Pastigo analayse KlaKleKli – Clermont
par Pastigo

  • 18 December 2013
  • 8

 

Par Pastigo

 

ICI ! ICI ! C’EST LANELL… CLANEKEL…

 

Les quatre fans du LaBougnat me demandaient très justement pourquoi aucun compte-rendu du match à domicile n’était paru la semaine passée.
Les raisons sont plutôt surprenantes, puisqu’en plus d’en avoir le temps je n’en avais pas la flemme, d’autant plus que j’avais même regardé le match.
Seulement voilà, j’ai assisté ce jour-là au premier match de l’histoire du rugby remporté avec bonus offensif dont le principal sentiment est un besoin profond d’en finir avec la vie.
J’en tire cependant quelques enseignements. Je sais désormais qu’au-delà de 4h32 de match pour 17 minutes de temps de jeu effectif mon intérêt s’étiole un peu. De même, puisque cette rencontre finit années après années par la même branlée on pourrait peut-être s’en dispenser parce que ça nique un après-midi. Qu’ils fassent 4h de footing histoire de s’épuiser sans nous, pour enchaîner sur un match de 20 minutes où Clermont plante ses quatre essais. C’est pas en ruinant les samedis du peuple qu’on va renflouer les caisses de l’Aventure Michelin.

Clermont et Llanelli, ce sont deux équipes qui partagent autant de points communs que de différences.
Pour les points communs, notons qu’ils sont 15, qu’ils portent des maillots et qu’ils jouent au ballon.
Les différences sont tout aussi notables. En terme d’ambition tout d’abord, l’ASM vise un titre européen depuis quelques années déjà alors que l’objectif à moyen terme de Llanelli est qu’on prononce correctement son nom. (Qui se prononce KlaneKli, avec une poignée de cahuètes dans la bouche pour l’accent). Globalement les deux vivent dans l’échec. La renommée galloise progresse cependant, puisque de plus en plus de connaisseurs savent désormais qu’il ne s’agit pas d’un bled italien.

Chaque année ils mettent au point une nouvelle stratégie pour ne plus passer pour des billes, ce qui au final ne fait que souligner leur formidable constance.
La semaine passée le plan de jeu était audacieux. Tenter de repousser la fin du match au-delà de la retraite d’une bonne moitié de l’effectif clermontois afin de glaner une défaite honorable après l’entrée des crabos 2017.
Jusqu’à la mi-temps ça fonctionnait pas mal, mais ils n’avaient pas pensé que leurs joueurs décédés d’une crise d’arthrite ne pourraient pas réveiller ceux qui s’étaient assoupis sous un arbre, et la seconde mi-temps fut un condensé des joutes précédentes. Pour autant le bilan est positif : ils ont pris leur branlée annuelle, mais moins longtemps.

Alors pourquoi parler du match de ce week-end plutôt que du précédent ?
Parce que celui là, je ne l’ai pas vu. La Boucherie a organisé son Conseil d’Administration à Perpignan afin de présenter son bilan comptable (24€ de t-shirt, 3 minutes de présentation) et les orientations stratégiques à venir (0 minutes, Ovale Masqué avait oublié son brouillon).

Ce séjour en terre catalane fut cependant fort enrichissant puisque nous avons eu le privilège de pouvoir suivre les joueurs de l’USAP à l’entraînement. Ils nous ont ouvert les portes de leurs différents équipements, et nous sommes restés pantois devant la rigueur et leur ponctualité à l’Ascot, au Comptoir, et plus globalement dans toutes les structures sportives où LeMormeck a pour habitude de siroter des whisky-fraise.
Pour autant, résumer ce match est hyper motivant. Je connais le score, j’ai vaguement entendu parler de quelques temps de jeu, pour le reste je tiens là le plus beau match de la saison.

 

Le film du match :

Le match de la semaine précédente fut tellement long que certains joueurs ne l’avaient pas fini en arrivant sur place. Le jour se lève sur KlaKleKli, et avec lui un temps de merde faisant écho au chant des rots alcoolisés des Gallois qui s’éveillent. Nalaga descend de l’avion, raffute le service d’ordre de l’aéroport et court planter le 1er essai du match dans un stade encore vide.
Il est 8h30, l’arbitre mal placé dans son Formule 1 de banlieue se voit dans l’obligation d’accorder l’essai.

