins explicables : — Un esprit de contradiction adolescent (vous avez dit « sales gosses » ?) qui nous poussait à vouloir prendre le contrepied de la presse traditionnelle. Presse qui a très vite décidé de se « faire » « ce petit entraîneur de ProD2 » parachuté à la tête du XV de France un peu par hasard, et qui contrairement à son prédécesseur était loin d’être un fin politicien. Il faut dire que sur le terrain médiatique il partait perdant d’avance, étant en froid avec la mafia Blanco depuis son départ du BO (le Grand Serge n’avait pas non plus apprécié de ne pas être consulté par Bernard Lapasset au sujet de sa nomination) ou régulièrement ciblé par les critiques de Guy Novès (qui après avoir passé 4 ans à le démolir, n’aura finalement pas les bollocks de lui succéder en 2011). On passera sur le comportement souvent dégueulasse de l’Équipe (ou du moins de certains de ses journalistes) qui avait déjà prouvé son savoir-faire avec Aimé Jacquet quelques années plus tôt. — Une certaine sympathie pour un personnage qui semblait sincère, passionné, plein de bonnes intentions bien que parfois un peu naïf, comme il l’a souvent démontré dans sa communication en roue libre. — L’impression qu’il n’avait pas forcément fait pire que Bernard Laporte en deux mandats (en Coupe du monde, c’est un fait : il a fait mieux). Depuis, du vomi a coulé sous les ponts et c’est avec notre réactivité légendaire que nous avons envie de nous poser cette question : avec le recul, Marc Lièvremont était-il un gros naze ou un génie incompris ? Si la réponse se situe probablement quelque part entre les deux, tentons d’analyser point par point et de façon totalement subjective ce que l’ancien troisième ligne aile a pu apporter au XV de France. Marc Lièvremont LE CATALAN, un joueur qui avait de la classe, pas comme les starlettes d’aujourd’hui. Le choix des hommes : C’est le chiffre qu’on peut lire un peu partout depuis une semaine : depuis le début de son mandat, PSA a fait appel à 82 joueurs différents dans le groupe France. En 4 ans, Lièvremont aura fait un tout petit mieux avec 83 joueurs, dont 50 dès sa première année, ce qui révèle sans doute un tempérament de grand collectionneur d’images Panini. Une liste de 83 joueurs où l’on peut retrouver des légendes de ce sport comme Jérôme Schuster, Julien Arias, Lionel Mazars, Jérôme Porical… et même un certain Matthieu Lièvremont. Bref, des expérimentations, Marco en a fait des tas, y compris en changeant des joueurs de postes, grande spécialité du rugby français. On se rappellera notamment de Sébastien Chabal flanker, Benoît Baby à l’ouverture ou encore Mathieu Bastareaud au centre. Ah non merde c’est son vrai poste. Bref, si notre Lapinou n’était pas le dernier pour la déconne, il est bon de rappeler que Bernard Laporte a bien souvent enfilé sa blouse blanche de savant fou lui aussi, et qu’il a notamment réussi la prouesse de changer plus de la moitié de son équipe-type au cours de la Coupe du monde en 2007. Il faut dire qu’une des particularités de notre rugby est qu’aucun de nos joueurs à part Thierry Dusautoir ne semble être capable d’enchaîner 3 bons matchs de suite, que ce soit en club ou en sélection, ce qui rend les choses difficiles pour travailler sur la durée. On peut tout de même reconnaître à Lièvremont le mérite d’avoir lancé dès le Tournoi des VI Nations 2008 des joueurs comme Morgan Parra, François Trinh-Duc, Louis Picamoles ou Fulgence Ouedraogo. Rappelons qu’à l’époque, Bourgoin et Montpellier jouaient le maintien et que sélectionner ces quasi-inconnus était un choix plutôt osé, surtout après des années et des années de XV de France en mode « Stade Toulousain Paris Olympique ». Dès sa première année au poste, il sélectionne également Maxime Mermoz pour une tournée en Australie, alors que ce dernier faisait banquette à Toulouse – Guy Novès l’avait d’ailleurs libéré en plein milieu des phases finales. Un choix peu anodin sachant que le futur CATALAN sera titulaire au centre 3 ans plus tard durant le Mondial, aux côtés d’Aurélien Rougerie – là aussi une petite audace, puisque le joueur préféré de Roselyne Bachelot était encore un ailier qui dépannait au centre de temps en temps. Bon par contre, Lapinou sera aussi le premier sélectionneur à voir du talent chez Yoann Huget : personne n’est parfait. Devant, il faut évidement souligner le travail de Didier Retière, qui a certes sélectionné Julien Brugnaut, Clément Baïocco et Renaud Boyoud, mais qui a aussi aidé à révéler des joueur comme Thomas Domingo, Guilhem Guirado, Luc Ducalcon ou Fabien Barcella (mais si, souvenez-vous, le meilleur pilier du monde pendant un match en 2009). Il a également fait de William Servat l’homme de base de son pack. Un Servat qui rappelons-le n’avait plus connu l’équipe de France depuis 2005 après avoir connu de graves pépins physiques. Avec un Nicolas Mas alors au sommet de son art, le XV de France avait alors probablement le meilleur pack du monde. Malgré quelques incohérences, de nombreux joueurs faisant d’incessants allers-retours et le blasphème qu’a constitué le sacrifice de Yannick Jauzion au lendemain d’une défaite en Italie, on peut donc dire que Lapinou ne s’est pas trop gouré sur le choix des hommes. Et si on s’est tous foutu de sa gueule pour Morgan Parra en 10, finalement, il faut reconnaître que ça a plutôt bien marché. Le premier avait le pack de bières, le second les petits fours : un duo hyper-préparé pour les exigences du haut niveau. Le jeu : Au niveau du jeu, on peut dire que Marco aura été une sacrée allumeuse. On se rappellera ainsi d’un premier Tournoi des VI Nations contrasté (3 victoires, 2 défaites) mais où l’on avait pu voir apercevoir quelques séquences de jeu magnifiques, notamment contre l’Écosse et l’Irlande avec un duo Heymans-Clerc en feu. Un état d’esprit insouciant et offensif qui avait aussi ses défauts. Ainsi on se rappellera contre l’Angleterre au Stade de France, c’est sur une relance-suicidaire de François Trinh-Duc dans ses 22 mètres que les Bleus se feront punir. Un plaquage désintégrant de Jamie Noon – oui, le futur Briviste – sur Cédric Heymans, puis un dribbling et un essai de Paul Sackey – oui le futur Toulonnais. Tout ça parait très loin, hein ? Le Tournoi 2009 débutera sur les mêmes bases avec un incroyable essai de l’incroyable Imanol Harinordoquy contre l’Irlande. Une action de jeu magnifique, où tout le monde touchera le ballon, même Tillous-Borde et Lionel Beauxis, cette charnière qui fait tellement rêver. Malheureusement moins à l’aise en défense (Yoyo se fera notamment salement transpercer par BOD), les Bleus perdront finalement à Croke Park et ce match marquera un peu le début de la fin du romantisme de l’ère Lièvremont. Très critiqués après cette défaite pourtant pas si indigne (puisque les Irlandais feront quand même le Grand Chelem cette année-là) les Bleus se crispent et commencent à se mettre à jouer petit bras. Tiens, ça vous rappelle quelque chose ? Au final, ce Tournoi 2009 sera surtout marqué par une déroute mémorable à Twickenham, avec un Delon Armitage qui BrockJameras l’ensemble de la défense française durant 80 minutes. À partir de là, les Bleus vont donc se resserrer sur un plan de jeu plus restrictif : un gros pack, une défense, un buteur, et Basta(reaud). Ici, un exploit personnel d’Imanol Harinordoquy. Vient donc 2010 et ce fameux Grand Chelem, débuté par une victoire en Écosse et un doublé d’un Bastarocket qui portait encore des dreadlocks. Pas vraiment flamboyant dans le jeu, le XV de France tord tout le monde en mêlée, et Morgan Parra, devenu chef du village à Clermont, se met dans la peau du fameux métronome chéri par Fabien Galthié. Comme un symbole © du jeu pratiqué par la France durant ce Tournoi, Nicolas Mas remporte quasiment à lui tout seul le Crunch au Stade de France, alors que les Anglais avaient pourtant inscrit le seul essai de la partie. Malgré un Tournoi 2011 totalement WTF, dans le plus bel esprit du rugby français (« on est favoris, donc on fait n’importe quoi ») et une défaite en Italie qui mènera le brave Marc au bord du suicide médiatique, les bases sont posées pour le Mondial néo-zélandais. Mondial où l’on a bien failli devenir les champions du monde les plus dégueulasses de l’histoire : on va pas se mentir, battre les All Blacks chez eux après avoir enchaîné autant de purges aurait été la pire insulte faite au rugby depuis Mauro Bergamasco titularisé à la mêlée. Bref, s’il a assez vite abandonné ses ambitions (si l’on en croit sa biographie, il faut aussi noter que ses rapports avec son entraîneur des arrières Émile N’Tamack semblaient assez tendus, ça n’a pas dû aider) Marc Lièvremont nous a quand même offert quelques moments de bonheur et de French Flair. Nous étions si beaux. Le tableau de chasse : En dehors du Grand Chelem 2010 et de ce putain de titre de vice-champion du monde, on compte quelques victoires de prestige avec en tête de liste celle sur les All Blacks à Dunedin, en 2009, puis celle contre l’Afrique du Sud à Toulouse quelques mois plus tard. Rappelons que les Boks, champions du monde en titre, venaient de remporter le Tri Nations et de coller une taule aux Lions Britanniques et Irlandais. Les All Blacks, eux, jouaient certes sans McCaw ou Carter, mais gagner chez eux là-bas reste suffisamment rare pour qu’on puisse parler d’exploit. Surtout quand on joue avec Julien Dupuy à la mêlée. Le commentateur confond Vincent Clerc et Cédric Heymans. Grossière erreur : Vincent est toujours bien coiffé et il ne court jamais plus de 5 mètres sur ses essais. Les casseroles : Si le XV de France de PSA perd énormément de matchs, on peut au moins se consoler en se disant qu’il se fait rarement humilier. Si l’on retire les tournées en hémisphère sud parce que « ça compte pas c’est la faute au Top 14 », ses Bleus ont presque toujours su « rivaliser » avec les meilleures nations du monde, en s’inclinant souvent par un écart de moins de 10 points. Du côté de Marco, on ne pouvait pas en dire autant. Ainsi on peut compter une liste de branlées longue comme un bras de Romain Taofifenua : les All Blacks à Marseille (12-39) et les Boks au Cap (42-17), l’Angleterre à Twickenham (34-10), contre l’Argentine à Buenos Aires (41-13) et surtout l’Australie au Stade de France (16-59). Avec Lapinou, nous étions donc latins par excellence : ridicules ou magnifiques, rarement entre les deux. Au moins on ne s’ennuyait pas. Allégorie : Marc Lièvremont aura beaucoup ramé au cours de son mandat. Le style : On ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas son sélectionneur non plus. Pourtant il nous accompagne pendant 4 ans, ses annonces de sélections, ses conférences de presse ou ses interviews à la mi-temps rythment la vie des amateurs de rugby que nous sommes. Autant dire que c’est mieux si le mec possède un petit capital sympathie. Pour nous, Lièvremont l’avait assurément : déjà il était beau gosse (désolé, mais on a une réputation à défendre à l’international), ensuite il était plutôt marrant et usait rarement de la langue de bois, quitte à défoncer ses joueurs dans la presse en se montrant plus maladroit que méchant. Puis comment ne pas avoir de l’affection pour un type moustachu qui déclara, quelques secondes après une victoire en 1/4 de finale de Coupe du monde, « Putain, battre les Anglais, quel pied ! » ? Petit jeu : devine à quel journaliste Marc Lièvremont pense quand il fait du air-kung fu. Les compétences : Comment juger la qualité d’un entraîneur quand on ne vit pas dans le groupe, et qu’on y connait rien bien cachés #DerrièreNotreÉcran ? La réponse est bien sûr « il suffit d’avoir une carte de presse et de faire semblant », chose dont nous sommes incapables ici. Alors, Marc Lièvremont a-t-il fait un Grand Chelem et une finale de Coupe du monde parce qu’il était un maître tacticien, ou parce qu’il a pu compter sur une génération bien plus talentueuse que celle que l’on voit actuellement ? Quels rôles ont eu Didier Retière, Émile N’Tamack ou Gonzalo Quesada dans ses succès ? Difficile à dire : on sait que Didier est un technicien de la mêlée renommé, que Gonzalo était l’ami et le confident des joueurs et qu’Émile… bon lui on sait pas trop en fait mais comme aimait bien le joueur on va rien dire. Mais revenons au sujet et effectuons un petit retour sur la carrière de notre homme. Souvent moqué pour son CV, Marc Lièvremont a tout de même réussi à disputer deux finales de ProD2 en deux saisons à Dax, et à en gagner une en 2006. À DAX, PUTAIN ! Rappelons que la ProD2 est un des championnats les plus difficiles de la planète (source : moi-même) et que l’USD ne bénéficiait sûrement pas des moyens de certains de ses concurrents comme la Rochelle ou Toulon. La performance est donc notable, d’autant plus que l’équipe pratiquait un jeu plutôt attrayant à cette époque, malgré un effectif plutôt maigre en talents purs (Mathieu Maillard en 10, quoi). Vrai mentor, Marco a également su accompagner Fabien Alexandre dans son errance capillaire. Avant ces deux années réussies dans l’enfer de la seconde division, Marco avait entraîné les espoirs du Biarritz Olympique, l’équipe de France des -21 ans, puis l’équipe de France A, bref, il avait fait ses armes tranquillement et s’était taillé une petite réputation sans même avoir à passer par la case Spécialistes Rugby. On suppose donc que le mec s’y connait un minimum. C’est en tout cas l’impression qu’il donne quand il commente avec justesse et à propos les matchs sur Canal+, même s’il a indéniablement du mal à prononcer les noms des joueurs fidjiens. C’est peut-être pas terrible comme argument mais hey : comparez avec Fabien Galthié ! Mais entraîner un club et une sélection nationale, ce n’est pas la même chose. Plus qu’un technicien, un sélectionneur doit être un moniteur de colonie de vacances, et savoir gérer les ego de types qu’il ne côtoie que 2 mois dans l’année et à qui il n’a pas le temps d’apprendre grand chose puisqu’ils sont trop occupés à faire de la pub pour Orange et la Société Générale. Joueur, Marc était troisième ligne de devoir, discret mais efficace dans les tâches obscures, presque un clone de ses deux capitaines : Lionel Nallet d’abord puis Thierry Dusautoir à partir de 2009. Plutôt du genre taiseux donc, l’on peut penser que l’entraîneur Lièvremont n’avait peut-être pas l’étoffe d’un meneur d’hommes à la Bernard Laporte. En tout cas, à la fin de son mandat, il semblait évident que 99% des joueurs de son équipe ne pouvaient plus le pifrer et qu’il possédait assez peu d’autorité sur ses hommes. Bon après c’était peut-être une tactique : liguer tout le monde contre lui pour que les« sales gosses » se responsabilisent enfin et aille chercher une finale de Coupe du monde. Il ne faut pas oublier que la psychologie du rugbyman français est bien souvent proche de celle de l’enfant en bas âge et que pousser à l’auto-gestion est peut-être le meilleur moyen d’obtenir un quelconque résultat avec eux. Au final, on peut penser que si Lièvremont a sans doute les compétences et les qualités humaines d’un bon coach, il lui a peut-être manqué un brin d’expérience et de roublardise pour assumer ce rôle de sélectionneur si tôt dans sa carrière, rôle qui est de loin le plus casse-gueule de tout le rugby français – on le constate encore avec PSA et son staff qui avaient pourtant le profil idéal pour le job. Il sera d’ailleurs intéressant de voir si ce vécu particulier permettra à Lièvremont de revenir à la tête d’un club de Top 14 avec succès – ce qui pourrait arriver assez vite si l’on en croit certaines rumeurs. Conclusion : Alors, Marc Lièvremont, génie incompris ou gros naze ? Comment résister à la tentation de terminer sur la chute la plus prévisible du monde en répondant : « Tu m’emmerdes avec ta question » ? Puis au moins, ça permet de prendre de vitesse les gros relous dans les commentaires. Putain, 1 point… Bonus : La longue interview que Marc Lièvremont nous a accordée en 2012 est toujours sur le site (qui existe bien et qui est toujours gratuit) et vous pouvez la lire ici. Vous noterez qu’à l’issue de cette entrevue, l’ancien sélectionneur réalisera un strip-tease mémorable et manquera de causer un crise cardiaque chez une supporter rochelaise que l’on salue.
