Le rugby pour les vraiment très nuls qui n’y connaissent rien #2
par Jonny WillKillSoon

  • 24 June 2011
  • 5

Partie 2
(La partie 1 est ici)

Pour cette seconde chronique, maintenant que vous connaissez les bases de ce jeu de gentlemen, je vous propose d’en découvrir les acteurs. Donc comme le suggère le XV de Rugby à XV, il s’agit d’un sport qui se joue avec quinze joueurs dans chaque équipes (et non pas deux fois sept joueurs et demi, ce qui n’aurait aucun sens). Mais qui sont ces 15 joueurs aux morphologies si différentes ? Quels sont leurs rôles, leurs vies, leurs œuvres ? Sont-ils des bêtes sanguinaires ou seulement de véloces brebis égarées sur un champ de bataille ? Ce premier chapitre tend à vous renseigner sur ces cas sociaux indispensables à n’importe quelle équipe de Rugby.

 

Chapitre I : Profession : Rugbyman / Poste : Rugbyman ?

Une des grandes forces du rugby c’est le fait que tout le monde puisse y jouer : les grands, les petits, les forts, les maigres, les gros, les filles, éventuellement les roux… Mais évidemment tout le monde ne peut pas jouer à n’importe quel poste. C’est votre profil qui forcera la décision.

Par exemple, si vous faites plus de 100kg et courrez le 100 mètres en 6min24 (ou plus)…vous êtes un Avant, un “gros” (au sens affectif bien sûr), un quintal (postes du n°1 au 8). Voici les offres d’emplois qui s’offrent à vous :

– Piliers (n°1 pour la “pile” gauche et n°3 pour la droite)

Vous n’êtes pas très sportif et votre déplacement manque de fluidité. Vous êtes la fierté de votre grand-mère qui s’extasie de vous voir engloutir, à chaque fois, une demi-douzaine d’assiettes de son cassoulet maison. Vos amis vous traitent de « gros sac » dans votre dos mais jamais en face. Vous êtes un Pilier mais vous avez (malheureusement) trente années de retard. Autrefois cantonnés aux épreuves de force (la mêlée fermée) et phases dites statiques (les regroupements et les touches), les piliers doivent désormais tout faire : courir, plaquer, arbitrer, simuler des blessures, répondre aux interviews, bref être des sportifs. Ce sont les baromètres de la mêlée de leur équipe, et l’ami des tout petits qui trouvent leurs visages ronds et leurs têtes « sans cous » forts sympathiques.

– Talonneur (n°2)

Vous faites un complexe par rapport à vos compères de la 1ère ligne (les deux piliers) car vous êtes plus petit et moins gros. Vous compensez tout de même par une plus grande tonicité et la faculté de savoir vous servir de vos deux mains. Vous êtes un Talonneur. Comme son nom semble l’indiquer le talonneur talonne, et il talonne tout ce qui se trouve sous ses pieds. Le ballon lors des mêlées fermées, mais aussi les joueurs adverses qui traînent dans les regroupements (ou ruck ou mêlée ouverte ou pyramide humaine ou gang bang). Il a, comme dit précédemment, de “bonnes” mains qui lui servent à lancer avec précision le ballon en touche (si ce n’est pas le cas une reconversion en pizzaïolo s’impose) ou à mettre des fourchettes à Stephen Ferris.

– 2ème ligne ou 2ème latte (n°4 et 5)

Vous faites peur aux enfants à cause de votre carrure et de votre barbe. Vous êtes le premier sollicité lorsqu’il s’agit d’aller récupérer le chat coincé dans l’arbre et on préfère vous surnommez « la poutre » plutôt que « la perche ». Vous êtes un 2ème ligne. Les deuxièmes lignes sont, selon une coutume ancestrale, les plus grands joueurs de leur équipe. Ils participent activement à la poussée lors des mêlées, déblaient dans les regroupements pour protéger ou récupérer des ballons (il n’est pas rare de les voir récupérer aussi quelques « pièces détachées »), et sautent en touche lorsque les piliers arrivent à les soulever. En revanche la possession d’un cerveau pour ce poste est facultatif, voir même déconseillée.

