Jean-Pierre Elissalde, la bio interdite

 

Par Ovale de Grace,

Jean-Pierre Elissalde n’a pas toujours été ce sympathique presque-sexagénaire qui égaye de ses jeux de mots facétieux les studios compassés des chaînes cryptées. Avant d’être le « père de », le truculent Jean—Pierre fut, et il sera certainement encore.

 

L’enfance :

Aussi loin que la légende rochelaise s’écrit en ovale, il y eut des Elissaldes, plus qu’un nom, c’est un pedigree, une AOC!

C’est donc dans un berceau de forme ovoïde que le (déjà) petit Jean-Pierre voit le jour le 31 décembre 1953, scellant ainsi un destin fortement marqué par les cotillons, serpentins et confettis !
Arnaud, le père, charismatique demi de mêlée, puis entraîneur « fondateur » du Stade Rochelais, enjoint les fées familiales à se pencher sur le nourrisson qui, petit, remuant et bavard, semble présenter toutes les dispositions pour perpétuer la lignée.  Jean-Pierre est bien trop occupé à agacer ses camarades et ses instituteurs de ses jeux de mots qu’il est souvent le seul à comprendre pour contredire son père.  Il s’exécute, disons-le, de bonne grâce et avec un talent certain.
Sympathique trublion, c’est donc au Stade Rochelais qu’il arme ses cannes où son père règne. Ce dernier peut ainsi surveiller de près son adolescent dont l’œil frise et qu’il faut sans cesse protéger de ses coéquipiers des premières lignes qu’il provoque avec des blagues de vestiaires qu’il est le seul à trouver drôles.  « Entre ici coussin péteur avec ton terrible cortège de poil à gratter ! »

 

Le joueur :

Dans les années 70, l’humour se réforme, le rugby aussi.
Jean-Pierre Elissalde n’est pas que le « fils » et le « petit-fils de », il n’est pas encore le « père de », il affirme sa personnalité sur le terrain et en dehors aussi.  Car quand il ne fait pas péter le dance-floor des folles nuits rochelaises ( le disco, qui aurait pu être inventé pour lui est alors à son apogée) , JPE fait péter le ballon ovale et de jolie manière ! Il le fait tellement bien qu’il devient, l’espace d’une saison, comme le fut son père et comme le sera son fils, entraîneur-joueur.

 

A 25 ans, il décide de s’affranchir de la tutelle paternelle, il fait deux saisons à l’Aviron Bayonnais… où son grand-père fut talonneur. Et c’est probablement dans ce club que Jean-Pierre fut à l’honneur. Heureux qui comme Jean-Pierre a fait un long voyage… mais revient quand même dans le giron familial dans les années 80. C’est le moment où il connaît ses premières sélections dans le XV de France, il y fait des apparitions correctes, mais il subit la concurrence de Pierre Berbizier, pas le genre de mecs à se laisser piquer sa place ! Et puis  à quoi sert-il de parcourir le monde quand on peut le contempler depuis le port de La Rochelle ?

 

L’entraîneur :

Home sweet home, Rochelle sweet Rochelle, JPE devient entraîneur. C’est une époque où on n’est pas encore dans des considérations de rentabilité, être entraîneur peut s’avérer une charge agréable et stable qui laisse du temps pour affûter son verbe et élever des enfants.  Jean-Pierre y officie pendant 15 ans.
2003, Jean-Pierre décide de faire un truc de ouf ‘ : il laisse ses charentaises au port et installe ses cartons à Béziers.
C’est la grande aventure, l’exotisme, l’inconnu… on ne reconnaît plus JPE qui se prend à se rêver des destins de grand explorateur,  Vasco De Gama, Marco Polo, Christophe Colomb… JPE va marcher sur leurs pas ou plutôt naviguer sur leurs flots ;  il surprend tout le monde en partant découvrir et entraîner L’Empire de l’Ovale Levant durant une saison en 2005-2006 !
Le Japon, pays où l’on exporte le mieux nos has-been stars, fuyant le Trésor Public parties en mission promouvoir la culture française… comme Alain Delon, Mireille Mathieu. Jean-Pierre a trouvé son destin: il veut devenir le Salvatore Adamo du ballon ovale! Pouvoir revenir au pays écumer les plateaux d’émissions ringardes pour “Stars au Japon” faire des tournées triomphales dans des stades combles !
Le nouvel employeur est tatillon et apprécie modérément que JP Elissalde garde un pied à Bayonne qu’il continue à entraîner. Il fait un sepukku professionnel et s’apprête à revenir sur la plancher des vaches, ou plutôt dans les studios Canal !