[TOP 15] Retour sur la 15ème journée Par Ovale Masqué, qui nous fait l’honneur d’écrire son article annuel dès le mois de janvier. Le Top 15 est de retour ! Comme vous ne l’avez sans doute pas remarqué puisque personne ne lit le site, nous n’avons pas délivré notre compte rendu hebdomadaire la semaine dernière. En effet, après la lecture du dossier de l’Équipe « Rugby, jeu de massacre ? » la rédaction de la Boucherie s’est rendue compte que les cadences infernales du Top 14 pouvaient briser des destins : se gratter les couilles sur notre canapé et manger des chips devant un streaming moldave, c’est quand même vachement dangereux pour la santé à long terme. Nous avons donc décidé de prendre des vacances bien méritées, mais rassurez-vous, les points du fameux « Boxing day » ont bien été pris en compte dans le classemnt. Passons donc sans plus attendre au compte rendu de la 15ème journée. LOU – Stade Français (12-9) L’équipe à la mode que tout le monde aime se déplaçait chez l’équipe dont tout le monde se fout : une opposition bien déséquilibrée sur le papier. Sauf que comme dans un bon vieil épisode de Game of Thrones, le gentil bien brave et charismatique s’est salement fait entuber, ou s’est entubé tout seul parce qu’il est trop con, on ne sait pas trop. Pour sa 4ème titularisation en 2 ans, on peut en tout cas affirmer que Morné Steyn a enfin réussi à changer le cours d’un match avec un coup de pied. Peut-être pas de la façon dont Gonzalo Quesada l’espérait. Malgré leur supériorité numérique et deux essais de Ratuvou, les Lyonnais ont fait de la merde et leur première ligne semble être aussi stable que ma vie sentimentale. Victoire finale 12 à 9 pour le LOU, qui gagne 0 point de charisme mais tout de même deux unités au classement du Top 15. Racing Métro 92 – Ubébé (12-9) L’équipe la plus chiante du Top 14 contre l’équipe la plus spectaculaire, là aussi il y avait opposition de style. On se disait que le froid, la pluie et l’ambiance de veillée funèbre du stade Yves-du-Manoir donnerait un avantage certain aux Alto-Séquanais. Pourtant, à les Bordelais ont globalement dominé les débats. Rassurez-vous, incapables de marquer l’essai après trois ballons portés échoués dans l’en-but, les Bordelo-Béglais ont une nouvelle fois fait honneur au French Flair en perdant un match qu’ils méritaient 100 fois de gagner. 2 points pour un Racing Métro froid mais toujours aussi efficace. Et quelque chose nous dit que Dan Carter ne doit être très rassuré en observant les excellentes prestations de Benjamin Dambielle. Hugh Chalmers dans le même état que nous après le réveillon. MHR – Toulon (16-12) À peine arrivé en poste, Jake White a failli provoquer un incident diplomatique en se foutant de la gueule de Montauban de façon totalement gratuite. À la place des Montalbanais, je serai plutôt flatté qu’un coach champion du monde soit au courant de l’existence de cette ville, mais bon. En tout cas on ne peut que constater qu’en 24h, White a déjà fait mieux que Galthié en 5 ans : il a réussi une bonne vanne. Saluons d’ailleurs la mémoire de Fabounet, un type qui bouffe à tous les râteliers et dévoré par l’ambition : pas étonnant de le voir embrasser le même destin tragique que Jean-François Copé. Revenons au rugby : il n’y en a pas eu lors de ce match, remporté par le MHR grâce à des mêlées et des ballons portés. La touche sud-africaine, sans doute. C’est moche mais cela rapporte 2 points. Le RCT, affaibli par une équipe qui ne contenait que 782 capes internationales, repart bredouille. Castres / La Rochelle (30-15) LE MATCH DE LA PEUR ©. D’ailleurs, j’ai eu peur de zapper pour le regarder. Dommage, puisqu’on a eu 6 essais et du spectacle. Le CO semble retrouver un peu des couleurs, tandis que les Rochelais sont toujours parfaits dans le rôle du gentil promu qui n’a pas démérité. Star de ce match, Rémy Grosso, alias le Lomu aveyronnais, qui a fait passer Jean-Pascal Barraque pour un joueur tellement nul qu’on croirait qu’il a passé la dernière année de sa vie en tribunes à Ernest-Wallon. Grâce à ces performances, gageons que Grosso suivra le cheminement habituel d’un bon joueur du CO : une sélection en équipe de France et une signature au Racing. Le phénomène Rémy Grosso !!! Futur talent d’or !!! 4 points pour Castres qui se donne un peu d’air. Note : Oui, Romain Martial n’a jamais signé au Racing, et il n’est jamais revenu en équipe de France non plus. On peut clairement dire qu’il a raté sa vie. GrOnoble – Oyonnax (33-19) Pas décidés à régler leurs comptes au cours d’un match de hockey, ce qui aurait pourtant été la solution la plus logique, Gronoble et Oyonnax ont voulu nous infliger un match de rugby. Celui-ci a été largement remporté par les Isérois qui souhaitaient terminer leur saison en boulet de canon : en effet, c’est bientôt février et les grandes vacances. Bonus offensif pour l’équipe de Julien Caminati, qui fêtait son grand retour dans le groupe, et dont le départ à Toulon a été annoncé dans la presse. Autant vous dire qu’à la Boucherie, on avait pas chopé une aussi belle érection depuis la signature de Gavin Henson sur la Rade. 4 points pour Gronoble. Brive – Bayonne (25-9) Quand deux équipes candidates à la relégation s’affrontent, celle qui joue à domicile gagne. C’est à peu près tout ce qu’il y avait à savoir sur ce match. Notez que Gaëtan Germain a marqué 25 points au cours de la rencontre, ce qui fait autant que Jean-Marc Doussain en 3 ans. Deux points pour le CAB. ASM – Toulouse (24-6) Après le clasico Stade Français – Stade Toulousain et le Super-Clasico ASM – Toulon, voici une grande affiche pour laquelle Canal + n’a trouvé aucun surnom débile. Il faut dire que les Toulousains ne font plus peur à grand monde, à l’image de Census Johnton qui s’il continue comme ça, se fera bientôt renverser par un plaquage de Benoit Paillaugue. Venus avec des intentions mais pas trop, les Toulousains ont réussi à accrocher leurs adversaires pendant une bonne demi-heure avant que la charnière magique Doussain – Flood ne décide d’offrir un essai à Rougerie. En fin de match, Fofana en ajoutera un deuxième en humiliant un Palisson pourtant pas si mauvais que ça : dommage, c’était justement le prétexte que Guy cherchait pour faire de Vincent Clerc son titulaire jusqu’en 2020. Victoire sans bonus pour Clermont, qui prend 2 points et reste donc à la 3ème place de notre Top 15. Wesley Fofana, qui veut jouer centre mais marque donc tous ses essais à l’aile. Attention à ne pas donner de bonnes idées à PSA. Les points bouchers : — Cette semaine, un point bien mérité pour le Montpellier de Jake White, pour avoir été le responsable de la polémique la plus absurde jamais vue depuis le Lannemezan-Gate provoqué par Mathieu Bastareaud. Le public français inculte ne savait probablement pas qui était White : au moins maintenant, cet oubli est réparé. — Son compatriote Morné Steyn mérite également de rapporter un point au Stade Français, car il commence un peu à nous faire de la peine. Comme un loser dans les mauvaises comédies américaines, le sort s’acharne sur lui. Connaîtra t-il un come-back triomphant en fin de saison ? Une tentative de suicide ? Voire pire, une signature à Castres pour remplacer Rémi Talès ? Seul l’avenir nous le dira, mais en tout cas tiens bon Morné : ta carrière reste toujours moins foireuse que celle de François. — Rentré en cours de match contre Gronoble, Olivier Missoup n’a pas touché un seul ballon. Il n’était là que pour une chose : LA BAGARRE. Mais attention, il fait ça bien, puisque quelques minutes après son entrée il réussit à démarrer un accrochage (après le coup de sifflet) en plaçant une droite. L’arbitrage-vidéo lui pardonne, donc il recommence une dizaine de minutes plus tard, couchant Fabien Alexandre, toujours avec la bénédiction de l’arbitre-vidéo. Une performance qu’on ne peut que saluer. Le point sur Montaigut-Besse : Excellente nouvelle pour tous ceux qui n’en ont rien à foutre (donc apparemment 99% de nos lecteurs) : le RCMB ne jouait pas dimanche. Reprise prévue le 18 janvier. Le bâton de Boucher : Cette semaine, Benjamin Urdapilleta conserve le titre qu’il a mérité après avoir brisé le tibia de François Trinh-Duc. Le demi d’ouverture argentin n’a rien fait pour se distinguer contre Gronoble, mais Missoup a été un superbe lieutenant. Le point sur le classement : Grâce au point de boucher rapporté par Morné Steyn, le Stade Français prend la tête du classement devant le RCT. Castres sort de la zone rouge grâce à sa victoire bonifiée. Pour le reste, pas de grands changements puisque personne n’a été foutu de gagner à l’extérieur. À la semaine prochaine et bonne année, bande de sales gosses. Crédits photo en une : Marc Galaor
Abats d’idées #4 : Faut-il avoir joué au rugby pour en parler ? Parce que c’est facile derrière son écran, quand même. Par Ovale Masqué, Damien Try et le Stagiaire. Dimanche midi, alors que nous tentions en vain de nous bourrer la gueule devant un pénible Stade Français – CA Brive, nous sommes tombés sur un article publié par Yannick Cochennec sur Slate.fr, intitulé « De quoi tu te mêles ? Faut-il avoir joué au rugby pour en parler ? ». Un article plutôt intéressant, et qui nous a forcément interpellé, puisque le fameux « t’as jamais été sur un terrain » est le reproche qui revient le plus souvent à la bouche de ceux qui n’apprécient pas vraiment ce qu’on fait à la Boucherie, de celle du Twittos de base à celle de l’international de rugby bien décidé à venir régler ses comptes avec nous. Ça et le « vous êtes cachés derrière votre écran » de ceux qui confondent toujours anonymat et pseudonymat, bien sûr. En l’occurrence, chez nous, les profils sont assez variés : on y trouve effectivement quelques filles et garçons qui n’ont jamais enfilé une paire de crampons. D’autres qui l’ont fait brièvement au cours de leurs parcours scolaire. Malgré tout, la plupart ont évolué ou évoluent encore à un niveau amateur, et certains ont même flirté avec le professionnalisme avant de réaliser que la bière et le canapé c’était quand même moins difficile. Enfin ce n’est pas vraiment le sujet : tout le monde s’en fout (ou devrait s’en foutre) et nous ne cherchons pas à nous légitimer. N’en déplaise à ceux qui nous prennent au sérieux ou qui affichent nos articles sur les murs de leurs vestiaires, nous n’avons jamais prétendu délivrer des analyses pertinentes sur le rugby. Mais la question demeure : peut-on parler de rugby si on y a jamais joué ? Ton grand père quand il t’explique qu’il y a 30 ans il jouait arrière et courait le 100 mètres en 11 secondes. Évidemment, tu l’as pas cru. Le rugby, le sport d’une élite auto-proclamée Vous noterez qu’il s’agit là d’une question qui se pose surtout dans le domaine du rugby. En matière de cinéma, personne ne viendra vous dire que vous devez forcément avoir réalisé « Citizen Kane » pour avoir le droit de donner votre avis sur le dernier Luc Besson. On a jamais vu non plus un Patrick Bruel, excédé par les critiques, attraper un plumitif de Télérama par le col en lui hurlant « T’as déjà fait du solfège ??? » au visage. Même dans le monde du sport et plus particulièrement celui du football, les « t’as jamais été sur un terrain » restent assez rares. Tout au plus ils concernent Pierre Menès, qui subit principalement ce genre d’attaques en raison de sa silhouette athlétique (et aussi parce qu’il est quand même très con). Il faut dire que le ballon rond est le sport populaire par excellence. Tout le monde y a déjà joué, ne serait-ce que dans la rue ou dans la cour de récré, avec des cartables en guise de buts. Le football, tout le monde a son avis dessus, de ton concierge José supporter de l’OM DEPUIS LE DÉBUT © à ton petit cousin Kévin devenu fan du PSG et de Zlatan il y a 3 ans. C’est admis, et même les principaux talk-show consacrés au ballon rond ne sont que des parodies de discussions de comptoir, exécutées par des professionnels du théâtre des médias. Mais en ce qui concerne le rugby, c’est pas pareil. Drapé dans son habituel sentiment de supériorité, le rugby se considère comme un sport d’aristocrates, un sport d’initiés. « Tu peux pas comprendre si t’as pas joué ». C’est derrière cet argument que Vincent Moscato se réfugie, quand il jette superbement « en attendant, moi le Brennus, je l’ai touché » à Laurent Cardona, arbitre en activité, qui connait donc forcément mieux les règles que lui. À ce compte-là Pierre-Gilles Lakafia est un érudit en rugby, lui qui est double-champion de France, et Daniel Herrero, ce naze qui n’a qu’une finale perdue à sa carrière de joueur, ne peut que fermer sa gueule. On entend souvent aussi « Tu peux pas comprendre la mêlée si t’as pas été dedans ». La métaphore guerrière est omniprésente dans le rugby, et on a tous déjà eu à faire au discours d’un ancien tentant de nous faire croire que jouer au rugby, c’est comme partir au front. S’il faut assurément du courage pour rentrer sur un terrain et avoir envie de s’y faire mal, faut quand même pas pousser : même le pire des matchs de Fédérale 3 doit être plus agréable à vivre que 24h dans une tranchée. Même une mêlée derrière le cul de Gillian Galan. « Il a mis le bout de gras à la Princesse », peut-être une des plus belles analyses du poète Daniel Herrero. Mais il faut reconnaître que le rugby est un sport complexe, pas à la portée du premier venu qui vote Teddy Thomas pour le Talent d’Or France Télévision. Autre sujet intéressant d’ailleurs, que ces « connaisseurs » qui voudraient interdire le droit de s’exprimer à ceux qui, selon eux, n’y pigent que dalle. Et que dire de ce « grand public » tant méprisé, qu’on voudrait voir se poser en nombre devant son poste pour augmenter les recettes des droits télés, tout en exigeant qu’il ferme bien sa gueule et qu’il garde son avis – forcément débile – pour lui. Le partage, l’échange, la fraternité. On les aime nos Valeurs du rugby © ! Mais il ne faudrait surtout pas que d’autres puissent en profiter. Enfin bref. C’est un fait, il est difficile de maîtriser les aspects les plus obscurs de ce jeu qui semble parfois n’avoir ni queue ni tête. Avant de prendre sa retraite l’année dernière, Henry Broncan affirmait même avec une modestie rare et rafraîchissante que « tous les entraîneurs étaient des clowns » et qu’à 70 ans, il n’avait « toujours rien compris au rugby ». Preuve supplémentaire de la difficulté d’appréhender ce sport, on peut voir un ancien joueur et entraîneur de renom se tromper sur les règles toutes les 10 minutes au micro de France 2 lors des matchs du XV de France. Mais peu importe, certains peuvent dire des conneries tant qu’ils le veulent, puisqu’ils ont joué au rugby. Tant qu’ils ont la « carte ». Sur Canal + on a même créé une émission pour les réunir et les aider à retrouver un emploi. Prends ça, François Hollande ! Started from the bottom ! Le rugby pour tous, même les cons Mais les glorieux anciens ne sont pas les seuls qui ont le droit de faire partie de la confrérie de ceux-qui-savent. Certains « non-joueurs » ont également eu la chance d’y être acceptés, comme les gentils journalistes qui ne se mouillent jamais, par peur de se faire refuser les interviews qui font leur pain quotidien – difficile de leur reprocher, un journaliste n’est pas confronté aux mêmes problématiques qu’un blogueur. Il y a aussi les vieux de la vieille, ceux qui font partie du décor comme un Pierre-Michel Bonnot, dont les articles emballés dans une jolie prose sont souvent bien plus trash que ce qu’on peut lire ici ou ailleurs sur internet. De ceux-là on accepte à peu près tout, même qu’ils se posent comme des professeurs d’école en distribuant des notes aux joueurs au lendemain d’un match international. Entre ça et balancer quelques vannes inconséquentes sur Twitter, (vannes qui seront probablement oubliées dans le quart d’heure qui suit), on se demande qui a le plus de culot. Mais n’y voyez là aucune jalousie ou frustration : à la Boucherie on est déjà pauvres, on a donc aucun intérêt à devenir journalistes pour le devenir encore plus. Et ce serait oublier que beaucoup d’entre eux – pas suffisamment courtisans ou importants – sont également considérés comme des intrus par les détenteurs du savoir rugbystique. Le fait est que certains membres de la « grande famille (consanguine) du rugby » semblent avoir du mal à admettre qu’au fur et à mesure que le rugby se popularise, il n’appartient plus à une élite mais bien à tout le monde. Et dans ce « monde », on trouve de tout, comme dans la vraie vie : des auto-proclamés experts arrogants, des types pertinents, des gentils trolls, des trolls débiles et irrespectueux, des types drôles, des types pas drôles, des aigris, des fanatiques, des analphabètes, des lettrés, des Pierre Salviac Junior et des Daniel Herrero sans bandana. Il suffit d’aller lire les commentaires de l’Équipe, de Rugbyrama ou du Rugbynistère pour découvrir cette nouvelle faune, qui, il faut bien le dire, fait parfois un peu flipper. Ou de se rendre sur les blogs et les sites qui fleurissent sur le sujet du ballon ovale depuis quelques années. Tout ça ressemble à un énorme cirque, mais finalement pas si différent de celui du monde du rugby professionnel qui est entré dans l’ère du spectacle à tous les niveaux, avec ses joueurs, ses entraîneurs et ses présidents stars, ses publicités omniprésentes, ses platitudes d’après-matchs et ses rugbymen-robots programmés pour faire plaisir aux sponsors et à la ménagère. Ici, un rédacteur de la Boucherie après avoir placé un lien vers « Imanol notre idole » sur Twitter. Tout ça, toute cette foule dont Jean-Michel Cequelchaine et Jean-Pierre Yakafokon font partie, cela fait aussi partie du revers de la médaille, ce que certains semblent avoir du mal à accepter. Quand on est très confortablement payés pour faire de la MUSCUUUU et jouer avec un ballon 4 heures par jour, quand on profite des avantages de la célébrité, quand on se fait acclamer dès qu’on pose un pied devant l’autre en sortant d’un bus, on a globalement la belle vie. Mais on s’expose aussi à quelques désagréments, quand même bien plus dérisoires, comme le fait d’être jugé ou moqué par des personnes qu’on estime ne pas être légitimes pour le faire. Comme le fait que notre image n’appartienne plus qu’à nous, mais à tout le monde. Certains s’en amusent, comme les célébrités qui pensent que ne pas avoir sa marionnette aux Guignols, c’est avoir raté sa vie. D’autres ont plus de mal avec cette nouvelle facette de leur métier, et au final on est presque un peu tristes qu’ils semblent y accorder autant d’importance. #DerrièreMonÉcran L’ère des journalistes-copains et du sport qui vivait dans sa petite bulle de champagne est donc probablement sur le point de se terminer : les histoires de troisième mi-temps qui étaient autrefois étouffées font désormais les gros titres, la moindre petite phrase est montée en épingle et le XV de France ne peut plus enchaîner 3 défaites sans se prendre une rafale dans les médias, le comptoir du coin ou les forums sur internet. Finalement, le joueur de rugby est peut-être, petit à petit, en train de réaliser son rêve secret : devenir un footballeur comme les autres. Bon, un footballeur low-cost, certes. Et en contrepartie, il faudra se faire à l’idée que désormais, tout le monde pourra avoir son avis sur le rugby. Même les profanes qui n’y ont jamais joué. Et peut-être également cesser de s’enfermer dans la certitude de faire partie de ceux-qui-savent. Car au fond, ce n’est ni le nombre d’essais marqués, ni le nombre de cartons encaissés, ni le nombre de trajets de bus effectués pendant votre carrière qui feront de vous un être éclairé sur le sujet. Sinon, comment expliquer que certains anciens internationaux reconvertis en consultants ne connaissent pas le nom de la moitié des joueurs du championnat ? Un bon joueur de rugby n’est pas forcément un passionné de rugby, et il est d’ailleurs de moins en moins rare de constater que beaucoup de professionnels ne sont ni de grands consommateurs de matchs, ni très curieux sur ce qui se pratique en dehors de nos frontières, se farcir la séance vidéo de la semaine suffisant souvent à rassasier leur appétit de rugby. Alors évidemment, il est difficile de comprendre l’anatomie d’un match de rugby quand on ne l’a pas pratiqué, la relation particulière qui peut unir le 5 de devant ou même de saisir la réelle portée des fameuses Valeurs ©, qui derrière l’argument marketing, peuvent vraiment exister au sein d’une équipe. Mais pousser en mêlée et lifter en touche n’enseigne pas à reconnaitre une rush defense ou à juger de la qualité de l’alternance de jeu d’un 10. N’en déplaise à certains, on en apprend peut-être plus niveau tactique en passant son week-end devant sa télé à regarder des matchs qu’en passant la nuit dans une troisième mi-temps dont on aura tout oublié le lendemain. L’idéal étant d’expérimenter les deux, évidemment. Le rugby, même Zaz a le droit d’en parler. C’est dire. Nos autres débats sont à retrouver ici : Les Abats d’idées
