Le Lab’Hérault analyse Montpellier – Lyon (43 – 12)
par La Boucherie

  • 17 April 2012
  • 10

 

Par Fufu Bieragogo,

 

Beaucoup de belles affiches en cette 23ème journée de Top 14 : un derby basque explosif, Perpignan qui reçoit Toulouse pas vraiment remis de sa douche écossaise, un Clermont – Stade Français prometteur… Et au beau milieu de tout ce merdier, y a Montpellier-Lyon : une équipe joueuse qui n’intéresse cependant que ses supporters, qui affronte un LOU qui a déjà les 4 pattes et la queue en Pro D2. Mais comme à la Boucherie, on est aussi complet que le pain, je vous invite à décapsuler une petite bière et lire le compte-rendu de ce match pas si inintéressant que ça.

C’est marrant, ça me rappelle quelque chose…

 

Le contexte

Le MHR, donc, après deux semaines sans jouer, s’apprête à recevoir le Lyon Olympique Universitaire, futur ex-pensionnaire de Top14. Occupant la troisième place à 5 points de ces pirates de Toulonnais, le MHR espère bien fêter le retour d’Eric Béchu en décrochant une victoire bonifiée, qui permettrait peut-être d’envisager hypothétiquement un tout petit espoir de recevoir un barrage à domicile (mais chut ! Pas un mot de cela à Galthié!). Par chance, cette semaine, on a la victime idéale : Lyon, bloqué à 30 points au compteur et qui choppe des torticolis à force de regarder le haut du classement depuis le début de la saison. Un LOU qui ressemble de plus en plus à un petit Yorkshire cataracté. Le staff ne galvaude pas le match pour autant et aligne une esquisse d’équipe-type. Enfin, ça c’était avant l’échauffement, pendant lequel Martin Bustos Moyano, malade, se voit contraint de déclarer forfait : overdose de fajitas, parait-il. Toujours est-il que le MHR est amputé de son buteur, et pire encore, se voit obligé de titulariser Jean-Baptiste Peyras-Loustalet à l’aile. On est peut-être pas si à l’abri que ça, me dis-je alors.
Dernière chose, il semblerait qu’il n’y ait plus un seul courageux en France qui ose arbitrer Mamuka Gorgodze. Ce sera donc un Gallois, Monsieur Leighton Hodges, qui aura l’honneur de se faire maudire pendant 80 minutes, et au passage, d’apprendre ce que signifie le mot « destruction ».

 

Le film du match

Dès le coup d’envoi de Tranier, les hommes de Droopy vont occuper la moitié de terrain lyonnaise, et bénéficient d’une pénalité. Captain Ouedraogo opte pour une pénaltouche et annonce la couleur : le MHR a une faim de LOU. Malheureusement, Augustin Creevy le pizzaiolo argentin sévit toujours, et le secteur de la touche est aussi catastrophique que contre Agen. Du coup, les 10 premières minutes du match sont aussi chiantes qu’une cérémonie des Césars animée par Thierry Beccaro.
La défense lyonnaise est efficace, bien en place, et le XV de ciste ne trouve pas de solution. Le MHR décide donc de faire comme à chaque fois que ce genre de choses arrive : on envoie Gorgodze et on le laisse déblayer le passage. Montpellier obtient une pénalité à la 15ème minute, Trinh-Duc, chargé de taper aux barres aujourd’hui, ne se fait pas prier et ouvre le score.
Suite aux charges incessantes des avants montpelliérains, la défense lyonnaise perd de sa superbe (et de ses dents), et laisse de plus en plus d’espaces, ce qu’il ne faut surtout pas faire contre la bande à Fufu. Sur une pénalité jouée vite par Julien Tomas, Nagusa arrive lancé dans l’intervalle et traverse le rideau défensif pour aller marquer son 10ème essai de la saison, réussissant le grandissime exploit de rejoindre Yves Donguy, l’Homme providentiel, sur la première marche du podium des meilleurs marqueurs du Top14. Nous en sommes à la 22ème minute, 10 – 0 pour le MHR.

Mais c’est à la 27ème minute que le LOU va sérieusement commencer à s’inquiéter. Sukanaveita s’illustre en plaquant Julien Tomas en retard de près de 5 secondes et obtient la Sainte Biscotte. Les ténèbres s’étendent alors sur la pelouse de Du Manoir. Un sourire inquiétant se dessine sur le visage d’une colossale silhouette noire. Le géorgien sanguinaire fait craquer ses doigts. Mamukalypse Now.

Amorosino trouve une belle touche dans le camp lyonnais, la charge de Creevy est stoppée à 5 mètres de la ligne. Tomas insiste avec les gros, Gorgodze finit par passer, emporte N’Zi et Januarie qui n’était pas dans un bon jour (ou plutôt dans un bon mois), se déploie et aplatit la gonfle dans l’en-but. M. Hodges demande la vidéo, puis accorde l’essai. En même temps, personne sur Terre n’aurait eu les couilles de refuser un essai au géant du Caucase.