Nalaga ne pouvant effectuer lui-même le renvoi pour KlaKleKli, il doit patienter jusqu’à l’arrivée des Gallois pour obtenir le bonus offensif.
A Perpignan tout le stade a le bon goût de m’informer de l’avancée du match, les 130 spectateurs catalans présents lançant une Bronca quand celui-ci démarre à quelques milliers de kilomètres.
Assez rapidement les joueurs sur place déclenchent non pas une, mais deux générales contre une équipe en partie composée de Paul O’Connell.
Il ne m’en faut pas plus pour comprendre qu’il a dû se passer quelque chose de grave à Klaklklkli.

Et c’est le drame. Rougerie a pris un jaune dans des circonstances troublantes, après avoir mis une tarte au pif à un Gallois pour venger Lacrampe décapsulé par un autre.
Visiblement le Gallois a compris que ce n’est pas encore aujourd’hui qu’il marquera les esprits, alors autant marquer les gueules.
Ce reflexe est humain après tout. Qui n’a jamais eu envie de détruire quelqu’un de plus faible alors qu’il ne nous regarde pas ?
Un 9 sans ballon, avec un regard d’enfant. Un Gallois qui rêve d’une vie meilleure, loin des famines et épidémies. Il aurait pu écrire un livre, apporter la lumière. Mais il n’avait pas de stylo et y avait rugby.
Du coup, Lacrampe pété, Rougerie dehors, un temps de merde et Rado qui entre. On a vu plus frais.

Mais c’est sans compter sur la rage du bouseux, bien aidée par Lhermet en tribune soulevant un ghetto-blaster qui diffuse pleine balle un remix R’n’B des Sardines.
La mêlée jaune et bleue décide d’enfoncer le Gallois vilain. Mais plutôt que de s’arrêter au coup de sifflet pour qu’ils ramassent leur colonne, les avants auvergnats creusent une tranchée jusqu’aux tribunes avec le visage de leurs homologues. Le public hurle, les enfants pleurent devant la traînée de sang mêlée d’abats que le pack clermontois laisse derrière lui. Ces derniers finiront le match contre un pilier du stade à vaporiser les restes des avants gallois.

L’arbitre ne pouvant que constater une légère domination auvergnate sur ce temps de jeu, il accorde un essai de pénalité avant d’appeler sa mère pour l’entendre une dernière fois.
Le Gallois perdant là huit camarades pour autant de membres de sa famille se trouve fort affaibli. Julien Malzieu opte pour un Mitchell Turbo, moulinet à truite idéal pour la pêche en eaux vives, et dans une danse d’une rare élégance hameçonne l’œil de la charnière galloise qu’il videra sur place à l’opinel.
L’ASM commence à gagner en confiance et remarque que le charnier des avants dessine un joli parcours carrément ludique avec ces chicanes mobiles composées d’aveugles. Les arrières se lancent dans un concours de course, chacun voulant marquer le plus d’essais. Nalaga, Sivivatu, Fofana, et même Tony Marsh se prennent au jeu. Comme d’habitude c’est Benoit Cabello qui gagne avec un total de 8 essais inscrits*, jusqu’au score d’à peu près 13 à 31.

Voilà donc le déroulé de ce match comme je ne l’ai pas vu. Je trouve ça plutôt encourageant, et cette méthode me semble être la meilleure pour noter les progrès de mon équipe. L’équipe a fait le travail pour se placer confortablement dans la course à la qualification, et tout est réuni pour qu’on lamine les Harlequins pour finalement perdre à domicile contre le Racing.
Ca va être bien.

Pour finir, un message personnel à Julien M. (note que j’ai la délicatesse de masquer ton nom) :
Je sais ce que tu as fait. Moi je reste à la maison, je m’occupe des enfants et j’apprends que tu as fricoté avec une Grenobloise. Si tu promets de ne plus jamais la revoir, je veux bien passer l’éponge pour cette fois.
Reviens à la maison, le petit Sitiveni cherche son papa et trouve que ça biche pas.

*Pour des raisons purement mathématiques un essai dans ce match vaut 2 points.