Les pronostics bouchers pour la Coupe du Monde

 

Concrètement, le seul moyen d’avoir ce sentiment de victoire pendant le mois et demi qui arrive, c’est de gagner de l’argent aux paris sportifs. Et comme mettre 10€ sur une victoire des All Blacks contre le Géorgie ça rapporte moyen niveau bénéfices, on vous propose de mettre un billet directement sur le vainqueur de la compétition. Et croyez-nous, y’a de la belle cote, comme dirait Rory Kockott à l’assaut de l’Alpe d’Huez.

 

Copareos : L’Irlande

Au-delà d’une couleur de cheveux qui m’incite inconsciemment à supporter le XV du Trèfle, le succès de l’Irlande pendant cette Coupe du monde tient de la logique, ce qui est assez rare dans le rugby, je l’admets. Logique car l’Irlande est tombée dans un groupe de peintres (et de bucherons). C’est donc sans grand mal qu’elle se débarrassera du Canada, de la Roumanie et de l’Italie, le tout avec le bonus offensif, ce qui lui permettra de décrocher la première place d’un groupe où seule la France lui aura tenu tête en faisant match nul.

En quart de finale, l’Irlande bat l’Argentine 26-24 dans la difficulté, alors qu’il menaient 26-0 à la mi-temps. Pourquoi ce retour des Sud-Américains ? Tout simplement parce que les rouquins avaient déjà la tête ailleurs, plus particulièrement à Twickenham, où ils affronteront l’Angleterre en demi-finale. Match qui sera d’ailleurs d’une intensité hors normes, les Verts ayant tant à régler avec les sujets de leur Majesté. De générale en générale, Paul O’Connell réussira l’exploit de prendre deux cartons rouges, le match s’emballe et se termine sur un 6-3, à l’ancienne.

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L’avantage des Irlandais, c’est qu’ils peuvent utiliser leurs magnifiques paysages pour les photos de présentation.”

 

La finale verra l’Irlande affronter… la Nouvelle-Zélande, pour changer. Là, pas de générale, mais du ROUGBY. Et que ça fait des redoublées, et que j’te joue au pied, et que McCaw est hors-jeu. Bref, un exemple à suivre en matière de jeu. Sexton passera tout ce qui lui sera demandé de passer, et Carter, en se rendant compte de la différence de niveau entre le Sexton irlandais et celui du Racing, sortira à la mi-temps pour s’assurer que son futur contrat soit bien rompu. Ainsi, alors que les Tout Noirs menaient 20-15, il se feront battre par une horde celte sans pitié sur le score de 47-25. Comme quoi, avec deux équipes qui savent jouer, on arrive à voir plus de 13 points inscrits dans une finale.

Ah oui, au fait, suite à ce succès, le trophée Webb Ellis sera en bronze désormais, pour lui donner cette pigmentation si particulière.

 

Thomakaitaci : L’Angleterre

Il y a une certaine évidence à parier sur la victoire finale du XV de la Rose. Tout d’abord parce que la compétition se joue dans la contrée de la Reine, bien sûr. Mais également d’un point de vue logique, les anciens membres du Commonwealth se partageant équitablement le trophée depuis sa création (2 pour la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et l’Australie, un seul pour l’Angleterre) tout en faisant croire aux autres pays qu’il existe une compétition sportive.

Comment cela va se passer ? La RFU a brouillé les pistes en plaçant son équipe dans le groupe de la mort, mais tout ceci n’est que simulacre. Les Gallois ont été forcé de simuler la blessure de Halfpenny et Webb et le choix de reprendre Mike Philipps s’est décidé directement au 10 Downing Street. Le premier tour ne sera qu’une formalité avec des victoires bonifiées sur les Fidji déstabilisés par le crachin local – eux qui, le saviez-vous, ont l’habitude de jouer pieds nus sur la plage, avec des noix de coco – sur l’Uruguay et le Pays de Galles. Le match contre l’Australie ressemblera à un match amical où chacun des deux entraîneurs alignera son équipe féminine pour ne pas dévoiler sa stratégie.

Britain's Prime Minister David Cameron speaks with former England captain Martin Johnson and Maggie Alphonsi, member of the England women's team who won the 2014 World Cup, at Downing Street in London

Jeu concours : sauras-tu retrouver le fils d’Owen Farrell ? Un costume nazi authentique à gagner.

 

En tant que premiers du Groupe A, les Anglais affrontent l’Afrique du Sud en quart de finale. Les Boks ont en effet été battus par une équipe d’Ecosse virevoltante et impressionnante, véritable sensation du premier tour. Le match contre les Afrikaaners n’est pas une partie de plaisir. Sous la pluie battante, et dans un torrent de boue, Alberts parvient à franchir la ligne à la dernière seconde. Mais Berbizier, recruté par la RFU en tant que “Special TMO”, se fait un malin plaisir à refuser l’essai pourtant évident. L’Angleterre passe par un trou de souris, 12-9.

En demi finale, c’est l’Argentine qui se présentera devant les hommes de Lancaster. Déjà très heureux de se retrouver à ce stade de la compétition, les Pumas ne poseront pas de problèmes aux sujets de Sa Majesté. Joseph transpercera allègrement la paire de centre Hernandez-Bosch et l’Angleterre s’imposera 45-6. Mais, le coup de tonnerre aura lieu dans la seconde demi-finale : grâce à un triplé se Stuart Hogg, l’Ecosse qui a déjà écarté l’Australie en quart de finale, ne fera qu’une bouchée des Français, trop euphoriques après leur nouveau succès légendaire contre les Blacks. Seymour se payant même le luxe d’humilier une nouvelle fois Scott Spedding.

En finale, Lancaster sortira sa botte secrète et rappellera la star du rugby anglais, directement titulaire sur la pelouse de Twickenham : Wayne Barnes. Dans un très grand jour, le facteur X du rugby anglais réalisera un match parfait dans la gestion du jeu au sol et des hors-jeu. Pourtant, les Anglais n’auront pas besoin de ça. Comme à la parade, le jeu des hommes de Vern Cotter se délitera en finale et les Écossais seront méconnaissables. Dans une rencontre anecdotique donc, l’Angleterre sera sacrée championne du Monde pour la seconde fois de son histoire. La Cérémonie de clôture sera digne de la modestie anglaise, une ode à l’Empire récitée par le Prince Harry, habillé en tenue coloniale.

 

L’Affreux Gnafron : La Syrie

Il est parfois de coutume d’affirmer doctement que le rugby, c’est la guerre mais sans les armes. A cet égard, les Syriens se posent comme des candidats on ne peut plus sérieux pour remporter la timbale suprême.

Pour le jeu au pied, il suffira de titulariser quelques pilotes d’hélicoptères de l’armée d’El-Assad. Maîtrisant mieux que quiconque la technique du largage de bidons d’explosifs au-delà des lignes adverses, ils réduiront le fond de terrain de l’adversaire en champ de ruines. Libérant ainsi de larges brêches dans la défense pour les chevauchées ravageuses des combattants en pick-up de Daesh. Le blitzkrieg revisité, la bonne vieille chandelle des familles suivi d’un assaut décidé et belliqueux sur le réceptionneur adverse (dite technique anti-Blanco 91).
Concernant les mêlées et le jeu au près, les Syriens présentent déjà d’évidentes dispositions. Passer 5 ans à regarder dans le blanc des yeux le fou furieux de la rue d’en face qui n’attend que de venir te tuer dès qu’il en aura l’occasion endurcit le caractère et prépare au combat au près.
Défendre la ligne devient alors une question cruciale de survie.
Le seul domaine dans lequel la Syrie risque de pêcher par excès d’enthousiasme reste la discipline. Mais il faudra beaucoup de courage (ou d’inconscience) au corps arbitral pour oser venir perturber le bel ordonnancement de cette machine de guerre, programmée pour gagner.

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On le croyait devenu hipster, Galan se préparait en fait pour la Syrie.

 

Capitaine A’men’donné : Les Zgorgliens (transcription approximative)

Alors qu’on se dirige tranquillement vers la finale Angleterre-Nouvelle-Zélande prévue et logique, arrivera un événement qui va changer la face du rugby mondial (et du monde tout court mais on s’en fout).