Pro Rugby Manager : LE TEST Par Ovale Masqué avec des bouts de Marcel Caumixe, nos deux testeurs de l’extrême. C’est ce vendredi que sort Pro Rugby Manager 2015, l’excuse que vous attendiez depuis 9 ans pour définitivement arrêter de faire du sport et ne plus jamais sortir de chez vous. Oui, 9 ans. Car le précédent opus de la série, Pro Rugby Manager 2005, datait comme son nom l’indique judicieusement de l’année 2005. Il faut dire que le ballon ovale n’a pas vraiment la cote dans le monde vidéoludique, avec seulement une poignée de jeux – souvent pas terribles – sortis sur PC et consoles ces dernières années. Cela s’explique probablement par le fait que ce sport n’est populaire que dans 8 pays de par le monde, soit un marché assez restreint pour vendre un jeu. Mais aussi parce qu’il est bien connu que la plupart des amateurs de rugby sont déjà trop stupides pour comprendre les règles de leur sport favori, par conséquent il est difficile de les imaginer jouant à des jeux vidéo un peu plus évolués que le dernier Call of machin, où l’on vous propose d’aller faire la guerre dans des pays exotiques et de tuer plein de petits Vietnamiens. Sans doute le jeu préféré de Philippe Saint-André, qui voit là une nouvelle opportunité de faire du mal à François Trinh-Duc. Jeu de niche par excellence, ce nouvel opus de PRM aurait bien pu ne jamais voir le jour. En effet, la campagne lancée il y a quelques mois sur Kickstarter pour le financer s’était soldée par un échec. Finalement, le bébé de Cyanide (également auteur de la sympathique série Pro Cycling Manager, bien connue des drogués amateurs de pédales) a pu voir le jour malgré tout. Avec un budget et un temps de développement qu’on imagine limité, sera-t-il à la hauteur des attentes placées en lui après toutes ces années ? La Boucherie, qui a pu jouer à une version bêta et donc non-définitive (merci aux gens de 505 games au passage) vous livre son verdict après quelques jours devant le jeu. Jean-Michel entre en piste Vis ma vie de Mourad Boudjellal On ne va pas perdre deux heures à vous expliquer le concept : vous avez tous un ami qui a ruiné sa vie professionnelle en passant des heures à s’exploser les yeux devant Football Manager. Et bien Rugby Pro Manager, c’est la même chose mais avec un ballon ovale, et moins de chances de ruiner sa vie professionnelle. Placé dans la peau d’un président-manager-entraîneur omnipotent, bref dans la peau de Serge Blanco, vous choisissez une équipe, et votre but sera d’enchaîner les saisons avec elle et de lui faire atteindre les sommets. Un challenge particulièrement excitant pour les Clermontois qui voient ainsi là la seule opportunité de faire gagner des titres à leur équipe de cœur. Le jeu propose les licences officielles des 3 championnats européens majeurs : le Top 14, l’Aviva Premiership et le Guinness Pro12. Et aussi d’une ligue de catch professionnelle : la Pro D2. La nouvelle Coupe d’Europe de rugby, quant à elle, n’est pas sous licence ; mais rassurez-vous, un ersatz de la compétition réunissant les 20 meilleurs clubs européens figure bien dans le jeu. Pas de Super Rugby non plus, même si vous découvrirez assez vite que les équipes et les joueurs de l’hémisphère sud sont bien là, sous des noms bidons, comme « Canterbury XV » ou « Ma’a Momu ». Malheureusement, il semble impossible de démarrer une partie avec une de ces équipes, apparemment elles sont juste là pour vous permettre de recruter des stars de l’hémisphère sud surpayées. Gageons néanmoins qu’une communauté de gamers acharnés devrait s’occuper de modifier tout cela dans quelques semaines. Au pire, prenez quelques heures de votre vie et faites-le vous-même grâce à l’éditeur de stats que Cyanide a la judicieuse idée de fournir avec le jeu. Les équipes et les principales compétitions internationales sont là elles aussi, et vous serez même amenés à gérer la sélection de votre choix si vos résultats en club sont bons. Pas très réaliste vous me direz : dans la réalité vous pouvez devenir entraîneur du XV de France même en coachant Biarritz. It’s a small world (ça y est, je vous l’ai mise dans la tête ?) Si la comparaison avec Football Manager s’impose logiquement, son petit frère ovale ne joue évidemment pas dans la même cour que son aîné niveau contenu. Question de moyens probablement, mais cela tient aussi aux caractéristiques de notre sport favori, qui est loin d’être universel. Ici il est donc impossible de dénicher le nouveau Gérald Merceron en Fédérale 3, ou de disputer la 5ème division bulgare. Il vous faudra vous contenter des championnats disponibles et de vos équipes de jeunes, qui sont apparemment tous des joueurs imaginaires. Si le terrain de jeu est donc plutôt limité, au niveau des actions disponibles, il y a de quoi faire : vous pourrez effectuer des transferts, entraîner des jeunes et les faire passer pro, améliorer vos installations, gérer votre budget, vos sponsors, vous occuper de la santé de vos joueurs, répondre aux conférences de presse d’après-match, etc. L’essentiel est là, même s’il faut bien avouer que par rapport à la version 2005, il n’y a pas vraiment d’innovations majeures. Une fois que vous avez lancé votre saison, géré les affaires courantes et préparé votre effectif pour la reprise, vous passez à votre premier match. Trois choix s’offrent alors à vous : 1) Simuler le match et passer directement au résultat, ce qui n’est évidemment pas très intéressant. 2) Regarder la partie et prendre des décisions susceptibles de l’influencer en direct, via une interface schématique. Taper en touche, jouer à la main, prendre la mêlée ou demander les trois points, faire du coaching : vous pouvez jouer à Guy Novès. Derrière les mêlées et les touches, vous serez également amenés à choisir des lancements de jeu, au nombre aussi limité que ceux du playbook de Jean-Baptiste Elissalde. A vue d’œil, il semblerait que ces combinaisons soient exactement les mêmes que dans l’édition 2005, et certaines d’entre elles ne sont pas toujours appliquées par vos joueurs, qui décident de faire autre chose quand vous les sélectionnez. De ce point de vue là, c’est très léger. Enfin 3) Sachez qu’il est également possible de vivre la rencontre et de faire tous ces choix devant une représentation du match en 3D. Là, ne vous attendez pas à voir des graphismes à la Fifa, ça reste très basique (on peut même dire que c’est moche, sans faire offense aux petites mains qui ont réalisé le jeu) mais pour ce genre de jeu, on ne demande pas tellement mieux. Le saviez-vous ? C’est Philippe Saint-André qui a noté tous les joueurs du jeu. Jouer avec Toulouse et jouer des pénalités à la main : réalisez l’impossible ! En dehors des lancements de jeu qui font plus office de gadget qu’autre chose, il est difficile de dire si les diverses options tactiques (jouer en priorité sur les avants, les centres ou les ailiers, gérer les jauges de “défense” et de “jeu au pied”, dont on comprend moyennement l’utilité) influencent réellement sur le cours de la partie. Généralement on tâte un peu tout au fil du match, et on voit bien ce qu’il se passe. Alors, comment on gagne des matchs, est-ce que tout ça est le fruit du hasard ? Difficile à dire mais s’il y a un truc qui ressort, c’est que comme dans l’édition 2005, avoir des joueurs très forts à certains postes (le 10, les ailiers et surtout les centres) semble être d’une grande aide pour marquer des essais, qui viennent assez régulièrement d’exploits individuels. Attendez-vous donc à voir Fofana et Fickou planter une dizaine de pions par saison. Pour le reste… pénalités, turnovers, on a l’impression que tout est un peu aléatoire, mais un peu comme dans la réalité, finalement ? Pour avoir testé plusieurs équipes de niveau différent, comme l’UBB, l’USAP, Toulouse, Clermont ou les Harlequins, on dirait que le jeu (qui ne possédait aucun niveau de difficulté dans la version testée) offre un challenge plutôt relevé. Gagner des matchs à l’extérieur est assez difficile, comme dans la vraie vie. Même avec Toulouse (équipe la mieux notée du Top 14 – les détesteurs vont détester) la saison n’aura pas été un long fleuve tranquille, avec une élimination en poule de Coupe d’Europe et une 6ème place en Top 14. Bon par contre, j’ai gagné miraculeusement le Bouclier de Brennus au bout, façon Castres Olympique. Les scénarios de matchs sont assez variés : on tombe sur des 9-6 comme des 37 à 34, et globalement, il faut bien dire que c’est assez prenant. Mais comme dans tous les jeux de ce genre, il faudra enchaîner les saisons pour réellement savoir si l’intérêt ne s’effrite pas au fil du temps, et si tout cela ne devient pas un peu répétitif. Notez néanmoins que si vous vous faites vite chier, vous recevrez des offres pour entraîner d’autres clubs à l’intersaison. Si vous voulez progresser, le nerf de la guerre est bien évidemment la formation le recrutement. Le système de transfert, sans être incroyablement complexe, est plutôt bien pensé : si votre équipe est d’un faible niveau, vos infrastructures ringardes ou que votre staff comporte un membre des Spécialistes Rugby, un joueur de renom rechignera à signer chez vous. Il y a des moyens de l’amadouer certes, comme monter exagérément son salaire, ou encore lui offrir une télé, une moto, un appartement ou votre fille mais cela n’aidera pas à faire la décision si vous partez de trop loin. Pour une grande partie de stars des autres championnats, l’éventualité de venir jouer en France n’est de toute façon même pas envisageable au début de votre partie. Il vous faudra alors les surveiller (il y a une option pour shortlister des joueurs) et voir si des envies d’ailleurs leur viennent au fil des saisons. Autre détail sympathique, les joueurs internationaux sont indisponibles pendant les fameux doublons. Vous devrez donc attendre le mois de novembre pour récupérer vos joueurs engagés dans le Rugby Championship (et oui, dans le jeu, un All Black ou un Wallaby peut signer en France et continuer à jouer en sélection). Le même problème se posera pendant le Tournoi avec les joueurs européens. Notez aussi que si vous recrutez un gars de l’hémisphère sud en cours de saison, celui-ci ne sera pas au top de sa forme, ayant joué l’intégralité du Super Rugby quelques semaines plus tôt. Il vous faudra donc économiser son temps de jeu, sans quoi il risque d’être dans le rouge et plus bon à rien dès le mois d’avril. Si on ajoute à cela les fréquentes blessures de vos joueurs (de courte ou longue durée) qui vous obligeront à jongler avec votre effectif et à faire du bricolage de temps à autre, on ne s’ennuie pas et on se croit vraiment dans la peau d’un manager de Top 14. C’est moche, mais ça ressemble toujours plus à du rugby que les scènes de match d’Invictus. Pour terminer, essayons d’évoquer les bons et les mauvais points en vrac : — L’humour. Et oui, que ce soit dans les interviews d’après-match ou dans les mails que vos joueurs vous envoient, il y a quelques trucs bien cons et bien drôles. On pourra objecter que ça nécessite moins de budget qu’une IA digne de ce nom, et que c’est un moyen de racoler et d’injecter un peu d’attractivité à peu de frais, mais force est de constater que le rugby, c’est mieux avec des blagounettes. On en sait quelque chose. — Si on pourra chipoter sur les stats de tel ou tel joueur selon son appréciation personnelle, les effectifs sont à jour et globalement, les joueurs notés de façon assez fidèle à la réalité. Attention tout de même pour certains qui n’ont pas leur vrai poste (exemple : à l’USAP Mjekevu est listé comme premier ou second centre et pas comme ailier, Lamboley n’est pas polyvalent en seconde ligne, etc). A propos de la polyvalence, petit détail intéressant d’ailleurs : un joueur fera baisser les stats de votre équipe s’il ne joue pas à son poste préférentiel. Exemple : Médard est bon à l’arrière, moins à l’aile (alors que dans la réalité tout le monde sait qu’il excelle sur le banc). — La gestion des blessures. Comme dit plus haut, il y en a beaucoup, de la gastro à la rupture des ligaments croisés. Comme dans la réalité, il est très rare que vous bénéficiiez de votre groupe au complet, cela vous posera quelques casse-têtes au cours de la saison, surtout si vous ne disposez pas de l’effectif du RCT. Encore une fois, comme en vrai, il arrive que vos gars jouent avec des petites blessures récurrentes. A vous de choisir : continuer à les aligner au risque que celle-ci ne s’aggrave, ou bien les envoyer se faire opérer de suite, et ainsi vous passer d’eux pendant quelques semaines. Vos joueurs peuvent également être victimes d’accidents de la route, de se prendre une énorme cuite ou bien encore de tomber en dépression comme un Fidjien déraciné, ce qui occasionnera des absences plus ou moins longues. Pour l’instant, je n’ai pas vu d’accident de ski en hommage à Sylvain Marconnet. — La gestion de la fatigue est également très bien foutue, l’état de forme des joueurs chute de façon considérable après 2 ou 3 titularisations consécutives, et même plus vite chez les avants. Il faudra donc doubler (tripler ?) les postes et faire un turnover régulier. Si un joueur se tape plus de 30 matchs par saison, vous risquez également de recevoir un mail de la part de votre médecin, vous alertant qu’il est complètement cramé. Comme quoi, la convention FFR-LNR est peut-être une bonne idée. — Un joueur qui joue trop peu peut vous faire la gueule et vous envoyer un mail vengeur. Si vous ne faites rien pour augmenter son temps de jeu ou satisfaire ses demandes, il sera compliqué de prolonger son contrat quand celui-ci arrivera à son terme. Je précise quand même que ça reste assez rare et ça me semble assez normal : dans le rugby il y a énormément de turnovers, donc tout le monde joue à un moment ou à un autre, et il y a donc certainement moins de caprices de stars que dans d’autres sports. — Les statistiques des joueurs évoluent au fil de la partie en fonction de leur âge. Un joueur qui passe la trentaine peut avoir le droit à une mention “En déclin” sur sa fiche, à la suite de quoi ses stats vont baisser progressivement. Parfois cela arrive plus tôt : vous allez dire que je m’acharne mais à 28 ans Médard l’était déjà dans ma partie toulousaine. De la même façon, un trentenaire peut encore évoluer de façon spectaculaire, comme vous l’avez constaté plus haut avec cette capture d’écran de Rémi Talès, devenu subitement le meilleur ouvreur du monde. — Le jeu comprend une « Database editor » qui permet probablement de modifier pas mal de choses dans le jeu (noms, stats des joueurs, championnats, etc.) et donc de prolonger sa durée de vie. — Il est apparemment possible de provoquer un game over en ruinant son club, ce qui fera plaisir à tous les fans de Bourgoin. — On s’amuse bien et on ne voit pas les heures passer, du moins au début. Parmi les points faibles, on retiendra : — Dans la version testée, les règles du Top 14 ne semblaient pas être à jour : le bonus défensif s’obtient toujours à partir de 7 points d’écart ou moins, et il semblerait que marquer trois essais (tout court) suffise à avoir le BO. Pas de salary cap non plus, ou de restrictions sur les JIFF, ce qui aurait pu être rigolo. — Vous ne pouvez pas donner de consignes à vos joueurs à la mi-temps. Quand on simule les matchs, on ne peut choisir QU’UNE option de jeu (faire des ballons portés, taper des chandelles, jouer au large, relancer…) ce qui est quand même bien ridicule. Plus personne ne tape des chandelles pendant 80 minutes depuis l’Argentine 2007. Les interviews d’après-match sont souvent drôles mais elles n’ont par contre aucune influence sur le reste de la partie, le moral de vos troupes, la confiance de votre président ou que sais-je encore. — Pas moyen de comparer deux joueurs, ou de comparer les statistiques globales de deux équipes avant un match. Certaines stats sont aussi complètement absentes comme le jeu au sol, les prises de balles en touche, les lancers, et même celle des tirs aux but, qui est visiblement incluse dans la note du jeu au pied. — On peut faire travailler un joueur avec un entraînement individuel (talonneur explosif, troisième ligne coureur, demi d’ouverture classique, demi d’ouverture créateur, etc) pour espérer le faire progresser. Par contre, il n’y a pas d’entraînements collectifs. On aimerait pouvoir entraîner l’équipe à exceller dans un schéma de jeu, sans que cela ne soit uniquement une question de recrutement. Exit donc la tortue béglaise. — Pas de petite Coupe d’Europe et donc pas de joie de se déplacer chez des clubs roumains et espagnols. Bon ok, tout le monde s’en fout. — Les transferts avec rupture de contrat et indemnités à la clef sont monnaie courante dans le jeu, et vous adjuger les services d’un joueur sous contrat avec un autre club pendant encore 2 ou 3 ans ne posera aucun problème si vous avez les moyens de payer. Ces transferts qu’on voit dans le football restent quand même très rares en rugby – le dernier exemple étant Benjamin Fall en 2010 – et il aurait été bon de les limiter. — Pas de pré-contrats, de clauses de départ en cas de relégation, de primes diverses, bref, les contrats portent juste sur la durée, le salaire, l’indemnité de transfert et le bonus de signature. — Pas de possibilité de prêter ou de se faire prêter des joueurs. Dommage pour ceux qui jouent avec la Rochelle et qui ne pourront donc pas faire les poubelles de Clermont. — Personnellement la bande son m’a fait saigner des oreilles, mais c’est souvent le cas pour ce genre de jeu et de toute façon tout le monde la mute au bout de 10 minutes. — Les joueurs sont parfois un peu cons (comme dans la réalité vous me direz) et certaines consignes sont absentes (par exemple, demander le drop, faire des ballons portés après une touche). — Pas de BAGARRE au cours des matchs. Par contre, deux joueurs de votre équipe peuvent se taper dessus à l’entraînement. Le groupe vit bien ©. — Les menus sont pas forcément d’une grande clarté, il faudra par exemple nous expliquer pourquoi les résultats et les classements des diverses compétitions se trouvent dans l’onglet « Finances ». Enfin bon, une fois qu’on est habitués… — Les statistiques de David Marty sont honteusement moyennes, alors qu’on parle quand même du meilleur joueur du monde. — Marc Delpoux est encore à l’USAP dans la version beta du jeu. Sans correctif rapide, cela risque de provoquer un boycott massif en Catalogne. — Ca ressemble quand même pas mal au jeu de 2005, en actualisé et avec un petit coup de polish par ci par là. Pour 29€, on reste loin du prix d’un Football Manager (49€) mais ça peut tout de même paraître un peu cher pour un jeu qui offre si peu de nouveautés. Verdict : Un bon petit jeu de gestion, honnête et dans la droite lignée de l’édition 2005, dont il semble quand même un peu trop proche à notre goût. Pro Rugby Manager 2015 devrait quand même occuper les fans de rugby pendant quelques heures, même s’il manque d’un peu de substance pour rivaliser face aux cadors du genre. On pourrait espérer une suite un peu plus approfondie si les ventes sont au rendez-vous – rassurez-vous, n’allez pas enflammer les réseaux sociaux, personne n’a couché avec nous pour vous dire de l’acheter, vous faites ce que vous voulez. On peut regretter que ce type de jeux soit aussi rare qu’une bonne idée dans la tête de Saint-André. Cyanide a le mérite de faire survivre ce produit, mais n’a pas eu les moyen d’être plus ambitieux. Tant que les ventes seront modestes nous ne verrons pas le jeu ultime, et tant qu’on n’a pas le jeu ultime les ventes seront modestes. Donc en attendant qu’un Jacky Lorenzetti injecte des millions, « il faudra te contenter de ça », comme disait si bien Marc Lièvremont. La note : — Romain Teulet / 20 Le potentiel est là et il nous aura offert quelques beaux moments. Mais malheureusement il est trop petit et trop vilain pour atteindre le niveau international. Malgré tout, au fin fond d’une campagne, il aura sans doute un noyau dur de fans irréductibles. N’oubliez pas non plus que si ce jeu ne vous plait pas il vous reste une autre possibilité : gagnez un loto, devenez milliardaire et rachetez une équipe dans la réalité. BONUS : Le diaporama du jeu Cliquez sur les images pour les agrandir. MUSCUUUUU Malheureusement, impossible de lui offrir une maison à Collioure. Et voilà comment Max Guazzini fut piégé par la FACEM La précision est une belle qualité. Jean-Michel cherche à séduire Isabelle. Le groupe vit bien. Vous en rêviez ? Pro Rugby Manager l’a fait. Regarde Guy, je fais mieux que toi ! Un peu de respect pour Romain Terrain qui a la méga-chiasse. Rassurez-vous, son melon est indestructible, lui. Désolé les Bayonnais, même dans le monde virtuel vous descendez. 56 mètres ? PRENDS LES TROIS POINTS ! Visiblement la mère de Rado faisait partie de l’équipe de développement. Mercenaires La formation ? Kesseussé ? Ok, réaliste. Ça par contre, c’est impossible. PS : On a apprécié faire ce test, mais par pitié, ne nous envoyez pas Rugby 15, ça ira.
