Le Clasico
par Marcel Caumixe

  • 10 October 2013
  • 11

Par Marcel Caumixe

 

Avant propos :

La notion du Clasico date d’une époque ou Toulouse, ce monument du rugby à papa, affrontait un club de Paris issu des confins des divisions inférieures, plein de mercenaires aux maillots roses et au président homosexuel. Autant dire l’ennemi juré. Il n’en reste pas moins que la méga-rivalité date d’il y a 15 ans et que qualifier de Clasico chacune de ces oppositions c’est comme qualifier les Spice Girls de musique classique. Mais toute imbécile que soit cette appellation, elle remplit Éric Bayle d’une vibration extatique quasi sexuelle à chaque évocation et qui sommes-nous pour refuser un orgasme à une personne âgée ?

Le contexte :

Le rouleau compresseur parisien, premier du championnat, déjà vainqueur à l’extérieur de ténors tels que l’USAP ou même Oyonnax, se déplace à Toulouse. Guy Novès tremble de peur derrière ses verres Essilor : “C’est une équipe assez incroyable, qui a un ratio assez exceptionnel à l’extérieur. Et donc il serait aussi logique que ce club vienne nous battre samedi soir”. Si ça, ça pue pas la trouille… De son côté Gonzalo Quesada joue le bluff : “On ne peut pas aller là-bas en étant arrogants. On y va sur la pointe des pieds et on va faire attention à ne pas prendre une rouste” Ah ! Mais que l’Argentin est fourbe !

Le match :

 

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Bilan d’un an de socialisme : un ministre de l’intérieur roumain laxiste et habillé en rose.

 

Monsieur Mitrea, arbitre roumain ressemblant étrangement à Manuel Valls, siffle le coup d’envoi, et presque dans la foulée une pénalité pour le SF. 0 – 3 au bout d’une minute. Beaucoup pensent que le match est plié. McAlister engage ensuite sur les 3/4, habile tactique qui a très bien marché un jour en 2001 dans un match de fédérale. Et alors que le ballon finit en touche, les esprits s’échauffent déjà : à peine 2 minutes ont passé que Yoann Maestri a envie de coller des pains à tout ce qui porte un short. Monsieur Mitrea use de son sifflet avec la même persévérance que s’il s’était agi d’un accordéon dans le métro. Une persévérance inversement proportionnelle à son autorité naturelle. Afin de calmer les esprits, Monsieur Mitrea appelle tant bien que mal les capitaines.

Merde…

C’est Fritz et Papé.

Avoir deux interlocuteurs pour qui les mots “Calmer” et “Esprits” sont aussi familiers que “Ataraxie” et “Solénoïde” n’augure rien de bon pour la soirée de monsieur Mitrea.

 

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“You talking to me, obviously”

Retour au match : les Toulousains montrent de belles intentions et envoient du jeu propre, dynamique, agréable. Mais McAlister rate l’occasion de concrétiser une pénalité suite à une faute de Pascal Papé. Il ne faut pas laisser passer ce genre d’occasion quand on affronte le number one du championnat ! Il est certes vrai que la lutte des buteurs est inégale entre l’inexpérimenté Luke et un barman de 40 ans. Conscients de ce déséquilibre les parisiens feront ensuite buter un cadet, par fair play.

Il faudra attendre 8 minutes pour que les packs puissent enfin se jauger. L’arbitre accorde une mêlée aux Parisiens, et une sorte de pressentiment s’empare de nous : ça va déconner. Soudain, la révélation. Tel un Luciano Benetton attifé d’un pull rose, on entend en pensée monsieur Mitrea lancer aux Toulousains un “Ma, vous mé réconnaissez ? Si! C’est moi qué jé vous ai pourri les mêlées contre l’UBB !”

Et ça ne manque pas. La mêlée finit par terre, ça se chamaille et l’arbitre essaie de mettre de l’ordre avec l’ardeur d’un carabinieri au milieu d’une guerre entre deux familles calabraises. Et rebelote. Heureusement, Jules Plisson n’aggrave pas l’avance des parisiens sur la pénalité qui suit.

 

Petit jeu : Monsieur Mitrea est bien embêté. Aide le à trouver la preuve que quelque chose de pas très net se trame du côté parisien dans cette mêlée.

Indice 1 :

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Indice 2 :

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Indice 3 :

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A l’issue de ce premier quart d’heure que vous aurez deviné interminable, Toulouse récupère enfin la balle. Galan fait l’arbre droit et c’est en marchant sur les mains qu’il va défier la défense adverse. On réalise ensuite que sa tête était enfouie dans son maillot et que du coup, il était devenu très dur de différencier le haut du bas. Il s’ensuit une action de grande classe, ponctuée de percées de Fritz, Gear et Fickou et il s’en faut de peu pour qu’à l’issue de ces 8 temps de jeu une passe au pied de Fritz n’envoie Tolofua à l’essai. Les Parisiens récupèrent la touche mais un mauvais dégagement les met à nouveau face aux assauts répétés des Toulousains. Médard perce et à l’issue d’une séquence de groupés pénétrants, la balle sort vers un magnifique surnombre. Yoann Huget n’a plus qu’à courir 2m50 et à n’éviter personne pour aller marquer.

