Frédéric Michalak : L’annonce
par La Boucherie

  • 20 June 2011
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Aujourd’hui, la Boucherie accueille un collectif  qui doit sans doute être fan de Guilhem Guirado, L’amicale des pizzaïolos du TOP14. Mais ils sont aussi et surtout fans de Frédéric Michalak, ce joueur qu’on aime tant détester, et qu’on aime aimer tout court quand il veut bien se rappeler qu’il peut être génial. Retour sur un moment émouvant de sa fin de carrière toulousaine, et l’annonce de sa “décision”…

Fébriles, c’est la gorge serrée que nous attendions en ce 27 avril, dans un moment plus solennel encore que l’annonce de la liste des 30 de Lapincolline, l’annonce de notre idole, que dis-je, notre icône, celui qui nous a tant fait vibrer sous les maillots toulousain et tricolore, j’ai nommé Frédéric Michalak (FM82 pour les intimes)

Alors, restera, restera pas? La question restait encore entière à ce moment là. Aurions nous droit l’année prochaine aux crochets dévastateurs et imprévisibles (tellement que même lui ne sait pas encore ce qu’il fera de la gonfle, mais qui s’en soucie après tout?) du messie, les meilleurs 3ème lignes du TOP14 en frissonnaient d’avance et brulaient un cierge à la bonne mère pour voir partir leur pire cauchemar sous d’autres cieux.(et si au passage Schalk Burger, le Rémy Martin sud Africain, les mains en mousse en moins mais approximativement le même nombre de chromosomes, pouvait lui faire la bise à sa façon, ça ne serait pas pour leur déplaire)

Pour le soutenir dans cette épreuve difficile, Clément Poitrenaud, le compagnon de toujours, tenait à être présent. Il fallait bien ça pour soutenir son pote.

On avait découvert ces deux minots au creux de l’hiver de la saison 2000/2001, quand le grand manitou du ST, n’ayant plus le choix blessures obligent, avait dû se résoudre à lancer dans le grand bain ses 2 pépites du centre de formation. On les retrouvera quelques mois plus tard au SDF, décomplexés, Fred enquillant les pénalités comme qui rigole (si si, rappelez-vous, Fred fut un bon buteur à un moment donné!) et brandissant finalement ce fameux bouclier, objet de tant de convoitises.

L’ère des duettistes Michalaud et Poitrenak venait de commencer et ils allaient nous régaler de leurs pirouettes sur tous les terrains de France et de Navarre.

Remercions au passage pour cette remarquable inversion de syllabes Pierre Sapiac, trublion de service et compagnon fidèle de Pierre Albala-Dijo, par ailleurs déjà auteur du célébrissime : “Betsen, et son jumeau Nyanga, la garde noire du XV de France”… (Comment ça c’est raciste ? N’est pas Thierry Roland qui veut…), cet inénarrable ex-commentateur du service public, qui nous ferait presque apprécier Mathieu Lartot, sa verve incroyable, ses jeux de mots foireux et sa connaissance poussée des règles de l’ovalie…

Fred, c’est avant tout un 10 moderne comme dirait Berni le dingue, c’est-à-dire un 10 qui bute. Et c’est la tout le problème de Fredo : buter. En effet, depuis quelques temps déjà son ratio est plus faible que celui de Gerald Merceron un soir de finale… Au début on a pensé que c’était un problème physique, après changement des 2 genoux, on s’est aperçu que non. Le problème était donc bien plus profond, c’était le mental. Fredo devient donc un adepte de la préparation mentale, pratique ô combien reconnue et jugée utile par un certain Vincent M., pizzaiolo depuis 20 ans qui sévit en fin de journée sur les ondes d’une radio monégasque.

Fredo c’est un esthète, un magicien du ballon ovale, un ambassadeur du French Flair au même titre qu’un autre magicien du Stade Toulousain, M. Cédric “trois touches directes par match” Heymans, autoproclamé meilleur ailier du monde, aussi imprévisible qu’un Michalak à ses plus grandes heures. Cédric c’est des relances de l’en-but qui peuvent aboutir aux essais du siècle mais c’est aussi les plus belles glissades et cagades du TOP14. (En terrain mouillé Cédric, ce serait bien de sortir les vissés de temps en temps quand même…)