Pour la première fois -en tout cas de manière avérée-, une civilisation extra-terrestre entrera en contact avec l’humanité. Vous trouvez cela improbable ? Moins que ce qui déclenchera leur venue. En effet, débarrassé de l’envahissant génie de Sergio Parisse, Luke McLean va prendre de l’importance au sein de l’équipe d’Italie, et, décomplexé, enchaîner les prestations de très haut vol, se révélant être un excellent joueur. Ça relativise les extra-terrestres, hein ?

Victorieux contre la France en ouverture, les azzuri sont néanmoins défaits par l’Irlande et terminent deuxièmes de leur groupe. Perdant honorablement contre la Nouvelle-Zélande en quarts, cette équipe sera la bonne surprise de ce mondial.

Mais les conséquences seront inter-planétaires : l’on découvrira qu’en fait, le rugby est joué à travers tout l’Univers, étant en réalité une cérémonie religieuse. Une civilisation très avancée du fin fond de la galaxie d’Andromède s’est en effet débrouillé pour en souffler les principes fondateurs (dont la mêlée, la règle du plaqueur-plaqué, ou celle du plan vertical, démonstrations édifiantes de cerveaux ultra-puissants) à toutes les espèces évoluées de leur horizon cosmique (on découvrira dans le même temps que le houblon fermenté est en fait un amplificateur télépathique par lequel William Webb Ellis entra inconsciemment en contact avec les ET, et donc expliquera l’affinité particulièrement forte du monde du rugby avec la bière).

Surveillant l’évolution de ce sport partout où ils l’ont implanté, il cherchent jusqu’ici en vain celui qui sera l’Élu. Alors que les théologiens éliminèrent au cours du temps les Sella, Blanco, Eales, Edwards ou autre David Marty, les Zgorgliens reconnaissent enfin en Luke McLean leur Prophète.

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L’arrivée des Zgorgliens à Londres s’est faite en toute discrétion, tel Mathieu Bastareaud dans un magasin de tables basses.

 

Mais pour accomplir la prophétie, le Messie doit d’abord régner sur sa propre planète. Alors, les Zgorgliens interviennent, et proposent à l’IRB de jouer la Webb Ellis cup (en fait, une arme terrible de destruction massive qui leur permettra de soumettre tout l’Univers, mais que leur religion leur impose de conquérir par un match officiel), avec d’un côté un XV Zgorglien amélioré par la présence de McLean, et de l’autre un XV mondial, dernier rempart contre la Barbarie.

La finale tourne vite à la foire d’empoigne. Les Zgorgliens étant des sortes de Géorgiens en encore plus agressifs, rugbystiquement et sexuellement d’ailleurs, Dylan Hartley en faisant les frais, violé qu’il sera durant la partie -à l’oreille, la faute au mode de reproduction original des ET, et donnant 8 semaines plus tard naissance au premier métis du genre.

Mais les Terriens résistent bien, n’étant menés que de 4 points à 2 minutes de la fin. C’est alors que Yoann Huget, d’une course en travers victorieuse commet l’exploit. Malheureusement, comme à chaque fois qu’il fait un truc bien, il va irrémédiablement foirer la suite, oubliant Jonathan Joseph à son intérieur, et se faisant pousser en touche par le Prophète lui-même.

Les Zgorgliens l’emportent dans les règles, leur règne inter-galactique peut commencer. S’instaure alors un régime de terreur, sous la coupe de fous du dieu Ballonovale, avec à leur tête le grand Luke McLean, l’Empereur aux mille victoires.

Heil McLean !

[Inédits du livre] Les Tops

 

Comme on savait pertinemment que vous étiez des bourrins incapables de se concentrer plus de 10 secondes sur un texte (soit le temps de lire 140 caractères), on a décidé d’aérer un peu le livre avec les chambres froides, peuplées notamment par les « Tops ». Ce sont des petits moments de détente entre deux textes plus conséquents, avec des petites blagues à picorer ici et là, de la même façon qu’un seconde ligne de devoir disperse des marrons dans un match de série.
Des petites blagues légères et raffinées, comme nous en produisons en quantité. En telle quantité qu’on a rapidement songé à enlever des vrais textes pour faire de la place pour les « Tops ». Finalement on les a mis sur le site, les voici.
PS : le dernier Top était très bien, mais c’était complètement con de le mettre dans un livre, vous comprendrez pourquoi.

Le Top 6 des crash industriels du rugby Français :

1) Rafik Khalifa, homme providentiel à Bègles
2) “Agen tribu rugby 2012” d’Alain Tingaud à Agen
3) Pierre Martinet à Bourgoin
4) La succession de Paul Goze à l’USAP
5) La famille Nicollin à Béziers
6) Le PSG Rugby League de Charles Bietry

Le Top 10 des équipes improbables de Prod2 :

1) US Tours (2001-02)
2) UA Gaillac (2006-07)
3) Blagnac SCR (2007-08)
4) CA Saint-Etienne (2010-11)
5) CA Lannemezan (2009-10)
6) FC Rumilly (2000-02)
7) US Tyrosse (2000-07)
8) US Marmande (2000-03)
9) RC Aubenas (2000-03)
10) Istres Sports (2000-01)

Le top 5 de l’humour français en coupe d’Europe :

1) Auch vainqueur du Bouclier Européen en 2004-05
2) Défaite d’Agen en finale de la coupe d’Europe des clubs champions contre Bucarest en 1966-67.
3) Baston d’après-match de Brive-Pontypridd, Heineken Cup 1997-98.
4) Exclusion d’Agen de toute compétition européenne pour la saison 2002-03.
5) Toutes les participations de Castres.

Le top 5 des joueurs qui font penser à des personnages de dessin animés :

1) Laurent Bonventre & Philippe Carbonneau pour Minus & Cortex.
2) Giorgi Jgenti pour le diable de Tasmanie.
3) David Skrela pour Kenny de South Park.
4) Maxime Médard pour Ralph Wiggum.
5) Vincent Debaty pour Patrick l’étoile de mer.

Le top 5 des joueurs qui font penser à des personnages de BD :

1) Clément Poitrenaud pour Gaston Lagaffe
2) Gerhard Vosloo pour Rahan
3) Gurthrö Steenkamp pour la Chose des Quatres fantastiques.
4) Henry Broncan pour Tortue Géniale
5) Vincent Clerc pour le schtroumpf à lunettes

Le top 5 des joueurs qui font penser à des personnages littéraires :

1) Fabien Galthié pour Julien Sorel (le Rouge et le noir)
2) Rupeni Caucaunibuca pour le lapin blanc toujours en retard d’Alice au Pays des merveilles
3) Serge Blanco pour Cthuluh
4) Pascal Papé pour les Nazgûls
5) Zac Guildford pour Gervaise Macquart

Le top 5 des joueurs qui font penser à des personnages de séries TV :

1) Pierre Villepreux pour Sheldon Cooper de The Big Bang Theory
2) Robins Tchalé-Watchou pour Omar de The Wire
3) Benjamin Fall pour Augustus Hill d’Oz
4) Scott Spedding pour Bree Van de Kamp de Desperate Housewives
5) Philippe Saint-André pour John Cage d’Ally McBeal

Le top 5 des joueurs qui font penser à des personnages de films :

1) Daniel Kotze pour l’engagé Baleine de Fullmetal Jacket
2) Jean-Pierre Perez pour Dadan Karambolo de Chat noir, chat blanc
3) Rory Kockott pour Mr. Pink dans Reservoir Dogs
4) René Ranger pour Bob Harris de Lost in Translation
5) Pierre Berbizier pour HAL de 2001: l’Odyssée de l’espace

Le top 5 des joueurs qui font penser à des personnages de jeux vidéos :

1) Stéphane Ougier pour Halfwit Harry dans Carmageddon
2) Jean-Pierre Ellisalde pour Rondoudou dans Pokémon
3) Felipe Contepomi pour Dr. Kawashima
4) Julien Caminati pour Tommy Vercetti dans GTA
5) Marie-Louise Reilly pour la barre de 4 dans

 

Le top 5 des meilleurs hits de Prod2 :

Pau-Toulon le 29 mars 2008

La bagarre de la maturité. Pour cette longue pièce d’un seul tenant, ils mettent en place une structure ambitieuse et démesurée. D’abord une introduction classique tout en crescendo, puis, au moment où l’on pense que ça se termine, un break, puis ça repart un ton plus haut. Plusieurs fois. Jusqu’à une improvisation cosmique inspirée, et l’apothéose avec 3 joueurs qui marravent en rythme l’un de leur adversaire au sol. Un free-jam de haute volée, qui fit fuir Anton Oliver à l’autre bout du monde, et plaça définitivement la Prod2 dans les cœurs transits des esthètes.