Top 15 : 3ème journée Par Ovale Masqué et Pastigo, Le Top 15 est de retour cette semaine avec un programme riche comme deux présidents du Top 14 qui jouent à qui a la plus grosse quéquette. Le vrai évènement du week-end n’est pas la victoire du Émachère à Clermont ou le choc entre le Racing et Toulon, mais bien le tout premier match de Montaigut-Besse. Clermont – MHR Un match du vendredi soir, un match « au parfum de phases finales » entre deux cadors du Top 15, tous les ingrédients semblaient réunis pour qu’on se fasse chier. Gagné. Venu en mode Racing, le MHR n’a pas touché un seul ballon et s’est contenté d’attendre que les Clermontois fassent de la merde, art dans lequel il faut bien dire qu’ils excellent assez souvent. Il faut aussi souligner la belle défense inversée des Héraultais, qui malheureusement pour les Jaunards, n’avait pas grand chose à voir avec celle inventée par Patrice Lagisquet. Un autre truc que le MHR a et que le XV de France n’a pas, c’est bien évidemment François Trinh-Duc Le Banni ©®, auteur de 18 points dont deux drops et la pénalité de la gagne à la fin du match. Un Trinh-Duc taille patron © donc, qui a presque fait tomber à lui seul le record d’invincibilité d’un match des Clermontois à domicile. Le MHR marque donc 4 points, 2 points pour la victoire et 2 points de bonus parce que c’était à l’extérieur. La Rochelle – Stade Toulousain Comment perdre un match par 12 points d’écart quand tu mènes 3 essais à 1 à la 60ème minute ? C’est simple, avec une mêlée en carton et un Vincent Clerc en déambulateur. Capable du meilleur comme du pire, le Stade Toulousain semble être à peu près aussi fiable et régulier que notre site internet. Face à des Rochelais déchaînés devant le vrai meilleur public de France, ça se paye. 4 points pour la Rochelle. 2 points pour la victoire, deux points de bonus pour avoir inscrit 3 essais. Ca y est vous avez compris ou on va devoir le répéter à chaque fois ? Vincent Clerc affiche ses ambitions pour la Coupe du Monde 2015. En connaisseur, PSA a dû être séduit. GrOnoble – UBB Si on nous avait dit au début des années 90 que les références du beau jeu deviendraient GrOnoble et Bègles, on aurait sans doute bien rigolé. Pourtant, ces deux équipes nous ont bien offert le match le plus agréable de la journée, avec plein d’essais, dont un hat-trick d’Alipate Ratini. Le Fidjien a déjà marqué 5 fois en 3 matchs de Top 15. Un championnat dont il est bien parti pour devenir le meilleur marqueur, même si on sait que la saison de GrOnoble se termine habituellement vers le mois de mars, ce qui risque de l’handicaper. 4 points pour GrOnoble. Oyonnax – Stade Français Après avoir gagné à Castres, le Stade Français continuait son exploration des territoires dangereux et inconnus en se rendant à Oyonnax, dans la région de ???? (chercher sur wikipedia). Mais avec moins de succès que face aux Aveyronnais. Venus avec une équipe B un peu moisie, les Parisiens sont en effet repartis les valises pleines comme les testicules du Stagiaire. Yves Donguy a marqué un doublé, ce qui prouve qu’il est probablement meilleur que Vincent Clerc, mais sans doute moins efficace pour marquer des essais dans les pubs Gedimat. Notez tout de même que le Ashton Splash raté d’Urdapilleta dans l’en-but aurait pu coûter un point de pénalité aux Oyomen, mais nous avons décidé d’être gentils. Pour une fois. 4 points pour Oyonnax. Castres – Bayonne Vous pensiez réellement qu’on allait regarder ce match ? 4 points pour Castres. LOU – Brive On va pas faire la même blague deux fois mais vous avez compris l’idée. 2 points pour Lyon. Racing Métro – Toulon Le genre de match qui nous fait dire qu’avoir une vie sociale et sortir le samedi soir pourrait quand même être une bonne idée. Des Racingmen égaux à eux-même, des Toulonnais venus en tongs. A part sur un bon gros raffut d’O’Connor sur Machenaud, et un début de BAGARRE après un gros plaquage de Burden sur Sexton, on aura pas vraiment eu l’occasion de rigoler. C’est donc finalement la #TeamJacky qui ressort victorieuse de ce duel de millionnaires à l’ego démesuré. En espérant qu’ils ne se retrouvent jamais en finale, pitié. 2 points pour le Racing. Un peu molle cette BAGARRE. Tu nous manques Bakkies. Comme vous l’aurez noté pas de points de bouchers cette semaine. Rien n’a suffisamment relevé notre attention. Nous sommes très déçus. Le bâton de Boucher : Pas d’acte notable de Boucherie lors de la rencontre qui opposait Oyonnax au Stade Français, si ce n’est la destruction pure et simple de Davit Kubriashvili. Il a d’ailleurs probablement été destitué de sa nationalité géorgienne après avoir délivré une performance aussi ridicule en mêlée fermée. Pascal Papé conserve donc son gros bâton dans le short. Le point Montaigut-Besse : Intégrer Montaigut-Besse au Top15 en seulement 15 jours n’a pas été facile. Il a tout d’abord fallu récupérer l’effectif dispersé dans toutes les férias de France et attendre qu’ils soient de nouveau en mesure de consulter leur messagerie alors que nous avions pourtant opté pour des mots simples: “Rentre à la maison. Maman”. L’équipe à peu près réunie la veille de leur première rencontre, la présidence composée de nous-mêmes n’avait pas anticipé le fait qu’ils seraient heureux de se retrouver autour d’une cuite commune après ces mois de caisses en solitaire. Une préparation idéale donc pour accueillir le premier match de la saison, d’autant que ce seront 3 matches qui auront lieu pour rattraper le retard pris sur le Top15. Ainsi le RCMB recevait la réserve d’Arcachon (Fédérale 2, la réserve n’étant en partie pas venue, la moitié de l’effectif était composé de l’équipe 1) ainsi qu’Ussel (Fédérale 3, et pas vraiment des réservistes non plus). Sachant qu’on a toujours pas compris dans quelle sous-sous-division évoluait Montaigut-Besse l’optimisme était de mise. Le RCMB ouvrira le “tournoi” contre Ussel. Les joueurs étant plus ou moins arrivés ils s’équipent d’un maillot trouvé au pif de sorte qu’un pilier porte le numéro 9 ; s’adapter au professionnalisme prendra peut-être plus de temps que prévu. La “méthode saucisse” mise en place cet été pour préparer les joueurs à la saison à venir porte ses fruits et physiquement, on est bien. Ussel – RCMB Un sport, deux méthodes. Ussel était “venu avec des ambitions” jouer “contre un adversaire qu’il faut respecter”. Le RCMB était venu, l’objectif était donc déjà atteint et ils joueront sans pression. Et c’est une réussite ! Ussel pris par l’enjeu tombe dans le piège d’un Montaigut-Besse surprenant, chaque joueur se débarrassant de manière totalement aléatoire du ballon pour ne pas prendre un coup dans le ventre. La surprise est totale et le RCMB l’emporte 15 à 5, avec 3 essais lui offrant le bonus offensif ! La journée démarrait donc étonnement bien, jusqu’au drame. Sans transition le RCMB reste sur le terrain, et Ussel laisse sa place à Arcachon. A peine le temps d’appeler le banc à la buvette pour remplacer les joueurs les plus cramés que le coup d’envoi est donné. Le score sera de 0 à 62. Il me semble. Je reste certain du 0 mais passée la cinquantaine tout le monde était lassé de compter. Je n’ai pas de mot pour expliquer ce que j’ai vu, alors laissons parler les images. RCMB – Arcachon Nous n’expliquons toujours pas les raisons de cet échec. Pour parfaire la performance, les restes du RCMB rencontreront dans la foulée une dernière fois Ussel pour le fun. Ce fut une expérience intéressante. Résultat : Montaigut remporte ses 4 premiers points grâce à cette victoire bonifiée, le reste n’est que du détail. Ce premier test a permis de tirer quelques enseignements. Nous ne nous attarderons pas sur la condition physique puisque les joueurs du RCMB étaient clairement au niveau malgré le manque d’entraînement. En revanche quelques aménagements sont à prévoir : Fêter l’après-match plutôt après le match. Organiser un système de convocation. Ça doit probablement exister ailleurs, cela permettra d’avoir une idée de la composition de l’équipe avant que le match ne débute. Nous remarquerons également que plusieurs joueurs profitent de ce système pour arriver le plus en retard possible afin de s’assurer que tous les autres aient déjà dû s’équiper d’un maillot. Globalement ce résultat est évidemment positif et on sent clairement que les joueurs ont intégré l’enjeu lié aux puissants moyens économiques de leur nouveau propriétaire. Merci également à Ussel et Arcachon qui ont pu profiter de la beauté des paysages. Le point au classement : Aucune victoire à l’extérieur cette semaine donc pas de chamboulement dans le classement. Malgré leurs défaites, le Stade Français, Toulon et Clermont dominent toujours les débats. Montaigut-Besse fait une spectaculaire irruption à la 10ème position du classement, soit une place qui paraît déjà inatteignable pour Bayonne.