 

Le consultant :

De déjà « père de », JPE s’offre un statut de samouraï, dont les saillies humoristiques sur les plateaux TV qu’il rejoint rapidement rappellent parfois le style des aviateurs japonais se crashant héroïquement  à Pearl Harbour ! Car JPE se sacrifierait pour un bon mot… Tora ! Tora ! Tora !
C’est d’ailleurs ce qu’il fera parfois, quand notamment Pierre Berbizier, qui n’est pas sensible aux elissaldismes (et probablement imperméable à toute forme d’humour) le clashe violemment.  Il y a des gens avec lesquels il ne vaut mieux pas plaisanter, sur les traces de JPE, les bouchers l’ont aussi éprouvé récemment !
2009, la Boucherie est créée, elle sera résolument placée sous le signe de l’elissaldisme, et s’incruste même, un an plus tard, sur le plateau !
JPE est alors à l’apogée de sa créativité, il multiplie les formules qui font notre bonheur comme « Wilkinson, c’est à double tranchant »…

Mais JPE n’est pas qu’un amuseur public et il garde des liens étroits avec ses deux clubs de cœur et surtout de l’Aviron Bayonnais qui rame en queue de classement. Les Lièvremont ne sont plus à la mode et c’est naturellement que Jean-Pierre est appelé par Alain Aflelou, fashionisto sur la côte basque et grand amateur de gaudriole, orphelin du rire furtif de Bernard Laporte, pour un CDD de manager.

Et pour vouloir entraîner l’Aviron cette saison, de l’humour, il en faut…

 

Poteau Feu analyse Bayonne – Toulouse (4/03/11)

Vincent Clerc exulte, il a enfin un fan à la Boucherie.

La Boucherie Ovalie est fière de vous présenter son nouveau contributeur, Poteau Feu. Il est jeune, il est étudiant en école de communication, il supporte le Stade Toulousain, il est fan de Vincent Clerc et il a une belle tignasse… sauf que contrairement à Ovale Masqué, il se lave les cheveux. Personne n’est parfait.

Et pour sa première intervention sur le site, il revient sur le match d’hier entre l’Aviron Bayonnais et le Stade Toulousain. N’hésitez pas à poster des commentaires pour l’encourager, ou au contraire pour l’insulter, parce que le bizutage, c’est quand même une valeur qui se perd en 2011…


Aujourd’hui il faisait beau sur Toulouse. Très beau même. « Des conditions idéales pour jouer au rugby » aurait probablement commenté Cédric Beaudou. Mais d’un autre côté on s’en fout un peu puisque le match n’était pas à Toulouse. Non, aujourd’hui les toulousains étaient en déplacement à Bayonne. Enfin pas tout à fait à Bayonne. Au stade Anoeta pour être précis, du côté de belle et Saint Sébastien. Enfin dans tous les cas on s’en tamponne un peu, puisqu’il faisait très beau là bas aussi.

Mais malgré ce temps estival, c’est dans un contexte orageux que se déroulait ce match, particulièrement du côté bayonnais, où des tensions et de nombreux doutes règnent du côté de l’administration et de la saison prochaine. Passer la semaine à parler des déclarations fracassantes de ce diable de Laporte (qui l’a claquée pour le coup) et ce fou d’Afflelou allait-t-il mettre en péril la solidarité et le collectif bleu et blanc ? Et les allers-retours des néo-ex-futur-internationaux toulousains allaient-ils perturber les automatismes et le groupe rouge et noir ? De nombreuses réponses allaient être données à la fin de ces 80 minutes. Et à quelques journées de la fin du championnat, tous les points comptent.