Agen-Mont-de-Marsan le 30 mars 2008

La bagarre de la consécration. Le lendemain même de la première pièce maîtresse de la Prod2, un menuet élégant et incisif, tout en tensions maîtrisées. Puis, pastèque sur le cupcake (parce qu’on ne saurait parler de gâteau en faisant référence à la Prod2, de même qu’une cerise serait minimiser ce qui parachève l’œuvre), l’immense Jalil Narjissi, tout juste expulsé, crache au visage de son vis-à-vis victime de la même sanction. Un solo qui aurait suffit à faire rentrer ce classique au Panthéon. Mais sur leur lancée, le public, extatique, et redemande et obtient un rappel. Un bœuf magistral s’en suit, entraînant joueurs, staffs et supporters dans un tourbillon fait de points de suture, de gaz lacrimo et de services de sécurité débordés. Mythique et mystique.

Bagarre Agen vs Mont-de-Marsan par Leyouje

Albi-Aurillac le 18 janvier 2009

La synthèse parfaite du travail déjà accompli. Point de fioritures ici, ils décident de privilégier le moment au détriment de la structure. Simple, efficace, direct et incisif. Un passage au format pop réussi, même si les puristes pourront préférer la sophistication des autres exemples. Mais quel groove, baby.

 

(A partir de 3’35”)


Pau-La Rochelle le 11 mai 2013

Encore une magistrale symphonie en trois mouvements ! Un premier doux et électrique, où les affinités se créent gentiment mais fermement. Puis un deuxième, incandescent, explosion jubilatoire qui attise encore les énergies emmagasinées jusqu’alors. Le troisième, enfin, tout en classicisme affranchi d’académisme, point d’orgue transcendant d’une pièce majeure du répertoire de la Prod2. Pau a su faire monter la pression, et La Rochelle libérer les corps et esprits de chacun au meilleur moment. Préliminaires, excitation et climax libérateur, le rugby ça a beau être papédé, ce jour-là, Rochelais et Palois ont clairement viré leur cuti.


Périgueux-Mont-de-Marsan le 22 avril 2012

Une ballade mélancolique pour 2 équipes qui quittèrent le championnat quelques semaines plus tard (chacune dans un sens différent). Un « au revoir » émouvant en deux actes de facture classique mais furieux et tendus, et la promesse de se revoir un jour pour régler ça définitivement.


J28 – Périgueux-Mont de Marsan: 19-27 par PROD2
 

[Portrait] Jacques Burger

 

Par Capitaine A’men’donné

« À chaque fois que j’affronte les Saracens, je passe mon match à regarder autour de moi pour éviter d’être dans le coin du mec frisé. » Jordan Turner-Hall

Né à Windhoek, révélé à Kimberley, confirmé à Aurillac, telle est la terrible destinée de l’immense Jacques Burger. Qui a malgré tout fini par avoir le droit d’habiter dans une vraie ville, avec l’eau courante et tout.

Loin d’une sous-marque Leader Price de Shalk, Jacques surpasse celui-ci dans les tâches défensives, tout en lui concédant de la percussion dans le registre offensif. Et si Shalk a déçu d’illustres observateurs à propos de son intelligence, ce ne fut jamais le cas de Jacques, car personne n’en a jamais attendu quoi que ce soit en la matière. À commencer par ses entraîneurs, plus intéressés par ses aptitudes d’équarrisseur que par une hypothétique vision du jeu. Il faut dire qu’il fait ça si bien, Jacques, retourner du seconde ligne, déblayer ce qui passe à portée de main (judicieusement ou pas, mais c’est justement ce qui fait la différence entre rugby et mikado : au rugby on déblaye d’abord, on réfléchit ensuite, soit l’inverse du mikado), plaquer du numéro 9 aux pommettes, faire d’une affaire personnelle l’imminent burn-out du 10 adverse, étouffer de ses pognes velléités et trachées de ses vis-à-vis… En un mot, entraîner les joueurs adverses dans une guerre psychologique où, à défaut de l’emporter, il les obligera au moins à entamer une thérapie.

 

« J'ai joué N°8, mais je n'aime pas trop, car il faut réfléchir avant de s'engager. » PICA PA DACCOR.
« J’ai joué N°8, mais je n’aime pas trop, car il faut réfléchir avant de s’engager. » PICA PA DACCOR.

 

Là où tant de Sud-Africains trop mauvais pour les Boks ou même pour les pires équipes européennes évoluant aussi en bleu (pas seulement la France, bande de mauvaises langues) choisissent le maillot namibien ; là où tant de Namibiens talentueux optent pour le maillot plus vert du voisin, Jacques est toujours resté fidèle à son pays.

Fidèle, infatigable, aboyant au moindre geste de ceux qu’on lui a demandé de garder, une dégaine de chamallow masquant un physique robuste, et des frisettes cachant un regard vide et un peu fou où l’on peut distinctement lire « essaie seulement de bouger, j’attends que ça pour avoir une excuse pour regarder directement ce qu’il y a sous ta peau » : à une lettre près, Burger a tout du berger des Pyrénées. On distinguera seulement les deux à leurs museaux, plus court que le crâne en forme de coin chez le canidé (quoi que ça veuille dire, merci Wiki) ; saillant, tordu et constamment éraflé chez le Burger du Kalahari, la faute à 5 fractures contractées à force de plaquages bille en tête sur les aines les moins accueillantes du rugby mondial.

 

"Merde, j'ai perdu le fil. J'ai le droit de le désosser celui-là?"
“Merde, j’ai perdu le fil. J’ai le droit de le désosser celui-là?”

 

Mais sous ses allures de chien de paysan né le cul dans la merde de mouton, sous ses allures de bourreau sacrifiant conscience et morale pour le bien de son équipe, sous ses discours bourrus aux journalistes dignes d’un Pascal Papé des mauvais jours, sous cet amour du doux son des cartilages écrasés et celui plus sec des os désaxés, ne se pourrait-il pas que se cache un homme sensé ? Sous le joueur doué pour le désossage en règle, ne peut-on pas discerner un joueur intelligent ? Assez pour jouer d’abord sur ses qualités naturelles, certes, mais aussi assez pour faire preuve, le moment venu, d’intelligence situationnelle ?

C’est ce que l’on a pu déceler cet été lors du match de la Namibie contre la Russie : un splendide petit par-dessus pour son ailier qui file à l’essai. Certaines mauvaises langues ont dit qu’il a juste raté son geste, et que sa véritable intention était d’allumer la gueule du centre adverse.

 

Jacques, fais taire ces incroyants ! Continue à maltraiter tes adversaires comme d’autres les peuneus ! Continue à faire grandir ta chère Namibie, ne serait-ce qu’au cas où elle se dote un jour d’un staff médical compétent, voire d’une fédération digne de son équipe nationale – on peut rêver. Continue de faire des Saracens l’une des meilleures et des plus drôles équipes d’Europe (Ha, ces quarts contre le Racing et l’Ulster ! Et cette demi face à l’ASM, ton chef d’œuvre de charité, pour éviter à Clermont une énième désillusion en finale ! Vous voyez que c’est un gentil).

COUCOU QUI C'EST?
COUCOU QUI C’EST ?

 

Et si un jour, même si j’en doute, tu en as marre de passer pour un crétin aux yeux de ceux qui ne jurent que par les grandisses ou les troisième ligne de rupture, reviens donc à Aurillac. Aucun joueur n’a marqué aussi durablement ce club en y étant resté si peu de temps. Il faut dire que dans ce public où Raphaël Chanal faisait figure de demi-dieu, un bon tampon dans les côtelettes est encore mieux apprécié qu’une vulgaire chistéra ou autre passe volleyée – et c’est pratique, le CHU n’est qu’à 200 mètres du stade.

Jacques, que tu refoules ou non la pelouse du Jean-Alric et tes talents d’attaquant, sache qu’aux yeux de ceux qui comprennent un peu ce sport, tu es et resteras un très grand parmi les obsédés des tâches obscures. Et donc un très grand tout court.

