Retour sur France-Samoa (52-8)

 

Le contexte :

 

Comme tous les ans l’automne débarque et provoque son lot de chutes habituelles : celle des feuilles, celle des cheveux de Julien Dupuy et celle du staff du RCT. L’automne, c’est aussi la période à laquelle la France héberge des étrangers venus de l’autre bout du monde pour jouer au rugby. Comme quoi, les réfugiés syriens et irakiens seraient mieux accueillis s’ils étaient capables d’aligner trois passes avec un ballon ovale. Ou au moins deux, quitte à devoir signer au Biarritz Olympique.

 

Bref, après une tournée d’été plutôt satisfaisante, les rugbymen français se sont octroyé une petite pause sans rugby, plus connue sous le nom de Top 14. Ils ont donc principalement passé leurs derniers mois à faire des petits tas, des en-avant, à signer des pré-contrats pour des transferts en 2019 et à expliquer qu’ils n’étaient pas dopés parce que LES VALEURS® VOYONS.

 

Mais les choses sérieuses reprennent avec la réception de trois équipes de l’hémisphère sud : les Manu Samoa, les Wallabies australiens et les All Blacks néo-zélandais. Une tournée d’autant plus importante qu’elle est le premier rendez-vous clé de l’ère Guy Novès. Après une année d’indulgence et de patience, les médias et le grand public attendent des résultats de la part du sélectionneur français et de ses joueurs. Surtout que le groupe a bénéficié d’une préparation plus longue qu’à l’habitude grâce à la nouvelle convention entre la FFR et la LNR. Le champion de la préparation reste tout de même Virimi Vakatawa qui n’a pas disputé de match officiel depuis les JO de Rio, ce qui lui a plutôt réussi nous allons le voir. Autant vous prévenir donc, quand Matanavou va débarquer à l’USAP après trois ans et demi de préparation, il faudra pas faire les étonnés si LES CATALANS soulèvent le bouclier à la fin de la saison (le bouclier de Fédérale 3 bien sûr).

 

La première rencontre de cette tournée opposait donc les Bleus aux Samoans, les « guerriers du Pacifique ». Pas les imbattables® All Blacks, les fantasques® Fidjiens, ni les rugueux® Tongiens. Les Samoans. Ceux qui sont un peu tout ça à la fois mais en moins bien. Enfin, à noter également un contexte un peu particulier pour ce match puisque cela faisait presque un an jour pour jour depuis les attentats de Paris. «Nous sommes à la veille de cette terrible date du 13 novembre 2015» déclara Matthieu Lartot qui semble donc bien bloqué dans le passé, ce dont on ne doutait plus vraiment compte tenu de son sens de l’humour.

 

 

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Le match :

 

Comme le veut la tradition, on assiste tout d’abord aux hymnes des deux équipes, interprétés pour l’occasion a capella par les militaires du XV du Pacifique. Pendant quelques secondes on aurait pu croire qu’on assistait à des polyphonies corses mais puisque personne ne sifflait l’hymne adverse, c’était peu probable. D’ailleurs, il faudrait que la fédération (ou le réalisateur) comprenne que la version a capella des hymnes pardonne moins quand la caméra passe devant les joueurs qui n’ont malheureusement pas tous le bel organe d’Omar Hasan. Merci donc de mettre des gros bruits de trompette pour masquer tout ça. Une sale journée pour la musique décidément, puisque quelques heures plus tard étaient organisés les NRJ Music Awards.

 

La traditionnelle cérémonie d’avant match se termine par le «Siva Tau», le Waka Waka samoan et par le coup d’envoi fictif du jeune Baptiste dont le jeu au pied n’a rien à envier à la plupart des joueurs du TFC.

 

Pendant les premières minutes de la rencontre, ce sont les Samoans qui mettent la main sur le ballon et assez vite, Virimi Vakatawa est sanctionné pour un contest illicite. Re-bienvenue dans le merveilleux monde du rugby à XV, Virimi. Attention, ici il ne suffit pas de courir d’un bout à l’autre du terrain pour gagner, il y a des règles à respecter quand même. Il ne s’agit pas de les comprendre (personne ne le fait), mais au moins d’essayer de faire semblant en levant les mains auprès de l’arbitre. Tu vas voir, ça va revenir vite.

 

Le buteur samoan prend les trois points (pour narguer Guy Novès) et marque avec l’aide du poteau (pour narguer Lady Di). Cueillis d’entrée par l’entame de match et quelques tampons adverses, les Français remettent petit à petit la main sur le ballon et Maxime Machenaud égalise.

 

Sur le renvoi, Vakatawa est bousculé en l’air par Paul Perez, qui rappelons-le, est à l’origine de la mode du #MannequinChallenge grâce à sa défense sur le dernier essai des Wasps à Ernest Wallon il y a trois semaines.

 

L’arbitre du match JP Doyle Doyle siffle une pénalité et remet au passage un Oscar à Vakatawa pour sa performance d’acteur sur l’action. Les Français se dégagent et après plusieurs beaux enchaînements, trouvent Vakatawa en bout de ligne. Bien décalé par Louis Picamoles (qui confirme qu’il est le centre français le plus régulier de ces dernières années), l’ailier place un appui dévastateur qui élimine deux adversaires et va aplatir derrière la ligne. Même France 2 a été pris de court par le crochet de Vakatawa, comme en témoigne l’image diffusée en direct qui reste bloquée sur le juge de touche et perd complètement de vue l’ailier français. L’occasion tout de même pour les téléspectateurs de revoir Craig Joubert (arbitre de touche de ce match), facilement reconnaissable à son maillot noir floqué au nom de Richie McCaw.

 

 

Les Français ne vont pas se satisfaire de ce bel essai et continuent de mettre la pression sur l’en-but adverse. Quelques minutes plus tard, Fofana est à deux doigts d’aplatir mais échappe le ballon en se retournant sur la ligne. Une action qui a dû bien faire marrer les fans du Leinster, mais moins les supporters clermontois. Heureusement, le centre auvergnat se rattrape juste après en subtilisant le ballon des mains de son adversaire sur un plaquage. Il sert Yoann Huget qui n’a plus qu’à courir une trentaine de mètres pour aller aplatir devant ses anciens supporters (NB : On nous signale qu’Huget joue en fait encore à Toulouse, ce qui n’était pas évident à savoir compte tenu de son début de saison).

 

Délivrés par ce bon début de match, les Français jouent tous les ballons et après une belle relance de 80 mètres, Fofana puis Lamerat déchirent la défense adverse pour envoyer Charles Ollivon à l’essai. On joue depuis 33 minutes et la France mène 23-3. Il faut admettre que cela faisait longtemps qu’on avait pas vu autant de jeu et de maîtrise de la part du XV de France. Les supporters ont du mal à réaliser et picolent pour fêter ça. Résultat : ils se mettent à chanter la Pena Baiona. On sent bien qu’ils ne sont pas loin d’enchaîner avec « Légende Racing Métro 92 » mais commémorer un attentat en en faisant un autre aurait fait mauvais genre.

 

Machenaud passe une dernière pénalité et l’arbitre siffle la mi-temps. Seule ombre au tableau pour l’instant : les blessures, avec notamment deux changements définitifs : Kevin Goujon et Jefferson Poirot. Bref, plus de légume et plus de poisson, ça sent la double ration de frites au retour des vestiaires.

 

Malgré tout, à l’image de l’entame de la première période, ce sont les Samoans qui mettent la main sur le ballon après la pause. À la suite d’une belle action, Lee Lo raffute Atonio et marque. De nombreux supporters sont victimes de flashbacks et revoient en boucle le raffut de Carter sur Papé pendant le dernier quart de finale de la coupe du Monde. Traumatisés, ils sont évacués par les pompiers.

 

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Locataire depuis 4 mois à Marcoussis , Virimi retrouve des bonheurs simples, comme voir des gens.

 

Globalement, les Français peinent à retrouver le rythme de leur première période et se mettent à la faute plusieurs fois. On profite d’ailleurs de ces moments pour savourer les échanges entre l’arbitre et les joueurs et pour se délecter des explications en français de Mr Doyle, dont les structures grammaticales ne sont pas sans nous rappeler les tweets des fanzouzes sur Twitter (en moins pire quand même).

 

La suite ne va pas aller en s’arrangeant pour les Français avec la sortie sur blessure de François Trinh Duc, nouvelle preuve s’il en fallait une, que l’artisanat asiatique c’est pas bien solide. Ceci dit, les choses ne vont pas non plus aller en s’arrangeant pour les Samoans puisque pour le remplacer, le staff français fait rentrer Jean-Marc Doussain, le seul mec qui aurait été capable de mettre un tampon à Brian Lima. Soudainement, la peur change de camp.

 

Quelques instants plus tard, sur une action française, Virimi Vakatawa tape à suivre et est bousculé. Tel un Bryan Habana des grands jours, il s’écroule et obtient la pénalité. Comme quoi, tout le monde nous fait croire qu’il en branle pas une depuis les JO alors qu’en fait il est évident qu’il s’est juste inscrit dans une fac de cinéma à la rentrée. Ce qui le place, sur l’échelle de l’activité humaine, juste au dessus de Vincent Lambert et juste en dessous de ceux qui ne foutent vraiment rien.

 

À noter également à la suite de cette action, la sortie de Guilhem Guirado et la rentrée de Camille Chat, qui comme d’habitude était en fait déjà rentré plus tôt pendant le match, le temps que le capitaine français passe un protocole commotion. On avait jamais vu quelque chose faire autant de va-et-vient en si peu de temps depuis la bite de Byron Kelleher pendant ses années à Toulouse. Autant dire que si on comptait une nouvelle sélection à chaque fois qu’un joueur rentre sur le terrain pour en remplacer un autre, Camille Chat gagnerait 3 sélections par match et serait le joueur le plus capé du XV de France.

 

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“Wesley, t’es sûr que tu vas bien?  Tu viens de faire une passe après contact et après t’as hurlé CETTE ANNÉE C’EST LA BONNE !”

 

Bref, peu à peu les Français reprennent le contrôle du match et malgré les nombreux blessés, continuent de jouer. Ça ne tarde pas à payer avec un essai de Fickou puis un essai de Vakatawa sur une très belle combinaison en première main. L’occasion de saluer Patrice Lagisquet qui a décidé de prendre du recul avec le rugby professionnel pour aller entraîner à son niveau : en honneur.

 

La fin de match est plutôt animée, notamment grâce à Mulipola qui décide d’aller gratuitement décapiter Loann Gourdon au bord d’un ruck. À croire qu’être coiffé comme Louis XVI donne des idées au pilier de Leicester. Le Rochelais mettra quelques instants à s’en remettre puis se fera à nouveau assommer sur l’action suivante, l’obligeant cette fois à sortir pour de bon.

 

Malgré cette cascade de blessés, les Français continuent à jouer jusqu’au bout et concluent la partie avec un essai de De Pénalité devant son ancien public, puis un troisième essai du Talent d’or Virimi Vakatawa qui s’impose définitivement comme le Teddy Thomas Blanc de cette équipe. Score final : 52-8. Pour la France en plus !

 

Les joueurs :

 

Dans l’ensemble, très belle performance de la ligne de trois-quarts. Huget a été le plus discret même s’il a délivré l’action du match avec cette superbe air-montée défensive. Comme quoi même à court de rythme, sur ses points forts il reste imbattable. À son actif également, un ou deux beaux tampons, il faut le souligner.

 

 

“I haaaad the time of my liiiii-MERDE”

 

Sur l’aile opposée, Vakatawa a été mieux servi et s’est montré décisif. Trois essais au compteur et donc un trophée Talent d’or à venir pour au moins les cinq prochains matchs. Pour compléter le triangle du fond du terrain, Spedding s’est montré à l’aise et tranchant. Quelques beaux offloads et un bon timing sur les attaques placées également, même si le moment du match où il reste le plus intense et en rythme restera toujours la Marseillaise.

 

Au centre le duo Lamerat et Fofana a parfaitement fonctionné, même s’il est encore un peu tôt pour dire si leur alignement ensemble en club y joue pour beaucoup. À noter qu’en plus Fofana fait maintenant des passes, ce qui parachève cette année 2016 complètement WTF qui a vu le Racing gagner un titre et Donald Trump être élu maître du monde (derrière Lionel Beauxis).

 

La charnière a également été à son avantage. Malheureusement la cruauté du destin a rattrapé l’équipe de France. En effet, il est scientifiquement établi que la charnière du XV de France doit être renouvelée tous les deux matchs grand maximum et que François Trinh Duc doit faire un come back en Équipe de France tous les neufs mois environ. Il n’y avait donc rien à faire pour empêcher la blessure du numéro 10 français, qui par la même occasion ouvre grand la porte à un retour triomphal de Lionel Beauxis contre les Blacks dans 15 jours.

 

Enfin, pas grand chose à dire de la performance du huit de devant, tant il a dominé son adversaire dans les rucks et sur les phases de conquête. Mention spéciale à la troisième ligne qui s’est baladée. Il serait temps de comprendre qu’il nous suffit d’aligner que des numéros 8 et que des numéros 9 en équipe de France pour être champions du Monde.

 

 

Conclusion :

 

40 minutes à faire la fête puis 40 minutes à compter les blessés. On ne va pas se mentir, ce match était un bel hommage aux victimes du Bataclan et des attentats de Paris. Le XV de France nous a offert une partie maîtrisée comme rarement ces dernières années. Des essais, du jeu, des initiatives, le seul mystère est de savoir si ce renouveau est dû au travail du nouveau staff, ou juste à la semaine de préparation supplémentaire. Difficile aussi de tirer des conclusions hâtives, l’adversaire du jour restait relativement faible (je ne dis pas ça parce qu’un joueur de l’USAP était titulaire mais parce qu’un joueur de l’USAP ET deux joueur du Stade Français étaient titulaires). Il va donc vite falloir confirmer face à des adversaires plus coriaces. Les deux prochains matchs tombent plutôt bien pour ça, non ?

 

 

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Le match résumé en une image

Philippe Saint-André passe sur le grill

 

Par Ovale Masqué et Le Stagiaire,

 

Le 23 octobre 2012, nous fêtions le premier anniversaire de la défaite du XV de France face à la Nouvelle-Zélande en finale de la Coupe du monde en vous proposant une longue interview de Marc Lièvremont. 4 ans plus tard, un membre de la Boucherie Ovalie lança une idée, qui avait plus des allures de blague que de proposition sérieuse : « Et si on faisait la même avec PSA ? ». Mais pourquoi diable le sélectionneur le plus impopulaire de l’ère moderne accepterait de discuter avec des sales gosses qui lui ont cassé du sucre sur le dos pendant 4 ans ?

 

Avec autant d’espoir de réussite que Jérôme Porical lorsqu’il tente un plaquage, nous avons tout de même contacté celui que nous surnommions affectueusement Ouin-Ouin. Dix minutes plus tard, sa réponse tombait : « Avec plaisir ». C’est donc un Philippe Saint-André pas rancunier et ne manquant pas d’auto-dérision qui a accepté de passer une petite heure en notre compagnie, et de répondre à toutes nos questions, sérieuses ou complètement débiles. On le remercie encore pour son fairplay et on vous souhaite une bonne lecture. Comme d’habitude c’est assez long, pensez à prendre un RTT pour aller jusqu’au bout.

 

PS : Pas mal le nouveau site, non ? C’est français.

 

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Partie 1 : Le XV de France

 

 

Commençons en douceur : on imagine que tu as vécu 4 années assez difficiles à la tête des Bleus. Un an après, est-ce que ça va mieux ?

 

(Il rit) Oui oui, ça va très bien, je fais pas de cauchemars, tout va bien.

 

 

Ah bon ? Parce que tu as déclaré dans une interview à Rugbyrama que ça te réveillait parfois la nuit…

 

Après la Coupe du monde, pendant quelques jours c’était compliqué, oui. Après ce n’est que du sport et tout ce qui ne tue pas rend plus fort, non ? D’ailleurs j’avais eu une phrase d’un pote qui m’avait fait réfléchir et qui me disait « L’échec, c’est pas de tomber, c’est de rester là où tu es tombé ». Ça s’est mal fini mais la vie continue. Quand t’es en bonne santé, que t’as tes enfants, ta famille, tes potes… Aujourd’hui je suis reparti sur des trucs complètement différents et je suis un homme heureux.

