Le rugby pour les vraiment très nuls qui n’y connaissent rien #1
par Jonny WillKillSoon

  • 23 June 2011
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La Coupe du Monde approche et vous ne comprenez toujours rien au rugby ? C’est pas bien grave, de toutes façons vous êtes probablement trop fainéants pour vous lever à 5h du mat et regarder les matchs. Si ce n’est pas le cas, la Boucherie Ovalie vous offre un petit cours de rattrapage… votre professeur s’appelle Johnny WillKillSoon, c’est un petit nouveau et il risque de revenir très bien bientôt pour compléter son ouvrage !

C’est bientôt les vacances et celles-ci vous ne les avez pas volées. L’intégralité de vos RTT y est passée ainsi que quelques avantages en nature. Cependant on ne peut pas dire que vous partez l’esprit libéré. En effet, le mois de septembre vous obsède déjà. Vous en avez des sueurs froides. Des insomnies passagères. Vous sentez l’étau se resserrer. Dans quelques mois vous allez devoir faire face aux réveils matinaux, aux conversations technico-tactiques interminables autour de la machine à café, aux pronos endiablés avec argumentation à l’appui, et autres calculs scientifiques à base de bonus offensifs. Oui la Coupe du Monde de Rugby approche à grand pas et il vous faut une mise à niveau urgente avant ce grand événement, au risque de devoir révéler à tout votre entourage la triste vérité concernant la médiocrité de vos connaissances rugbystiques.

Le Rugby parlons-en ! Vous avez déjà vu des bouts de match par ci par là mais jamais assez pour vous faire une idée précise des règles. En général vous changez de chaîne quand le journaliste au bord du terrain intervient pour la troisième fois pour dire que l’herbe est verte, que le vent souffle et que le joueur qui vient de quitter la pelouse sur une civière n’a qu’un léger trauma crânien. Et puis voir des athlètes aux mensurations démesurées courir, s’attraper et se grimper dessus ne vous a jamais réellement excité. Mais voilà le temps presse et il ne vous reste plus que 3 mois pour faire la distinction entre un coup d’envoi et un renvoi aux 22, un coup de pied par-dessus et une chandelle ou encore un coup de pied rasant et un coup de pied dans la gueule. Si vous êtes désespéré(e)s et que vous avez beaucoup de temps libre, cette chronique est faite pour vous.

Préambule : Principe et Origine du Rugby

« Le Rugby est un sport qui se joue à 15 contre 15 avec plein d’arbitres, à la mi-temps il pleut et à la fin c’est les anglais (ou le Stade Toulousain quand il n’y a pas de doublons) qui gagnent ». Si vous avez compris ça, vous avez tout compris au Rugby. Enfin presque. Il vous reste seulement à comprendre comment il faut faire pour gagner un match ; mais ceci n’est qu’un détail… Donc avant de rentrer dans LE détail, un petit peu d’histoire pour pouvoir se la péter un peu.

Hum, hum, nous sommes en 1823 dans la ville de Rugby, petite bourgade du pays de Warwickshire situé au centre de l’Angleterre. La scène se déroule au Collège de Rugby où se dispute un match de football très important puisqu’il compte dans la moyenne du troisième trimestre. Ce match oppose les chasubles rouges de la classe de Mlle Owen contre les roux irlandais abandonnés par leurs parents. Le ciel est menaçant et la lumière ne filtre qu’à peine derrière les nuages noirs qui viennent du nord colorant la terre, les lacs, les rivières. C’est le décor de ce match qui changera le cours de l’Histoire. En effet, alors que l’on semble se diriger vers un terrible 0-0 synonyme d’échec scolaire pour ces 22 jeunes gens, un éclair de génie vînt illuminer la rencontre. Le jeune WWE (ou William Webb Ellis pour les intimes), frustré de voir toutes ses frappes à ras-le-terre freinées par le terrain innocemment gras, décida de retirer sa chasuble (il recevra une amende de la FIFA pour ce geste), porta l’ingrat ballon rond dans ses bras ébouriffés, raffuta le dernier défenseur et s’en alla pointer le premier essai de l’histoire au nez et à la barbe rousse du gardien adverse. L’arbitre siffla main. WWE fût expulsé. Le Rugby était né.

Les anglais mirent ensuite une vingtaine d’années pour se rendre compte que le Rugby avait le potentiel pour devenir une activité drôlement fun (enfin drôle ça dépend pour qui…) et ils décidèrent d’en créer les règles. Bon je ne vous cache pas que c’est à partir de là que tout a basculé. Dieu seul sait ce qui a bien pu se passer dans la tête de ces maudits Britanniques mais alors tout y est passé : mêlée, ruck, pack, pick&go, drop, tee, arbitrage vidéo…TOUT ! Mais j’oublie le plus beau, l’objet coupable de toutes les détresses humaines, capable de réduire à néant le plus parfait des coups de pieds ou de rendre fou le plus expérimenté des arrières, également responsable de nombreux suicides collectifs à travers le monde : l’Ovale ! (à ne pas confondre avec Ovale Masqué). A ce jour nous ignorons toujours le comment du pourquoi de sa création (je parle toujours du ballon hein) mais d’après un document que m’a remis un informateur secret au Kremlin après avoir menacé de remettre Pierre Salviac au commentaire, c’est uniquement pour faire chier.