[Présentation] L’Uruguay

Dans le #MeilleurLivreDuMonde, nous avons choisi de présenter quelques nations mineures du rugby mondial (Roumanie, Japon, Nambie, Géorgie, France, etc). Nous n’avons malheureusement pas pu traiter TOUS les pays qui seront présents à la prochaine Coupe du monde et dans une recherche d’excellence (lol), nous avons donc décidé de nous rattraper en vous proposant les fiches manquantes sur le site.

Et on commence aujourd’hui avec l’Uruguay, une nation qui n’est pas loin de rivaliser avec les meilleures®, d’après les critères de notre Ouin-Ouin national.

 

Par Capitaine A’men’Donné

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Devise : « La Suisse de l’Amérique, la verrue de l’Argentine, l’Afghanistan du rugby »

 

De tout temps, l’Uruguay a vécu dans l’ombre de son voisin argentin. Au départ, les Espagnols ne voulurent même pas coloniser cette région. Et c’est uniquement pour protéger l’Argentine des Portugais progressant au sud du Brésil que les conquistadors se résignèrent à y bâtir une base avancée. Ceux-ci ne daignèrent même pas massacrer les autochtones, ce qui est unique dans l’histoire de la colonisation sud-américaine, et prouve bien le peu d’intérêt que présentait la région. Fort heureusement, cet oubli fut réparé dès l’indépendance acquise, un bon vieux génocide étant le moyen le plus sûr de faire naître un sentiment d’unité nationale.

Le pays pouvait alors prendre son essor. Le plan était simple : faire tout pareil que l’Argentine, mais en moins bien. Par exemple, le drapeau uruguayen, c’est juste celui de l’Argentine, mais en bordélique. Cette stratégie fut couronnée de succès, au point d’être surnommée bien vite « la Suisse de l’Amérique », ce qui vous place tout de suite une nation dans la hiérarchie du potentiel rock’n’roll.

Mais comme l’Argentine, le pays connut ensuite de nombreuses périodes de crises économiques et de dictatures, en faisant aujourd’hui un pôle d’attraction mondial du niveau de la Lozère, les cailloux en moins.

 

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Le patrimoine culturel de l’Uruguay, c’est aussi ce monument en hommage aux victimes de l’extermination des manucures.

 

Seule fierté, son équipe de foot a remporté deux Coupes du monde, humiliant même en 1950 le grand voisin brésilien dans son antre du Maracaña, bien avant que les Allemands n’en fassent un truc mainstream.

Montevideo, la capitale, est réputé pour sa production de gens étranges. La liste des artistes qui y ont grandi en témoigne : le dramaturge et dessinateur Copi, les écrivains Lautréamont et Supervielle, le dessinateur de BD Alberto Breccia, ou la chanteuse et actrice Elli Medeiros. Toutes leurs œuvres ont un trait commun : elles sont le produit d’un cerveau dément et ravagé.

La raison en est que la baie de Montevideo exhale des vapeurs aux vertus hallucinogènes. Ainsi, arrivés à l’âge adulte, tous les Montévidéens sécrètent naturellement du LSD -pas étonnant que ce pays ait été le premier à légaliser complètement le cannabis. Et les artistes sus-cités, ce sont ceux qui sont pas partis en couille. Ce qui nous amène au rugby uruguayen -car, oui, l’Uruguay joue au rugby, mais là encore en moins bien que l’Argentine.

Quoique volontiers rugueux, le rugbyman uruguayen n’est pas spécialement méchant. Il est avant tout complètement taré. Comment expliquer autrement que cette équipe aille joyeusement à la Coupe du monde, dans la poule de la mort -« la galina de la muerte » comme ils disent là-bas, celle de l’Angleterre, du pays de Galles et de l’Australie, avec pour seul joueur d’à-peu-près haut niveau, un second couteau du Stade Montois ? De plus, ils se sont alignés sur ce qui se fait de pire en matière d’emblème, digne du poireaux, du coq ou du trèfle : le tero. Qui n’est jamais qu’une espèce de faisan, mais en plus nul. Et Rodrigo Capo-Ortega n’allant pas à cette Coupe du monde, c’est la garantie pour les Teros de se prendre 4 bonnes volées, s’il n’y avait leur arme secrète.

 

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Le tero, digne pensionnaire de la Fédérale 3 de la chaîne alimentaire.

 

Bon, pas vraiment secrète, et rien qui ne pourrait faire tourner un résultat en leur faveur. Mais de quoi alimenter la légende et les joueurs uruguayens. Cette arme, c’est la grande tradition séculaire du rugby de ce pays : le cannibalisme. Le documentaire Les Survivants le prouve. Le Tero aime à déguster ses homologues.

Mais ces derniers temps, c’est le foot de ce pays qui rend le plus hommage à la tradition, avec Luis Suárez en tête de gondole. Aussi, il appartient aux Teros de se réapproprier leur bien culturel, ce qui nous annonce des matchs de phase préliminaire absolument passionnants. D’autant que la 5° équipe de la poule n’est autre que celle des Fidjis, à savoir le dernier pays où l’anthropophagie fut pratiquée. On en salive d’avance.

 

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Bon, par contre, leurs stages en altitude à eux, c’est vraiment papédé.

 

Les dix commandements officieux de l’arbitrage

 

Par Craig Jouberbère,

 

Le saviez-tu ? Le livre de la Boucherie Ovalie, modestement surnommé #MeilleurLivreDuMonde a également comme auteur un arbitre de Top 14 qui, caché derrière son sifflet, a tenu à montrer que la place de l’arbitre n’est pas forcément aux chiottes, n’en déplaise à Jean-Michel Cékelchène. Il a également profité de cette opportunité pour conseiller les maso qui osent renvoyer d’un terrain des monstres de deux mètres grâce à un petit bout de plastique rectangulaire et coloré, le tout dans une tenue digne de la Fashion Week de Clermont-Ferrand. C’est ainsi que sont nés les dix commandements officieux de Craig Jouberbère, cet arbitre qu’on connaît peu, et qui te souhaite une bonne lecture.

 

Ô toi, jeune arbitre sortant de ta formation et trépignant d’impatience à l’idée de te faire insulter tous les dimanches sur des terrains en pente au fin fond de la Lozère, sache qu’un arbitre est déjà passé par là et a gravi les échelons année après année pour arbitrer des matches professionnels : il s’agit de Craig Jouberbère. Son chemin fut long et semé d’embûches, alors pour que ton ascension soit plus simple et rapide, voici dix commandements officieux qui sont basés sur des anecdotes vécues par Craig et qui lui ont permis d’apprendre sur le tas et de suivre sa devise : “sois sérieux, mais ne te prends jamais au sérieux”.

 

De l’avant-match, tu profiteras

C’est un des rares moments où tout le monde apprécie l’arbitre. Les joueurs et entraîneurs sont souriants, ils te demandent comment tu te sens. Mais évite de te laisser piéger par cette ambiance, car si tout le monde est avenant avec toi c’est parce que tu n’as pas encore fait d’erreur. Généralement, cette atmosphère ne survit pas au match. Heureusement, il existe des bénévoles fantastiques et amoureux de ce sport qui ne changent pas d’attitude envers l’arbitre en fonction du résultat du match.

 

Ton repas, tu surveilleras

Chaque rencontre, que ce soit au niveau amateur ou même parfois en professionnel, est précédée du traditionnel repas d’avant-match. Seulement tous les clubs ne pensent pas forcément à l’arbitre lors de la préparation du repas, et il se peut que tu ne sois servi qu’une heure avant le coup d’envoi et qu’il s’agisse d’un plat bien gras type entrecôte à l’aubergine et aux poivrons, baignant dans ses deux litres d’huile. Alors pour éviter de courir moins vite que les piliers pendant le match, mieux vaut préparer son propre repas et goûter les plats proposés par politesse.

 

Le toss, tu assureras

Les formateurs conseillent de ne jamais se baisser devant les capitaines pour ramasser la pièce du toss, car cela peut paraître comme une marque de soumission. Du coup, il faut que tu te rendes compte de la quantité de pièces que tu laisses par terre tout au long de ta carrière. Petit conseil personnel : utilise des dinars, ça vaut rien. Aussi, si jamais un capitaine choisit le côté face de la pièce -celui avec le visage de Marianne- et qu’il remporte le toss, ne souligne surtout pas son succès auprès des femmes. Parce que s’il sort d’une relation difficile et qu’il fait un bon quintal, ça pourrait mal se passer. Par contre tu peux rire des nombreuses personnes qui croient qu’avant le match, l’arbitre fait le toast.