– 3ème ligne aile ou flanker (n°6 et 7)

Vous êtes un fantasme ambulant pour la gent féminine et le chouchou de votre prof de sport. Tout ce qui est notice et mode d’emploi n’est pas vraiment votre truc, et vous préférez prendre les gens pour des teuteus plutôt que de vous pliez aux règles. Vous êtes un 3ème ligne aile. Les flankers sont athlétiques, à la fois puissants et mobiles. Ils adorent plaquer : plaquer au ras, plaquer à la carotide, plaquer en l’air, plaquer en cathédrale, plaquer sans ballons, plaquer leurs petites copines et quand ils s’emmerdent ils sautent en touche ou marquent des essais. Ils aiment également les ballades en poney et faire l’amour sur la plage après certaines 3ème mi-temps bien arrosées.

– 3ème ligne centre (n°8)

Votre père est un 2ème ligne et votre mère est auvergnate. Vous faites votre footing avec vos 12 neveux sur le dos et une semi-remorque accrochée à chaque pied. Vous étiez tourneur-fraiseur dans le Vercors et on vous a fait miroiter gloire et fortune dans le Rugby. Vous êtes un 3ème ligne centre. Le troisième ligne centre est un joueur très puissant et tonique assoiffé de sang (il tient ça de son père). Il est assez technique pour un gros et aime bien aller chatouiller les petits joueurs adverses. Il adore faire semblant de pousser en mêlée ou de sauter en touche. Quand il a le temps il fait même des trucs cochons avec son n°9 derrière la mêlée (communément appelé « 89 »).

Voilà pour les 8 de devant (ou pack). A noter que les 5 de devant représentent la puissance de combat de l’équipe, les 2 flankers l’endurance et le n°8 le sex-appeal.

Maintenant si vous êtes plus rapide que puissant, que vos mains vous servent à autre chose qu’à manger et que vous avez de l’admiration pour les kamikazes japonais, il y a forcément un poste d’Arrière (ou « trois quarts ») qui vous correspond.

– ½ de mêlée (n°9)

Vous n’êtes pas très grand et votre prof de sport ne vous l’a jamais pardonné. Vous avez passé une grande partie de votre scolarité dans le cagibi au fond de la classe car la maîtresse n’aimait pas votre tête. Vous avez une joie de vivre proche du zéro absolu et vous n’aimez pas salir vos vêtements. Vous êtes un demi de mêlée ou « 9 ». Petit, rusé et véloce, le ½ de mêlée (ou « petit lutin qui gesticule dans tous les sens ») compense son manque de puissance par une agilité et une fourberie supérieures aux autres. Il est le premier maillon de la chaîne d’attaque et c’est à lui que revient le privilège de diriger le jeu de son équipe. Gueuler sur des molosses qui font deux fois son poids lui procure des plaisirs incontrôlées qui peuvent parfois aller jusqu’à l’érection quand il leur tape sur le cul. Il est le joueur qui introduit le ballon en mêlée, ainsi que le premier relayeur après une touche.

– ½ d’ouverture (n°10)

Vous étiez très doués au football mais votre licence vous a été retirée suite à un plaquage dangereux sur le gardien de votre propre équipe. Vous êtes photogénique quand vous faites du sport et vous avez plus d’amis sur Facebook que Barack Obama. Être le sauveur de la patrie est une idée qui vous séduit et vous possédez déjà une carte de fidélité à la clinique la plus proche. Vous êtes un demi d’ouverture ou ouvreur ou « 10 ». Aussi bien à l’aise avec ses pieds qu’avec ses mains, le demi d’ouverture est le cerveau de l’équipe grâce à une capacité d’analyse rapide (mais pas forcément efficace) et une bonne vision du jeu. Il aimerait que les phases de défense se fasse « en touché » et que les ballons de son ½ de mêlée (avec qui il forme la charnière) arrivent avant le 3ème ligne adverse. A moins que le « 9 » fasse un caprice, c’est lui qui s’occupe de toutes les phases de jeu où l’on utilise le pied.