 

Sincèrement, je pensais qu’on allait gagner plus de matchs donc à partir de là…

 

Tu as été relativement épargné par la presse pendant un an ou deux, puis tu t’es retrouvé sous le feu des critiques lors de la deuxième moitié de ton mandat. Quand tu étais joueur, il n’y avait pas une telle médiatisation, pas de réseaux sociaux notamment… tu t’attendais à ce que ce soit aussi compliqué ?

 

Sincèrement, je pensais qu’on allait gagner plus de matchs donc à partir de là… (Il rit) Après la presse, ils ont été sympas avec moi parce qu’on a reconstruit, on a été obligé de repartir de zéro après la finale de la Coupe du Monde du groupe de Marc Lièvremont. Il y avait pas mal de mecs de 32/33 ans, il a fallu repartir sur un cycle et on s’est aperçu que sur certains postes il n’y avait plus personne ! Va trouver des piliers droit ou des ailiers, 80% des mecs qui jouaient en Top 14, c’était des étrangers.

 

Il a même fallu aller chercher des mecs qui n’étaient pas titulaires en club. Donc la presse a été gentille au début, mais après quand tu gagnes pas, c’est normal que tu te fasses assassiner. Surtout quand c’est toi qui es en charge, qui est la tête de gondole. Donc, les deux années suivantes, tu ne lis plus les médias, tu ne lis plus le compte Twitter de la Boucherie Ovalie et tu essaies d’avancer, de bosser et de faire ce que tu penses le mieux possible pour l’échéance de la Coupe du Monde.

 

 

On se souvient des Test-Matchs de l’automne 2012 où l’on bat l’Australie et l’Argentine en pratiquant un rugby plutôt séduisant, avec une charnière Machenaud-Michalak qui fonctionnait pas mal et une paire de centres Mermoz-Fritz. Qu’est-ce qui a déconné après ça ? Pourquoi tu n’as pas continué avec cette équipe ? Est-ce que, comme François Hollande, tu considères que tu n’as « pas eu de bol » ?

 

Non, non pour moi, tu n’es jamais chanceux ou non. Tu provoques ta propre chance. S’il y a eu des échecs, je les assume. Après c’est vrai qu’en 2012, on gagne ces trois tests au mois de novembre dont celui face aux Samoa grâce à un 100% de Michalak et un contre. Au début, j’ai voulu continuer avec cette même équipe, ce même groupe, mais je me suis aperçu – et là ça a été mon erreur – que des mecs rayonnants au mois de novembre ressemblaient à leurs grands-pères en février pour le tournoi. Parce que ces mecs-là enchaînaient le Top 14, le Boxing Day, le premier janvier, la Coupe d’Europe, etc…

 

Après la seule chose bien dans le fait d’avoir pris une branlée historique contre les Blacks, c’est qu’enfin le rugby français s’est réveillé. J’ai écrit un bouquin où je demande 25 trucs et apparemment 16 ou 18 vont être mis en place dans la nouvelle convention. On dit souvent qu’en France on est un pays révolutionnaire, mais on a une révolution de retard. Pendant 10 ans, on a pas fait évoluer le statut du joueur de l’équipe de France.

 

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Philippe, en plein tournage de “Shaolin Rugby”

 

En 2014, Yoann Huget a déclaré « un joueur international n’a pas besoin de s’entraîner à faire des passes ». Es-tu d’accord avec cette affirmation ?

 

J’adore Yoann Huget et en plus c’est vraiment un mec qui met tous les atouts de son côté pour être un sportif de haut niveau, mais je reste persuadé que la technique individuelle est très très importante. Malheureusement on est dans un système où nos joueurs sont onze mois en compétition. L’été, les mecs en NBA pendant trois mois ils s’entraînent à shooter, les footballeurs pareil…

 

Après c’est vrai que la com’ était plus axée sur les wattbikes que sur le rugby.

 

De l’extérieur, on a l’impression que vous avez tout misé sur le physique pendant la préparation de la Coupe du monde, avec les fameux wattbikes et autres « TAPER PEUNEU ». Est-ce une perception faussée ? Est-ce qu’avec le recul, tu penses que vous auriez dû axer votre préparation un peu différemment, notamment sur le jeu ?

 

Sur la préparation, à partir du premier jour, on a fait du rugby. Après, c’est beaucoup plus vendeur de faire des images et de montrer les wattbikes à 3200 mètres… Dans les journées de préparation, on travaillait par groupes. Il y avait des séances de physique pour réussir à tenir 40 ou 42 minutes de temps de jeu effectif quand celui du « Plus grand championnat du monde » est à 29 ou 30 minutes. C’est plus le même sport, donc on a axé là-dessus, mais on a aussi énormément axé sur la technique individuelle, sur la passe. Après c’est vrai que la com’ était plus axée sur les wattbikes que sur le rugby.

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Matthieu Bastareaud affrontant son pire ennemi (après la table de chevet de Wellington).

 

Mais physiquement, tu penses qu’on était au niveau des autres équipes au final ?

 

Sur le coffre, oui, mais pas sur la vitesse. Après on parle soit de rugby, soit de haute performance. Le rugby international c’est de la haute performance. Nous on gère de l’économie. Les joueurs commencent par des matchs amicaux fin-juillet et finissent par une tournée fin-juin. Donc ils jouent, et ils récupèrent. À partir de là, les gammes, tu ne les travailles plus, la vitesse, tu ne la travailles plus. Parce que si tu vas dans des cycles de vitesse, tu prends des risques de blessure.

 

Qui a tout compris ? Les Néo-Zélandais. Ils font pas plus de 25 matchs par an et ils ont des vraies périodes de développement. Après, je suis très mauvais en communication et j’ai sûrement dû mal l’expliquer. Mais quand je parle de développement, c’est la technique individuelle et surtout de tout faire, à pleine vitesse. Nos joueurs, ils ne font plus de vitesse. Sur le match face aux Blacks, on les transperce sept ou huit fois, mais il n’y a personne qui suit. Eux, quand ils percent, t’as dix mecs qui sortent. Retallick, il nous contre d’entrée. Seconde ligne, on le récupère derrière les poteaux. Demande aux joueurs quand est-ce qu’ils font un cycle de vitesse dans le Top 14. La clé pour moi, c’est ça.

 

Un entraînement et demi pour préparer un match international. C’est pire qu’une Fédérale 3.

 

Là où je me suis trompé, c’est que j’ai accepté le job en pensant faire évoluer les choses. Je me suis cassé les dents. Deux fois dans le VI Nations on gagne les deux premiers matchs, je demande qu’on applique la soi-disant convention qui me permet de faire reposer les mecs, et qu’est ce qu’ils ont fait ? Ils ont joué le samedi/dimanche, lundi-mardi, c’étaient des serpillières donc ils ont récupéré, mercredi un entraînement plus le voyage à Cardiff, jeudi, entraînement du capitaine et vendredi on en prend 30. Un entraînement et demi pour préparer un match international. C’est pire qu’une Fédérale 3. Donc tout faire à pleine vitesse, c’est primordial, mais nos joueurs ne peuvent pas le faire. Ils sont sur le grill onze mois sur douze.

 

Sur le premier tournoi, je l’ai dit, je me suis trompé : j’ai voulu faire faire un dernier tour de piste aux finalistes de la coupe du Monde. Mais j’ai mis deux nouveaux mecs titulaires : Maestri et Fofana. Ils ont été exceptionnels. Wesley marque pratiquement un essai par match. Trois ans après les mecs avaient fait 120 matches, c’était l’ombre de ce qu’on avait vu. Je suis sûrement un mauvais entraîneur parce que je n’ai pas su les développer mais il faut se dire aussi que notre processus était un mangeur d’hommes. Il a fallu attendre qu’on prenne 60 points pour que la Fédé et la Ligue se mettent d’accord sur une convention. J’aurais aimé que ça se fasse il y a dix ans…

 

 

Mais si les joueurs sont victimes de tout ça, pourquoi ils ne parlent pas plus ?

 

Parce qu’ils sont payés, et payés grassement, non pas par l’équipe nationale mais par leurs clubs. Qui paye ses crédits, qui paye ses investissements ? C’est simple. En off, ils le disent. Après, des mecs comme Papé ou Michalak montent au créneau, mais quand ils ont arrêté leurs carrières.

 

 

C’est pas étonnant qu’un mec comme Dusautoir, qui est quand même très écouté et respecté n’en parle pas plus non plus ?

 

Il en a parlé parfois, entre les lignes…

 

 

Tu penses que la Coupe du Monde de 2011 aurait pu nous faire gagner 4 ans si on avait eu moins de chance ?

 

C’est aussi la beauté du rugby. Marc Lièvremont a été le sélectionneur le plus proche d’un titre de champion du Monde. En finale, avec un arbitre cohérent, t’es champion. Par contre, et lui il le sait parce qu’on en a parlé, il a jamais été aussi proche de ne pas se qualifier pour les quarts. C’est l’essai de Vincent Clerc à la 80ème contre le Canada qui fait que tu gagnes le bonus et qui t’envoie en quart.

 

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– Bonjour à tous, moi c’est Philippe et j’ai pas gagné un match depuis trois mois et demi

– Bonjour Philippe…

 

Est-ce que c’est peine perdue de vouloir faire du jeu avec le XV de France, avec des joueurs qui ne sont que trop rarement encouragés à le faire en Top 14 ?

 

Non, parce que le jeu restrictif au niveau international, c’est terminé. Tu fais des doubles poussées, tu te fais prendre, tu fais des cocottes pendant 80 minutes, pareil. Ils ont peur du Seven donc les directives font qu’ils veulent du jeu, du spectacle. Monter des chandelles et mettre des manchettes, avec tous les arbitres, la vidéo, ça sert à rien.

 

Nous on a une vision franco-française. On se dit « Pourquoi on va faire une tournée au mois de juin ? ». Mais si tu veux que l’Australie, l’Afrique du sud, la Nouvelle Zélande viennent en novembre remplir les caisses et faire 80 000 personnes au Stade de France, il faut que tu y ailles au mois de juin ! Les calendriers internationaux sont faits 10 ans à l’avance. Et normalement tous les championnats doivent être terminés au mois de mai. Sauf que l’économie du Top 14, c’est 150 millions d’euros, et l’économie de la FFR, c’est 100 millions. Donc le bras de fer n’a pas lieu. Alors on part en tournée sans les demi-finalistes, sans les finalistes, c’est le monde à l’envers !

 

 

Maintenant tu peux nous le dire, c’était quoi le plan de jeu de Patrice Lagisquet ? Une réponse courte s’il te plait, sinon on va pas te croire.

 

Patrice était surtout là pour faire développer les joueurs sur la qualité de passes, la technique individuelle. C’est pour ça que ça me fait marrer quand on dit que la préparation ne s’est faite que sur le physique parce que des passes ils en ont bouffées.

 

 

On t’a souvent entendu parler de ce match perdu contre l’Irlande en Coupe du Monde, qui selon toi a condamné les Bleus pour le reste de la compétition. Tu penses franchement qu’on aurait pu battre l’Argentine avec la forme qu’ils affichaient ?

 

(En rigolant) On aurait eu plus de chances que contre les Blacks ! Les Blacks ça me fait marrer, ils ont perdu deux ou trois matchs en quatre ans, là encore ils mettent quarante ou cinquante points partout… Après ce que je dis sur l’Irlande, c’est que je pensais qu’après la préparation, on allait être capables de les battre sur le dernier match de poule. Mais on est pris en mêlée, on est pris en touche, on est pris sur les zones de ruck, bref sur nos trois points forts. À partir de là, c’est compliqué. En tant qu’entraîneur, on se dit « là, on a été nuls ». Après contre les Blacks…

 

On avait enchaîné une série de cinq matchs sans défaite, ce qui n’était jamais arrivé sous mon mandat (il rigole), t’espères en gagner un sixième !

 

C’était le plan de jeu de défoncer Sexton ?

 

Non non… Et puis l’autre (Ian Madigan, NDLR) est rentré, il a été meilleur. On a pas su conserver le ballon, on a des bonnes touches à jouer et on perd le ballon sur les lancés. À la mi-temps on y croit : on a eu des occasions d’essais, ils ont trois de leurs meilleurs joueurs blessés. On avait enchaîné une série de cinq matchs sans défaite, ce qui n’était jamais arrivé sous mon mandat (il rigole), t’espères en gagner un sixième !

 

 

À plusieurs reprises, tu as admis que tu n’avais pas réussi à parler à cette « nouvelle génération » de rugbymen, à des joueurs peut-être plus individualistes et carriéristes que par le passé. Est-ce que ça veut dire que les jeunes sont tous des cons ?

 

Ah non, ils sont pas cons. D’ailleurs il y a des jeunes super. Mais quand tu fais le bilan, entre cette jeune génération et celle qui finissait avec Dusautoir, Papé, etc, il faut reconnaître que je n’ai pas trouvé les clés pour leur prendre 110 ou 120%. Le rôle d’un sélectionneur, d’un entraîneur, c’est ça. J’ai entraîné Sale, Bourgoin, Toulon et tout. Avec Bourgoin, tu dois être 10ème, si tu finis quatrième, t’as optimisé ton groupe. Là je n’ai pas su optimiser mon groupe, c’est pour ça que cette défaite en Irlande me reste en travers. Le rugby reste parfois une logique implacable. Sur les 4 ans, on a jamais perdu contre une nation plus faible que nous (à part une fois en Italie), mais on a pas non plus battu une seule nation « au-dessus » de nous (Afrique du Sud, Nouvelle Zélande, Galles, Irlande). On gagne juste l’Angleterre et l’Australie.

 

Je me suis posé la question de prendre un mec comme Rougerie, oui.

 

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Philou à l’époque où c’était facile de taper les Irlandais

 

On a aussi pu lire que tu avais sélectionné un groupe de soldats qui restent aux ordres et permettent de dire que « le groupe vit bien ». Mais on a aussi reproché à ce groupe de manquer d’un « patron » pour prendre les fameuses « clés du camion ».

Est-ce qu’effectivement il y avait une intention d’éviter les fortes têtes ? Regrettes-tu d’avoir écarté des mecs comme Imanol ou Rougerie dont le nom revenait beaucoup à un an de la Coupe du Monde et qui, au-delà de leur niveau de jeu ou de leur forme physique, auraient pu apporter de l’expérience et peut-être servir de liant entre le staff et les starlettes ?

 

J’aime beaucoup Imanol parce que c’est un très grand joueur mais sur les deux dernières années, c’est un secret de polichinelle de dire qu’il pouvait plus s’entraîner. Il avait des problèmes rotuliens, etc. Ils l’appelaient « IJJ » pour « Incertain Jusqu’au Jeudi ». Il peut tenir en Top 14 parce qu’il y a 25 minutes de temps de jeu effectif, que c’est un grand joueur et qu’il est intelligent. Mais contre les Blacks, l’Angleterre, l’Australie et que t’as 40 ou 42 minutes de temps de jeu effectif, si le mec il ne peut pas s’entraîner, comment tu veux le prendre ? Parfois aussi, on prend des décisions sur des dossiers médicaux et il y a des secrets professionnels.

 

Par contre je me suis posé la question de prendre un mec comme Rougerie, oui. Parce que j’avais des jeunes de qualité mais qui manquaient de leadership à ce moment-là. Je me suis dit qu’ils allaient apprendre énormément et qu’au pire ça serait bien pour le futur du rugby. T’es sélectionneur, tu es là pour un passage mais le rugby et le futur de l’équipe de France est bien plus important que toi.

 

 

Chaque sélectionneur à ses « bannis ». Toi c’était François Trinh-Duc. Est-ce que tu le détestais parce que tu as eu une mauvaise expérience en mangeant dans un resto vietnamien ?

 

(Il rit) J’adore le restaurant vietnamien et sincèrement j’adore François qui a toujours été très respectueux et qui a fait preuve d’un état d’esprit exceptionnel. Après je ne l’ai pas pris sur des critères sportifs.

 

 

Ton mandat a également été marqué par une sorte de mise sous tutelle avec l’arrivée de Serge Blanco. C’était quoi son rôle au quotidien ?

 

Il était vice-président de la haute performance et je prenais tellement de coups qu’il en prenait un peu à ma place. Mais bon, sur la préparation et beaucoup d’autres choses, on ne le voyait pas. Il venait pour les matchs.