 

Les enveloppes, tu accepteras

Si jamais un dirigeant de club te remet une enveloppe devant la tribune officielle avant un derby, il faut que tu restes calme, il s’agit juste des tickets pour la réception d’après-match réunissant tous les officiels.

 

A tes cartons, tu penseras

Le cauchemar d’un arbitre est de rentrer sur le terrain en ayant oublié son sifflet dans les vestiaire, mais oublier ses cartons peut aussi avoir son côté catastrophique, surtout quand il s’agit de sanctionner une équipe peu disciplinée. Alors, même si mimer le geste devant le joueur suffit à faire comprendre ta démarche, essaye de penser à prendre tes cartons, mais aussi ton carnet, ton crayon, ta montre et ton sifflet bien sûr.

 

Loin de la zone arbitre, tu te placeras

Le placement fait partie des éléments de réussite d’un match pour un arbitre. Tu dois voir le maximum de choses sans gêner la continuité du jeu et la circulation du ballon et des joueurs. Il faut donc que tu évites la zone arbitre, qui porte mal son nom, située près du regroupement et des premiers défenseurs, car les joueurs adorent s’y rendre et se servir de toi comme d’un obstacle pour l’adversaire. Et là tu peux te faire très mal.

 

Les conseils de supporters, tu ignoreras

Parfois sur une touche pour l’équipe visiteuse, tu as le droit au fameux “lancer pas droit !”, alors que le talonneur n’a même pas lâché le ballon. Il faut en rire, ça fait partie de l’ambiance. Certains supporters, connaisseurs, savent que les arbitres ont tendance à tolérer des lancers pas très équitables. Mais ils savent aussi que la tribune principale peut influencer tes décisions, surtout contre l’équipe d’en face. Alors rappelle-toi que tu dois tout choisir et surtout ne rien subir.

 

Tes erreurs, tu accepteras

Si tu décides de regarder les ralentis de l’action qui vient de se dérouler sur les écrans géants, assumes-en les images. Car si ces dernières approuveront souvent tes décisions, il se peut aussi qu’elles montrent une erreur pouvant te mettre à dos les milliers de spectateurs présents. Et si ces derniers te proposent gentiment d’aller aux toilettes, attends la fin du match et fais comme si tu n’entendais rien, ça marche à tous les coups. Évite aussi les sourires en coin, ils sont déjà assez énervés comme ça. L’arbitre n’a pas de droit à l’erreur, contrairement aux joueurs et aux entraîneurs, et tu seras souvent accusé de malhonnêteté.

 

Ta solitude, tu affronteras

Parfois, pendant un match, les entraîneurs veulent t’influencer d’une manière plus ou moins fine. Alors quand une faute est sifflée devant leurs yeux, il n’est pas rare que l’un d’entre eux se lève et crie que ça fait quatre pénalités de suite contre son équipe et que c’est injuste, ce à quoi son adversaire répond que l’arbitre n’a pas besoin de ses conseils, avant de te notifier que l’équipe adverse est cuite. Puis les entraîneurs se regardent, te regardent, tu les regardes, tu te retournes vers les capitaines qui te regardent avec un sourire en coin : une scène digne d’un western à la Sergio Léone. Et là tu es seul au monde et tous attendent ta prochaine décision. Parfois, tu auras l’impression que le monde s’est ligué contre toi. Mais respire, tout va bien se passer.

 

Ta fin de match, tu gèreras

Pendant un match extrêmement serré et tendu, si les visiteurs mènent de quelques points et qu’il reste peu de temps à jouer, tu ne dois pas te laisser influencer. Alors quand tu siffles un en-avant local à deux minutes de la fin, le tout sous les huées du public, fais abstraction de l’ambiance et reste concentré. Il ne faut surtout pas que tu siffles quelque chose que toi seul a vu et qui ferait basculer la rencontre. Tu dois rester cohérent et concentré dans ton analyse.

 

Ta passion, tu assumeras

Tu dois toujours croire en toi. Si tu travailles et te remets en question après tes défaites comme après tes victoires, tu pourras perdurer comme arbitre. Ni ton comité d’origine, ni ton accent ne te freineront dans ton avancée. Tu auras des hauts et des bas, comme un sportif. Une chose ne doit jamais quitter ton esprit : le plaisir de vivre cette aventure, ton aventure ! Nous sommes des privilégiés, mais on ne s’en rend pas compte. Nous voulons toujours plus, alors que nous avons déjà beaucoup.

 

 

Le Lab’Hauts-de-Seine analyse Racing pas Métro 92 – La Rochelle

Par @Car70uche

A priori un match gagné d’avance pour le Racing 92, qui a misé sur le fait d’abandonner le « Métro » de son nom pour essayer de gagner en vitesse et en fiabilité ; de toute manière y a pas de métro à Colombes. L’équipe a battu Toulon chez eux, qui eux-mêmes battent Clermont, qui a violenté La Rochelle : c’est là que s’arrêtent mes compétences, et ça me suffit pour mettre des pronostiques sur Rugbyrama.

L’équipe à Jacky :

Assez classique, on y retrouve Lauret, le jumeau de Le Roux mais français, un peu comme le Breizh Cola : ça a probablement le même goût que le vrai, mais c’est un peu moins classe.

Machenaud, qui depuis le retour de Mike Philipps du Pays de Galles va pouvoir monter un cercle d’entraide pour demi-de-mêlées rejetés par leur pays.

Chavancy, qui a été nommé « Tuteur » de Dan Carter pour son arrivée au Racing. Quand on sait qu’au lycée, Chavancy a failli être intronisé dans la confrérie des plus gros buveurs, ça promet.

Il est accompagné de Laulala et Rokocoko, si des ballons leur parviennent ça pourrait aller vite. Donc ça n’ira pas.

Et à l’ouverture, Benjamin Dambielle, 3ème ouvreur du Racing l’année dernière mais avec le plus grand nombre de matchs joués et de titularisations sur la saison. On pouvait se moquer de son choix d’aller cirer le banc à Colombes, en attendant il « s’est imposé » tout en ressemblant étrangement à Dany Brillant. Be afraid Dan.

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Pour compléter, Coupe du Monde oblige, les JIFF de la production locale sont alignés sur la feuille de match : Javeau, Chauveau, Barba, Chat, et Gomes Sa. Je note les noms comme ça quand ils seront transférés à Brive pour enfin jouer plus de 2 matchs par an, ça vous dira quelque chose.

 

L’équipe-pas-de-Paris-mais-pas-du-sud-non-plus :

La Rochelle vient en ayant récupéré Loann Goujon, qui avoir le droit avec quelques autres d’enchaîner les matchs fantastiques pendant que la France gagnera sur la sirène contre la Roumanie. Comment ça « pas lui, l’autre » ?

Deux anciens du Racing sont également dans l’équipe, dont Benjamin Lapeyre, aligné à l’aile mais aligné, une première pour lui à Colombes depuis 18 mois.

Le match des-espoirs du Racing :

Clairement, l’équipe se préparait pour les matchs de l’hiver, vu la quantité de ballons dégueulés au bout de deux passes. C’est malin, et puis pour les supporters ça fera pas de choc quand le terrain sera noyé et le ballon glissant.

Après 30 minutes, le Racing mène 6-3. Luc Ducalcon tente alors une passe entre les jambes pour son talonneur. Le jeune espoir Camille Chat, réalisant l’absurdité de la situation et ayant encore un peu de respect pour le haut niveau, rend la balle aux Rochelais qui vont marquer.

Décidé à faire citer son nom le plus possible sur Canal pour trouver vite un club avant le retour du grand blond, Chat y va de son essai à la fin de la première mi-temps, 13-10 à la mi-temps.

Après la pause, le talonneur espoir continue sa lettre de motivation en perçant plein axe, la défense rochelaise ne pouvant que le toucher du bout de doigts (ce qui ne sert à rien, c’est déjà lui le Chat). Ayant couru plus de 30m avant d’être rattrapé par un trois-quarts rochelais, l’arbitre met un jaune aux jaunes et noirs pour manque de dignité. Masoe inscrit derrière un maul, ce qui fait trois essais sur quatre inscrits par des avants pour le Racing en deux journées. Ça paye de pouvoir aligner deux All-Blacks dans la ligne de trois-quarts !