Patricio Albacete passe sur le Grill Par Flora Friz, Marinette et Ovale Masqué. (avec la complicité du reste de la Boucherie) Après l’arbitre Salem Attalah, la Boucherie Ovalie continue de parcourir la France pour interviewer les plus éminentes personnalités de l’Ovalie. Aujourd’hui, c’est Patricio Albacete qui a accepté de passer sur le grill. Car visiblement, le géant argentin est le seul joueur du Stade Toulousain qui ne nous déteste pas. Nous avons passé une petite heure en sa compagnie dans les travées d’Ernest-Wallon : au menu, sa situation actuelle avec l’équipe nationale d’Argentine (c’est compliqué, comme on dit sur Facebook), la nouvelle saison du Stade Toulousain et bien sûr, des questions à la con. Si vous vous plaignez régulièrement parce que “c’est trop long” ou parce que “il y a pas de blagues c’est nul” vous pouvez donc passer directement à la fin de l’article. Pato, au moment où il comprend que ce n’est pas à Rugbyrama, mais bien à la Boucherie qu’il a à faire. Rappel : Patrio Albacete, dit Pato, est un joueur argentin né en 1981 à Buenos Aires. Après des débuts en Europe à Colomiers et un passage de deux ans à la Section Paloise, il revient dans la grande banlieue columérine en 2006, et s’engage avec le Stade Toulousain. Là-bas, il remporte 3 Boucliers de Brennus et une H Cup. Il fait figure d’intellectuel au sein de la seconde ligne toulousaine, puisque ses partenaires se nomment successivement Fabien Pelous, Romain Mili-Chluski et Yoann Maestri. Il compte également 57 sélections avec l’équipe nationale d’Argentine, et entre 2002 et 2013, son loisir favori était d’humilier le XV de France. Non-retenu pour le Rugby Championship qui se dispute actuellement loin de la capitale mondiale du rugby du sud-ouest, il fait actuellement un très bon début de saison sous le maillot des Rouge et Noir. Et on ne dit pas ça car il pourrait nous briser d’une seule main. Partie I – Les Pumas Tu as donné une longue interview à La Nación à propos de ta situation avec les Pumas, on a été surpris que cela soit assez peu repris en France ? Oui c’est vrai, il y a juste eu un article sur le Midol… Après, c’était surtout sur la Fédération Argentine alors peut-être que ce n’était pas assez intéressant pour les médias français, c’est normal (NDLR : l’interview a été réalisé le 7 août dernier, depuis, l’Équipe y a également consacré un court article). Mais oui, c’est quelque chose qui date de 2012 lorsque j’avais fait des déclarations après le premier 4 Nations. En fait moi j’ai intégré ce qu’on appelle ‘la petite table des Pumas’ depuis 2008. On fait un peu le lien entre joueurs et staff, joueurs et dirigeants. On y discute aussi la question des primes pour toute l’équipe. Et il y avait certaines choses, au bout d’un moment, qui ont fait que je n’en pouvais plus parce que je sentais que la Fédération, au lieu d’essayer de nous aider, essayait toujours de nous mettre des bâtons dans les roues. Par exemple, nous normalement, on fait la préparation pour les 4 Nations et pour les Coupes du Monde en partant en Floride, à Pensacola, où on s’entraîne dans un centre d’entraînement. On y passe 2 semaines à n’y faire que du physique, et après on va en Argentine, où l’on est basés à Buenos Aires, pour y faire 1 mois ½ de préparation en plus avec du physique et du rugby. Pour moi c’était facile parce que je suis de Buenos Aires alors du coup j’y ai un appartement, ma voiture, mon lit, ma famille. Je suis très content d’être là-bas. Mais il y a plein de joueurs qui sont de l’intérieur de l’Argentine et surtout du nord du pays. Il faut savoir qu’en Argentine, du nord du pays à Buenos Aires il y a 1200km. Alors ces joueurs ils étaient loin de leur famille, ils ne dormaient pas chez eux. Et qu’est-ce qu’ils ont fait à la Fédération ? Ils les ont tous mis dans une maison à Buenos Aires. Du coup, ils étaient 11 dans une maison, il y avait des mecs qui partageaient un lit à 2, ils avaient pas internet pour communiquer avec leurs familles, alors que la Fédération l’avait promis. Alors bon… c’était des choses que moi je ne pouvais pas supporter. Parce qu’on s’entraînait tous ensemble, on faisait tous des efforts et après, je rentrais chez moi, tranquille, je mangeais avec ma famille, ils me préparaient à manger pendant que les joueurs de l’intérieur du pays ils devaient se préparer leurs trucs. Ils n’avaient pas non plus de voiture pour les journées libres pour essayer de s’aérer un peu la tête, de partir, je sais pas, au cinéma… Ils n’avaient pas de voiture, ils n’avaient pas internet, ils partageaient un lit après 7h d’entraînement par jour, il y a quand même un minimum à respecter ! Et franchement je me suis dis que je serais, pardon pour le mot, mais je serais un enculé si après je me retrouvais avec ces mecs-là et que je leur disais « Allez on va tous se tuer pour l’équipe… ». C’était pas possible ! Tous, il faut qu’on ait au moins le minimum pour que ce soit confortable, pour pouvoir s’entraîner comme il faut. Surtout quand après, on va rencontrer les 3 meilleures équipes du monde. Si on se fait défoncer, les critiques sont encore pour les joueurs, et du coup la Fédération elle fait pas grand chose pour qu’on soit au niveau des meilleurs au monde. Bon… moi je pense que c’était la chose à faire… Ils ont donc mal vécu tes critiques ? Oui, parce que bon… personne n’aime être critiqué. Mais je ne suis pas allé tout de suite tout dire aux journaux d’un coup. D’abord j’en ai quand même parlé avec eux. Je leur ai dit de nombreuses fois que c’était pas possible de faire comme ça, que les mecs étaient pas bien, blablabla… « Oui oui on va le solutionner oui oui… » on me répondait. Après, le premier 4 Nations s’est à peu près bien passé parce que tout le monde croyait qu’on allait prendre 70 points à tous les matchs. On a pu faire quelques bons matchs, on fait un match nul contre l’Afrique du Sud notamment. Pour une première fois où on jouait le 4 Nations c’était bien. La Fédération commençait à dire « oui, tout ça, c’est grâce à nous, on met tout à disposition ». Tu vois, c’était un mensonge… Vous n’avez pas d’équivalent de Marcoussis chez vous, par exemple ? Non. Mais en plus nous on a rien, on s’entraînait… si vous voyiez où on s’entraînait vous pourriez pas le croire… Là-bas, il y a des clubs amateurs et on s’entraînait dans un club où le terrain c’est n’importe quoi… Graham Henry, qui est venu nous donner un coup de main, ne pouvait même pas croire où on s’entraînait ! Le bon résultat de la Coupe du Monde 2007 n’a pas poussé la Fédération à mettre plus de moyens ? Non… Maintenant il y a plus de moyens parce qu’avec les 4 Nations il y a beaucoup plus de sponsors qui investissent dans la Fédération… En plus il y a l’aide de l’IRB, du coup le budget de la Fédération est passé de 1,5-2 millions de dollars à 10 millions de dollars. Mais du coup il manque des gens capables d’administrer tout ça, des gens compétents à tous les niveaux. Il y a des mecs qui n’ont jamais vécu le rugby professionnel, qui ne savent pas comment ça se passe. Et avec ça, il y a aussi tous les dirigeants qui veulent essayer de gratter un peu pour eux. En France c’est différent, les joueurs ont les moyens pour pouvoir s’entraîner. Franchement Marcoussis c’est super, nous on a pas ça… Dans l’interview tu as également parlé d’un problème avec Daniel Hourcade, le nouveau sélectionneur ? Ça c’était pour après. Ce dont je vous parlais avec la Fédération, c’était en 2012. En fait ce qui s’est passé c’est que Santiago Phelan, le dernier entraîneur a démissionné. Il a démissionné en novembre 2013, 2 semaines avant la tournée. Son contrat finissait de toute façon en décembre 2013, il a démissionné avant. C’est une chose que je n’ai pas trop appréciée parce qu’à 2 semaines de la tournée il démissionne, il laisse l’équipe un peu…bon… il a pris sa décision… Alors c’est Daniel Hourcade (qui était l’entraîneur de l’équipe B argentine et des Pampas XV) qui a pris le relais. Normalement c’était juste pour la tournée. Après les dirigeants ont dit qu’il allait continuer jusqu’à la Coupe du Monde en 2015 ; et finalement il a signé un contrat jusqu’en 2019 avec la Fédération. Sans avoir rien démontré parce qu’il n’avait jamais entraîné aucune équipe de ce niveau. Je pense que c’est surtout, vous allez comprendre, mais ils l’ont mis là parce qu’il allait faire tout ce que les dirigeants voulaient, qu’il allait virer les joueurs qu’ils voulaient. Il y a des rumeurs qui disaient que c’était un groupe de joueurs, dont tu faisais partie, qui avait poussé Phelan vers la sortie. Mais ce n’est pas ta version ? Non, personne ne l’a poussé vers la sortie. Moi, je n’ai jamais eu de problème avec Phelan mais je n’ai pas apprécié la façon dont il est parti. Il est parti, c’est lui-même qui l’a dit parce qu’il y avait dans son staff des gens qui ne s’entendaient pas. Alors ce n’est pas la faute des joueurs ! Quand Phelan dit ‘les joueurs m’ont trahi parce que des choses dans le groupe ont été connues du grand public’, il ne sait pas qui a parlé. Il croyait que c’était les joueurs, moi je suis persuadé que c’était quelqu’un de son staff. Mais tout ça, c’est la version des gens de la Fédération, notamment d’Augustin Pichot. Il n’a pas apprécié les critiques que j’ai faites parce qu’à la tête de la Fédération, avec l’exposition qui est la sienne, il prend toutes les critiques faites envers la Fédération comme un couteau planté dans son dos. Mais moi je n’ai rien contre Augustin Pichot personnellement. Lui c’est un dirigeant et s’il faut lui dire des choses qui font mal, je vais les lui dire. S’il fait les choses bien aussi je vais le dire : putain c’est bien ! Après ça m’étonne de Pichot, parce que j’ai joué avec lui et c’était un très bon capitaine. Il était le premier quand il fallait défendre l’équipe et remonter tout le monde, c’était le premier ! Maintenant il est passé de l’autre côté.. Agustin Pichot, leader charismatique des Pumas pendant plusieurs années. Malgré sa coupe de cheveux. Le jour où on arrive en Angleterre pour la tournée d’automne, Hourcade me dit qu’il veut me prendre avec lui, que pour lui j’étais le leader naturel de l’équipe. Il me voulait comme capitaine mais quand il avait envoyé la demande au conseil électif de la Fédération, ils avaient refusé. Alors il avait choisi Leguizamon. Moi je lui ai dit qu’il y avait aucun problème, que j’étais conscient des déclarations que j’avais faites, que je savais qu’il y avait des tensions entre la Fédération et moi mais que j’assumais complètement ce que j’avais dit. Je lui dis de ne pas s’inquièter, que j’allais appuyer Leguizamon à 100% pour le bien de l’équipe. Il me répond “Oui, merci quand même. J’ai vraiment besoin de toi, j’ai besoin que tu aides Leguizamon avec Julio Farias – un autre joueur très expérimenté. J’ai besoin de vous, que vous l’entouriez, que vous lui donniez un coup de main”. Ok pas de problème ! La tournée s’est bien passée au niveau humain, pas au niveau résultats. Puis je rentre à Toulouse, en ne jouant pas le dernier match contre l’Italie, parce que j’avais un arrangement pour que Toulouse me laisse partir pour les 4 Nations. Mais j’avais dit qu’en Novembre si on me le demandait, je jouerais pour le club. Même l’entraîneur des avants m’a écrit en me remerciant pour mon attitude, mon professionnalisme. Pour l’avoir aidé parce qu’on discutait pas mal avec lui… Et tout se passe bien jusqu’en juin l’an dernier quand la Nacion fait un article. Ils avaient un envoyé spécial en novembre en Angleterre, qui a appris qu’Hourcade m’avait dit que j’aurais dû être capitaine. Le journaliste avait su par un dirigeant que le conseil électif avait refusé mon capitanat, alors il a fait un article sur ça. Hourcade a cru que c’était moi la source. Moi à chaque fois que je parle dans les journaux, je parle avec photo, nom, prénom et je dis tout ! Je me cache pas, s’il faut dire les choses je les dis, j’ai pas de problème. Hourcade a demandé que je fasse un démenti dans la presse, que je dise qu’on ne m’avait jamais proposé le capitanat. J’étais en vacances à Punta Cana quand il a dit ça, après la saison ici à Toulouse. Quand j’ai vu ça je suis rentré et j’ai dit la vérité, qu’il mentait. Parce qu’il disait “j’ai jamais dit ça, c’est un mensonge, j’ai jamais proposé le capitanat, le conseil électif ne m’a jamais rien refusé”. Entre temps, entre la tournée de novembre et les test-matchs de l’été, il signe jusqu’en 2019. C’est important parce qu’en 2016 on va intégrer la franchise argentine qui va jouer le Super Rugby, alors pour lui il y a beaucoup de business, de l’argent qui va rentrer et il sait qu’il aura un contrat assuré jusqu’en 2019. Après, je savais qu’il ne voulait pas me prendre pour les 4 Nations, ça je le savais. Il m’avait laisser entendre qu’il n’allait pas prendre les joueurs expérimentés parce qu’il allait en essayer d’autres… Moi je lui ai dit, t’inquiète pas, ne me prends pas, de toute façon je ne vais pas jouer les 4 Nations. Pour lui la Coupe du Monde 2015 n’est qu’une étape, le véritable objectif c’est la Coupe du Monde 2019 ? En mars, il envoie un mail aux 28-30 joueurs possibles convoqués de l’extérieur, où il leur annonce que Fernandez Lobbe n’allait plus être son capitaine mais qu’il serait remplacé par Creevy. Je n’ai rien contre Creevy mais c’est un mec qui a 2 matchs comme titulaire avec les Pumas. Tu as Fernandez Lobbe mais tu mets Creevy comme capitaine alors qu’il n’a ni l’expérience ni les épaules pour être capitaine ? Mais bon, après c’est une décision… Donc Hourcade annonce que Fernandez Lobbe n’allait pas être capitaine et il prévient aussi que pas mal de joueurs “historiques” n’allaient pas être pris parce qu’il voulait essayer de nouveaux joueurs. Mais bon… ça c’est envoyé de là-haut… Et il raconte aussi que pour lui la Coupe du Monde ce n’était qu’une étape et que l’objectif c’est d’être dans les 4 meilleures équipes du Monde en 2019. Franchement, beaucoup de joueurs voulaient écrire une lettre. On a fait une lettre mais comme tous les joueurs n’étaient pas d’accord (la moitié voulait l’envoyer et l’autre moitié non), on a décidé de ne pas l’envoyer. On s’est dit que les joueurs qui seraient convoqués devraient parler de ça avec lui parce qu’il ne pouvait pas tout changer comme ça. Après il y avait aussi d’autres choses à l’intérieur du groupe qu’il voulait changer et que nous on ne trouvait pas bien, et ils allaient parler de ça aussi. Bon du coup moi je refuse de jouer les 4 Nations cette année. Il laisse dehors Guinazu, Ayerza, Farias, Pablo Orlandi, Tiesi, Santiago Fernandez, Carizza. Dans la liste, pourtant il y a des blessés, Figallo et Camacho qui ne jouent pas depuis plusieurs mois. Du coup tu commences à regarder et franchement Carriza, Farias, Guinazu et Ayerza ce sont les plus proches de moi, donc ils ont voulu faire un peu de ménage je pense. Surtout parce que les dirigeants savent qu’on est le groupe qui pense le plus comme ça et qu’on peut influencer les autres. Et les autres joueurs pour rester dans le groupe, ils étaient prêts à tout… c’est vraiment dommage mais c’est comme ça… Ils ont fermé leur gueule pour rester des Pumas : “Nous on dit rien, on ferme notre gueule, comme ça y a pas le risque qu’ils ne nous appellent plus”. Malheureusement ils sont prêts à tout pour jouer dans l’équipe. Moi franchement, j’ai mes valeurs, mes convictions, j’ai fait 3 coupes du Monde avec l’Argentine. S’il faut que j’en vienne à ne pas jouer pour défendre mes valeurs et mes convictions je le ferai quand même. Je ne jouerai pas à tout prix. Je pense qu’il y a des choses plus importantes. Tu penses que tu ne joueras pas la Coupe du monde 2015, donc ? Je sais pas. Franchement je sais pas, on verra comment les choses se passent. Au moins j’ai dit tout ce que j’avais à dire, après j’ai fait connaître mes opinions c’est tout. Ca a créé un débat important, beaucoup de monde commence à douter d’Hourcade et Pichot car ils savent comment ils se comportent. Parce que Pichot, aujourd’hui tout passe par lui, aujourd’hui qu’il a l’argent de la Fédération, ça passe par lui. On verra ! Si ça se passe à peu près bien niveau résultat tout le monde va dire qu’il a raison : il va dire “Moi j’ai fait ça mais j’ai eu des résultats”. Malheureusement c’est ça qui va déterminer la suite, je pense. Et si ça se passe mal… Moi j’espère pas, franchement je ne souhaite pas de mal à l’équipe d’Argentine. Si ça se passe mal j’aurai peut-être plus de chances de revenir… Mais je répète, si je dois pas jouer pour une histoire de convictions, je ne jouerai pas. Partie II – Toulouse et les questions à la con. Merci pour ces éclaircissements sur les Pumas ! Maintenant on va passer à quelques questions sur le Stade Toulousain, le meilleur club de l’univers et de ses alentours proches. Un joueur anonyme tente de voler le maillot de Pato pour éviter d’avoir à le payer 80 euros à la boutique rue Alsace-Lorraine. Dernièrement le jeu du Stade a été beaucoup critiqué, et les deux dernières années ont été sans titres, ce qui est un peu un drame pour Toulouse. Comment tu le vis, toi ? Comment c’est vécu au sein du groupe, ces critiques des gens qui disent que le Stade se repose sur ses lauriers ? Je pense pas qu’on se repose sur nos lauriers. C’est vrai qu’on a pas d’excuses, la saison dernière les choses ne se sont pas passées comme on l’aurait voulu. Après nous on est les premiers à avoir envie de gagner, alors c’est trop facile de dire qu’on se repose sur nos lauriers. Après c’est compréhensible que les gens le prennent comme ça parce qu’ils voient que le Stade c’est un grand club et que dernièrement, les résultats… Les gens réclament que les choses se passent mieux que la saison dernière… Il y a un nouveau plan d’attaque avec les nouvelles recrues ? Est-ce que vous allez construire l’équipe autour d’une grande légende du rugby comme Imanol ? (il rit) Nooon non… Ici il n’y a pas de stars. C’est une équipe très complète, il y a des joueurs internationaux partout alors on ne peut pas dire qu’un joueur c’est une star même si c’est Imanol ! Dans l’ensemble ça va, tu en penses quoi des nouveaux venus ? Franchement ça se passe très bien. Après il va falloir s’adapter, surtout pour Toby Flood qui a joué toute sa carrière en Angleterre, ça change un peu la langue et les habitudes de jeu. Il va falloir un peu de temps pour qu’il puisse arriver à son meilleur niveau au Stade, mais franchement ce sont de bonnes recrues et je pense qu’elles vont apporter leur maximum. L’objectif cette saison c’est le bouclier ? La coupe aux grandes oreilles ? Les deux ? Le doublé, il ne faut pas en parler ? On ne peut pas parler du doublé vu la saison qu’on a fait la saison dernière ! J’espère qu’on pourra déjà faire du bon jeu et qu’on pourra gagner quelques matchs cette saison, surtout à l’extérieur ! La saison dernière à domicile on était pas trop mal mais à l’extérieur c’est vrai qu’on n’a pas été bons… du tout… Plus réaliste alors : l’objectif c’est la défaite en barrages ou en demi-finale ? (Il rit) S’il faut choisir je préfère la défaite en demi-finale ! Quel est le joueur avec lequel tu aurais aimé jouer sur le terrain ? Il faut choisir quoi ?