Alors, en fervent supporter du Stade que je suis, je décide de me rendre dans un bar admirer ce qui ne peut se conclure, selon moi, que par une victoire des protégés de Guy Ô Maitre Novès. Et pour pimenter le tout, pourquoi ne pas aller dans le bar… basque de la ville et son écran, presque géant dans sa salle sombre. L’ambiance semble garantie, avec un peu de chance en bonus une bagarre ou un coup offert par un supporter bayonnais aviné. Je me souviens tout de même que la seule fois où j’ai été voir le stade jouer dans ce bar, c’était contre le Stade Français au début de janvier. Je ne vous rappelle pas le score, c’est trop douloureux. Mais qu’à cela ne tienne, peu m’importe, je revêts mon caleçon porte bonheur, dont la puissance est bien plus importante que la malédiction qui semble régner au dessus de ce bar et les souvenirs qui le hantent.

J’arrive, en retard, retenu à Leclerc par une bénévole des restos du cœur, qui aura finalement réussi à me faire lâcher un sachet de pates et une boite de petit pois. Et dire qu’au début elle m’a proposé de lui laisser ma boîte de Chocapic… Faut pas pousser non plus… Enfin, je me dis que cet acte d’une charité incommensurable me permettra d’un peu moins culpabiliser à l’idée de ne pas acheter le CD des Enfoirés. En plus, de source officieuse, je crois que Chabal y chante encore cette année…

Il est 16h27, le coup d’envoi a été donné il y a deux minutes, mais le barman a l’air d’être trop intéressé par l’interview d’après match de Nicolas Mas pour vouloir changer de chaîne. Si ses bras n’avaient pas fait la largeur de mon torse, je pense que je me serais permis une réflexion.

Bref, il change enfin de chaîne et la première image qui nous est offert est Skrela, assis sur la pelouse, grimaçant en se tenant la cuisse. Un début de match on ne peut plus habituel pour le Stade Toulousain en fait. Dans les minutes qui suivent, les visiteurs enchainent les passes, à un point qui aurait pu faire s’affoler les statistiques de François Duboisset, s’il n’avait pas choisi de quitter Canal pour aider Patrick Sébastien à couler Brive. Mais les bayonnais eux, tiennent le coup, même s’ils reculent. Et surtout, ils peuvent compter sur Yoann Huget, qui, bien reposé par son séjour très calme en Equipe de France, a faim de ballons. Il en veut tellement qu’il en vient même à en piquer un sous le nez de Fritz, dans ses propres 22, et à aller inscrire le premier essai du match, 80 mètres plus loin.

C’est non seulement agaçant, mais en plus ça a l’étrangeté de ressembler à une entame de match du XV de France. Ca y ressemble tellement que Skrela nous gratifie d’une très jolie « Traille », sur le renvoi qui suit en le balançant directement en touche. Voilà qui ne devrait pas laisser de marbre Lièvremont.

La première mi-temps continue ainsi, les toulousains nous gratifiant de superbes envolées, toujours sublimées par un judicieux en avant au moment où le plus dur est fait. De leur côté, les bayonnais se nourrissent des erreurs adverses et enquillent les points, grâce à leur maître artilleur Benjamin Boyet… qui a, de toute évidence, quitté Bourgoin. J’y croyais tellement plus que je n’étais même pas au courant. D’ailleurs, il faudrait peut être demander à l’intéressé si lui l’est.

De l’autre côté, les buteurs toulousains sont à peu près aussi efficaces que Servat le serait s’il essayait les yeux bandés. Skrela échoue deux fois, Michalak fait son malin à en tenter une d’un peu plus de cinquante mètres. Le résultat est sans appel, il était meilleur à 19 ans (cf finale du championnat contre Clermont en 2001).

Skrela daigne quand même passer un drop, et est tout sourire juste après, comme s’il venait de marquer un essai devant ses parents en finale d’un tournoi régional avec son équipe de minimes.