C’est alors que ça se corse : Zack Holmes passe deux pénalités pour La Rochelle, puis une troisième quand Cedate Gomes Sa (certains ont deux prénoms, comme Julien Pierre ou Teddy Thomas, lui a trois noms de famille) décide de charger la tête de Lacroix au sol. C’est dommage, il n’était pas mauvais jusque-là, je suis sûr que dans quelques temps des journalistes l’auraient comparé à Ben Arous. Non ils ne jouent pas au même poste non. Ils ont pas le même physique non plus, c’est pas ça.

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Il prend donc un jaune, et La Rochelle les points, ce qui permet de mettre un tout petit peu d’ambiance dans la fin de match. C’est ça qui est bien avec les jeunes, d’une manière ou d’une autre ça fait des matchs plus rythmés.

Rythmés, mais pas véritablement meilleurs puisque La Rochelle, avec le ballon et après la sirène rate deux drops des 35 mètres, avec deux buteurs différents. Gagner en jouant petit et sans envoyer de passe, c’est ça l’apprentissage du haut niveau, que le Racing maîtrise parfaitement.

L’afteurmass :

Avec un point de bonus défensif, La Rochelle remonte au niveau de Toulon.

Grâce à sa victoire à domicile, le Racing prend un point d’avance sur Grenoble et deux sur le CA Brive.

 

En toute logique.

La ProD2 2015-2016

 
Par Capitaine A’Men’Donné

 

Merveilleuse Prod2 ! Alors que le mois d’avril est celui du sprint final, celui de mai est consacré aux phases finales, et enfin, les mois de juin à août, c’est pour la saison de la DNACG. Ha, fantastique mois de juin où à la lecture de Midi Olympique on se prend à croire que l’on a acheté Les Échos par erreur… Sauf bien entendu que Les Échos, entre autres défauts, savent, eux, à peu près de quoi ils parlent en matière de comptabilité et d’économie.
 

L’on fut gâtés cette année. D’un côté, la saison 7 (série reconduite !) de la fusion basque, avec son season final surprenant et haletant, ses twists narratifs peu crédibles mais efficaces, ses personnages qui disparaissent et réapparaissent au mépris de toute forme de morale et de cohérence, et ses montages juridiques tortueux dignes des meilleures entreprises bancaires luxembourgeoises.

Les joueurs auront fort à faire pour être au niveau ; de leur adversaires au niveau rugby, et de leurs dirigeants niveau humour. De toute façon, David Roumieu était la seule raison de suivre l’Aviron l’an dernier, et côté BO, c’est depuis la retraite de David Couzinet que cette équipe n’offre plus aucun intérêt pour l’esthète.
 
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En gros, la fusion, au départ t’as deux trucs merdiques, et à la fin aussi, mais t’as perdu plein d’énergie entre-temps.

De l’autre, la mini-série à suspense Lilloudax moultipass. Lequel des deux clubs aura le droit de passer une saison de galère en Prod2 ? À l’heure où ces lignes sont écrites, nul ne le sait. Et à l’heure où cet article sera publié (dans 6 mois selon les standards de la Boucherie) non plus, selon toute probabilité. En tout cas, il faut remercier le club de Lille. Déjà, pour la première fois de l’ère professionnelle, la LNR et la FFR étaient d’accord. Ce n’est pas rien. Ensuite, le peu de communication des Nordistes a permis moult théories du complot hilarantes. Avec du côté Ch’ti la mise en avant d’un vaste réseau d’illuminati landais au service des Basques reptiliens qui contrôle le monde. De l’autre côté, c’est l’inflation affolante de la dette lilloise, véritable Grèce du rugby français, passant de 300 000 euros mi-juin à 1 million début août -mais tout en étant comblée. Le truc triste dans tout ça, c’est qu’avec l’appel aux dons via Internet, Sylvain Marconnet a encore échoué à se rendre utile. Terrible destinée.

En tout état de cause, nous souhaitons bon courage à celui des deux clubs qui sortira du chapeau, avec un recrutement chaotique, une préparation stressante, et de toute façon, on parle de Lille et Dax, ça aurait été dur pour eux même sans ça. Reste qu’on aura bien rigolé, et c’est toujours ça de pris.

Sinon, en ce qui concerne ceux qui ont une chance de faire partie des gros bras, c’est l’USAP qui semble au-dessus du lot. Un effectif stable, renforcé par un recrutement plutôt malin, Duvenage, Strokosh ou Château toujours là, tout semble sourire aux Catalans. Mais n’oublions pas l’incroyable capacité de ce club à se surpasser pour commettre l’improbable. Il y a trois ans, ceux-ci s’imposaient à Toulouse. Il y a deux ans, ils descendaient à la suite d’un recrutement ambitieux. La saison dernière, ils arrachaient la demi à domicile, où ils menèrent de 16 points avant de se faire rejoindre par Agen. Agen, quoi.

Alors, l’USAP est légitimement favorite certes, mais, s’il y a une équipe en France pour laquelle ça ne signifie rien, c’est bien eux. Néanmoins, derrière eux, il ne semble pas y avoir grosse concurrence cette année. Vous entendrez certainement parler de Lyon. Mais pour la énième fois, les équipes reléguées du Top14 font toujours une saison chaotique, aucune raison pour que cela change avec le LOU, qui a dû changer une bonne part de son effectif, ainsi que de son staff. Je parle même pas de Bayonne. D’ailleurs même le journaliste le plus fainéant de Rugbyrama ne se tentera pas à les placer en favoris (même s’il pourra toujours trouver 4 déclas qui montrent que l’Aviron veut monter en Top14, mais en même temps, c’est le cas de toutes les autres équipes, hein, c’est un peu le principe).

Mais outre ceux-ci, difficile de dégager un réel favori cette année, contrairement à la saison dernière où les meilleurs médias de rugby avaient anticipé les montées de Pau & Agen. Pas dans cet ordre, mais ça va, je suis pas devin non plus, et avoir niqué tous les spécialistes rémunérés dans cet exercice suffit à flatter mon ego déjà boursouflé par l’improbabilité d’avoir survécu physiquement (et mentalement, même s’il y a des séquelles) à 15 saisons de suivi attentif de la Prod2.

Bref, mettre en exergue un autre club en particulier sera un exercice périlleux cette année. Les autres demi-finalistes présentent tout de même de solides garanties. Mais Albi a perdu son coach, et un club de ce budget-là, tout auréolé de son statut de qualifié, l’an dernier ça a donné Narbonne (sauvé par la peau des couilles de kiwi, et par le formidable travail de fond effectué par Dourthe à Dax), et il y a deux ans, Aurillac (auteur d’une saison remarquable d’insignifiance en 2013-14, mais au moins sans se mettre en grand danger de relégation, eux). Bref, Reggiardo qui vient de se faire dégager de Castres après l’avoir sauvée pour la deuxième fois de la décade (l’Aveyronnais manque singulièrement de tact, tous les Cantalous vous le diront), aura fort à faire pour insuffler une nouvelle dynamique après l’intermède réussi de Mola (oui, cette phrase est drôle, mais néanmoins tout à fait exacte).

Quant au Stade Montois, il a perdu certaines pièces importantes de l’équipe. Or, la force des Landais l’an dernier, c’était la cohérence de l’effectif, et un jeu collectif très bien huilé. Alors, le recrutement est excellent, le tout est de savoir si la greffe prendra assez rapidement, car une fois lancée, là oui, cette équipe pourra faire figure de prétendant sérieux, malgré son légitime statut de favorite.

Vu que l’approche intuitive semble ici défaillante pour dégager un deuxième favori naturel derrière l’USAP, essayons l’approche cartésienne. Pour monter en Top14, l’expérience nous apprend que les critères suivants sont primordiaux : stabilité & qualité de l’effectif et du staff, vécu collectif récent, dynamique en cours, budget, et tranquillité de la vie du club (au niveau des dirigeants, j’entends, ce qui élimine de suite les clubs basques).

Et en prenant en compte cette méthode, la grand favori est…. roulement de tambours…. Colomiers ! Quoi ? Non, merde, j’ai dû foirer un truc. On recommence. Donc un critère à la fois. Voilà. Stabilité, qualité, vécu, etc. Alors, une fois tout bien pris en compte, le vrai prétendant derrière l’USAP c’est… Quoi, Colomiers encore ? Non mais c’est bon, si c’est pour obtenir des résultats aussi débiles, autant aller se pinter la gueule et balancer un nom au hasard. Allez, on y va, pourquoi pas Tarbes ou Béziers tant qu’on y est ?