… N’importe, joueur passé ou présent. Imanol, peut-être ? C’est un rêve d’enfant qui se réalise ? (il rit) Oh je sais pas. C’est très difficile comme question… très difficile, il y a plein de joueurs… Un joueur modèle que tu as toujours admiré ? Moi j’aurais aimé Brad Thorn, le seconde ligne de Nouvelle-Zélande, j’ai toujours admiré ce joueur-là, et Victor Matfield aussi. Est-ce que tu penses faire carrière jusqu’à 38 ans comme eux ? Tu sais que j’aimerais bien ! En plus je me sens en forme là, je pense que le Stade va devoir me signer 4 ans de plus, j’arrive en fin de contrat… Pour l’instant je me sens bien, j’aimerais jouer au moins 2 ans de plus. Après on verra, à cet âge-là il faut voir au jour le jour. Pour toi le fameux “Clasico” cher à Eric Bayle, est-ce que c’est toujours contre Paris ou est-ce que c’est plutôt contre Toulon maintenant : Rouge et Noir contre Rouge et Noir ? Vu comment se sont passées les choses ces dernières saisons, il y a toujours une rivalité avec le Stade Français mais aujourd’hui il y a plus de rivalité contre Toulon, pour d’autres choses. Mais c’est vrai que la dernière saison ils ont été bien mieux que nous (il rit). Quel est le joueur que tu n’aimerais pas croiser sur le terrain et encore moins dans une ruelle sombre et étroite ? Joe Tekori je pense. On a interviewé Yannick Nyanga il y a un moment et on lui avait demandé avec qui il ouvrirait un bar à putes à Bogota. Il nous avait répondu toi. (il éclate de rire) Dans le cas où tu voudrais ouvrir un bar à putes à Buenos Aires, est-ce que tu l’ouvrirais avec lui ? Avec Nyanga ? A fond ! (il rit) Celui avec qui tu aurais aimé faire une 3ème mi-temps ? Avec tout le monde ! La 3ème mi-temps c’est fait pour ça : pour se connaître, partager, j’ai aucun problème de toute façon tant qu’on passe un bon moment. Celui avec qui tu partirais chasser à mains nues dans la forêt amazonienne ? Déjà je n’aime pas chasser ! Je suis un mec de la ville moi… Il ne t’a pas emmené avec lui, William Servat ? Ah non mais William il fait des trucs… Il part en montagne chasser, il dort dans une tente… moi ça me va pas ! Moi c’est plage, hôtel 5 étoiles, (il rit) là je me sens bien ! Tu préfères te faire enfoncer en mêlée ou prendre un cad’deb d’école ? Je préfère prendre un cad’deb d’école. Tous les avants disent ça… C’est moins humiliant pour nous je pense. Un ailier il nous prend en 1 contre 1 avec un peu d’espace si tu prends un cad’ deb c’est normal quoi… mais si tu te fais enfoncer en mêlée tout le match, c’est insupportable… Pour nous aider dans notre apprentissage de l’espagnol, est-ce que tu peux nous chanter une chanson paillarde argentine ? Une chanson paillarde ? Une chanson cochonne, que tu chantes pas en berceuse à tes enfants quoi… (il sourit) je peux pas chanter… Tu nous dis, on la cherchera sur YouTube Oui mais… je sais pas… tu trouveras pas… impossible… C’est pas très connu comme ici. Ici il y a Patrick Sébastien et tout. Là-bas si tu veux, c’est une chanson pour les enfants et quand tu commences à avoir plus de 10 ans, tu joues avec les mots, tu changes… Je pense pas que tu trouveras sur YouTube. Tant pis. Est-ce que tu as pensé à donner des cours de maths à Felipe Contepomi après son drop ? (Il soupire) Non ça va, il est médecin quand même…. Mais franchement c’était marrant parce qu’en plus il le fêtait ce drop. Moi j’étais en tribunes, je n’avais pas fait ce match-là, et je me rappelle je regardais le banc du Stade Français, personne pouvait le croire ! Et nous on se regardait, on était blessés avec quelques joueurs, on se regarde “Mais qu’est-ce qu’il a fait ?! Heureusement qu’il a dropé !!” Mais c’était marrant parce qu’il l’a fêté et tout. On revient sur William Servat, est-ce que maintenant pour toi c’est plus le compagnon de bringue avec lequel tu as gagné 3 Brennus et une H-Cup, ou est-ce que c’est le coach relou qui t’appelle à 21h pour vérifier que tu es au lit et que tu as bien mangé ? Oh c’est un peu entre les deux… Bon parce que c’est un peu son devoir aussi de gueuler sur les joueurs, de dire les choses qui ne vont pas et tout. Mais ça reste aussi quelqu’un que j’apprécie beaucoup avec qui on a vécu plein de choses qu’on n’oubliera jamais et quand même il y a une relation d’amitié ! Bien sûr on le respecte tous parce que c’est notre entraîneur et ce qu’il dit on essaie de le faire, mais il a une bonne approche parce qu’on peut parler avec lui si on se sent pas à l’aise avec quelque chose sur le terrain, c’est une personne à l’écoute, il a ce côté qui est super. Tu vas souvent dans son resto ? Non je sors pas trop moi, franchement je suis sage ! Sauf avec Nyanga quand on part à Bogota c’est tout ! Est-ce que tu peux nous raconter une blague qui fait rire Guy Novès en période de doublons ? Non impossible. Il rigole pas. Pato, lancé dans une désopilante imitation de Guy Novès. Explique la règle du plaqueur-plaqué sans utiliser de ponctuation. Plaqueur comment ça ? Plaqueur-plaqué. Comment sans ponctuation ? Sans s’arrêter ? En une seule phrase Non… il y a… C’est déjà raté un peu non ?! En fait il y a le joueur qui est plaqué et le joueur qui plaque doit se mettre debout gratter le ballon et le joueur plaqué doit éloigner le ballon et quand il est au sol il doit le lâcher, je sais pas… On dit souvent que les Argentins sont à la limite, est-ce que c’est une façon polie de dire qu’ils trichent constamment ? Oui en France ici on est connus pour ça… Je pense que c’est parce que vous l’avez en travers de la Coupe du Monde 2007 surtout ! Ouais c’est surtout ça je pense… On joue à la limite comme tout le monde, ne va pas me dire que les Français vous êtes pas à la limite, faut arrêter… Mais non on l’a pas en travers, quelle idée. Tu es un 2ème ligne en Top 14 et pourtant on te voit souvent avec le ballon en main, est-ce que tu n’as pas l’impression de mal faire ton boulot ? PAS DU TOUT. Noooon, franchement je pense que c’est un peu dû au jeu de Toulouse où on essaie – on n’arrive pas toujours – mais on essaie de faire un jeu de mouvement, avec pas mal de phases et où on a beaucoup de joueurs qui sont très bons en attaque, et c’est pour ça qu’on peut toucher pas mal de ballons, on joue avec beaucoup de déplacements et tout. Je sais que mon poste c’est surtout le combat d’abord, après si on a les jambes il faut courir un peu. J’essaie de beaucoup courir sur le terrain, des fois je me retrouve avec des ballons en main, autant y aller… Justement, vu que tu cours plus vite que Jean-Marc Doussain et que ta passe est meilleure, est-ce que tu ne voudrais pas faire comme Mauro Bergamasco et devenir 9 ? Noooon. (il sourit) Ca c’est vraiment méchant ! Il est adorable. En plus j’aimerais courir plus vite que lui mais c’est pas le cas ! D’après certaines personnes, un Argentin c’est comme un Italien sauf qu’il gagne des matchs, est-ce que tu es d’accord ? Vu les derniers résultats de l’équipe d’Argentine je suis pas tellement d’accord… Ton prénom n’est ni Rodrigo, ni Juan ni Martin, est-ce que tu n’es pas un peu hipster ? (il rit) C’est vrai je suis pas mal original quand même ! Je suis original… on peut dire ça ! Le XV de France n’est pas très en forme en ce moment, est-ce que tu penses, comme le Midi Olympique et les grandes bibles rugbystiques, que c’est la faute des étrangers ? Non. Non, franchement, pour parler sérieusement, la France pour moi c’est toujours une équipe qui peut être championne du Monde à n’importe quel moment. Il suffit juste que les mecs ils soient “mentalisés” avec un objectif, que peut-être ils passent un peu plus de temps ensemble que ce qu’ils passent aujourd’hui, il suffit de ça pour qu’ils fassent des exploits, des trucs incroyables, parce que je pense vraiment que les joueurs ont les capacités pour gagner, pour battre n’importe qui, ça a déjà été démontré par le passé. Regardez avant la Coupe du Monde 2011, je me rappelle, j’avais parlé avec William et Titi, et je leur avais dit qu’ils pouvaient être champions du Monde. A cette époque-là tout le monde disait “non mais tu es fou !”, l’équipe de France était très critiquée, et ils ont été à 1 point ! Moi j’avais pas de doute et aujourd’hui pour moi c’est la même chose. Il suffit qu’ils règlent 2-3 détails dans leur jeu et en 2015 ils vont être très bien. Si tu en as l’occasion cette année est-ce que tu mettras un placage à Lionel Beauxis ? (il rit) D’abord il faudrait que je le rattrape ! Mais non c’est quelqu’un de gentil… Après si j’ai la chance quand même je vais le faire ! Est-ce que c’est pas un peu chiant cette mode d’acheter un resto quand on est joueur au Stade Toulousain, parce que bon, ça t’oblige à y manger tous les 2 jours… (il rit) C’est dans tes projets ? Non pas du tout ! C’est très compliqué d’avoir un restaurant, il faut beaucoup s’en occuper, et franchement je veux pas. En plus je pense que je vais rentrer en Argentine quand j’arrêterai. Est-ce que Vincent Clerc a un défaut ? Ah il est parfait ! Il est le gendre idéal, le joueur idéal, le copain idéal, l’homme idéal… C’est sûr qu’au lycée il devait avoir 19 partout ! Qui est le plus costaud à la boisson à la 3ème mi-temps ? Sans doute… de loin Joe Tekori. Loin. Mais loin hein… Qu’est-ce qui est le pire, pousser derrière Steenkamp en mêlée ou se retrouver face à cul avec le slip de Galan ? Le slip de Galan sans doute… (il rit) c’est le pire. Est-ce que tu peux nous sortir une grosse vacherie sur Thierry Dusautoir pour qu’on puisse faire le buzz avec un titre super racoleur ? Nooon je peux pas… C’est interdit, c’est un de mes meilleurs amis, je peux pas ! Il me tuerait, il me parlerait plus après ! Est-ce que tu préfères t’habiller et te coiffer comme Clément Poitrenaud pour le reste de tes jours ou voir le Brésil gagner la Coupe du Monde de foot en finale face à l’Argentine à Buenos Aires sur le score de 7 à 1 ? Aaah je préfère m’habiller comme Clem. Tous les jours jusqu’à la fin de mes jours ! (il rit) C’est la honte ça, le Brésil, en Argentine, on pourrait pas le supporter, y aurait des mecs qui se tueraient et tout ! Obligé. Ici, Pato déguisé en hipster comme Clément Poitrenaud. Ca fait un an que William Servat nous a promis une interview, si tu pouvais lui rappeler ? Demain, je vous promets je vais lui dire ! Est-ce que tu sais ce qu’il est devenu Bertus Swanepoel ? Ouffff ! Non pas du tout ! Il est rentré en Afrique du Sud. Mais là… C’est lui ou c’est Daan Human qui a repris la ferme de ses parents ? Je sais que Daan a repris la ferme de ses parents, mais Bertus franchement, je sais pas… pas du tout. Si tu avais été plus jeune est-ce que tu aurais accepté de jouer dans une franchise argentine pour un salaire moins élevé qu’en top 14 ? Tout ça c’est quelque chose de très nouveau, franchement si j’avais eu le choix je pense que je serais venu en Europe, parce que, bon, c’est mieux payé et je pense que sans doute c’est le meilleur championnat au monde, le plus complet, le plus long, il y a les meilleurs joueurs qui viennent de partout, c’est très intéressant de jouer en France. Comme peut-être à une époque c’était le championnat d’Angleterre, avant ils disaient que c’était encore mieux. Je pense que sans doute, aujourd’hui, c’est le meilleur championnat au monde. Et après vivre en Europe, pouvoir t’installer ici, profiter du le climat toulousain comme aujourd’hui… La vie est très agréable, tu voyages facilement partout, en plus on apprend les langues, on fait des connaissances. Franchement moi je suis très content, c’est super sympa de vivre ici quoi… Se faire des copains surtout, beaucoup de mes amis je pense qu’au-delà du rugby vont rester pour la vie. Ça, ça n’a pas de prix. Est-ce que tu ne trouves pas que Jean-Baptiste Elissalde ressemble à un flic de la BAC avec son sweat à capuche et son brassard rouge sur le banc de touche ? Un flic ? De la BAC, la Brigade Anti-Criminelle. Ah ouais je connais, la BAC… On dirait que lui ressemble à un flic de la BAC ? (il sourit) Si lui ressemble à quelqu’un de la BAC il va faire peur à personne… Maintenant, petite série de questions où il va falloir répondre très vite. Thé ou café ? Thé. Levrette ou 69 ? Pardon ? Levrette ou 69 ? Levrette Te faire plaquer par ta copine ou par Thierry Dusautoir ? Par ma copine. Qui a les plus belles bouclettes, toi ou Yoann Huget ? Moooi ! Qui a les plus belles oreilles de seconde ligne de France ? Moi aussi (il rit). Pour une pénalité de la gagne à la dernière minute tu as le choix entre David Skrela, Jean-Marc Doussain et Lionel Beauxis, tu choisis quoi, de la taper toi-même ? David Skrela. On te surnomme Pato (NDLR : Canard en français), dans le Sud-Ouest c’est un aliment de base, ça ne te fait pas peur ? Pas du tout. Est-ce que de jeunes joueurs comme McAlister ou Tialata, qu’on connaît peu, ne sont pas trop impressionnés de côtoyer une légende telle qu’Imanol ? (il rit) Ouais je pense ouais, c’est quand même un ancien international, c’est sûr. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que sont les Valeurs du rugby, sans nous faire le speech de la FFR pour nous vendre des licences ? C’est vrai c’est un sport où tu peux prendre des exemples sur le terrain à transposer dans la vie courante. Mais après ça veut pas dire que parce que tu joues au rugby tu as des valeurs, c’est ça la différence. C’est vrai que tu apprends… il y a par exemple la solidarité parce que tu joues pas tout seul et quand y a quelqu’un qui a besoin de l’aide des copains il faut que tu le remontes que tu lui dises « allez, allez faut que tu te lèves même si tu as mal, pour l’équipe, pour te battre ! ». Après il y a la « companeria » euh… comment… la camaraderie aussi parce que c’est pas un sport individuel, alors tu t’entraînes tous les jours avec les mecs et tu as besoin que les choses se passent bien si tu veux avoir des résultats. Mais surtout il suffit pas de le dire il faut aussi le montrer avec l’exemple. Je pense que c’est la seule façon de gagner le respect aussi. Si toi tu dis « oui faut faire ça ça ça ça » mais tu es le premier à rien faire, tu peux dire ça à tout le monde, personne ne va te respecter. Pour moi l’exemple idéal c’est Titi, ce mec il parle pas beaucoup, il est sec. Enfin à la première approche, une fois que tu le connais il est adorable, moi je l’adore, mais son caractère c’est vrai que c’est un mec qui dit peu de paroles mais c’est un exemple en tout. Alors après quand il parle, tout le monde ferme sa gueule : tout le monde le respecte parce qu’il démontre plus avec l’exemple, il a pas besoin de beaucoup parler, et ça je pense que c’est la seule façon de gagner le respect. Et après il faut essayer, ça serait bien que les joueurs en société on montre un peu l’exemple avec les valeurs qu’on a la chance de voir et avec lesquelles on a grandi, de les implanter dans la société, sinon ça sert à rien ! Pour conclure, pourquoi as-tu perdu ton temps à répondre à nos conneries ? Parce que vous êtes sympa et que vous me faites marrer franchement, je suis le compte Twitter je le trouve très sympa même si quelquefois avec certains joueurs vous êtes un peu méchants… Après franchement vous avez des choses qui sont rigolotes et sans mauvaise intention et c’est ça qui est intéressant. Parce que vous pouvez critiquer tout le monde, si vous me critiquez moi, mais pas méchamment et sur une chose que j’ai faite sur le terrain et que je sais que ça c’est passé comme ça, ben je vais rigoler. Il faut savoir aussi rire de soi-même. Est-ce que tu veux ajouter une dernière chose ? Non, continuez comme ça mais soyez moins méchants avec quelques joueurs ! A qui voudrais-tu qu’on pose ces questions ? Tout à nouveau pareil ? Ce genre de questions, qui voudrais-tu qu’on fasse passer “sur le grill” ? Titi est passé déjà ? Non ! Titi alors ! Pour qu’il montre un peu qu’il a le sens de l’humour. Quand tu le vois comme ça, tu dirais pas, il est sérieux et tout, mais il a un grand sens de l’humour. Tu nous donnes son 06 comme ça on l’invitera à la Cantina. Je lui demanderai, s’il me donne son accord, je vous filerai son numéro. Merci à Pato de nous avoir consacré une heure de son temps et à Imanol Harinordoquy de ne pas nous avoir écrasés quand on l’a croisé sur le parking.