« Si tu le refuses… »

Le MHR continue de faire le spectacle, et trois minutes plus tard, c’est Alex Tulou, en bout de ligne, qui reçoit le ballon dans l’en-but, mais n’aplatit pas et est poussé en touche. Trop gentil, le troisième ligne samoan aurait déclaré préférer laisser ses copains de devant marquer pour une fois, ce qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd : Gorgodze marque un deuxième essai profitant des bons choix tactiques de la charnière qui déplace la défense et laisse parler les joueurs de ballon (c’est-à-dire toute l’équipe sauf Peyras-Loustalet). Nous sommes à la 35ème, et le MHR a déjà le bonus offensif en poche. 22 -0. Malgré les attaques incessantes des Héraultais, le LOU réussira à garder le score inchangé jusqu’aux citrons.

Au retour de la pause, le LOU ressort les griffes, sauf que c’est plus dur d’attraper le ballon. Du coup, Fiard commet un en-avant sur le coup d’envoi de Trinh-Duc, et c’est reparti pour un tour. Gorgodze, qui veut encore du chocolat après les fêtes de Pâques, franchit et trouve Tomas stoppé non loin de la ligne, mais qui parvient à donner à Creevy qui inscrit le quatrième essai de l’après-midi. On en est à 29-0. Tel Kevin Costner, le MHR danse avec le LOU.
La valse continue et quatre minutes plus tard, sur une sortie de mêlée de Tulou (qui n’a jamais aussi bien porté son nom), Gorgodze se jette dans la gueule du loup et l’éviscère de l’intérieur. Troisième essai de la partie pour le Géorgien qui devient le premier avant à marquer un triplé cette saison. 36-0.

Le LOU est acculé dans sa tanière mais la défend ardemment, et le public de Du Manoir a droit à une belle réaction des Lyonnais, initiée par Grosso qui résiste à quatre placages, arrive dans les 5 mètres, et permet à Bontinck de sauver l’honneur en marquant un essai en coin qui ne sera pas transformé. Mais le MHR réagit aussitôt et revient camper dans le camp adverse. Pénalité, touche, groupé pénétrant stoppé à 2 mètres de l’en-but. On écarte pour Trinh-Duc qui offre l’essai à Santi Fernandez grâce à un coup de pied rasant millimétré (ceci n’est pas un poisson d’avril). 43 à 5 pour Montpellier. Galthié sourit presque.
Le LOU n’est pas mort et repart à l’attaque avec Fatafehi qui franchit et transmet à Grosso, qui joue les funambules le long de la ligne de touche et parvient à atteindre la terre promise.

Le score s’élève alors à 43 à 12, et ne bougera plus jusqu’à la fin du match. Pas étonnant quand on voit le merdier proposé par les deux équipes en cette fin de partie, digne du Bédarrides – Agde (équipe réserve hein, faut pas déconner) que je suis allé voir dimanche.

Le LOU repart donc de Montpellier la queue entre les jambes et la tête tournée vers la Pro D2. Le MHR, quant à lui, peut souffler, presque assuré de disputer les phases finales. Mais avant ça, il devra se déplacer à Clermont puis à Toulouse. Va falloir serrer les fesses. En attendant, le Montpellier Hérault Rugby peut fanfaronner : il est désormais la meilleure attaque du Top14, à deux unités de nos amis toulousains, que j’embrasse fort en ces temps difficiles.

Fulgence Ouedraogo est content : il pourra revenir emmerder le Leinster l’an prochain

 

Les joueurs :

Vous l’aurez compris, Mamuka Gorgodze aura survolé la rencontre, avec 3 essais et 8 dents cassées. Tulou, fidèle à lui-même, a avancé à chaque impact. Les Lyonnais connaissent désormais chaque détail des semelles des deux troisième ligne. Ouedraogo a été juste bon, comme d’habitude. Rémy Martin a été sage, et la première ligne s’est montrée solide.
Julien Tomas a parfaitement su dynamiser le jeu, et Trinh-Duc a fourni une prestation de haute volée, avec notamment un excellent jeu au pied (je le répète, ceci n’est pas un canular). Timoci Nagusa s’est lui aussi illustré en marquant un dixième essai.

Du côté du LOU, Januarie a passé l’après-midi à cueillir les fleurs, Tranier a joué un match Skrelesque (la blessure en moins), Clément, N’Zi et Bontinck n’ont pas pu arrêter le courroux du démon géorgien. Seul l’ailier Rémy Grosso est sorti du lot. Nul doute qu’il pourra prétendre au titre de meilleur marqueur de Pro D2 la saison prochaine…

 

La décla :

Martin Bustos Moyano : « ¿ Qué ? »

La vidéo bonus :

Chez nos amis de Rencontres à XV, vous retouverez  la vidéo du triplé Mamukazor.