– ¾ centres (n°12 et 13) et ¾ ailes (n°11 et 14)

Vous êtes prétentieux et vous pensez pouvoir survivre à un tsunami ou à un plaquage de Cudmore. Vous trouvez Usain Bolt rapide mais pas imbattable. Vous êtes croyant et vous pensez qu’il y a un être supérieur quelque part dans l’univers qui vous protège. Vous êtes donc un joueur de la ligne de trois quarts : trois quarts centres pour les plus costauds et trois quarts ailes (ou ailiers) pour les plus rapides. Les ¾ sont des joueurs qui jouent leurs vies à chaque ballon que leur offre la charnière. Tous les plus grands subterfuges leur sont alors autorisés pour marquer des essais : vitesse supersonique, cadrage-débordement, feinte de corps, feinte de passes (ou juste une passe pour certains joueurs). Rouflaquettes et chevelures éblouissantes font également partie des éléments de bases du parfait ailier.

– Arrière (n°15)

Vous faites tout, tout seul et vous trouvez que vous le faites bien. Vous avez hésité entre un diplôme d’ermite confirmé et une formation pour devenir jardinier dans l’armée de l’air. Vous aimez avoir des responsabilités mais pas trop. Vous êtes un arrière (ou « 15 »). L’arrière aime la solitude et les ballades aux bords du terrain. En défense, il est le dernier rempart avant la ligne d’en-but et donc celui que l’on remarque le plus lorsqu’il se troue lamentablement sur un plaquage. Parfois il reste derrière pour couvrir le terrain ou pour discuter avec les remplaçants qui s’entrainent dans l’en-but, parfois il apporte sa contribution à l’offensive de son équipe en amenant le surnombre entre les trois-quarts (on dit alors qu’il s’intercale). En gros il fait comme il veut…

Si aucuns de ces profils ne vous correspond vous pouvez toujours devenir arbitre et ainsi avoir la chance de pouvoir assister aux plus beaux matchs de rugby gratuitement. Six arbitres, six bières dans un pack. Coïncidence ? Je ne crois pas :

Arbitre de champ : Pour devenir arbitre de champ, il est obligatoire de posséder un BAFA niveau 2 ainsi qu’une solide expérience avec les enfants de 6 à 12 ans. Connaître quelques règles pour pouvoir frimer devant ses collègues de travail mais pas plus, le but étant de ne pas connaître plus de règles que n’en connaissent déjà les joueurs. En cas de problème, mieux vaut se fier aux réactions du public qu’à ses assesseurs.

Arbitres de touche : C’est comme les joueurs, les moins doués sont sur la touche. Au nombre de deux, ils assistent l’arbitre principal qui ne peut quand même pas tout voir. Ils ont pour mission de marquer les touches et valider ou non les coups de pied. Avoir une bonne vue et être du signe de la « Balance » sont les qualités principales recherchées pour un arbitre de touche.

4ème arbitre : C’est comme les joueurs, les moins endurants sont au bord du terrain. Gentil médiateur entre les entraîneurs et tout ce qui se passe autour du terrain, son rôle est d’assurer la sécurité intrinsèque des arbitres et de la sienne par la même occasion. Il valide les remplacements et réalise la feuille de match. C’est aussi lui qui cafte quand les 3ème ligne se font des câlins en douce…

5ème arbitre : A fortiori un emploi fictif créé par la FFR. A confirmer…

Arbitre vidéo : C’est comme les joueurs, les moins bons sont en tribune. Il a le rôle le plus important puisque c’est lui qui est désigné pour mettre les bières au frais. Sinon durant le match, à chaque fois que l’arbitre principal n’est pas certain de la validité d’un essai, il fait appel à ses yeux et aux 102 ralentis qu’il peut visionner tranquillement dans sa loge. Il a tout le temps pour prendre une décision dont il se fout complètement et passe le reste de la partie à grignoter des biscuits apéros et à griller des merguez.

C’est bon, vous êtes désormais prêt à découvrir les mille et une règles farfelues qui font la beauté de ce sport. En revanche moi, pour vous les prodiguez, je le suis un peu moins. En plus ce soir j’ai mon entraînement de bars parallèles, ça va être tendu. Le seul avantage c’est qu’il y aura sûrement Romain Moite à l’entraînement, va pouvoir m’éclaircir sur deux ou trois petites choses…

Johnny WillKillSoon