6 nations : France – Italie, ou Holiday on Ice s’invite au Stade de France
par Ovale de Grace

  • 06 February 2012
  • 32

Les enjeux du match :

Il y a un an, le XV de France avait vécu le traumatisme ultime, l’humiliation suprême, que dis-je : le déshonneur national !
Battus d’un point au stade Flaminio, les Français voyaient dans cette défaite contre l’Italie, jugée indigne de s’élever (mollement pourtant cette fois) au niveau de ses crotteux ergots, le signe d’une crise voire d’une agonie.
Il s’agissait donc ce samedi de graver dans le verglas marbre la hiérarchie naturelle de l’un et l’autre côté des Alpes.
Chacune des deux équipes sur la patinoire le pré était coachée par un nouvel entraîneur qui devait faire oublier le glamour de son prédécesseur pour asseoir une structure plus sérieuse et moins affective. C’était d’entrée de jeu gagné, au moins sur le premier point, en voyant le reportage de France 2 qui lui est consacré et qui révèle une grâce dans le port du bonnet dont on n’espérait pas qu’il fasse florès après que Guy Roux ait raccroché les crampons, on pense beaucoup aux amis journalistes sportifs qui vont devoir faire des interviews de PSA. Pour les seconds points, voyons la suite.

Il fait -7°c et quelques dizaines de milliers d’inconscients de courageux supporters sont venus encourager leur équipe.

Le film du match :

Contrairement au règlement en vigueur, il y a 3 équipes en jeu : 15 Français, 15 Italiens et 15 pigeons qui brilleront par une vision périphérique du jeu, une présence sur tous les ballons décisifs, beaucoup d’initiative et d’audace dans les regroupements. C’est d’ailleurs l’ami des emplumés de tous becs qui s’est le mieux illustré pendant la suite du match !

Pendant les 20 premières minutes, la domination italienne est nette, même si c’est Dimitri Yachvili qui ouvre le score sur une pénalité à la 12e, égalisée par un drop de Burton à la 18e.

Les avants italiens font un boulot formidable, mais rien n’aboutit. La charnière est loin d’être rodée et ça grince un peu trop pour terminer quelque action que ce soit. L’essai marqué par Rougerie sur un formidable coup de chatte, malgré l’écran du XV du pigeon démontre que malgré une charnière rouillée, les portes de la défense peuvent s’ouvrir en grand !

A la 35e, re-belotte, c’est Malzieu qui récupère et entame une course épique jusqu’à planter un essai tout seul après avoir raffuté 5 Italiens.

La première mi-temps se termine sur un score de 15-9, on craint un peu que la domination physique de nos latins cousins (enfin surtout les miens) n’écornifle un peu trop leurs forces pendant la seconde mi-temps.

C’est la reprise, je pense au Stagiaire qui doit être en train de compter les doigts de pieds que le gel a bien voulu lui laisser.
Le  XV de France surclasse la partie de manière plus évidente ( tout du moins au score) pendant la 2nde mi-temps, d’autant plus que les Azzuris font un véritable festival d’air-placages, et ne parviennent toujours pas à avancer avec le ballon alors qu’ils le possèdent à 60% du temps.

La team Saint-André, possède certes moins mais possède mieux, et continue à enfoncer avec insolence ses adversaires valeureux, sous les bruissements d’ailes moqueurs des pigeons streakers. Ces derniers finissent par devenir une source d’inspiration sur  la piste de bobsleigh le terrain puisque c’est sur une action commencée par une “aile de pigeon” de Trinh Duc que Clerc plante le 3e essai à la 54e.

Le match se finit sur le score sans appel de 30-12, on n’entendra plus insulter les Italiens sur leur victoire prétendument indue de 2011.