Grâce à ce réalisme froid et leur très bonne défense, les bayonnais rejoignent leur vestiaire avec 13 points d’avance. Les Toulousains ont 10 minutes pour apprendre, de leur côté, à plaquer, puisque quand ils font 80 passes en 3 mètres, les bayonnais font 80 mètres en trois passes. Les feintes de plaquage sont très esthétiques et, à la limite, efficaces pendant un toucher, mais là, c’est plus contre productif qu’autre chose.

Darren Tullet (le journaliste anglais de Canal) réussit à nous recaser pendant la mi-temps, la toute récente victoire anglaise sur le XV de France, ce qui le rend tout sourire et qui a le don de le rendre encore plus insupportable qu’il n’en a l’air. Parce que oui, c’est possible.

En revenant des vestiaires, Novès décide qu’on s’est bien marré mais que maintenant ça commence à bien faire. Alors on sort Lacombe (qui a tout pour être le futur successeur de Guirado) et Lecouls pour permettre à MONSIEUR Servat et MONSIEUR Johnston de s’exprimer aussi.

Le résultat est plutôt efficace, les deux joueurs se montrant les fers de lance de l’attaque rouge et noire. Résultat, Toulouse plie son adversaire en mêlée, gagne les touches adverses et a environ 87% de possession de balle. Bézy qui vient de rentrer, en profite pour rater une pénalité, remplaçant donc Skrela de la meilleure des manières. Mieux que ça, il va se débrouiller pour la mettre pile poil au dessus du poteau, histoire de compliquer la chose. Résultat, tout le bar la voit dedans, et tout le stade, comme les arbitres, la voit dehors.

10 minutes plus tard, il finit par en réussir une ce qui porte la réussite au pied de Toulouse à un très beau 1/6. Et puisqu’au pied, ça ne marche pas comme prévu, les toulousains en reviennent aux bases, le jeu à la main. Toujours à la limite, la défense bayonnaise ne craque pourtant pas, malgré les courses folles de Médard, Heymans et… Johnston. Ils se permettent même de contrer, étant à plusieurs reprises, à quelques mètres de crucifier les toulousains.

Après une nouvelle pénalité de Bézy (on n’arrête pas le progrès), les toulousains se résignent à viser le bonus défensif. En attendant, on se câline un peu, Fritz gratifiant Huget de sa plus tendre caresse au niveau du nez, entrainant un début de bagarre amicale. Les deux joueurs finissent par se serrer la main, sans rancune, Fritz ne tendant même pas son majeur comme il en a l’habitude quand il est contrarié.

La sirène finit par retentir, signal pour les visiteurs qu’il serait peut être temps de penser à conclure. Michalak prend les choses en main, joue vite l’ultime pénalité, et après un joli retour intérieur de Jauzion (fait approximativement 25 fois durant le match), Vincent Clerc finit par franchir et, d’une foulée souple et élégante, éliminer deux bayonnais pour aller inscrire sous les poteaux le premier et dernier essai de son équipe.

Grâce à la transformation de Bézy, Toulouse arrache finalement le point de bonus défensif. Point qui parait bien maigre quand on voit la supériorité des rouges et noirs dans tous les domaines aujourd’hui. On notera les très bonnes performances des ailiers internationaux Médard, Clerc et Huget, l’excellente rentrée de Johnston et la toujours aussi belle coupe de cheveux de Rémy Martin.

Les clients du bar basque repartent donc, heureux comme tout pour la dizaine de supporters bayonnais, et mitigé entre le soulagement du bonus tout juste arraché et la frustration de la performance pour les toulousains.

Mais dominer n’est pas gagner, et Bayonne, héroïque admettons-le, se donne de l’air avec cette victoire pleine de solidarité qui ferait bien d’inspirer ses dirigeants.

Les toulousains eux, caracolent toujours en tête du championnat, malgré leur manque de réalisme. Mais quand on est franc et objectif (comme moi quoi), on voit bien le potentiel exceptionnel de cette équipe, qui avec un brin de réussite et de réalisme en plus, pourrait bien viser cette année encore, son fameux doublé…