La ProD2 2015-2016
par La Boucherie

  • 31 August 2015
  • 9

 
Par Capitaine A’Men’Donné

 

Merveilleuse Prod2 ! Alors que le mois d’avril est celui du sprint final, celui de mai est consacré aux phases finales, et enfin, les mois de juin à août, c’est pour la saison de la DNACG. Ha, fantastique mois de juin où à la lecture de Midi Olympique on se prend à croire que l’on a acheté Les Échos par erreur… Sauf bien entendu que Les Échos, entre autres défauts, savent, eux, à peu près de quoi ils parlent en matière de comptabilité et d’économie.
 

L’on fut gâtés cette année. D’un côté, la saison 7 (série reconduite !) de la fusion basque, avec son season final surprenant et haletant, ses twists narratifs peu crédibles mais efficaces, ses personnages qui disparaissent et réapparaissent au mépris de toute forme de morale et de cohérence, et ses montages juridiques tortueux dignes des meilleures entreprises bancaires luxembourgeoises.

Les joueurs auront fort à faire pour être au niveau ; de leur adversaires au niveau rugby, et de leurs dirigeants niveau humour. De toute façon, David Roumieu était la seule raison de suivre l’Aviron l’an dernier, et côté BO, c’est depuis la retraite de David Couzinet que cette équipe n’offre plus aucun intérêt pour l’esthète.
 
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En gros, la fusion, au départ t’as deux trucs merdiques, et à la fin aussi, mais t’as perdu plein d’énergie entre-temps.

De l’autre, la mini-série à suspense Lilloudax moultipass. Lequel des deux clubs aura le droit de passer une saison de galère en Prod2 ? À l’heure où ces lignes sont écrites, nul ne le sait. Et à l’heure où cet article sera publié (dans 6 mois selon les standards de la Boucherie) non plus, selon toute probabilité. En tout cas, il faut remercier le club de Lille. Déjà, pour la première fois de l’ère professionnelle, la LNR et la FFR étaient d’accord. Ce n’est pas rien. Ensuite, le peu de communication des Nordistes a permis moult théories du complot hilarantes. Avec du côté Ch’ti la mise en avant d’un vaste réseau d’illuminati landais au service des Basques reptiliens qui contrôle le monde. De l’autre côté, c’est l’inflation affolante de la dette lilloise, véritable Grèce du rugby français, passant de 300 000 euros mi-juin à 1 million début août -mais tout en étant comblée. Le truc triste dans tout ça, c’est qu’avec l’appel aux dons via Internet, Sylvain Marconnet a encore échoué à se rendre utile. Terrible destinée.

En tout état de cause, nous souhaitons bon courage à celui des deux clubs qui sortira du chapeau, avec un recrutement chaotique, une préparation stressante, et de toute façon, on parle de Lille et Dax, ça aurait été dur pour eux même sans ça. Reste qu’on aura bien rigolé, et c’est toujours ça de pris.

Sinon, en ce qui concerne ceux qui ont une chance de faire partie des gros bras, c’est l’USAP qui semble au-dessus du lot. Un effectif stable, renforcé par un recrutement plutôt malin, Duvenage, Strokosh ou Château toujours là, tout semble sourire aux Catalans. Mais n’oublions pas l’incroyable capacité de ce club à se surpasser pour commettre l’improbable. Il y a trois ans, ceux-ci s’imposaient à Toulouse. Il y a deux ans, ils descendaient à la suite d’un recrutement ambitieux. La saison dernière, ils arrachaient la demi à domicile, où ils menèrent de 16 points avant de se faire rejoindre par Agen. Agen, quoi.

Alors, l’USAP est légitimement favorite certes, mais, s’il y a une équipe en France pour laquelle ça ne signifie rien, c’est bien eux. Néanmoins, derrière eux, il ne semble pas y avoir grosse concurrence cette année. Vous entendrez certainement parler de Lyon. Mais pour la énième fois, les équipes reléguées du Top14 font toujours une saison chaotique, aucune raison pour que cela change avec le LOU, qui a dû changer une bonne part de son effectif, ainsi que de son staff. Je parle même pas de Bayonne. D’ailleurs même le journaliste le plus fainéant de Rugbyrama ne se tentera pas à les placer en favoris (même s’il pourra toujours trouver 4 déclas qui montrent que l’Aviron veut monter en Top14, mais en même temps, c’est le cas de toutes les autres équipes, hein, c’est un peu le principe).

