Le Lab'Hauts-de-Seine analyse RM92 – UBB
par Ovale de Grace

  • 06 September 2012
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Par Ovale de Grâce

 

 

Munie de mon bâton de pèlerin et de mon pass-Navigo tout fraîchement dézoné, en caudilla plénipotentiaire et auto-dictatoriale du Lab’Hauts de Seine, je me dirigeais vers l’encore stade Yves du Manoir, installer mon auguste derrière sur un trône à la mesure dudit séant.

 Légère et court vêtue, je m'installe, aussi enthousiaste à l’idée de revenir dans l’antre du seul club qui nous assume qu’une prépubère midi-pyrénéenne à celle de recevoir une mèche de Vincent Clerc.
Las, le stade semblera avoir été contaminé par la double malédiction du vendredi soir (qu’on n’est même pas) et de la finale (qu’on n’a pas jouée).
 
 
Le contexte :
 
Il s’agit du 3e match de l’après-Berbizier. Après la passion des amants terribles J-LO/Berbize, qui depuis tant d’années se regardaient l’un l’autre, s’admirant dans l’image de l’autre, unis contre le monde entier, d’autant plus repliés sur leur alliance qu’ils se sentaient attaqués, est venu le temps de la désunion. Car, à l’instar de ce qui guette le couple Montebourg-Pulvar, si il est bon de luire dans l’éclat de l’autre, de n’exister que dans ce lien à l’autre attaqué de toute part par un complot scélérat, vient le moment où l'on est rattrapé par les nécessités de la réalité, par celles de résultats… et on jette l’autre à grands coups de tatanes à crampons dans le fion. Surveille bien tes arrières Bernard Laporte!
 
C’est donc à Gonzalo Quesada qu’il incombe cette saison la suave mission d’apaiser les tensions grâce à la technique dite « de l’édredon argentin ». Et du premier duvet Madame, pas du synthétique !
Il plane sur Colombes un air de bonheur doucereux, d’épanouissement collectif, pour un peu, on irait tous faire l’amour dans des champs de jonquilles… Même Pierre Berbizier, reposé par sa pré-retraite, détendu et bronzé vient s’asseoir avec le sourire extatique d’une Bernadette Soubirou à l’apparition de la Madone.
L’UBB, quant à lui, après sa récente victoire face à Perpignan, asseoit sa position dans l’élite après une première saison où le club a joué le scotch du capitaine Haddock au sein d’un championnat qui ne l’attendait manifestement pas !
 
 
 
Le film du match :
 
Les mots manquent pour relater ce qui fut l’un des moments les plus marquants de l’Histoire du ballon ovale, d’un rythme endiablé à faire cocotteminuter Eugène Saccomano,  à faire sautiller compulsivement Guy Novès, à faire danser la polka à Ariel Sharon… Non j’déconne, c'était une purge, mais du genre douillet.
Pour vous donner une idée, on est à 6-0 à la mi-temps et il a fallu attendre la 54e pour que le 9e point soit marqué, toujours pour le Racing. L’édredon argentin a atteint tous les

secteurs de jeu et a même contaminé Bordeaux dont la défense se met à l’unisson de l’attaquant local mollasson à la sérénité irradiante. Tout ce joli monde s'agite au ralenti sur le pré ouaté.

Vatakawa a bien tenté un ou deux trucs, l'arbitre fait l'effort de demander la video pour justifier sa présence sur une tentative d'essai, Lopez a essayé de botter… mais on est pris dans les tribunes d'une douce torpeur et même les encouragements habituellement tonitruants des foules spartaciennes des supporters altoséquanais sont amortis par la douce torpeur ambiante.
Les Bordo-Béglais se laissent gentiment dominer, se mettent à la faute avec une complaisance touchante, je me sens un peu proche d'eux en textottant dans un spleen transi.
Le Racing enquille nonchalamment, on est à 18-0 à 2 minutes de la fin, quand l'impensable se produit : un essai !
Oui Mesdames et Messieurs, vous le lisez comme je l'écris : UN ESSAI !!
Dans un mouvement incroyable, inattendu, avec de la vitesse, du flair, du mouvement, de la technique : UN ESSAI DE 100M de l'UBB !
 
C'est une victoire logique du Racing sur un score de 18 à 7, le jour décline et j'ai envie d'une verveine.
 
 
 
Les déclas :Pour l'UBB, Clarkin, les larmes aux yeux, difficilement résistible et Rofes déplorent une vraie déception et l'impossibilité de combattre face à la sérénité des Racingmen.
Raphael Ibanez, beau comme un dieu de l'Olympe, affûté comme une lame, digne dans la défaite et à l'élégance tranchante d'un toreador malgré une mauvaise teinture berlusconienne flagelle dans un sourire ferme et timide à la fois : « Nous n'arrivons pas à passer d'une équipe sympathique à une équipe redoutable ».
Puis entre en salle de presse Gonzalo Quesada. Que vous dire de l'effet que produit un 10 argentin sur n'importe quelle assemblée ? (je ne parle évidemment pas ici pour mon propre compte, entendons-nous! Isabelle Ithurburu est ma nouvelle meilleure amie, et il est de notoriété publique que je ne nourris aucune appétence particulière pour les 10 argentins ! RIEN ! WALOU ! KEUDAL !). A ce sujet, il est surprenant que le conseil de sécurité de l'ONU n'ait jamais pensé à envoyer un milonguero d'ouverture apaiser n'importe quel conflit, même le plus enkysté, au Moyen-Orient.
Il fait doux ce soir là, une saison qui n'existe qu'à l'Ouest du périphérique, là-bas, on l'appelle l'été argentin. Un sourire unanime illumine les visages à l'unisson de celui que nous dicte le nouveau chef d'orchestre en ciel-et-blanc. 

Gonzalo est content ! Là où son prédécesseur aurait condamné les 3 premières lignes au port du silice et les ¾ à la flagellation publique, Gonzalo Quesada les enveloppe de sa manne protectrice et clame sa satisfaction « Ce serait manquer d'humilité de ne pas être satisfait ».C'est donc en toute logique que Fabrice Estebanez puis Antoine Battut entrent en salle de presse détendus et aériens, souriants, confiants, blaguant avec les journalistes. Tout est calme et serein au royaume lorenzettien.
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