 

 

Il parlait aux joueurs ?

 

Quand je suis passé de 38 à 32 joueurs, j’ai fait des entretiens avec ceux qui repartaient et je voulais une caution de la Fédé avec moi donc il était là. Mais c’est tout.

 

 

Ce même Blanco a totalement disparu et t’a laissé essuyer les plâtres dès que les résultats n’ont pas suivi. Tu ne lui en veux pas un peu ?

 

Non… Quand tu acceptes d’être sélectionneur, tu prends les bonnes choses comme les mauvaises, et après la défaite, je savais qu’il fallait que j’assume. Après Serge je l’apprécie en tant qu’homme et je l’ai apprécié en tant que joueur, parce que j’ai eu la grande chance de jouer avec lui. Par contre sur la convention, j’étais en complet désaccord avec lui. Mais tu peux apprécier un mec sans être d’accord avec lui sur tout. Donc non je ne lui en veux pas, parce que… c’est le job !

 

 

Quel est le secret de Yannick Bru pour conserver son poste après ces 4 années ? Est-il extrêmement compétent, ou alors il détient des dossiers sur des membres de la FFR ?

 

(Il rit) Les deux ! Mais d’un autre côté, c’est une bonne chose pour Novès d’avoir quelqu’un qui était là avant. Parfois un joueur explose tout en Top 14 et tu te rends compte qu’au niveau international, il est en difficulté. Donc d’avoir un mec qui garde ces liens, même avec tout ce qu’il y a sur l’arbitrage, le lobbying que peuvent faire les Néo-Zélandais, les Anglais, etc. Parce que c’est une machine à gaz. Avoir quelqu’un qui fait le lien va faire gagner beaucoup de temps à Guy Novès.

 

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– Bon ben au moins on aura jamais l’air plus con que ça d’ici la fin de notre mandat, hein Yannick…

– …

– Yannick ?

 

On avait entendu dire que Novès et Bru étaient pas en extrêmement bons termes à Toulouse. Ça a été facile pour eux de retravailler ensemble ?

 

Ça c’est leur aventure, pas la mienne. Il ne m’en a pas parlé.

 

Ah, merci Boucherie Ovalie ! Vous nous avez aidé à gagner un match !

 

À propos de Bru, il avait laissé entendre lors d’une interview qu’il avait affiché un article « d’un certain blog » dans les vestiaires du XV de France, pour motiver ses avants après un match compliqué en mêlée contre les Fidji en 2014. On croit s’être reconnus… cette histoire est-elle vraie ?

 

(Il réfléchit et sourit) Je crois que c’était plus dans le lieu de vie que dans le vestiaire. Mais c’est de bonne guerre !

 

Ah non mais si on peut aider l’équipe de France, nous…

 

(il rit) Est-ce qu’on avait gagné ?

 

 

Oui ! Contre l’Australie. 

 

Ah ! Merci Boucherie Ovalie ! Vous nous avez aidé à gagner un match ! (il rit) Vous voyez que je suis pas rancunier, je vous parle et je bouffe avec vous.

 

 

En dehors d’une évidente joie de vivre, qu’est-ce que Guy Novès peut apporter de plus que toi au XV de France ? Au niveau du calendrier et des relations avec la Ligue, penses-tu qu’il dispose de plus de moyens que tu en avais pour réussir ? Un avis sur la nouvelle convention LNR/FFR ?

 

Enfin ! Ce que Bernard Laporte a demandé, ce que Marc Lièvremont a demandé. Moi je me suis battu pendant quatre ans, parce que pour moi c’était primordial. J’entraînais en Angleterre quand ils ont été champions du monde. L’accès aux joueurs qu’ils avaient déjà il y a 15/20 ans était dix fois plus important que ce que j’avais en tant que sélectionneur.

 

Les joueurs n’appartenaient qu’au club. T’es une des plus grosses économies du rugby mondial, sans faire un procès et manquer de respect, j’avais pas plus de moyen qu’un entraîneur Géorgien, ou Roumain. Je pense même que la Géorgie avait des joueurs beaucoup plus disponibles que les nôtres. En France, on sait qu’il faut faire des réformes mais on ne les fait jamais et il faut attendre un tsunami pour réagir. Donc enfin Guy Novès va pouvoir préparer les tests de novembre correctement, et sincèrement je pense qu’ils vont en gagner deux sur les trois, sans problème.

 

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– Au dessus c’est…

– Le soleil ? 

– Non. Au dessus c’est Serge Blanco.

 

Selon toi, quel est le joueur le plus talentueux que tu as entraîné durant ces 4 ans ?

 

(Il hésite, on lui souffle Lionel Beauxis, il rigole) Lionel Beauxis !

 

 

Quel joueur qui n’entre actuellement pas dans les plans de Novès verrais-tu bien en Bleu ?

 

Je pense que Brice Dulin peut revenir dans le groupe.

 

 

À l’aile ?

 

(il rit) Disons que son expérience à l’aile n’a pas été une grande réussite. J’aurais espéré mieux mais bon c’est comme ça. Pourtant je l’avais vu jouer ailier à Agen quand je l’ai pris pour la première tournée en 2012 et il était bon !

 

 

Franchement, est-ce que tu n’as pas un peu souri en voyant la France se faire battre par l’Écosse lors du dernier Tournoi ?

 

D’un autre côté quinze jours avant ils ont battu l’Irlande et je n’avais pas réussi à le faire donc bon… (il rit).

 

 

Est-ce qu’on sera champions du monde un jour, oui ou merde ?

 

Il va falloir changer beaucoup de choses dans l’organisation de notre rugby et la formation de nos joueurs. Sur la technique individuelle, sur la vitesse. La clé du haut niveau, c’est ça. Je vais pas revenir dessus mais à l’école on ne fait plus de sport, ou alors on fait du ping-pong ou du bowling. J’ai du respect pour ces sports-là, mais l’athlétisme, savoir courir, c’est des choses qui sont primordiales mais si tu as des mecs qui arrivent en équipe de France et qui sont en difficulté sur de la technique de course, c’est pas possible.

 

Donc il faut prendre le problème en amont. Faire des sports individuels, des sports de balle, l’anticipation, la pré-action, la prise d’information. Et ça actuellement, il faut un effort surhumain des parents pour les emmener après l’école à droite, à gauche, pour faire un sportif complet.

 

On avait fait une demande de contrôle anti-dopage et il y avait 18 mecs qui avaient un justif’ de docteur parce qu’ils étaient asthmatiques.

 

On a l’impression que dans les années 90/2000, le discours quand on perdait face aux nations du sud, c’était « On est pas au niveau physiquement, ils sont trop puissants, etc ». Est ce que c’est ça qui a fait qu’on a tout misé plus récemment sur la puissance et la muscu, quitte à sacrifier la technique, la vitesse et l’évitement ?

 

Je veux pas faire le vieux con, mais dans les années 90 j’ai eu la chance d’être capitaine et de gagner les Blacks trois fois d’affilée. Donc on était pas si…

 

 

Au Parc des Princes contre l’Afrique du Sud on se fait marcher dessus quand même…

 

Oui mais pourquoi on se fait marcher dessus ? C’était en 1997, c’était mon dernier match.

 

 

Ils étaient dopés  ? 

 

En 1995, le rugby passe professionnel mais en France on reste amateur. On y revient, toujours notre guerre de retard. Bref, c’est les mêmes mecs qu’on a joué en 1995 mais il y en avait qui avaient changé. On avait fait une demande de contrôle anti-dopage et il y avait 18 mecs qui avaient un justif’ de docteur parce qu’ils étaient asthmatiques. Donc… bon… (NDLR : l’interview a été réalisée avant l’affaire du Racing, donc on n’en a pas parlé)

 

Enfin pour en revenir à la Coupe du Monde, le problème actuellement, c’est que tes meilleurs joueurs jouent trop. Près de 40 matchs dans l’année, c’est aberrant. Le rugby est un sport de combat, on demande pas à un boxeur de faire quarante combats dans l’année. Donc tes meilleurs joueurs jouent trop et tes jeunes ne jouent pas. Le processus semble en train de s’inverser, mais il va bien falloir quatre ou cinq ans.

 

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Philippe et deux choses disparues en France depuis : un trophée et une ministre communiste

 

 

Partie 2 : La suite

 

 

Si en France, ton image est encore un peu écornée par l’échec du XV de France, tu conserves une bonne réputation en Angleterre. Ça ne t’a pas effleuré l’esprit de reprendre un club là-bas pour te relancer ?

 

Non. J’ai eu des contacts en Angleterre, en Italie, au Japon. Mais j’ai eu la chance de vivre de ma passion pendant 18 ans (après l’arrêt de sa carrière de joueur NDLR). Et il y a un an et demi, mon fils qui joue au basket m’a demandé pourquoi j’étais le seul à ne jamais venir le voir jouer. Et là, je l’ai pris en pleine gueule. Il a 14 ans, ma fille a 9 ans. Je n’ai jamais eu un weekend. Donc là, à 49 ans, je découvre ce que c’est : aller voir mon fils jouer au basket, voir ma fille faire de l’athlétisme. Je ne dis pas que je ne reviendrai pas parce que c’est ma passion et peut-être que je vais être en manque mais actuellement je fais ce que je veux et ça me va très bien.

 

La Premiership, ça joue beaucoup plus et surtout ils donnent leurs chances aux jeunes

 

Justement, tu commentes la Premiership sur SFR Sport. Il y a pas mal de gens qui affirment que ce championnat est bien plus spectaculaire que le Top 14. Es-tu d’accord ? Si oui, est-il meilleur pour autant ?

 

Disons qu’ils se donnent les moyens de se préparer techniquement. J’ai commenté le premier match début septembre alors que nos mecs jouaient déjà des matchs amicaux fin juillet. C’était Gloucester-Leicester. Gloucester menait 31 à 7 à la 46ème minute et ils perdent 38-31 avec neuf essais. Après sur la qualité des équipes, à part les Saracens, personne n’a la qualité et la quantité de joueurs que peuvent avoir le Racing, Clermont ou Toulon. C’est un championnat que je connais mieux que le Top 14, ça joue beaucoup plus et surtout ils donnent leurs chances aux jeunes. J’ai commenté Sale-Gloucester, t’as un gamin de 17 ans, un gamin de 18 ans, les ouvreurs ont 22/23 ans. Moi quand j’étais sélectionneur, je disais aux jeunes d’aller en Pro D2 pour qu’ils aient du temps de jeu et qu’ils puissent progresser. Regardez Machenaud, Huget, Dulin… vous allez me dire Rémi Tales (il rit). Être obligé d’aller en Pro D2 pour trouver du temps de jeu, c’est quand même un peu triste !

 

Après Picamoles, Tolofua va signer en Premiership et on va enfin revoir quelques Français dans ce championnat, comme c’était le cas quand tu entraînais Sale et Gloucester. C’est une bonne chose ? Tu penses qu’ils vont progresser ?

 

Oui, ils vont progresser, parce qu’automatiquement, tu te mets en danger. Des fois, t’as le cul dans le foie gras et le caviar, et quand tu pars tu te mets en danger avec ta femme, ta famille. Tu joues moins parce que c’est un Top 12, moins les quarts de finale. Pour Picamoles, par exemple, je pense qu’on va revoir un grand Picamoles en équipe de France.

 

Moi j’étais d’une génération où j’étais aux fêtes de Bayonne et de Pampelune et je rentrais pour jouer le Du-Manoir.

 

Toi, quelle est la chose la plus importante que tu as eu l’occasion d’apprendre en Angleterre en tant que joueur ?

 

Toute la préparation que je ne connaissais pas. Je suis arrivé à Gloucester en fin de carrière. J’ai fait 8 semaines de préparation. Moi j’étais d’une génération où j’étais aux fêtes de Bayonne et de Pampelune et je rentrais pour jouer le Du-Manoir. J’avais 4/5 kilos de trop mais je les perdais par les matchs, et j’étais affuté début septembre. Et à plus de 30 ans à Gloucester, j’ai refait moins de 11 secondes au 100 mètres. Mais parce que j’en ai chié comme jamais.

 

 

Et en tant que coach ?

 

J’ai appris à gérer des gros squads de 18 personnes. Alors qu’en France on en était encore à l’époque « Ouais, mais si j’ai un adjoint il va vouloir me piquer ma place ». Toujours inquiet de ton égo, etc. En Angleterre, déjà à l’époque t’as un spécialiste du lancer, un spécialiste du jeu au pied.

Un mec comme Jason Robinson qui venait du XIII, il savait pas taper dans un ballon. Trois fois par semaine il avait le spécialiste du jeu au pied de l’équipe d’Angleterre qui venait faire des séances individuelles. Et en demi-finale contre la France en Australie, lui et Wilkinson nous donnent une leçon d’occupation et de jeu au pied… Moi je l’ai aussi vu avec Sébastien Bruno. Il a travaillé son lancer, de manière très spécifique. Il est revenu en France, et ça a été un des meilleurs talonneurs pendant 4 ou 5 ans.

 

 

On dit que l’Anglais est arrogant. Est-ce que tu ne penses pas qu’on a toujours tendance à voir chez les autres nos propres défauts ?

 

Sans commentaire !

 

Tu as ouvert des académies en Angleterre où tu apprends à des jeunes à jouer au rugby. Est-ce que ça t’a permis de retrouver un peu de passion pour le jeu après tes années compliquées avec les Bleus ?

 

Pas qu’en Angleterre. Mon académie est aussi à Tignes. Il y a des Français, des Anglo-Saxons, je prends un plaisir énorme. Mais j’ai l’impression de faire les choses à l’envers. J’ai fait du haut niveau dès mes 32 ans et c’est à presque cinquante que je pars sur la formation. On entraîne des écoles, des clubs, là on va signer à Hong-Kong et Macao pour des enfants en difficulté. La semaine dernière j’ai fait deux séances avec l’université d’Oxford avant leur match face à Cambridge donc je m’éclate. J’ai pas la pression du résultat du samedi, juste l’envie de développer les mecs et qu’à la fin de la séance ils soient moins cons.

 

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– Et donc, rappelle toi Brice, tu libères bien ton ballon au sol.

– Mais je m’appelle Théo, pas Brice.

– Ta gueule. À partir de maintenant tu t’appelles Brice et tu joues à l’aile. 

– …

 

Il y a pas trop de starlettes chez les jeunes, ça va ?

 

(Il rit) Non, ils sont adorables.

 

 

Est-ce que tu vas aussi leur faire faire du wattbike ?

 

Non, tout est axé sur la technique la passe, et la vitesse.

 

 

Est-ce qu’on te reverra à la tête d’un club de Top 14 ?

 

Pas pour l’instant mais faut jamais dire jamais…

 

 

 

Partie 3 : Questions à la con

 

 

Pas trop déçu par l’arrêt des Spécialistes Rugby ? Tu aurais pu choper un rôle de consultant et débattre avec Jean-Pierre Elissalde.

 

Ça aurait été intéressant…

 

 

Qu’est-ce qui est le plus difficile : empêcher Atonio de se resservir de frites ou réveiller Teddy Thomas avant 9h ?

 

Réveiller Teddy Thomas avant 9h ! (il rit)

 

 

Est-ce que finalement, la plus belle et la plus drôle idée de ton mandat ce n’était pas de nommer Pascal Papé capitaine ?

 

Il était très bon avec cette jeune génération et sur la transition.

 

 

Avec les arbitres par contre…

 

C’était plus compliqué….

 

 

Est-ce que dans les vestiaires avant les matchs des Bleus, vous aussi vous regardez l’essai de Vincent Clerc dans la pub Gedimat ?

 

(il rit) Non !

 

 

Vu que tu as un bilan et une côte de popularité similaires à la sienne, est-ce tu te verrais bien ministre des sports de François Hollande en 2017 ?

 

(il rit) Non, pas du tout. La politique ne m’attire pas. J’ai mes idées mais déjà je n’ai pas réussi à changer la politique sportive de la fédé, bon…

 

 

Qui fait les meilleurs discours d’avant-match ? (Pas Dusautoir, on te croirait pas)

 

(Il hésite) Eric Champ. Notamment le discours de France-Fidji à Grenoble pendant la mi-temps. S’il lit ça il s’en souviendra et il rigolera.