Et si… la France avait été éliminée par les Tonga en 2011 ? Par Ovale Masqué, A l’occasion de la rentrée 2014/2015, la Boucherie inaugure une nouvelle rubrique originale, intitulée : “Et si…”. D’accord, on s’est pas cassés le cul et on dirait le début d’un titre de roman de Marc Lévy, mais c’est facile de critiquer derrière son écran. Dans cette nouvelle rubrique, nous vous proposerons de revivre un match, une action, un évènement, et de réécrire l’histoire en imaginant ce qui se serait passé… si tout s’était passé autrement. En bref, une uchronie, mais nous n’utiliserons pas ce terme pour éviter d’effrayer les première ligne. Pour débuter, notre bon chef Ovale Masqué a décidé de pondre son seul bon texte de la saison dès le mois d’août, et d’imaginer pour nous un monde où la France aurait été éliminée par les Tonga en phase de poule de la Coupe du Monde 2011. France – Tonga, 1er octobre 2011, Wellington, 78ème minute. Il reste deux minutes à jouer. Mêlée à 5 mètres pour la France. Menés 26 à 9 après deux essais tongiens de Hufanga et Moa en première période, les Bleus vont perdre cette rencontre. Piqués dans leur orgueil, ils veulent néanmoins sortir de ce match la tête haute et font le forcing pour réduire le score. La première ligne îlienne s’effondre à plusieurs reprises, mais l‘arbitre de la rencontre, Steve Walsh refuse d’accorder l’essai de pénalité recherché. Le facétieux pilier tongien Alisona Taumalolo toise les joueurs français et en redemande. Las, Dimitri Yachvili décide alors d’ouvrir le jeu. Le ballon passe de mains en mains jusqu’à Maxime Mermoz, qui n’a plus qu’à jouer un 2 contre 1 d’école pour offrir l’essai à Vincent Clerc en coin. Mais l’ailier toulousain échappe le ballon ! L’arrière tongien Lilo tape un grand coup dans la gonfle et part en sprint. Les Français, cramés, sont incapables de le rattraper. Le joueur de l’UBB s’empare de l’ovale et file sous les poteaux pour sceller la victoire de son équipe, 33-9. Il reste alors encore quelques secondes à jouer. Steve Walsh, demande que le renvoi soit joué alors que la sirène retentit. Sous la menace d’un 4ème essai qui serait synonyme de bonus offensif pour les Tongiens, François Trinh-Duc décide de taper le renvoi directement en touche. Mais Monsieur Walsh sanctionne alors les Bleus d’une mêlée au centre du terrain, appliquant le méconnu « amendement Michalak ». Les Tongiens disposent donc d’un dernier ballon d’attaque face à des Bleus complètement démobilisés, et vivant cette dernière décision arbitrale comme une injustice. Morath ouvre le jeu vers Siale Piutau, qui efface facilement Mermoz et perce plein champ au milieu d’une forêt de joueurs bleus en train de trottiner. Le joueur des Highlanders fixe Médard et n’a plus qu’à passer le ballon pour Hufanga, qui marque en coin et signe un doublé. 38-9. Ce match ne devait être qu’une formalité. Mais ce soir, les Bleus sont éliminés. C’est la première fois dans l’histoire de la Coupe du Monde qu’ils ne parviennent pas à s’extraire des poules. C’est un séisme. La nuit suivanteAu camp de base des Bleus règne une ambiance de guerre civile. Marc Lièvremont, le crâne rasé comme le colonel Kurtz dans Apocalypse Now, erre nu dans les couloirs de l’hôtel du XV de France, un pack de bières à la main. Dans le même temps, ses joueurs dégoupillent complètement. Ivres, la plupart d’entre eux décide de saccager leurs chambres, malgré les rappels à l’ordre de Thierry Dusautoir qui leur sermonne « Hé ! C’est pas bien ! ». Le charismatique capitaine des Bleus ne semble plus avoir d’emprise sur son groupe. Refoulé à l’entrée d’une boîte de nuit par un videur qui l’avait pris pour un SDF, Cédric Heymans déclenche une bagarre générale. Pascal Papé est lui filmé par des caméras de sécurité en train d’uriner sur des œuvres au musée des arts maoris de Wellington. Enfin, Alexis Palisson est arrêté à 4h du matin dans les bras d’une prostituée vietnamienne de 68 ans spécialisée dans les dépucelages. Les incidents sortent dans la presse dès le lendemain en France et c’est tout un pays qui est scandalisé par l’attitude indigne de son équipe. Sur Itélé, Eric Zemmour déclare qu’il « avait vu venir cette élimination » et qu’il ne « fallait pas s’attendre à autre chose quand on désigne un Ivoirien capitaine du XV de France ». Alain Finkielkraut, dans « Ce soir ou jamais », fustige le comportement de « racailles » qu’auraient eu certains joueurs comme Vincent Clerc. Christian Jeanpierre, lui, affirme que la France aurait pu être championne du monde « si seulement Marc Lièvremont avait jugé bon de sélectionner Sébastien Chabal, le sportif préféré des Français, que vous retrouverez d’ailleurs ce soir sur TF1 dans un épisode inédit de Joséphine Ange-Gardien ». Après la fameuse couverture mettant en avant les insultes de Nicolas Anelka lors de la Coupe du Monde de football 2010, le journal l’Équipe frappe encore plus fort en décidant de titrer « Bande d’enculés » au-dessus d’une photo des joueurs du XV de France effondrés après la défaite contre les Tonga. Révolution à la tête du rugby françaisLe XV de France a fait honte à toute une nation. Les hommes politiques de tous bords tentent de récupérer l’évènement à leur profit. Les Bleus sont raillés sur Twitter, insultés dans les bars PMU. Faisant face à une pression médiatique terrible, Pierre Camou prend ses responsabilités et décide de démissionner de son poste de président de la FFR – alors que Jean-François Copé ne lui avait même pas demandé de le faire. Cette annonce est vécue comme un tremblement de terre dans le monde du rugby, mais pas que, puisque l’action de Pernod-Ricard chute de plus de 40% en bourse dans la foulée. Le vice-président de la FFR Serge Blanco assure l’intérim pendant quelques semaines, et organise de nouvelles élections. Celles-ci sont organisées au Château de Brindos, lors d’un vote à main levée. Blanco s’assure lui-même du bon déroulement du scrutin en braquant un revolver sur la tempe des votants. Unique candidat, Serge Blanco est élu à 99,9% des voix – en effet, un des membres historique de la FFR, âgé de 102 ans, avait voté pour Albert Ferrasse. Très humble, Serge Blanco déclare qu’il « ne souhaitait pas prendre la présidence de la FFR, l’ambition personnelle n’ayant jamais guidé son parcours professionnel ». Mais puisque cette situation de crise exigeait qu’un homme fort soit placé à la tête de la fédération, il « accepte cette mission et fera tout pour redorer le blason de l’équipe de France ». Sa première décision à la tête de la FFR est naturellement d’accorder une subvention de 1.000.000 d’euros au Biarritz Olympique. Marc Lièvremont, bien qu’il n’ait pas été reconduit avant la Coupe du Monde, décide lui aussi de démissionner avant le terme de son mandat. Sa tête ayant été mise à prix au Pays Basque, il est contraint à l’exil en Corse, où il passera le reste de ses jours à jouer au poker avec Raymond Domenech. Comme prévu depuis plusieurs mois, Philippe Saint-André prend la tête du XV de France aux côtés de Patrice Lagisquet et Yannick Bru. Serge Blanco s’auto-nomme manager des Bleus, reprenant ainsi le poste laissé vacant par Jo Maso depuis 20 ans la fin de la Coupe du Monde. Blanco prévient tout de même qu’il n’a « aucune intention de s’immiscer dans la gestion du sportif, comme il l’a toujours fait lorsqu’il était président du BO ». Serge Blanco, à l’époque où il gérait encore la chaîne de fast-food “Los Pollos Hermanos”. PSA AN I : Des résultats décevantsEn janvier, Philippe Saint-André annonce une première liste de 30 joueurs et tient compte de l’indignation du peuple, qui n’a toujours pas pardonné au groupe des mondialistes. Ainsi, dans la sélection de PSA ne figure aucun joueur présent en Nouvelle-Zélande quelques mois plus tôt, à l’exception de Dimitri Yachvili, Imanol Harinorodoquy, Damien Traille, Raphaël Lakafia et Fabien Barcella, en pleine bourre avec Biarritz, qui domine le Top 14 depuis l’arrivée sur la côte basque de joueurs comme Dan Carter, Bismarck du Plessis, Ma’a Nonu, Brian O’Driscoll ou encore Bryan Habana. Par contre, aucun joueur de l’Aviron Bayonnais ne figure dans cette liste. Mais on ne peut pas accuser Serge Blanco d’être partisan sur ce coup : c’est juste parce qu’ils sont nuls. Le premier Tournoi des VI Nations est malheureusement catastrophique. Malgré une belle première victoire contre l’Italie grâce à un triplé de la nouvelle pépite toulousaine Pierre-Gilles Lakafia, qui a profité du début de dépression de Vincent Clerc pour s’imposer sous le maillot Rouge et Noir, les Bleus sombrent face à l’Irlande au Stade de France, dans un match disputé dans des conditions climatiques extrêmes. S’il avait été un temps considéré que le match puisse être reporté à cause du froid, Serge Blanco a fait peser tout son poids pour que la rencontre ait bien lieu. Une décision qui aura des conséquences dramatiques. Alors qu’il partait pour inscrire un essai en coin, Imanol Harinordoquy glisse sur une plaque de verglas et manque de se blesser grièvement. Heureusement, selon le médecin des Bleus Jean-Philippe Hager, Imanol possède « la plus grosse tête qu’il ait jamais vue », ce qui lui a sauvé la mise. La sortie du nouveau capitaine des Tricolores met néanmoins un coup au moral à l’équipe, qui s’incline 22 à 12 après un doublé du néo-biarrot Brian O’Driscoll. Le reste de la compétition ne sera pas de meilleure facture. Les Bleus s’inclinent face à l’Écosse après qu’une tentative de drop de 70 mètres de Damien Traille soit contrée par Dan Parks. Face à l’Angleterre pour le Crunch, PSA décide de rappeler Benoît Baby à l’ouverture pour remplacer un Jonathan Wisniewski décevant lors des deux premières rencontres. Cela ne change rien : les Français sont corrigés par la bande à Jonny Wilkinson, qui a décidé de prolonger sa carrière internationale après le beau parcours du XV de la Rose, finaliste du Mondial 2011 face à la Nouvelle-Zélande – et qui aurait même pu l’emporter sans un arbitrage partial de Craig Joubert, selon les médias anglais.Lors de l’ultime match au Pays de Galles, la déroute est encore plus grande. Malgré un essai de l’espoir biarrot Philippe Bidabé en début de partie, le XV du Poireau marche sur le XV de France. Alex Cuthbert signe un triplé. George North un doublé. Enfin, Adam Jones scelle la victoire de son équipe avec un essai accompagné d’un salto dans l’en-but. Score final, 60 à 7. “Comment ça, Barcella tient plus une mêlée depuis 2009 ?” Le déclin du XV de France Les prochains Tournois seront malheureusement du même acabit. Les tournées seront également des fiascos, avec des défaites à répétition contre les nations de l’hémisphère sud, bien plus fortes. Malgré les critiques, PSA continue de s’appuyer sur l’ossature du Biarritz Olympique, qui vient de réaliser le doublé Top 14 / H Cup . Mais force est de constater que ce sont principalement des joueurs étrangers qui sont responsables du renouveau du BO, alors que des cadres des Bleus comme Yachvili, Traille ou Harinordoquy ont perdu leur influence et vu leur temps de jeu se réduire. Dans les colonnes du Midi-Olympique, le président du RCT Mourad Boudjellal n’a pas peur de flinguer le tout-puissant président de la FFR : « Blanco est responsable de tout ce qui arrive au rugby français ! Voilà ce qui se passe quand on recrute des stars à prix d’or et qu’on néglige la formation : on appauvrit l’équipe de France. A Toulon, nous ne pouvons pas rivaliser avec les salaires proposés par le BO, alors nous avons monté un projet à long terme, en misant sur de de jeunes talents. Et ça paye ! Grâce à la génération portée par Yoann Maestri et Gaël Fickou, nous avons terminé 7ème du championnat cette saison. L’avenir est devant nous ».Malgré les critiques, Serge Blanco a décidé de maintenir sa confiance à Philippe Saint-André, qu’il présente plus que jamais comme « l’homme de la situation ». A un an de la Coupe du Monde en Angleterre, la popularité du XV de France n’a pourtant jamais été aussi basse. Régulièrement moqués par la presse et le public, les rugbymen français n’attirent plus les foules, au contraire des footballeurs, portés en triomphe après leur beau parcours lors du Mondial au Brésil. Désormais, Mathieu Valbuena et Antoine Griezmann ont remplacé Aurélien Rougerie et Maxime Mermoz dans les pubs Dim. Quant au Top 14, ses droits ont été rachetés pour trois fois rien par BeIn Sports, Canal + ayant décidé de ne pas renouveler son partenariat avec la LNR. Un évènement qui a provoqué la liquidation financière de plus de la moitié des clubs engagés dans le championnat, qui sera désormais connu sous le nom de Top 6. Dans les couloirs de la FFR, il se dit qu’on espère plus qu’une chose : arracher une finale à Twickenham en 2015. « Rien qu’une petite finale. Une défaite honorable, et ils oublieront tout », affirme un cadre de la Fédération souhaitant rester anonyme. Pendant ce temps, Guy Novès, qui avait refusé le poste de sélectionneur avant la débâcle des Bleus en Nouvelle-Zélande, n’en démord pas : selon lui, tout ça, « C’est la faute des doublons ».
Saison 2014/2015 : La fiche du Stade Toulousain (2/2) Par Ovale Masqué, Damien Try et le Stagiaire. Lien vers la partie 1 (on sait que vous êtes trop cons pour chercher). La Star : Comme vous pouvez vous en douter, il parait bien compliqué de sortir du lot un joueur en particulier. On pourrait ici choisir de déblatérer sur la régularité de Thierry Dusautoir, de vanter les multiples talents de Luke McAlister, de s’extasier devant la surpuissance de Louis Picamoles ou le rayonnant charisme de Romain Milo-Chluski. Mais cela serait sans doute faire offense aux nombreuses qualités de leurs coéquipiers qui, après tout, méritent tout autant de profiter des crépitements des flashs, des entrées en boîtes gratuites et des groupies offertes en bonus à chaque sortie d’un nouveau calendrier des Dieux du stade. D’ailleurs, comme ils aiment à le rappeler eux-même à grands coups de modestie et d’éléments de langage : « Le rugby est un sport collectif, il faut d’abord donner la balle à Luke McAlister avant qu’il puisse nous faire gagner le match ». Véritable star des années 2009-2012, le très regretté « De Pénalité » a malheureusement quitté la Ville Rose, privant ainsi le Stade de l’homme qui marquait plus de 70% de ses essais. Malgré le départ de Yoann Montès, il est peu probable qu’on puisse de nouveau apercevoir De Pénalité lors de la saison 2014-2015. Ce qui embête bien Jean-Baptiste Elissalde, qui va devoir se faire à l’idée qu’il faudra peut-être se mettre à jouer au rugby pour gagner quelque chose cette fois-ci. Le Boucher : Florian Fritz Florian Fritz, c’est un peu le prototype même du personnage ténébreux, mystérieux et mauvais-cul qu’on retrouve dans les fictions américaines : il parle peu, ne sourit jamais, ne manifeste jamais aucune émotion. Vous ignorez tout de son passé, sur lequel vous fantasmez allégrement (peut-être a-t-il été élevé par une meute de loups à Bourgoin ?) et vous vous demandez s’il n’est quand même pas un peu psychopathe sur les bords. Mais si jamais vous vous retrouvez propulsé dans un futur post-apocalyptique envahi par des ptérodactyles-zombies et des hommes-salamandres unijambistes, c’est assurémment avec lui que vous voudriez faire un bout de chemin. Car Florian est un guerrier, un vrai. Un type qui malgré son apparent QI de table de chevet, porte en lui une sorte d’esprit chevaleresque qu’on croyait perdu à tout jamais, même dans le rugby. Un type qui se jetterait sous un train – ou sur le genou de François Van de Merwe – pour se sacrifier pour le groupe. Un type qui un jour, crèvera sans doute sur le terrain pour empêcher Bayonne de prendre un bonus défensif au stade Ernest-Wallon. En bref, Florian Fritz c’est un croisement entre Chuck Norris, Jack Bauer, Snake Plissken et un Saint-Bernard, soit la plus belle chose qui soit arrivée au rugby depuis Christophe Porcu. Bon par contre Florian Fritz est comme tout le monde, dans une voiturette de golf il perd l’intégralité de son charisme. La recrue phare : Imanol Harinordoquy Oui, vous ne rêvez pas, la recrue phare du Stade Toulousain est un ancien international biarrot âgé de 34 ans et qui n’a pas fait une saison complète depuis 3 ans. Mais quel joueur ! Gladianol, l’homme, la légende, celui qui joue une finale de H Cup avec la clavicule cassée et un masque de luchador mexicain, celui qui supporte les blagues et les pets de Fabien Barcella, celui qui cette saison, donnera le meilleur de lui-même pour atteindre le niveau de son idole absolue : l’ancien Imanol Harinordoquy. Ce recrutement surprenant a bien sûr fait grincer des dents chez tous les amateurs de rugby. Est-ce un choix si débile ? Soyons, pour une fois, quelque peu bienveillants : non, pas totalement. S’il pose son melon de côté et accepte son rôle de simple soldat, et surtout s’il ne passe pas la moitié de la saison à l’infirmerie, Imanol pourra probablement apporter sa compétence dans le domaine de la touche, secteur qui ne s’est jamais vraiment remis du départ de Jean Bouilhou, bradé à la Section Paloise contre un paquet de Pringles et 10 euros. Bien sûr, Imanol n’avance plus à l’impact depuis longtemps, mais avec Picamoles, Tekori, Galan, David et toute la clique des bourrins du Stade, il n’est pas là pour ça. Imanol présentera également l’avantage d’être disponible pendant les doublons (à moins qu’un PSA suicidaire ne pète un plomb et ne décide de le re-sélectionner) et pourra apporter un profil de manieur de ballon à une troisième ligne constituée de manchots, à l’exception de Yannick Nyanga. Dans le pire des cas, le Basque bondissant finira sa carrière comme doublure de Grégory Lamboley, ce qui sera très humiliant pour lui mais assez drôle pour tout le reste de la France. Imanol a accepté de se faire raser le crâne alors que même David Skrela avait eu un passe-droit en son temps. Paye ta déchéance. Le départ qui fait mal : Lionel Beauxis Lionel Beauxis, c’est ce héros moderne qui est capable de te faire gagner un match par -40 degrés en enquillant 6 pénalités de 60 mètres, mais qui peut tout aussi bien sauver Oyonnax en ratant un coup de pied juste en face des perches à la 80ème minute. On sait désormais qu’il ne sera jamais « le nouveau Jonny Wilkinson », ni même le nouveau Gérald Merceron d’ailleurs, et Toby Flood réussira probablement à vite le faire oublier. Mais à nous, il nous manquera. Car un N°10 avec une bedaine de pilier de Fédérale 3, qui se trimballe toujours nonchalamment sur le terrain, comme si on venait de le réveiller en plein milieu de sa sieste, qui plaque comme un tourniquet de métro, cela possède un côté délicieusement anachronique et un charme indéniable. Lionel Beauxis, c’est un ouvreur des 60’s qui se serait perdu dans les années 2000 lors d’un mauvais épisode de Code Quantum. Une sorte d’Andy Goode version cassoulet. Et le pire dans tout ça ? On vous parie qu’il rendra de fiers services à l’UBB et qu’on finira par le regretter un peu. Un peu comme Jean-Baptiste Poux, un autre joueur qui a la particularité de posséder le charisme d’une chaise longue oubliée sur la plage de Saint-Malo en plein mois de décembre. Lionel Beauxis, honoré d’avoir reçu le trophée de joueur de l’année de l’US Oyonnax. Le joueur à suivre : Gillian Galan Gillian Galan, c’est le petit gros de la cour de recré qui a fini par en avoir marre qu’on fasse des blagues sur son slip et son sourire du plombier. Et quand en plus, il a appris qu’il allait être concurrencé par un pré-retraité biarrot, ça a été le déclic : le sosie officiel de Kubiac a décidé d’abandonner les chips et de se mettre sérieusement à la MUSCUUUU au CARDIOOOO. Résultat, -10 kilos sur la balance cet été. Auteur de quelques très bonnes performances l’année passée (son match contre les Saracens à Wembley, notamment) avant de disparaître un peu en fin de saison. N’oublions pas que Galan n’a que 23 ans et peut encore exploser autre chose que son short. Car à la différence de PICAchu et d’Edwin Maka, celui qui porte le même prénom que l’éternelle interprète de Scully dans X-Files possède une bonne paire de mains. Puissant, mais également habile derrière les mêlées et sous les ballons hauts, Galan est sans doute le troisième ligne centre le plus complet de l’effectif. Avec une condition physique qui se rapproche désormais plus de celle d’un être humain que d’une otarie, et un temps de jeu augmenté en l’absence de Pica – limité à 30 matchs cette saison – Gillian pourrait être la bonne surprise de la saison. Mais avec qui Maxime Médard va-t-il pouvoir aller au Burger’N Co désormais ? L’objectif : Faire moins pire que la saison dernière Le Stade fait la gueule. Les finances ne sont pas au beau fixe, le recrutement n’a impressionné personne et les affluences au stade sont en chute libre. Sur le papier, l’équipe a de quoi lutter pour faire partie du dernier carré, mais semble désormais en-dessous des armadas de Toulon, Clermont, du Racing ou même de Montpellier. Choper un titre relèverait du miracle, et René-Boubou sait qu’il va devoir serrer les fesses jusqu’à l’été prochain, où de nombreuses stars de l’hémisphère sud seront sur le marché pour venir toucher le pactole après la Coupe du monde 2015. On peut donc s’attendre à une saison dite « de transition » dont l’objectif principal sera de regagner le cœur du public. Car oui, la reconquête passera avant tout par le retour du jeu à la toulousaine : tout le monde le sait, tout le monde le dit (même le Midol et la Dépêche, c’est dire), venir à Ernest Wallon c’est l’assurance de se faire chier et en plus ça coûte une blinde. Guy Novès a compris le message et a promis un jeu « plus ambitieux » pour cette saison. Reste désormais à voir s’il a le staff et les joueurs pour mettre en place ce noble projet. Notre pronostic : A quelques mois de la Coupe du Monde, le Stade devrait bénéficier de l’effet « Merde, il faut que je sois bon si je veux passer sur TF1 en septembre » et donc tirer profit d’internationaux un peu plus investis qu’à l’habitude. Des types comme Doussain, David, Fickou, Dusautoir, Picamoles, Clerc ou Médard vont devoir se bouger le cul s’ils veulent faire oublier leur dernière saison poussive – et encore, on est gentils là – et accrocher une place en équipe de France. Ainsi, ils gagneront l’honneur de se faire humilier devant toute la nation en Angleterre. Mais si c’est bien beau de déclarer qu’on veut lancer du jeu, un problème majeur risque de persister : la conquête. Pour faire mieux que l’année dernière, Tialata devra prouver qu’il peut être une meilleure doublure pour Johnston que l’inénarrable Yoann Montès, Kakovin devra essayer de jouer une saison sans manquer 20 matchs sur blessure et Tolofua devra envisager une greffe des mains pour ne pas se faire bouffer son temps de jeu par Corey Fynn et Chiliboy Ralepelle (qui sera probablement suspendu pour dopage et destitué de ses titres en 2024, dans la plus belle tradition du cyclisme). Bref, c’est pas gagné. Et sans une base solide, les nobles ambitions du Stade en terme de jeu pourraient vite tourner court. Nous voyons donc une saison « bien mais pas top » pour le Stade : un ¼ de finale de H Cup à l’extérieur, une petite demi-finale de Top 14 comme à la belle époque : rien de foufou mais suffisant pour montrer que les Rouge et Noir sont encore là, en attendant mieux. La prochaine intersaison et le recrutement post-Coupe du Monde (et pourquoi pas l’intégration de quelques jeunes, soyons fous) sera sûrement un grand tournant pour le club. On saura alors si les Rouge et Noir sont prêts à suivre la bande des super-riches du Top 14 pour revenir au premier plan, ou bien s’il s’apprêtent à sombrer dans l’anonymat pour quelques années, comme une vulgaire équipe castraise. On s’est mis à 6 pour trouver une légende à cette photo. Puis finalement on s’est dit qu’elle se suffisait à elle-même. Le scénario idéal : « Atteindre le sommet n’est pas tout. L’important, c’est d’y rester. » (Michel Drucker) Le Stade Toulousain connait sa plus longue période de disette de l’ère moderne (2 ans sans titre, ce qui entraînera une chute de fréquentation record à Ernest Wallon : -80%) avant de contre-attaquer spectaculairement, pour recoller aux wagons emmenés par les locomotives clermontoises et toulonnaises. Elu maire de Toulouse après la destitution de Jean-Luc Moudenc, condamné à 45 de prison pour avoir été reconnu coupable d’être un inconnu total, même aux yeux des habitants de la Ville Rose, René Bouscatel décide de revendre le Capitole au Qatar pour une somme astronomique. La mairie de Toulouse (désormais délocalisée à Blagnac) investit toute la somme récoltée en subventions pour le Stade Toulousain. Ce qui permet à Guy Novès de racheter la moitié de l’équipe d’Afrique du Sud + Luke Burgess, pour rigoler. Dès la saison 2014-2015, le Stade Toulousain redevient une machine à gagner et marche sur l’Europe. En juin, les Rouge et Noir réalisent le doublé Top 14 / H Cup en battant Clermont lors des deux finales (6-3, 6-3 en deux sets gagnants). Guy Novès, extrêmement contrarié de s’être fait mentir lui-même, décide de mettre fin à ses jours en s’étouffant avec le protège dents de Thierry Dusautoir. Cédric Heymans le remplace au poste de manager général et décide d’imposer son style, en faisant pratiquer à ses joueurs un rugby total. Il ira même jusqu’à infliger des amendes aux trouillards qui n’osent pas jouer des touches rapides dans leurs 22 mètres. Plus jamais on ne verra un entraîneur lever trois doigts au ciel sur le banc du Stade Toulousain. Plus jamais on ne verra le Stade Toulousain gagner un titre. Mais au moins, le club récupérera la côte de popularité et le romantisme qui lui avaient été dérobés par ces gros connards de Bordelais. Le scénario catastrophe : Après une saison 2013-2014 ratée, le Stade Toulousain confirme lentement mais sûrement son déclin. Le RCT devient le premier club au monde à réaliser le doublé H Cup / Top 14 quatre fois de suite. Les Toulonnais remporteront également le Super Rugby, la Currie Cup, le Vendée Globe et le championnat de France de hockey sur gazon. Suite à la déclaration d’indépendance du Var en 2018, le club obtient même le droit de participer à la Coupe du monde de rugby 2019. Bakkies, alors âgé de 40 ans, soulève le trophée William Webb Ellis, après avoir battu l’Ecosse en finale à Tokyo. Dans la foulée, Louis Picamoles annonce son transfert sur la Rade, déclarant vouloir « prendre une nouvelle dimension et gagner des titres ». Guy Novès décide de mettre fin à ses jours en se pendant avec l’attelle de Yann David, victime de l’explosion d’un de ses biceps après une séance de développés-couchés de trop. Dans sa lettre de suicide, Novès émet le souhait de confier sa succession à son gendre, Vincent Clerc. Celui-ci forme donc désormais un trio d’entraîneurs/joueurs avec Jean-Baptiste Elissalde et William Servat. Malgré toutes leurs compétences, ils ne parviennent pas à entraver la chute du club, bientôt relégué en Fédérale 3 – dont Clerc deviendra le meilleur marqueur d’essais de tous les temps. A l’orée de la saison 2024-2025, le Stade Toulousain réussit malgré tout à remonter en Top 20, à la suite de sa fusion avec le Castres Olympique. Ce nouveau club se nomme désormais le Stade Castrais, il évolue au stade Pierre Antoine et ses maillots sont bleu et blanc, frappé du logo de la firme Pierre Fabre. Les chaussettes seront néanmoins rouge et noir.