L’image du match:


La tentative de défense du XV du pigeon sur l’essai de Rougerie

Les joueurs :


Les Français (enfin surtout les Clermontois)
Les nouveaux

Fofana marque son premier essai pour sa première sélection. Il a été plutôt convaincant sur l’ensemble du match. Un joli bizutage

Le presque nouveau Debaty, presque français aussi d’après ce dont on nous a rabâché les oreilles aussi pendant les jours qui ont précédé, a été complètement dominé par un Martin Castrogiovanni qui ressemble de plus en plus à Meatloaf

Les Clermontois pas nouveaux

Malzieux, ne s’affole jamais – d’ailleurs, on l’appelle Zen – et ça fonctionne plutôt bien avec des cannes explosives.

Rougerie, auteur d’un essai décisif sur celui de Clerc, le « Papa des lignes arrières » (on dirait un titre de dictateur subsaharien) sait être là pour ses petits !

Les Italiens

Mention spéciale à la 1e ligne qui a été valeureuse jusqu’au bout.

Côté statistiques, les Italiens ont fait plus de passes que les Français, ont davantage possédé le ballon, en ont plus récupéré en touche… mais voilà, ça a servi à rien.

Malgré tout, les Italiens se sont fait pigeonner…

Crédit photo : les sites qu’on a pillés, les captures d’écran qu’on a foirées et Marie, merci à elle.

 

Le mot de l’envoyé pas si spécial que ça (enfin, le Stagiaire quoi… il est quand même un peu spécial) :

Les quotas de la Boucherie étaient respectés samedi puisque nous avions : une personne pour “livetweeter” le match et en faire un compte rendu (Ovale de Grâce), une personne pour suivre le match depuis les tribunes (moi), et le reste de l’équipe en train de se bourrer la gueule. Comme Mr Darty prévoyait une météo d’environ -8000 sur Saint Denis, vous vous doutez que je fus la personne envoyée pour couvrir l’évènement dans les gradins (aussi un peu parce que j’avais eu des places pour mon anniversaire mais je préfère jouer la carte de la victimisation, ça peut payer aux Prud’hommes dans quelques années). Le Stade de France était donc (à peu de choses près) plein pour ce 1er rendez-vous. Malgré les températures polaires, l’ambiance est chaleureuse, comme souvent pour ces matchs du tournoi. On se réchauffe d’ailleurs comme on peut, notamment en gueulant à l’entrée du stade puisque comme tout le monde arrive en même temps et que les contrôles de sécurité de plus en plus fouillés (au sens propre comme figuré), cela entraîne devant les portes une looongue file d’attente. Le temps passe alors, l’heure des hymnes se rapproche et les spectateurs bloqués devant les grilles grondent de plus en plus fort. Je me suis presque surpris à plaindre les quelques Italiens venus déguisés en légionnaires et dont les jambes dénudées sont pour le coup particulièrement exposées aux courants d’air (en même temps on les a pas forcés à venir en spartiates…). J’arrive pour ma part pile poil pour la Marseillaise et rate donc le pourtant joli fratteli di machin des Ritals. Les quelques essais français nous donnent l’occasion de nous lever et de nous réchauffer un peu, tout comme les quelques olas et Marseillaises traditionnelles pour ce genre de rencontres. Les “Allez les Bleus” seront toutefois plus timides que d’habitude (sûrement parce que la plupart des spectateurs n’étaient pas assez bourrés pour ne pas noter que les Français jouaient cette fois ci en blanc). Enfin, comme la majorité des téléspectateurs au chaud chez eux apparemment, le public de Saint Denis s’est amusé des quelques pigeons syndicalistes qui avaient décidé d’organiser un sit-in sur la pelouse pour protester contre le manque de moyens dont disposent les associations pour venir en aide à leurs camarades pigeons sans abris. Dès le coup de sifflet, je pris pour ma part mes jambes à mon cou et courais à petites foulées jusqu’au métro pour me réchauffer un peu… Un bien bel après-midi de rugby au final qui, malgré des températures aussi rugueuses qu’une charge irlandaise, ne m’aura pas donné l’impression de tant me faire pigeonner que ça…