Après ce petit intermède historique, passons maintenant aux principes même du Rugby.

Prenez un papier, un crayon, ouvrez les guillemets et notez : « Le Rugby est un sport viril mais correct, qui se joue sur un terrain rectangulaire avec à chaque extrémité du terrain des perches en forme de H. Les passes doivent se faire à la main et en arrière selon les règles, mais peuvent également se faire sur une même ligne (dit à hauteur) selon les puristes ou légèrement en avant selon Fabien Galthié. Le but est d’avoir plus de points que son adversaire à la fin du match même si on affronte les Anglais et même s’il pleut (les points de suture ne rentrent pas dans le décompte final même si, ici, on aimerait que ça change) ».

Il existe trois façons de marquer des points :

L’essai : Saisissez-vous du ballon, avancez vers la zone d’en-but adverse et, une fois à l’intérieur, écrabouillez la gonfle au sol avec une pression de haut en bas. Bravo, vous avez marqué un essai ! Maintenant réessayez avec, face à vous, une tribu cannibale autochtone qui aurait été forcée de manger du Special K Light pendant 9 semaines. Vous venez de comprendre la difficulté de marquer un essai. Très bien. Quelques exemples à ne pas reproduire : Caucaunibuca http://www.youtube.com/watch?v=TsfBn_PrTgQ et quelques amis à lui http://www.youtube.com/watch?v=s31hBB0UEqo … Il existe également l’essai de pénalité mais j’y reviendrai plus tard (dès que Romain Moite m’aura expliqué la règle…)

Après le ballon bien aplati et l’essai bien validé (= 5 points), il est possible d’engranger immédiatement 2 points supplémentaires grâce à la transformation qui suit. Pour cela rien de plus simple : représentez-vous mentalement une droite perpendiculaire au côté de l’hypoténuse du stade, par rapport à l’abscisse et l’ordonnée spatio-temporelle de l’endroit où le ballon a été aplati. Ensuite sur cette ligne imaginaire, le buteur de l’équipe qui a inscrit l’essai place son tee (petit support fait en plastique, sable, bois, cuir, inox, fer forgé, cendres mortuaires ou peaux d’animaux faisandés sur lequel on pose le ballon pour le maintenir en équilibre avant le coup de pied). Si le ballon passe au-dessus de la barre horizontale et entre les deux poteaux verticaux, on dit que l’essai est transformé (5+2 = 7 points). Suite à ça le public exulte, les joueurs se replacent et Guy Novès tire la gueule.

La pénalité : Lorsque le public crie, l’arbitre accorde une pénalité à l’équipe qui reçoit. S’il se fait insulter ou si la faute est trop flagrante, la pénalité revient à l’équipe visiteuse (sauf à Biarritz et à Castres). Suite à cela, l’équipe non sanctionnée (ou équipe protégée) peut choisir de « tenter » la pénalité. C’est en général à ce moment là que tous les entraîneurs du monde nous proposent leur splendide imitation de Passe-Partout qui vient de retrouver sa troisième clef. On prend alors le même buteur qui place le même tee (cette fois-ci à l’endroit même où la faute a été commise) mais la réussite de ce coup de pied vaut cette fois 3 points.

Le drop : Si vous êtes Anglais, Toulonnais ou l’unique supporter du Racing-Métro 92, vous devez connaître ce geste technique. Mais siiiiiiiiiiii ! C’est quand vous n’arrivez plus à avancer en attaque, que la moitié de vos joueurs est au sol et l’autre moitié bien au chaud enterrée sous le ruck. Devant cette situation désespérante, la solution la plus rentable (et la plus raisonnable aussi) est de droper le ballon entre les perches (un coup de pied, mais sans tee cette fois, qui se frappe après le rebond du ballon au sol) afin d’empocher 3 nouveaux points.

Maintenant que vous comprenez un peu mieux ce sport, je compte sur vous pour ne pas faire la vulgaire erreur de crier un vieux « Pénalty !!!!!!! » à chaque plaquage ou un « GOALLLLLLLLLLLLL » à chaque coup de pied réussi, car franchement je le vivrais mal. Si vous ne voulez pas vous faire remarquer, évitez aussi les phrases du style « L’autre équipe était vraiment plus forte et mérite entièrement sa victoire ! » ou « Sorry, Good Game !». Dans le premier cas, vos absences conjuguées de chauvinisme et de paranoïa risquent d’alerter la sensibilité des amateurs de rugby les plus assidus. Pour ne pas vous griller je vous conseille un sobre « Avec un autre arbitre, on gagne le match ! ». Dans le deuxième cas, on peut vous prendre pour un Anglais et votre espérance de vie risque de décroître exponentiellement à chaque seconde. Un « Désolé, bien joué quand même :) » me paraît nettement plus adapté. Maintenant (et je m’arrêterai là pour le moment) rien ne vous empêche de supporter une équipe parce que le demi de mêlée est trop mignon, que le talonneur ressemble à votre boucher-charcutier, ou parce que le pilier arbore un magnifique protège-dent Hello Kitty. Pardon ? Demi de mêlée kesako ? Ah oui vous partez vraiment de loin en effet…

Jonny WillKillSoon