Saison 2014/2015 : Présentation du Stade Toulousain (1/2) On vient, on s’ennuie et on s’en va. Par Ovale Masqué, Damien Try et le Stagiaire. Devise : « Interdiction de doubler » ou « On vient, on s’ennuie et on s’en va ». Ca va, on les voit bien les 4 étoiles ? Le club & ses supporters : Créé en 1909, soit 4 ans avant la naissance de Jean Bouillhou, le Stade Toulousain est le club de rugby le plus titré du monde : 19 Boucliers de Brennus, 4 H Cup, 4 Challenges Yves-du-Manoir et 4 Coupes de France. Merci Wikipedia pour les deux dernières compétitions, dont on apprend par la même occasion l’existence. Il est également sans doute le club le plus populaire de France. Allez voir un match dans un bon pub n’importe où dans l’Hexagone, et vous retrouverez sans doute non loin de vous un camarade vêtu du célèbre maillot Rouge et Noir. En dehors de la Haute-Garonne, on retrouve notamment une forte colonie de supporters toulousains en région parisienne. Il s’agit là d’exilés, de fils d’exilés, ou tout simplement de gars qui ont « une arrière-grand-mère dans le Gers, donc pas trop loin de Toulouse » et qui préfèrent, par confort, supporter l’équipe qui gagne tout le temps. Attention cependant, il est fort probable que depuis un ou deux ans, leur arrière-grand-mère soit en fait toulonnaise. Il y a aussi les amateurs occasionnels de rugby, qui ne regardent que les matchs du XV de France et la finale du Top 14, et qui prennent donc partie pour Toulouse car c’est la seule équipe chez qui ils arrivent à reconnaître quelques joueurs. D’ailleurs, qui n’a jamais entendu « Ah qu’il est bon ce Michalak ! Ca c’est bien un petit gars de Toulouse ! » un soir de victoire contre l’Australie. Ainsi que sa variante « Mais qu’est-ce qu’il est mauvais ce Toulonnais » lorsqu’on perd contre l’Angleterre. Supporter le Stade Toulousain, c’est un peu comme boire des capsules Nespresso : c’est aussi un signe de réussite sociale. La preuve qu’on fait partie de la caste des winners. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir la femme d’un jeune cadre dynamique offrir une cravate du Stade à son mari – 80 euros à la boutique officielle rue d’Alsace Lorraine, 96 si vous commandez par internet avec les frais de port – afin qu’il puisse porter haut les Valeurs de rugby © lorsqu’il est au bureau. Car les Valeurs du rugby ©, et par extension les Valeurs du Stade © – car si le Stade n’a pas inventé le rugby, il l’a assurément perfectionné – sont finalement assez proches de celles de l’entreprise : solidarité, esprit d’équipe, compétitivité. Le Stade, c’est aussi ce club où l’on se plaint en permanence des doublons (pourquoi payer nos employés quand ils ne sont pas au bureau ?) et où les joueurs sont généralement invités à aller faire un tour au Pôle Emploi passé 32 ans, car ils sont « trop vieux ». Au mieux, les plus méritants auront le droit à une place à la droite du Dieu Novès, comme Jean-Baptiste Elissalde et William Servat. Les supporters des autres clubs du Top 14 détestent souvent les Toulousains, qu’ils considèrent comme extrêmement arrogants, suffisants et opportunistes. Bien sûr, tout ceci n’est qu’un cliché : tentez donc de vous inscrire sur le forum officiel du Stade avec le logo de Clermont en avatar, personne ne viendra vous traiter de gros consanguin et vous serez accueilli avec une grande courtoisie. Ici, Guy Novès pose devant la stèle rendant hommage aux héros oubliés du Stade : Marcus Di Rollo, Bertus Swanepoel, Nicolas Vergallo ou encore Pierre-Gilles Lakafia. La ville : Toulouse est le chef-lieu de la Haute-Garonne, de la région Midi-Pyrénées et de l’Occitanie, même si pour ce dernier point on sait pas exactement ce que ça représente. C’est pas très grave, ça permet d’entendre dans le métro « estaciou benento » suivi de la prononciation occitane de Jean Jaurès – Jean Jaurès qui est d’ailleurs né à Castres, mais on préfère dire Toulouse parce que ça fait plus sérieux. Un métro tout propre, automatique, fiable, mais qui réussit la prouesse de ne desservir aucun des deux stades de la ville, ni même l’aéroport, du coup il faut marcher ou prendre la navette. Toulouse, ça représente autour d’un million d’habitants, dont la moitié travaille dans l’industrie aéronautique, activité sans laquelle Toulouse ne serait qu’un hameau perdu dans la cambrousse dont la seule utilité serait de faire passer les péniches du canal du Midi au canal de Garonne. Mais le Sud-Ouest a l’avantage d’être loin de l’ennemi allemand ce qui est très pratique pour les militaires. Bon il faut avouer que désormais avec Airbus, Colomiers et Blagnac sont assez germanophones. La seconde occupation toulousaine est le Crime : ces dernières années ont été riches en faits divers tels que des braquages ou des prises d’otages, le point d’orgue étant bien sur les aventures de Mohamed Merah, Toulouse pouvant se vanter d’être la seule ville de France à avoir abrité un terroriste islamique. Le haut lieu du crime toulousain est bien sûr le quartier du Mirail, un endroit où même Batman, Superman et Manuel Valls ont peur de se rendre. Si vous passez entre deux balles perdues, vous pourrez tout de même passer du bon temps à Toulouse. Mis à part l’hiver dégueulasse et le printemps pourri, si vous n’avez rien contre la brique rouge, les restaurants tenus par des anciens joueurs de rugby et les punks à chien qui vident des canettes de Maximator sur les quais de la Garonne, vous n’aurez pas envie de quitter la ville. De toute façon il n’y a rien autour de Toulouse. Le zoo de Plaisance-du-Touch (c’est le vrai nom d’une vraie ville) ça compte pas. Toulouse est aussi une ville de culture qui a vu naître des personnalités telles que Claude Nougaro, Claude Nougaro, ou bien encore Claude Nougaro. Niveau bouffe, il y a bien sûr le fameux cassoulet et la saucisse de Toulouse. Si vous trouvez ça pas très léger, prenez un bonbon à la violette. Rémi et son chien vous accueilleront à votre arrivée à la gare Matabiau. Préparez votre monnaie, c’est pour la bonne cause. Le Stade : Le stade officiel est celui d’Ernest Wallon en hommage au premier président du club. Egalement appelé par erreur « Henri Wallon » par les gens qui ont fait des études, mais il y en a heureusement peu parmi les amateurs de rugby. Mais ce stade n’est au final utilisé que pour les matchs amicaux (= adversaires entre la 9ème et la 14ème place), les matchs où Toulouse fait tourner son effectif (= adversaires entre la 5ème et la 9ème place) et les matchs européens de moindre importance (= les matchs contre les équipes italiennes, contre lesquelles on prend 10 points). Ensuite, le club réquisitionne régulièrement l’antre du « Stadium », conçue principalement pour les footeux, mais dont la capacité (35 000 places) permet d’accueillir davantage de disciples. Ces matchs sont aussi généralement l’occasion idéale pour les salariés de la Dépêche du Midi d’arrondir leurs fins de mois en revendant les places qu’on leur a gracieusement offertes. Bien plus cher que le prix d’origine bien sûr, sinon ça n’a aucun intérêt. Les clubs adverses bénéficiant de l’honneur d’être reçus au Stadium sont ceux qui n’apparaissent dans aucune des catégories citées plus haut. Il s’agit donc des seuls clubs dignes d’affronter le grand Stade Toulousain, clubs qu’on reconnaît habituellement par la taille conséquente de leur budget. C’est bien connu, les riches aiment rester entre-eux. Notez tout de même qu’il n’y aura aucune délocalisation au Stadium cette saison, en raison des travaux effectués en vue de l’organisation de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations de football, auquel le TFC prendra part. Une indisponibilité qui devrait lourdement pénaliser le Stade Toulousain sur le plan financier selon Jean-René Bouscatel. Par politesse, personne ne lui a fera remarquer que la seule équipe capable de vendre 35 000 places à Toulouse, c’est le RCT, une fois par an. Les supporters stadistes ont un comportement facilement identifiable dans les tribunes : Ils hurlent « Tou-lou-Sains, Tou-lou-Sains » lorsqu’ils mènent de plus de 20 points d’écart. Ils sifflent l’arbitre lorsqu’ils mènent par moins de 20 points d’écart, où pire encore lorsqu’ils sont menés. Le reste du temps, ils dorment. Des cris très aigus se font entendre à chaque réception de chandelle de Clément Poitrenaud. Suivis d’un grand « ooooh » quand il fait un en-avant. Découvez également célèbre prison Saint-Michel, où sont détenus tous les anciens prétendants des filles Novès. Seul Byron Kelleher aurait réussi à s’en échapper. Le Staff : Le staff du Stade Toulousain est principalement incarné par un homme : Guy Novès. Aussi appelé Guytou (par les supporters), Maître Guy (par Jean-Baptiste Elisalde) ou Beau Papa (par Vincent Clerc), il coache d’une main de fer les Rouge et Noir depuis l’an 89 (on ne sait pas précisément de quel siècle). Pour l’accompagner dans sa tâche, il aime s’entourer de gens de confiance, souvent ses anciens joueurs. C’est le cas de Yannick Bru et Philippe Rougé-Thomas qui ont occupé les postes respectifs d’entraîneur des avants et entraîneur des trois-quarts avant d’être suppléés par William Servat et Jean-Baptiste Elissalde, deux anciens grands joueurs du Stade Toulousain et du XV de France. Après leur prise de fonction, ces deux derniers ont la particularité d’avoir plusieurs fois rechaussé les crampons. Les raisons les ayant poussés à cela parlent de « putain de doublons», de «nombreux blessés dans l’effectif à cause de doublons» et de plein d’autres trucs en rapport avec les doublons. A court terme, il est peu probable d’envisager des bouleversements dans le staff. Le travail de démystification du « jeu à la toulousaine » mis en place par Jean-Baptiste Elissalde pourrait bien sûr finir par lui valoir un licenciement précoce et un parachutage doré dans l’équipe des Spécialistes Canal +, mais René Bouscatel a récemment préféré lui renouveler sa confiance en prolongeant son emploi fictif de quelques années. William Servat quant à lui, reste très attaché au club et à la région et devrait donc aussi continuer l’aventure avec les Rouge et Noir quelques temps. Sauf bien sûr s’il décide de finalement céder à la drague du RCT (qui n’hésite pas à s’inspirer des meilleurs techniques de Mike Phillips) qui le convoite depuis deux saisons maintenant. A bientôt 36 ans et alors qu’il n’a pas joué un match depuis deux ans, Servat semble en effet avoir le profil idéal pour se relancer dans le club de la Rade – à l’exception près qu’il n’est pas sud-africain. Le moment précis où Jean-Baptiste Elissade se rend compte qu’il a titularisé Matanavou par erreur. L’Effectif : Pendant longtemps, commencer une saison avec l’effectif du Stade Toulousain, c’était comme avoir des cheat-codes en démarrant une partie de GTA ou de Age Of Empires : presque trop facile pour qu’on y prenne vraiment du plaisir. Des internationaux à tous les postes, un groupe stable, un centre de formation qui sort de nouvelles pépites tous les ans. Malgré les blessures et les doublons, le grand Stade connaissait rarement des baisses de régime et marchait sur ses adversaires toute la saison. Depuis quelques années, les débats semblent cependant s’équilibrer. L’explosion du marché du pneu et de la BD a notamment permis à des équipes comme Clermont ou Toulon de construire un effectif capable de rivaliser dans la durée. De son côté, Toulouse a commis quelques erreurs de casting inhabituelles dans son recrutement, notamment à des postes clés comme la charnière, où personne n’a vraiment réussi à succéder à Jeff Dubois. Résultat, si Toulouse est capable de « faire tourner son effectif » en alignant une équipe à plus de 300 sélections sur la pelouse, la gestion semble plus problématique. Obsédé et effrayé par les doublons, le staff a la fâcheuse habitude d’attendre le mois de mai pour aligner son équipe type, ce qui nous contraint à regarder pendant les six mois précédents un enchaînement de matchs laborieux et brouillons. « Oui, mais ça marche », diront certains. C’est pas faux. Mais quand on dispose de joueurs comme McAlister, Poitrenaud, Huget, Nyanga ou Lamboley (rayez la mention inutile), on est en droit d’attendre autre chose que le spectacle proposé ces dernières saisons. Et mieux qu’une défaite à domicile en match de barrage. Le seul point positif reste le centre de formation qui continue à sortir des talents qui ne demandent qu’à éclore comme Yoann Maestri et Gaël Fickou, et qui devraient contribuer à de nombreuses futures victoires du Stade Toulousain. Merci au centre de formation donc (je parle de celui du RCT bien sûr). A suivre dans la 2ème partie : La star, le Boucher, la recrue phare, le départ qui fait mal, l’objectif, les scénarios idéal & catastrophe.