 

 

On te surnomme le Goret. Nous on préfère t’appeler Ouin-Ouin. Quel surnom préfères-tu ?

 

(il rit) Sincèrement le Goret, et pourtant j’aime pas.

 

 

Mourad Boudjellal t’a reproché d’être radin. Tu vas nous laisser payer le café ?

 

J’ai pas encore demandé de café…

 

Je lui ai payé à boire mais ses bouteilles à 500 euros je préférais que ça soit lui qui les paye.

(À propos de Mourad Boudjellal)

 

D’ailleurs, un avis sur la façon dont Mourad traite Diego Dominguez depuis quelques semaines ? Avec toi aussi, c’était tendu sur la fin… c’est difficile de travailler avec un président comme lui ?

 

Moi j’ai pris énormément de plaisir en bossant avec lui parce qu’on était à la construction de quelque chose et c’est un mec atypique, qui peut être brillant, parfois déconnecté ou qui ne connaît pas nos codes mais il a fait revivre le club de Toulon et ce n’est pas rien. Moi j’ai pris du plaisir, j’ai bien rigolé avec lui. Après c’est vrai qu’il avait tendance à prendre des bouteilles de pinard à 500 euros et là-dessus… Je lui ai payé à boire mais ses bouteilles à 500 euros je préférais que ça soit lui qui les paye.

 

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Il a pris un coup de vieux Matt Giteau

 

Sébastien Vahaamahina, il s’en fout du rugby ou il fait juste bien semblant ?

 

Sincèrement, le jour où je lui ai annoncé qu’il était pas dans le groupe pour la Coupe du Monde, j’ai ressenti chez lui une détresse incroyable. L’image qu’il peut montrer au grand public et la vraie personne sont complètement décalées. Je peux vous assurer que c’était un moment fort et émouvant dans ma carrière d’entraîneur que cet entretien avec lui.

 

 

Tes problèmes avec Max Mermoz et François Trinh-Duc, c’est pas de la jalousie car tu n’as jamais posé en slip dans une pub pour Dim ?

 

(Il rigole) Non non, mais j’ai pas de problèmes avec eux.

 

 

De rumeurs disent que tu pourrais encore mettre la misère à Maxime Médard sur 100m. Est-ce que c’est vrai ?

 

(Il rigole) J’aurais besoin de faire un régime de raisin pendant 12 jours !

 

 

Tu ne penses pas que ton livre se serait mieux vendu si tu avais un peu plus craché sur tes joueurs ? Si oui on te laisse l’occasion de rattraper, vas-y lâche-toi, ça nous aidera à faire le buzz.

 

Sur mon bouquin, j’ai dit mon ressenti. Mais on était sur le même bateau et quand le bateau coule c’est celui qui conduit qui doit rester jusqu’à la fin. Mais j’ai quand même pris énormément de plaisir avec ces mecs-là.

 

 

 

 

 

Partie 4 : Questions de rapidité

 

 

Top 14 ou Premiership ?

 

Premiership.

 

 

Chistera ou cadrage débordement ?

 

Cadrage déblaiement !

 

 

Chemise Blanco ou Eden Park ?

 

(Il regarde ce qu’il porte) Eden Park.

 

 

Bernard Laporte ou Pierre Camou ?

 

(Il hésite longtemps) Lucien Simon.

 

 

Grand Stade ou Stade de France ?

 

Parc des Princes !

 

 

Lionel Beauxis ou Dan Carter ?

 

Lionel Beauxis, il est français !

 

 

Les plus beaux yeux : Terence Hill, Hugh Grant, Jude Law ou toi ?

 

Moi !

 

 

Un joueur avec qui tu aurais aimé faire une troisième mi-temps ?

 

J’en ai fait tellement… Mais j’aimerais en refaire une avec Olivier Merle.

 

 

Un joueur pour partir à la chasse dans la forêt amazonienne ?

 

Olivier Roumat, le géant des Landes ! Et Laurent Seigne.

 

 

Est-ce qu’il y a un entraîneur dans un autre sport qui t’inspire particulièrement ?

 

Claude Onesta est quand même la référence.

 

 

Ton meilleur souvenir de joueur ?

 

Les deux victoires en 1994 en Nouvelle-Zélande.

 

 

Ton meilleur souvenir d’entraîneur ?

 

La victoire de 40 points en finale de la Premiership avec Sale.

 

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Saviour Saint-André, rien que ça.

 

 

Ton meilleur souvenir d’entraîneur du XV de France ?

 

La série de tests de novembre en 2012. Quand j’ai cru que ça allait être facile !

 

 

Est-ce qu’une bonne interview, ça se joue à des détails ? Si oui, est-ce que tu penses qu’on a mis les ingrédients pour atteindre le très très haut niveau ?

 

Vous êtes au niveau de la finale H-Cup ou demi de la Coupe du Monde. Bien meilleurs que nous puisqu’on est restés en quarts ! Mais les petits détails sont importants, même dans le journalisme.

 

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On a eu beau chercher, la meilleure blague de ces quatre ans, c’est Philippe qui l’a faite lui même et elle est en photo juste au dessus

 

Retour sur France-Irlande (10-9)

Par Le Stagiaire, 

 

Le contexte : 

Un match, une victoire. De deux petits points et contre l’Italie, certes. Mais il n’en fallait pas plus pour insuffler chez les supporters du XV de France un vent d’espoir et d’optimisme après les quatre années moribondes passées avec Ouin-Ouin. 

Sa mission à peine commencée, Guy Novès pouvait quant à lui se targuer en conférence de presse de n’avoir jamais perdu à la tête du XV de France et ainsi moucher tous les journalistes impertinents qui oseraient laisser entendre qu’une victoire de deux points, à domicile, contre l’Italie, avec Luke McLean et Parisse reconverti en buteur, quand même : bof.

Avec l’Irlande, double tenant du titre, c’était tout de même un défi d’une autre taille qui attendait les Bleus et le Sorcier Toulousain® à leur tête. Un peu comme quand Toulouse enchainait un weekend de H-Cup et un weekend de Natixis Cup. Tout simplement plus le même niveau, voire le même sport. 

Mais une victoire face aux Rouquins était aussi l’opportunité rêvée pour tourner la page du cycle précédent et repartir de zéro. Les éléments de langage journalistiques oscillaient entre « Renouveau » « renaissance » et « nouveau départ ». On aurait pu s’aventurer du côté de la « Reconquête », mais en plus d’être déjà pris, c’était un coup à jouer contre la Géorgie et les Allemands dans deux ans. 

Pour aller défier les Verts, Guy Novès avait donc fait appel aux mêmes que la semaine précédente, à quelques exceptions près, semaine de remaniement oblige. Un groupe équilibré, mélangeant des rescapés du naufrage en Angleterre et des nouvelles têtes. 

Après 4 ans à tout miser sur les attaques charges de Pikachu, Guy Novès a en effet accouché d’une nouvelle génération de Pokémon (Poirot, Bézy, Vakatawa), permettant de varier un peu des ficelles scénaristiques qui ne surprenaient plus personne. Et d’offrir de nouvelles opportunités de jeux de mots à Matthieu Lartot. Personnellement, je n’arrive toujours pas à savoir si ce point est une bonne ou une mauvaise chose.  

 

L’équipe : 

 

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Oui je sais techniquement ma comparaison n’est pas bonne parce que je n’ai mis ici que des Pokémon de la première génération. Mais les vrais savent que c’est la seule qui compte.

 

Le match :

Avec le recul, il faut se rendre à l’évidence, le XV de France n’a pas affronté l’Irlande pendant la première mi-temps. Non, les Bleus (probablement poussés par Guy Novès, ce gros troll) ont affronté leurs détracteurs. Le plan de jeu n’avait pas pour but d’aller chercher la victoire mais de répondre les unes après les autres aux critiques émises la semaine précédente pour prouver qu’elles n’était pas fondées. 

 

Légers en défense les Français ? Ok, très bien, on ne va faire que défendre pendant 40 minutes et on ne va pas prendre un essai. 

Pas assez agressifs ? Ok Yoann, va défoncer gratuitement Sexton en début de match. 

Pas assez sûr sous les ballons hauts Teddy Thomas ? Ok Jules, monte-lui toi-même une chandelle pour qu’il leur prouve l’inverse. 

Virimi Vakatawa n’est bon que s’il a de l’espace pour se lancer ? Ok, il va enchainer les départs au ras des rucks. 

 

Malgré cette stratégie un peu surprenante et pas forcément tournée vers la victoire, le XV de France n’est mené que de six points à la pause (3-9). Du côté des experts et autres spécialistes, tout le monde se regarde un peu emmerdé. Avant de se mettre d’accord pour partir sur un « C’est bien beau tout ça mais il va falloir penser à jouer un peu aussi. Parce que là on gagnera jamais si on a pas un ballon. Et puis en mêlée c’est pas terrible non plus ». 

Il ne fallait pas en demander tant. 

 

En début de seconde période, les Bleus décident de remettre la main sur le ballon. Un en-avant de Camara, une mauvaise passe et les tentatives françaises sont avortées les unes après les autres. Probablement une technique pour énerver les Irlandais qui rappelons-le, n’ont pas le droit de faire pareil puisque cette pratique est toujours interdite dans leur pays. Pas mal de maladresses donc, mais après avoir pris des charges dans la gueule pendant 40 minutes, il faut laisser un peu de temps aux joueurs pour qu’ils retrouvent l’usage de leurs extrémités. 

C’est chose faite autour de la soixantième minute puisque c’est à ce moment-là que les Français rentrent pour la première fois dans les 22 irlandais. Un espace de pelouse qu’ils connaissent paradoxalement bien puisqu’ils ont passé une bonne partie de la première mi-temps bloqués dedans. C’est aussi le temps du coaching avec les rentrées de Goujon, Machenaud, Slimani et même Camille Chat (même s’il devra s’y reprendre à plusieurs fois). 

 

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Au secours, on m’a volé ma bite ! Il est parti par là !

 

Le XV de France se montre enfin dangereux quand Plisson prend un intervalle et tente une passe sautée pour son poto Bonneval. Dans le préau du collège Théophile Gautier avec la trousse de ce gros fayot d’Alexandre Flanquart ça marchait à tous les coups, mais cette fois c’est sans compter sur Trimble qui intercepte la balle et met fin à la belle action. 

Quelques minutes plus tard, nouvelle opportunité pour les Bleus. Après une pénaltouche et plusieurs temps de jeu au près, Damien Chouly tombe dans l’en-but. Un dizaine de joueurs s’écroulent en même temps que lui et l’arbitre Monsieur Peyper semble incapable de savoir si l’essai est valable ou non. Il creuse (comme une taupe en colère) une galerie sous le terrain pour y voir plus clair. Mais rien. Il escalade le ruck, s’assomme contre la spidercam, plante un drapeau La Poste sur le sommet du crâne de Toner, mais n’y voit pas plus clair pour autant. Dans le doute (et parce qu’on parle quand même de Damien Chouly), il refuse l’essai et donne une mêlée à cinq mètres pour l’équipe de France. 

 

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Allez-y, poussez Madame, je vois la tête !

 

L’Irlande se met à la faute en mêlée une fois, puis deux, puis trois, puis on a arrêté de compter. Monsieur Peyper convoque le capitaine irlandais et le prévient qu’il ne va pas pouvoir les couvrir plus longtemps. Heureusement pour eux, la suivante est la bonne. Le ballon sort plus rapidement que prévu côté français et Machenaud doit lancer l’attaque. Il choisit le petit côté et après avoir bien fixé la défense, sert parfaitement Médard venu à hauteur. Ce dernier casse un plaquage et va aplatir entre les poteaux. Plisson passe la transformation et l’équipe de France prend la tête 10 à 9.

Moins de dix minutes plus tard, l’arbitre renvoie tout le monde aux vestiaires et les Bleus peuvent se féliciter. Ils viennent de décrocher leur premier succès face aux Irlandais depuis cinq ans. C’est long, cinq ans. Vous imaginez ? Il y a cinq ans le Biarritz Olympique participait aux barrages du Top 14 et l’USAP était demi-finaliste de H-Cup. C’est dire. 

 

Le Bilan : 

Solidaires en défense en première mi-temps puis conquérants dans les vingt dernières minutes, la fameuse gestion des temps forts et des temps faibles (chers à Fabien Galthié) a été assez remarquable. Beaucoup donnaient les Français perdant face aux Irishs et les Bleus ont décidé de surprendre tout le monde. Comme au bon vieux temps. 

Une victoire pleine d’orgueil, d’intensité et de jeu à une passe. Bref, une victoire au French Flair. Pas celui des éditos de Jacques Verdier, de Codorniou ou des frères Boniface, mais celui qui nous a fait battre les Blacks en 2007 et qui nous a fait atteindre la finale en 2011. Le French Flair qu’on devrait rebaptiser French Fier, qui nous fait gagner des matchs en étant moins bons que les autres mais en étant plus cons et courageux. Le French Flair qu’on se désespérait de voir depuis 4 ans sous Saint-André et qu’il aura fallu deux matchs à Guy Novès pour ressusciter. 

On a pas toujours été tendres avec lui et on ne s’avancera pas sur les résultats de la suite de son mandat. Mais, soyons beaux joueurs et disons-lui merci au moins pour ça. On a vibré pendant 80 minutes en voyant les Bleus faire des petits tas. C’est con à dire, mais ça nous avait manqué. Merci, Guytou. 

 

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“C’est à dire que, de toute évidence, tes remerciements, j’en ai rien à foutre.”

 

Les Joueurs : 

Poirot et Atonio, qui avaient fait une entrée remarquée contre les Italiens la semaine dernière, ont cette fois été en difficulté en mêlée. À l’inverse, les anciens titulaires Ben Arous et Slimani se sont distingués lors de leur entrée, aidant à faire basculer la rencontre comme en témoigne l’épreuve de force largement remportée à la soixante-dixième minute de jeu et qui mènera à l’essai Français. La solution pour le prochain match est probablement de ne titulariser aucun pilier d’entrée et de ne les faire rentrer qu’après quelques minutes de jeu pour que la malédiction des titulaires ne s’applique pas. 

Jugé un peu en retrait conte l’Italie, Guirado a été énorme en défense, distribuant cartouche sur cartouche, tel un joueur de Top 14 Prod D2 revenant d’un match contre l’USAP et d’un détour par l’Andorre. La moindre personne debout dans un rayon de quinze mètres et avec un maillot irlandais s’est fait immédiatement caraméliser par LE CATALAN. Une pensée d’ailleurs pour le supporter rouquin assis au premier rang qui a eu le malheur de se lever pour aller chercher une bière. Une pensée également pour Camille Chat, qui est le Français qui aura le plus couru pendant ce match, même si 90% du temps c’était pour faire des allers-retours entre le banc et le terrain. Espérons que le Racing le laisse au repos ce weekend, ça serait mérité. 

En deuxième ligne, Flanquart a été précieux en touche et en algèbre, même si le second aspect a très peu servi pendant le match. Impossible de me souvenir du match de Maestri mais si j’en crois le coup d’épaule à retardement qu’il a mis à Sexton d’entrée, il a été excellent. 

 

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Il a pris un coup derrière la tête #SextonTonSexeOuLesDeux

 

Le choix d’une troisième ligne « mobile et légère » a été payant, notamment pour contenir les vagues irlandaises en première période. Offensivement par contre, leur apport a été plus mesuré.  Petite déception pour Camara, qu’on nous avait vendu comme le Nyanga blanc (ou le Ouedraogo  noir je ne sais plus) et qui a été plusieurs fois maladroit en attaque. On mettra ça sur le compte de la jeunesse, du temps de merde et de sa proximité avec Dusautoir à Toulouse. L’entrée de Kévin Goujon a fait du bien en fin de match pour continuer à avancer et garder le ballon. Sexton n’ayant pas fini le match sans sortir blessé, on peut considérer que le pack français a tenu son rang. Même si Sexton serait probablement capable de prendre un KO juste à cause des mouvements d’air sur un cadrage débordement. 

Comme la semaine dernière, Bézy a déçu. Peu en vue, il n’a pas pesé sur le jeu comme son remplaçant a pu le faire. À sa décharge, pas évident de se distinguer dans un match où son équipe ne touche quasiment pas un ballon. Machenaud a quant à lui fait une excellente entrée. Le plus dur étant de dire si c’est le fait que l’équipe de France remette la main sur la ballon qui a permis au Racingman de se distinguer ou si c’est son entrée qui a permis aux Bleus de remettre la main sur le ballon. Je sais, cette question est très chiante à comprendre mais la réponse est importante. 

