Le gratin dauphinois au Jean Bouin de Paris analyse Grenoble / Stade Français
par Damien Try

  • 05 September 2012
  • 5

Par Damien Try & Ovale Masqué, qui après avoir partagé un lit à Budapest (true story) ont décidé de partager ce Labo consacré au grand choc du vendredi soir de la 3ème journée. 
Merci au grand Capitaine, auteur de cette formidable illustration, et à Marcel Caumixe pour le titre. 

Le contexte :

Après une belle victoire arrachée à Bègles et une défaite logique mais pas honteuse à Castres, la pression était cette fois-ci côté grenoblois, avec la réception des Parisiens, pour le premier match de Top14 à Lesdiguières. Parce que faire des casses comme en première journée c’est très bien, mais le maintien passe par les victoires à domicile. L’ambiance était tout de même décontractée dans les vestiaires, j’en veux pour preuve la petite phrase au tableau « La virginité c’est comme une mouche sur le cul d’une vache, un coup de queue et c’est parti ». Ca nous rappelle que Grenoble jouait il n’y a pas si longtemps en Fédérale (enfin, c’était y a un bail tout de même, puisque le Stade Français avait été champion de France l’année précédente), et que l’esprit n’a pas tellement changé. J’espère que la tradition de boire du Synthol ne s’est pas perdue.

Du coté du Stade Français, la tournée « Les Stadistes du cœur » se déplace dans une nouvelle ville. Après avoir offert 4, et même bien souvent 5 points aux plus nécessiteux l'année dernière (on pense notamment aux Lyonnais et aux Bordelais), c'est tout naturellement que les Parisiens se rendent chez le promu grenoblois pour continuer leur œuvre de charité. En plus, c'est l'occasion de rendre service à un ancien de la maison, Fabrice Landreau, joueur puis entraîneur, écarté en 2009 au profit d'un duo McKenzie/Dominici qui restera dans les annales. Ecarté, dans les annales, bienvenue au Stade Français.

Les conditions climatiques étaient pas trop dégueu pour un mois de décembre à Edimbourg : il pleuvait des trombes sur Grenoble depuis 3 jours, ce qui rendait le terrain aussi glissant que la patinoire Pôle Sud. Décembre à Edimbourg, ce n’est pas tout à fait exact, il faisait plus froid que ça, il a neigé en-dessous de 2000m d’altitude. Isabelle Irthurburu a eu le privilège de suivre la partie depuis le terrain, et la joie de revenir de Grenoble avec une pneumonie. Ajoutez à ça la malédiction du match du vendredi soir, cette rencontre était destinée à être au mieux un remake de la finale de Coupe du Monde 2007, au pire à un remake de la finale de Top14 2012…

Sur cette photo se trouve un joueur qui a disputé la finale de la Coupe du Monde 2007. Sauras-tu le reconnaître ?

Le film du match :

En début de partie, les Grenoblois ont le ballon et jouent dans le camp parisien. Steward à l’ouverture a bien compris qu’il vaut generic cialis viagra mieux éviter de se faire des passes quand le ballon a autant de grip qu’un savon enduit de vaseline, et allume les chandelles de l’enterrement première classe de Jérôme Porical, toujours aussi sûr sous les ballons hauts et pas vraiment aidé par Paul le Poulpe Sackey, toujours aussi dynamique, et Vuidravuwalu qui comme tout Fidjien qui se respecte est capable de courir 100m en tenant la balle dans une main, mais pas foutu de rattraper une pauv' chandelle. La domination grenobloise est forte, mais impossible de concrétiser à cause de la mêlée, problème qui avait déjà coûté bien cher à Castres… En première mi-temps, 5 pénalités contre 0 seront concédées par les Isérois. Les Grenoblois font tout de même le jeu, et le troisième ligne Best s’offre un joli ventriglisse balle en main qui se termine dans l’en-but. L’essai sera refusé à la vidéo, en raison de la défense de Jérôme Fillol qui récupère à cette occasion la plus belle récompense pour un demi-de-mêlée, le Fils de Pute d’Or (trophée qu’il avait déjà remporté pour sa cuillère sur Florian Fritz).


