Le Rade’Labo analyse Agen – Toulon (22-13)
par Jonny WillKillSoon

  • 17 April 2012
  • 14

 

Par Jonny WillKillSoon,

Aavec l’aide de Too Long Niaise pour les photos.

 

Contexte du match

S’il existe un stade en France où Toulon réalise, avec une régularité et un entrain déconcertants, ses plus minables prestations depuis sa création, c’est bien au stade d’Armandie. Une victoire en un siècle, soit un taux de victoires aussi élevé que le taux de réussite de Pilou auprès des filles. Les scientifiques n’ont pas d’explication viable à ce phénomène absurde et moi non plus (peut-être l’arbitr…non rien). Du coup, à l’heure où la dynamique des deux équipes est inversement proportionnelle à la rotation de la Terre par rapport à Uranus et que tout le gratin rugbystique serait prêt à parier un T-Shirt Boucherie Ovalie sur une victoire des rouges et noirs, ici, au Rade’Labo, nous préférons rester prudents.

Agen veut assurer son maintien et le RCT veut éviter de rencontrer le Stade Toulousain en demi finale du championnat. Mais en même temps, il faut aussi assurer sa place dans les 4 premiers. Alors comment faire ? Suivez le guide !

 

Le match

Coup d’envoi, pression défensive, récupération de balle, contre bien emmené, coup de pied à suivre et touche toulonnaise à 5m de la ligne du SUA. Finalement le rugby c’est simple, et même si le premier groupé-pénétrant ne franchira pas la ligne, on sent que les Toulonnais ne sont pas là pour enfiler des perles ou pour sucer des cailloux. 9 minutes chrono plus tard, la cocotte toulonnaise envoie la bande à Narjissi dans le champ de pruneaux alentour et Lovobalavu bien servi par Matthieu Bastareaud (!!!) autour du maul vient inscrire le premier essai toulonnais (0-7). Voilà c’étaient les 10 minutes sérieusement jouées par les Toulonnais qui décident de fermer boutique. La tactique est alors très simple : occuper le terrain au pied, broyer du Bigard devant et leur marcher sur la gueule dans les rucks. À ce moment de la partie, nous ne pouvons qu’avoir une pensée émue pour Lapeyre, Palisson, Lovobalavu et Rooney qui n’auront dès lors qu’à jouer des ballons de relance et à couvrir le terrain.

 

“Je sens qu’on va faire un match de merde”

 

Le match du samedi après-midi à Armandie partant sur les mêmes bases que celui du vendredi soir, au Rade’Labo on sent qu’on va se faire chier. Nous voyons même poindre à l’horizon la vacuité de notre future analyse d’un match terne et morose. Nous prions alors la divinité Kefu pour qu’une salade de phalanges fasse son apparition pour justifier les deux heures perdues à ne pas profiter d’une après-midi ensoleillée. Et…et…rien, niente, nada, oualou ! Narjissi et Orioli qui parlent plus qu’ils n’agissent, Botha et Senekal qui se racontent leurs dernières vacances à Pretoria et Armitage qui fronce un peu les sourcils et brasse de l’air avec Monribot, ça ne nous suffit pas à la Boucherie. Du coup Pilou a installé le transat dans le jardin, Daniele Rairault a préparé les cocktails, Too Long Niaise a sorti l’huile de massage, j’ai fait griller la merguez de Pilou au barbecue et on s’est tous relayés devant le match pour éviter la dépression de voir le RCT jouer avec autant de qualités techniques qu’un club d’Eccellenza.

Les Agenais, qui n’en demandaient pas tant, commencent à jouer à la baballe derrière et à se montrer plus agressifs devant. Barnard et Vaka vont même animer cette première mi-temps par leurs connaissances assidues du règlement. Sur une pénalité à 15m face aux poteaux, l’ouvreur sud-africain du SUA délaisse son tee et s’échappe, en compagnie de Tian, pour inscrire le premier essai lot et garonnais. C’était bien tenté, en effet peut-être qu’un alinéa 25 point Y permet ce genre d’initiative, mais les juges de touche étaient déjà sous les poteaux pour valider la pénalité et Thomas Lombard absent pour nous parler des règles obscures du rugby. Du coup la pénalité est tapée et Agen revient (3-7). La solidité des Varois en mêlée fermée leur permet de rester dans la partie, et encore plus à 14 contre 15 après la tentative de Giraud d’enterrer vivant Van Niekerk suite à une touche dans les 22 agenais. Échange de civilités entre Barnard et Giteau qui, après un échec chacun, permettent à leurs équipes d’engranger 3 points supplémentaires. 6-10 puis 9-10 après une nouvelle faute toulonnaise suite à un beau mouvement des ¾ agenais.