Mais outre ceux-ci, difficile de dégager un réel favori cette année, contrairement à la saison dernière où les meilleurs médias de rugby avaient anticipé les montées de Pau & Agen. Pas dans cet ordre, mais ça va, je suis pas devin non plus, et avoir niqué tous les spécialistes rémunérés dans cet exercice suffit à flatter mon ego déjà boursouflé par l’improbabilité d’avoir survécu physiquement (et mentalement, même s’il y a des séquelles) à 15 saisons de suivi attentif de la Prod2.

Bref, mettre en exergue un autre club en particulier sera un exercice périlleux cette année. Les autres demi-finalistes présentent tout de même de solides garanties. Mais Albi a perdu son coach, et un club de ce budget-là, tout auréolé de son statut de qualifié, l’an dernier ça a donné Narbonne (sauvé par la peau des couilles de kiwi, et par le formidable travail de fond effectué par Dourthe à Dax), et il y a deux ans, Aurillac (auteur d’une saison remarquable d’insignifiance en 2013-14, mais au moins sans se mettre en grand danger de relégation, eux). Bref, Reggiardo qui vient de se faire dégager de Castres après l’avoir sauvée pour la deuxième fois de la décade (l’Aveyronnais manque singulièrement de tact, tous les Cantalous vous le diront), aura fort à faire pour insuffler une nouvelle dynamique après l’intermède réussi de Mola (oui, cette phrase est drôle, mais néanmoins tout à fait exacte).

Quant au Stade Montois, il a perdu certaines pièces importantes de l’équipe. Or, la force des Landais l’an dernier, c’était la cohérence de l’effectif, et un jeu collectif très bien huilé. Alors, le recrutement est excellent, le tout est de savoir si la greffe prendra assez rapidement, car une fois lancée, là oui, cette équipe pourra faire figure de prétendant sérieux, malgré son légitime statut de favorite.

Vu que l’approche intuitive semble ici défaillante pour dégager un deuxième favori naturel derrière l’USAP, essayons l’approche cartésienne. Pour monter en Top14, l’expérience nous apprend que les critères suivants sont primordiaux : stabilité & qualité de l’effectif et du staff, vécu collectif récent, dynamique en cours, budget, et tranquillité de la vie du club (au niveau des dirigeants, j’entends, ce qui élimine de suite les clubs basques).

Et en prenant en compte cette méthode, la grand favori est…. roulement de tambours…. Colomiers ! Quoi ? Non, merde, j’ai dû foirer un truc. On recommence. Donc un critère à la fois. Voilà. Stabilité, qualité, vécu, etc. Alors, une fois tout bien pris en compte, le vrai prétendant derrière l’USAP c’est… Quoi, Colomiers encore ? Non mais c’est bon, si c’est pour obtenir des résultats aussi débiles, autant aller se pinter la gueule et balancer un nom au hasard. Allez, on y va, pourquoi pas Tarbes ou Béziers tant qu’on y est ?

Non, soyons sérieux. Cette saison s’annonce ouverte, avec 1 gros favori, 2 équipes qui partent avec un léger avantage sur les autres, et une meute de 7-8 équipes pour lesquelles, sur un malentendu, ça peut passer. Par exemple, une équipe comme Narbonne, impossible de dire à quel niveau ils se situent. Dans la lignée de la médiocrité entrevue la saison dernière? Ou retour au premier plan comme il y a deux ans? Ils ont perdu leur meilleur joueur (encore un Narbonnais qui a pris le bus pour Béziers, mais dans la tronche ce coup-ci), et sont allés chercher de vieilles choses pour muscler leur 5 de devant -celui de l’an dernier restera comme l’une des choses les plus pathétiques vues dans l’Histoire de la Prod2, à égalité avec la fin de carrière d’Olivier Merle. Bon, le truc avec ces vieux, c’est qu’ils en ont pris des méchants. Au moins sur le plan de l’intimidation, un Penalva ou un Ratianidze, ça fait toujours son effet.
 

RIP Jerry Collins. Plus qu'aucun autre Narbonnais, celui-ci mérite le surnom de tête plate.
RIP Jerry Collins. Plus qu’aucun autre Narbonnais, celui-ci mérite le surnom de tête plate.

 

Pour le bas de tableau, à part Lilloudax, pas d’autre gros favori. Aix, 5 saisons en d2 au compteur (mais un seul maintien sportif), a fait un recrutement intéressant, mais ça reste Aix. Bourgoin a encore connu une inter-saison houleuse, mais sans passer par la case DNACG pour une fois. Sinon, restent les équipes basques, dont les dirigeants ont fait le maximum pour que leurs équipes atteignent la première division, mais la fédérale, pas la vraie.