Précision : Ovale Masqué s'est chargé de la mise en page de cet article et a tenu à intégrer cette vidéo dedans juste pour soigner sa popularité à Toulouse. 

Les Grenoblois essayent de jouer malgré un ballon plus difficile à maîtriser qu’un ailier fidjien en vacances au pays, ce qui donne des tentatives artistiques de jeu sans contrôler la gonfle, mais qui terminent le plus souvent par un en-avant. 29 en-avant sur l’ensemble de la rencontre. De leur côté, les Parisiens n'abandonnent pas non plus leur philosophie de jeu offensif, celle qui leur permet de marquer 6 essais en moyenne à domicile et d'en encaisser 9 à l'extérieur. Felipe Contepomi, dont le crâne luisant commençait à prendre la poussière, était titulaire pour la première fois de la saison et a tenu à faire honneur à son surnom de Dr Maboule en faisant du grand n'importe quoi tout au long de la partie : course en travers, relance hasardeuse, mise à mort de ses centres, coups de pied de dégagement en plein milieu du terrain… on s'est alors rappelé pourquoi Toulon préférait quand même titulariser Wilkinson pour les matchs importants.

A la 30ème minute aura lieu une petite explication à la sortie d’une mêlée, mais c’était juste pour le folklore, puisqu’à notre grand dam, le match sera très bon enfant et pas un carton ne sera distribué. Même Pascal Papé, toujours prompt à distribuer des tartines quand il comprend que ses bons à rien de partenaires ne ramèneront même pas un bonus, est resté étrangement calme. Le stade Lesdiguières, habitué depuis quelques années à la ProD2, s’est senti un peu volé.

2ème mi-temps

Suite à un dégagement de Jérôme Fillol particulièrement peu judicieux et qui ne trouve pas la touche, les locaux obtiennent un bon ballon de relance et jouent bien le coup. Nigel Hunt, le coffre à ballon néo-z, reçoit le ballon. Ce qui s’est passé dans la tête du défense

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ur parisien n’est pas bien clair ensuite. Comment se faire prendre par une feinte de passe de Hunt, lui qui s’applique à faire moins de passes en une saison que Marty en un match ? Cette méprise monte à la tête du Grenoblois, il se prend à rêver d’être un centre distributeur et après avoir percé la défense, fixe le dernier défenseur et passe la balle à Jaouher qui n’a plus qu’à aplatir. Bravo, Nigel, sur un 3 contre 1 (il y avait encore Dupont disponible à droite), tu as fait le bon choix. Grenoble prend le large, 16-9.

Dans un match pareil, c’est souvent le premier qui marque un essai qui l’emporte. D’autant plus que la mêlée dauphinoise s’est reprise et les 3 premières mêlées sont pour elle. Aux alentours de la 50ème minute, nous assistons d'ailleurs au célèbre « tournant du match », avec une mêlée en plein milieu des 22 en faveur des Parisiens, et une belle occasion d'essai derrière. Celle-ci sera finalement remportée par les Grenoblois, et le moral des troupes parisiennes prendra un sévère coup, presque aussi grand qu'en début de saison quand vient l'heure de découvrir les nouveaux maillots. Le break est définitivement fait par Lucas Dupont, qui exploite bien un énième ballon tombé, en prolongeant au pied et battant les Parisiens pour aplatir dans l’en-but. A la vidéo, il semblerait qu'il fasse un en-avant juste avant d'aplatir mais on est vendredi soir, on se fait déjà suffisamment chier alors on va pas refuser deux essais dans un match. Les Parisiens se rebellent en fin de match pour aller chercher le bonus défensif, un peu à la manière de Toulouse contre Biarritz. Sauf que Paris, ben c'est pas Toulouse et que ça ne marche pas. Le Président Papé franchit la ligne en force à la 80ème minute mais un abruti de Grenoblois se met sous le ballon et l'empêche de marquer : Dieu se vengera, ses enfants seront roux. La partie se termine finalement sur un ultime en-avant, la messe est dite (en latin pour Max Guazzini, il insiste), c’est Grenoble qui l’emporte.