Plisson a fait un match correct sans vraiment briller pour autant. Il a en tout cas montré une certaine maturité dans la gestion du jeu, notamment dans les vingt dernières minutes, ce qui est plutôt rassurant si on veut miser sur lui pour l’avenir. Enfin… encore un ou deux matchs comme ça et il devrait se faire les croisés.

La paire de centres n’a pas vraiment eu l’occasion de se distinguer, les rares attaques françaises en fin de match étant souvent limitées à du jeu à une ou deux passes. Les ailiers n’en parlons pas même si Vakatawa s’est montré très disponible et volontaire. En même temps il le fallait bien puisque Maxime Médard a l’air décidé à battre le record de surnombres gâchés en un tournoi.  L’arrière toulousain, comme souvent, s’est montré hargneux et volontaire. Si sa religion ne lui interdisait pas de faire des passes à d’autres joueurs que Yoann Huget, il pourrait même être excellent. En attendant, difficile de ne pas être un peu sceptique devant l’emballement des journalistes pour son match. Mention à Richard Escot qui l’a nommé homme du match car c’est le joueur qui a parcouru le plus de mètres balle en main (et oui, c’est bien connu, les arrières n’ont jamais à remonter de ballon contrairement aux autres joueurs). Alors, quel est le principal défaut de Médard ?

 

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Il est égoïste !

[Portrait] La vérité sur Renaud Lavillenie

Par Le Stagiaire,

 

Au fin fond de l’Auvergne (ceci n’est pas un pléonasme), quelque part entre les décors surdimensionnés du vide et les échos du silence qui résonnent dans le creux des volcans, une clameur gronde. Nul ne saurait dire s’il s’agit de cris de joie ou de lamentations contrariées tant la succession des deux au fil des années a fini par les faire se confondre.

Rue du Clos-Four, dans l’antre de la « Yellow Army », on aperçoit des supporters impatients qui s’agitent pour regagner leur place, des membres de la banda qui s’accordent et quelques célébrités locales (le PDG de Michelin, le Vice-Président de Michelin et le DRH de Michelin) qui s’affichent en tribune présidentielle.

La caméra qui surplombe la pelouse repère un petit attroupement dans les travées. Plusieurs hommes discutent debout, à quelques instants du coup d’envoi. Leur carrure imposante, leur démarche mal assurée dans leurs costumes et le petit blason sur leur veste trahit leur condition. L’un d’entre eux s’appuie sur une béquille, l’autre montre perplexe l’attelle qui lui couvre une bonne partie de la main. Un dernier, mains dans les poches et cravate nonchalamment desserrée scrute le stade avec décontraction. Contrairement aux autres, aucun signe d’affaiblissement physique ne transparaît dans son attitude. Il dégage la force de l’habitude. Sa nonchalance trahit sa maîtrise du cérémonial auquel il prend part. Convalescence qui traîne, phase de reprise, choix tactique ou désaccord plus profond avec le coach, peu importe. Une partie du joueur de rugby en lui est morte et son cadavre ne prend plus la peine de se retourner violemment chaque week-end passé en tribunes.

Du haut de sa grue, le caméraman capture les images en direct. A cet instant, ce qui ressemble à enfant au milieu des géants s’approche prudemment. Il hésite un peu, s’avance et se retrouve au pied des montagnes. L’environnement géographique pourrait laisser penser qu’il en a pris l’habitude, et pourtant, ses yeux grands écarquillés, levés vers le ciel, ne prennent même plus le temps de cligner de risque de perdre une seconde du spectacle qui se passe au dessus de lui. L’un des gaillards se tourne dans sa direction, se penche, et lui tend la main. Alors qu’il la saisit, son interlocuteur, dans un large sourire lâche quatre mots dans un français grammaticalement parfait, bien que colorés d’une prononciation très canadienne : « Salut Weno, ça va ? ».

 

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L’Auvergne lève les mains !

 

29 championnats de France se sont déroulés entre la naissance de l’Enfant et la scène rapportée juste avant. Castres a été sacré deux fois, Agen, une. C’est dire comme le temps a passé. L’Enfant a 29 ans et, vous l’avez tous deviné, il s’agit de Renaud Lavillenie. Nouvelle mascotte officieuse de l’ASM en lieu et place d’un Bibendum jugé trop « bisounours », le perchiste a endossé – plus ou moins malgré lui – le costume du 16ème homme des Jaune et Bleu (15ème quand Bardy est titulaire). À partir de quel moment la vie d’un homme lui échappe-t-elle pour en arriver là ? C’est ce que nous allons tenter de comprendre en retraçant son parcours.

 

L’histoire du petit Renaud démarre bien loin des volcans d’Auvergne, du fromage du Cantal et des histoires de pneus que l’on raconte aux enfants avant de dormir. Il naît à Barbezieux-Saint-Hilaire, en Charente, ce qui équivaut à un 4/10 sur l’échelle de la « chance du lieu de naissance » qui va de Castres à Honolulu. Tout petit déjà, il est confronté au rugby. Malheureusement pas forcément de la manière dont il l’aurait souhaité. En effet, en CE1, une bonne partie de ses petits camarades commencent à s’initier aux valeurs de ce sport, avec en premier lieu l’esprit d’équipe. Les garçon de sa classe font front commun face aux CE2 de Madame Bertillon lors des chahuts traditionnels de la récréation entre les cours de maths et de français. Persona non grata dans cette lutte des classes, le pauvre Renaud se retrouve bien seul. Il souhaite ardemment intégrer leur effectif mais il essuie les refus les uns après les autres : « Désolé Renaud mais notre équipe est complète », « On t’aurait bien dit oui mais on vient d’accepter Songa’a, le petit nouveau qui vient de l’autre bout du monde. La maîtresse a dit qu’il fallait l’aider à s’intégrer ».

Maul devant la porte au moment de rentrer en classe, ruck dans le préau, Renaud n’est pas convié lors des différents ateliers et subit même franchement la situation quand ses camarades travaillent leurs skills en faisant des passes avec sa trousse et qu’il doit désespérément courir entre eux pour la récupérer. Seul point positif, ce rôle ingrat lui permet de développer d’autres capacités physiques. De l’agilité quand il s’agit d’esquiver les projectiles et les baffes des uns, de la vitesse quand il faut échapper aux envies de plaquage des autres. Renaud court, saute, grimpe mais Renaud reste désespérément seul.

Une fois, il tente bien un geste désespéré pour se faire remarquer. Alors que ses camarades s’ébrouent sur un coin de pelouse entre deux poteaux fabriqués à la hâte avec des morceaux de bois, Renaud se saisit d’une des barres transversales et traverse le terrain. En arrivant face aux poteaux opposés il ne ralentit pas sa course et plante l’une des extrémités de la désormais ex-barre transversale dans le sol. Dessinant une courbe gracieuse dans le ciel charentais, il s’élève encore et encore, comme dans une scène de film tournée au ralenti, passe entre les perches, puis lentement, bascule de l’autre côté de l’en-but avant de chuter lourdement. Il se relève victorieux, tout sourire, persuadé d’avoir révolutionné le sport comme William Webb-Ellis avant lui. Mais il n’en est rien, la première réaction des joueurs qui avaient la tête dans un ruck quelques secondes plus tôt étant de se mettre à sa poursuite pour lui faire passer ses envies de « grandes envolées ».

 

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Je te parie 10 euros que j’ai le temps de battre le record du Monde de Bubka avant que tu sortes le ballon de ce ruck.

 

Quand en grandissant, la plupart de ses agresseurs s’inscrivent dans le club de rugby du coin pour poursuivre leur apprentissage, Renaud – toujours pas le bienvenu – doit se rabattre sur l’athlétisme. Sans surprise, il se spécialise dans le saut à la perche, comme son père, même s’il ne fait pas une croix sur le rugby qui le fascine toujours autant. Dans son village, certaines personnes murmurent même qu’il s’est spécialisé dans la discipline pour pouvoir passer par dessus le grillage aux abords du stade pendant la nuit et ainsi enfin connaître la sensation de courir sur un terrain ballon ovale à la main. Vérifiées ou non, ces rumeurs n’atteignent pas Renaud qui, avec le temps, a appris à les ignorer. Le perchiste s’est construit un mental de fer, concentré sur un seul objectif qu’il ne lâche sous aucun prétexte. Lentement mais sûrement, il continue de progresser et se place parmi les plus grands espoirs de sa génération.

Un événement faillit tout faire basculer néanmoins. Un été, durant l’intersaison, les éducateurs des cadets du club de rugby décident de partir à la rencontre des adolescents du coin pour repérer d’éventuels talents potentiels dans les autres sports. Avec pour but évidemment de les convaincre de se mettre au rugby. Un basketteur est recruté pour enrichir le banc en deuxième ligne, un sprinteur réussit à prouver qu’il peut être un redoutable finisseur à l’aile, un judoka révèle des talents non soupçonnés qui font de lui un excellent troisième ligne et un footballeur est même soudoyé pour devenir le buteur de l’équipe. Mais malheureusement pour Renaud, personne ne pense un instant aux qualités que pourrait apporter un perchiste sur un terrain de rugby. Un tort quand on sait que quelques années plus tard, David Marty révolutionnera la tactique de la défense sur les rucks en sautant par-dessus.

Triste, blessé, Renaud tourne définitivement la page du rugby et se concentre sur sa carrière de perchiste avec le succès qu’on lui connaît. Il signe au club d’athlétisme de Clermont en 2009, mais résiste à ses anciens démons et ne replonge pas immédiatement. La ville vibre pour le rugby mais lui reste à l’écart. Concentré sur sa progression, sur les compétitions qui l’attendent, Renaud est “dans sa bulle”, comme en témoigne le petit diam’s qu’il a sur le lobe de l’oreille. Une nouvelle obstination pour le saut à la perche qui s’avérera payante puisqu’il sera sacré champion de France en 2010 (coïncidence ?), champion d’Europe la même année (donc oui coïncidence a priori) mais qu’il échouera à être sacré champion du monde en 2011 (décidément…). Il se rattrapera l’année suivante en devenant champion du monde en salle, puis surtout champion olympique à Londres.

 

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Et ça passe !!! Trois points en plus pour l’ASM qui se qualifie pour les quarts de finale de Champions Cup !!!!!

 

En l’espace de quelques années, le Charentais a tout conquis et mis, à l’instar de Julien Malzieu, le monde de la perche à ses pieds. Renaud a le sentiment du devoir accompli et aborde la suite de sa carrière avec plus de sérénité. Il s’autorise même à s’intéresser aux performances du club de rugby de sa nouvelle ville et après quelques mois d’hésitations et un nouveau record de France, finit même par accepter l’invitation de l’ASM à venir assister à un match. Personne ne pourra jamais imaginer le sentiment qu’a pu ressentir Renaud pendant les 80 minutes de cette rencontre. Bien sûr, il n’était pas un acteur direct du match mais le simple fait de pouvoir y assister, qu’on insiste presque pour qu’il s’y rende était la plus belle revanche que pouvait espérer le petit enfant encore en lui.

Un enfant qu’il ne tardera pas à redevenir, semaine après semaine, match après match. Nouveau grand ami des joueurs (et des dirigeants ravis de voir quelqu’un capable de gagner des titres dans les parages, comme pour se rassurer que ça existe dans la région), Renaud n’en finit pas d’écarquiller les yeux quand il se retrouve au milieu d’eux, quand bien même cela fait plusieurs saisons qu’il fait partie du décor.

 

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“Écoute Renaud, j’aime pas être désagréable mais c’est la place des remplaçants ici. Qu’est-ce que tu fous là bordel ? Casse-toi !” 

 

Aujourd’hui, Renaud partage son temps entre son sport de prédilection et les week-ends au Michelin. Entre la perche du gymnase de Donetsk qui lui permis de battre le record du monde et la perche à selfie qui lui permis d’immortaliser tant de passages dans les vestiaires de l’ASM, Renaud Lavillenie semble enfin avoir trouvé son équilibre. Et fait abstraction des personnes qui s’interrogent sur sa drôle de vie, ainsi que les risques qu’il encourt à côtoyer l’un des clubs les plus malchanceux de l’Hexagone.

Comment expliquer que sur la tentative juste après celle qui lui a permis de battre le record en 2014, Renaud se soit blessé au pied pour plusieurs mois ? Comment expliquer qu’il n’ait terminé que troisième l’année dernière lors des championnats du monde de Pékin alors qu’il avait fait la deuxième meilleure performance mondiale de tous les temps quelques semaines plus tôt ? Encore très récemment, comment expliquer sa quatrième place à Rouen pendant que son club de coeur était éliminé de la coupe d’Europe ? Et surtout, comment expliquer qu’on le voit parfois à moitié à poil dans les vestiaires après un match de l’ASM alors qu’il n’a pas joué et donc aucune raison de prendre une douche ????

Certains ont peur que la Clermontite soit contagieuse et qu’il s’écroule en finale à Rio l’été prochain. D’autres vont plus loin et, lassés de son hyper-proximité avec les joueurs de Clermont, vont même jusqu’à l’accuser d’être lui même le chat noir du club. Il ne faudra probablement plus beaucoup de désillusions et d’apparitions sur les écrans géants du stade aux supporters pour qu’ils en reviennent au paradoxe dit de « l’oeuf ou la poule ». À savoir dans ce cas, est-ce que l’ASM porte la poisse à Lavillenie ou est-ce que c’est Lavillenie qui porte la poisse à l’ASM depuis qu’il les supporte ?

Peu importe les conclusions qui seront tirées de ce vaste débat, Renaud Lavillenie n’en a probablement que faire. Car s’il n’a pas utilisé les chemins traditionnels, Renaud a bel et bien fini par mettre un pied dans le rugby. Et cela lui aura pris du temps et trop de galères pour qu’il s’en détourne maintenant. Comme toujours, Renaud ignorera les on-dit et s’en tiendra à son plan, en s’appuyant sur ses deux principales alliées : son obstination et sa patience. Deux qualités qui ne lui seront pas de trop s’il espère assister à un titre de l’ASM de son vivant.

 

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The yes, need Renaud, to win, against Renaud

France – All Blacks : les scénarios de l’impossible…

Par Le Stagiaire,

 

Aucune chance pour qu’il n’arrive une des choses décrites ci-dessous durant le match de ce soir. Sauf les passages où les All-Blacks gagnent peut-être.

 

Scénario #1 : 

Au dernier moment, le Président de la République française, François Hollande, décide de libérer un peu de temps dans son agenda pour se rendre à Cardiff encourager les Bleus. Après tout, Nicolas Sarkozy a assisté à la victoire lors du quart de finale de 2007 dans ce même stade et la côte de popularité du Chef de l’état ne pâtirait sans doute pas d’une petite victoire héroïque.

Et, surprise, au moment où François Hollande s’assoit à son siège en tribune officielle, des trombes d’eau se mettent à déferler sur la pelouse. Panique générale chez les organisateurs qui avaient pourtant promis de fermer le toit du Millenium. Mais après de longues minutes de vérification et des accusations à l’emporte-pièce sur tous les stagiaires à proximité, ils doivent se rendre à l’évidence : le toit est bel et bien fermé et personne ne sait expliquer l’origine de l’averse.

Après quinze minutes de flottement, Nigel Owens prend donc la décision de démarrer le match malgré tout. Pendant les deux heures qui suivent, la pluie ne faiblit pas un seul instant. Le match se transforme en guerre des tranchées. A partir de la trentième minute, il devient quasiment impossible de distinguer à quelle équipe appartiennent les joueurs, les maillots de ces derniers étant de toute façon couverts de trois centimètres de boue. Les joueurs sont incapables d’aligner trois passes de suite, ce qui handicape surtout les All Blacks, les Français n’ayant de toute façon pas prévu d’en faire plus de deux d’affilée. Le match est donc un enchaînement de mêlées et de chandelles ; petit jeu qui voit les Français sortir vainqueurs sur le score de 3-0 grâce à un drop de Kockott à la 79ème minute. 