7 à 3 pour Toulouse. On commence à se demander si Guy Novès ne nous aurait pas fait un coup d’intox.

Dès qu’ils ont la balle, les Toulousains font des étincelles. On se croirait de retour en 2008. Et franchement tant mieux car on se fait bien chier en dehors des quelques actions des rouge et noir. C’est aussi l’avis des Parisiens qui apprécient à sa juste valeur le spectacle aux premières loges duquel ils se trouvent : une démonstration de rugby de qualité. “Encore!” semblent-ils crier alors que Danty perd une balle dans ses 22, donnant lieu à un contre assassin terminé de superbe manière par une passe au pied de Médard pour l’essai d’Hosea Gear. Ne nous mentons pas : depuis qu’Ovale Masqué va à Ernest Wallon, le Stade Toulousain retrouve ses valeurs.

Il est coup d’envoi + 35 minutes et l’attaque du Stade Français est toujours aussi stérile, malgré Papé qui volleye des passes. Luke Manque Alister rate une troisième tentative sur quatre, mais les turnovers sont toulousains. Doussain tape une chandelle, que récupère Bonneval. Avec une élégance rare, il efface deux défenseurs mais s’empale sur Fickou qui lui administre un belle cathédrale en retard. La vidéo ne permettant pas de bien voir l’action, Fickou échappe au rouge sur le seul fait qu’on n’ait pas retrouvé Bonneval la tête plantée dans le sol façon autruche. Réduits à 14 pour 10 minutes, la terreur s’installe dans les travées d’Ernest Wallon qui exprime son mécontentement devant cet arbitre qui ose prendre la décision inique de sortir un Toulousain pour plaquage dangereux à retardement. La mi-temps se termine sur une série de mêlées litigieuses suivies de chamailleries.

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Gonzalo Quesada, entraîneur du Stade Français. Et un clodo.

 

Au retour des vestiaires, il va falloir gérer. A quatorze contre un leader vexé, il y a moyen de voir cette belle avance de 11 points partir en fumée. Pourtant, c’est au bout de 37 secondes que Nyanga à qui on a dit de switcher en mode “Centre” va opérer une énorme percée sur 30 mètres et servir Yoann Huget. Ce dernier n’a plus qu’à sprinter sur 2m50 et à n’éviter personne pour marquer son deuxième essai. Guy Novès fait signe de ralentir un peu le rythme. Moi-même, je vais accélérer le texte, bien conscient que la moitié des lecteurs qui ne dort pas a, fébrile, les yeux qui saignent.

Résumons, on en est à 21 à 3 et ça sent le cramé pour les parisiens. C’est à ce moment que Jules Plisson nous offre un rebondissement en plastique en contrant un dégagement de McAlister et en filant à l’essai. Guy Novès fait signe de re-accélérer le rythme parce que, merde, le bonus offensif vient de s’échapper et qu’il a bien envie de décrocher l’achievement des cinq bonus offensifs à domicile.

Qu’à cela ne tienne, sur une énième offensive toulousaine, Doussain remet à l’intérieur sur Huget lancé, qui n’a plus qu’à sprinter sur 20m50 à n’éviter personne pour aller scorer son troisième essai.

 

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Yoann, you gay!

 

C’est alors que monsieur Mitrea commet ce crime impardonnable de demander la vidéo. En avant obvious ? En avant pas obvious ? La passe de Doussain est au cordeau et franchement on comprend l’hésitation des arbitres. Quand l’arbitre se plante, le public râle, quand l’arbitre fait appel à la vidéo pour ne pas se planter, le public râle, moralité, le public est un gros con.

Les joueurs :
Vous l’aurez compris, Yoann Huget s’est illustré grâce à ses talents de finition manuelle avec bisous à la fin. Mais toute la ligne arrière toulousaine s’est montrée exemplaire dans la fluidité et le dynamisme. Y compris Yannick Nyanga.

Côté parisien, nous nous bornerons à souligner la classe de Hugo Bonneval, qui justifierait à elle seule l’adoption d’un plan de jeu intitulé « Tu donnes la balle à Hugo ». Malheureusement, il n’a eu que 3 ou 4 ballons à jouer. On remarquera que dès qu’on évoque la classe de Bonneval, le réflexe est de rappeler la carrière de son père. Un peu comme quand Michalak fait une passe.

L’arbitre :
Plus grave que l’arbitrage catastrophique des mêlées, monsieur Mitrea manque cruellement d’ascendant sur les joueurs. Rappelons que la règle unique de l’arbitrage est la suivante : vu que personne n’y comprend rien, il faut agir avec fermeté, autorité, aplomb et mauvaise foi, ce qui en général suffit à imposer n’importe quelle décision. C’est pour cela que Péchambert a travaille son look qui fait peur.

Voilà. Vous êtes arrivé à la fin de ce CR, il est certainement temps de prendre quelques heures de sommeil car demain vous devez aller bosser.

 

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Non Jeff Dubois, t’es pas tout seul…