Si je regrette d'avoir quitté le Stade Français ?

Les joueurs : 

Les Grenoblois :

Match appliqué de l’ensemble de l’équipe, pour les retrouvailles de Lesdiguières avec l’élite du rugby (français). Mutapcic aura donné du fil à retordre à Isabelle Irthurburu pour prononcer son nom, mais aussi à la mêlée parisienne, sa rentrée à la mi-temps changeant complètement la donne. Steward a su lancer le match conformément au plan de jeu par un bon jeu au pied, de même que l’Argentin Tuculet. Courrent a fait honneur à son statut de capitaine, et réalise un 100% important en début de partie. Sowerby a joué 3 matchs consécutifs pour la première fois depuis 10 ans, et a rajeuni d’au moins autant. 8 points après 3 rencontres, la saison pouvait difficilement mieux commencer, avant la réception de l’autre promu. Attention aux Montois qui ont fait jeu égal avec les deux derniers finalistes pendant une heure, mais qui méritent bien mieux que leur compteur vierge au championnat. Seule ombre au tableau pour le FCG, la blessure longue durée de Campo, encore un talonneur, espèce en voie de disparition dans les Alpes, d’’autant plus que la réinsertion prévue dans nos montagnes d’un specimen sud-africain n’a malheureusement pas abouti. Les plus optimistes diront que Grenoble marche dans les pas du Stade Toulousain saison 2011-2012, et que ça avait plutôt bien fini pour eux !

Les mecs qui aiment pas prendre le bus : 

Comme à chaque match à l'extérieur, la même question se pose au sujet des Parisiens : comment peut-on être aussi nul ? Séduisants et offensifs à domicile, les Parisiens jouent sans cerveau, sans chemise et sans pantalon dès qu'ils doivent traverser le périph. Un phénomène qui n'a aucune explication logique, puisqu'on peut difficilement affirmer que c'est la ferveur du Stade Charlety qui permet aux Soldats Roses de se transcender. Peu de choses à retenir donc dans ce match. Fillol sauve un essai en première mi-temps mais en offre un au retour des vestiaires avec un dégagement digne des jeux paralympiques. Parisse a été solide sous les ballons hauts, offrant un beau duel d'arrière contrarié avec le Grenoblois-Toulousain-Sud-Africain Sowerby. Attoub a été très performant dans l'exercice de la mêlée avant que la tendance ne s'inverse en seconde période.

Le Président Pascal Papé a eu son activité habituelle mais il a commis quelques fautes dommageables. Missoup-Missoup le pétomane a été moins en vue que lors de ces deux premiers matchs, de même que l'Américain Lavalla, qui était surtout présent pour assurer le quota de chauves dans l'équipe. Contepomi est un gremlin : il ne faut surtout pas le mouiller, sinon il se transforme en monstre débile et fout le bordel partout. La paire de déménageurs Turinui – Williams n'a eu que des ballons de merde mais ce n'était pas non plus une raison pour les rendre aux Grenoblois. Le trio arrière a été fragile, notamment Porical qui a peur sous les ballons hauts, ce qui est quand même dommage quand on joue arrière. Bon sans plus au pied avec 4 réussites pour 3 échecs. Les rentrants n'ont pas apporté grand chose, même Dupuy et Warwick, qui auraient eu du mal à faire pire que la charnière originale.

Calmement, Richard Pool-Jones explique à Felipe Contepomi ce qu'il compte lui faire s'il refait un match pareil un jour.
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