 

Scénario #2 : 

Nous sommes en fin d’après-midi quand les Français s’apprêtent à quitter leur hôtel pour rejoindre le Millenium de Cardiff. C’est alors que le téléphone de la réception sonne et qu’un appel anonyme profère des menaces d’attentat contre le XV de France si ces derniers quittent l’hôtel. L’information est prise très au sérieux par les services de sécurité et les joueurs sont renvoyés dans leurs chambres. Le bus est inspecté de fond en comble et toutes les rues alentour sont bouclées. 

L’heure tourne et les services de police annoncent à la FFR qu’il sera impossible de libérer les joueurs pour 21h. De son côté, le World Rugby refuse de reporter le match, avançant les conséquences économiques désastreuses d’une telle décision à quelques heures seulement du coup d’envoi. Une dérogation est néanmoins accordée pour que la Fédération puisse envoyer 23 autres joueurs français disputer le match. Dans l’urgence, une équipe est constituée et s’envole pour le pays de Galles. Elle est intégralement composée de joueurs d’expérience, qui doivent être « mentalement prêts à partir au combat et à répondre au défi physique des Blacks », selon la consigne de la Fédération. Certains joueurs sont aussi appelés pour leur expérience de ce genre de matchs. C’est ainsi qu’Imanol Harinordoquy, David Marty et Lionel Beauxis pénètrent sur la pelouse à 20h55, le tout sous la houlette de Dimitri Yachvili qui prend place sur le banc. 

Après trois cartons rouges, 6 blessés dans le camp adverse (dont McCaw sorti sur civière après sa première rencontre avec Arnaud Méla dans un ruck) et plus de 70 minutes à faire jeu égal (NDLR : le mot jeu n’étant peut-être pas le plus adapté à la physionomie du match), les Français craquent sur le douzième offload de Sonny Bill Williams et s’inclinent 19-12.

 

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Dream Team > Dim Team

 

Scénario #3 : 

Conformément au plan élaboré quatre ans plus tôt dans le cerveau diabolique de PSA, ce samedi 17 octobre, c’est le grand soir : le soir où la France assassine officiellement le rugby, prenant son ultime revanche sur les Anglais qui avaient eu la bonne idée de l’inventer. Après une trentaine de minutes à faire des petits tas et refuser toute forme de jeu, tout le monde s’emmerde profondément. Surtout Nigel Owens qui se retrouve au milieu de tout ça et qui n’avait rien demandé. Par le biais de son oreillette, les plus hautes instances du rugby mondial se débrouillent même pour lui ordonner de prendre les décisions qu’il faudra pour relancer l’intérêt de la rencontre. L’arbitre hésite brièvement à exclure la moitié des Français pour « antijeu » afin de laisser place à une rencontre de rugby à sept. Quand une idée brillante lui traverse l’esprit…

Jamais avare d’un bon mot sur les réseaux sociaux et envisageant de se reconvertir en community manager pour un compte rugby à la fin de sa carrière (ça reste le meilleur moyen d’avoir des places gratis pour tous les matchs), Nigel Owens profite de la mi-temps pour prendre son smartphone et lancer un jeu sur Twitter. Lassé de devoir arbitrer un match aussi pénible et en plus, de se faire insulter par les supporters des deux pays qui crient chacun au complot, Nigel décide de stopper le cours du match sur chaque action litigieuse et de laisser les Twittos décider de ce qu’il doit siffler. C’est ainsi qu’à la cinquantième minute, après une deuxième mêlée écroulée par les All-Blacks sur la ligne médiane, les supporters français réussissent à obtenir un essai de pénalité.  Quelques minutes plus tard, les supporters néo-zélandais (bien aidés par toute la communauté anglaise) votent une pénalité face aux poteaux après un énième plaquage appuyé de Dusautoir. Inquiets de devoir affronter les Blacks en demie, c’est ensuite les supporters sud-africains qui aident les Bleus et permettent de faire accorder un drop à Rémi Talès, bien qu’il semblait pourtant clairement finir en touche. À quelques minutes du coup de sifflet final, les Bleus mènent d’un point et alors que Richie Mc Caw réussit à subtiliser un nouveau ballon dans un ruck, la coalition de tous les supporters de rugby (toutes sélections – sauf Néo-Zélandaise – confondues) permet d’accomplir ce qui restera comme l’un des événements les plus marquants du mondial : la sanction d’une faute et l’exclusion du capitaine All-Black pour une position de hors-jeu. Dépités par ce dernier coup dur, les Néo-Zélandais baissent les bras et encaissent même un nouvel essai de Thierry Dusautoir en fin de match. Et cette fois, sans même l’aide des supporters. 

 

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“Désolé mais les Twittos sont formels, vous êtes remplacé par David Marty”

 

Scénario #4 :

Tout au long de la semaine et malgré ce qu’ils ont pu déclarer en conférence de presse, les Bleus n’ont parlé que de ça. Pas du plan de jeu bien sûr. Ça, ça fait longtemps que tout le monde s’est résigné. Non. De la réponse à faire au Haka. Quand soudain, vendredi, alors qu’aucune idée n’a fait l’unanimité, un éclair de génie. « PICA SELFIE ». Hein ? « PICA PHOTO AVEC COPAINGS ». Quoi ? 

Après trois minutes à essayer de comprendre ce que Louis Picamoles essaie de dire, ses coéquipiers percutent (KOM PICA). Et, de l’avis de tous, c’est la meilleure idée du monde. Il est donc acté que le lendemain, au moment où les Blacks débuteront leur Haka, les Bleus se regrouperont au centre du terrain et prendront une photo tous ensemble avec le Haka en fond. Rien de tel pour démystifier la danse adverse, les déstabiliser et obtenir des likes sur Instagram. 

Mais, vent de panique dans les vestiaires quelques minutes avant d’entrer sur le terrain : personne n’a pris sa perche à selfie. Qui pour sauver les Bleus ? Renaud Lavillenie ? Il lui faudrait au moins trois jours pour arriver à Cardiff depuis Clermont. Dont deux pour quitter Clermont. « Je connais bien quelqu’un… finit par suggérer Tillous-Borde. Mais il est à Londres en ce moment. Cela dit… il est très rapide ». Aussitôt dit, aussitôt fait, un coup de fil est passé et moins de quinze minutes plus tard, Bryan Habana débarque avec un grand sourire et sa perche à selfie dans la main. 

Au moment fatidique, les Bleus mettent leur plan à exécution. Ils se regroupent et se serrent, tournent le dos aux All-Blacks qui paradent derrière et arborent tous leur plus beau sourire pour la photo. Ils profitent ensuite de la minute de pub pour la publier partout sur les réseaux sociaux. Exaspérés de s’être encore faits voler la vedette par ces putain de Frenchies, les Blacks se vengent pendant les 80 minutes suivantes. Mais peu importe, le lendemain, c’est le selfie qui fait la une de tous les journaux, pas la photo du tableau d’affichage (qui révélera pourtant les quarante points d’écart entre les deux formations). Et en 2019, lors du nouvel affrontement entre les deux équipes, tout le monde ne parlera à nouveau que de ça. « Qu’est-ce que ces diables de Français vont bien pouvoir encore inventer ? ». Et entre nous, ça arrangera bien Guy Novès qui n’aura pas du tout envie d’expliquer comment son équipe a pu perdre contre le Japon en match de poule une semaine plus tôt. 

Retour sur France – Ritalie (32-10)

 

Par Le Stagiaire

 

“… ABREUUUUUUVE NOS SILLONS TADADAM”.

 

Voilà, c’est parti. 

Quatre ans d’attente pour arriver à ce moment précis.

Quatre ans à s’infliger des performances indigentes sous prétexte du “manque de temps pour travailler avec le groupe”. 

Quatre ans à se contenter des défaites de l’ASM en finale pour égayer nos cœurs d’amateurs de rugby.

Quatre ans à devoir regarder du hand, du basket et même du foot pour trouver une occasion de vibrer pour une équipe de France.

Quatre ans ! Rendez-vous compte ! La dernière fois, François Hollande n’était pas président de la République. Pire, Nadine Morano était encore ministre ! 

 

Mais, en ce samedi 19 septembre, au moment où l’ultime note de la Marseillaise résonne dans Twickenham, tout s’évanouit. L’ennui, le dépit, la peine, le doute, la colère. La lassitude aussi. Tout ce qui a mis à rude épreuve notre foi inébranlable de supporter pendant ces quatre longues années vient d’être balayé d’un majestueux accord majeur pour laisser place à l’espoir le plus fou. Celui de voir le XV de France renaître de ses cendres et accéder, match après match, au titre suprême. 

Ce n’est pas une Marseillaise, mais LA Marseillaise. Le coup de d’envoi de notre coupe du monde à nous. Celle qu’on a attendu si longtemps et à laquelle on se raccrochait en se lamentant devant les interminables matches du vendredi soir en Top 14.

Allez, vite, qu’on en finisse ! C’est notre heure !

 

Mais avant cela… une petite page de pub. 

 

Et oui, quatre ans après, TF1 est au rendez-vous lui aussi. 

Vous jurez contre votre télé, beuglant que vous n’en avez pas grand chose à foutre du dernier rasoir huit lames de Gillette. Une phrase probablement prononcée trop vite, tant vous allez regretter de ne pas en avoir un à portée de main quand vous aurez passé deux heures à supporter les commentaires de Christian Jeanpierre.

 

Les compositions :

 

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Côté français, pas de surprise, Ouin Ouin a aligné l’équipe type. Du moins la sienne. On a beau vérifier plusieurs fois, tous les joueurs semblent être alignés à leur poste, ce qui peut surprendre les personnes qui ont un peu suivi le XV de France depuis 2011. Pas les autres par contre, qui sont trop occupés à chercher Sébastien Chabal sur la feuille de match. 

Côté italien, Jacques Brunel fait preuve d’une audace à toute épreuve. Déjà, il n’a pas déclaré forfait lorsqu’il a appris le forfait de Sergio Parisse. Ensuite, il a réussi à aligner 14 joueurs de rugby ayant la nationalité italienne. Enfin : Luke McClean.

 

Le film du match : 

Pour ce premier match, les Bleus jouent en rouge, ce qui intrigue Monique, habitante du Vaucluse qui confesse sur sa page Facebook y voir le signe “du pouvoir coco-socialope en place” et du lobby “israélo-islamiste” appuyés (dans le désordre) par les gays, les francs-maçons, Mourad Boudjellal et Rory Kockott. 

Que Monique se rassure, en ce début de match, la seule innovation du XV de France estampillé “Coupe du monde 2015” est bien de l’ordre du vestimentaire. À côté de ça, rien de neuf. Surtout pas Sébastien Tillous-Borde et son physique de troisième ligne qui aurait vu sa croissance stoppée à 13 ans à cause de l’ingestion massive de compléments alimentaires. 

 

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Sébastien Tillous Borde à six ans

 

Après une ou deux chandelles, les Bleus obtiennent une pénalité. Michalak tape LE POTEAU ce qui est toujours amusant mais ne rapporte pas beaucoup de points. D’ailleurs le jour où la capacité à être drôle sur le terrain rapportera des points, nul doute que le CAB sera champion de France, d’Europe, et peut-être même champion du Monde. 

En parlant d’humour, notons que Noa Nakaitaci, derrière sa discrétion apparente, se révèle un sacré boute-en-train. La preuve avec cette action à la 10ème minute où, bien aidé par la French Chatte®, l’ailier clermontois hérite du ballon à quelques mètres de la ligne. Malheureusement, alors qu’il plonge dans l’en but pour aplatir, il l’échappe et commet un en-avant. Dans un premier temps accordé, la diffusion sur l’écran géant du ralenti va contraindre l’arbitre à revenir sur sa décision. 

Le plus grand déçu dans l’histoire est sans doute Michalak, qui était déjà prêt à dégommer un nouveau poteau lors de la transformation. Une aversion de l’ouvreur français envers les montants de Twickenham difficilement explicable, à moins qu’ils n’aient tenté de lui piquer sa meuf par le passé. En effet, rappelez-vous que c’est de ce même en-but qu’est tombé amoureux Clément Poitrenaud en 2004, lui faisant par la même occasion oublier d’aplatir le ballon qui y trainait. Coïncidence ?

Toujours est-il que beaucoup, comme la veille lors du match contre les Fidji, se sont indignés du “pouvoir” du réalisateur anglais qui peut diffuser ce qu’il souhaite (ou pas) sur l’écran géant pour influencer l’arbitre et le faire potentiellement revenir sur ses décisions. Félicitons-nous donc qu’il n’ait pas eu d’autres occasions de le faire pendant le match, les rumeurs disant qu’il avait préparé une compil’ des chansons de Christophe Maé pour retourner l’arbitre contre nous. 

Toujours aussi peu créatif et inspiré à la main, le XV de France s’en remet donc à la botte de Frédéric Michalak qui, malgré ses deux poteaux, passe tout de même six points au pied lors des 20 premières minutes. En face, Allan, l’ouvreur italien n’est pas beaucoup plus en réussite et il faut attendre la demi-heure de jeu pour que l’Italie ouvre son compteur de points dans la compétition. Une performance qui a probablement amené Jacques Brunel à se demander “Allan, t’es où ?”. 

 

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“Refais cette blague pour voir ?”

 

Pas grand chose d’autre à se mettre sous la dent lors de la fin des quarante premières minutes, si ce n’est une attaque charge de PICA sur Castrogiovanni. “C’est très efficace !” comme dirait l’autre. PICA qui fait également une attaque “STRATÈGE” quelques minutes plus tard avec un beau jeu au pied qui manque de permettre à l’équipe de France d’inscrire son premier essai. Pendant ce temps, Spedding passe une pénalité depuis l’Afrique du Sud et Michalak rajoute trois points à son tour. Côté italien, le niveau de créativité est proche d’un album de Laura Pausini et on sent bien que, même en rappelant Diego Dominguez, l’Italie serait aussi inoffensive qu’un amateur de tofu.

C’est après la reprise que le XV de France réussit à mettre un peu plus de rythme. Grâce à un subtil jeu au pied rasant de Michalak, Slimani se jette dans l’en-but et est le plus prompt à aplatir. Ça vous donne une idée de la réactivité de la Squadra Azzurra et de la qualité de la couverture défensive de Luke McClean. 

Grâce à cet essai, les Bleus ont une avance confortable (25-3) et se permettent de se relâcher un peu. Les Italiens en profitent et inscrivent un essai qui leur permet de revenir à 25-10. Il reste trente minutes à jouer et chez 90% des supporters français, cette même interrogation… 

“Non… quand même… 30 minutes, 15 points d’écart. Contre l’Italie… On va quand même pas se mettre à flipper… Si ?”. 

Fort heureusement, les minutes suivantes s’écoulent et aucun sursaut d’orgueil particulier n’est perceptible chez les Transalpins. Les Italiens ne mettent pas en difficulté les Français qui semblent gérer le match, pas complètement sereins mais de toute évidence habitués à ces rencontres pénibles et laborieuses. S’il y a bien une chose que l’on peut reconnaître à PSA, c’est qu’il nous a tellement habitués aux matches de merde que les joueurs sont immunisés contre les crises de panique et les faillites collectives que l’on a pu connaître par le passé. On sait se contenter de peu et gérer un match chiant en nous efforçant de ne surtout pas le rendre plus ouvert et risquer d’en prendre le contrôle. Une force qui pourrait bien nous servir lors de la suite de la compétition, quand il faudra gagner des matches de phases finales sur le score de 6 à 3. 

Le moment fort de la rencontre a lieu à la 55ème minute lorsque Yoann Huget s’écroule tout seul à l’approche d’un adversaire. On pense d’abord à la peur de se faire découper, mais l’adversaire en question est Luke McClean. Pas crédible. Une nouvelle simulation ? Impossible, Bubulle a appris de ses erreurs et même Morgan Parra dans la pub St Yorre est meilleur acteur. Reste donc la dernière possibilité : la blessure. On comprend vite que c’est bien cela et admettons-le, on a un peu envie de pleurer. Ambassadeur de la French Chatte, aussi agaçant qu’attachant, on a de la peine pour l’ailier qui grimace sur la pelouse. Ni le réconfort de Yoann Maestri, ni le PICALIN ne semblent apaiser sa douleur. C’est malheureusement bien la première fois du match que le troisième ligne centre n’est pas efficace.

