Bienvenue à Londres, part 3 : London Irish
par La Boucherie

  • 11 February 2012
  • 10

Par Serge Simon Pierre,

Partie 1 : Intro du rugby londonien

Partie 2 : Les Harlequins

 

Ils sont aussi appelés les Exilés, parce que fondés par des irlandais dont ils portent le trèfle et les couleurs, ou par leur éloignement de Londres. En effet le club ne s’y trouve plus, comme son nom ne l’indique pas, mais est situé à Sunsbury on Tames, à 15 miles de Londres et joue ses matchs à domicile à Reading… Soit à 45 miles de la capitale, logique… C’est cependant un club extrêmement populaire, bien que jamais champion d’Angleterre, et dont le palmarès n’est orné que d’une coupe d’Angleterre en 2002. Si le club gagne des trophées au rythme du pays dont il revendique l’appartenance, on peut leur envisager une attente d’une cinquantaine d’année pour le suivant.

C’est cependant un régal que d’aller voir un de leur match. Surtout lorsque le stade est comble et que ses alentours se transforment en petit Dublin. Ce même public qui migre en masse sur Londres lorsque l’Irlande visite Twickenham.

 
Le bon :

Mike Catt a le profil de l’emploi. Officier de l’ordre de l’empire britannique pour service rendu au rugby (oui cela se peut), comment en aurait-il pu être autrement, pour ce joueur né en Afrique du Sud et qui a choisit les attaches maternelles pour le rugby? Effectivement, que dire sur lui, si ce n’est son jeu stéréotypé, tout en coup de pied de placement, qui donnait au tandem qu’il formait avec Johnny Wilkinson sous le maillot anglais, des airs d’artillerie. Il termine sa carrière au club dont il est désormais l’entraineur d’attaque, ce qui dévoile déjà la stratégie employée…

 
La brute :

Delon Armitage, pour l’ensemble de son œuvre. Bien que jouant à l’arrière, il a acquis une réputation qui ferait passer la famille Dourthe pour des moines zénobites. Que citer? Ce superbe coup de poing sur Stephen Myler notamment:

 

Ou cette tentative d’étêter Paterson :

 

Dernièrement il a aussi gagné 5 semaines de frigo, à peine rentré de la coupe du monde, pour un tackle sur Tom Biggs de Bath en championnat, histoire de signer son retour.
Alors pourquoi cette violence? Volonté de marquer son territoire, ou volonté de revanche sur son recalage en France. Oui, il y vivait jeune avec son père. Mais il fut considéré comme trop chétif pour réussir lors d’un essai en équipe de France des moins de 16 ans. Se sentant selon ses mots presque détruit, il prouve depuis quelques années que sa chétivité est oubliée et garde des griefs contre les amis tricolores. La preuve avec sa performance à Twickenham en 2009, où il inscrit un essai et en offre quelques autres à Flutey ou Cueto (score final 34-10, ce qui ne sera finalement que la 6ème plus lourde défaite de l’ère Lièvremont…).

 
Le truand :

Alex Corbiesero, qui natif de New York, cache sous des dessous de pilier exemplaire, la parfaite panoplie d’un vrai Linebacker de NFL, la preuve avec sa démonstration de son talent dans le gangsta rap:


Bon il va tout de même lui falloir un petit relifting pour ressembler à Snoop Dog.

 
Les frenchies :

Olivier Magne, un empereur en exil (ceci pour concorder avec le surnom facile de Charlemagne dont il fut si souvent affublé, créant la confusion jusque dans son fan club, c’est quoi ton prénom dis ?). Il est le troisième empereur français à résider en territoire britannique après Napoléon I à Saint Hélène et Napoléon III à Chislehurst dans la banlieue de Londres. Les deux derniers n’en étant pas revenu, Olivier Magne ne passa que deux saisons à écumer les champs de bataille anglais, avant de prendre en 2009 le contrôle de la sélection grecque (je sais, lui-même avait oublié),  puis de Brive, où il sera poussé vers la sortie malgré de bons résultats : une tradition briviste parait-il. Depuis, il a pris la tête l’équipe de France A puis du club de Massy. Il fait également partager sa passion sur Eurosport aux cotés de Nicolas Delage, où il a démontré qu’il pouvait commenter un match de Challenge entre Agen et la Vila comme s’il s’agissait d’une finale de Coupe du Monde. A noter qu’Olivier suit également la Boucherie sur Twitter : on ne comprend pas pourquoi cela ne figure pas sur son palmarès dans Wikipedia.

 

Les Plus :

Le caractère irlandais de l’équipe et ce public tout de vert qui reconstitue un bout d’Irlande à chaque match à domicile.

L’emblème du club : trèfle et drapeau anglais lié avec une épée, le fighting spirit élevé au rang de symbole.

Le stade : partagé avec l’équipe de football et qui bénéficie du savoir anglais en matière de pelouse, un stade fermé, idéal pour les chants irlandais. La proximité toute britannique avec le terrain est bien appréciable.

Digger, la mascotte, un lévrier irlandais qui malgré son air débonnaire un peu ridicule est l’arme absolue pour motiver les supporters. A ce sujet il serait bon de se demander s’il existe en Europe un fabriquant de costume de mascotte spécialisé en déguisement ridicule fournisseur officiel des club de rugby, car entre Digger le lévrier, Sarrie le chameau (ou dromadaire) des Saracens, le Lion de Toulouse, Buzoka la vache landaise du Stade Montois, Potoka le cheval bayonnais et j’en passe surement, on atteint des sommets de ridicule pelucheux. A quand Flipper le dauphin berjalien ou Philibert l’ours des Pyrénées tarbais?

 

Le Moins :

La distance, Reading, 45 miles ça reste tout de même loin, surtout lorsque l’on ne ressent pas une passion immodéré pour les chants irlandais et la stout. A réserver pour les grandes occasions du coup.

La certitude quasi absolue de ne pas voir le club ramener un trophée suprême, sensation longtemps ressentie par les supporters clermontois et toujours ressentie du coté de Dax. Difficile d’avoir donc la foi en cette équipe.

La présence de Mike Catt en coordinateur d’attaque. De toute façon jeu de main ne rimait pas avec jeu d’irlandais.