Non, soyons sérieux. Cette saison s’annonce ouverte, avec 1 gros favori, 2 équipes qui partent avec un léger avantage sur les autres, et une meute de 7-8 équipes pour lesquelles, sur un malentendu, ça peut passer. Par exemple, une équipe comme Narbonne, impossible de dire à quel niveau ils se situent. Dans la lignée de la médiocrité entrevue la saison dernière? Ou retour au premier plan comme il y a deux ans? Ils ont perdu leur meilleur joueur (encore un Narbonnais qui a pris le bus pour Béziers, mais dans la tronche ce coup-ci), et sont allés chercher de vieilles choses pour muscler leur 5 de devant -celui de l’an dernier restera comme l’une des choses les plus pathétiques vues dans l’Histoire de la Prod2, à égalité avec la fin de carrière d’Olivier Merle. Bon, le truc avec ces vieux, c’est qu’ils en ont pris des méchants. Au moins sur le plan de l’intimidation, un Penalva ou un Ratianidze, ça fait toujours son effet.
 

RIP Jerry Collins. Plus qu'aucun autre Narbonnais, celui-ci mérite le surnom de tête plate.
RIP Jerry Collins. Plus qu’aucun autre Narbonnais, celui-ci mérite le surnom de tête plate.

 

Pour le bas de tableau, à part Lilloudax, pas d’autre gros favori. Aix, 5 saisons en d2 au compteur (mais un seul maintien sportif), a fait un recrutement intéressant, mais ça reste Aix. Bourgoin a encore connu une inter-saison houleuse, mais sans passer par la case DNACG pour une fois. Sinon, restent les équipes basques, dont les dirigeants ont fait le maximum pour que leurs équipes atteignent la première division, mais la fédérale, pas la vraie.
 
 

[Fiche Pro D2] Stade Aurillacois

Par Capitaine A’men’donné

 

Le livre de la Boucherie, le making-of :

En septembre 2014, c’est officiel : les éditions Solar signent un contrat avec la Boucherie Ovalie pour un livre de 288 pages. “Pauvres fous, pensais-je, 288 pages à faire remplir à des branleurs pareils, c’est comme demander à Bernard Le Roux de vaincre sa phobie du ballon.” C’est alors que naquit dans mon cerveau un plan machiavélique : anticiper l’inéluctable rayonnement du Stade Aurillacois (hum). 

En proposant une fiche-club finie, la probabilité qu’elle soit prise par défaut, faute de parvenir à motiver quiconque pour des clubs négligeables tels que Béziers ou Bayonne, avoisinait les 100%. Évidemment, ça a d’abord coincé du côté de l’éditeur. Cet article, en effet, et je dois bien le reconnaître, souffrait d’un défaut rédhibitoire : il parlait du Stade Aurillacois. Abattre des arbres pour imprimer une telle chose pose problème d’un point de vue éthique. 

Ensuite, l’effet sur les autres collaborateurs du livre fut l’opposé de celui escompté. Ayant décuvé, ceux-ci, pris de panique devant la perspective de voir leurs noms possiblement associés au nom d’Aurillac, virent leur motivation décuplée. Ce qui ne les a pas portés bien haut, mais suffisamment pour remplir le livre. Bon, en appelant à la rescousse quelques mercenaires formés ailleurs, certes, mais vraiment personne n’avait rien à dire sur le LOU, faut pas déconner non plus. Ainsi, contre toute attente, ce texte écarté fut certainement l’élément déterminant qui permit l’achèvement inespéré en temps et en heure d’un tel projet confié à de tels incapables. 

Ainsi, comme le dit Sun Tzu dans l’Art de la Guerre : “Les troupes bien disciplinées résistent quand elles sont encerclées ; elles redoublent d’efforts dans les extrémités, elles affrontent les dangers sans crainte, elles se battent jusqu’à la mort quand il n’y a pas d’alternative, et obéissent implicitement.”

Bref, nous avons donc décidé de partager avec vous ce texte, qui vous donnera un premier aperçu de la partie ‘fiches de clubs’ du livre. Si vous trouvez ça bien dites-vous que dans le livre c’est pareil, mais avec des équipes que vous avez déjà vu jouer. Si vous avez trouvé ça nul, dites-vous bien que dans le livre c’est mieux, puisque ça parle de villes que vous avez déjà potentiellement visitées. Et que contrairement à ici, il y a des images grâce à l’excellent graphiste que nous avons séquestré pour le livre.

Conformément à la règlementation, notez que ce texte contient les mots allergènes suivants : Stade, Aurillacois, Cantal, Auvergne.

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Devise : « Què recruta merdou ramassa fédéralou. » (Proverbe traditionnel)

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Aurillac, sa vie animée, son architecture audacieuse

 

La ville :

Il était une fois deux routes, aux confins de deux vallées du trou du cul de l’Auvergne éternelle. Cet insignifiant croisement, comme tant d’autres, était commercialement le lieu idéal pour fonder une taverne. Ainsi la Taverne de la Lulu fut. Rapidement, elle devint un haut-lieu pour les amoureux de philosophie et de blanc-cassis. Cela plût tellement à Saint-Géraud qu’il fonda une abbaye, elle-même réputée pour l’érudition de ses moines et pour son université. Aurillac était née, et depuis, tout notable ambitionnant une carrière politique locale appelle son premier-né mâle Géraud.

L’abbaye devint même le modèle sur lequel fut fondé celle de Cluny. Et la taverne le modèle du Café de Flore. Autant dire que sans Aurillac, le Quartier Latin ne serait rien. Détruite, l’abbaye fut retrouvée au moment même où la dernière de la longue dynastie de Lulu abdiqua, comme un symbole©.

La ville fut l’une des premières à se constituer en sauveté, ville sans servage, où quiconque pouvait tenter de redémarrer à zéro. Aujourd’hui encore, la tradition se perpétue, accueillant fin-août tout ce que la France compte de marginaux asociaux irrécupérables. Ainsi, babs, punks à chien, intermittents du spectacle et CRS (les alcooliques A.O.P. étant déjà sur place) se réunissent pour un festival de théâtre de rue, majoritairement gratuit, populaire, et à plus de 5 heures en transports de la place de l’Odéon. Autant dire que le retentissement médiatique est largement inférieur à ce qu’il devrait dans les milieux culturels. C’est d’ailleurs pareil pour le rugby, à part qu’il faut remplacer l’Odéon par le Capitole.

Depuis sa fondation, Aurillac jouit d’une paix relative. En effet, les Romains, les Vandales, les Arabes, les Vikings, les Anglais, et même les Français  évitèrent tous l’endroit. Ou ne le trouvèrent jamais. Ou s’y perdirent. Ou ne le cherchèrent même pas, les sources divergent sur le sujet (il faut aussi dire que pour la dissuasion, la gastronomie auvergnate est une arme chimique très efficace). Ainsi, énième aberration du calendrier, le Cantal ne pût quasiment jamais défendre ses chances à domicile. Il faut tout de même signaler les exactions ponctuelles de hordes d’Aveyronnais cirrhosés, surnommés les jaunis Ruthènes, mais qui ne venaient que parce que l’on se fait encore plus chier chez eux que dans le Cantal. 

 

La ville vue par le reste de la France :

« Ah, oui, c’est le point bleu sur la carte de la météo. Mais c’est quoi au juste ? Un bosquet ? »

Ce à quoi tout les Aurillacois répondront : « Ça se voit que tu connais pas Saint-Flour. »

Ce qui tend à prouver que, de la même manière que quiconque est le con de quelqu’un, toute ville est l’Aurillac d’une autre. 

 

Le club :

Le club naît début 1904 de l’union de l’équipe des lycéens et de celle du 139° régiment d’infanterie. Des premiers, il a hérité d’un goût pour les fêtes alcoolisées enthousiasme certain. Des seconds, il a hérité de la propension à enculer des chèvres faire feu de tout bois. Ça n’a pas pris tout de suite. Il a fallu que les paysans locaux se mettent au rugby pour faire le liant, par la grâce de leur sens aigu de la diplomatie. Il suffit d’avoir une fois dans sa vie discuté avec un agriculteur Cantalou pour se rendre compte de son mépris poli pour les débats contradictoires -et pour voir ressurgir l’ancestral instinct de survie cher à Darwin chez celui qui a tenté le sus-dit débat.