Mais ce qu’on connait moins, c’est la face cachée de Fred, son alter-ego; on ignore trop souvent son côté touche à tout comme on dit. C’est un amoureux de l’art sous toutes ses formes. Quand un journaliste aventureux ose lui poser la question : “pour vous qu’y a t-il d’autres dans la vie à part le rugby et l’amour?”, Fredo n’hésite pas une seconde, ses yeux de lamantins s’illuminent et la réponse fuse : la musique et la peinture! Et oui on pourrait en douter mais c’est un adulte maintenant Fred, fini de balancer ses chaussettes sales et puantes dans la tronche de Pato Albacete quand il se fait interviewer dans le vestiaire, fini d’éponger son vomi sur le trottoir à la sortie des Coulisses à 5h du mat’ avec la veste de Clém et La Nyangue qui se marre en les regardant (ça c’est réservé à Byron en plus…)

Non qu’on se le dise, maintenant ce sera Fredo le sage. Il se ressource quand il se retrouve seul à seul avec sa toile et ses pinceaux, aussi à l’aise avec la technique du “clair/obscur” qu’il l’est avec les coups de pied de déplacement (hein? c’est quoi ça bordel un coup de pied de déplacement coach?) ou bien dans SON studio d’enregistrement, avec ses grattes et son piano, jouant la partition de l’homme orchestre comme lorsqu’on lui donne (trop peu souvent à notre goût…) les clés du camion, que coach Jean Ba ne voulait pas lâcher jusqu’à la saison dernière.

En exclu, Fred a bien voulu nous montrer son œuvre qu’il considère la plus aboutie à ce jour, intitulée “Autoportrait de moi même” (NDLR : pour des raisons de compréhension, les fautes d’orthographe ont été supprimées)

Mais revenons au direct, à notre émission, à “L’Annonce” (toujours dans le style cain-ri bling bling le Fredo, un peu comme pour LeBron James, ils avaient appelé ça “The decision”, je trouve que ça irait bien là aussi personnellement) en compagnie de FM82 et Clément.

Après quelques échanges d’amabilités, de compliments faux cul et de blagues graveleuses que seuls eux comprennent, on est plus tendus que Guytou un soir de finale, on la veut cette décision, bordel de m****!!

Il est 19h15 à présent, l’heure de l’annonce fatidique approche. Le café 64 est en ébullition, les ondes radio toulousaines frémissent…..NNNOOOOOOOOOONNNNNNNNNNN il nous abandonne, l’ingrat! Monde de merde! On lui a tout donné, on l’a couvé, on l’a chéri et paf, prends ça dans ta gueule, il quitte sa famille! Il nous apprend sans ménagement, dans ce français approximatif qu’il affectionne tant, que son avenir ne s’écrira pas en rouge et noir….

Selon lui, la barrière de la langue ne constituera plus un problème (trop LOL, c’est bon Fred, te la raconte pas, on sait très bien que t’y capteras rien aux triples sautées redoublées des Sud-af…puis de toute façon OSEF, les Sud-af ils font que des cocottes !), sa nouvelle famille se trouve là bas à présent.

Les yeux embués, le petit Fredo ira probablement noyer son désespoir d’’avoir raté sa réintégration au ST dans l’alcool avec son plus fidèle ami, ou peut être ira-t-il se lover dans les bras d’Ovalion ce soir, Guy le gitan ayant depuis longtemps remplacé son favori, tout attendri qu’il était par la bouille incroyable du filiforme Jean-Marc. (NDLR : attention une contrepèterie s’est peut être glissée dans la phrase précédente…) Et oui faut le savoir, il a cœur gros comme ça le Guytou, faut juste ne pas toucher à ses filles (des rumeurs insistantes du côté du Wallon sous-entendraient que le boss verrait d’un très mauvais œil le surnom de son nouveau protégé : le « petit » Byron…affaire à suivre)

Fred, on t’en veut pas, continue simplement à nous vendre du rêve comme tu sais le faire, à Toulouse, à l’autre bout du monde, ou en 3ème série à Saint-Pipi-les-Agassous, longue vie aux chandelles en arrière et aux pieds en croissants!

C’est comme ça qu’on t’aime, avec tes traits de génie et l’incertitude permanente que tu crées, et franchement, franchement, on s’emmerderait grave si tu n’étais qu’un simple Jonny Wilkinson bis…

Allez bon vent et salut l’artiste!

L’amicale des pizzaïolos du TOP14