Matt Henjak a tout tenté pour décontenancer les Agenais, y compris imiter Jésus avec un ticket de métro sur la tête

 

Juste avant la mi-temps, Vaka va inaugurer la feinte du ballon aplati dans l’en-but. L’ailier va écraser la gonfle sur son pied et partir, tel un feu follet fidjien au QI d’un furet écrasé, défier les 15 poteaux rouges et noirs abandonnés sur la pelouse depuis déjà une trentaine de minutes. Malheureusement M. Gauzère, peu enclin à l’humour et aux innovations rugbystiques de nos amis aquitains, ne laissera pas le forcené s’exprimer librement. Mi-temps avec une avance d’un point pour le RCT, ce qui n’est pas cher payé pour une équipe qui a joué la majorité de la première période avec des personnes dont la ressemblance avec des rugbymen ne saurait être que fortuite. On se dit même qu’avec l’entrée des titulaires habituels (Lewis-Roberts, Hayman, Smith et le retour de Fernandez-Lobbe) le hold-up est possible ! C’était mal connaître la schizophrénie rugbystique du RCT…

Nous ne décrirons pas cette seconde mi-temps pour ne pas heurter les âmes sensibles, une personne non avertie pouvant vraisemblablement s’évanouir devant un tel spectacle. L’essai du SUA à 48ème minute est là pour nous vendre du rêve. Une mêlée agenaise à l’entrée des 22 varois, Machenaud sert Barnard qui prend l’intérieur de Giteau (!), résiste aux retours d’Armitage et Van Niekerk (!!), envoie un parpaing derrière lui que récupère de façon improbable Pelesasa qui, avant de se faire découper par Conan le Barbare, prend bien soin de servir Brice Dulin. Bastareaud plaque Lovobalavu qui, déséquilibré, plaque Henjak et l’arrière du SUA en profite pour se faufiler sous cet amas de tatouages tribaux et de graisse, et permettre à Agen de prendre le score, le match et le maintien.

 

“Dulin échappant à un amas de graisse et de tatouages débiles”

 

Ensuite le match s’est installé dans un faux rythme. Le genre de faux rythme bien installé dans son fauteuil avec ses pantoufles et son cigare. Un rythme qui aurait pu permettre à un octogénaire asthmatique de faire la différence en fin de match. Pour preuve le seul joueur toulonnais à se mettre en évidence, lors de cette fin de match, est un joueur qui reprenait la compétition après 6 mois de convalescence. Il aura fallu attendre, suite à deux nouvelles pénalités de Barnard, que l’équipe du RCT perde le bonus défensif pour la voir envoyer un peu de jeu. Mais surpris par les prises d’initiatives de Giteau et Lapeyre, l’équipe va commettre trop d’imprécisions pour revenir au score.

Le SUA s’impose donc 22 à 13, dans un match aussi palpitant qu’une finale régionale de Curling handisport, grâce à un surplus de volonté, d’agressivité et de jeu. Agen a donc assuré son maintien en Daube 14 et le RCT va devoir mettre les bouchées doubles pour conserver sa place dans les 4 premiers et résister au retour de la bande à Droopy.

 

Les joueurs toulonnais

Frou-Ivaldi-Kubriashvili : Dominateurs en mêlée (plus que les remplaçants en tout cas!) mais invisibles dans le jeu courant. La touche s’est détériorée au fil du match.

Botha-Shaw : Se sont pas mal frittés avec leurs homologues lot et garonnais et ont apporté leur puissance et leur expérience. Heureusement qu’ils étaient là.

Conan-Armitage-Van Niekerk : Excepté Gunther, la troisième ligne est passée au travers. Satisfaction : le retour du n°8 argentin, Juan Martin Fernandez-Lobbe qui n’a rien perdu de ses qualités athlétiques.

