La chronique de Romain Moite #4
par Dr Didge

  • 15 April 2011
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Romain Moite est un arbitre intègre qui va régulièrement nous éclairer sur les actions litigieuses du week-end avec son œil de lynx. Le seul problème, c’est qu’il ne connaît pas très bien les règles du rugby. D’ailleurs son idole est Franck Maciello. Son rêve ? Mettre un carton jaune à McCaw pour fautes à répétition ? Non, son rêve c’est d’être un jour l’arbitre-vidéo d’un match du Racing à Colombes. Pas pour voir Chabal de près, mais plutôt pour n’avoir rien d’autre à foutre que de boire des bières avec les techniciens de Canal+.

Week-end en Espagne

 

Ce week-end, on était de repos. On en a profité pour se faire inviter par Alain Rolland pour aller voir Perpignan-Toulon à Barcelone. Je l’ai trouvé un peu tendu à la réception d’avant-match Alain, surtout après qu’il ai discuté avec Paul Goze. Mais, sur le match, rien à redire, c’est vraiment l’un des meilleurs d’entre nous. Deux cartons jaunes et un déséquilibre dans le nombre de pénalités accordées. Pal mal. C’est le quota minimum en H Cup pour un pro comme lui.

Le soir, on en a profité pour visiter un peu Barcelone. Alain nous a emmenés dans des coins que Goze lui avait fait découvrir la veille. On a ensuite rejoint Wayne Barnes dans un bar à tapas sur la Rambla. Il allait officier sur BO-Toulouse le lendemain et il en a profité pour se changer les idées en venant nous voir. J’ai parié un pack de Heineken avec Francky que Wayne et ses airs de premier de la classe allait être saoul avant nous. A peine arrivé, je salue tout le monde et je m’empresse de passer commande. « Six Ricard, s’vous plait ! ». Le serveur s’approche. « Ricard, que lo que Ricard, cabron ! » me dit-il dans son dialecte. Manifestement, les autochtones ne comprennent pas le français, j’aurais dû m’en douter. Finalement, je prends des vodkas. « Con zumo de naranja ? » me demande cet abruti de serveur. Je mets la main sur un carton rouge mais je la retire immédiatement de ma poche, je ne veux pas faire d’esclandre. Dans le doute, j’acquiesce.

“Oulala, je me sens pas très bien moi. Bon allez, j’accorde cet essai à Nyanga et je rentre me coucher !”


Wayne nous raconte une fois de plus le ¼ de finale de la dernière coupe du monde. On la connaît par cœur, son histoire. Lui nous certifie qu’il n’y avait pas en-avant. On l’écoute sans rien dire car on voit bien que ses yeux ne brillent pas seulement à cause de la vodka. Quel grand sensible, moi j’aurais été fier de me distinguer à sa place. Je recommande plusieurs tournées avec Alain, qui avait manifestement besoin d’évacuer la pression… et quelques euros en poche. Je trouve que Wayne commence à ne plus être très frais, ce qui peut se comprendre vu les doses de vodka que servent les Espagnols. Je fais un clin d’œil à Francky. La soirée commence bien !

Dimanche matin, après un réveil difficile, on décide de déposer Wayne à Anoeta. C’était presque sur notre chemin car nous avions décidé de passer voir le gros Marcel à Capbreton. Il entame là-bas sa rééducation après son opération du genou. Malheureusement, le voyage était un vrai calvaire. Wayne nous a obligés à nous arrêter de nombreuses fois pour aller vomir. Il était blanc comme un linge et il s’inquiétait de plus en plus à mesure qu’on se rapprochait du stade. Le blondinet disait à longueur de temps qu’il regrettait d’avoir autant bu, qu’il avait peur de croiser Novès et qu’il n’arriverait pas à prendre la moindre décision en moins de cinq minutes. A un moment, Francky a tenté de le rassurer en lui disant que d’expérience, tout se passerait bien, surtout après une bonne aspirine. On a laissé Wayne à l’entrée du stade, quelques minutes avant le coup d’envoi. Il a vomi et il est entré, sans nous saluer et visiblement énervé. Bon, je crois que cette fois on ne pourra pas entrer voir le match gratos, on a fait ce détour par Anoeta pour rien.

Arrivés à Capbreton, on retrouve Marcel qui se porte comme un charme. Les bières lui manquent un peu, c’est sûr, mais il nous dit qu’il a Canalsat dans sa chambre et que le personnel est sympa. C’est à ce moment que le portable de Franck sonne. C’est Wayne. J’ai l’impression que son match ne s’est pas très bien passé et qu’il nous en veut de l’avoir fait trop boire hier soir. Excédé, Francky crie dans le micro de son portable « Wayne, il y avait bien en-avant en 2007 et il n’y a que toi qui ne l’a pas vu, asshole ! » et il raccroche brusquement son portable, visiblement énervé. Je souris en tapant dans le dos de Marcel et je lance : « T’inquiètes pas mon gros, on t’en a amené des bières… et c’est Francky qui offre ! ».

Romain Moite