La lettre de Bernard Laporte à Mourad Boudjellal
par Aguilera

  • 20 June 2011
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Paris, le 20 juin 2011

Cher Mourad,

Tes récentes interventions dans la presse à propos de la très chrétienne et charitable fondation qui a sauvé le Stade Français, grâce à mon entregent naturel et à mon carnet d’adresses politico-sportivo-casinotier-immobilier, me contraignent à recadrer les choses par écrit. Bon, en fait, j’ai dicté cette lettre à Max pour qu’il y ait moins de fautes d’orthographe et de syntaxe que si je l’avais écrite. Mais tu dois savoir ce que je veux dire, en bon éditeur de BD pourries que tu es.

Sache, mon bon Mourad, que l’ex-ministre, ex-sélectionneur du XX de France, et ex-futur Président de l’Aviron Bayonnais (entre autres) ne se laissera pas atteindre par cette provocation frauduleuse sous couvert d’une certaine loi de justiciés failliteux régaliens et oligarques sans vergogne (ici, Max avait du mal à suivre. Il n’était pas sûr pour certains mots).

Ta scandaleuse machine de guerre jette l’opprobre (là, c’est Max qui a trouvé le mot) sur une opération parfaitement limpide et tellement évidente que la même la DNACG n’a rien trouvé à y redire, alors qu’elle a envoyé Bourgoin et Albi en Prod D2 pour des broutilles.

Il faut vraiment être d’une parfaite mauvaise foi pour voir le mal dans le financement d’un club de rugby professionnel par une fondation caritative vouée à aider l’enfance malheureuse. Quoi de plus normal. Moi, j’ai bien été aidé par l’Etat français, qui m’a pris pour ministre (bon, je dis toujours ministre, mais j’étais juste secrétaire d’Etat), moi, un ancien sélectionneur du XV de France à la rue après une Coupe du Monde foirée. Et personne n’a trouvé à y redire. Bon, mes collègues n’étaient pas franchement sympas avec moi, mais mon cabinet (tu ne pensais pas que c’était moi, quand même) a quand même pondu un rapport faisant référence en matière de stades.

J’étais d’ailleurs sur le point de mettre mes nouvelles connaissances au service de l’Aviron quand le Président a émis des doutes sur mes compétences et mes méthodes. Quel gougnafier ! Greffier du Tribunal de Commerce de Bayonne et ça se croit bien placé pour donner des leçons de morale en affaires. Comme si signer quelques contrats de joueurs à sa place et de proposer de payer un squad d’entraîneurs à la prestation de services, ce qui permettait d’éviter de donner des sous à l’URSSAF, était répréhensible ! Ah, Max me dit que si. Au temps pour moi.

Il n’en reste pas moins que la fondation que j’ai trouvée grâce à des amis honorables (je n’en dirai pas plus pour ne pas leur nuire, il sont déjà scandaleusement harcelés par la justice), est tout à fait respectable. Canadienne (tu connais des canadiens malhonnêtes, toi ?) présidée par un personnage haut en couleur et reconnu dans ses activités industrielles (je ne sais pas exactement lesquelles, je n’ai pas compris) et dont le siège social est sis BP 52.0147. Max trouve ça quand même un peu louche, un siège social domicilié sur une boîte postale. Ah bon, moi je trouve ça pratique. On peut déménager plus facilement et les clients mécontents ne débarquent pas au bureau quand tu bois ton café.

Tu t’interroges sur l’origine des fonds. Mais 12 millions d’euros, c’est une somme finalement modique. Tu trouves que ça mérite des investigations poussées et coûteuses à la charge in fine du gros contribuable que tu es ? C’est l’argument massue que j’ai employé auprès des vérificateurs lors de mes quatre contrôles fiscaux, suspendus depuis sine die. Nico était d’ailleurs tout à fait d’accord avec moi quand je lui en avais parlé. Tiens, je pourrais lui parler aussi d’un Président de club de rugby dans le Sud de la France qui semble disposer de ressources sans commune mesure avec la vente de 500 exemplaires par an de Rahan le fils des Ages Farouches.

Tout ça pour te dire, Mourad, que ton attitude est intolérable et que, pour la peine, je ne lâcherai pas Basta. A moins d’un gros chèque. Mais il faudra qu’il soit vraiment très gros. Je te rassure, je n’enquêterai pas sur l’origine des fonds. Ce n’est pas compatible avec les valeurs du rugby.

Amicalement malgré tout,

Bernard.

(Merci à Aguiléra, journaliste à BELLE et au Merdol (la polyvalence…) qui a découvert ce document exclusif )