 

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Yoann Huget après avoir lu son portrait presque élogieux sur la Boucherie 

 

La suite de la rencontre est très décousue et on sent les Bleus un peu perturbés par la blessure du Toulousain. Ultime fait de jeu marquant, un essai de Nicolas Mas LE CATALAN qui, contrairement à Guilhem Guirado (tout aussi CATALAN) connaît la règle qui permet d’aplatir au pied du poteau. Le Bus inscrit ainsi son premier essai avec l’équipe de France (après 81 sélection) et, lui l’homme de l’ombre, tient enfin sa revanche sur le destin en profitant d’un peu de lumière. Un peu comme ce jour où le gros de la cour de récré que personne ne veut prendre dans son équipe de foot finit par marquer le but de la victoire (souvent de manière involontaire). 

Le match se termine dix minutes plus tard sur le score 32 à 10 et tout le monde souffle. Les Français sont passés à côté du “piège italien”. Un piège qui, compte tenu de l’absence de Parisse et de leur niveau, était à peu près aussi grossier qu’un sketch de Jean-Marie Bigard. Mais tout de même. Les Bleus ont donc maintenant deux matches très faciles pour préparer celui face à l’Irlande. Une rencontre qui aura des airs de “huitième de finale”. Oui, c’est insupportable comme expression mais il va falloir vous y habituer, vous n’allez pas arrêter de l’entendre. 

 

Les joueurs : 

Efficaces et solides en mêlée, la première ligne française a été une nouvelle fois très rassurante. Mention à l’activité de Ben Arous mais aussi aux essais de Slimani et Mas. Attention à ne pas trop en faire tout de même, PSA serait capable de les faire glisser à l’aile, et il y a déjà Debaty. 

 

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C’est quoi tous ces piliers qui marquent des essais ? Attends, t’as de la fièvre ?

 

Gros match également de Dusautoir, très actif en défense et de PICA qui a emporté tout sur son passage, avec la finesse qu’on lui connaît et sa célèbre technique du COUDANTAGUEULE. Un jour il va même assommer l’arbitre parce qu’il sera sur son chemin et on sera bien emmerdés. J’attends les photos de Chouly pour émettre un avis sur son match, mais puisqu’il paraît qu’il était sur le terrain, on est en droit d’espérer qu’elles sont de bonne qualité.

Du côté de la charnière Sébastien Tillous-Borde a été assez décevant et peu en vu dans l’animation offensive. On ne lui demande pas d’être Aaron Smith ou Byron Kelleher mais s’il pouvait peser un peu plus sur le jeu ça ne nous ferait pas de mal. Reconnaissons tout de même que le demi de mêlée protéiné reste la meilleur chose que vous pourriez manger au petit déjeuner, notamment grâce à son apport élevé en omega 3 et en minéraux. Une information qui n’a rien à voir avec le rugby, à part si vous êtes Uruguayen. Michalak pour sa part a été d’un classicisme déprimant. Sobre et efficace certes… Mais quel gâchis de le voir évoluer dans un registre aussi restrictif. Aucune folie, aucune prise d’initiative. La dernière chose un peu folle qu’il ait tentée, c’est de labourer un champ chez les Lolos Noirs. Un crève-cœur quand on connaît ses qualités et ce qu’il pourrait apporter dans le jeu des Bleus. Quitte à renoncer à la moindre tentative de jeu, autant mettre Talès, au moins on sait à quoi s’attendre.

 

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“Imagine que c’est la tête de Lagisquet sur le poteau…”

 

Au centre, Dumoulin ne va pas assez vite et n’arrive toujours pas à s’affirmer à ce niveau malgré des choses prometteuses entrevues au Racing. À ses côtés Bastarocket a été fidèle à lui même. On l’a envoyé au charbon et il a toujours un peu avancé. On ne perd pas espoir qu’il soit un jour utilisé en leurre pour créer des espaces à exploiter derrière lui (la seule fois où on l’a fait récemment on a marqué un essai en première main d’ailleurs) mais cela impliquerait d’avoir des combinaisons derrière et de toute évidence, c’est trop demander à Patrice Lagisquet. 

Enfin concernant le trio derrière : Huget avait été peu en vue jusqu’à sa blessure alors que Nakaitaci s’était montré aussi tranchant que maladroit. Dommage. Enfin Scott Spedding, porté par le feu incandescent de son amour pour la France, s’est montré volontaire et impliqué. Le genre de mec qui était super content quand il y avait un contrôle surprise au collège parce qu’il avait à chaque fois révisé.

Adoptez la #FrenChattitude !

Par Le Stagiaire,

 

La coupe du Monde approche. Malgré les mauvais résultats, tel un naïf supporter clermontois se rendant Place de Jaude un soir de finale, vous vous apprêtez à supporter le XV de France devant votre télé, à porter son maillot et peut-être même vous peindre la gueule en bleu-blanc-rouge. 

Certains pousseront jusqu’à se rendre en Angleterre, pour a minima dignement représenter « ces cons de français » auprès des nations du monde entier. Un mois et demi d’effervescence, d’enthousiasme, de moments de stress, de bonheur et d’espérance. Les médias vous parleront d’unité nationale, de valeurs du rugby® et bien sûr… de French Flair. 

Bref, que des trucs qui n’existent pas. D’ailleurs, les supporters le savent, ce ne sont ni le soutien du grand public (à part si les Bleus vont en finale, personne n’en aura rien à foutre), ni la solidarité, ni des essais de 100 mètres qui nous permettront de remporter la coupe du Monde. Notre seule chance, c’est… LA FRENCH CHATTE. 

C’est ce talent bien français qu’il faut fièrement exhiber aux yeux de la planète. Quel autre pays peut se vanter de posséder une telle arme (si ce n’est pas carrément un geste technique, voire un plan de jeu) ? Oubliez les hashtags #SoutienLeXV, #AllBleus, les selfies et toutes les autres choses à la con que tenteront de vous faire faire des marketeurs pendant la compétition, en vous persuadant que c’est le signe de ralliement ultime de tous les supporters du XV de France. Tout ça ne leur servira qu’à vendre plus de livres, de forfaits de téléphone ou des assurances.

C’est pourquoi la Boucherie propose à l’ensemble des Français de se retrouver derrière une action désintéressée et symboliquement beaucoup plus pertinente. Plus qu’un hashtag, plus qu’un simple geste, nous vous proposons d’adopter… LA FRENCH CHATTE ATTITUDE !

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Master of the French Chatte

 

La consigne est simple : à chaque fois que vous vous prenez en photo pour supporter les Bleus (devant votre télé, devant un stade, dans un bar ou dans votre salle de bain pour draguer Isabelle Ithurburu), adoptez la pose de la #FrenChattitude.

Mais cette pose, késseussé ?

C’est très simple, d’ailleurs Uini Atonio lui même est capable de la reproduire. La preuve en image : il suffit de joindre ses mains en losange devant son pubis et de prendre le regard assuré du mec qui sait qu’il aura le rebond favorable à tous les coups. 

 

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#FrenChattitude

 

Voilà, c’est tout.

On compte sur vous pour inonder les réseaux sociaux de photos où vous adoptez cette pose, et dans quelques mois, quand Yoann Huget marquera l’essai de la victoire en finale de la coupe du Monde après un rebond favorable à la 80ème, il est probable qu’il fasse lui même le geste pour le célébrer.

Parce que tout est possible quand on part du principe que Yoann Huget va marquer un essai. En finale de la coupe du Monde. Avec le maillot de l’équipe de France. Sous les ordres de Philippe Saint André. 

De toute façon si on y croit pas, personne ne voudra le faire pour nous. Alors à vous de jouer. 

 

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Brice Dulin tente, encore un peu timidement, d’adopter la #FrenChattitude

 

Rencontre un boucher près de chez toi

Tu n’as pas encore acheté le #MeilleurLivreDuMonde car tu ne l’as trouvé nulle part (et tu es donc probablement un peu con) ?

Tu l’as déjà acheté, tu te dis que c’est VRAIMENT le #MeilleurLivreDuMonde et tu veux rencontrer les cerveaux malades qui ont osé écrire ça ? 

Tu l’as déjà acheté et, flairant le bon plan, tu comptes le revendre deux fois plus cher sur Le Bon Coin après avoir réussi à choper une dédicace des auteurs ?

Tu as une vie de merde et tu n’as rien de mieux à faire un samedi soir à part de la MUSCUUUUU ?

Dans tous les cas, tu es le bienvenu lors des deux soirées organisées par la Boucherie Ovalie au mois de septembre.

La première aura lieu à Toulouse, le 12 septembre. Le rendez-vous a lieu au bar Le Ministère à partir de 18h. Nous aurons quelques exemplaires du livre à vendre, mais si tu ne veux pas te retrouver les mains vides comme un con, on te conseille vivement de te pointer en avance ou avec ton livre déjà acheté. 

La seconde aura lieu à Paris, le 16 septembre, dans la librairie “Le Monte En L’Air” dans le XXème, entre 18h30 et 21h30 (avec possibilité d’un after dans un bar pas loin selon l’ambiance).

 

Et oui, pour le plus grand bonheur de Richard Escot et Guilhem Guirado, les Bouchers (Ovale Masqué, Le Stagiaire, Damien Try, L’Affreux, Pastigo, Capitaine A’Men’Donne, Ketchup Mayol, Gregory Le Mormeck, Marinette, Copareos, etc) sortent enfin de derrière leurs écrans® !

Viens nous voir et tu pourras :
– boire des coups avec nous
– nous demander de salir une page de ton livre avec notre écriture infantile
– chanter “Imanol Notre Idole”

 

Alors n’hésite plus, réserve ta soirée et si en attendant tu as des questions, tu peux les poser : 

– Par mail : redaction@boucherie-ovalie.com

Sur l’événement Facebook de la soirée de Toulouse. 

Sur l’événement Facebook de la soirée de Paris.

 

PS : Il n’y a pas d’événements prévus dans d’autres villes pour l’instant, principalement parce qu’on est trop pauvres pour se balader partout en France toutes les semaines et que soyons lucides, on est pas non plus les Rolling Stones. Désolé pour les personnes qui vivent à Oyonnax et qui espéraient nous voir. (On déconne, on sait bien que personne n’habite à Oyonnax à part des ours et Sylvère Tian).

 


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[Portrait] Florian Fritz

Par Le Stagiaire

 

On ne sait pas grand chose de l’enfance de Florian Fritz. À l’image de ses prises de paroles publiques, les informations se font rares à son sujet. Sa page Wikipédia n’indique pas grand chose de plus que sa date de naissance (1984) et  ‒ à part compiler l’ensemble des informations de Rugbyrama pour en déduire l’inverse ‒ il est difficile de reconstituer le chemin du trois-quarts centre du Stade Toulousain. Mais, en nous basant sur des faits plus ou moins avérés, des rumeurs, des légendes et des suppositions douteuses, voici ce qui pourrait être une reconstitution crédible de sa trentaine de premiers printemps.

Son histoire débute dans l’Yonne, à Sens (parce qu’il fallait bien en donner à son histoire), un jour de janvier où le froid glacial ne laisse s’évader dans la nuit que les plus téméraires. Et les habitants d’Oyonnax qui, pour leur part, trouvent « que ça tape un peu aujourd’hui » et hésitent à remettre une couche de crème solaire. 

Madame Fritz, dans un ultime effort et sous les encouragements de l’infirmière de garde, met au monde un beau bébé d’environ 4 kilos. Alors que les derniers râles d’une jeune mère exténuée sont souvent couverts par les premiers cris du nourrisson, Madame Fritz doit se contenter d’un silence pesant. Un silence comme seul un supporter du Racing Métro saurait l’apprécier. Un peu surprise, l’infirmière constate avec soulagement que malgré son mutisme, le nouveau-né est en parfaite santé. Un peu mal à l’aise devant le regard noir de l’enfant qui la dévisage, elle le confie aux bras aimants de sa mère dans lesquels il finit par se décontracter. Pour les années à venir, le jeune Florian sera à l’image de cette nuit : froid, courageux, peu bavard mais fidèle à ceux qu’il aime. 

 
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Florian Fritz, à 12 ans et avant d’avoir commencé la MUSCUUU (à peu près)

 

Son caractère difficile ne facilite hélas pas toujours son intégration. Il est tout d’abord renvoyé de sa crèche pour avoir ouvert l’arcade d’un autre enfant avec son hochet. Son père plaide l’accident mais les trois autres traces d’impacts repérées dans la même zone laissent peu de place aux doutes. Ce sont ensuite deux écoles primaires qui demandent successivement son transfert. La première fois après qu’il a lâché ‒ un poil trop fort ‒  un « Mais qu’est ce qu’il siffle cet enculé ? » au surveillant chargé de signaler la fin de la récréation. 

La seconde fois, on lui reproche d’avoir enterré vivant dans le bac à sable un de ses petits camarades qui lui demandait de l’aide pour gagner sa partie de cache-cache. Ce qui n’était aux yeux de Florian qu’un geste d’entraide (qui permit d’ailleurs à son nouvel ami de remporter sa partie) se retourne finalement contre lui. Conséquences habituelles : punition, réprimande et sentiment d’injustice pour le jeune Florian qui s’enferme encore un peu plus dans sa solitude.

 

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LA BAGARRE

 

L’été avant son passage en sixième, c’est avec ses parents qu’une fracture se crée, alors qu’il oublie une nouvelle fois son Passeport, le cahier de vacances censé l’accompagner pour les deux prochains mois. Ces derniers, désabusés, ne trouvent rien de mieux à faire que de solliciter le célèbre psychologue Marcel Rafu. Le début d’un long calvaire qui va les éloigner petit à petit de leur fils bien aimé. 

C’est après un nouvel incident en sport au collège (où il passe sous le filet de volley pour mettre une gifle à un adversaire qui l’avait contré) que Florian décide de fuguer pour aller vivre en autonomie, loin de la civilisation qui refuse de l’accepter. Pendant plusieurs années, il vit reclus dans la forêt, à l’abri des regards, du jugement des autres et de leurs conversations ennuyeuses. En chassant les lapins, il travaille son agilité. En abattant des arbres, il gagne de la force. En bravant ses peurs, il devient plus courageux encore. Et en étant seul pendant de longs mois, il finit évidemment par se faire chier.

C’est au détour d’un bout de terrain dans l’Isère qu’il va observer, tapis dans l’ombre d’un buisson, son premier entraînement de rugby. Au loin : Laurent Leflamand, Olivier Milloud, Stéphane Glas, Pierre Raschi, ou encore Marc Cécillon foulent la pelouse et s’appliquent à répéter leurs gammes. Durant de longues semaines, Florian les observe, bien caché à proximité du terrain. Après avoir réussi à voler un ballon, il se met même à jouer tout seul sur le pré, une fois le soleil couché et les joueurs rentrés chez eux.. Selon la légende, c’est durant ces longues nuits qu’il va prendre la mauvaise habitude de ne pas faire de passe (en même temps quand tu joues tout seul faut être très habile ou très con). C’est d’ailleurs aussi pendant cette période qu’il s’entraîne à taper des drops, persuadé de les mettre avec une aisance déconcertante mais sans pouvoir le confirmer puisqu’il fait nuit noire. Il en résultera quelques années plus tard son goût inaltérable pour ce type de jeu au pied et sa précision douteuse dans l’exercice.  

 

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“Je vais bien ! C’est pas mon sang.”

 

Pour Florian, tout va basculer un matin, alors que le groupe du CSBJ entame un footing dans le bois dans lequel il a trouvé refuge. Il est débusqué par deux joueurs qui s’étaient discrètement éclipsés dans un coin tranquille (pour des raisons que nous ignorons évidemment). Main dans la main, Sébastien Chabal et Lionel Nallet sont on ne peut plus étonnés de trouver face à eux ce jeune sauvage, à demi nu et lui-même effrayé d’avoir été démasqué. Après un moment de flottement, les deux joueurs tentent de le rassurer et essayent d’en savoir plus. Ils n’obtiendront pas grand chose, le jeune garçon préférant leur foncer dedans avant de s’enfuir. Têtus, c’est le moins qu’on puisse dire, les deux gaillards décident de revenir les jours suivants pour tenter leur chance à nouveau.  