Henjak : C’est un mec sympa : il encourage ses coéquipiers, il raconte des blagues dans les vestiaires et il peut même animer vos soirées karaoké ou vos bar mitzvah. Et en plus il est pote avec des rugbymen internationaux et peut donc servir d’intermédiaire pour les recruter. Par contre, par sécurité, il faudrait lui interdire d’approcher un ballon de rugby à moins de 200m. Remplacé par Fabien Cibray qui, frustré de ne jouer que lorsque Toulon galvaude ses matchs, décide de se faire hara-kiri à trois minutes de la fin du match. Remplacé par David Smith qui a réussi l’exploit d’être encore plus mauvais qu’Henjak (mais en même temps, ce n’est pas son poste).

Giteau : 3/6 au pied, chandelles et coups de pied de déplacement très médiocres mais toujours impressionnant balle en main.

Bastareaud – Lovobalavu : À part sur l’essai toulonnais, on ne les a pratiquement pas vus du match. Pas non plus transcendants en défense. À noter que Bastagros s’est fracturé le deuxième métacarpe de la main, ce qui le tiendra éloigné des terrains 4 semaines et permettra à Messina, qui n’a jamais démérité, de réintégrer le groupe.

♫ Pa-lis-son ! Où es-tu ? Où es-tu ? ♪

Lapeyre : Benji a bien tenté de dynamiter la ligne défensive agenaise mais une fois le premier rideau franchi, s’est senti aussi seul qu’un spermatozoïde dans un utérus ménopausé.

Rooney : Inutile au pied, dans sa couverture du terrain, sous les chandelles et dans ses relances. C’est un sans-faute !

 

Une nouvelle palette digne des Spécialistes

 

Les rugbymen agenais

Les avants ont résisté au défi physique des Toulonnais dans le sillage d’un Jean Monribot omniprésent. La mêlée et la touche ont, peu à peu, rivalisé et mis en difficulté des Varois un peu trop sûrs d’eux dans ce secteur.

Les trois-quarts ont été sobres et efficaces, aussi bien en attaque qu’en défense, à l’image d’un Pelesasa dangereux sur chaque prises de balle et d’un Barnard efficace au pied (5/7).
À l’arrière, Brice Dulin a bien pris soin de ridiculiser l’intégralité du troisième rideau toulonnais par son jeu au pied et sa domination sous les ballons hauts.

Pour désacraliser la chose, Vaka et Palipanda ont expérimenté la brouette réunionnaise en public

 

Les chiffres clés

427 : le nombre de chandelles tapées par les Toulonnais dans ce match

1 : le nombre de fois où un Toulonnais a été présent sous une chandelle offensive

308 : c’est l’écart de taille, en centimètres, entre Rooney et Dulin…

0 : …c’est le nombre de duel gagné par l’arrière australien face à son vis-à-vis agenais

5 : nombre de fois où Narjissi a été convoqué par l’arbitre

2 247 : c’est le nombre de fautes signalées par le public d’Armandie à M. Gauzère

 

Les déclarations

« Quand il faut tenir un match, on n’y arrive toujours pas. Quand on manque autant de points au pied, qu’on en donne autant sur des fautes idiotes et qu’on prend un essai en première main, sur un plaquage loupé, c’est qu’on n’est pas une grande équipe. C’est comme ça quand on a quelques joueurs moyens au milieu de bons. » Bernard Laporte, qui risque de faire du ménage dans le groupe pro cette semaine.

« Avec une telle défaite, je vais pouvoir pécho du 95C dépressif ce soir à La Plage ! » Pilou.

 

Radio Trottoir

Olivier Missoup rentabilise son abonnement au tribunal. En effet celui-ci, heureux de bénéficier d’une voiture de fonction gracieusement offerte par le sponsor principal du RCT, en avait maladroitement oublié que son permis lui avait été retiré…il y a 5 ans. Voiture sans permis et pointe à 50km/h sur la corniche pour le troisième ligne sécateur du RCT qui pourra déposer Alexis Palisson au lycée et Matthieu Bastareaud au KFC avant d’aller à l’entraînement.

 

Botha amusé d’apprendre que Narjissi est un joueur considéré comme dangereux