Enthousiasme, pragmatisme et solidarité (de gré ou de force) sont donc devenus les trois mamelles fondamentales du Stade Aurillacois. Et dans le Cantal, les mamelles, on sait les utiliser. Non, mesdames, rien de graveleux et/ou prometteur. Simplement l’économie du département étant basée sur la production laitière, la nécessité implique de savoir tirer le meilleur de la partie charnue des mammifères femelles.

Depuis l’immédiat après-guerre, le club affiche une régularité remarquable, se situant presque toujours dans les 30 meilleurs clubs français (mais jamais au-dessus de la 9° place, faut pas déconner non plus). La grande réussite fut de parvenir à prendre contre toute attente le virage du professionnalisme. Jusqu’à, presque par hasard, faire partie de la première formule de la 1° division professionnelle du rugby français durant 3 saisons. Puis à atteindre SON Graal lors de la saison 2000-2001. Avec deux victoires à l’extérieur face aux ennemis Brivistes et Clermontois, le club pouvait redescendre en 2° division avec le sentiment du devoir accompli.

Depuis, Aurillac est devenu une place forte de la ProD2, ne la quittant qu’une année pour la Fédérale 1 en 2006-2007, le temps de glaner un titre de champion de France. De 2007 à 2010, Aurillac fut ainsi le plus gros palmarès du rugby auvergnat, à égalité avec le RC Vichy. Je précise juste ça pour faire plaisir aux supporters de l’ASM : être 3° pour une fois, ça a dû vous changer.

Entre autres motifs de frustration, Aurillac est historiquement un excellent centre de formation, mais qui profite surtout à d’autres. Ainsi, Olivier Magne, Thomas Domingo, Sébastien Viars, Jean-Marie Bonal, Ludovic Mercier ou Daniel Kotze pour l’équipe de France ; Keith et Mark Andrews pour les Springboks, tous firent leur classes à Aurillac. Et tel un vulgaire jeuxvideo.com, furent mutés ailleurs dès que (et parfois avant) l’investissement s’avéra rentable.

Néanmoins, d’échecs en semi-réussites, le Stade Aurillacois poursuit sa route cahin-caha, loin du regard des médias, à l’abri de gros sponsors, au mépris du bon sens, et avec pour seule gloire le fait de ne pas à avoir de honte. Dans un pays ou les seules plantes consommables qui poussent sont la gentiane et la châtaigne, on apprend à en faire de l’alcool ou à vivre de protéines. On a les missions qu’on peut, le tout est de les réussir.

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Aurillac, par un bel après midi d’été.

 

Le stade et les supporters :

Pendant longtemps, le stade Jean-Alric était vieux, moche, et vétuste, à l’image du réseau routier local. Puis, il y a peu, des camelots parvinrent à braver les nombreuses embûches, et arrivèrent à Aurillac. Là, ils firent démonstration de merveilleux produits que nul n’avait jamais même imaginé, et pour une fois ne furent pas brûlés pour sorcellerie -une première depuis l’Aveyronnais qui vint présenter un liquide jaune magique, qui devient blanc quand on verse de l’eau dedans. L’effet fut saisissant, et ainsi l’une des tribunes (celle des riches, les pécores attendront) fut entièrement refaite à base de bouts de plastique rouge. Depuis, le Cantalou, avide de voir ses routes à leur tour enfin refaites, vit dans la peur qu’elles soient revêtues avec le mystérieux matériau.

Ce stade est peuplé d’êtres étranges, inimaginables au commun des mortels et chimérique sujet favori de la crypto-anthropologie : les supporters du Stade Aurillacois. Ceux-ci présentent l’avantage, sur leurs équivalents Brivistes ou Clermontois, d’être en nombre plus restreint. Ce qui réduit d’autant les nuisances. En outre, humble, fidèle et avec une moyenne d’âge supérieure à celle du Sénat (donc ce qu’il perd en urine, il le gagne en expérience), il a à titre individuel la particularité d’admettre ne rien connaître aux règles de rugby. Ainsi, fort de la certitude de ne rien comprendre aux décisions arbitrales, il gueulera encore plus fort que ses concurrents encore persuadés de maîtriser la règle du hors-jeu. Dans le jargon, c’est donc ce que l’on appelle un public de connaisseurs.

 

Scénario idéal : 

Avec une équipe de France totalement à la dérive, le public français délaisse peu à peu le rugby. Les audiences commencent à baisser, donc les droits TV. Petit à petit, le rugby commence à perdre ses investisseurs. De dépôts de bilan en modèles économiques devenus inadaptés, les anciennes armadas du Top14 ne sont plus que de lointains souvenirs. 

Avec son immuable budget de 4 millions d’euros, le Stade Aurillacois devient le deuxième plus gros budget du rugby français, derrière l’intouchable Stade Montois. Ce sont aussi les deux seules villes françaises où le rugby intéresse encore un peu, mais c’est aussi que personne n’a jugé bon de les prévenir (c’est l’avantage pour les derniers dont le mode de communication favori reste le fax). Les deux clubs se partagent en tout cas la plupart des Brennus lors de la deuxième moitié du XXI° siècle, tout en se faisant éliminer par des clubs roumains en coupe d’Europe.

 

Scénario catastrophe : 

Les volcans d’Auvergne se réveillent ! Aurillac est rasée de la carte, les victimes s’y comptent par dizaines (par millions, si on inclue les vaches et les vieux). Les burons attaqués par le magma, des vagues de fromages fondus déferlent de toutes part, engloutissant les rares traces de civilisation auvergnate dans un torrent à l’odeur exquise, mais plutôt difficile à digérer. Les derniers survivants aux vagues lactées décèdent finalement d’extase et d’indigestion, dans un dernier rôt plaintif quémandant quelque patates sautées pour alléger le vénéneux et divin mélange.

Mais à toutes choses, malheur est bon : Clermont-Ferrand aussi disparaît. Néanmoins, cette solution à des siècles de rivalité n’arrange réellement aucun des deux partis (même si au Pays Basque, certains admirent cet exemple de fusion réussie). Plus intéressant, avec une température moyenne (ressentie) de 600°C, Aurillac n’est plus le point bleu de la météo.

Le Stade Aurillacois n’est pas épargné. Seuls deux Géorgiens, un Wallisien et le président Millette eurent la capacité stomacale pour encaisser tout cela, au prix d’une IMC encore plus morbide. Insuffisant pour se maintenir, évidemment, mais au moins, ils ont pour une fois une excuse valable pour être en surpoids.

La boîte à Jamie

Par ano, @_Frky, arbleiz et Damien Try

Après la diffusion d’un reportage à la gloire de Jamie Cudmore sur les antennes de Canal Plus et d’une BAGARRE ultime face à Bakkies Botha et Delon Armitage, la rédaction de la Boucherie Ovalie a décidé à son tour de rendre hommage à l’homme qui avait déjà obtenu le Hachoir d’honneur en 2009. Parce qu’à la Boucherie, nous soutenons Jamie débout

Si quand tu es en tribune à côté d’un Jean Michel YavaitPénaltyLa tu as toujours eu envie de lui dire :
jamais joué
La Boucherie va t’y aider. Utilise la Boîte à Jamie ci-dessous et épate tes amis !

Sache que si toi aussi tu es toujours prêt pour
LA BAGARRE
alors,
BRO


bonjour JC
c’est bien bro
c’est pas bon pour l’équipe
le stress
tin tin nin
evil laugh
carton rouge
salut Renaud
t’es jamais joué au rugby
allez viens
c’est pas méchant
bonjour
Drop !
un peu con
toujours rigoler
la limite
pourrissage
mêlées ruck bagarre
blesser quelqu’un
Pas le cas
c’est un plaquage putain
CHECKERS
si je passe un drop
badboy
meme pas
déblayage
j’avoue
rigoler
je regrette
non pas du tout
pierre
PIOUW
ça c’est le rougby
DEPOUIS LE DEBOUT
Bien sûr
Rouge ???
pour moi
PAS POSSIBLE
plaquage c’est un plaquage
ce pas moaa !
pas besoin de travailler
elle est bon
essence
touches bagarres
retrouve moi
carton…
jaune ???
enchante jamie
t’inquiète chéwie
le piquette