Le temps aidant, une relation de confiance se crée finalement entre les trois hommes et les deux joueurs, d’un commun accord et dans la discrétion la plus totale, décident de l’accueillir au sein de leur famille. Enfin… au sein de leur collocation. Ce sont eux qui le poussent à se mettre au rugby et à signer au CS Bourgoin Jallieu quelques années plus tard. Il passe très rapidement professionnel, et après deux années réussies, signe à Toulouse, qui compte sur lui pour faire oublier le départ de celui qui n’était rien de moins que son idole : Cédric Debrosse (bon sur ce point on est vraiment pas sûr).  

 

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Sébastien Chabal et Lionel Nallet avec leur deuxième enfant

 

Malgré la surexposition médiatique du club, Florian continue à évoluer dans une discrétion maximale. Marqué par des années de solitude, son rapport aux autres est toujours aussi compliqué. Il n’ose pas faire de passes à ses coéquipiers de peur de se faire renvoyer et résiste difficilement à l’envie de frapper ses adversaires. Malgré tout, à force de patience et de pédagogie, son grand père spirituel Guy Novès le fait progresser dans tous les domaines. Il signe des performances remarquables qui lui ouvrent ainsi les portes de l’équipe de France.  

Mais blessures et problèmes de comportement récurrents l’en éloignent aussitôt (à l’époque du « PAS DE FAUTES » de Bernard Laporte, ses sautes d’humeur sur le terrain agacent un peu le sélectionneur). Avec l’arrivée de Marc Lièvremont, c’est son attitude extra-sportive qui est pointée du doigt. Toujours dans le but de se sociabiliser, le centre toulousain a en effet pour habitude d’utiliser les effets secondaires de l’alcool, qui le rendent beaucoup plus ouvert et plus bavard. Mais aussi beaucoup plus imprévisible. Et l’imprévu tourne rarement en sa faveur. On lui reproche ainsi rapidement de nombreuses bagarres avec des coéquipiers, des inimitiés problématiques avec certains personnages haut-placés mais aussi toujours des satanés problèmes d’oublis de passeport. Bref, Florian n’est pas assez professionnel, Florian n’est pas assez fiable, Florian n’est pas assez discipliné. Et même si Florian enchaîne les bonnes performances avec son club, David Marty lui est préféré chez les Bleus. Et ça ne contribue évidemment pas à le calmer (en même temps ça doit être énervant on peut le comprendre).  

Florian Fritz réalise une de ses meilleures saisons (d’un point de vue statistique) en 2011-2012, prouvant qu’il est (comme tous les médias nous l’annonçaient) enfin arrivé « à maturité ». Il accumule 5 cartons jaunes en championnat et se distingue lors d’un match de H-Cup chez les London Wasps où il récolte un carton rouge pour un plaquage cathédrale. Et puisqu’il n’est pas du genre à faire les choses à moitié, il signe une superbe sortie théâtrale parachevée par un doigt d’honneur adressé au public anglais en train de le huer (ce qui n’est pas très «  rougby  », reconnaissons-le). L’ERC le sanctionne de 3 semaines de suspension et d’une amende de 15 000 euros. Juste pour un doigt ! Autant vous dire que si Byron Kelleher avait été sanctionné au même tarif pour les doigts qu’il a pu laisser traîner, il serait actuellement plus endetté que la Grèce et l’Espagne réunies.  

 

 

Toutes ces mésaventures font donc de Florian Fritz un garçon à la fois craint et respecté, mystérieux et attachant. Imprévisible, impétueux, il est parfaitement complémentaire avec les autres trois-quarts beaucoup plus lisses (comme leur peau) du Stade Toulousain. Et alors qu’il ne lui reste probablement que quelques saisons avant la quille, tâchons de profiter des derniers coups (d’éclat) du soldat Fritz. La retraite arrive toujours vite pour ces derniers. Mais s’il y en a un qui aura bien mérité la sienne, c’est sans aucun doute lui.

 

[RAPPEL] Si vous voulez découvrir d’autres portraits de rugbymen (Parisse, Dusautoir, Hernandez, Farrell, Botha, etc), il y en a plein dans le #MeilleurLivreDuMonde, disponible dès aujourd’hui en librairie ou en commande sur Internet. Et en plus ils sont joliment mis en page et bien illustrés.

 

French Chatte Academy : Épisode #1

Par Le Stagiaire, après une introduction (OUI NEUF) de Damien Try,  

 

Tout d’abord, il y eu Loft Story : des inconnus qui ne faisaient rien pour rester dans un groupe. Ensuite, il y eu Star Academy : des inconnus qui chantaient pour rester devant un groupe. 

Puis il y eu The Voice : des inconnus qui chantaient devant des stars pour rester dans un groupe. Après, les Anges de la Télé-Réalité : des fausses stars qui ne faisaient rien pour rester dans un groupe. 

Enfin, Danse avec les Stars : des stars qui dansaient pour rester dans un groupe. 

Et maintenant, la Boucherie Ovalie, en partenariat avec la FFR, est fière de vous présenter la French Chatte Academy : des stars du Top 14 qui font des trucs pour rester dans un groupe.

La sélection s’annonce sans pitié, en voici les règles : un groupe de 36 plus Jules Plisson (moins Jules Plisson) au départ… et il ne peut en rester que 31 ! 

Les académiciens devront donc redoubler d’efforts pendant le mois de préparation. Au menu : MUSCUUUU, VTT, randonnée, via ferrata et stages commando. Ah et rugby aussi. Au bout du bout et après le prime contre l’Angleterre, le jury décidera qui reste dans le groupe, et qui doit en sortir !

La Boucherie Ovalie (avec la complicité de l’ensemble des journalistes sportifs à l’affut de la moindre brève) va donc vous faire vivre avec le groupe cette formidable aventure humaine ! Tout de suite, le premier résumé de la semaine de nos starlettes, agrémenté des incontournables passages au « confessionnal ».

 

Lundi : 

Arrivée de l’ensemble du groupe à Tignes pour la première semaine d’aventure. Si les sourires fendent les visages et si le mot d’ordre est à la joie et la bonne humeur, nos académiciens savent qu’ils s’apprêtent à endurer des souffrances multiples et variées. Telle est la loi de la French Chatte Academy. Les plus anciens n’hésitent pas à mettre en garde ceux dont c’est la première saison. 

 

Nicolas Mas : « Je sais que ça va être dur. J’ai déjà connu ça par le passé. Ce n’est pas ma première French Chatte Academy. La sueur, le sang, les larmes à la fin, il faut les endurer. C’est ce que j’essayais d’expliquer à Brice ce matin. Je voulais juste témoigner, transmettre, le préparer psychologiquement. Je ne pouvais pas deviner qu’il allait se mettre à pleurer ! ».

Pascal Papé : « Le début de l’aventure est toujours excitant. Il y a beaucoup d’attentes et d’enthousiasme. Je regrette juste que mes propositions d’amélioration après la French Chatte Academy de 2011 n’aient pas été considérées. Je persiste à croire qu’une sélection « naturelle », avec une épreuve de BAGARRE pendant le prime serait une méthode de sélection plus juste et efficace que la sélection par jury »

Scott Spedding : « Je souis wavi d’être ici. La Fwance, quel beau paîsse. Magnifique paysage and wonderful cadwe de travail. C’est une honneur de souffrir pour oune telle nation. Can’t wait. Vive la Fwance. »  

 

Mardi :

Dès mardi, le groupe se met au travail avec une première session de wattbike, le seul vélo que le staff ait trouvé pour ne pas avoir à attendre Matthieu Bastareaud en permanence. Petite révolution cette année, les joueurs ne pédaleront pas dans le vide, mais pour la bonne cause ! En effet, toute l’énergie accumulée lors des sessions de travail sera directement fournie sous forme d’électricité à la ville de Castres. 

 

Louis Picamoles : « PICA MUSCUUU. PICA MAL AUX JAMBES. PICA APPUYER FORT MAIS PAS AVANCER. PICA PAS COMPRENDRE. PICA PRÉFÈRE HALTÈRES »

Rémi Lamerat : « Je trouve que c’est une super idée de souffrir pour la bonne cause. Et un beau geste pour tous les Castrais. Personne ne peut imaginer à quel point il est frustrant de commencer une partie de Rugby 15 et voir le jeu planter à la soixantième à cause d’une coupure d’électricité. Impossible de finir un match… C’est terrible ! Demandez à Vincent Debaty ! » 

 

Le soir, après une première journée pénible et rude pour les organismes, les joueurs se retrouvent autour d’un heureux événement : l’anniversaire de Fulgence Ouedraogo. L’occasion de faire un peu la fête et resserrer les liens du groupe.

 

François Trinh-Duc : « Fufu je l’adore, c’est mon pote, mon copain, mon bro’, mon frérot, mon wingman, mon acolyte, mon frère de cœur. C’est génial ce qui lui arrive. Putain je le kiff c’est énorme, complètement ouf. Gue-din. J’adore. »

Fulgence Ouedraogo : « Les gars se sont cotisés pour m’offrir de super-cadeaux : 80 euros de bon d’achat chez Eden Park pour me racheter une paire de chaussettes et deux places pour France-Irlande en septembre. Bernard a dit un truc en afrikaners au moment de me l’offrir. Scott m’a dit que ça voulait dire « Joyeux anniversaire » mais il avait l’air un peu gêné au moment de traduire, je sais pas trop si je dois le croire. Enfin peu importe, je vais les offrir à ma famille, ça leur fera plaisir. Et puis au moins ils ont eu la décence de pas m’offrir des places en virage. »

 

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Mercredi :

La journée du mercredi est une nouvelle fois placée sous le signe du travail physique, avec au programme l’ascension de l’Alpe d’Huez. Escalade, vélo, course, les Académiciens n’ont encore une fois pas lésiné sur les efforts pour se démarquer.

 

Sébastien Tillous-Borde : « Le plus dur, c’était l’escalade. En plus, juste au dessus de moi, Morgan s’amusait à donner des coups de pied dans la paroi pour faire tomber des cailloux. J’en suis sorti indemne mais Thierry, un peu plus bas, en a pris un sur la tête. Heureusement qu’il avait son casque de rugby, comme d’habitude. »   

Morgan Parra : « Certains m’ont accusé d’avoir été trop loin avec Sébastien lors de l’escalade. Mais c’est ça la French Chatte : avoir les rebonds favorables. Excusez moi d’avoir voulu le tester un peu. Monsieur est double champion d’Europe, je suppose qu’il n’a rien à craindre, il est censé être largement au dessus des autres non ? Et puis Rory qui fait son malin sur son vélo là, il s’est pris pour qui ? La Coupe du monde de rugby se dispute pas à vélo, hein. S’il aime tant ça, qu’il postule en équipe sud-africaine de cyclisme sur route, il fera les JO. Et s’il a pas le niveau, il pourra toujours se rabattre sur l’Équipe de France… » 

Philippe Saint-André : « Le groupe vit bien. Enfin je crois. C’est moi qui suis censé répondre à ce genre de questions ? Vous êtes sûrs ? Bon, vous m’emmerdez, demandez à Serge.»

 

Jeudi : 

Journée de repos et quartier libre au programme pour les Académiciens. Seules contraintes, récupération avec baignade dans un lac gelé et une séance de dédicace prévue en fin d’après midi.

 

Yannick Nyanga : « Je vous jure qu’à la base j’avais prévu de partir avec Dimitri et Gaël me balader. Mais au moment de partir j’ai reçu une notification sur mon téléphone pour une offre imbattable sur Ventes-Privées. Un camion de déménagement Toulouse-Paris à moins de 50 euros fin août. C’est pas que j’ai pas confiance en mes chances, c’est juste que je me voyais pas rater une telle opportunité ». 

Sébastien Vahaamahina : « Ça fait chaud au coeur de partager un moment avec nos supporters. Ici, tout le monde n’est pas forcément fan de rugby mais les maillots attirent les regards et beaucoup de gens nous interpellent. Ça donne quelques situations cocasses. Vous n’imaginez pas combien de personne m’ont confondu avec Romain Taofifenua aujourd’hui (rires).”  

Wesley Fofana : « Ah oui, Romain, enfin… Sébastien… J’étais assis à côté de lui pendant la séance de dédicaces. C’était un peu gênant mais il avait l’air de prendre ça à la rigolade. Tant mieux. Ne lui dites pas mais quand on tape son nom sur Google, la première chose qu’on lit c’est « Essayez avec cette orthographe : Romain Taofifenua », c’est chaud. »

 

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Vendredi : 

Vendredi, reprise des activités physiques mais de manière plus ludique pour les Académiciens. Répartis en équipe, ils doivent surmonter un certain nombre d’épreuves, individuelles et par équipe.

 

Yannick Bru : « L’épreuve où chaque joueur est confronté à sa phobie était très drôle pour nous, qui ne sommes que de simples observateurs. Vous auriez vu la tête de Bernard quand il s’est retrouvé face à un ballon. Et celle de Fofana quand il a dû faire une passe… Fou rire de toute l’équipe. C’est clairement ce qu’on recherche dans ces stages de cohésion et je suis content que le contrat soit rempli. Mon seul regret, c’est pour l’épreuve de Dimitri. On a peut-être été trop loin. Enfin… il s’en remettra, c’est un grand garçon. Et puis à titre très perso, je vous cache pas que ça m’a fait plaisir de revoir William. »

Rabah Slimani : « L’épreuve des poteaux ? Un grand moment. Mais c’était un peu joué d’avance, la Huge est imbattable dans le rôle du mec qui reste debout sans bouger pendant des heures. Bon par contre moi je l’avais dans mon équipe pour la course de relai qui a suivi, il a failli nous faire perdre avec sa manie de courir en travers. Je vous explique pas le temps qu’on a perdu. » 

Morgan Parra : « Rory a construit un radeau quasiment tout seul et en partant de quasiment rien ? « Et alors ? », j’ai envie de vous dire. Ça va nous servir à quoi de savoir faire ça en Angleterre ? À part rentrer en France quand on se sera fait sortir en poule et que la Fédé refusera de nous payer nos billets de retour ? » 

 

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Samedi : 

Après une matinée de wattbike, les Académiciens ont pu se reposer un peu en regardant le choc au sommet entre les Sud-Africains et les All-Blacks. 

 

Brice Dulin : « Pfff, je suis dégouté, j’ai pas pu voir le match, j’avais pas fini de faire mon Passeport, Patrice a rien voulu savoir. L’exo de maths était beaucoup trop dur en plus, c’est n’importe quoi. J’ai jamais vu ça en cinquième moi, c’est nul. J’en ai marre de l’école, je veux faire du rugby moi ! » 

Philippe Saint-André : « Les Sud-Africains ne sont pas loin du très très haut niveau. Ça s’est joué à pas gr… Pardon les gars, vous pouvez dire à Rory de lâcher son drapeau et d’arrêter de gueuler en afrikaners, je m’entends plus parler là ! Il va s’en remettre. » 

Mathieu Bastareaud : « C’était un beau match, ça va vite. On sait à quoi s’attendre dans quelques semaines. Je suis juste un peu déçu d’avoir raté le début. Putain de wattbike, j’arrivais pas à descendre. Ah, et une petite bière pour pouvoir profiter pleinement aurait pas été de trop non plus. » 

 

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Dimanche : 

Petit événement aujourd’hui pour le groupe qui découvre une nouvelle activité pour la première fois de la semaine… le rugby ! 

 

Eddy Ben Arous : « Putain il était temps. J’en pouvais plus là. Je pensais être sélectionné en équipe de France de rugby moi. Une semaine que j’attends de toucher un ballon. C’est qui ces malades ? Je suis à deux doigts de me porter volontaire pour passer mon tour et jouer le Top 14 avec le Racing plutôt. Le Top 14. Avec le Racing. Et je suis pilier en plus. C’est pour vous dire. » 

Pascal Papé : « Je suis dégouté, j’ai perdu mon totem d’immunité pendant l’épreuve des poteaux l’autre jour. Je me suis fait sanctionner tout l’entraînement, c’est n’importe quoi. C’est nul le rugby. » 

Scott Spedding : « Ahh, Pascal il a waison. C’est noule lé rugby. Moi aussi je pwéfère la MUSCU. Apwé j’y connaitre pas grand chose en rugby car j’y jouais à Bayonne et Bwive. Mais la MUSCU c’est génial, j’adowe. Un peu moins que la Fwance, mais j’adowe que même ».